Discours

Archivé - Allocution de l'honorable Bill Morneau, ministre des Finances Economic Club of Canada

Le 23 juin 2016
Toronto (Ontario)

Le texte prononcé fait foi

Bonjour. Je vous remercie tous de vous être déplacés.

Je tiens à remercier l'Economic Club of Canada d'avoir organisé cette activité, et en particulier Brian (Tobin) pour cette très aimable présentation.

J'aperçois également Adam Vaughan dans la salle – merci de votre présence.

Quelle semaine! Comme certains d'entre vous le savent, plus tôt cette semaine, à Vancouver, nous avons été témoins de quelque chose que nous n'avions pas vu depuis un certain temps.

Nous avons été témoins du fédéralisme à son meilleur.

Nous avons vu les gouvernements fédéral et provinciaux se réunir pour conclure ce qui, selon moi, constituera une politique publique très utile pour les générations à venir.

Il s'agissait sans aucun doute d'une journée historique.

L'entente de principe que nous avons conclue en vue de renforcer le Régime de pensions du Canada (RPC) permettra d'accroître les montants que recevront toutes les Canadiennes et tous les Canadiens à la retraite; ces montants passeront du quart de leurs gains admissibles à l'heure actuelle, au tiers de leurs gains admissibles, en plus d'une augmentation du plafond des revenus.

Simplement dit, il y aura plus d'argent pour les Canadiens au moment de leur retraite.

Et je tiens à prendre une minute ce matin pour parler pourquoi cela est important – pourquoi nous étions d'avis qu'il fallait agir dès maintenant.

Vous vous souviendrez que nous avons promis de nous concentrer à aider les Canadiens à réussir – tout au long de leur vie.

Ainsi, comme première mesure, nous avons instauré une baisse d'impôt visant la classe moyenne.

Depuis le 1er janvier dernier, 9 millions de Canadiens disposent d'un peu plus d'argent.

Nous avons ensuite instauré l'Allocation canadienne pour enfants afin d'aider les familles à composer avec le coût élevé associé au fait d'élever leurs enfants.

À compter du mois de juillet, neuf familles sur dix qui ont des enfants commenceront à recevoir des chèques plus généreux – soit une augmentation de 2 300 $ par année, en moyenne.

Toutefois, même si le fait de recevoir plus d'argent tous les mois aura des répercussions concrètes – à elle seule, l'Allocation canadienne pour enfants permettra de sortir 300 000 enfants de la pauvreté – nous savons qu'à plus long terme, un trop grand nombre de nos amis et de nos voisins s'inquiètent de ne pas épargner suffisamment pour la retraite.

Vous êtes nombreux à savoir que j'ai passé toute ma carrière à être témoin du déclin des régimes de retraite en milieu de travail.

J'ai en fait constaté directement les défis que doivent relever les Canadiens pour épargner en vue d'une retraite sûre.

Les statistiques à ce sujet sont renversantes.

En 1977, 43 % des employés canadiens étaient couverts par un régime de retraite sûr et à prestations déterminées dans leur milieu de travail. En 2013, ce nombre avait chuté à 27 %.

La situation est encore plus sombre dans le secteur privé, où seulement 11 % des employés, un chiffre en baisse, bénéficient d'un régime de retraite à prestations déterminées.

Et pour les jeunes Canadiens, les perspectives sont pires encore.

Nous savons qu'un grand nombre de jeunes Canadiens n'épargnent pas suffisamment, tandis que les entreprises ont changé ou éliminé les régimes de retraite, ou n'en ont jamais mis en œuvre.

Lorsque je m'adresse à des jeunes au collège ou à l'université – je suis consterné de voir à quel point peu d'entre eux songent même à poser des questions sur l'offre d'un régime de retraite lorsqu'ils sont à la recherche de leur premier emploi.

Dans le budget, nous avons pris des mesures qui aideront les aînés dès maintenant.

À titre d'exemple, nous avons bonifié d'un montant pouvant atteindre 947 $ annuellement le Supplément de revenu garanti pour les aînés vivant seuls – une mesure qui vient en aide à 900 000 aînés partout au Canada, dont bon nombre vivent dans la pauvreté.

Nous savions cependant qu'à moins de faire front commun pour garantir la pérennité du RPC et moderniser celui-ci, les prochaines cohortes – y compris nos enfants et nos petits-enfants – risquaient de se retrouver dans une situation pire que la nôtre au moment de prendre leur retraite.

Nous avons donc fait ce que l'on fait dans ce pays lorsqu'un défi se présente. Nous avons commencé à en discuter.

En décembre dernier, dans le cadre de ma première réunion des ministres des Finances fédéral, provinciaux et territoriaux, en dépit de la bonne foi qui régnait, aucun consensus n'a été atteint.

Nous avons tous reconnu qu'il fallait garantir la sécurité du revenu de retraite, mais nous n'avons pas été en mesure de nous entendre quant aux mesures à prendre.

Mais nous n'avons pas lâché. Tous ont accepté de poursuivre la discussion. Les fonctionnaires sont retournés au travail et ont élaboré des options.

Nous avons écouté. Nous avons pallié les lacunes. Nous avons élaboré de nouvelles options. Nous avons travaillé avec acharnement.

Et à la fin de la journée, nous nous sommes mis d'accord.

De même, je crois que l'entente historique conclue lundi montre que le Canada excelle lorsque ses gouvernements unissent leurs efforts dans l'intérêt des gens qu'ils servent.

Je crois qu'on peut conclure que tous ont quitté la réunion la tête haute, en sachant que les intérêts de leur province ou de leur territoire étaient bien servis et que nous avions conclu un accord pancanadien qui était avantageux pour tous.

Il s'agit d'une victoire.

L'un des éléments dont nous avons convenu est l'instauration progressive de la bonification, et de façon très graduelle.

Nous avons décidé d'apporter au régime une amélioration qui sera introduite en 2019, ce qui laisse encore deux ans et demi aux entreprises et aux employés pour s'adapter.

Et la mise en œuvre de la bonification ne sera pleinement réalisée qu'en 2025.

Voici maintenant les changements les plus importants pour les Canadiens :

Comme je l'ai mentionné un peu plus tôt, nous avons convenu d'augmenter le taux de remplacement du revenu pour le faire passer du quart au tiers des gains ouvrant droit à pension. Cela signifie qu'au moment où il serait admissible au plein montant, un Canadien qui aurait réalisé des gains de 50 000 $ par année tout au long de sa vie active recevrait environ 16 000 $ plutôt que 12 000 $.

Il disposera ainsi de 4 000 $ de plus par année que le montant auquel il aurait eu droit en vertu du régime actuel.

Nous avons aussi convenu d'augmenter de 14 % le montant maximal du revenu assujetti au RPC de manière à ce qu'il atteigne environ 82 700 $ en 2025.

Et surtout, nous nous sommes assurés que les changements proposés sont abordables pour les entreprises et les particuliers en instaurant une période de mise en œuvre longue et progressive, comme je l'ai mentionné; en augmentant la Prestation fiscale pour le revenu de travail fédérale afin de compenser l'incidence des cotisations accrues sur les travailleurs à faible revenu; et en offrant une déduction d'impôt – plutôt que d'un crédit d'impôt – pour les cotisations des employés associées à la partie bonifiée du RPC.

En apportant ces changements, nous voulions compléter l'épargne et les régimes de retraite privés d'une façon qui rendrait notre système d'épargne-retraite encore plus sain et plus efficace.

En fait, un accord multilatéral complémentaire conclu avec plusieurs provinces sur les régimes de pension agréés collectifs et les régimes volontaires d'épargne-retraite est entré en vigueur le 15 juin; cet accord offrira encore plus d'options à ceux qui planifient leur retraite.

Vous savez maintenant que la collaboration est importante à mes yeux.

C'est notre façon d'agir et, cette semaine, nous avons prouvé qu'elle peut donner des résultats.

Je veux aussi prendre quelques minutes pour vous parler d'un autre sujet important visant à assurer la sécurité financière à long terme des Canadiens, un sujet pour lequel nous croyons que la collaboration est cruciale – et il s'agit de la question de l'accession à la propriété.

Personne ici ne sera surpris d'apprendre que ce sujet a été soulevé à Vancouver.

Il s'agit, après tout, de l'une des principales sources de préoccupation de bon nombre de Vancouvérois et de Torontois qui éprouvent des difficultés face au coût de la vie élevé et qui voient leur rêve d'accéder à la propriété devenir de plus en plus hors de portée.

Les gens s'inquiètent. Et avec raison.

Les prix des logements ont bondi de 15 % à Toronto et de 17 % à Vancouver, au cours de la dernière année seulement.

Les gens veulent savoir ce qui se passe.

J'entends de jeunes familles de ma circonscription qui s'interrogent à savoir s'ils parviendront un jour à acheter leur première maison.

Ceux qui sont déjà propriétaires d'une maison veulent avoir l'esprit tranquille en sachant que leur investissement le plus important est à l'abri d'une dévaluation.

Comme je l'ai déjà mentionné, il s'agit d'un problème extrêmement complexe – que nous surveillons de près.

Le premier ministre se trouvait à Vancouver la semaine dernière pour animer une table ronde à ce sujet.

En outre, je sais que mon collègue Jean-Yves Duclos, le ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social, consacre beaucoup d'efforts à la question du logement abordable; il animera d'ailleurs lui aussi des tables rondes la semaine prochaine.

En tant que ministre des Finances, j'ai deux grandes priorités lorsqu'il s'agit du marché du logement canadien.

La première est d'apaiser les inquiétudes des Canadiens de la classe moyenne, qui se préoccupent de leur capacité financière relativement à l'achat de leur première maison.

La deuxième est beaucoup plus vaste : il s'agit de veiller à la stabilité du marché, ce qui signifie de s'assurer que les emprunteurs et les prêteurs sont résilients et en mesure de résister aux chocs économiques.

Les facteurs qui influencent les marchés du logement sont complexes et, pour être parfaitement compris, ils doivent faire l'objet d'une analyse approfondie. C'est pourquoi nous nous sommes penchés de très près sur cette question.

Et nous continuerons de prendre des décisions fondées sur des éléments probants.

Nous examinons très minutieusement les données sur les marchés du logement de partout au pays et sur les facteurs qui stimulent l'offre et qui restreignent la demande.

Nous avons également réservé des sommes dans notre budget afin d'approfondir notre compréhension de la question de l'achat de propriétés au Canada par des étrangers.

Mais l'abordabilité n'est qu'un aspect de cet enjeu.

L'achat d'une maison représente pour la plupart des familles le plus gros et le plus important investissement de leur vie.

Nous devons protéger cet investissement.

Nous devons nous assurer que le marché est stable.

Dans l'ensemble, le marché du logement et le système financier demeurent solides.

Toutefois, depuis la crise financière, nous avons vu certaines sources de risque poindre à l'horizon, et nous avons agi, au moyen d'une série de mesures coordonnées, en collaboration avec la Société canadienne d'hypothèques et de logement et le Bureau du surintendant des institutions financières, afin de tenir compte des vulnérabilités des emprunteurs et de renforcer la nécessité pour les prêteurs de faire preuve de prudence.

Ces mesures prennent souvent du temps à se faire sentir, mais à mesure que les effets deviennent tangibles, elles aideront.

Et s'il y a lieu, nous pourrons prendre des mesures additionnelles afin de protéger les prêteurs et les emprunteurs, ce qui contribuerait au maintien d'un marché du logement et d'une économie qui soient stables et sûrs, et ce, de façon durable.

Il est toutefois important de comprendre que, même si le gouvernement fédéral peut actionner certains leviers, il ne les contrôle pas tous.

Il s'agit d'une responsabilité commune, les gouvernements provinciaux et les municipalités disposant de pouvoirs de réglementation et d'imposition leur permettant de réagir aux conditions locales particulières.

Il nous est important de collaborer sur cette question, parce qu'il n'y a pas qu'un seul marché du logement au Canada.

Nous devons cependant adopter une approche coordonnée, parce que la prise de mesures visant à aider les Vancouvérois pourrait avoir des conséquences involontaires sur les Calgariens ou les Haligoniens.

Voilà pourquoi, tout de suite après la réunion fédérale-provinciale tenue lundi dernier, je me suis entretenu avec Mike De Jong et Charles Sousa, et j'ai noué le dialogue avec le maire Robertson de Vancouver et le maire Tory ici même à Toronto. J'annonce ainsi la mise sur pied d'un groupe de travail formé de fonctionnaires du gouvernement du Canada, des provinces de l'Ontario et de la Colombie-Britannique, et des villes de Vancouver et de Toronto.

Le groupe de travail se penchera sur le vaste éventail de leviers stratégiques qui touchent l'offre et la demande dans le marché du logement, la question de l'abordabilité et la stabilité du marché du logement.

Les membres se réuniront au cours de l'été et présenterons des conseils aux ministres et aux gouvernements municipaux.

Grâce à ce groupe et à une collaboration encore plus étroite avec nos partenaires provinciaux et municipaux, nous continuerons de surveiller et de mieux comprendre le marché du logement, et je suis convaincu que nous arriverons aux bonnes conclusions.

Et n'oublions pas notre objectif ici.

Nous voulons nous assurer que les citoyens sont bien servis.

Les gens doivent savoir que le gouvernement du Canada est là pour défendre leurs intérêts.

Sans compter que nous planifions l'avenir.

Qu'il s'agisse de renforcer le RPC, de surveiller le marché du logement ou de réaliser des investissements dans le transport en commun, notre priorité est, et sera toujours, la réussite de la classe moyenne du Canada.

La Chambre des communes a ajourné ses travaux la semaine dernière.

L'école est terminée, ou sur le point de l'être, et je suis prêt à parier que, pendant que je parlais, plusieurs d'entre vous rêvaient à de longues journées estivales sur le quai.

Pour ma part, je suis satisfait de ce que nous avons accompli pour les Canadiens pendant notre première session parlementaire.

Pour 9 millions de personnes, les impôts sont plus bas.

Les familles qui en ont besoin commenceront à recevoir davantage d'argent au cours des prochaines semaines.

Nous avons collaboré avec les provinces pour aider les gens à pouvoir bénéficier d'une retraite solide, sûre et stable.

Somme toute, c'est un bon début.

Mais, il nous reste encore du travail à accomplir.

Merci.


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