L’établissement des Malécites à Viger
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En 1826, des Malécites de la rivière Saint-Jean présentèrent une requête aux autorités du Bas-Canada en vue d’obtenir une parcelle de terre réservée à leur usage. Le gouvernement répondit favorablement à cette demande et leur octroya, à titre collectif, une concession située aux confins de leur territoire de chasse, dans le canton Viger derrière la seigneurie de L’Isle-Verte. Celle-ci s’avéra être la première concession accordée au Bas-Canada en vertu de la politique naissante de sédentarisation des Autochtones. Elle fut, en quelque sorte, un précurseur des réserves indiennes qui virent le jour dans cette province en 1853.
Cette région était bien connue des Malécites puisque le Bas-Saint-Laurent faisait partie de leur territoire traditionnel. Des témoignages datant du XVIIIe siècle rapportent d’ailleurs leur présence dans cette région qui englobe le Témiscouata, Rivière-du-Loup, L’Isle-Verte et Trois-Pistoles. Leur mode de vie, axé sur la chasse, la pêche et la cueillette, nécessitait de fréquents déplacements selon la disponibilité des ressources.
La concession de 1214 hectares (3000 acres) qu’ils reçurent à titre collectif en 1826 leur fut accordée à titre expérimental. À l’époque, les autorités gouvernementales travaillaient à l’instauration d’un plan visant à sédentariser et à assimiler les Autochtones. Ainsi, on espérait les rassembler dans des villages et leur octroyer des terres qu’ils pourraient cultiver pour assurer leur subsistance. Le système des réserves de cette province fut consolidé au début des années 1850, lors de la promulgation de lois qui visaient à protéger ou à réserver des terres pour les Autochtones.
Des Malécites s’installèrent dans le canton Viger dès le printemps 1826 et commencèrent à défricher. Trois ans plus tard, ils avaient défriché et semé 28 hectares (70 acres). Ils s’absentèrent cependant de la concession de 1830 à 1845, n’y venant que de façon sporadique. Par la suite, ils y habitèrent de façon plus régulière pendant quelques années. En 1860, 125 hectares (309 acres) du canton Viger sont mis en culture par les Malécites. Après cette date, à la suite d’un grave incendie ainsi qu’en réaction aux pressions de la population de la région, la concession fut à peu près abandonnée par les Malécites. Bien que la réserve fût occupée, l’utilisation qui en était faite ne correspondait plus au modèle que les autorités gouvernementales avaient envisagé. Pendant ce temps, les fermes cultivées par les Euro-Canadiens se multipliaient rapidement et les terres du canton Viger devenaient de plus en plus convoitées par les non-Autochtones. À compter de la fin des années 1850, les Malécites subirent donc de fortes pressions pour qu’ils acceptent de les rétrocéder à la Couronne. Finalement, ils signèrent la rétrocession en 1869 et les terres furent vendues en 1870. Au cours des décennies suivantes, des Malécites se virent accorder des terres à Whitworth, puis à Cacouna où se trouve aujourd’hui le centre administratif de cette Première Nation.
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