(Corée 1950)

Nom de l'opération internationale :  Opérations militaires des nations Unies en Corée

Dates de l'opération internationale :   1950/06/25 -  En cours

Organisme responsable :  Nations Unies

Nom de la région :  Asie

Lieu :  Corée

Nom de l'opération canadienne : sans objet

Dates de l'opération canadienne : 1950/06/30 –1957/08/01

Mandat de la mission :  

Repousser les agresseurs de la Corée du Nord

Résolutions 82 (25 juin 1950), 83 (27 juin 1950), 84 (7 juillet 1950) et 85 (31 juillet 1950) du Conseil de sécurité des Nations Unies (Chapitre VII)

Notes sur la mission :  

Le 25 juin 1950, les forces militaires de la Corée du Nord franchissaient le 38parallèle et envahissaient ainsi la Corée du Sud dans le but de créer un seul État coréen unifié. La réaction internationale a été prompte, en particulier aux Nations Unies. Le Conseil de sécurité a en effet adopté les résolutions 82 (25 juin 1950), 83 (27 juin 1950), 84 (7 juillet 1950) et 85 (31 juillet 1950), qui invitaient la Corée du Nord à retirer ses troupes. On a demandé aux membres des Nations Unies d’apporter à la Corée du Sud toute l’aide nécessaire pour lui permettre d’expulser les agresseurs venus du Nord. De plus, les forces militaires envoyées pour prêter assistance à la Corée du Sud ont constitué un commandement unifié des Nations Unies (CNU), placé sous l’autorité des États-Unis. 

Au Canada, le Cabinet s’est réuni le 28 juin pour discuter des réponses canadiennes possibles aux demandes du Conseil de sécurité. Le secrétaire d’État aux Affaires extérieures, Lester Pearson, a indiqué qu‘en guise de réponse, les États-Unis avaient décidé d’accroître leurs forces aériennes et navales et que la Grande-Bretagne songeait à déployer une force navale. M. Pearson a en outre fait remarquer que, quelques semaines auparavant, le Secrétaire général des Nations Unies avait réclamé deux officiers qui devaient relever de la Commission des Nations Unies pour la Corée (UNCOK). Le ministre de la Défense nationale, Brooke Claxton, a répondu que le Canada pouvait fournir quelques destroyers et un petit escadron d’avions de transport. Toutes les décisions relatives aux contributions, à l’exception de celle qui portait sur l’affectation de deux officiers à l’UNCOK, qui a été approuvée, ont été retardées jusqu’à ce que toutes les possibilités aient été examinées (voir les rubriques UNCOK et CNUURC).

La Marine royale du Canada (MRC) était la seule des trois armées en mesure de déployer des forces dans l’immédiat. Le 30 juin, trois destroyers ayant leur port d’attache sur la côte Ouest ont reçu l’ordre de mettre le cap sur Pearl Harbor pour se diriger ensuite vers la Corée. Ce n’est que parvenus à Pearl Harbor que les équipages des NCSM Cayuga, Sioux et Athabaskan ont été informés qu’ils allaient être placés sous le contrôle opérationnel du commandant des forces des Nations Unies en Corée, le Général Douglas MacArthur. Ils sont arrivés à Sasebo, au Japon, le 30 juillet, prêts à se joindre à la défense du périmètre de Pusan (Busan).

Le 19 juillet, le Cabinet a approuvé le déploiement du 426e Escadron, le seul escadron de transport à long rayon d’action de ARC, sous le commandement opérationnel du Military Air Transport Service des États-Unis, dans le cadre de l’opération Hawk. Les militaires ont quitté Montréal le 25 juillet pour arriver le 26 à la base aérienne McChord, dans l’État de Washington, avant de repartir le 27 à bord de trois avions à destination du Japon. 

L’envoi de troupes terrestres était une question plus complexe. On ne savait pas exactement si les actions de la Corée du Nord représentaient un incident isolé, ou si l’Union soviétique tournerait à son avantage l’apparente faiblesse militaire du flanc ouest. Le Canada ne disposait que d’une formation pouvant être dépêchée sur-le-champ, la Force de frappe mobile, dont le rôle était d’assurer la défense du Canada. Envoyer cette formation signifiait laisser le Canada sans moyen d’intervenir rapidement dans l’éventualité où l’Union soviétique s’en prendrait à l’OTAN, qui venait d’être créée. Le Cabinet a passé le mois de juillet à étudier les diverses options possibles concernant la contribution sur le terrain, l’équipement qui serait utilisé (américain ou britannique) et le commandement auquel serait rattachée la force. Le 7 août, le Canada a accepté d’envoyer des troupes terrestres en Corée.

Il faudra attendre sept ans après l’arrivée au Japon de l’ARC et de la MRC, à la fin de juillet 1950, pour que les dernières forces canadiennes quittent la Corée.

Les forces navales durant la guerre

Huit destroyers canadiens ont participé à la guerre de Corée, chacun ayant été mis à contribution à au moins deux reprises. Dresser la liste complète des activités de la MRC en Corée ou faire l’historique de sa participation déborderait le cadre de la présente description.

Durant leur premier déploiement, les navires Cayuga, Sioux et Athabaskan ont été dépêchés sur la côte ouest de la Corée, sous commandement britannique. Ils ont servi d’escortes de convois et de porte-avions, ont participé au débarquement à Inchon comme escortes du groupe de soutien logistique, ont attaqué des objectifs terrestres et ont protégé des îles amies contre des attaques furtives. De plus, ils ont effectué des patrouilles de lutte contre les sous-marins et, de temps à autre, ont procédé eux-mêmes à des débarquements et ont participé à d’autres faits par des Marines de la Corée du Sud dans des îles plus isolées, au large. À l’occasion, ils détectaient des mines et les faisaient exploser en envoyant un canot à moteur pour y attacher des explosifs – une entreprise risquée. À part le risque lié aux mines, l’entreprise la plus dangereuse durant la première patrouille a peut-être été l’évacuation des forces de l’ONU de Chinnampo, le port de Pyongyang, capitale de la Corée du Nord. Les destroyers Cayuga et Athabaskan et plusieurs autres navires alliés ont remonté le Taedong, naviguant entre de nombreuses barres de sable instables et dans des chenaux non dragués. Ils ont évacué les forces de l’ONU, bombardé des objectifs terrestres et escorté de nombreuses petites embarcations remplies de réfugiés coréens.

Les navires de la MRC ont aussi mené des opérations le long de la côte est de la Corée, de concert avec la Marine des États-Unis (USN). Leurs activités étaient semblables à celles réalisées sur la côte ouest, mais en incluaient une de plus. La côte est de la Corée est montagneuse, mais comprend une étroite plaine côtière. Les lignes ferroviaires longeant la côte et se trouvant souvent en plein dans le champ de vision des navires en mer, les destroyers de l’ONU ont pu contribuer à l’effort de guerre en attaquant des trains circulant le long de la côte. Les navires en mesure de prouver qu’ils avaient détruit au moins un train pouvaient faire partie du « Trainbusters Club ». Les navires de la MRC se sont allègrement joints à l’initiative, détruisant plus de trains que toute autre force navale.

À la signature de l’armistice, huit destroyers de la MRC avaient pris part au conflit : l’Athabaskan (trois déploiements), le Cayuga, le Huron, l’Iroquois, le Nootka et le Sioux (deux déploiements chacun), ainsi que le Crusader et le Haida (un déploiement chacun). 

La force aérienne durant la guerre

L’Aviation royale du Canada (ARC) a mis un escadron de transport à la disposition des forces de l’ONU, et 22 de ses pilotes de chasse ont participé à un programme d’échange avec la USAF. Les activités de l’ARC durant la guerre de Corée visaient essentiellement à accroître les forces de l’Aviation et à les déployer en Europe, afin d’assurer un soutien à l’OTAN à un moment où une bonne partie des ressources de la USAF étaient mobilisées en Corée et où l’Union soviétique aurait pu profiter de faiblesses perçues de l’OTAN.

Durant la guerre de Corée, le 426e Escadron a assuré, sous le commandement de la Force aérienne des États-Unis (USAF), le transport de troupes et de fournitures vers le théâtre coréen. Ces opérations sont décrites à la rubrique de l’opération Hawk.

En mars 1951, la USAF a fait valoir que les pilotes de l’ARC gagneraient à participer à des échanges avec certains de ses escadrons, dans le théâtre coréen. Le Canada a accepté l’offre afin de permettre à ses pilotes d’acquérir de l’expérience de combat, et un programme a été institué pour en affecter certains auprès de la 18th Interceptor Wing, à Kimpo, à l’ouest de Séoul, et d’autres, auprès la 51st Fighter Intercepter Wing, à Suwon, au sud de Séoul. La période de service était de six mois ou de 50 missions de combat, selon la première éventualité. La plupart des pilotes parvenaient à effectuer les sorties requises en trois ou quatre mois, accumulant environ 70 heures de vols de combat et 20 heures de vols sans combat.

Le premier pilote à voir été envoyé en déploiement dans le cadre de ce programme est le Lieutenant d’aviation B. Simpson, mais ce n’est pas le premier Canadien à avoir participé au combat en Corée. En effet, le Capitaine d’aviation Omer Lévesque avait déjà pris part à un échange avec la USAF lors du déclenchement de la guerre en Corée et s’y était rendu avec son escadron américain.

Les deux escadrons ont assumé toute une gamme de rôles : explorations et patrouilles de chasseurs derrière les lignes ennemies, patrouilles aériennes de combat durant la recherche et le sauvetage de pilotes portés disparus, missions de chasseur-bombardier et escorte d’avions de reconnaissance photographique.

En tout, les pilotes de l’ARC ont revendiqué neuf avions ennemis « abattus », deux « probablement détruits » et 10 « endommagés ». L’un des pilotes, le Commandant d’aviation Andrew MacKenzie, a été fait prisonnier lorsque son avion a été abattu accidentellement par l’un de ses compagnons d’escadron. Il n’a été libéré qu’en 1955.

L’ARC a aussi fourni d’autre personnel, notamment 13 infirmières militaires, qui accompagnaient des soldats blessés en Corée jusqu’aux États-Unis et au Canada, à bord des avions du Military Air Transport Service de la USAF. À l’occasion, elles volaient avec le 426e Escadron. Au besoin, l’ARC dépêchait aussi des experts techniques de divers corps de métiers pour de brèves périodes.

Les forces terrestres durant la guerre

Lorsque le gouvernement du Canada a décidé de déployer des forces terrestres dans le cadre du conflit, il a choisi de le faire en mobilisant une « Force d’opérations spéciales » volontaire composée en grande partie d’anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale. Ces militaires ont formé les 2Bataillons des trois régiments d’infanterie de l’armée régulière (The Royal Canadian Regiment, le Princess Patricia’s Canadian Light Infantry et le Royal 22Régiment), appuyés initialement par l’Escadron C, Lord Strathcona’s Horse (Royal Canadians) (2e Régiment blindé); le 2e Régiment d’artillerie de campagne, Royal Canadian Horse Artillery; le 57e Escadron de campagne indépendant (Génie royal canadien); et l’escadron des transmissions de la 25Brigade d’infanterie canadienne. C’est le 2e Bataillon, PPCLI, qui est arrivé le premier sur les lieux, à la mi-février 1951, le reste des troupes qui allaient constituer la 25e Brigade ayant suivi en mai. La Brigade a servi sous le commandement des Américains jusqu’à la création de la 1re Division du Commonwealth.

Les volontaires de la Force d’opérations spéciales s’enrôlaient pour un an.  Par conséquent, au début de 1952, les unités et sous-unités originales de cette force sont remplacées par les « premiers bataillons » « réguliers » des trois régiments d’infanterie et par des escadrons blindés, du génie et des transmissions réguliers. Bien sûr, tous les autres corps d’armée – services de santé et services dentaires, intendance militaire, matériel, prévôté et Corps royal canadien des ingénieurs électriciens et mécaniciens – étaient aussi représentés dans le théâtre. Ajoutons que le Royal Canadian Horse Artillery a fourni des pilotes pour assurer la surveillance aérienne et le réglage du tir par avion. Une troisième rotation a eu lieu un an plus tard.

Bien qu’il y ait eu d’importantes fluctuations dans les premiers mois du conflit coréen, la ligne de front s’était essentiellement stabilisée lorsque la plupart des Canadiens ayant servi en Corée sont arrivés dans le pays. En outre, la patrouille et la défense de la ligne constituaient la norme et non d’importantes opérations d’attaque. Cependant, cela ne diminue en rien la contribution des Canadiens. En fait, à Kapyong et sur la côte 355, c’est grâce à la remarquable résistance des unités canadiennes contre la supériorité écrasante des forces chinoises que la ligne alliée ne s’est pas rompue.

 Le Quartier général de la 25e Brigade d’infanterie canadienne (25 BIC) a été constitué le 9 août 1950. Il est arrivé en Corée le 4 mai 1951 et en est repartie le 2 décembre 1954, dans le contexte du retrait progressif des troupes canadiennes. Une section canadienne du Quartier général de la 1re Division du Commonwealth a été établie le 1er août 1951, puis démantelée le 20 mai 1956. Les effectifs canadiens affectés au quartier général divisionnaire, dont le nombre se situait habituellement entre 20 et 30, y compris un OSG 1 – le principal officier d’état-major de la Division –, étaient chargés de la planification au sein de la 1re Division du Commonwealth.

La Mission militaire du Canada en Extrême-Orient (MMCEO) a été mise sur pied en septembre 1950 afin d’assurer la représentation canadienne au quartier général des Forces des Nations Unies (FNU) à Tokyo. Dans le cadre de ses responsabilités, le commandant de la MMCEO était appelé, entre autres, à préparer l’arrivée des troupes terrestres canadiennes dans le théâtre d’opérations, à mettre les chefs d’état-major canadiens au courant de la situation générale sur le champ de bataille et des plans futurs des FNU, ainsi qu’à transmettre l’information entre le Canada et les FNU. Dans l’exercice de ces fonctions, il était responsable devant le commandant de la 25e Brigade d’infanterie canadienne.

Bien que le gros du contingent canadien ait été déployé en Corée, de plus petites unités ont été envoyées au Japon pour soutenir les opérations en Corée. Il s’agissait essentiellement d’unités administratives, qui comprenaient un groupe de liaison du matériel, une unité postale et une troupe des transmissions. En juin 1951, lors de la formation de la 1re Division du Commonwealth, le Canada a affecté du personnel à l’hôpital militaire du Commonwealth. Le 25e Groupe de renfort canadien, l’unité la plus importante en nombre, était chargé du maintien et de l’entraînement des renforts jusqu’à ce que leurs services soient requis en Corée. Toutes ces unités se trouvaient à Kure, sur la côte sud-ouest de Honshu, la plus grande île du Japon.

En octobre 1951, on a décidé de réorganiser et de rationaliser les forces canadiennes qui fournissaient les troupes en Corée. C’est dans ce contexte qu’on a créé la Section canadienne de la Voie de communications et des troupes de base des Forces du Commonwealth britannique en Corée. On y a ajouté par la suite un centre de convalescence, une unité de gestion des congés et un service de bien-être.

Après l’armistice

Les combats en Corée ont pris fin le 27 juillet 1953, mais le rôle du Canada dans ce pays ne s’est pas terminé avec la signature de l’armistice. La convention d’armistice n’a pas été signée par les gouvernements qui ont participé aux efforts des Nations Unies, mais plutôt par le commandant, Commandement des Nations Unies. Par conséquent, ce sont les Nations Unies qui ont accepté le cessez-le-feu, et la contribution militaire au-delà de l’armistice était à l’appui du Commandement des Nations Unies. Comme on doutait fortement que le président de la Corée du Sud, Syngman Rhee, ou les forces chinoises/nord-coréennes respectent l’armistice, il se révélait nécessaire de maintenir une présence en Corée.

Ainsi, l’ARC a poursuivi l’opération Hawk jusqu’au 25 mai 1954. Plusieurs pilotes de chasse ont aussi participé à des programmes d’échange avec les forces de la USAF en Corée. La MRC a maintenu trois navires en poste dans les eaux coréennes jusqu’à la fin de 1954. Ce n’est que le 26 décembre 1954 que ce nombre a été réduit à un. La contribution de la MRC a cessé le 7 septembre 1955.

Après l’armistice, la 1re Division du Commonwealth est restée en Corée en tant que formation, mais elle a par la suite transféré son quartier général à Tokyo, où elle a pris le nom de Forces du Commonwealth britannique en Corée (BCFK). La Division a été dissoute en novembre 1954, mais son appellation est demeurée en vigueur jusqu’en mars 1956. Le Canada a continué de participer au contingent du Commonwealth sans qu’il y ait toutefois d’entente formelle à cet égard.

Ce n’est qu’en novembre 1954, lorsque la plupart des unités sont rentrées au Canada, que la brigade canadienne a réduit ses effectifs. Le quartier général de la 25e Brigade d’infanterie canadienne a été démantelé en décembre 1954. Ces retraits ont été entrepris en consultation avec les gouvernements du Commonwealth et le Commandement des Nations Unies. Le Canada a laissé en Corée le 2e Bataillon, The Queen’s Own Rifles of Canada, la 3e Ambulance de campagne, un détachement de prévôté et trois autres unités mineures. Il a retiré la majorité de ces groupes en avril 1955, réduisant à 20 officiers et 260 hommes de troupe le contingent canadien total parmi les forces de campagne en Corée et au quartier général au Japon. D’autres réductions allaient suivre au sein des forces de l’ONU, l’armistice semblant être respecté. En mars 1956, la 3e Ambulance de campagne (RCAMC) est rentrée au Canada; elle a été remplacée par le nouveau Détachement médical canadien, qui offrait à la fois des services médicaux et des services dentaires. La MMCEO étant demeurée au Japon, le contingent canadien comptait alors en tout 42 personnes.

Cet arrangement devait durer un peu plus d’un an. Les dernières troupes canadiennes ont été retirées de la Corée et du Japon en août 1957; seuls sont restés au CNU un officier et un MR canadiens. 

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