Le naufrage du S.S. Valencia

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Le naufrage du S.S. Valencia au large de la côte ouest de l’île de Vancouver en janvier 1906 a entraîné la mort de 136 passagers, dont 17 femmes et 11 enfants. Cet accident tragique est à l’origine d’une reformulation fondamentale de la politique du gouvernement fédéral à l’égard de la sécurité maritime et des sauvetages dans les eaux du Pacifique. La construction d’aides à la navigation comme le phare de la pointe Pachena, l’amélioration des sauvetages en mer, la mise à jour des cartes et la mise à niveau des moyens de communication terrestres et maritimes comme le sentier de la Côte-Ouest ont toutes eu lieu en réaction à cette tragédie. L’accident a aussi eu des répercussions diplomatiques dans un contexte de relations bilatérales tendues entre le Canada et les États-Unis, la réponse mesurée du Canada au naufrage du Valencia lui ayant servi à exercer sa souveraineté tout en remédiant aux préoccupations des États-Unis sur la politique canadienne en matière de sécurité et de sauvetage en mer. 

Vers la fin de la soirée du 22 janvier 1906, au milieu d’une tempête, le navire à vapeur américain S.S. Valencia rate l’entrée du détroit de Juan de Fuca lors de son trajet qui devait le mener de San Francisco à Victoria, puis à Seattle. Vers minuit, le navire à vapeur heurte le récif de Walla Walla au sud de la pointe Pachena, sur la côte ouest de l’île de Vancouver. Une brèche s’ouvre dans la coque du navire de 80 mètres (252 pieds). Le capitaine Oscar M. Johnson, tentant de sauver son vaisseau, le pousse sur des rochers à une centaine de mètres à peine au large de la côte. À bord se trouvent 65 membres d’équipage et 108 passagers. 

Le navire demeure à flot pendant environ 36 heures. Une fois l’accident connu du reste du monde, des navires remplis de journalistes s’approchent à un kilomètre à peine de l’épave. L’espoir d’un sauvetage sera toutefois illusoire. Aucun bateau ne peut atteindre le Valencia par la mer, et les falaises rocheuses escarpées du secteur rendent encore plus difficile une approche par voie terrestre. Pendant la journée et demie qui suit, l’épave du Valencia est attaquée sans relâche par des vents violents et des vagues incessantes. Toutes les tentatives de l’équipage de mettre à l’eau un bateau de sauvetage échouent. Des quelques personnes qui atteignent la côte, la majorité meurt fracassée contre les rochers. Seuls 37 passagers survivent à la tragédie. 

Dans les semaines qui suivent la perte du S.S. Valencia, les gouvernements du Canada et des États-Unis ouvrent chacun une enquête sur le naufrage du navire. La catastrophe du Valencia donne l’occasion aux autorités à tous les niveaux des deux côtés de la frontière d’agir dans un esprit de collaboration inhabituel afin d’atteindre des buts parallèles. En outre, il s’agit pour le Canada d’une occasion d’exercer sa souveraineté nationale. La ferme volonté du Canada de formuler sa propre politique maritime, tout en prenant très au sérieux les intérêts des États-Unis quant à la sécurité maritime de leurs navires dans les eaux canadiennes, donne un aperçu instructif de la complexité des relations diplomatiques canado-américaines dans les années précédant la Première Guerre mondiale. 

Le sentier de la Côte-Ouest est sans doute l’élément le plus durable de la réponse du gouvernement canadien aux lacunes cernées dans son approche à l’égard de la protection maritime sur la côte ouest. Désigné route publique en 1911, le sentier (aussi appelé « sentier des rescapés » et « sentier des marins naufragés ») existe encore aujourd’hui sous la forme d’une piste de randonnée de renommée mondiale dans la réserve de parc national Pacific Rim.

 

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