Beaubassin, Fort Lawrence, Nouvelle-Écosse
Document d'information
Beaubassin est un village acadien fondé dans les années 1670 à Sikniktuk, une région mi’kmaw à la jonction de plusieurs routes terrestres et de portages. Les Mi’kmaq et les Acadiens y coexistent pendant près d’un siècle. La position stratégique de l’isthme de Chignecto en fait le pivot de la lutte géopolitique que se livrent les empires en Amérique du Nord. Avec l’éruption d’un conflit frontalier qui couve depuis longtemps entre les Britanniques et les Français, le village est incendié en 1750 et ses habitants sont dispersés. Aujourd’hui, les caractéristiques, les dépôts et les artéfacts du site archéologique attestent de la présence des Acadiens, des Mi’kmaq et des Britanniques à cet endroit et témoignent de la destruction du village, prélude à l’affrontement final des empires britannique et français en Acadie.
L’histoire de la présence humaine sur l’isthme, qui relie ce que sont aujourd’hui le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse, est une histoire millénaire. Sikniktuk (ou Chignecto) se trouve dans Siknikt, l’un des sept districts de Mi’kma’ki, qui s’étend sur tout le territoire des provinces maritimes actuelles et dans la Gaspésie au Québec. Une communauté mi’kmaw se trouve déjà sur l’isthme quand, dans les années 1670, les Acadiens viennent s’installer pour faire du commerce et cultiver la terre. Au fil du temps se développe un village acadien prospère appelé Beaubassin, qui comprend une mission pour les Mi’kmaq et une église catholique. Beaubassin est alors au cœur d’un vaste réseau de voyages et de commerce qui englobe Île-Royale (aujourd’hui l’île du cap Breton), le Canada, la Nouvelle-Écosse et la Nouvelle-Angleterre. Depuis Beaubassin, les Acadiens font le commerce de marchandises européennes avec les Mi’kmaq, expédient du bétail et des céréales à Boston et Louisbourg et reçoivent des marchandises de part et d’autre de l’Atlantique.
Tant les Français que les Britanniques veulent exercer leur contrôle sur la région de Beaubassin. En 1696 et en 1704, les forces de la Nouvelle-Angleterre attaquent le village. Le traité d’Utrecht de 1713, par lequel la France cède l’Acadie aux Britanniques, n’est pas reconnu par les Premières Nations et laisse les frontières incertaines. L’isthme devient un territoire frontalier convoité. En 1749, les Français revendiquent le contrôle du territoire au nord de la rivière Missaguash. Les Britanniques réagissent en 1750 en envoyant un contingent de 400 soldats à Chignecto, revendiquant le côté sud de la rivière. Cependant, à leur arrivée, ils constatent que les Français et les Mi’kmaq ont mis le feu à Beaubassin et qu’ils ont détruit le village. Les habitants se réfugient dans les régions d’allégeance française. Cette confrontation à Beaubassin marque le début d’une décennie de bouleversements et de violence dans la région, période qui éventuellement donne lieu à la déportation des Acadiens.
Aujourd’hui, les fouilles archéologiques effectuées à l’ancien village de Beaubassin lèvent le voile sur l’histoire des peuples acadien, mi’kmaw et britannique à cet endroit. Parcs Canada y mène les premières fouilles archéologiques dans les années 1960. De plus amples recherches effectuées en 2004 permettent de mettre au jour plus de 450 artéfacts, dont certains sont calcinés, témoignant ainsi de l’histoire dramatique de ce lieu. Des fouilles archéologiques publiques ont également eu lieu sur le site de 2007 à 2011, dans le cadre desquelles plus de 10 000 artefacts ont été découverts par des bénévoles et des spécialistes. Ceux-ci comprennent les artefacts récupérés par Nadon en 1968, mais non les artefacts de LaVoie en 1986 (dans la collection provinciale du N.-B.). Le Musée de la Nouvelle-Écosse abrite également 11 000 artefacts provenant de la récupération provinciale de1990 au site de Fort Lawrence.
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