Force d’urgence des Nations Unies I (FUNU I) - Rapid Step

Information internationale

Nom de l'opération internationale : Force d'urgence des Nations Unies I

Nom de la mission internationale : Force d’urgence des Nations Unies I (FUNU I)

Mandat de l'opération : Nations Unies

Région géographique : Moyen-Orient

Lieu : Sinaï

Date : 5 novembre 1956 - 17 juin 1967

Mandat de la mission : La Force d’urgence des Nations Unies (FUNU I) a été établie pour garantir et superviser la cessation des hostilités et le retrait des forces armées françaises, israéliennes et britanniques du territoire égyptien et pour ensuite servir de tampon entre les forces égyptiennes et israéliennes.

Canadien(s) dans un poste de commandement de la mission internationale: Major-General E.L.M. Burns

Notes sur la mission ou l'opération : L’État d’Israël a été créé le 14 mai 1948 après l’approbation par les Nations Unies du Plan de partage de la Palestine concrétisée dans la résolution 181 adoptée le 29 novembre 1947. Malgré l’immense soutien international, Israël s’est fait attaquer par ses voisins le 15 mai 1948. Les combats se sont poursuivis jusqu’en 1949, année où les Nations Unies sont intervenues pour établir un cessez-le-feu ou un armistice avec la plupart des belligérants. Ces accords n’ont cependant apporté ni paix ni stabilité au Moyen-Orient, car ils n’ont pas réglé un problème fondamental : assurer aux Palestiniens, tout comme aux Israéliens, des territoires permanents, sûrs et utilisables, d’une façon acceptable par tous dans les limites des terres réservées à cet effet. Les tensions sont demeurées élevées : certains gouvernements ont même appelé à la destruction d’Israël. Et quand, en octobre 1956, l’Égypte, la Jordanie et la Syrie ont annoncé la création d’un commandement militaire interarmées unifié pour leurs forces, le gouvernement israélien a été naturellement alarmé.

Par ailleurs, les relations de l’Égypte avec les États-Unis, le Royaume-Uni et la France se détérioraient à cause de la question de l’accès au canal de Suez. La Grande-Bretagne avait renoncé à son droit de défendre le canal et s’en était retirée en juin 1956. Peu de temps après, les États-Unis et le Royaume-Uni ont refusé d’aider l’Égypte à financer son projet du barrage d’Assouan. Par conséquent, l’Égypte a nationalisé le canal le 26 juillet et a annoncé que les frais de traversée seraient utilisés pour le financement du projet.

La Grande-Bretagne et la France ont toutes deux considéré la saisie du canal par l’Égypte comme une menace à leur sécurité nationale et une atteinte aux droits des actionnaires du canal. En août, elles ont commencé à planifier une attaque contre l’Égypte pour reprendre le contrôle du canal de Suez et, dans le cadre d'une manœuvre politique complexe, elles ont fait participer Israël à leur plan comme cobelligérant.

Israël a attaqué l’Égypte le 29 octobre. La Grande-Bretagne et la France sont ensuite intervenues le 31 octobre, sous prétexte de séparer les forces égyptiennes et israéliennes et d’assurer aux bateaux la traversée gratuite du canal en attendant de conclure un accord de paix; mais certains se sont doutés que la présence des forces britanniques et françaises se prolongerait plus que prévu. Aux Nations Unies, les États-Unis et l’Union soviétique ont immédiatement entamé des négociations pour imposer le cessez-le-feu et le retrait d’Israël. L’Assemblée générale a organisé une réunion extraordinaire le 1er novembre et a approuvé une résolution appelant à un cessez-le-feu immédiat. De crainte qu’un tel cessez-le-feu ne dure pas, Lester Pearson, secrétaire d’État aux Affaires extérieures de l’époque au Canada, a favorisé l’idée d’une intervention de l’ONU pour séparer les deux camps et aider (et inciter) les forces britanniques et françaises à se retirer. Cette idée s’est progressivement exprimée dans les résolutions 998 à 1000 de l’Assemblée générale, adoptées les 4 et 5 novembre. Ces résolutions ont établi une force d’urgence internationale sous le commandement des Nations Unies - qui allait très vite devenir la Force d’urgence des Nations Unies (FUNU). Le Major-général E.L.M. Burns, du Canada, a été nommé commandant de la Force aux termes de ces résolutions.

La FUNU avait pour mandat d’assurer un cessez-le-feu, de superviser le retrait des troupes étrangères et d’observer et patrouiller la ligne de cessez le feu. Sur le plan militaire, la FUNU devait s’interposer pour prévenir les conflits entre les forces égyptiennes et israéliennes. En dépit du soutien écrasant à l'égard de la résolution 1000 à l’Assemblée générale de l’ONU, Israël a interdit son territoire à la FUNU. L’Égypte, par contre, a permis sa présence sur son sol à condition qu’elle puisse revenir sur sa décision quand elle le voulait. Elle a insisté également sur le fait que la présence des troupes de la FUNU ne leur conférait aucune autorité sur le territoire égyptien ni sur les citoyens.

À cause de la condition imposée à la FUNU par l'Égypte - et parce qu’Israël avait refusé sa présence sur son territoire -, ce scénario ne représentait pas tout à fait les efforts conventionnels idéaux typiques des « bérets bleus ». Mais, à d’autres égards, cette situation a permis d'établir les normes pour les futures missions de ce genre. C’est la FUNU, par exemple, qui a adopté la première la coiffure militaire bleue considérée de nos jours comme le symbole universel des opérations de l’ONU. Plus important encore, l’idée d’une force armée intervenant entre deux combattants pour maintenir la paix est née là, du moins dans le contexte de l’après-guerre.

Les premières forces onusiennes qui ont débarqué venaient de l’Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST), qui a provisoirement installé son quartier général au Caire, depuis lequel il se préparerait à l’arrivée des forces de la FUNU. Celles-ci sont arrivées le 12 novembre et ont été suivies, les 15 et 16, par les forces colombiennes, danoises et norvégiennes, venues en Égypte par avion. En février 1957, la FUNU avait rassemblé 6 073 militaires de 10 nations. Ce nombre a chuté à 3 378 après le retrait de la FUNU en mai 1967. L’Indonésie et la Finlande avaient accepté d’écourter leurs engagements et avaient retiré leurs forces en septembre et décembre 1957. Les Colombiens se sont retirés en décembre 1958.

La FUNU a atteint son premier objectif assez vite. Une fois le personnel requis en poste, et après une incitation du Général Burns, les Britanniques et les Français ont commencé à se retirer du canal à la mi-décembre et, au 22 décembre, ils étaient tous partis. Le retrait des forces israéliennes a été un peu plus long, mais elles aussi avaient définitivement quitté les lieux le 22 janvier, sauf dans les zones le long de Charm el-Cheikh et de la bande de Gaza, leur place ayant été occupée par les troupes de la FUNU. Dans ce dernier cas, Israël voulait s’assurer que l’Égypte ne réimposerait pas de blocus sur son accès au territoire qui longe le golfe d’Akaba une fois réoccupé, mais à la suite de négociations à l’ONU, Israël s’est retiré de Charm el-Cheikh entre le 8 et le 12 mars. Les préoccupations de l’État hébreu au sujet de la bande de Gaza s’expliquaient par le fait qu’elle avait déjà constitué un point de relais pour les intrusions des guérilléros en Israël. Mais là encore, après des négociations, les troupes israéliennes se sont retirées de la région et les forces de la FUNU y sont entrées la nuit du 6 au 7 mars.

À ce stade, la FUNU s’était déjà appliquée à déminer les champs, à restaurer les routes endommagées durant le combat, à surveiller les échanges de prisonniers de guerre et à couvrir les navires de guerre britanniques et français qui déminaient le canal de Suez lui-même. Mais la plus importante tâche consistait à s’assurer que le combat n’éclaterait pas de nouveau et, à cette fin, la FUNU a affecté des troupes à quelque 80 postes d’observation, a effectué des patrouilles mobiles et a assuré la surveillance aérienne de la frontière.

Pendant 10 ans, la FUNU a réussi à assurer la sécurité à la frontière égypto-israélienne, et le nombre d’incidents à cet endroit était faible par rapport à tous ceux qui se produisaient à la frontière d’Israël avec la Jordanie et la Syrie. Mais, en 1967, le niveau de tensions dans la région s'accroissait (le contrôle des eaux du cours supérieur du Jourdain et la montée des activités terroristes contre Israël menées à partir de bases en Syrie et en Jordanie étaient particulièrement inquiétants). Le 16 mai 1967, comme c’était son droit, le Président égyptien a ordonné à la FUNU de quitter le pays. La guerre des Six Jours a éclaté trois semaines plus tard, soit le 5 juin, et 15 membres de la FUNU (14 Indiens et un Brésilien), restés dans la bande de Gaza en attendant d’être rapatriés, ont été tués au cours des combats. À la fin de la guerre, Israël avait pris possession de toute la péninsule du Sinaï, de Gaza, de la Cisjordanie et du plateau du Golan. L’ONUST est donc retourné à la nouvelle frontière égypto-israélienne pour reprendre sa mission de contrôle.

Renseignements de l'opération des FC (RAPID STEP)

Nom : RAPID STEP

Date : 6 novembre 1956 - 31 mars 1957

Historique de la mission : Le gouvernement canadien avait naturellement soutenu la proposition de M. Pearson à la FUNU et avait planifié l’envoi d’un contingent canadien auprès de celle-ci bien avant que la résolution 1000 ne soit adoptée officiellement. À Ottawa, on supposait que le Canada enverrait un bataillon d’infanterie - 1er Bataillon, The Queen’s Own Rifles of Canada (1 QOR) -, mais on lui avait également demandé des éléments de soutien et un escadron blindé de reconnaissance. Le plan a été baptisé opération Rapid Step et, à cause des changements indiqués plus loin, trois éléments de contingence complètement distincts avaient fini par être regroupés sous ce même nom : Rapid Step 1 était l’opération proposée pour le déploiement du 1 QOR; Rapid Step 2 a été confiée à la force envoyée entre novembre 1956 et janvier 1957; et Rapid Step 3 était l’opération de l'escadron blindé de reconnaissance affecté en mars 1957.

L’opération Rapid Step 1 a commencé le 7 novembre 1956 lorsque le porte-avions NCSM Magnificent a reçu l’ordre de revenir à Halifax à toute vitesse pour transporter le contingent canadien. Arrivé à destination le 13 novembre, il a subi une transformation rapide pour permettre le chargement du matériel militaire. La tâche a été achevée le 18 novembre. Les 950 hommes du 1 QOR, qui avaient été transportés de Calgary le 13 novembre par le 435e Escadron et qui étaient arrivés à Halifax deux jours plus tard, attendaient le « Maggie ».

Le Queen’s Own Rifles ne s’était pas déployé parce que le président égyptien, Gamal Abdel Nasser, s’était opposé à sa sélection, car - d’après les rumeurs - son nom était de consonance trop britannique et les uniformes de ses membres ressemblaient trop à ceux des Britanniques. On a soutenu, cependant, qu’il s’agissait là de simples excuses et que l’important pour le président Abdel Nasser était de montrer à son peuple que l’Égypte n’avait pas renoncé à sa souveraineté en acceptant la présence de la FUNU sur son territoire et qu’elle pouvait toujours exercer le contrôle national en imposant certaines conditions. Dans ce sens, le Queen’s Own Rifles étaient simplement une cible utile et à portée de la main. Peu importe la raison, - et il ne faut pas oublier non seulement que tous les uniformes de l’Armée canadienne à l’époque ressemblaient beaucoup à ceux des Britanniques, mais aussi que le nom de plusieurs corps et régiments canadiens comprenait le mot « royal » - le 11 décembre, le Canada a convenu que le 1 QOR ne se déploierait pas et que l'opération Rapid Step 1 était arrivée à sa fin. La semaine suivante, tout le matériel chargé a été déchargé.

Par ailleurs, le Général Burns avait suggéré que le Canada envoie du personnel de la logistique, dont la FUNU avait grand besoin. Sa proposition a été acceptée. Ainsi a commencé l’opération Rapid Step 2. Le NCSM Magnificent a été de nouveau chargé de matériel et d’équipements et il comptait près de 500 officiers et hommes à bord, issus principalement du Corps royal canadien des transmissions, du Corps royal de l’intendance de l’Armée canadienne, du Corps royal canadien des magasins militaires et du Corps royal canadien des ingénieurs électriciens et mécaniciens, ainsi que quatre avions De Havilland Otter de l’Aviation royale du Canada (ARC). Il a levé l’ancre le 29 décembre en direction du Moyen-Orient. Il est arrivé à Port-Saïd le 12 janvier 1957. Pendant ce temps, le Commandement du transport de l’ARC a transporté en Italie les derniers membres du personnel à partir du 21 novembre et ensuite, lors de l’opération Ready Lift, il a commencé à transporter du personnel canadien et d'autre personnel onusien au port d'Abu Suweir, en Égypte. Des avions North Star du 426e Escadron ont été envoyés du Canada, tandis que des C119 Boxcar dont l’équipage était composé des membres du 435e Escadron et du 436e Escadron ont été envoyés depuis l’Europe. Douze Boxcar ont été finalement consacrés au transport et, à la fin du mois de décembre, ils avaient transporté 1 712 passagers et 306 tonnes de matériel.

Huit des C119 sont rentrés au Canada en janvier, mais l’ARC a maintenu une présence marquée dans la région avec quatre Boxcar qui faisaient partie de ce qu’on appelait alors la 114e Escadrille de communication ainsi que les deux Dakota et les quatre Otter de la 115e Escadrille de communication. La première, devenue la 114e Unité de transport aérien, est rentrée au Canada en janvier 1958, alors que les Dakota de la 115e Unité de transport aérien ont été finalement remplacés par les DHC-4 Caribou. Leurs marques distinctives canadiennes, comme celles de tous les autres aéronefs déployés avec la FUNU, ont été remplacées par les mots Nations Unies sur les côtés du fuselage.

La composante terrestre, par ailleurs, a été structurée en quatre nouvelles unités reflétant le côté fonctionnel de l’engagement canadien : le 56e Escadron canadien des transmissions, la 56e Compagnie canadienne de transport, le 56e Atelier d’infanterie du Canada et les unités des bases canadiennes au Moyen-Orient. Par la suite, lorsqu’on s'est rendu compte que la FUNU manquait d’une capacité légère de reconnaissance, le 56e Escadron de reconnaissance du Canada, formé en majorité du Lord Strathcona’s Horse (Royal Canadians) et du Royal Canadian Dragoons, a été créé et envoyé sous le nom d'opération Rapid Step 3. Il s’est déployé au Moyen-Orient en mars 1957 et, avec son arrivée, l'effectif de la force du Contingent canadien de la Force d’urgence des Nations Unies (CANUNEF) a été porté à 1 007 militaires de tous grades. Sa tâche initiale était d’occuper une zone tampon entre l’armée égyptienne et les forces françaises et britanniques attendant de se retirer. Ce sont des membres du génie qui ont été les premiers à pénétrer dans cette zone et qui ont commencé les opérations risquées de déminage à partir du 1er décembre 1956. Une fois les forces étrangères retirées d’Égypte, les Canadiens devaient principalement s’occuper de la reconnaissance, de la surveillance de la ligne de cessez-le-feu, des enquêtes sur les violations et du maintien de la présence de l'ONU. La 115e Unité de transport aérien a par ailleurs effectué des vols de reconnaissance aérienne, ravitaillé les troupes de la FUNU et transporté les hauts responsables de la FUNU à des réunions en Égypte et en Israël.

Avec le temps, la FUNU a réussi à assurer une stabilité suffisante à la frontière du Sinaï pour permettre à l’ONU de réduire l’effectif de la Force. L’Escadron de reconnaissance du Canada n’a pas été remplacé à la fin de son affectation de 1966, tandis que la fusion de l’atelier d’infanterie et de la compagnie de transport pour constituer l’unité de base canadienne (FUNU) en octobre 1963 avait déjà réduit l'effectif canadien à 780 personnes.

Lorsque l’Égypte a exigé que la FUNU quitte son territoire le 16 mai 1967, le Canada faisait partie des pays qui avaient essayé de convaincre le président Abdel Nasser de revenir sur sa décision. Mais ces interventions avaient échoué. L’ONU s’était donc vue obligée d’agir et le retrait était la seule chose à faire. L’ARC a commencé à évacuer le contingent canadien le 29 mai et a achevé le retrait deux jours plus tard. La guerre des Six Jours a éclaté le 5 juin.

La présence des Nations Unies au Moyen-Orient n'a pu empêcher le déclenchement de la guerre en 1967, mais cela ne signifie pas que la mission de la FUNU a échoué. Au contraire, elle a réussi à faire du Sinaï, région où la tension était forte, la région frontalière peut-être la plus stable et la plus sûre de toutes, ce qui est tout de même un exploit d'importance. Trente et un Canadiens ont perdu la vie au service de la FUNU, la plupart dans des accidents de la route.

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