Mission d'observation des Nations Unies en El Salvador (ONUSAL)

Information internationale

Nom de l'opération internationale : Misión de Observadores de las Naciones Unidas en El Salvador

Nom de la mission internationale : Mission d'observation des Nations Unies en El Salvador (ONUSAL)

Mandat de l'opération : Nations Unies

Région géographique : Amérique centrale

Lieu : El Salvador

Date : 20 mai 1991 - 30 avril 1995

Mandat de la mission : L’ONUSAL, une mission exclusivement composée d’hispanophones, a été créée le 20 mai 1991 en vertu de la résolution 693 du Conseil de sécurité. Elle avait pour mandat de vérifier la mise en œuvre de tous les accords conclus entre le gouvernement du Salvador et le Frente Farabundo Martí para la Liberación Nacional (FMLN) pour mettre fin à une guerre civile ayant duré une décennie. Les accords portaient sur un cessez le feu et des mesures connexes, une réforme et une réduction des forces armées, l’établissement d’un nouveau corps policier, la refonte de l’appareil judicaire et du système électoral, le respect des droits de la personne et une réforme agraire, ainsi que d’autres actions aux plans économique et social. Après la cessation officielle du conflit armé en décembre 1992, l’ONUSAL s’est occupée de vérifier le bon déroulement des élections tenues en mars et avril 1994, qui ont été couronnées de succès.

Selon les dispositions de la résolution 693, l’ONUSAL devait entre autres surveiller attentivement le respect des droits de la personne au Salvador, en faisant enquête et en présentant des rapports sur les allégations spécifiques de violations des droits de la personne.

Le 14 janvier 1992, le Conseil de sécurité a élargi le mandat de l’ONUSAL en adoptant la résolution 729. Il s’agissait à présent de vérifier et de surveiller l’application de tous les accords conclus à Mexico entre le gouvernement salvadorien et le FMLN, « une fois ceux ci ratifiés ». Mentionnons en particulier l’accord relatif à la cessation des hostilités et l’accord sur l’établissement d’une police civile nationale.

Le Conseil de sécurité a ensuite décidé, par la résolution 832 adoptée le 27 mai 1993, d’élargir le mandat de l’ONUSAL en la chargeant notamment de surveiller le processus électoral et a demandé au Secrétaire général de prendre les mesures nécessaires à cette fin.

Notes sur la mission ou l'opération : De tous les pays d’Amérique centrale ravagés par la guerre civile durant les années 80, c’est peut-être le Salvador qui a le plus souffert, puisque au-delà de 80 000 personnes ont été tuées entre 1979 et 1991.

Il y avait déjà eu de la guérilla au Salvador au cours des années 60 et 70, mais les actes de violence se sont multipliés et ont pris de l’ampleur après un coup d’État réussi en 1979 qui laissait espérer des réformes générales; malheureusement, les nouveaux dirigeants n’ont pas pu agir assez rapidement pour satisfaire tout le monde. Étant donné les violations systématiques des droits de la personne, l’insatisfaction à l’endroit du gouvernement s’est amplifiée progressivement, si bien qu’en janvier 1980, des groupes d’opposants ont constitué un front commun baptisé Coordinadora Revolucionaria de las Masas (CRM – Coordination révolutionnaire des masses). Deux autres mouvements se sont joints au CRM en octobre 1980 pour former le Frente Farabundo Martí para la Liberacion Nacional (FMLN – Front Farabundo Marti de libération nationale), un organe de coordination de cinq mouvements de guérilla. En janvier 1981, le FMLN s’est lancé dans une série d’attaques contre le régime dans les villes salvadoriennes. Cette offensive ayant échoué, les troupes du FMLN ont été obligées de se replier vers les campagnes et de mener leurs opérations à partir des pays voisins.

Pendant que la plus grande partie de l’Amérique centrale s’embrasait, il y a eu des pourparlers de paix à Contadora qui ont abouti à un échec. Néanmoins, les idées et les propositions mises de l’avant au cours du processus de paix de Contadora ont été intégrées à l’accord de paix Esquipulas II ratifié en août 1987, qui stipulait entre autres que les pays d’Amérique centrale s’engageaient à respecter mutuellement leur souveraineté et à réduire chez eux les violations des droits de la personne. En partie grâce à l’accord Esquipulas II et en partie parce que la guerre civile s'étirait en longueur, le gouvernement salvadorien et le FMLN ont entamé des négociations en septembre 1989. Les pourparlers entre les deux camps ne suffisaient pas à enrayer la violence, puisqu'en novembre seulement 2 000 personnes ont été tuées, mais les actions de l’ONUCA et l’omniprésence de l’ONU en Amérique centrale empêchaient dans une large mesure les mouvements de guérilla d’utiliser les pays voisins comme bases de repli, d’où un effet pacificateur au Salvador.

En juillet 1990, le gouvernement et le FMLN ont enfin conclu un accord sur les droits de la personne et demandé l’assistance de l’ONU. Au bout d’un certain temps, soit le 20 mai 1991, le Conseil de sécurité a établi, par le biais de la résolution 693, la Misión de Observadores de las Naciones Unidas en El Salvador (ONUSAL – Mission d’observation des Nations Unies en El Salvador). Cette mission avait pour mandat de veiller à ce que les deux camps respectent l’accord relatif aux droits de la personne et à faire enquête sur les cas présumés d’infraction. Quinze observateurs militaires, dont un Canadien, se sont alors rendus dans le pays au début de juillet pour assurer la liaison entre les deux camps et avec l’ONUCA.

La stabilité apparente et le désir des deux camps de mettre fin au conflit ont permis la conclusion de l’Acte de New York le 31 décembre 1991, après deux semaines de négociations au siège de l’ONU. Cet acte, qui reprenait les dispositions de tous les accords précédents, précisait en outre que le traité de paix final serait signé à Mexico le 16 janvier 1992. Le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité le 14 janvier la résolution 729 qui élargissait le mandat de l’ONUSAL, composée désormais de trois volets : une division des droits de la personne, une division de police et une division militaire.

La division des droits de la personne avait déjà entrepris une surveillance sur ce plan, aux termes de la résolution 693. Le rôle de la division de police consistait à réformer les services policiers civils du Salvador afin de constituer et de former le nouveau corps de police civile national.

Quant à la division militaire, elle devait s’assurer, suivant les dispositions du traité, que tous les combats avaient cessé, que les militaires salvadoriens regagnaient leurs casernes et que les membres du FMLN se rassemblaient aux endroits désignés par l’ONU. Les anciens guérilléros du FMLN étaient tenus de demeurer dans les lieux prescrits, où les militaires salvadoriens n’avaient pas le droit de pénétrer. Pour quitter ces enclaves, les membres du FMLN devaient obtenir un laissez-passer et être escortés par des membres de l’ONUSAL. Une fois les ex-guérilléros rassemblés aux endroits désignés, il fallait les compter pour les démobiliser en vue de leur réintégration dans la société. L’ONUSAL était chargée de détruire ensuite toutes les armes ainsi récupérées, tandis que le FMLN était tenu de déclarer et de détruire toutes les armes qui se trouvaient dans des caches. Les observateurs de l’ONUSAL devaient aussi vérifier si le gouvernement avait bel et bien supprimé ses escadrons de la mort. La division militaire a également aidé à coordonner et contrôler le nettoyage de 425 champs de mines.

La majorité des 372 observateurs militaires de l'ONU faisant partie de la division militaire sont arrivés dans le pays en janvier 1992, notamment ceux qui avaient été transférés à l’ONUSAL une fois la mission ONUCA terminée. Après le rassemblement des ex-guérilléros aux endroits désignés et le retour des troupes gouvernementales dans leurs casernes, processus achevés en février et en mars, on a réduit à 224 le nombre d’observateurs militaires. Toutefois, les problèmes politiques, surtout en ce qui concerne la redistribution des terres, ont eu pour effet de retarder la démobilisation. Le 15 décembre 1992, grâce à l’aide accordée par l’ONU pour régler les problèmes en suspens, les autorités ont proclamé officiellement la fin du conflit entre le gouvernement salvadorien et le FMLN, ce qui a permis au quartier général de l'ONUSAL de réduire davantage les effectifs de sa division militaire.

Cette dernière demeurait tout de même très occupée. Il fallait continuellement procéder au déminage, et il restait à enquêter sur d’autres caches d’armes du FMLN, surtout après l’explosion de l’une d'entre elles à Managua, au Nicaragua, le 23 mai. Heureusement, cet incident n’a pas été suffisant pour faire dérailler le processus de paix, et une date a été fixée pour la tenue des premières élections supposant la participation du FMLN. Le mandat de l’ONUSAL a alors été élargi en conséquence. Les quelques irrégularités relevées lors des élections du 20 mars 1994 étaient trop minimes pour justifier l’annulation des résultats. Des élections à la présidence ont ensuite eu lieu le 24 avril.

Après ces élections et la démobilisation complète du FMLN et des troupes paramilitaires, l’ONUSAL a amorcé une réduction de ses effectifs. Son mandat a été prolongé une dernière fois jusqu’au 30 avril 1995 pour qu’elle puisse contribuer au renforcement des institutions, notamment le Parlement, la police nationale et la Cour suprême. Quand le mandat de l’ONUSAL est arrivé à expiration, même s’il y avait encore des problèmes à régler, on peut affirmer que cette mission avait aidé grandement à mettre un terme à la guerre civile au Salvador.

Renseignements de l'opération des FC (MATCH)

Nom : MATCH

Date : 1 juillet 1991 - 31 août 1994

Historique de la mission : La participation canadienne à l’ONUSAL a reçu le nom d’opération Match. Le premier officier canadien est arrivé sur place en juillet 1991, au tout début de la mission. Le Lieutenant-colonel Henry Morris a fait partie de la division des droits de la personne à titre d’officier de liaison militaire. Cet officier a été aussi conseiller militaire du chef adjoint de l’ONUSAL, puis chef des opérations à un quartier général régional, mais l’aspect le plus important, c’est qu’il a été appelé à fournir une assistance technique au cours des ultimes négociations entre le FMLN et le gouvernement salvadorien en décembre 1991. Il a alors joué un rôle important dans la conclusion des accords de New York.

Les FC ont augmenté leur contribution le 17 janvier 1992 quand les 23 derniers membres canadiens de l’ONUCA ont été mutés à l’ONUSAL. À la demande de l’ONU, le Canada a affecté 30 officiers supplémentaires à l’ONUSAL en moins d'une semaine, si bien que le contingent d’observateurs militaires canadiens est devenu le deuxième en importance dans le cadre de cette mission. Ces observateurs s’occupaient surtout de vérifier le respect du cessez le feu et, une fois ce travail terminé, 14 des officiers ayant fait auparavant partie de l’ONUCA sont rentrés au Canada au début de mars. Les 30 officiers ajoutés par après les ont suivis plus tard durant le mois. À ce stade, il restait 11 observateurs militaires canadiens dans le théâtre, chiffre ramené à 10 quand le Lcol Morris a pris sa retraite en juillet.

La rotation suivante des observateurs militaires canadiens, en août 1992, comprenait neuf officiers, dont deux avaient été ajoutés en janvier. Huit des anciens observateurs militaires de l’ONUCA sont aussi partis à ce moment-là, ce qui réduisait à huit membres l’apport global du Canada à l’ONUCA. (Son commandant a alors été nommé attaché des Forces canadiennes à Mexico. Deux observateurs militaires ont été par la suite affectés à la FORPRONU, en ex Yougoslavie, pour une période temporaire de huit semaines à partir du 27 octobre, ce qui illustre l’ampleur des efforts de maintien de la paix du Canada durant ces années. Les effectifs de l’ONUSAL ayant été subséquemment réduits en janvier 1993, on n’avait plus besoin de six observateurs militaires canadiens; six d’entre eux se sont alors portés volontaires pour participer à la mission des Nations Unies au Mozambique (ONUMOZ). Le rapatriement au Canada de deux observateurs militaires et le transfert d’un troisième à l'opération des Nations Unies en Somalie II (UNOSOM II) a ensuite réduit le contingent canadien à deux officiers.

La dernière rotation dans le cadre de l’ONUSAL a eu lieu en août 1993 avec l’arrivée de deux officiers qui avaient servi auparavant au sein de l’ONUCA. Ils sont restés sur place un an, selon leur période d’affectation, et leur départ en août 1994 a mis un terme à la participation canadienne à l’ONUSAL.

Au cours de leur affectation à l’ONUSAL, les officiers canadiens ont occupé un grand nombre de postes clés. On a compté notamment un chef d’état-major, deux chefs des opérations dans les quartiers généraux régionaux et un au centre de vérification, des commandants du groupe d’observateurs militaires (GOM) et deux officiers adjoints des opérations au quartier général de l’ONUSAL. Évidemment, la fonction principale des observateurs militaires était de vérifier directement et de noter si les deux camps respectaient ou non les accords. Toutefois, ils assumaient aussi des tâches plus difficiles, par exemple rencontrer les autorités locales et les chefs de faction, mettre sur pied des centres de démobilisation, effectuer des patrouilles et des missions d’escorte et préparer la documentation sur le personnel. Par conséquent, ils pouvaient à un moment donné jouer un rôle de diplomate puis le lendemain agir comme policiers, tout en assurant une présence qui contribuait à rétablir la stabilité dans un secteur particulier ou en aidant à la distribution de l’aide humanitaire.

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