16-02 Annexe B – Asthme
Ordonnances sur l'Administration et l'Instruction des Cadets (OAIC)
1. L’asthme est un problème de santé assez fréquent chez 5 à 10 % de la population générale canadienne. L’asthme peut être responsable d’un taux élevé de morbidité et de mortalité. Au cours de la dernière décennie, les statistiques ont montré une augmentation des décès dus à l’asthme aussi bien au Canada que dans la plupart des pays développés.
2. Au Canada, les premières lignes directrices sur la gestion de l’asthme datent de 1989 et elles ont été régulièrement mises à jour. Le rapport de la Conférence canadienne de consensus sur l’asthme publié en 1999 est à la base des lignes directrices actuelles de diagnostic et de gestion de l’asthme. La dernière mise à jour de ces lignes directrices date de juin 2003.
3. On a constaté que, dans les camps de cadets, de nombreux jeunes cadets prenaient des médicaments contre l’asthme sans avoir subi d’enquête médicale appropriée confirmant le diagnostic de l’asthme. Le personnel doit donc être très prudent avant de conclure, en ne se basant que sur le profil pharmaceutique du questionnaire médical (CF 51), qu’un cadet présente une condition asthmatique.
4. Le diagnostic de l’asthme est descriptif et se caractérise par des symptômes paroxystiques ou persistants comme :
- de la toux;
- une respiration sifflante;
- un essoufflement;
- une gêne respiratoire; et
- des expectorations.
5. Si l’on apprend, en posant des questions plus poussées, que les symptômes mentionnés ci‑dessus varient en intensité ou apparaissent la nuit ou tôt le matin, ou sont provoqués par des stimuli comme de l’air froid ou une activité physique, ou par des facteurs déclenchants et/ou des allergènes, le diagnostic devient plus probable. Finalement, une réaction à un bronchodilatateur contre l’asthme contribue à confirmer le diagnostic. Il est intéressant de noter qu’un examen physique pourrait éliminer d’autres problèmes de santé, mais il ne contribuerait pas à établir le diagnostic définitif. Pour cela, des explorations fonctionnelles respiratoires pourraient contribuer à établir un diagnostic d’asthme.
6. Toutefois, dans le cadre du processus de sélection médicale, confirmer le diagnostic de l’asthme n’est pas l’élément le plus important. Il est essentiel par contre de connaître la sévérité ce qui détermine la gravité de la condition asthmatique, si, conformément à l’alinéa 4.
7. La notion de contrôle de l’asthme devrait être différenciée de la gravité de l’asthme. Un contrôle optimal de l’asthme signifie une absence de symptômes respiratoires, nul besoin de recourir à des bronchodilatateurs de dépannage et des explorations fonctionnelles respiratoires normales. Un contrôle optimal est cependant difficile à atteindre avec de nombreux asthmatiques, par conséquent la notion de contrôle acceptable de l’asthme est plus appropriée comme point de départ pour un besoin de traitement.
8. Le contrôle de l’asthme est déterminé par les critères suivants et devrait faire partie des antécédents médicaux lors des demandes d’admission dans des camps afin de pouvoir établir le degré de l’asthme :
- symptômes diurnes;
- symptômes nocturnes;
- aptitude aux exercices physiques;
- fréquence des exacerbations;
- absentéisme à l’école dû à l’asthme;
- besoin d’agonistes ß-;
- résultats de débit de pointe et variation diurne;
- date et motif du dernier suivi médical;
- la gravité d’une condition asthmatique repose sur trois facteurs;
- fréquence et durée des symptômes respiratoires;
- présence d’une limitation persistante du débit d’air; et
- besoin de médicaments pour maintenir le contrôle.
9. Lorsque l’asthme est bien contrôlé, le degré de gravité peut être révélé par le traitement nécessaire pour atteindre un degré acceptable de contrôle de l’asthme.
10. Les médicaments utilisés pour traiter l’asthme sont généralement divisés en deux grandes catégories, soit ils soulagent les symptômes, soit ils les contrôlent. Ceux qui soulagent sont le plus souvent des agonistes bêta-2 rapides comme la salbutamol. Ce sont des bronchodilatateurs rapides qui soulagent les symptômes aigus : ils sont utilisés au besoin et toujours à une dose minimale prescrite et peu fréquemment. Ceux qui contrôlent l’asthme sont des médicaments anti-inflammatoires comme les corticostéroïdes en aérosol ou par voie orale, les antagonistes des récepteurs des leucotriènes et les bronchodilatateurs à action prolongée. Ces médicaments contrôlent les symptômes de l’asthme, empêchent les exacerbations et diminuent le besoin de recourir à des médicaments rapides de dépannage comme la Ventoline (salbutamol).
11. L’idéal serait de déterminer la gravité en fonction des trois facteurs, mais une fois encore ce n’est pas indispensable. Étant donné que l’évaluation s’effectue pour un processus de sélection et non à des fins thérapeutiques, déterminer la gravité en fonction des renseignements présentés dans les sous-alinéas 8a et 8c est largement suffisant. Les questionnaires (CF 51) qui laissent supposer que des cadets sont probablement asthmatiques seront étudiés par le médecin-chef de formation ou par l’équipe médicale sur place, et une évaluation de l’acceptabilité du contrôle de l’asthme chez les cadets modérément et gravement asthmatiques sera effectuée.
12. Une fois encore, dans le cadre du processus de sélection médicale, la gravité d’une condition asthmatique peut être estimée en fonction de trois catégories :
- Asthme léger. Plus de la moitié des cadets asthmatiques feront partie de cette catégorie. Souvent, les symptômes sont provoqués uniquement par des infections respiratoires et peuvent complètement disparaître entre les épisodes. Dans ce groupe, on trouve également des cadets ayant surtout des bronchospasmes provoqués par des exercices, dont la toux est le seul symptôme et qui ont moins de deux ou trois épisodes aigus d’asthme léger non fatals par an. Généralement, ces individus ne prennent des médicaments que par intermittence et, tout au plus, contrôlent bien leurs symptômes en utilisant à l’occasion des agonistes adrénergiques B2 rapides (par exemple, de la salbutamol/ventolin, de l’Aeromir) ou leurs équivalents. Ces cadets sont capables de s’auto administrer leurs médicaments antiasthmatiques. Par conséquent, aucune restriction ne leur est imposée et ils ne nécessitent aucun soutien médical particulier;
- Asthme modéré. Environ 20 % des cadets présenteront un asthme modéré. Ces individus ont des antécédents d’exacerbations occasionnelles de leur condition, qui les empêchent de participer à des activités pendant un certain laps de temps. S’il leur faut des médicaments rapides de dépannage plus de trois fois par semaine, ils devront peut-être prendre de façon régulière ou continue des médicaments tels que des corticostéroïdes en aérosol pour contrôler ou prévenir leurs symptômes. Ceux-ci comprennent des stéroïdes administrés à faible dose et en aérosol (par exemple, du Flovent), qui pourront être administrés seuls ou avec des bronchodilatateurs à action prolongée. De nouveaux médicaments comme les inhibiteurs de récepteurs des leucotriènes (par exemple, le Singulair) sont disponibles en cachets et utilisés par certains individus pour contrôler les symptômes. Les exacerbations aiguës sont toujours traitées avec des bronchodilatateurs rapides en aérosol comme la sabutamol. Si l’asthme est saisonnier, une thérapie moins intensive pourrait convenir pour contrôler les symptômes. Les restrictions suivantes devraient normalement s’appliquer à ces individus :
(1) nécessité d’avoir facilement accès à des services médicaux et à ceux d’un médecin. Nécessité d’avoir rapidement accès à des médicaments, et ce, en tout temps. Un schéma posologique de traitement antiasthmatique devrait être rapidement disponible. Un traitement écrit de son médecin traitant est fortement recommander,
(2) ne pratiquer aucune activité sous-marine,
(3) ne faire aucun effort important en altitude, et
(4) si l’on sait quel agent déclenchant provoque des exacerbations de la condition asthmatique, il doit être facilement contrôlable à l’intérieur du camp des cadets; et - Asthme grave. Les cadets atteints d’asthme grave vivent avec des symptômes continus et/ou ont de fréquentes crises d’asthme. Ces asthmatiques doivent changer leurs habitudes de vie pour tenir compte de cette condition. Cela touche toutes les activités, et ils ont des symptômes nocturnes ou peuvent être fréquemment admis au service d’urgence ou avoir récemment séjourné à l’hôpital. Les médicaments antiasthmatiques préconisés sont ceux déjà mentionnés ci-dessus, mais pris plus fréquemment et habituellement à de plus fortes doses, ainsi que des corticostéroïdes par voie orale. Ils ont souvent besoin du suivi régulier d’un spécialiste dans une installation de soins tertiaires. En raison du niveau de soins requis et des contraintes fréquentes concernant les activités physiques, les restrictions suivantes devraient normalement s’appliquer aux cadets présentant un asthme grave contrôlé :
(1) nécessité d’avoir accès immédiatement aux services d’un médecin dans un contexte hospitalier rapidement disponible. Nécessité d’avoir immédiatement accès à des médicaments, et ce, en tout temps,
(2) ne pratiquer aucune activité sous-marine,
(3) ne faire aucun effort important en altitude et aucune activité à moins qu’elle ne soit tolérée,
(4) si l’allergie est un agent précipitant important, un test allergique doit être fait avant l’arrivée au camp et les allergènes connus provoquant des exacerbations de la condition asthmatique doivent être facilement contrôlables à l’intérieur du camp des cadets,
(5) doit être autorisé par un pédiatre, un spécialiste des voies respiratoires ou un interniste et avoir un DME ou un VEMS > aux 60 % attendus avant de s’inscrire au camp, et
(6) ne pas avoir été récemment hospitalisé à cause de l’asthme.
13. Asthme mal contrôlé : les signes d’un asthme mal contrôlé sont un épisode antérieur quasi-fatal (perte de conscience, intubation), hospitalisation récente ou visite dans une salle d’urgence, symptômes durant la nuit, activités quotidiennes limitées, besoin d’agonistes bêta 2 en aérosol plusieurs fois par jour ou pendant la nuit, et un volume expiratoire maximal par seconde (VEMS) ou un débit maximal expiratoire (DME) inférieur aux 60 % attendus. Les cadets dont l’asthme est mal contrôlé courent un risque élevé des soins d’urgence et n’est pas souhaitable dans un camp de cadets.
14. Le médecin-chef de la formation, assisté de l’ORLMC, évaluera en conséquence chaque cadet asthmatique.
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