Opération Serval
Nom de l’opération internationale : Opération SERVAL
Dates des opérations internationales : 2013/01/10 – 2013/07/15
Organisme responsable : Nations Unies
Région géographique : Afrique
Lieu : Mali
Nom de l’opération canadienne : Opération SERVAL
Dates des opérations canadiennes : 2014/01/14 – 2014/04/03
Mandat de la mission :
Soutenir les lignes de communication stratégiques françaises en fournissant du transport aérien à l’appui de la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU.
Notes sur la mission :
Les Touaregs du Nord du Mali ont été impliqués dans une série d’insurrections contre le gouvernement du Mali dans les années 1990 et 2000. Dans chaque cas, ils ont été vaincus et, à la suite de chacune des rébellions, ils ont été intégrés dans les forces militaires maliennes. Cependant, les Touaregs sont demeurés très insatisfaits. En janvier 2012, un nouveau groupe nationaliste touareg, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), a mené une autre insurrection. De nombreux Touaregs au sein de l’Armée malienne ont fait défection pour se joindre au MNLA, qui a commencé à contrôler de vastes secteurs du Nord du Mali.
Tandis que le MNLA se déplaçait vers le sud, il a conclu des alliances avec al-Qaïda au Maghreb (AQMI) ainsi qu’avec deux groupes islamistes autochtones, l’Ansar Dine et le Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO). Ces groupes détenaient beaucoup d’armes provenant des rébellions antérieures et d’autres en pillaient dans des dépôts d’armes libyens. Les fonds provenaient du commerce de la drogue et des rançons payées pour la libération de touristes européens kidnappés expressément à cette fin. Le MUJAO constituait aussi une menace additionnelle du fait qu’il avait une tendance terroriste et qu’il avait eu recours à des kamikazes dans le cadre de ses opérations.
Du côté du gouvernement du Mali, on constatait une désorganisation considérable, découlant d’un coup d’État mené le 21 mars 2012 par des soldats mécontents de la façon dont le gouvernement avait fait face à l’insurrection des Touaregs. Les sanctions internationales qui se sont ensuivies ainsi que les efforts concertés des soldats rebelles et des partisans du gouvernement pour parvenir à une certaine forme de compromis ont eu pour effet de permettre au MNLA et aux groupes islamistes de s’emparer du Nord du Mali. À la fin d’avril 2012, le pays était dirigé par un gouvernement de transition.
En juin 2012, l’AQMI, l’Ansar Dine et le MUJAO s’en sont pris au MNLA et ont commencé à s’emparer de régions contrôlées par le groupe touareg. À la fin de septembre, les groupes islamistes contrôlaient effectivement le Nord du Mali. Les islamistes et le gouvernement du Mali se livraient une guerre factice, aucun des partis ne défiant l’autre agressivement.
Toutefois, au début de janvier 2013, les trois groupes islamistes ont progressé et, au 10 janvier, ils avaient pris Konna, se trouvant de ce fait à moins de 48 heures de route de la capitale malienne, Bamako. La menace constituée par les islamistes, à la fois comme radicaux et comme groupes ayant l’habitude de prendre des otages occidentaux, exigeait d’agir, car l’ensemble du Mali se trouvait maintenant en danger. Au moyen de la résolution 2085 du 20 décembre 2012 et d’autres résolutions antérieures, le Conseil de sécurité des Nations Unies avait demandé aux organisations régionales de combattre la menace pesant sur le Mali. La France s’était efforcée, par l’entremise de l’ONU et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de stabiliser la situation au Mali, mais la plus récente avance des islamistes constituait une menace trop grande pour que la France reste sans rien faire.
Ainsi, s’appuyant sur la résolution 2085 et répondant à une demande officielle présentée par le gouvernement de transition du Mali, la France a pris des mesures. Elle ne possédait pas de ressources militaires au Mali, mais elle disposait d’aéronefs, de véhicules blindés et de personnel dans les pays avoisinants. Se servant des aéronefs et du personnel en place, la France a attaqué la colonne islamiste dans le but d’arrêter son avance. Elle a aussi commencé à faire venir du personnel militaire, de l’équipement et des approvisionnements en vue non seulement d’arrêter les islamistes, mais aussi de déplacer le combat sur le territoire des islamistes et de vaincre ceux-ci. L’initiative française a été baptisée opération SERVAL.
Les Français ont d’abord utilisé les frappes aériennes pour attaquer, le 11 janvier, la colonne islamiste qui se dirigeait vers Bamako. Le lendemain, au moyen de forces aériennes et terrestres, appuyées par des troupes maliennes, ils ont lancé une attaque contre Kanno. Ils ont ensuite atteint des cibles plus au nord en ayant recours à des frappes aériennes pour détruire des dépôts d’approvisionnements et de l’équipement et en déployant des forces terrestres pour reprendre le territoire dont s’étaient emparés les trois groupes islamistes. Alors que les attaques initiales au cours de la première semaine d’opérations étaient menées par des forces redéployées de pays avoisinants, la guerre terrestre ne pouvait être remportée à moins qu’on ne rassemble suffisamment de ressources françaises pour reprendre le territoire dont les forces islamistes s’étaient emparées et pour le conserver. Le déploiement d’équipement de la France au Mali a exigé un énorme effort logistique, pour lequel la France a demandé le soutien des nations alliées.
Le Burkina Faso, le Tchad, le Nigéria et le Mali entre autres ont affecté des forces terrestres tandis que la Belgique, le Canada, le Danemark, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Espagne, la Suède, le Royaume-Uni, les États-Unis et les Émirats arabes unis ont fourni du soutien en matière de transport aérien pour transporter de l’équipement et des soldats jusqu’au Mali à partir de la France et d’autres pays africains. Certains de ces derniers ont aussi déployé du personnel pour fournir du soutien technique et logistique aux militaires français.
À la fin de mai 2013, la France a commencé à réduire ses troupes au Mali étant donné que les forces dirigées par les Français avaient repris le contrôle du pays. Un groupe de combat mixte est demeuré sur place pour appuyer les missions internationales qui avaient été créées et qui s’efforçaient maintenant de maintenir le contrôle malien sur le Nord et d’entraîner l’armée malienne.
Dès mars 2012, le gouvernement du Canada envisageait divers plans d’action au Mali. Des communications ont eu lieu avec la France et les États Unis alors que le recours aux forces militaires était considéré comme une option possible, en particulier si les citoyens canadiens au Mali devaient être évacués. En fin de compte, le gouvernement a décidé de ne pas recourir à la force militaire à ce stade.
En janvier 2013, la France a officiellement demandé de l’aide militaire au Canada. Le personnel de l’ARC, notamment à la 8e Escadre, à Trenton, en Ontario, a examiné une option de transport aérien, qui a été annoncée le 14 janvier comme soutien du Canada à l’opération SERVAL. L’affectation d’un CC 177 Globemaster et de membres du personnel ne devait durer qu’une semaine.
Le 15 janvier, un CC-177, accompagné d’un détachement de 36 membres du personnel, a quitté la 8e Escadre pour Istres-Le Tubé, en France, au nord ouest de Marseilles, où il allait rejoindre d’autres membres du groupe de transport aérien, provenant notamment du Royaume-Uni, des États-Unis et des Émirats arabes unis, qui fournissaient aussi des appareils C-17. Le déploiement, qui allait porter le nom de Force opérationnelle aérienne Mali, est arrivé tôt le 16 et, en moins de 18 heures, elle transportait son premier chargement jusqu’à Bamako, via Évreux, en France. Les avions allaient désormais effectuer des vols presque chaque jour. La mission d’une semaine s’est transformée en mission d’un mois, le gouvernement du Canada en ayant approuvé le 24 janvier la prolongation jusqu’au 15 février.
Le 3 février, le CC-177 a effectué sa 17e mission, au cours de laquelle il a transporté sa millionième livre de fret (environ 454 000 kilogrammes). Ces vols quotidiens étaient très nécessaires, car la phase de déploiement de l’Op SERVAL ne s’est achevée que le 16 février; toutefois, le passage à la phase de maintien en puissance a entraîné une réduction de l’horaire de vol quotidien. Ces missions exigeaient beaucoup du personnel navigant comme du personnel au sol. Chaque vol (aller simple) à destination de Bamako durait environ 10,5 heures, et il fallait plus de 3 heures pour charger le CC-177. Il y avait aussi la planification et la préparation du fret ainsi que les longues inspections exigées après chaque mission afin de garantir que l’appareil serait prêt pour le prochain vol.
Le 15 février, le gouvernement a prolongé la mission jusqu’au 22 mars. Pour les membres du personnel de l’ARC stationnés à Istres-Le Tubé, ce qui devait d’abord être un déploiement d’une semaine était devenu une mission de presque six semaines lorsque leurs remplaçants sont arrivés le 24 février.
Quand le Royaume-Uni a retiré son C-17, les Canadiens ont recommencé à effectuer des vols presque chaque jour. Le 22 mars, la mission a été de nouveau prolongée, cette fois jusqu’au 31 mars. À cette date, le CC-177 a accompli son 46e et dernier vol jusqu’à Bamako; toutefois, une défectuosité, la seule de tout le déploiement, l’a forcé à demeurer à Bamako jusqu’au 2 avril. Le 3 avril, la Force opérationnelle aérienne Mali est rentrée à la 8e Escadre. Au cours des 76 jours de déploiement, les appareils avaient mené 46 missions et transporté 1,5 million de kilogrammes de fret ainsi que 777 militaires français.
Détails de la page
- Date de modification :