Opération Driftnet

Nom de l’opération internationale : Patrouilles de surveillance des filets dérivants en haute mer

Dates des opérations internationales : 1993/02/16 – en cours

Organisme responsable : Convention concernant la conservation des espèces anadromes de l’océan Pacifique Nord.

Région géographique : Asie

Lieu : Pacifique Nord

Nom de l’opération canadienne : : Opération DRIFTNET

Dates des opérations canadiennes : 1993/05/01 – en cours

Mandat de la mission :

Faire respecter le moratoire des Nations Unies concernant le recours à la pêche au filet dérivant en haute mer.

Notes sur la mission :

Dans les années 80, les techniques de pêche sont devenues plus efficaces grâce à l’introduction des filets dérivants. Il s’agissait de filets suspendus à la verticale dans l’océan au moyen de flotteurs et de poids. Certains d’entre eux étaient de plus de 48 kilomètres de long. L’utilisation de filets dérivants constituait une importante menace à plusieurs niveaux. Elle a notamment entraîné une surpêche dans les zones littorales, en particulier au large des pays en développement, ce qui a eu pour effet de réduire les réserves de poissons des pays qui en avaient le plus besoin. En outre, les filets dérivants constituaient une grave menace pour toutes sortes d’êtres vivants, comme des mammifères marins, des oiseaux de mer et des poissons non visés, qui s’y prenaient au piège accidentellement et en mouraient. Or, on savait que plus de 1 000 bateaux de pêche utilisaient des filets dérivants dans les océans Atlantique, Indien et Pacifique.

En 1989, l’Assemblée générale des Nations Unies a pris note du problème. Dans la résolution 44/225, elle a proposé un moratoire sur la pêche aux grands filets pélagiques dérivants à partir du 30 juin 1992. D’autres recommandations ont aussi été formulées. Bien que certains progrès aient été accomplis, dans la résolution 45/197 de décembre 1990, l’Assemblée générale a constaté que certains bateaux de pêche opéraient sous d’autres pavillons maritimes et que, dans un cas particulier, il y aurait eu tentative d’étendre la pratique de pêche aux grands filets pélagiques dérivants. Par conséquent, au moyen de la résolution de l’Assemblée générale 46/215 de décembre 1991, les Nations Unies ont imposé un moratoire sur la pêche aux grands filets pélagiques dérivants à partir du 31 décembre 1992.

D’autres résolutions adoptées en 1993, 1996, 1997, 1998 et 2001 ont souligné le fait que la pêche aux grands filets pélagiques dérivants demeurait un problème. Il ne s’agissait pas seulement, pour l’ONU, d’aider les pays en développement; c’était d’abord et avant tout une question de conservation et de gestion des ressources et de protection des espèces en péril.

Le 11 février 1992, la Convention concernant la conservation des espèces anadromes de l’océan Pacifique Nord a été signée, sa date d’entrée en vigueur étant le 16 février 1993. Les signataires d’origine, soit le Canada, le Japon, la Russie et les États-Unis, ont convenu de mettre sur pied la Commission des poissons anadromes du Pacifique Nord (CPAPN), dont le siège serait établi à Vancouver, en Colombie-Britannique. La République de Corée allait signer la convention en mai 2003. La CPAPN a été créée afin de favoriser la conservation des stocks de saumons et de truites et autres espèces connexes. La pêche au filet dérivant constituait une menace évidente pour la gestion de ces poissons, pour lesquels le comité d’application des règlements de la CPAPN coordonne les activités d’application.

Les initiatives d’application des règlements concernant la pêche au filet dérivant ont débuté en 1993. Chaque pays membre a fourni des ressources pour attraper les bateaux pêchant illégalement. Leurs efforts ont mené à une plus grande coopération internationale entre les nations dans certains domaines. En 2001, un C-130 de la garde côtière américaine a décollé de la Russie pour la première fois. En 2006, un plan conjoint d’application des règlements a été dressé et, en 2008, on a utilisé le RADARSAT 2 pour la première fois afin de surveiller la pêche dans le Pacifique Nord. La Chine a également accepté de participer, bien qu’elle n’ait pas signé la Convention.

L’un des problèmes liés à l’application des règlements a toujours été d’attraper les bateaux de pêche illégaux. Si les navires peuvent être détectés, les arrêter est une autre histoire. Entre 1993 et 2014, 47 bateaux pêchant illégalement ont été détectés; toutefois, seulement 20 ont été appréhendés. En dépit de ces chiffres apparemment bas, la pêche au filet dérivant dans le Pacifique Nord a pratiquement été éliminée, en partie en raison de la présence d’avions et de navires chargés de faire appliquer les règlements.

Au Canada, le ministère des Pêches et des Océans (MPO) est l’organisation chargée de la participation canadienne à la CPAPN, les Forces armées canadiennes appuyant les mesures d’application des règlements déterminées par le MPO, dans le cadre de l’opération DRIFTNET. C’est principalement le 407e Escadron, de la 19e Escadre, à Comox (Colombie-Britannique), qui est chargé de surveiller l’application des règlements. Il bénéficie parfois de l’appui d’Aurora et de membres du personnel de la 14e Escadre, à Greenwood (Nouvelle-Écosse).

La première mission dans le cadre de l’Op DRIFTNET a été effectuée en mai 1993, et cinq déploiements ont eu lieu au cours de cette année-là. Six bateaux pêchant illégalement au filet dérivant ont été repérés. En 1994, il y a eu six déploiements entre le 18 avril et le 11 septembre. Quatre sont partis de la base de l’USAF Shemya dans les îles Aléoutiennes, et deux, de la base de l’USAF Elmendorf, en Alaska. Lors de chaque déploiement, de une à trois missions ont été menées, sans qu’aucun navire suspect ne soit repéré. L’escadron a attribué ce résultat à une augmentation des efforts d’application des règlements et à la conversion des bateaux de pêche au filet dérivant en types de bateau plus conventionnels.

En 1995, le 407e Escadron a mené pour la première fois des opérations à partir des bases aéronavales Barber’s Point (Hawaï) et Adak (Alaska). Les appareils de l’escadron sont revenus à ces deux terrains d’aviation américains en 1996. Toutefois, pour la première fois en avril 1996, l’Op DRIFTNET s’est déroulée alors que l’Aurora était en route vers une autre tâche. En 1997, l’archipel Midway a été utilisé pour la première fois, mais les trois déploiements à cet endroit ont été compliqués par la présence sur tout l’archipel de nombreux oisillons albatros qui venaient d’y naître. Le déploiement du mois d’août s’est révélé mémorable, non seulement en raison des oiseaux, mais aussi parce qu’un bateau de pêche au filet dérivant a fini par être arrêté en mer.

Le nombre minime de bateaux de pêche au filet dérivant qui étaient détectés portait à croire qu’il y en avait désormais beaucoup moins en raison de l’application du moratoire et de la présence d’autorités chargées de le faire respecter, ce qui était réconfortant pour les équipages déployés dans le cadre de ces opérations. Cependant, les trois équipages du 407e Escadron déployés à Shemya (Alaska) en avril 1997 ont dû beaucoup se réjouir lorsqu’ils ont attrapé deux navires utilisant des filets dérivants, un le 13 et l’autre, le 18. Des navires de la garde frontalière russe ont appréhendé les deux en se basant sur l’information fournie par les Aurora canadiens. Un troisième navire a été repéré, mais il a réussi à s’enfuir. Même succès l’année suivante en mai lorsque l’équipage de l’Aurora a détecté un navire utilisant un filet dérivant de 10 kilomètres de long, que la garde côtière américaine a arrêté.

En 2003, le personnel de la 14e Escadre, à Greenwood, a participé à l’Op DRIFTNET pour la première fois, lorsque les Aurora ont été déployés à la base aérienne Eareckson, sur l’île de Shemya, dans les îles Aléoutiennes, en mai. D’autres membres du personnel de la 14e Escadre, appartenant en général au 405e Escadron, ont suivi en avril-mai 2004 et au cours des années subséquentes. Toutefois, le seul élément détecté en 2004 a été une baleine échouée près de Shemya, que le personnel a réussi à ramener dans l’océan au prix d’efforts considérables.

En 2004, le détachement habituel était constitué de deux avions, trois équipages et des techniciens des services de soutien, pour un total d’environ 60 membres du personnel. La patrouille type durait de 7,5 à 9,5 heures, mais elle pouvait aller jusqu’à 14 heures. Selon le temps requis pour se rendre dans la zone de patrouille, un Aurora pouvait effectuer au moins 7 heures de patrouille. Toutefois, les conditions météorologiques pouvaient avoir des conséquences sur la recherche. Il y avait aussi à bord des agents des pêches du ministère des Pêches et des Océans (MPO) et de son équivalent américain, la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), qui fournissaient de l’expertise en matière de collecte des données aux fins de poursuites. Les patrouilles étaient conçues pour couvrir une zone particulière. La présence de l’Aurora était annoncée sur radio VHF : le message diffusé indiquait qu’un appareil canadien participant à une patrouille de l’ONU était à la recherche de navires utilisant des filets dérivants et que quiconque détenait des renseignements au sujet de tels navires devait communiquer avec l’avion sur le canal VHF 10.

Dans le cadre du déploiement de 2007 à Shemya, le personnel a détecté un navire utilisant des filets dérivants et a photographié l’ensemble. Les photos ont été transmises à la CPAPN pour action. Il semble toutefois que ce bateau n’ait pas été appréhendé, car le seul navire chargé de l’application des règlements qui se trouvait dans le secteur était déjà occupé à arraisonner un autre bateau utilisant des filets dérivants. La patrouille a également détecté 20 navires gréés aux fins de pêche au filet dérivant. Ce type de détection était normal la plupart des années.

En 2008, la toute première utilisation de l’imagerie satellite a constitué un important changement technologique. On s’est servi d’images provenant du satellite canadien RADARSAT 2 pour déterminer les zones où les Aurora devraient patrouiller, l’information étant transmise aux appareils en « temps réel ». Étant donné que la recherche devait s’étendre sur près de deux millions de kilomètres carrés dans le Pacifique Nord, l’utilisation de l’imagerie satellite a augmenté l’efficacité des patrouilles.

Une autre première est survenue à l’automne 2012 lorsque le personnel de l’Op DRIFTNET a mené des opérations à partir du Japon pour la première fois. Les appareils, qui avaient décollé de l’aéroport municipal d’Hakodate, sur l’île d’Hokkaido, ont fait enquête sur plus de 310 navires. Cependant, aucune activité illégale n’a été observée. Le 407e Escadron est retourné en 2013 et, cette fois encore, n’a repéré aucune activité illégale. En mai 2014, le déploiement à Hakodate a connu plus de succès, puisqu’un navire chinois a été observé alors qu’il utilisait un filet dérivant. Il a par la suite été arraisonné par le navire de la garde côtière américaine Morgenthau, à bord duquel se trouvaient des membres du Commandement d’application du droit des pêches de la Chine. On a trouvé à bord du navire chinois appréhendé plus de 400 kilogrammes de saumon, poisson qu’il n’était pas autorisé à pêcher dans le secteur où il circulait.

Bien que ce soit le 407e Escadron qui a été le plus actif dans le cadre des patrouilles de l’Op DRIFTNET, le 405e Escadron envoyant des appareils et du personnel à l’appui au cours des dernières années, l’ARC a aussi fourni d’autres ressources. Comme il y avait deux avions et jusqu’à 60 personnes affectés à la fois pendant des périodes pouvant aller jusqu’à trois semaines, le volume d’équipement et d’approvisionnements requis pour soutenir les patrouilles dépassait celui qu’un CP-140 pouvait transporter. L’ARC a donc eu recours tant aux CC 130 Hercules qu’aux CC-177 Globemaster III à l’appui de ces opérations, pour transporter tout le matériel nécessaire jusqu’à la base d’opération et le rapporter au Canada. Certaines de ces missions du 426e Escadron ont été effectuées en même temps que des vols d’entraînement prévus, ce qui a permis de réaliser des gains d’efficacité.

L’Op DRIFTNET s’est révélée une opération réussie de lutte contre la pêche au filet dérivant. Bien que le nombre de navires de pêche illégaux qui ont été appréhendés n’ait jamais été élevé, les Aurora ont contribué à l’arrestation de beaucoup d’entre eux. On peut constater la nécessité continue de telles patrouilles puisque, même en 2016, après plus de 20 ans, la détection et l’arrestation de navires de pêche au filet dérivant se poursuit. D’innombrables navires de pêche ont changé de méthode de pêche parce qu’ils craignaient d’être arrêtés, possibilité que les appareils Aurora du Canada, et maintenant le satellite RADARSAT 2, ont grandement contribué à rendre bien réelle.



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