« LA FABRIQUE », QUÉBEC (QC)

Situé dans le quartier Saint-Roch de la ville de Québec, l’édifice « La Fabrique », tel qu’il a été rebaptisé en 1994 par ses nouveaux propriétaires, abrita la Dominion Corset de 1897 à 1988. La Dominion Corset, l’un des plus importants fabricants de lingerie féminine au pays, a joué un rôle majeur dans l’industrie canadienne du vêtement au XXe siècle. L’édifice témoigne de l’apport de milliers de femmes qui ont contribué à l’essor de la compagnie et qui ont par la même occasion constitué une main-d’œuvre essentielle dans la confection canadienne du vêtement. Érigé en 1871 et reconstruit en 1911, l’édifice « La Fabrique » est un exemple original d’architecture industrielle au tournant du XXe siècle au Canada.

La Dominion Corset a été l’un des principaux employeurs de la ville de Québec. Fondée par l’homme d’affaires Georges-Élie Amyot, elle s’est imposée dans la création et la fabrication de sous-vêtements féminins. Avec son réseau de comptoirs de distribution à travers le monde, elle s’assura d’un rang fort enviable parmi les établissements industriels de l’Empire britannique. La Dominion Corset revêt une grande valeur symbolique pour les milliers d’ouvrières qui y ont travaillé. Figurant parmi les pionnières de lingerie féminine au Canada, la compagnie a survécu à plus de cent ans d’évolution dans l’histoire de la mode féminine.

« La Fabrique », qui se démarque par ses tours carrées d’inspiration médiévale et sa riche ornementation, a aussi été un complexe industriel urbain hautement fonctionnel. Les principaux corps de bâtiment sont érigés entre 1871 et 1916. Toutefois, l’apparence du bâtiment fut essentiellement donnée par l’architecte Georges-Émile Tanguay à partir de 1909 et après le feu de 1911. La conception esthétique originale de cette ancienne manufacture est représentative de l’architecture industrielle de l’époque, mais aussi de l’éclectisme architectural de l’époque victorienne. Les références au style roman lui ont insufflé un air de forteresse alors que son imposante stature et ses caractéristiques empruntées au style Second Empire témoignent de la conscience qu’avaient ses propriétaires de l’importance de l’entreprise. Avec ses vastes espaces de production à aire ouverte, soutenus par des poutres et des colonnes apparentes et abondamment éclairés grâce à de nombreuses rangées de fenêtres, cet édifice industriel offrait un maximum de flexibilité dont les travaux de réhabilitation de 1992-1993 ont su tirer parti.

Le bâtiment a subi de nombreux changements au fil des ans, mais l’intégrité de ses façades a été en partie conservée. Les tours de l’horloge et du château d’eau, les façades au décor chargé, avec comme matériau constitutif la brique rouge et la brique à feu blanche pour les encadrements, contribuent au caractère distinctif et évoquent la vocation industrielle du bâtiment. Par sa présence dans le quartier Saint-Roch, « La Fabrique » rappelle l’époque industrielle de cet arrondissement.

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