Alice Evelyn Wilson (1881-1964)
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Scientifique pionnière, Alice Evelyn Wilson (PhD) a aidé à ouvrir la voie aux femmes dans les professions scientifiques et au sein de la fonction publique fédérale. Malgré l’opposition de certains de ses collègues et de ses supérieurs à la Commission géologique du Canada (CGC), Wilson a poursuivi ses études jusqu’à l’obtention de son doctorat et a mené une brillante carrière, devenant l’une des géologues et paléontologues les plus renommées au Canada. Wilson a été la première femme employée comme géologue par la CGC et, en tant que scientifique, enseignante et vulgarisatrice, elle a apporté des contributions considérables à la paléontologie et à la géologie, notamment par ses études exhaustives des basses terres du Saint-Laurent et de la vallée de l’Outaouais.
Œuvrant dans un domaine dominé par les hommes au début du XXe siècle, Wilson a dû lutter pendant toute sa carrière pour que ses aspirations professionnelles soient prises au sérieux. À la CGC, où elle a été embauchée comme commis à la Section de la paléontologie des invertébrés en 1909, Wilson cultive sa passion pour les fossiles et commence à mener ses propres recherches. Lorsque ses collègues s’opposent à la participation d’une femme aux travaux sur le terrain, c’est-à-dire qu’elle passe du temps avec un groupe d’hommes dans des sites éloignés, Wilson propose d’étudier les fossiles et les roches des basses terres du Saint-Laurent et de la vallée de l’Outaouais, une région facilement accessible depuis sa résidence. À pied, à bicyclette et par la suite en voiture, elle passe les 50 années suivantes à explorer cette région. La CGC refuse à plusieurs reprises d’accorder à Wilson un congé lui permettant d’obtenir un doctorat, une demande qui est régulièrement acceptée pour les employés masculins prometteurs. Wilson reçoit finalement une bourse privée de la Fédération canadienne des femmes diplômées des universités, un organisme dont le militantisme a été déterminant pour qu’elle devienne une spécialiste reconnue dans son domaine, et grâce auquel elle a eu le temps et les fonds nécessaires pour terminer son doctorat. Après avoir obtenu son diplôme à l’Université de Chicago en 1929, Wilson ne se voit toujours pas offrir de promotion par la CGC, malgré sa scolarité et ses nombreuses années d’expérience professionnelle. Finalement, la CGC la nomme géologue adjointe en 1936, puis géologue agrégée en 1940, sans doute en raison de la reconnaissance externe que lui procurent ses recherches : elle est reçue membre de l’Ordre de l’Empire britannique en 1935, membre de la Geological Society of America en 1936 et est la première femme à devenir membre associée de la Société royale du Canada en 1938.
Wilson a rédigé plus de 50 publications scientifiques et préparée par elle-même des cartes de référence détaillées d’environ 14 250 km2 des basses terres du Saint-Laurent et de la vallée de l’Outaouais, les associant à des comptes rendus descriptifs de sa géologie et de ses fossiles. De plus, elle a instauré la mise sur pied d’une collection typologique nationale de fossiles invertébrés à la CGC qui figure parmi les plus importantes du monde, et qui sert encore aujourd’hui de base de référence principale. Wilson a partagé son expertise avec des étudiants et des membres du public intéressés au moyen d’exposés, d’excursions sur le terrain, de publications et d’expositions dans les musées. Sa thèse sur la géologie des basses terres du Saint-Laurent et de la vallée de l’Outaouais a fourni des renseignements précieux pour l’aménagement de la Voie maritime du Saint-Laurent. Au point de rencontre de l’histoire des sciences et de l’histoire des femmes, Wilson a réalisé des recherches novatrices et mené une lutte incessante pour le droit des femmes à l’éducation et à la reconnaissance.
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