Discours
Archivé - Le plan du Canada pour une classe moyenne et une économie plus fortes
Le 14 décembre 2015
Toronto
Le texte prononcé fait foi
Je vous remercie pour cet accueil très chaleureux. Je suis extrêmement heureux d’être ici aujourd’hui.
J’aimerais avant tout remercier la Chambre de commerce de la région de Toronto d’avoir organisé ce déjeuner aujourd’hui et de m’offrir la toute première occasion de prononcer un discours en tant que ministre des Finances.
Avant de commencer, je tiens à saluer certains des électeurs de Toronto-Centre qui se trouvent parmi nous aujourd’hui, et à leur dire à quel point je suis honoré d’avoir été élu député au sein de leur circonscription. Il s’agit d’un rôle que je prends très au sérieux. Je veux que vous sachiez que je travaillerai sans relâche pour représenter les personnes qui ont voté pour m’envoyer à Ottawa, tout comme celles qui n’ont pas voté pour moi. J’ai l’intention de travailler pour tous ceux et celles que je représente dorénavant.
J’aimerais que nous retournions deux mois en arrière. Nous avons eu droit à une campagne électorale palpitante. Ces 78 jours de travail ont été parmi les plus exigeants et les plus enrichissants de ma vie. Et j’ai eu beaucoup de plaisir.
J’en ai apprécié chaque instant. En outre, nous sommes très heureux d’avoir formé un gouvernement majoritaire!
Le 19 octobre, les Canadiennes et les Canadiens nous ont donné un mandat clair en vue d’un réel changement.
Il convient maintenant de prendre le temps de parler de la véritable signification d’un réel changement.
Cela veut dire mettre en œuvre un programme ambitieux et tracer une nouvelle voie pour le pays.
Cependant, cela veut aussi dire faire de la politique différemment.
Je souhaite vous faire part de ce que j’ai ressenti quand je suis entré dans mon bureau à ma première journée en tant que ministre des Finances.
La première chose que j’ai remarquée était les portraits des anciens ministres des Finances sur le mur de l’entrée menant au Cabinet du ministre. Trente-huit d’entre eux, si l’on remonte jusqu’à 1867.
On peut parler d’un moment de grande humilité. Je me sentais intimidé et euphorique, mais surtout, j’ai ressenti le poids de la responsabilité qui m’incombe en vue de contribuer à améliorer la vie de mes concitoyens canadiens.
J’ai ensuite rencontré des hauts fonctionnaires du ministère des Finances. Ils m’ont remis plusieurs reliures énormes – ce qu’ils appellent des cahiers de breffage – et c’était en quelque sorte leur façon de me dire : « Bienvenue au ministère des Finances ».
Je me suis installé à mon bureau, puis j’ai lu ma lettre de mandat. Essentiellement, le premier ministre m’a donné une liste de tâches à accomplir, avant même que je connaisse l’emplacement des salles de toilette. Cette liste énumérait 27 tâches plutôt difficiles à réaliser.
Mais plus important encore, le premier ministre m’a rappelé – tout comme il a rappelé à l’ensemble de mes nouveaux collègues du Cabinet – que j’ai la responsabilité d’entretenir des rapports constructifs avec les parlementaires, les médias et les Canadiens.
Je ne peux surestimer l’importance de cet élément.
Nous avons le devoir de faire preuve de respect envers nos institutions démocratiques.
Les politiciens de divers horizons et de différents partis politiques peuvent toujours trouver une façon d’être en désaccord les uns avec les autres, mais vous nous avez donné l’occasion d’adopter un ton nouveau et de réinitialiser la façon dont nous nouons le dialogue avec les Canadiens.
Vous tous qui êtes réunis dans cette salle savez à quel point le ton adopté revêt une importance capitale dans la réussite de toute initiative. Les gens positifs, motivés et optimistes peuvent véritablement améliorer les choses, même à l’échelle d’un pays. Comme dirait une personne que je connais et qui est assise à deux sièges de moi à la Chambre des communes, les voies ensoleillées.
Les voies ensoleillées ont de l’importance.
Aujourd’hui, mon objectif comprend deux volets : d’abord, je veux vous présenter une évaluation claire et honnête de notre situation économique et budgétaire – et deuxièmement, et c’est le plus important – vous présenter un aperçu de notre plan en vue de favoriser la croissance de l’économie.
Alors que nous nous engageons dans un programme de croissance économique et de prospérité à long terme, il ne fait aucun doute que nous faisons face à de forts vents contraires.
Il y a quelques semaines, j’ai eu le privilège de me rendre avec le premier ministre à notre première réunion des dirigeants et des ministres des Finances du G-20, en Turquie.
Je me suis retrouvé dans une salle en présence du président Obama, du président chinois Xi, du premier ministre indien Modi, de la chancelière Merkel et du premier ministre Justin Trudeau.
Le Canada était prêt, une fois de plus, à jouer son rôle sur la scène internationale.
Un consensus clair s’est dégagé à la suite de nos discussions : il s’agit d’une période difficile pour l’économie mondiale.
Le FMI prévoit maintenant que la croissance mondiale s’établira à 3,1 % en 2015, soit son taux le plus faible depuis 2009.
Même si les résultats récents de l’économie américaine sont encourageants, les économies européenne et chinoise constituent des sources de préoccupation.
Au Canada, notre performance économique au cours de la première moitié de 2015 a été faible, ce qui s’explique principalement par la chute des prix du pétrole qui est survenue à la fin de l’année dernière.
Pensez-y. Dans le budget de 2015, le gouvernement avait prévu que le prix du pétrole se situerait à 54 $US le baril d’ici la fin de l’année. En ce moment, le pétrole se négocie à bien en deçà de 40 $ le baril.
Et en plus, les prix des produits de base sont à la baisse, ce qui a une incidence sur nos termes de l’échange et fait augmenter le prix d’importants intrants, qui sont essentiels à notre secteur de la fabrication.
Par conséquent, au cours des 12 derniers mois, la Banque du Canada a révisé à la baisse à deux reprises sa prévision de croissance économique et a entrepris deux séries de réduction des taux d’intérêt.
Nous savons maintenant que la croissance sera plus faible que ce qui était prévu dans les dernières projections budgétaires.
À l’avenir, il est très probable que le contexte économique mondiale demeure défavorable, et que la faiblesse des prix des produits de base persiste.
Bien entendu, cette situation entraîne des répercussions importantes sur notre monnaie et sur notre situation budgétaire.
Dans le dernier budget, le gouvernement précédent a annoncé aux Canadiens que le gouvernement fédéral enregistrerait un léger excédent de 2,4 milliards de dollars en 2015.
À l’heure actuelle, sans même tenir compte des investissements que nous avons présentés dans notre programme électoral, j’ai indiqué aux Canadiens dans la Mise à jour économique et budgétaire publiée récemment que le solde budgétaire prévu sera réduit d’environ 5,4 milliards de dollars par année, ce qui nous laisse un déficit imprévu de 3 milliards de dollars en 2015-2016.
Je sais que vous ne serez pas surpris de m’entendre vous dire que lorsque la performance d’une économie n’est pas aussi vigoureuse que prévu, le gouvernement est confronté à un manque à gagner et à des coûts plus élevés au titre des programmes sociaux.
C’est donc dans ce contexte que je souhaite vous parler de ce que nous avons l’intention de réaliser sur le plan économique.
Permettez-moi de vous rassurer en vous indiquant que, en tant que gouvernement, nous ne sommes pas intimidés par les défis auxquels nous sommes confrontés. Nous avons pleinement l’intention de prendre tous les moyens nécessaires afin d’appuyer une stratégie de croissance économique qui bénéficiera à l’ensemble des Canadiens.
Notre gouvernement a été élu sur la base de la mise en œuvre de mesures économiques ambitieuses.
Nous savions qu’il n’y avait jamais eu de meilleur moment pour effectuer des investissements ciblés en vue d’appuyer la croissance économique.
Chaque jour qui passe, notre programme électoral s’avère de plus en plus visionnaire, alors que l’évolution récente des marchés continue d’attirer notre attention sur les risques de détérioration de l’économie.
Je tiens cependant à être clair sur ce point : nous ne nous lançons pas – et nous ne nous lancerons pas – dans des dépenses effrénées.
Nous parviendrons à atteindre un équilibre entre la responsabilité budgétaire et le respect des engagements que nous avons pris envers les Canadiens.
Pour ce faire, nous souscrirons à trois principes fondamentaux :
- Nous maintiendrons le ratio de la dette au PBI sur une trajectoire descendante pendant toute la durée de notre mandat.
- Nous assurerons une gestion prudente de nos dépenses.
- Nous rétablirons l’équilibre budgétaire d’ici la fin de notre mandat.
Les investissements que nous réaliserons seront responsables et auront un objectif clair : assurer une croissance économique à long terme pour les Canadiens.
Au cours de ma toute première séance d’information en tant que ministre des Finances, je me rappelle que j’étais assis d’un côté d’une longue table dans une salle de conférences, face à au moins une douzaine de fonctionnaires du Ministère. Pour vous donner une meilleure idée, je suis entré dans la salle de conférences. J’étais tout seul de mon côté. Mon personnel ne comptait aucun membre encore à ce moment. De l’autre côté se trouvaient une douzaine d’économistes et de fiscalistes qui étudient depuis des années, voire des décennies les questions que nous étions sur le point d’aborder. Ils voulaient maintenant savoir ce que nous prévoyions faire.
La première chose que j’ai dite lorsqu’on m’a demandé mon opinion sur une question précise a été : « Est-ce que cela favorisera la croissance de notre économie? Pouvons-nous mettre cette mesure en œuvre de façon réaliste? »
Laissez-moi vous dire qu’on a pu voir des sourires sincères apparaître de l’autre côté de la table.
Pourquoi est-ce que je vous raconte cette anecdote?
Parce que, à l’avenir, ce sera le filtre que nous utiliserons pour orienter nos décisions.
Il est important que nous nous rappelions que les 10 dernières années ont été marquées par une croissance anémique.
Il s’agit de notre point de départ.
Nous sommes donc confrontés à deux défis particulièrement importants :
Le premier consiste à restaurer le progrès économique pour les membres de la classe moyenne, qui représentent la pierre angulaire de notre économie.
Nous l’avons dit à plusieurs reprises, mais je le répéterai une fois de plus : nous ne pouvons pas être un pays prospère si notre classe moyenne est en difficulté.
C’est la raison pour laquelle, comme premier élément à l’ordre du jour, j’ai déposé à la Chambre des communes un avis de motion de voies et moyens afin de réduire les impôts pour la classe moyenne.
Il s’agit d’une mesure équitable, et c’est la chose intelligente à faire pour notre économie.
Dans le prochain budget, nous instaurerons la nouvelle Allocation canadienne pour enfants, une autre mesure importante qui offrira un soutien accru à 9 familles sur 10 et qui aidera à sortir des centaines de milliers d’enfants de la pauvreté. C’est exact. Des centaines de milliers d’enfants.
Contrairement au régime actuel, l’Allocation canadienne pour enfants sera plus simple, plus généreuse et non imposable.
Prises ensemble, ces deux mesures aideront à renforcer la classe moyenne, en permettant à ses membres de disposer de plus d’argent pour épargner, investir et assurer la croissance de l’économie. De façon plus générale, ces mesures favoriseront la croissance de notre économie dans un contexte économique mondial préoccupant, de manière à ce que tous les Canadiens puissent en tirer parti.
Le deuxième défi auquel nous sommes confrontés – et le plus important – est celui de créer les conditions à long terme en vue d’une croissance économique forte et vigoureuse.
Nous savons que les défis auxquels fait face le secteur des ressources naturelles auront une incidence sur la croissance.
Nous savons également que notre population est vieillissante et que le niveau d’endettement des ménages est élevé.
En tant que pays, nous affrontons ces défis en position de force.
Dans l’ensemble, notre situation budgétaire est enviable. Notre ratio de la dette au PBI est bien en deçà de la moyenne du G-7. Nous comptons sur une population bien éduquée. Nos ressources naturelles sont abondantes. Nous avons la chance d’avoir comme voisin la première économie mondiale.
Cependant, nous ne pouvons pas nous permettre de demeurer immobiles et de ne rien faire.
C’est la raison pour laquelle, vendredi dernier, nous avons apporté certaines modifications utiles aux règles d’admissibilité aux nouveaux prêts hypothécaires assurés garantis par le gouvernement.
Ces modifications aideront à protéger tous les propriétaires, y compris plusieurs Canadiens de la classe moyenne pour qui leur habitation représente l’investissement le plus important.
En outre, elles aident à augmenter la résilience du système de financement du logement du Canada, dans l’objectif de favoriser la stabilité à long terme et une croissance économique équilibrée.
Comme vous le savez, nous avons promis de nouveaux investissements sans précédent dans l’infrastructure. Les taux d’intérêt se situent à des creux historiques. Il s’agit d’un moment judicieux pour investir.
Les villes canadiennes se développent à un rythme rapide et tous les ordres de gouvernement doivent relever un défi commun : effectuer des investissements dans l’infrastructure qui génèrent des avantages économiques pour le Canada et qui favorisent la viabilité des régions urbaines.
Au cours de la prochaine décennie, nous avons promis d’investir 125 milliards de dollars dans l’infrastructure publique. Ces investissements doivent assurer la croissance de l’économie, faire avancer les Canadiens et intensifier les échanges commerciaux financièrement avantageux pour nos exportateurs.
Renforcer la classe moyenne.
Investir dans l’infrastructure publique.
S’engager à mettre en œuvre un programme commercial exhaustif et ambitieux. Vous avez déjà entendu parler de l’amélioration des relations avec les États-Unis. On ne parle pas seulement d’un dîner officiel organisé par le président Obama pour le premier ministre Trudeau, bien qu’il s’agisse là d’un geste important. On parle aussi d’une collaboration productive avec notre voisin et principal partenaire commercial en vue de renforcer notre économie. Toutefois, nous ne nous arrêterons pas là. Nous déploierons des efforts concertés visant à favoriser des rapports productifs avec la Chine. Je m’y rendrai trois fois l’année prochaine, alors que ce pays sera l’hôte des réunions du G-20. Nous souhaitons mieux nous positionner en Chine et dans toute l’Asie afin de favoriser les occasions d’affaires.
Ce sont quelques-uns de nos engagements à court et à moyen terme.
Mais nous devons également en faire davantage pour assurer le dynamisme économique à long terme de notre pays.
Il y a des questions que nous devons aborder pour atteindre une meilleure croissance à long terme.
Une stratégie de croissance inclusive pour le Canada comprendra notamment les éléments suivants :
- Positionner la viabilité environnementale au cœur du développement de notre secteur des ressources naturelles. Le Canada, en collaboration avec ses partenaires nord-américains, peut et devrait être l’un des producteurs d’énergie les plus efficients et responsables au monde.
- Soutenir les entreprises en croissance afin de les aider à obtenir le talent, le capital et le soutien à l’innovation dont elles ont besoin pour concrétiser des occasions d’affaires sur les marchés mondiaux.
- Faire en sorte que le régime fiscal du Canada soit concurrentiel de manière à attirer des investissements étrangers, y compris des mandats de recherche et de développement internationaux.
- Entamer un dialogue avec les provinces au sujet de l’élaboration et de la mise en œuvre d’une stratégie axée sur les compétences et la main d’œuvre, en veillant à ce que les groupes sous-représentés y participent de façon plus active.
Il s’agit de mesures importantes et significatives qui peuvent avoir une incidence importante sur la croissance du pays à long terme.
Toutefois, il n’existe aucun remède rapide et facile.
Ces mesures exigent que nous y consacrions un certain temps afin d’examiner les informations disponibles qui orienteront notre processus décisionnel.
Au début de 2016, j’annoncerai la mise sur pied d’un nouveau conseil consultatif sur la croissance économique.
Il sera composé de gens provenant de différents milieux, soit des gens qui ont accumulé de l’expérience autant dans le secteur public que privé.
Le mandat du conseil consultatif consistera à nous aider à réfléchir aux meilleurs moyens de faire face aux défis économiques qui nous guettent à plus long terme.
Permettez-moi de prononcer quelques mots pour conclure.
En tant que Canadiens, nous sommes extrêmement privilégiés de vivre dans un pays aussi diversifié et prospère.
La période actuelle présente d’énormes possibilités à saisir.
Alors que nous sommes sur le point d’amorcer les consultations en prévision de notre tout premier budget, je suis impatient de tendre la main aux Canadiens de tous horizons.
Je me lance dans cette aventure avec un esprit ouvert.
Mais, sur mon écran radar, un mot important apparaît.
Croissance.
Notre gouvernement s’est engagé à assurer la croissance de l’économie.
Il s’agit du Canada.
Nous pouvons le faire.
Mettons-nous au travail.
Je vous remercie.
Recherche d'information connexe par mot-clés
L'hon. William Francis Morneau Finances Canada Gouvernement et vie politique
Détails de la page
- Date de modification :