Opération Saiph

Nom de l’opération internationale : Opération OCEAN SHIELD

Dates des opérations internationales : 2009/09/17 – 2016/11/23

Organisme responsable : Organisation du Traité de l’Atlantique Nord

Région géographique : Afrique

Lieu : Océan Indien

Nom de l’opération canadienne : Opération SAIPH

Dates des opérations canadiennes : 2009/10/25 – 2012/05/31

Mandat de la mission :

Accroître la sécurité maritime dans la partie nord de la mer d’Arabie, le golfe Persique et la corne de l’Afrique.

Notes sur la mission :

À partir du milieu des années 90, la piraterie est devenue un moyen de gagner sa vie le long de la côte d’une grande partie de la Somalie. Étant donné le peu de contrôle gouvernemental et l’absence de stabilité le long d’une bonne partie de la côte de l’océan Indien, les pirates pouvaient circuler en toute impunité, sauf dans le secteur s’étendant le long de la côte nord-est et dans la mer Rouge qu’on appelait Puntland et qui correspondait à l’ancien Somaliland britannique.

À mesure que les pirates circulant au large de la Somalie devenaient davantage actifs dans les années 2000, les navires marchands se préoccupaient de plus en plus de la menace qu’ils constituaient. Les tarifs d’assurance pour la navigation marchande dans le secteur se sont accrus radicalement. Les pétroliers ravitailleurs partant du golfe Persique ainsi que les navires marchands réguliers étaient ciblés tandis que les navires fournissant de l’aide alimentaire dans le cadre du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies étaient pris en otage.

Parallèlement, les autorités occidentales étaient préoccupées par la possibilité de l’existence de liens entre les pirates et les extrémistes talibans et leurs alliés, notamment Al Shabaab qui, depuis 2008, jouait un rôle de premier plan en Somalie. Le contrôle de la piraterie pouvait donc offrir de multiples avantages.

En 2009, le Conseil de l’Atlantique Nord a approuvé la participation de l’OTAN à des opérations antipiraterie regroupées sous le nom d’opération OCEAN SHIELD. Cette dernière constituait également un suivi de l’opération ALLIED PROVIDER de l’OTAN, qui visait à protéger les navires marchands transportant des denrées alimentaires au nom du Programme alimentaire mondial des Nations Unies. Les opérations navales de l’OTAN ont été entreprises le 17 août 2009 par la Force opérationnelle multinationale 151. Ce ne sont pas seulement des navires de l’OTAN qui ont pris part à ces opérations antipiraterie, mais aussi des bâtiments de guerre venant de la Chine, de l’Inde, du Japon, du Pakistan, de la République de Corée (Corée du Sud) et des Seychelles. Certains participants à l’Op OCEAN SHIELD ont également fourni des avions de patrouille maritime pour élargir la portée de la surveillance de l’océan.

La mission antipiraterie se déroule en vertu d’une série de résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies. Les bâtiments de guerre participant à l’opération peuvent arraisonner les navires suspects et les inspecter, avoir recours à la force pour arrêter les pirates ou intervenir en cas de détournement de navires. Dans le cadre de ces activités, les bâtiments de guerre participant à l’Op OCEAN SHIELD ont coulé des navires mères utilisés pour réapprovisionner des pirates se trouvant loin au large, ont libéré des otages à bord de navires marchands dont des pirates s’étaient emparés et ont protégé des navires marchands passant dans la région. Certains pirates ont même fait l’erreur d’attaquer des bâtiments de guerre, à leur grand détriment.

Un autre type d’activité était réalisé au Centre OTAN de la navigation commerciale (NSC) fonctionnant depuis le Quartier général du Commandement de composante maritime alliée à Northwood, en Angleterre. À cet endroit, des spécialistes de l’OTAN venant du Canada, du Danemark, des Pays-Bas, de la Norvège et de l’Espagne fournissaient de l’information à jour aux entreprises de navigation commerciale et aux navires marchands au sujet des activités des pirates au large de la Somalie. Le Centre OTAN de la navigation commerciale a commencé à utiliser le système d’identification automatique par satellite à bord des navires marchands en 2010 et a contribué à la troisième édition, et plus tard à la quatrième édition, du Manuel sur les meilleures pratiques de gestion de l’industrie du transport maritime destiné aux navires marchands, qui fournit des renseignements sur les façons de lutter contre la piraterie au large de la côte somalienne et dans la mer d’Arabie.

L’opération OCEAN SHIELD a radicalement réduit le niveau de piraterie au large de la corne de l’Afrique. Cependant, tant que la stabilité économique et politique à terre demeurait fragile, la piraterie continuerait d’être une option pour gagner sa vie. Bien que l’OTAN ait aussi fourni du soutien en qui a trait à ce problème, l’existence de factions et la discordance en Somalie ont empêché d’accomplir beaucoup de progrès à cet égard.

La contribution du Canada aux opérations antipiraterie a commencé en 2008 lorsque le NCSM Ville de Québec a protégé les envois du PAM d’août à octobre 2008. Le NCSM Winnipeg a été actif pendant 10 semaines à partir d’avril 2009, les deux navires servant dans le cadre de l’opération canadienne SEXTANT. La participation des FAC à l’opération OCEAN SHIELD portait le nom d’opération SAIPH et comportait une composante océanique et une composante terrestre.

À partir du 29 octobre 2009, le NCSM Fredericton a été déployé avec le 1er Groupe de la Force navale permanente de réaction de l’OTAN (SNMG 1), qui menait des opérations de lutte contre la piraterie au large de la corne de l’Afrique. Entre autres, il escortait des navires marchands et inspectait des navires d’intérêt, pour la plupart des boutres, qui sont de gros bateaux à coque ouverts utilisés pour transporter des marchandises dans la partie occidentale de l’océan Indien. À l’occasion, on a fait appel au Fredericton pour aider des navires marchands qui avaient signalé l’approche de bateaux suspects, mais après inspection, ceux-ci se sont révélés être de simples embarcations de pêche. Le Fredericton avait aussi à son bord un détachement d’hélicoptère Sea King comptant 19 membres du personnel. L’hélicoptère était chargé d’examiner les boutres pour déceler tout signe de piraterie et de fournir une protection tandis que l’équipe d’arraisonnement des navires (EAN) montait à bord des boutres et les inspectait.

Du 19 février au 8 avril 2010, le NCSM Fredericton a fait partie de la Force opérationnelle multinationale 150 (CTF-150), qui menait des opérations de contre-terrorisme dans la partie nord de la mer d’Arabie. La CTF-150 avait commencé à mener des opérations au sein de la composante maritime de l’opération ENDURING FREEDOM, entreprise par suite des attaques terroristes du 11 septembre 2001 contre les États-Unis. Le Canada avait servi pour la première fois au sein de la CTF-150 dans le cadre de l’opération APOLLO et, à partir de 2004, dans le cadre de l’opération ALTAIR.

Les opérations du Fredericton comprenaient la patrouille de la partie nord de l’océan Indien et l’interpellation de navires afin de déterminer leur origine et la nature de leur cargaison. Le but visé était de contrôler les navires et, dans les cas suspects, de procéder à un arraisonnement. L’EAN du Fredericton a dû arraisonner un navire marchand à une seule occasion. Le 8 mars, elle était de retour au large de la côte de la Somalie, où elle a de nouveau arraisonné des boutres pour les inspecter. Le 3 avril, le Fredericton était ancré au large du port de Suez, sa participation à l’opération OCEAN SHIELD étant terminée. Le navire est rentré à Halifax le 4 mai.

Alors que le NCSM Fredericton avait participé à ces deux missions sous un seul nom d’opération canadienne, les FAC ont attribué deux noms différents dans le cadre du déploiement suivant, en reconnaissance de l’existence des deux missions distinctes. La contribution suivante des FAC au SNMG 1 a consisté à déployer le NCSM Charlottetown sous le nom d’opération canadienne METRIC, tandis que la contribution à la CTF-150 a reçu le nom d’opération ARTEMIS.

En plus du NCSM Fredericton, un officier de marine canadien a servi de façon indépendante dans le cadre de l’Op SAIPH. Cet officier servait au sein de l’état-major du commodore Henning Amundsen, commandant du SMNG 1, qui était affecté à bord du HNoMS Fridtjof Nansen. L’officier des FAC avait auparavant servi dans l’état-major du contre-amiral Georg von Maltzan, de la Marine allemande, lorsque celui-ci était commandant du SNMG 1, du 24 janvier au 31 mai 2013. Lorsque le commandement a été transmis au commodore Amundsen le 7 décembre, l’officier des FAC est demeuré au sein de l’état-major jusqu’au 14 décembre, date à laquelle il a pu déléguer définitivement ses fonctions à son remplaçant.

La composante terrestre de l’Op SAIPH portait le nom de Force opérationnelle Northwood. Servant au Centre OTAN de la navigation commerciale, des membres du groupe professionnel militaire de la coopération navale avec la marine marchande (NCAGS) au sein de la Réserve de la Marine canadienne ont entamé leur mission le 19 juillet 2010. Bien que les périodes de service aient été divisées en rotations de six mois, la durée de l’affectation de chaque officier NCAGS canadien variait car, étant réservistes, ils n’avaient pas tous les mêmes possibilités de quitter temporairement leur emploi. Ainsi, certains ont été affectés pendant un mois et d’autres plus longtemps, avant de rentrer au Canada. Le nombre de Canadiens pouvait donc fluctuer, mais on estime qu’il était habituellement d’environ trois à la fois, le Quartier général de la Réserve navale comptant normalement 12 officiers NCAGS en formation ou prêts à être appelés en service. Dans le cas des rotations suivantes, de six mois chacune, les dates de début étaient le 15 janvier 2011 et le 20 juillet 2011. La troisième et dernière rotation a commencé le 25 février 2012 et s’est poursuivie jusqu’au 31 mai 2012. À cette date, la Force opérationnelle Northwood a été réaffectée de l’opération SAIPH à l’opération ARTEMIS.

Les fonctions des officiers canadiens consistaient notamment à travailler en collaboration avec l’industrie du transport maritime pour formuler des stratégies visant à éviter les attaques de pirates. Celles-ci comprenaient des moyens d’éviter les secteurs où le risque de piraterie était très élevé et de se défendre contre d’éventuelles attaques. Dans le cas où des pirates parvenaient à aborder un navire, l’équipage pouvait se regrouper dans une citadelle, un endroit sûr où les pirates auraient de la difficulté à entrer, pour gagner du temps en attendant que les secours arrivent. Les Canadiens, ainsi que d’autres officiers du NSC, émettaient aussi des avertissements quotidiens concernant les activités de piraterie, l’information étant fournie par des navires marchands et les navires de l’Op OCEAN SHIELD.

Le Canada avait aussi envisagé d’ajouter une composante aérienne à l’Op SAIPH, en utilisant un avion de patrouille maritime. Le commandant du 407e Escadron a effectué une reconnaissance à la mi-décembre 2009 afin d’examiner de multiples emplacements d’opérations pouvant être utilisés pour un tel déploiement. Toutefois, cette possibilité ne s’est pas concrétisée.



Le contenu de la présente page Web a été préparé par la section des Dossiers opérationnels de la Direction – Histoire et patrimoine (DHP).

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2024-07-29