Agathe de Saint-Père de Repentigny (1657-1747)
Document d'information
Née à Montréal en 1657, Agathe de Saint-Père de Repentigny symbolise l’importance du rôle qu’ont joué les femmes dans l’économie de la Nouvelle‑France. Agathe est allée bien au‑delà des traditionnelles obligations familiales. Ayant obtenu l’appui et la permission du roi pour fonder son entreprise, elle a pu remédier à une grande pénurie de tissus et de vêtements dans la colonie au début du 18e siècle. Elle s’est illustrée par son esprit d’initiative et son sens de l’innovation en créant des tissus et des teintures à l’aide de produits naturels bruts, et en recrutant des tisserands étrangers expérimentés pour former des apprentis en Nouvelle‑France.
Agathe de Saint-Père de Repentigny naît de parents français qui étaient parmi les premiers colons arrivés à Montréal en 1642. Après la mort de son père, sa mère se remarie avec Jacques Le Moyne de Sainte-Marie, un membre de l’élite coloniale. Agathe entre dans l’une des plus vieilles familles militaires de la noblesse en 1685, par son mariage avec Pierre Le Gardeur de Repentigny. Cinq de leurs enfants atteindront l’âge adulte. Son mari, alors enseigne de vaisseau, grade équivalent à celui de sous‑lieutenant, mène une riche carrière militaire qui lui vaut d’être fait, en 1733, chevalier de l’ordre de la Croix de Saint‑Louis, la plus haute distinction militaire de l’époque. En raison de ses devoirs militaires, il est souvent absent. C’est Agathe qui gère alors ses affaires, dirigeant les seigneuries, attribuant des contrats et délivrant des permis de traite de fourrures, supervisant l’achat, la vente et la concession de terres, et assumant la responsabilité de la signature de baux et du règlement des comptes. Ainsi, lorsque meurt son mari, en 1736, elle possède plus de 20 ans d’expérience dans de nombreux domaines, ayant exercé de nombreuses fonctions par procuration. Ce n’est pas rare à l’époque. Nombreuses sont les femmes de la colonie, particulièrement celles de la classe supérieure, qui gèrent les affaires financières de leur famille lorsque leurs maris partent à la guerre ou lorsqu’elles deviennent veuves.
Agathe de Saint-Père de Repentigny est également une entrepreneure à son propre compte. En 1704, elle fonde son entreprise de fabrication de tissus à partir de matières connues des Autochtones comme les fibres d’ortie, les écorces d’arbres ou les cotonniers, pour pallier une sérieuse pénurie de tissus et de vêtements, traditionnellement confectionnés en chanvre et en lin. À l’époque, le prix des marchandises venues de France augmente rapidement, tandis que les colons ont moins d’argent à dépenser en raison de la chute des prix des peaux de castor. Pour aggraver la situation, la capture du navire La Seine par les Anglais prive la colonie de fournitures de France pendant toute l’année qui suit. Même s’il est interdit aux colons de se livrer à la fabrication de textiles, le roi lève temporairement cette interdiction. Toutefois, il n’y a pas d’artisans qualifiés à Montréal. Madame de Repentigny résout ce problème en payant une caution pour faire libérer des tisserands qui sont prisonniers en Nouvelle‑France, et elle embauche des apprentis. C’est ainsi qu’elle crée une entreprise florissante dans sa maison qui se trouve dans l’actuelle rue St‑Sulpice. Outre son entreprise de tissage, Agathe est associée à une tannerie qui fabrique des teintures pour les peaux de caribou et de cerf utilisées pour fabriquer des vêtements, et fabrique des produits alimentaires à base d’érable, et notamment des bonbons qu’elle envoie au roi, pour le plus grand plaisir de Sa Majesté.
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