Opération Standard (MINUHA)
Nom de l’opération internationale : Mission des Nations Unies en Haïti – MINUHA
Nom de la mission internationale : Mission des Nations Unies en Haïti – MINUHA
Organisme responsable : Organisation des Nations Unies
Date de la mission : Du 23 septembre 1993 au 30 juin 1996
Région géographique : Amérique centrale
Lieu : Haïti
Nom de l’opération canadienne : Opération STANDARD
Date : Du 15 avril au 30 juin 1996
Mandat de la mission :
Résolution 867 du Conseil de sécurité des Nations Unies, 23 septembre 1993
Résolution 940 du Conseil de sécurité des Nations Unies, 31 juillet 1994 (Chapitre VII)
Résolution 1048 du Conseil de sécurité des Nations Unies, 29 février 1996
Notes sur la mission/l’opération :
Jean-Bertrand Aristide est élu président d’Haïti le 16 décembre 1990, lors d’élections que l’Organisation des États américains (OEA) et les Nations Unies jugent valables et démocratiques. L’ONU et l’OEA espèrent que l’élection d’Aristide marquera la fin d’une période d’instabilité de cinq ans après l’éviction du régime autoritaire de Duvalier. Cependant, le lieutenant-général Raoul Cédras lance un coup d’État en septembre 1991 et renverse le président Aristide.
En décembre 1992, le Secrétaire général des Nations Unies nomme M. Dante Caputo, de l’Argentine, comme envoyé spécial en Haïti, afin de trouver une solution pour faciliter le retour pacifique du président Aristide et de la démocratie en Haïti. M. Caputo négocie avec succès l’accord de Governors Island et le pacte de New York, qui stipule qu’Aristide retournera à Haïti en tant que président et que Cédras prendra une retraite anticipée le tout dans une période de transition de six mois
Le Conseil de sécurité autorise la création et l’envoi immédiat de la Mission des Nations Unies en Haïti (MINUHA) pour une période de six mois afin de soutenir la transition. Mais lorsque le USS Harlan County arrive le 11 octobre 1993 avec à son bord des troupes américaines et canadiennes pour soutenir la mission des Nations Unies des civils armés, jouissant apparemment du soutien de l’armée et de la police haïtiennes, empêchent les troupes de débarquer. Ainsi, la mission initiale de la MINUHA ne devient jamais pleinement opérationnelle.
L’ONU réinstaure de séveres sanctions contre Haïti accompagnées d’un blocus pour les appliquer. Le Conseil de sécurité des Nations Unies autorise la création d’une force multinationale, en vertu de la résolution 940 du 31 juillet 1994, afin de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer le retour du président Aristide. Cette résolution entraine l’opération américaine UPHOLD DEMOCRACY, qui permet de prendre le contrôle d’Haïti en septembre 1994. La transition de la Force multinationale à la MINUHA se produit le 31 mars 1995, la force de la MINUHA comptant 6 000 militaires et jusqu’à 900 agents de police civile à son apogée.
La résolution 940 prévoit au début que la MINUHA soit active jusqu’en février 1996. Cependant, le secrétaire général des Nations Unies Boutros-Ghali partage l’avis de la plupart des observateurs selon lequel la MINUHA ne devrait pas cesser brusquement ses activités le 29 février 1996. La décision de prolonger pour une période de quatre mois la MINUHA est prise avec la résolution 1048 du Conseil de sécurité des Nations Unies du 29 février 1996. L’intention est de permettre un retrait plus progressif tout en transférant la responsabilité au gouvernement haïtien. Bien que le Secrétaire général recommande le maintien en place de 1 900 soldats, le Conseil de sécurité n’en approuve qu’un maximum de 1 200, en raison du soutien tacite de certains États membres et d’un souhait de réduire les coûts. La Chine s’oppose en particulier à la mission en raison de la reconnaissance publique de Taïwan par Haïti sous le président Aristide. Il est intéressant de noter que le vice-président de Taïwan est l’invité le plus important présent à la cérémonie d’inauguration du président Préval le 7 février 1996. En outre, Aristide reçoit 20 millions de dollars d’aide provisoire de Taïwan dans un contexte de tensions entre le Fonds monétaire international et la Banque internationale pour la reconstruction et le développement d’une part, et Haïti d’autre part, en raison de la résistance d’Aristide à la privatisation des entreprises nationales. Les graves tensions qui s’ensuivent entre Haïti et la Chine aboutissent à l’opposition de cette dernière à la MINUHA. Les membres non permanents du Conseil de sécurité d’Amérique latine émettent également des réserves sur les missions du chapitre VII dans la région, le Brésil s’abstenant lors du vote sur les résolutions 940 et 944.
Pour combler l’écart entre les 1 900 soldats recommandés et les 1 200 approuvés, le gouvernement du Canada décide de déployer 700 soldats entièrement à ses frais afin de maintenir une force militaire efficace en Haïti.
Ayant clairement atteint la plupart de ses objectifs, les Nations Unies sont soumises à une pression croissante pour mettre fin à la MINUHA, ce qu’elles font le 30 juin 1996 en la remplacant par la Mission d’appui des Nations Unies en Haïti, dont la portée est plus limitée.
Notes sur la mission/l’opération des FAC :
La contribution canadienne à la MINUHA change en mars 1996, lorsque le mandat de la MINUHA est prolongé pour une période de quatre mois. Le Canada fournit alors 100 militaires comme personnel de soutien et d’état-major aux frais de l’ONU, mais également 700 soldats supplémentaires à ses frais. L’opération PIVOT prend officiellement fin mais les troupes canadiennes restent en Haïti sous le nouveau nom d’opération STANDARD.
Les unités du Commandement aérien de l’Op PIVOT sont remplacées par des forces provenant principalement du 5e Groupe-brigade mécanisé du Canada, qui est basé à Valcartier, au Québec. Cette opération a un mandat similaire à l’Op PIVOT, mais une structure et un objectif très différents. Plutôt que de soutenir les forces alliées de la MINUHA, le Canada effectue des patrouilles armées à Port-au-Prince pour montrer une présence forte et engagée de l’ONU. Comme pour l’Op PIVOT, la base d’opérations se trouve à l’aéroport de Port-au-Prince. Le Camp CANARGUS est rebaptisé « Camp Feuille d’Érable », reflétant le fait que ses nouveaux résidents sont majoritairement francophones.
Commandée par le Colonel René Vanier, les unités déployées en Haïti pour l’Op STANDARD comprennent un bataillon d’infanterie en sous-effectif (1er Bataillon, Royal 22e Régiment), deux compagnies de fusiliers pour les patrouilles et les tâches de sécurité, un escadron du génie (4e Régiment d’appui du génie) pour effectuer les diverses tâches de soutien, un escadron d’hélicoptères de transport tactique utilitaire (408e Escadron tactique d’hélicoptères) pour les tâches de transport, de reconnaissance et d’évacuation, un groupe logistique du contingent (5e Bataillon des services du Canada), un peloton de police militaire pour assurer le soutien du contingent en matière de police et de sécurité, un peloton de transport pour les mouvements terrestres, une équipe de soutien à l’information militaire pour diffuser l’information à la population civile et 37 officiers d’état-major pour occuper divers postes au quartier général de la MINUHA. La partie opérationnelle de la contribution canadienne, connue sous le nom de Contingent canadien en Haïti (CCEH),est entièrement financée par le Canada. Les personnes employées au quartier général de la MINUHA font partie du personnel autorisé de l’ONU, soit 1 200 personnes, et fonctionnent séparément du CCEH.
Le détachement précurseur arrive en Haïti le 30 mars 1996, et les opérations de patrouille commencent peu après dès le 10 avril. Le but de ces patrouilles est de maintenir une présence visible de l’ONU et d’assurer ainsi à la population haïtienne que l’ONU se préoccupe toujours de son bien-être. En outre, cela permet au personnel de la MINUHA d’évaluer en permanence l’efficacité des différents programmes de développement en se rendant sur place.
Le Canada joue également un rôle important dans la mission dans un autre sens. Le Canada prend en effet officiellement le commandement de la MINUHA le 1er mars 1996, avec le brigadier-général Pierre Daigle comme commandant. Lorsque la MINUHA est mise en place le 28 juin 1996, le brigadier-général Daigle sert ainsi en Haïti comme commandant de la MINUHA jusqu’à la fin de la mission en juillet 1997.
En juin 1996, la situation en Haïti est stabilisée, des élections présidentielles ont lieu et un nouveau président est élu. Le 30 juin 1996, les Nations Unies metttent fin à la MINUHA et commence la Mission d’appui des Nations Unies en Haïti, nouvelle manifestation d’un mandat similaire au titre de la résolution 1063 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Ainsi prend fin l’opération STANDARD sous la MINUHA, dont le travail se poursuit avec la Mission d’appui des Nations Unies en Haïti.

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