La fondation de la Labourers’ Benevolent Association de Saint John

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La Labourers’ Benevolent Association de Saint John (LBA – Association bénévole des travailleurs), l’un des premiers syndicats de l’Amérique du Nord britannique, est formée par des débardeurs en 1849. Cette société qui prône l’aide mutuelle et la négociation collective démontre que les journaliers ont le pouvoir de se syndiquer et sert de modèle à d’autres travailleurs. Lorsque Saint John devient une importante ville portuaire au début du XXe siècle, la LBA devient une chef de file parmi les syndicats de débardeurs. En 1911, à la suite de changements de propriétaire au sein de l’industrie canadienne du transport maritime, elle se joint à l’Association internationale des débardeurs (AID) et devient la section 273. Ce syndicat novateur influence grandement le mouvement syndical au Nouveau-Brunswick au XIXe siècle et au début du XXe siècle, et plus tard dans d’autres ports de l’est du Canada en contribuant notamment à créer la Fédération du travail du Nouveau-Brunswick en 1913 et à faire adopter la loi provinciale sur l’indemnisation des accidents du travail en 1918.

Au plus fort du commerce du bois au XIXe siècle, un effectif important de journaliers de navires (appelés par la suite débardeurs) est nécessaire pour charger et décharger les navires. Les journaliers de navire exécutent des tâches manuelles éreintantes. De plus, tant que le nombre d’hommes à la recherche d’emploi est supérieur au nombre d’emplois offerts sur les quais, ils touchent de faibles salaires, travaillent beaucoup d’heures par jour et sont exposés à des conditions de travail dangereuses. En général, les journaliers occasionnels ne possèdent aucune compétence monnayable autre que leur force physique et ils sont habituellement embauchés au jour le jour. Ces facteurs ne favorisent pas la création de syndicats durables. Par contre, à Saint John, compte tenu de l’importance du commerce du bois pour l’économie locale et de la main-d’œuvre importante que nécessite ce secteur, les journaliers de navire profitent de leur position avantageuse et deviennent l’un des premiers groupes de journaliers en Amérique du Nord britannique à se syndiquer. La LBA répond à deux objectifs pour les débardeurs : elle fournit une aide mutuelle aux travailleurs malades ou blessés lors de l’exercice d’un métier dangereux et elle milite pour l’amélioration des conditions de travail de ses membres. Un organisme similaire est formé à Québec, l’autre principal centre du commerce du bois au Canada.

Alors que le commerce du bois décline au tournant du siècle, Saint John devient une ville portuaire importante pour les échanges commerciaux hivernaux entre les territoires intérieurs du Canada et la Grande-Bretagne. Le port de Saint John s’occupe des cargaisons en direction ou en provenance du port de Montréal lorsque celui-ci est prisonnier des glaces. Compte tenu de la concentration de plus en plus marquée de propriétaires dans le secteur du transport maritime en Amérique du Nord, le Chemin de fer Canadien Pacifique et d’autres sociétés de transport demandent de plus grandes concessions sur les salaires et les conditions de travail en profitant des divisions qui règnent au sein de la LBA et en menaçant de déplacer les activités de transport maritime hors de Saint John. Pour faire face à ce défi, la LBA se joint en 1911 à l’AID, un syndicat plus grand, et renforce la solidarité ouvrière dans l’économie centralisée. L’un des premiers modèles clés de syndicat au Canada, la LBA/section 273 a contribué à façonner les institutions ouvrières de la province grâce à son travail avec la Fédération du travail du Nouveau-Brunswick et à ses appels pour des lois sur l’indemnisation des accidents du travail.

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