Paul Triquet

Comme l’indique l’extrait suivant du London Gazette, Paul Triquet est récipiendaire de la Croix de Victoria. Cette médaille est décernée pour un acte de bravoure remarquable, un acte de vaillance ou d’abnégation audacieux ou extraordinaire, ou un dévouement extrême au devoir face à l’ennemi.

Croix de Victoria - Seconde Guerre mondiale, 1939-1945

Paul Triquet

Paul Triquet naît à Cabano, au Québec, le 2 avril 1910. À 17 ans, il s'enrôle dans le Royal 22eRégiment. En décembre 1943, le Capitaine Triquet est commandant de compagnie au sein de son bataillon qui sert en Italie avec la 1re Division d’infanterie de l'Armée canadienne.

Le 13 décembre 1943, la 1re Division d’infanterie projette de contourner l’extrémité ouest des défenses allemandes en fonçant vers l’intérieur depuis la mer Adriatique, juste au sud de la petite ville côtière d’Ortona. En contournant la ligne ennemie, la 1re Division espère ouvrir la voie vers Ortona, son objectif, et capturer la ville. Pour garantir la réussite du plan, le Royal 22e Régiment doit progresser vers le nord-est, le long de la route vers Ortona, afin de s’emparer d’un important carrefour routier.

À 10 h 30 le matin du 14 décembre, les Compagnies « C » et « D » du Royal 22e, soutenues par les chars de l’Escadron « C » de l'Ontario Regiment, commencent à avancer des deux côtés de la route. La force a déjà rencontré et détruit deux chars allemands. Sur la gauche, à mi-chemin environ du hameau de Casa Berardi, la Compagnie « C » du Capitaine Triquet commence à rencontrer une forte résistance assurée par des mitrailleuses et de l’infanterie ennemie embusquées dans des bâtiments en ruine et sur un terrain favorable aux défenseurs, tous bénéficiant en plus du soutien de chars et de canons automoteurs. Sur la droite, la Compagnie « D » se perd et ne participe plus aux combats ce jour-là. La Compagnie « C » et les chars de l’Ontario Regiment se fraient un chemin et éliminent trois autres chars ainsi que les positions défensives allemandes. À ce moment, la compagnie ne compte plus que 50 hommes et un officier (Triquet). Malgré le manque de munitions, le Capitaine Triquet, ses hommes et les chars d'appui poursuivent leur attaque, prennent Casa Berardi tard dans l’après-midi et se rendent près du carrefour. Là, les survivants, qui ne sont plus que 15 accompagnés de 4 chars, sont arrêtés par des tirs de mortiers et se retirent dans Casa Berardi afin de se préparer aux contre-attaques. Alors que la noirceur tombe, la Compagnie « B » du Royal 22e arrive afin de prêter main-forte à Triquet. Aux premières heures du 15 décembre, les deux dernières compagnies du bataillon ont atteint Casa Berardi. Le flanc ouest de la ligne allemande a été renversé. Pour son courageux leadership et sa détermination qui ont permis de prendre et de conserver Casa Berardi, le Capitaine Triquet se voit décerner la Croix de Victoria.

Le Capitaine Triquet s’éteint à Québec, au Québec, le 4 août 1980.

Citation

Pour ses qualités de chef et son exemple remarquable.

La prise du carrefour clé sur la principale voie Ortona-Orsogna repose entièrement sur celle du hameau de Casa Berardi. Or, les Allemands ont transformé cet endroit et un ravin situé en face en des centres de résistance extrêmement bien défendus par l'infanterie et les chars d'assaut.

Le 14 décembre 1943, la compagnie du Royal 22e Régiment du Capitaine Triquet, appuyée par un escadron de régiment blindé canadien, se voit confier la tâche de traverser le ravin et de prendre Casa Berardi. Des difficultés se présentent dès le départ. Le ravin est fort bien gardé et en s'en approchant, la compagnie est attaquée par des rafales de mitrailleuses et de mortiers. Tous les officiers et la moitié des soldats de la compagnie sont tués ou blessés. Faisant preuve d'un superbe mépris envers l'ennemi, le Capitaine Triquet s'affaire à regrouper les survivants et à les encourager en leur disant: « Ne vous occupez pas d'eux; ils ne savent pas tirer. » Enfin, lorsqu'il constate l'infiltration de l'ennemi de tous les côtés, il crie: « Il y a des ennemis devant nous, derrière nous et sur nos flancs. Il ne reste qu'une place sans danger, soit vers l'objectif. » Il se précipite en avant et, avec ses hommes derrière lui, il vient à bout de la résistance de l'ennemi. Au cours de cet assaut, quatre chars sont détruits et plusieurs positions ennemies de mitrailleuses sont réduites au silence.

Luttant contre une défense acharnée et sous un tir nourri, le Capitaine Triquet et sa compagnie, en étroite collaboration avec les chars d'assaut, se frayent un passage jusqu'à ce qu'ils atteignent une position à la lisière de Casa Berardi. À ce stade, l’effectif de la compagnie est réduit à 2 sergents et à 15 soldats. En prévision d'une contre-attaque, le Capitaine Triquet se met rapidement à former, avec sa poignée d'hommes, un périmètre défensif autour des chars d'assaut qui restent, puis fait circuler le mot d'ordre : « Ils ne passeront pas. »

Les Allemands mènent presque immédiatement une contre-attaque appuyée par des chars d'assaut. Ignorant le feu nourri, le Capitaine Triquet est partout à la fois, encourageant ses hommes, dirigeant les opérations et, utilisant tout ce qui lui tombe sous la main, il abat plusieurs soldats ennemis. Cette attaque et les suivantes sont repoussées et se soldent par de lourdes pertes. Contre toute attente, le Capitaine Triquet et son petit groupe tiennent bon jusqu'à ce que le reste du bataillon s'empare de Casa Berardi et leur vienne en aide le lendemain.

Tout au long de cet affrontement, le Capitaine Triquet a fait preuve d'un courage et d'un entrain hors du commun, sous un tir nourri. Partout où la situation est la plus précaire, on peut l'observer en train de lancer des cris d'encouragement à ses hommes et d'organiser la défense. Son mépris absolu du danger, son entrain et son sens du devoir inlassable sont une source d'inspiration intarissable pour ses hommes. Ses talents tactiques et ses qualités de chef leur ont permis, quoique réduits à une simple poignée en raison des pertes, de poursuivre leur marche contre une résistance farouche et de conserver leur avance en dépit de contre-attaques résolues. On lui doit donc la prise de Casa Berardi et l'ouverture de la voie pour l'attaque du carrefour vital.

(London Gazette, no 36408, le 6 mars 1944)

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