Sommet national sur la culture : l’avenir des arts, de la culture et du patrimoine – Les 2, 3 et 4 mai 2022 – Rapport final

Information de publication de catalogue

Cette publication est disponible sur demande en médias substituts.

Cette publication est disponible en formats PDF et HTML.

© Sa Majesté le Roi du chef du Canada, représenté par le ministre du Patrimoine canadien, 2022

No. de catalogue : CH4-198/2022F-PDF

ISSN : 978-0-660-44504-5

Sur cette page

Format substitut

Sommet national sur la culture : L’avenir des arts, de la culture et du patrimoine au Canada - Rapport Final [Version PDF - 2.10 Mo]

Reconnaissance des terres

Le Sommet a eu lieu en personne au Centre national des Arts, à Ottawa, lequel est situé sur le territoire non cédé de la Nation algonquine, et virtuellement sur toute l’étendue du territoire qui forme aujourd’hui le Canada et que les Autochtones ont toujours habité.

Message du ministre

Portrait du Ministre Rodriguez

À tous les artistes, créateurs, interprètes, et conservateurs – et à tous ceux et celles qui vous soutiennent

Merci à ceux et celles qui se sont joints à moi, virtuellement ou en personne, à l’occasion du Sommet national sur la culture et des tables rondes régionales en préparation du Sommet. Votre passion et votre dévouement m’inspirent. Je suis extrêmement reconnaissant de votre travail en ces temps difficiles.

Je crois que le Sommet était nécessaire, entre autres pour pouvoir nous retrouver après avoir été séparés si longtemps. Le paysage culturel du Canada a énormément changé depuis la dernière fois que j’ai été ministre du Patrimoine canadien, en 2019. Nous avons tous eu la chance de renouer les uns avec les autres, d’échanger sur nos défis, nos priorités et nos visions pour l’avenir, et de tracer ensemble une voie à suivre. J’espère que vous avez trouvé des moments pendant le Sommet pour discuter avec de vieux amis ainsi que pour écouter de nouvelles voix exprimer des vérités dont nous devons parler, qu’il s’agisse de la précarité du travail culturel, des effets de la révolution numérique ou des menaces que présentent les changements climatiques.

Le Sommet était une occasion importante de faire part de mes priorités, qui sont axées sur la création de conditions favorisant votre succès. J’ai été heureux de présenter ma vision quant à la façon dont nous pouvons tirer parti de la révolution numérique et renforcer notre culture grâce à la Loi sur la diffusion continue en ligne et la Loi sur les nouvelles en ligne, et de vous entendre parler de certaines des difficultés auxquelles vous êtes confrontés et des possibilités que vous entrevoyez dans l’espace numérique. La Loi sur la diffusion continue en ligne a récemment été adoptée par la Chambre des communes, et j’espère qu’elle recevra la sanction royale bientôt. Je travaille également avec le ministre de l'Innovation, des Sciences et de l'Industrie pour modifier la Loi sur le droit d'auteur afin de mieux protéger les créateurs et les détenteurs de droits d'auteur. Grâce à ces textes législatifs, nous assurerons un avenir prometteur à nos artistes, nos créateurs et nos conteurs.

Maintenant, tandis que notre programme législatif suit son cours et que je travaille à la réalisation d’autres engagements précisés dans ma lettre de mandat, j’ai l’intention de me laisser guider par vos voix et de soulever des questions importantes. Entre autres, comment pouvons-nous nous assurer que nos artistes et nos professionnels de la création ont les mesures de soutien dont ils ont besoin pour réussir et innover? Comment pouvons-nous offrir un accès plus équitable aux mesures de soutien financier et nous assurer que tout le paysage culturel est le reflet de la diversité du Canada? Comment pouvons-nous tirer parti de notre histoire commune et de nos expériences individuelles pour resserrer les liens entre nous et avec les gens du monde entier? À ma lecture du rapport final du Sommet, je suis fasciné par la précision et l’ingéniosité de vos idées visant à répondre à ces questions importantes.

D’autres éléments importants de ma lettre de mandat ont par ailleurs été soulignés pendant le Sommet. Ceux-ci comprennent le besoin d’intensifier nos efforts à l’égard de la réconciliation en amplifiant les voix des peuples autochtones et en donnant aux communautés non autochtones des occasions de s’instruire sur les peuples et les cultures autochtones. De plus, on a souligné l’importance d’établir des rôles de chef de file pour nos secteurs des arts, de la culture et du patrimoine dans la lutte contre les changements climatiques, et de continuer à promouvoir la croissance des industries culturelles et créatives du Canada, ici et à l’étranger.

Les riches discussions tenues pendant le Sommet aideront à orienter des initiatives déjà en cours ainsi qu’à jeter les bases de nouvelles initiatives. J’ai hâte de poursuivre sur la lancée du Sommet dans les mois à venir alors que nous progressons dans la transformation numérique du Canada, y compris en modernisant les institutions et les outils de financement qui appuient le secteur canadien de l’audiovisuel. Le gouvernement va également consulter différentes communautés concernant les nouvelles initiatives, comme le Fonds pour changer le discours narratif annoncé dans le Budget de 2022, une politique renouvelée sur les musées nationaux, l’avenir de l’assurance-emploi et une stratégie de diplomatie culturelle pour le Canada.

Je sais que bien des gens auraient aimé participer au Sommet, mais étaient dans l’impossibilité de le faire. Je ferai donc tout ce qui est possible pour poursuivre les conversations avec vous sur les thèmes et les orientations du Sommet.

Comme je l’ai dit à maintes reprises, je vous remercie de tout ce que vous faites pour enrichir nos vies et faire du Canada un lieu de création tourné vers l’avant et ancré dans nos valeurs de la diversité, de l’inclusion, et de la durabilité.

L’honorable Pablo Rodriguez, C.P., député

Résumé

Le Sommet sur la culture : L’avenir des arts, de la culture et du patrimoine au Canada a eu lieu du 2 au 4 mai 2022. L’événement a réuni des participants d’un bout à l’autre du pays, dont environ 400 en personne au Centre National des Arts à Ottawa et 1 000 en ligne, afin de tenir des discussions à l’échelle nationale portant sur la résilience, la durabilité et la transformation des secteurs des arts, de la culture et du patrimoine au Canada.

Ces secteurs sont parmi ceux qui ont été touchés le plus durement et le plus longtemps par la pandémie de la COVID-19. La pandémie a eu des répercussions non seulement sur leur viabilité, mais aussi sur leur relation avec le public, dont les intérêts, les attentes et les comportements ainsi que la façon dont il accède à ces secteurs ont grandement changé au cours des deux dernières années. La pandémie a accéléré un changement déjà en cours dans notre société. La polarisation, la désinformation, un ensemble de règles inégales pour les diffuseurs en ligne étrangers et les entreprises de médias sociaux remettent en question la cohésion sociale au Canada. Cette réalité, combinée à la sensibilisation accrue aux effets du racisme systémique ainsi qu’à une plus grande acceptation de la nécessité de confronter les changements climatiques a mis en évidence le besoin de réimaginer les politiques, principes et pratiques voués à la croissance et la viabilité à long terme, la compétitivité et la vitalité des secteurs des arts, de la culture et du patrimoine au Canada.

Thèmes principaux

Pendant le Sommet, les participants ont discuté de leurs expériences, idées et visions pour relancer et transformer les secteurs. La conversation était axée sur quatre thèmes principaux, essentiels à la transformation des secteurs des arts, de la culture et du patrimoine au Canada :

  1. Le rôle des plateformes numériques dans les secteurs des arts, de la culture et du patrimoine : Ces secteurs sont passés de la « transformation numérique » à une approche « le numérique d’abord ». Les participants ont plaidé pour un renforcement des mesures de protection des secteurs des arts, de la culture et du patrimoine du Canada, affirmant que les artistes et les créateurs ne peuvent pas survivre avec le revenu versé par les plateformes numériques. De plus, les organisations et institutions doivent réaliser des investissements importants dans leur capacité numérique. Les participants ont souligné l’importance d’améliorer la littératie numérique des créateurs et des publics.
  2. La promotion de la compétitivité et de la croissance à long terme : De nombreux participants estiment qu’un revenu stable est nécessaire pour encourager la croissance et l’innovation dans les secteurs des arts, de la culture et du patrimoine. Cela est tout aussi important pour les artistes et les créateurs que pour les organisations. De plus, il est nécessaire de soutenir la formation et la diversité à l’échelle des secteurs pour accroître leur viabilité.
  3. Le retour des spectateurs et la conquête de nouveaux publics : Selon les participants, l’une des façons d’y parvenir est d’impliquer le public dans les collectivités et d’assurer un financement sûr pour que les créateurs et les organisations prennent des risques – tant en matière d’innovation que de créativité – lorsqu’ils créent et présentent leur contenu. Afin d'attirer de nouveaux publics, les participants ont souligné la nécessité de créer un contenu artistique et culturel plus inclusif et plus représentatif, qui s'adresse aux communautés historiquement exclues. Pour ce faire, il faut aller allant au-delà du contenu ancré dans les histoires coloniales, afin d’atteindre les nouveaux Canadiens et divers publics et de tisser des liens avec eux.
  4. La contribution des secteurs culturels à la réconciliation, à la lutte contre les changements climatiques et à l’édification d’une société ouverte et plus inclusive : Pour ce faire, il faut encourager la diversité à tous les niveaux de hiérarchie organisationnelle, améliorer la représentation des communautés racisées, et respecter l’autonomie des peuples et organisations autochtones à prendre leurs propres décisions. De l’avis des participants, les secteurs des arts, de la culture et du patrimoine ont aussi un rôle de leader à jouer dans la promotion d’un avenir plus vert.

Directions en vue de mesures futures

Les participants ont présenté des mesures claires et concrètes qui pourraient aider à clarifier, à corriger et à promouvoir les questions susmentionnées et qui recoupent les quatre thèmes du Sommet.

  1. Réglementer les plateformes numériques et soutenir l’innovation : En général, les secteurs des arts, de la culture et du patrimoine appuient fortement le projet de loi C-11 (la Loi sur la diffusion continue en ligne). À l’heure actuelle, les plateformes numériques mènent leurs activités sans trop de contraintes et sans nécessairement devoir rendre compte de leurs décisions d’affaires, souvent au détriment des créateurs canadiens. Les participants ont insisté sur le fait que les artistes ne peuvent survivre uniquement avec les revenus tirés des plateformes numériques, et qu’un marché numérique non réglementé entraînera une perte d’identité culturelle.
  2. Un soutien financier stable : Un soutien financier stable est essentiel, particulièrement pour les artistes et pour les organisations vouées aux arts, à la culture et au patrimoine qui n’y ont habituellement pas accès. L’idée d’un revenu de base garanti a été avancée par bien des participants au Sommet. Cet enjeu est lié à la précarité financière à laquelle sont confrontés les travailleurs du secteur à la lumière de l'évolution du paysage économique. Bien qu'il ne s'agisse pas d'un « modèle économique » en tant que tel, ce type de financement pourrait aider à diversifier la main-d’œuvre dans les secteurs et à favoriser l’innovation par les créateurs.
  3. Être le reflet du Canada d’aujourd’hui : Les participants ont indiqué qu’il faut accroître la diversité, l’inclusion et l’équité dans tous les aspects du travail. Ils veulent voir le reflet de la véritable composition du Canada dans les postes décisionnels, dans les productions artistiques et dans les publics. Ils ont plaidé en faveur de nouvelles approches inclusives à la politique culturelle.
  4. Respecter et élever les voix autochtones : Il est essentiel de respecter les voix autochtones, et il a été reconnu que la réconciliation peut prendre plusieurs formes. Notamment, les participants ont parlé de réconciliation par le biais de financement adéquat, de représentation autochtone accrue dans les conseils d’administration des institutions culturelles, et en respectant la liberté des peuples et des organisations autochtones de prendre leurs propres décisions.
  5. Rehausser le profil du Canada sur la scène internationale : Les participants ont dit qu’ils aimeraient rehausser le profil international des secteurs des arts, de la culture et du patrimoine du Canada afin d’accroître la demande mondiale de talents et de productions artistiques canadiens. Ils ont aussi mentionné l’importance de la diplomatie culturelleNote de bas de page 1 pour encourager le changement social positif et promouvoir les valeurs canadiennes, ainsi que la contribution évidente des exportations culturelles au PIB et à la force économique du Canada.
  6. Tirer parti du pouvoir des arts et de la culture pour favoriser le changement social : Des participants ont demandé que les contributions de la culture à la vie citoyenne du Canada soient reconnues et que l’on tire parti de son pouvoir pour améliorer les résultats sociaux. Les participants ont manifesté leur intérêt pour l’écologisation des secteurs des arts, de la culture et du patrimoine et ils ont indiqué que les publics s’attendent à un certain leadership à cet égard. Les participants ont également demandé que les secteurs soient mieux exploités afin d’améliorer les résultats sociaux des communautés autochtones, noires et autres communautés racisées.

Les participants ont soulevé la nécessité de réexaminer les principes fondamentaux des arts, de la culture et du patrimoine au Canada. Parmi les mesures concrètes ayant été suggérées, notons la révision de la politique sur les musées nationaux, la reconnaissance des origines racistes et coloniales du rapport Massey et le déploiement d’efforts visant à éliminer l’influence de ce texte sur les politiques et les programmes culturels canadiens de l’avenir, la modernisation des textes législatifs du Canada sur le droit d’auteur et la réglementation des plateformes en ligne, ainsi que la révision des critères d’admissibilité au financement qui sont parfois trop restrictifs, en mettant un accent particulier sur l’amélioration des résultats équitables.

Aperçu de la mobilisation

Objectifs

Le Sommet avait comme objectif de mobiliser les participants des secteurs des arts, de la culture et du patrimoine et de discuter des façons de soutenir la relance après la pandémie ainsi que la croissance et la compétitivité à long terme de ces secteurs.

Plus particulièrement, le Sommet visait :

Thèmes

Pendant le Sommet, les conversations étaient axées sur quatre thèmes :

Approche

La conception de l'événement s'est appuyée sur des séances préparatoires organisées dans tout le Canada par le ministre du Patrimoine canadien. Ces séances préparatoires ont permis de valider les principaux thèmes de discussion du Sommet.

Le Sommet était une activité hybride ayant du contenu et des possibilités de participation en personne et en ligne. Environ quatre cents personnes ont participé au Sommet en personne au Centre national des Arts, à Ottawa, et on a compté de 300 à 400 participants en ligne, par Zoom, à tout moment, pour un total de 1050 inscriptions distinctes. Trois cent cinquante personnes ont fourni une rétroaction par l’outil de mobilisation en ligne pendant et après le Sommet.

Réception d’accueil

Le Sommet a commencé par une réception d’accueil le 2 mai, en soirée. Le premier ministre Justin Trudeau s’est adressé aux participants, faisant part de ses réflexions sur l’état actuel et les aspirations futures des arts, de la culture et du patrimoine au Canada. Le premier ministre a parlé des secteurs non seulement comme des « moteurs importants de notre économie », mais aussi comme un bien social essentiel « pour bâtir une société plus forte et unie ». Il a également noté l’enthousiasme général suscité par l’annonce faite par le gouvernement d’une prochaine production entièrement canadienne de Come From Away. Enfin, le premier ministre a donné de nouveaux détails sur le Fonds pour la résilience des travailleurs du secteur des spectacles sur scène du Canada. L’objectif du Fonds est de retenir les travailleurs canadiens qualifiés grâce à un programme temporaire qui investit dans des initiatives menées et réalisées par le secteur qui améliorent la situation économique, professionnelle et personnelle des travailleurs autonomes et indépendants dans le secteur des spectacles sur scène. Le programme distribuera 50 millions de dollars directement aux travailleurs autonomes touchés du secteur.

Discours du ministre

Au début de la deuxième journée du Sommet, le ministre Rodriguez a prononcé une allocution. Son discours était axé sur la façon dont la culture canadienne peut prospérer en pleine révolution numérique. Le ministre a notamment présenté le choix politique auquel les Canadiens sont confrontés aujourd'hui entre ce qu'il a qualifié de paysage actuel non réglementé et axé sur le profit pour les plateformes numériques et un écosystème numérique plus réglementé au service du public.

Le ministre s’est adressé aux participants une autre fois, la dernière journée du Sommet, lors d’une causerie animée par Mani Soleymanlou (directeur du Théâtre français du Centre national des arts). Pendant la discussion, le ministre a parlé des principaux éléments à retenir du Sommet (notamment la nécessité d'une réglementation numérique, le maintien du soutien à la relance en lien avec la pandémie et le soutien aux secteurs qui prennent leur place sur la scène mondiale) et à quel point ils sont liés aux engagements figurant dans son mandat et au programme global du gouvernement.

Séances plénières

Il y a eu quatre séances plénières pendant le Sommet. Il s’agissait de discussions de groupes avec des leaders de l’industrie, suivies d’une période de questions avec les participants.

Les séances ont été diffusées en ligne. Les participants en ligne ont ainsi pu voir les séances plénières et participer virtuellement grâce au clavardage de Zoom (avec modérateur). Ils ont pu poser des questions au groupe d’experts en utilisant la fonction des questions et réponses de la plateforme. Les participants votaient pour leurs questions préférées et les questions ayant obtenu le plus de votes étaient transmises aux modérateurs sur place pour obtenir une réponse des experts.

Une transcription visuelle des séances plénières – produite par AHA! Graphic Facilitation - a été saisie en direct, en personne (annexe A).

Un témoignage artistique des discussions qui ont eu lieu le 3 mai a été rédigé et interprété le lendemain par Danielle Le Saux-Farmer (annexe B).

Voici le titre des séances plénières :

Séances en petits groupes

Les participants sur place ont eu l’occasion de prendre part à des séances en petits groupes pour discuter de six sujets (deux séries de trois séances simultanées).

Chaque séance a commencé par une mise en contexte de la conversation par un modérateur. Les participants ont ensuite discuté en petits groupes, en fonction des questions présentées. À la fin de la séance, on a invité les groupes à présenter les points forts de leurs conversations au reste du groupe. Pendant les séances, les participants étaient appuyés par des preneurs de notes à des fins de rapports; quelques transcriptions visuelles ont par ailleurs été faites.

Voici les thèmes des séances en petits groupes :

Outil de mobilisation en ligne

Un outil de mobilisation en ligne a été créé pour que ceux qui participaient au Sommet de façon virtuelle puissent aussi présenter leurs points de vue sur les thèmes et les questions des ateliers.

Les gens ont eu accès à l’outil jusqu’au 11 mai, ce qui a donné à tous les participants, en ligne ou en personne, l’occasion de contribuer davantage aux discussions sur les sujets d’intérêt pour eux. En tout, on a reçu 350 réponses au sondage, soit 122 réponses complètes et 228 réponses partielles.

Les résultats découlant de l’outil de mobilisation en ligne ont été intégrés au présent rapport.

Participation des partenaires autochtones

Le Somment comprenait des voix et perspectives autochtones. Des Aînés issus des Premières Nations, Inuit et Métis y ont pris part en reconnaissance du savoir, de la sagesse et de l’expérience qu’ils possèdent. Le début et la fin du Sommet ont été marqués par les propos d’Aînés. Les voix et perspectives autochtones ont été intégrées au Sommet par le biais de la maîtresse de cérémonie et d’artistes autochtones, lors des séances plénières (modérateurs et panélistes autochtones) et lors des séances en petits groupes (modérateurs et participants autochtones). La salle Ankosé a été créée pour permettre aux Aînés et aux participants autochtones de se retrouver entre eux, et aussi de tisser des liens avec des partenaires non autochtones. En compagnie d’Aînés, les protocoles autochtones comme la cérémonie de purification et les offrandes de tabac et de thé ont été respectés.

Parmi les leçons tirées du Sommet : l’importance d’inclure des perspectives et des thèmes autochtones tout au long du programme; et, pour orienter les futurs engagements ministériels, le besoin d’améliorer l’intégration des jeunes autochtones, des Autochtones des communautés 2SLGBTQQIA+, des membres des collectivités du Nord, et des membres pouvant contribuer aux discussions et faire connaître leurs visions du monde. Lors de futurs engagements, la création d’espaces pour les gardiens du savoir traditionnel favoriserait la sensibilisation à l’égard de la différente signification des termes « culture » et « patrimoine » du point de vue des Autochtones ainsi que de l’importance du territoire. Ces leçons aideront à orienter les prochains efforts de mobilisation ministériels.

Efforts en vue d’une mobilisation équitable

Pour encourager des discussions rigoureuses et inclusives, les organisateurs du Sommet ont songé à la façon d’assurer la mobilisation équitable de tous les participants, y compris (et surtout) des membres des communautés dignes d’équité. Dès les premières étapes de la conception du Sommet, les organisateurs ont travaillé à établir une représentation étendue dans tous les rôles liés au Sommet, des participants aux modérateurs en passant par les panélistes et les maîtres de cérémonie. Les organisateurs ont collaboré avec des partenaires comme le Conseil des arts du Canada afin de diversifier et d’élargir la liste d’invités. Ainsi, des demandes de participation ont été envoyées aux directions générales de PCH, au Conseil des arts du Canada et aux gouvernements provinciaux et territoriaux. On a demandé aux répondants de fournir un éventail de renseignements sur chacune des personnes recommandées pour le Sommet, notamment la province ou le territoire de résidence de la personne et son domaine de travail. Les répondants devaient aussi indiquer si la personne recommandée s’identifiait comme Autochtone, et si elle avait des liens avec d’autres communautés dignes d’équité.

De plus, dans leur conception des séances, les organisateurs ont tenté de faire en sorte que les thèmes de l’équité, de la diversité, de l’inclusion et de l’accessibilité reviennent dans toutes les séances plénières et les ateliers au lieu de n’être abordés que dans une ou deux séances. Les organisateurs ont également fait appel à un artiste visuel pour faire une transcription visuelle des discussions du Sommet (voir l’annexe A). Cette présentation des renseignements en format substitut a aidé à mobiliser et à inclure les participants ayant différentes préférences et différents styles d’apprentissage.

On a tout de même noté des lacunes empêchant une participation entière et équitable des communautés dignes d’équité. Nous n’avons pas obtenu une participation aussi diversifiée que prévu. Bien que les renseignements par rapport à la représentation sectorielle, régionale et démographique soient inconnus en raison de données incomplètes, le taux de participation était en deçà des cibles pour tous les indicateurs. En particulier, les participants ont noté un degré insuffisant d'inclusion des représentants de l'Ouest canadien, ainsi que des engagements parfois insuffisants des participants qui se joignaient au Sommet de manière virtuelle. Pour plus de renseignements, voir la section des commentaires sur le format de l’activité, ci-dessous.

Participants

Un large éventail de personnes de partout au Canada ont participé aux séances, comptaient des artistes, des créateurs et des travailleurs du domaine du patrimoine tout comme des administrateurs, des dirigeants d’entreprises et des mécènes.

Rétroaction sur le format de l’événement

Le Sommet était le premier événement du genre, et son cadre hybride a présenté un lot de nouvelles occasions et de nouveaux défis. Autant dans le clavardage sur Zoom que dans le questionnaire envoyé par la suite, des participants ont mentionné les contraintes liées au format et au contenu de l’événement, de même qu’aux occasions de mobilisation.

Le ministère du Patrimoine canadien tiendra compte de cette rétroaction importante et élaborera des stratégies susceptibles d’améliorer la participation des partenaires autochtones et de favoriser une participation équitable au moment de planifier toute autre activité de mobilisation.

Le format hybride a également permis de bénéficier d’un certain nombre d’avantages liés au format de l’événement :

Propos tenus

Situation actuelle

Thème clé no 1 : Le rôle des plateformes numériques dans les secteurs des arts, de la culture et du patrimoine

Ce n’est pas possible pour les secteurs d’ignorer la révolution numérique. Lors de son allocution d’ouverture, le ministre a affirmé que « …ce qui se passe en ligne influence ce qui se passe partout ailleurs : sur nos scènes, à nos festivals, dans nos musées, dans nos bibliothèques publiques, dans les rues, dans les communautés ici au Canada et dans le monde entier ». Pour certains participants, la pandémie a été l’occasion de partager davantage de nouveaux contenus et de nouvelles programmations par voie numérique. Ils ont pu ainsi jeter des ponts et diffuser leur contenu à d’autres communautés. Cependant, d’autres ont souligné que le modèle hybride représente deux fois le travail sans deux fois le soutien.

« Il faut se rappeler d’une chose [les géants du web] agissent comme des conquérants, ils ne respectent pas les règles du jeu, les droits d’auteur, et les médias qui sont là pour parler d’actualité ici au Canada… L’univers numérique, on ne le contrôle pas. Il est détenu par des géants numériques qui ne respectent pas les lois, ni même l’autorité des états. Durant les deux dernières années de pandémie, ils ont fait une fortune, ils se sont enrichis comme jamais. »

Protection inadéquate de l’intérêt public

Certains participants ont eu l’impression qu’à l’heure actuelle, les plateformes numériques sont soumises à une réglementation minimale. Le résultat, craignent les gens, est un écosystème qui ne sert que les résultats financiers, avec peu de considération pour l’intérêt public. Au cours d’une séance consacrée à la révolution numérique, la plupart des panélistes ont exprimé leur soutien au projet de loi C-11. Ils ont applaudi le travail du gouvernement et ont déclaré que le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) doit avoir plus de pouvoir et d’expertise pour faire face à la nouvelle réalité des plateformes numériques.

D’autres ont déclaré que toute législation devra prendre en compte l’ensemble de l’écosystème. Ils ont déclaré que la réglementation devrait être bonne pour les artistes et pour les plateformes. Ils ont fait valoir qu’il n’était pas souhaitable que les artistes canadiens soient désavantagés sur les plateformes en raison de la réglementation et ont averti que les régulateurs devraient garder à l’esprit le fait que chaque situation est unique.

Le ministre Rodriguez a également abordé cette tension apparente. Au cours de ses remarques, il a soutenu que la forte culture du Canada n’est pas un accident, mais plutôt le résultat de la décision prise par le gouvernement avec la Loi sur la radiodiffusion il y a des décennies. En 2022, a soutenu le ministre, le système canadien devrait tenir compte de la diffusion en continu en ligne et encourager activement les plateformes à investir dans la culture canadienne de manière à s’assurer que nous soutenons la prochaine génération d’artistes, de créateurs et d’histoires canadiens. C’est, a-t-il déclaré, l’objectif du projet de loi C-11.

Obstacles à l’accès

Si les nouveaux médias permettent aux créateurs de présenter des perspectives différentes, il a été souligné que tout le monde n’a pas accès aux nouvelles technologies. Le manque d’accès à la large bande dans les communautés autochtones constitue un obstacle, par exemple. L’accès à Internet est limité et lent, ce qui empêche ces communautés de partager leurs œuvres en ligne comme d’autres pourraient le faire (par le biais de la diffusion en continu, par exemple).

« Pour les communautés du Nord, les communautés inuites et les Premières Nations, nous n’avons souvent pas accès à la technologie, nous n’avons pas de connexions Internet stables. » (Commentaire d’un participant en ligne, commentaire original en anglais)

Le coût élevé des équipements de production et des infrastructures ainsi que l’accès aux talents et le renforcement des capacités ont également été mentionnés comme étant des obstacles. De nombreux participants estiment que le secteur est en retard sur le plan numérique. La culture numérique fait défaut et pour certains, c’est une question de ressources. Pour être découverts, les créateurs et les artistes doivent comprendre les technologies émergentes et en constante évolution, ce qui est long et coûteux.

Rémunération insuffisante des artistes

Les participants ont déclaré que la plupart des artistes ne peuvent pas survivre uniquement avec les revenus des plateformes numériques. Ils ont également mentionné que les artistes qui réussissent à percer sur YouTube sont l’exception et non la règle. Un participant a souligné qu’il était important de faire la distinction entre les artistes et les autres types de créateurs de contenu, lorsqu’on parle de plateformes numériques.

« Il y a une très grande différence entre mettre en ligne une vidéo sur « comment réparer ma plomberie » et créer une pièce de théâtre ou une œuvre d’art. » (Commentaire original en anglais)

Certains participants ont contesté l’affirmation selon laquelle l’industrie de la musique est devenue plus rentable ces dernières années grâce aux services d’abonnement. Ils ont fait remarquer que si l’on gagnait plus d’argent, cet argent n’allait pas aux artistes, mais aux sociétés et plateformes musicales.

Érosion de l’identité culturelle

Les participants ont exprimé leur inquiétude quant au fait que le marché n’aide pas les Canadiens à accéder au contenu canadien sur les plateformes numériques. Plusieurs commentateurs et panélistes ont souligné le fait qu’une grande partie du paysage médiatique canadien est dominée par du contenu étranger produit au Canada plutôt que par des histoires ou des récits canadiens.

De nombreux participants au sommet ont exprimé leur inquiétude quant aux ramifications culturelles des recommandations algorithmiques basées sur les préférences qui alimentent les plateformes de contenu en ligne. Certains participants se sont dits préoccupés par la façon dont les algorithmes pourraient influencer la consommation de la culture en ligne. Ces répercussions pourraient toucher particulièrement les créateurs issus de minorités linguistiques et culturelles.

Un aspect important de la discussion a été la réalité à laquelle sont confrontés les marchés francophones, notamment la fragilité et la relative petitesse des publics francophones et les façons dont les plateformes technologiques peuvent faciliter l’expansion du contenu anglophone au détriment du contenu francophone. Il a été mentionné qu’au Québec, seulement 8 % de la musique diffusée sur les plateformes audio numériques est québécoise.

« Nous nous disputons tous des minutes, parfois des secondes de l’attention des gens. » (Commentaire original en anglais)

Un panéliste a mentionné comment cela contribuait à faire de la langue française en Amérique du Nord une langue dans laquelle les gens ne cherchent pas à s’exprimer et, en fin de compte, peut contribuer à son déclin, en particulier pour les communautés de langue officielle en situation minoritaire au Canada.

« Ma fille fait de la musique, elle compose en anglais avec des amis. Moi, j’ai souvent discuté avec elle : pourquoi est-ce que tu composes qu’en anglais? Et sa réponse, c’est : « on veut composer pour se faire connaître dans le monde. Le français, c’est loser ». Ça fait mal, se faire dire ça. »

Thème clé no 2 : Promotion de la compétitivité et de la croissance à long terme

La pandémie a eu des incidences inégales sur les secteurs des arts, de la culture et du patrimoine du Canada.

Le secteur du spectacle a été ravagé, si l’on en croit les experts ayant participé à la séance plénière sur ce sujet. « La détresse était énorme » a déclaré un panéliste. Un bon nombre d’artistes, de techniciens et de travailleurs culturels ont dû quitter l’industrie en raison de problèmes financiers. Beaucoup d’occasions sont parties en fumée, et il est difficile de convaincre la relève de se joindre à l’industrie. Il a été question d’une « fuite des cerveaux ». Les artistes ont exprimé leur reconnaissance pour le soutien du revenu d’urgence que le gouvernement du Canada leur a accordé individuellement (c.-à-d. la Prestation canadienne d’urgence, la Prestation canadienne de la relance économique). Grâce à ces fonds d’urgence, les artistes estiment qu’ils ont enfin été traités équitablement par rapport aux autres travailleurs.

Les participants ont également indiqué que les fonds d’urgence versés par le gouvernement fédéral, notamment dans les budgets 2021 et 2022, étaient essentiels. Les soutiens continus se font encore sentir depuis le budget 2021, qui a versé un montant sans précédent de 1,93 milliard de dollars à Patrimoine canadien et à ses organismes de portefeuilles pour une variété de programmes sur cinq ans. Les fonds allaient du soutien aux festivals et aux commémorations au soutien aux musiciens canadiens, aux salles de concert, aux producteurs et aux distributeurs ; au financement des librairies pour aider les librairies à augmenter leurs ventes en ligne ; au financement des magazines et des journaux communautaires pour aider à accroître l’offre du journalisme local ; au financement des institutions artistiques et patrimoniales pour aider à améliorer leur installations afin de répondre aux lignes directrices en matière de santé publique ; au financement des sports communautaires ; et au Fonds de relance pour les secteurs des arts, de la culture, du patrimoine et du sport de 300 millions de dollars et au Fonds de réouverture de 200 millions de dollars. Ces investissements importants ont été renforcés par les soutiens supplémentaires annoncés dans le budget 2022, totalisant 322,3 millions de dollars sur cinq ans pour Patrimoine canadien et ses organismes du portefeuille, qui soutiendront les secteurs des arts, de la culture et du patrimoine les plus durement touchés par la vague Omicron.

On a également affirmé que « la pandémie a mis en lumière les faiblesses de l’industrie, elle ne les a pas nécessairement créées ». (Commentaire original en anglais). Les experts ont relevé les faiblesses préexistantes suivantes :

On a l’impression que le secteur du spectacle a perdu son utilité et qu’il lui faudra beaucoup de temps pour la retrouver.

« Au-delà de la dimension économique de la chose, il y a les notions de “sens” du travail et de l’utilité des artistes qui ont été fortement ébranlées durant la pandémie. »

Toutefois, on a aussi fait remarquer que d’autres secteurs ont eu plus de facilité à s’adapter, notamment grâce aux nouvelles possibilités offertes par l’adoption de la numérisation qui, pour certains, a permis de minimiser le travail, de mieux gérer les relations et d’accroître l’accessibilité du contenu. Le secteur du contenu sur écran a peut-être été l’un des plus privilégiés, car il était encore possible d’offrir du contenu au public de diverses façons pendant la pandémie, surtout comparativement au secteur des arts de la scène. Ce fut également le cas pour certains musées qui ont été forcés de numériser une plus grande partie de leur collection et de proposer des visites virtuelles, ce qui a permis de rendre le secteur du patrimoine plus accessible à un public diversifié.

« … les musées, on est beaucoup dans la conservation, souvent les mentalités évoluent plus lentement qu’ailleurs, donc la pandémie nous a vraiment bousculés, nous a poussé à penser autrement la façon de mettre en valeur nos contenus. La numérisation des pièces, les visites virtuelles, on est beaucoup, beaucoup dans cette vision-là, et c’est un legs positif de la pandémie… Donc, évidemment, pour nous, donner l’accessibilité à nos contenus pour être un moteur justement de la culture du Québec, la culture autochtone, la culture des nouveaux arrivants, la culture, ceux qui façonnent, en fait, notre peuple, notre identité québécoise et canadienne, donc il faut donner une voie d’accessibilité au contenu qui sont dans les musées, les bibliothèques, les archives et tout ça. »

Les participants ont mentionné que les difficultés financières causées par la pandémie avaient freiné leur créativité. « Nous sommes épuisés par la pandémie » (Commentaire original en anglais) a dit l'un d'entre eux. Certaines personnes ont exprimé combien il est difficile pour les créateurs d’être innovants lorsqu’ils sont à la recherche de fonds.

« On est encore dans un système, encore aujourd’hui, dans un système qui vit et qui s’autofinance et s’autodévore aux dépens des artistes. Et je pense que c’est quelque chose qui doit être corrigé. »

Certains participants ont reconnu le traumatisme associé à la pandémie, et ses conséquences sur les jeunes qui sont déjà confrontés à des défis générationnels tels que les changements climatiques ou la justice sociale.

Thème clé no 3 : Le retour des spectateurs et la conquête de nouveaux publics

Selon les participants, il reste encore beaucoup à faire pour promouvoir le contenu canadien sur la scène internationale. Les plateformes numériques ont ouvert la porte à de nouveaux marchés, mais les créateurs ont besoin de soutien et d’outils pour réussir sur la scène internationale. Parmi les exemples de soutien et d’outils qui seraient utiles, citons un financement réservé à l’amélioration de l’accès aux marchés mondiaux et au rayonnement du Canada par les arts.

Lors de la discussion en petits groupes sur la présence du Canada sur la scène internationale, les participants se sont dits préoccupés par le manque de coordination et de collaboration entre les ministères, ce qui rend plus difficile l’accès aux marchés internationaux.

En ce qui concerne l’attrait de nouveaux publics au Canada, les participants ont parlé de la nécessité d’attirer des communautés plus diversifiées, affirmant que l’on se concentre encore trop souvent sur le contenu ancré dans une vision coloniale du monde. Selon un participant à la discussion en petits groupes sur l’évolution des publics et des spectateurs au Canada, les codes sociaux et la culture sont très ancrés dans la culture occidentale, ce qui a une influence sur la façon dont chacun interagit avec l’espace artistique et culturel. Ces traditions et la façon dont elles façonnent la consommation de l’art peuvent être dissuasives pour certaines communautés.

« Et ça ne représente pas ce que l’art est pour plusieurs cultures. Et ces codes sociaux doivent être révisés. On doit être plus ouverts. »

Les participants ont mentionné l’importance de tenir compte de la diversité et de comprendre que ces publics se situent en dehors des cadres et des plateformes traditionnels.

Changer les pratiques traditionnelles d’exclusion et attirer des publics diversifiés contribueront à renforcer la viabilité financière de ces secteurs.

Dans le même ordre d’idées, les participants à cette séance en petits groupes avaient l’impression que le financement des programmes qui ne sont pas dans l’une des deux langues officielles n’était pas suffisant et que, par conséquent, les secteurs des arts, de la culture et du patrimoine ne reflétaient pas la diversité des communautés canadiennes.

Plusieurs participants sont d’avis qu’il faut en faire davantage pour attirer les jeunes qui consomment l’art, la culture et le patrimoine différemment, surtout lorsqu’on essaie d’intéresser un public issu de groupes culturellement diversifiés.

Cet élargissement du contenu est particulièrement important pour attirer de nouveaux publics et plaire à des publics qui sont le reflet de la diversité des communautés canadiennes.

Thème clé no 4 : La contribution des secteurs culturels à la réconciliation, à la lutte contre les changements climatiques et à l’édification d’une société ouverte et plus inclusive

L’une des séances plénières explorait l’idée que les arts, la culture et le patrimoine sont le miroir et le moteur du changement social dans toute une série de domaines, notamment le racisme systémique, la réconciliation avec les peuples autochtones et les changements climatiques.

Il a été noté que nous devons reconnaître que les secteurs des arts, de la culture et du patrimoine ont perpétué le colonialisme. Le rapport Massey a été mentionné comme un exemple de structure conçue avec une vision très étroite de l’utilité des arts, qui ne reflète pas la réalité vécue par les Canadiens aujourd’hui.

« L’[A]rt et le design ne sont pas neutres, et je ne pense pas qu’ils soient intrinsèquement altruistes. Autant ils peuvent créer un changement social positif, autant je pense qu’ils peuvent aussi renforcer des discours vraiment nuisibles et je sais que c’est quelque chose que nous avons beaucoup entendu aujourd’hui, mais l’art et le design ont un historique d’exclusion et de classes sociales. » (Commentaire original en anglais)

De nombreuses conversations ont eu lieu tout au long du sommet sur le manque de perspectives diverses et issues des communautés autochtones dans les grandes organisations. Les artistes sous-représentés peuvent se sentir ostracisés, en danger et malvenus. Une personne a dit qu’elle entendait souvent : « Prenez un risque. Pratiquez l’embauche diversifiée. » (Commentaire original en anglais). Cependant, elle a expliqué que ce n’est pas vraiment un risque. Ce risque n’est perçu que d’un point de vue eurocentrique.

Les participants ont également indiqué que le secteur doit faire de la place aux autochtones, aux Noirs et aux autres personnes racisées dans les postes de décision et la gouvernance. Les changements climatiques ont également fait l’objet de discussions ciblées. Les participants ont reconnu l’urgence de la crise environnementale actuelle et ont évoqué la demande du public en faveur d’une action climatique et d’une écologisation des secteurs.

« Le public et les artistes s’intéressent énormément à cette question, mais parfois nous ne joignons pas le geste à la parole. » (Commentaire original en anglais)

Où aller à partir d’ici

De nombreuses personnes estimaient que la pandémie a exacerbé les préoccupations et les défis fondamentaux qui existaient déjà avant.

La reprise est donc perçue comme une occasion de reconstruire et de transformer les secteurs des arts, de la culture et du patrimoine au Canada.

« La situation postpandémique n’est ni plus ni moins qu’une reconstruction de l’industrie. »

Bien que le programme du Sommet ait été structuré autour des quatre thèmes décrits ci-dessus, il y a eu une interaction importante entre les thèmes qui s’est dégagée dans les solutions proposées pour aller de l’avant.

Les solutions potentielles soulevées par les participants sont énumérées plus loin et rattachées aux thèmes pertinents pour illustrer en quoi ces suggestions se rapportent aux thèmes fondamentaux du Sommet.

Réglementer les plateformes numériques et soutenir l’innovation

Soutenir les secteurs par la loi et la politique

De nombreux participants ont évoqué la nécessité pour le gouvernement de réglementer les plateformes numériques. Plusieurs commentateurs et panélistes ont fait des comparaisons avec la réglementation européenne, laquelle est semblable aux efforts de modernisation de la radiodiffusion au Canada. Le projet de loi C-11 (la Loi sur la diffusion continue en ligne) a reçu un fort soutien.

« On l’a vu pourtant que l’État, pendant la pandémie, c’était pas mal utile, que l’État et ses institutions ont été utiles à la culture pendant toutes ces années avec la création de l’Office national du film, le Conseil des arts du Canada, du Québec par chez nous. Alors, il faut que l’état se réapproprie aussi un rôle et ses institutions se réapproprient un rôle là-dedans, c’est essentiel, sinon c’est la déréglementation complète… »

Les participants veulent qu’une loi solide soit adoptée relativement aux plateformes numériques pour permettre de :

Un participant a indiqué qu’un règlement est nécessaire pour uniformiser les règles du jeu entre les radiodiffuseurs et les entreprises médiatiques appartenant à des intérêts canadiens ainsi que leurs homologues numériques. Il a fait observer que ces acteurs se disputent tous les mêmes recettes publicitaires et auditoires, mais les plateformes numériques ne se voient pas imposer, pour le moment, le même fardeau réglementaire.

« Si nous voulons vraiment progresser dans l’ère numérique, nous devons accorder un traitement juste et équitable aux radiodiffuseurs et aux entreprises médiatiques appartenant à des intérêts canadiens ». (Commentaire original en anglais)

Le ministre du Patrimoine canadien a également souligné cette tension, en demandant aux participants rassemblés de réfléchir à « comment continuer à exploiter cette évolution numérique tout en protégeant notre culture ». (Commentaire original en anglais)

Soutenir les secteurs par la formation

Un autre domaine dans lequel le gouvernement peut soutenir le secteur est celui de la formation professionnelle et des partenariats avec les établissements. Le gouvernement et l’industrie ont la possibilité d’aider les créateurs à acquérir les compétences dont ils ont besoin pour se mettre en valeur et faire preuve d’innovation dans le monde numérique.

Les participants en ligne ont également souligné l’importance de favoriser la mise en commun des renseignements entre les créateurs, notamment au moyen d’un échange de connaissances entre pairs, de l’élaboration d’une stratégie numérique ou de la fourniture d’équipements.

Établir des partenariats avec les plateformes numériques

Il a été suggéré que les artistes et les créateurs adoptent un modèle de partenariat avec les plateformes numériques pour promouvoir la culture canadienne. De plus, les participants ont estimé que les prestations liées à la COVID-19 versées par le gouvernement étaient fort utiles et ont indiqué qu’ils souhaitaient que les plateformes soient aussi tenues de contribuer financièrement à l’industrie en cas de crise. Certains participants croient que l’avenir de la collaboration entre les plateformes numériques et les créateurs est très prometteur.

« Nous constatons que les plateformes font la promotion d’artistes et de contenu canadiens et travaillent avec des maisons de disque indépendantes… nous les voyons travailler avec nous, en train de chercher des moyens proactifs de mettre davantage en valeur des artistes canadiens dans cet écosystème où les créateurs ont la possibilité infinie d’ajouter du contenu aux plateformes. » (Commentaire original en anglais)

Rendre les collections accessibles

Dans le secteur du patrimoine, les organismes éprouvent des difficultés et ont besoin de davantage de soutien et de financement pour s’assurer que les Canadiens aient accès au patrimoine culturel et aux collections numériques. Des initiatives précises ont été soulevées, telles que le soutien à l’élaboration d’une stratégie numérique, la fourniture d’équipements et l’échange de connaissances entre pairs.

Évolution des modèles opérationnels

Les participants ont souligné que la façon dont le gouvernement priorise et distribue le financement dans les secteurs des arts, de la culture et du patrimoine est une question fondamentale qui doit être abordée. Non seulement les principaux contributeurs à ces secteurs doivent être soutenus, mais il doit devenir plus facile de recruter les nouveaux talents et de les maintenir en poste.

Lors de la réception d’accueil, le premier ministre Justin Trudeau a reconnu les besoins changeants et émergents du secteur en déclarant : « On veut que vous ayez les outils dont vous avez besoin pour retrouver votre public, vous adapter aux nouvelles plateformes numériques et faire partie de la conversation en vue de créer une société plus ouverte et inclusive. »

Revenu de base garanti

Tout au long du Sommet, un terme est revenu sans cesse : le revenu de base garanti. L’idée que les artistes et les travailleurs culturels devraient être soutenus non seulement lorsqu’ils créent, mais aussi entre les projets, a été mentionnée tant par les panélistes que les participants. La priorité, a-t-on dit, est de mettre en œuvre les mécanismes nécessaires qui permettraient aux artistes et aux travailleurs culturels de gagner un revenu adéquat. Beaucoup de participants ont cité les avantages des mesures de soutien d’urgence comme un argument en faveur d’un revenu de base garanti pour les artistes et les travailleurs culturels.

« Si vous voulez faire quelque chose d’audacieux : créer un revenu annuel garanti pour les personnes qui travaillent dans les arts. » (Commentaire original en anglais)

« Pendant la pandémie, on a vu un progrès immense parce qu’on a été capable de traiter les artistes et les travailleurs culturels comme n'importe quelle autre personne au Canada sans emploi... »

Dans le même ordre d’idées, le gouvernement du Canada s’est également engagé, dans la lettre de mandat du ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et de l’Inclusion des personnes en situation de handicap, à « présenter et commencer à mettre en œuvre […] un plan de modernisation du programme d’assurance-emploi adapté au 21e siècle, établir un système plus robuste et plus inclusif dont tous les travailleurs peuvent bénéficier, y compris les travailleurs saisonniers et les travailleurs à l’emploi des plateformes numériques, s’assurer que le système est plus simple et qu’il répond mieux aux besoins des travailleurs et des employeurs ». Notamment, la lettre de mandat demande que toute réforme prenne compte « des réalités des artistes et des travailleurs du secteur de la culture ».

Un financement stable pour les communautés méritant l’équité

Les participants ont souligné l’importance de soutenir la diversité dans les secteurs des arts, de la culture et du patrimoine en fournissant un financement stable et pluriannuel aux artistes émergents et à ceux qui appartiennent à communautés méritant l’équité. À l’heure actuelle, il est beaucoup plus facile pour les institutions établies d’obtenir ce type de financement. Ce système renforce les privilèges historiques et exacerbe les inégalités existantes.

Reconnaître la vraie valeur de l’art

Il y eut un appel à apprécier la valeur intrinsèque de l’art et à mesurer plus que les résultats économiques. Les participants estiment que pendant trop longtemps, la valeur de l’art n’a été mesurée que par son impact économique. L’économie devrait servir les arts, et non l’inverse.

« Au-delà de la dimension économique, il y a les notions de « sens » du travail et de l’utilité des artistes qui ont été fortement ébranlées durant la pandémie. »

L’innovation exige la stabilité financière

Pour que les créateurs prennent des risques, ils ont besoin d’un filet de sécurité. Un appel a été lancé au gouvernement et aux bailleurs de fonds en général pour qu’ils assurent la stabilité financière des créateurs et que ces derniers soient ainsi libres de prendre des risques et d’innover. Selon la description d’un participant, il s’agit « D’avoir de l’oxygène pour faire des choses qui sont uniques ». (Commentaire original en anglais)

Refléter le Canada tel qu’il est aujourd’hui

Il y a eu de nombreuses discussions sur la nécessité d’avoir plus de récits qui rendent compte de la diversité des cultures et des langues au Canada.

« Nous devons veiller à ce que la communauté artistique et culturelle que nous soutenons reflète la société canadienne. »

Fonds et opportunités ciblés

Les participants ont insisté sur le fait qu’une représentation adéquate nécessite un financement adéquat et dévoué pour les artistes autochtones, les artistes noirs et les autres artistes racisés. Le gouvernement a la possibilité d’examiner l’allocation des ressources pour assurer l’équité, et des objectifs devraient être fixés sur ce plan pour viser l’amélioration de la situation. Les voix des personnes racisées ne peuvent pas être amplifiées si ces dernières n’ont pas les fonds nécessaires pour créer.

« Nous ne pouvons raconter que les histoires pour lesquelles nous arrivons au point où nous obtenons du financement. » (Commentaire original en anglais)

Par exemple, le renforcement des capacités peut aider à établir des partenariats entre les organisations autochtones et non autochtones qui ne sont pas toujours en mesure de réagir en conséquence. Dans cet esprit, un participant a invité les autres participants à songer à ce qui suit :

« Quelles méthodologies de co-conception ou processus de concertation pourraient être diffusées au sein du secteur des arts, offrant ainsi aux communautés des pistes pour accéder aux possibilités de développements sectoriels? Quels sont ces processus qu’on aurait avantage à promouvoir au sein du secteur ? » (Commentaire original en anglais)

Les possibilités de mentorat et de formation ont également été mentionnées comme moyens de diversifier la main-d’œuvre et d’accroître la représentation des communautés méritant l’équité dans les secteurs de la culture et du patrimoine.

Pour éliminer les obstacles existants au financement et aux possibilités, les participants ont souligné l’importance d’instaurer la confiance et la solidarité au-delà des frontières qui séparent les différentes formes d’institutions artistiques, culturelles et patrimoniales, y compris entre les institutions plus établies et les organisations plus locales ou diversifiées.

Le pouvoir, pas le symbolisme

Les conversations sur la diversité, l’équité et l’inclusion sont souvent revenues à l’importance de la représentation. Les participants ont souligné la nécessité d’une plus grande diversité à tous les niveaux, de la salle des écrivains à la salle de conférence.

Les gens ont également parlé du risque d’actions purement symboliques qui peuvent accompagner les grandes poussées de diversité organisationnelle. Les personnes racisées occupant des postes de direction se sentent souvent obligées de trouver des solutions à des problèmes impossibles. Concentrer les efforts sur l’augmentation de la représentation à tous les niveaux, au-delà d’un individu symbolique, aidera à créer un secteur des arts et de la culture qui reflète vraiment la diversité du Canada.

Les données sont essentielles au changement

Il y a eu une forte demande concernant la collecte d’un nombre accru de données de meilleure qualité afin de déterminer comment attribuer plus équitablement le financement dans le secteur des arts et de la culture. Certains participants ont parlé de l’importance de recueillir des données désagrégées comme outil de diagnostic pour déterminer les lacunes et les solutions potentielles. Ils ont suggéré que le gouvernement collabore avec les communautés autochtones, noires et d’autres communautés racisées afin de trouver des solutions fondées sur les données. D’autres ont souligné l’importance de la transparence pendant le processus de collecte.

« Vous ne pouvez pas parler de justice sociale si vous n’avez pas la connaissance de ce que vous faites exactement. » (Commentaire original en anglais)

Attirer l’attention des publics avec un contenu diversifié

Selon de nombreux participants, la meilleure façon pour les organisations d’atteindre des publics plus diversifiés est de faire en sorte que les publics se voient reflétés dans le contenu. Nous avons donc besoin de plus d’histoires qui rendent compte de la diversité culturelle et linguistique du Canada.

Une nouvelle politique culturelle

On a mentionné à plusieurs reprises que le rapport Massey est désuet et que les conclusions qu’a formulées la Commission royale d’enquête de 1951 sont issues d’une perspective raciste et coloniale. Les participants ont fait remarquer que le rapport a été conçu pour un groupe très restreint de personnes et qu’il ne correspond pas à la réalité canadienne d’aujourd’hui. Beaucoup de gens sont convaincus qu’il est temps de remplacer le cadre de politique culturelle élaboré après le rapport Massey par une nouvelle approche plus inclusive de la politique culturelle.

« Le rapport Massey dépeint un Canada qui n’existe tout simplement pas et n’a pas existé. […] c’est un document raciste et nous devons repartir de zéro. »

Mobiliser les jeunes

Afin d’encourager les jeunes à faire partie des secteurs des arts, de la culture et du patrimoine, en tant que créateurs et consommateurs, il faut prendre des mesures pour rendre ces secteurs attirants pour eux et promouvoir des stratégies visant à assurer des moyens de subsistance concrets. Il pourrait s’agir, entre autres, d’éveiller un sentiment d’appartenance au secteur en l’alignant plus étroitement à la justice sociale ou aux causes sociétales, ou sur les possibilités et les initiatives qui amènent les jeunes à s’investir dans le secteur. De même, on pourrait en faire davantage pour impliquer les jeunes au sein des secteurs des arts, du patrimoine et de la culture (p. ex., sorties pour les jeunes, contenu interactif dans les musées). Une sensibilisation accrue est nécessaire afin d’éliminer les obstacles, dont les obstacles financiers, au moyen de rabais sur les prix des billets, de mesures pour inciter les promoteurs et les diffuseurs de contenu à rendre les arts, la culture et le patrimoine plus abordables, ainsi que de soutien gouvernemental visant à rendre l’accès aux lieux plus abordable. Plusieurs participants ont estimé qu’il fallait en faire plus pour toucher les jeunes consommateurs d’art, de culture et de patrimoine, qui y accèdent de maintes façons, en particulier en essayant de mobiliser un public issu de groupes culturellement divers.

Respecter les voix autochtones

L’importance de céder aux voix autochtones une place centrale dans les secteurs des arts, de la culture et du patrimoine au Canada a été un thème principal qui s’est imposé tout au long du Sommet. Ceci serait une étape fondamentale pour changer les structures institutionnelles et pour faire en sort que celles-ci fournissent les appuis financiers et les ressources nécessaires afin d’amplifier les récits autochtones des travailleurs créatifs autochtones. Les questions autochtones ont été abondamment discutées lors d’une séance en petit groupe intitulée « Faire avancer la vérité et la réconciliation avec les peuples autochtones par la culture » et d’une séance plénière intitulée « Les arts, la culture et le patrimoine, catalyseurs du changement social ».

Souveraineté et réparations

Pour de nombreux participants, la souveraineté narrative autochtone et les réparations sont l’étape la plus importante vers la réconciliation. Les Autochtones ne devraient pas avoir à demander la place ou les fonds nécessaires pour livrer leurs récits. Au contraire, les leaders institutionnels devraient amplifier les voix autochtones. Les artistes autochtones devraient avoir la liberté de raconter leurs récits à leur manière. Certains participants ont plaidé pour qu’un financement soit réservé aux artistes autochtones et pour que les organisations autochtones reçoivent les ressources nécessaires pour répondre à la demande accrue de partenariats et de collaborations.

« La première chose à faire, je pense que c’est de faire de la place, d’offrir de la place, par exemple, aux cultures autochtones dans les institutions, dans la gouvernance, dans le visuel, dans l’espace physique, dans les programmations… Plusieurs personnes sollicitent des organisations autochtones, il y a beaucoup de demandes de partenariat. On est sursollicité dans le monde autochtone pour des demandes de contribution et de collaborations de toutes sortes. Considérez le fait que nos capacités ne sont pas toujours au rendez-vous pour pouvoir répondre présentement, parce que nos capacités n’ont pas augmenté au niveau financier et au niveau des ressources humaines pour répondre à cette demande-là qui est de plus en plus grande. »

Plusieurs personnes ont parlé de la nécessité pour les organismes institutionnels de faire de la place aux artistes autochtones. Elles ont souligné l’importance de s’assurer que les Autochtones siègent aux conseils d’administration et sont aux postes de décision, et d’inclure les visions du monde et les expériences vécues des Autochtones dans les discussions importantes sur des sujets tels que les changements climatiques.

Pendant les discussions de groupe, de nombreux participants ont mentionné le rapatriement des artefacts et des œuvres d’art autochtones ainsi que la nécessité de fournir un financement aux collectivités autochtones pour leur exposition et leur mise en valeur, et le besoin urgent d’archiver des documents autochtones.

Les non-Autochtones doivent prendre l’initiative

Il est largement admis que les non-Autochtones doivent s’engager dans le processus de décolonisation en assumant la responsabilité de leur propre éducation.

« … dans certains environnements, on sent que les collègues autochtones sont tannés de nous éduquer sur ce qu’il faut faire. Donc surgit la question de comment s’autoéduquer, de prendre nos responsabilités dans le fond. Parce que comme on nous l’a dit, c’est notre problème ».

Les non-Autochtones peuvent permettre aux Canadiens de découvrir l’histoire du colonialisme en finançant des musées possédant des collections autochtones et en valorisant les connaissances traditionnelles. Les participants veulent que les non-Autochtones se mettent réciproquement devant leurs responsabilités au moyen de conditions à remplir pour obtenir du financement. Par exemple, une organisation ne serait pas admissible à certains financements si elle ne s’engage pas sur la voie de la réconciliation.

De nombreuses personnes ont estimé qu’il ne pouvait pas y avoir de changement sans l’établissement de relations et l’éducation. Par exemple, la sensibilisation aux identités autochtones et la culture sont des étapes importantes sur la voie de la réconciliation.

Les participants veulent également que les non-Autochtones adhèrent et donnent suite aux appels à l’action pertinents de la Commission de vérité et réconciliation et de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, y compris par l’intermédiaire des lois. Le changement social exige le démantèlement des structures qui supportent le colonialisme et cela inclut les structures dans les secteurs des arts, de la culture et du patrimoine.

« La réconciliation n’est pas le problème des Autochtones. C’est le problème des colonisateurs. » (Commentaire original en anglais)

Réconciliation par les relations

« Et si vous voulez vraiment la réconciliation, vous renoncerez aux idées stéréotypées que vous entretenez concernant notre art autochtone. Vous n’appellerez pas quelqu’un au dernier moment pour exécuter une danse traditionnelle à votre événement. Vous ne prendrez pas deux jours pour appeler quelqu’un à conclure un partenariat avec vous parce que vous avez besoin d’une bourse destinée aux Autochtones. Et vous ne présumerez pas que vous en savez plus long que nous sur nos arts simplement parce que vous avez suivi un cours sur l’art autochtone au Canada ou parce que vous travaillez dans un musée au Canada. Et c’est cela la réconciliation : c’est la reconnaissance du fait que nous avons plus de 14 000 ans d’expression artistique. » (Commentaire original en anglais)

Il a été mentionné que la réconciliation exige de véritables relations entre les communautés autochtones et non autochtones. Les participants ont souligné la nécessité de créer des environnements dans lesquels les personnes autochtones et non autochtones peuvent avoir ensemble des discussions respectueuses. Certains participants ont mentionné que, dans les faits, la décolonisation ne peut pas être intégrée aux politiques et doit s’appuyer sur les relations.

« La réconciliation ne viendra pas des politiciens, elle viendra des conteurs. » (Commentaire original en anglais)

Dans une intention de décolonisation, les participants ont mentionné plusieurs mesures qui pourraient être adoptées par les institutions artistiques, culturelles et patrimoniales pour aborder la question de l’héritage colonial du Canada en ce qui concerne les peuples autochtones. Par exemple, l’on pourrait identifier les préjugés personnels et systémiques, éliminer les stéréotypes négatifs dans les institutions, remettre en question le privilège et le pouvoir des dirigeants des secteurs, ainsi que déployer des efforts visant à accroître la représentation des Autochtones à tous les niveaux, y compris aux postes de direction et de décision. L’on pourrait aussi accorder de la place aux connaissances autochtones et à la vision autochtone du monde dans les politiques et les programmes, amplifier les voix autochtones en soutenant la souveraineté narrative et l’accroissement des possibilités d’autodétermination dans les domaines des arts, de la culture et du patrimoine autochtones.

« D’abord, [il faut] être en mesure d’éclairer et potentiellement éliminer ce qui constitue nos biais dans les politiques, dans la programmation, dans la façon dont on s’organise en institution, et dans nos approches artistiques et muséales, par exemple. Et en même temps de faire cet effort, [il faut] établir des contacts. »

Faire entendre les voix des jeunes Autochtones

Il faut faire entendre les voix des jeunes Autochtones et leur donner une place centrale dans les arts et la culture du Canada. Les panélistes ont expliqué qu’un engagement à faire entendre les voix des jeunes Autochtones contribuera à faire connaître leurs récits au public. La diffusion de leurs récits, par exemple sous la forme d’un court métrage, incitera les gens à vouloir en apprendre davantage sur les jeunes Autochtones.

« Pour ma part et la part du Wapikoni mobile, toutes nos actions sont dirigées à inspirer les jeunes Autochtones, à leur donner envie de s’impliquer, de faire entendre leurs voix. Notre mission première est vraiment basée sur [le fait de] travailler à assumer plus de leadership auprès des jeunes Autochtones. […] l’impact indirect qu’on a, c’est vraiment d’inspirer la population générale à connaître davantage les Autochtones, les amener, par le visionnement des films produits par les jeunes de la communauté, d’entendre les vraies histoires produites par les jeunes, avec les mots qu’ils choisissent, le visuel, le style qu’ils choisissent. C’est inspirer les gens à mieux nous connaître, à faire le premier pas, par le visionnement de ces courts métrages. »

Pour cela, il faut que les collectivités autochtones aient accès à la large bande.

S’inspirer de la vision autochtone du monde pour combattre les changements climatiques

Il a été reconnu que les peuples autochtones ont des connaissances et des expériences vécues qui leur sont propres en ce qui concerne leur relation avec le monde naturel. Certaines personnes ont mentionné que, dans un esprit de lutte contre les changements climatiques et de promotion de la décolonisation, les institutions des domaines des arts, de la culture et du patrimoine devraient faire de la place et rendre hommage aux peuples autochtones et à leurs visions du monde dans les structures organisationnelles et de gouvernance. Certains participants ont ajouté que cela devrait être une condition pour recevoir du financement.

Un aîné a fait remarquer que, même s’il jugeait les discussions encourageantes et si le désir de changement était évident, il faut s’efforcer davantage d’intégrer la vision autochtone du monde.

« Cela a vraiment été une occasion manquée pour nous de participer pleinement, car le rassemblement à l’occasion du Sommet était idéal pour faire découvrir au public des enseignements culturels autochtones offerts par des Autochtones attachés à leur lien spirituel à la Terre mère, pour présenter leurs chants et danses dans le respect de toutes les formes de création et, par l’intermédiaire des enseignements traditionnels des aînés de nos Nations… pour trouver l’espoir et la reconnaissance d’un monde plus écologique afin de répondre à nos préoccupations actuelles et futures en matière de changements climatiques. » (Commentaire original en anglais)

Rehausser le profil du Canada sur la scène internationale

Les participants ont dit qu’ils aimeraient rehausser le profil international des secteurs des arts, de la culture et du patrimoine du Canada afin d’accroître la demande mondiale de talents et de productions artistiques canadiens.

Mettre en valeur l’art des groupes méritant l’équité

De nombreuses personnes croient notamment qu’il est essentiel de fournir davantage de financement pour soutenir la création et la présentation d’œuvres par des groupes méritant l’équité sur la scène internationale. Il y a un grand intérêt pour ces histoires. Les auditoires veulent voir les personnes qui font partie intégrante du tissu du Canada moderne. On a aussi souligné l’importance de mieux écouter les communautés méritant l’équité pour comprendre comment favoriser la promotion de leurs voix. Parallèlement, certains participants ont souligné que la possibilité de se lancer sur les marchés internationaux et de diffuser leur travail en ligne, comme d’autres le font, est limitée pour les communautés éloignées, y compris de nombreuses communautés inuites, métisses et des Premières Nations, notamment par le manque d’accès à une connexion Internet stable et à la technologie.

« Il peut être très difficile d’accéder aux marchés internationaux. Il s’agit, comme pour beaucoup d’autres questions, d’un problème de ressources, et malheureusement, en raison des inégalités historiques, les ressources sont assez consolidées. » (Commentaire original en anglais)

Collaboration entre les instances gouvernementales, les ministères et les artistes canadiens

Les participants ont également dit qu’ils aimeraient voir davantage de coopération entre les différents ordres de gouvernement (c.-à-d. municipaux, provinciaux et fédéral) pour favoriser le commerce international. Ils ont indiqué qu’il devrait y avoir une collaboration pour assurer la cohérence entre les ministères, particulièrement entre Patrimoine canadien et Affaires mondiales Canada.

« Lorsque nous nous adressons aux gens qui s’occupent de la culture au gouvernement, on nous dit : “Eh bien, vous êtes une entreprise, alors adressez-vous aux gens qui s’occupent des entreprises”, mais lorsque nous faisons appel aux gens qui s’occupent des entreprises, on nous dit : “vous êtes de la culture artistique, adressez-vous aux gens qui s’occupent des secteurs des arts et de la culture”. » (Commentaire original en anglais)

On a mentionné que le contenu canadien se vend dans le monde entier, mais qu’il faut un appui et des outils pour se lancer sur les marchés internationaux. Certaines personnes ont exprimé le souhait que le gouvernement élabore une stratégie de puissance douce qui fournirait un soutien et des conseils sur l’établissement d’une présence à l’échelle internationale.

Garder les talents canadiens au Canada

Cependant, les gens croient qu’il est important de créer des mesures incitatives pour garder les talents canadiens au Canada à mesure que le marché canadien se développe. Les artistes et les travailleurs culturels ne devraient pas avoir à quitter le pays pour connaître un succès international. Garder des personnes de talent au Canada est essentiel.

« Nous aimerions vraiment uniformiser les chances, augmenter la production canadienne et garder les artistes canadiens ici. » (Commentaire original en anglais)

Tirer parti du pouvoir des arts et de la culture pour favoriser le changement social

Dans son discours à la réception d’accueil du Sommet, le premier ministre a souligné la capacité unique des secteurs des arts, de la culture et du patrimoine du Canada à « faire jaillir de la lumière d’une manière ou d’une autre à cette époque de grand cynisme, scepticisme et polarisation » et à « tendre la main et saisir cette humanité qui nous rassemble ».

Dans le même ordre d’idées, dans son discours d’ouverture, le ministre a indiqué que l’une des questions au cœur même du sommet était la suivante : « Comment pouvons-nous positionner ces secteurs comme des miroirs du changement social ? »

En ce qui concerne les arts et le changement social, un expert a parlé de l’importance de considérer l’art comme un moyen de faire une différence dans la vie des gens. Des appels ont été lancés pour reconnaître les contributions de la culture à la vie citoyenne du Canada et en tirer parti pour améliorer les résultats sociaux.

« Les œuvres artistiques peuvent certainement être des catalyseurs de changement dans nos sociétés, et c’est pourquoi l’accès aux arts et aux produits culturels est essentiel! »

Écologisation des secteurs des arts et de la culture

Au cours des séances en petits groupes et au moyen de l’outil de mobilisation en ligne, les participants ont évoqué le fait que les artistes peuvent servir de modèles pour inspirer des actions plus écologiques. On a mentionné que les secteurs des arts, de la culture et du patrimoine pourraient devenir des chefs de file en matière de durabilité environnementale et diriger des discussions avec les Canadiens sur la question des changements climatiques (p. ex., grâce aux programmes des musées et à la participation des jeunes).

Les participants ont également ajouté qu’il faudrait établir des indicateurs de rendement pour pouvoir mesurer le changement. Cela pourrait mener à la création de normes environnementales qui pourraient ensuite servir à responsabiliser les personnes et les organisations des différents secteurs.

Certaines personnes ont suggéré que le gouvernement devrait offrir un financement et un soutien aux organisations pour mettre en œuvre des stratégies écologiques, des pratiques durables et des mesures de compensation des émissions de carbone, y compris des initiatives à l’échelle locale. Un participant a proposé de créer de nouvelles politiques, par exemple élaborer une politique culturelle et muséale entièrement nouvelle avec une attention particulière sur la durabilité environnementale.

« Si nous avions une stratégie et des politiques entièrement écologiques, à quoi ressembleraient-elles? » (Commentaire original en anglais)

Prendre des mesures à l’égard de la polarisation

Au cours de l’une des séances plénières, l’idée des spectacles sur scène comme outil de lutte contre la polarisation idéologique a été soulevée pendant les discussions. Quelques personnes ont indiqué que les spectacles sur scène se prêtent tout particulièrement à la lutte contre les mensonges, la désinformation et la division, phénomènes que nous pouvons observer sur Internet, car ils rassemblent les gens dans un même lieu. « C’est une rencontre » a dit l'un d'eux.

« Ne nous voyez pas comme des gens qui ont les mains tendues […] voyez-nous comme des personnes qui peuvent résoudre d’énormes problèmes que les plateformes numériques sont en train de créer et faites participer les artistes et les producteurs des arts de la scène à la résolution de ce problème et rassembler le pays. » (Commentaire original en anglais)

Conclusion

Pendant une journée et demie, les participants du Sommet se sont réunis pour discuter de l’état des arts, de la culture et du patrimoine au Canada. Ils ont relevé un large éventail de défis existants et émergents et ont parlé avec éloquence de la nécessité de trouver des solutions novatrices. Riches et diverses, les discussions ont porté sur les quatre thèmes du Sommet, soit la promotion de la compétitivité et de la croissance à long terme; le retour des spectateurs et la conquête de nouveaux publics; le rôle des plateformes numériques dans les secteurs des arts, de la culture et du patrimoine; et la contribution des secteurs culturels à la réconciliation, à la lutte contre les changements climatiques et à l’édification d’une société ouverte et plus inclusive.

Lors des conversations sur les pistes d’action futures, on a déterminé un certain nombre d’outils politiques et législatifs existants dont on peut tirer parti pour apporter des changements. Les prochaines étapes concrètes comprendront :

Le Sommet national sur la culture a offert une occasion longtemps attendue de réunir des dirigeants et des praticiens de tous les secteurs pour tenir des conversations pressantes. Les discussions qui ont eu lieu continueront d’éclairer les prochaines étapes du gouvernement pour soutenir les secteurs des arts, de la culture et du patrimoine et au bénéfice de tous les Canadiens.

Annexe A : Transcription visuelle par AHA! Graphic Facilitation

Cette annexe contient une transcription visuelle des discussions qui ont eu lieu lors des séances plénières et des réunions en petits groupes du Sommet. Les images ont été dessinées dans la salle où se déroulaient les discussions par une preneuse de notes qui interprétait ces discussions sous forme écrite et graphique en simultané, dans les deux langues officielles. On y retrouve des fautes d’épellation, faites dans le feu de l’action, qui n’ont pas été corrigées afin de préserver l’intégrité des images.

Causerie avec des chefs de file des arts, de la culture et du patrimoine

Figure 1 – Causerie avec des chefs de file des arts, de la culture et du patrimoine
Caricature des panélistes avec des extraits de conversation reflétant les messages clés.

Source : AHA! Graphic Facilitationahagraphic.com [en anglais seulement]

Texte descriptif – Causerie avec des chefs de file des arts, de la culture et du patrimoine

Titre

Causerie avec des chefs de file des arts, de la culture et du patrimoine
Patrimoine canadien
Ottawa, le 3 mai 2022

Liste des panélistes

  • Cameron Bailey, Chef de la direction du Festival international du film de Toronto; Simon Brault, Chef de la direction du Conseil des arts du Canada; Valerie Creighton, Chef de la direction du Fonds des médias du Canada

Commentaires dans l’image

  • La culture joue un rôle de rassembleur et il existe un risque de concentration de propriété*
  • Pendant la pandémie, les streamers ont envahi la scène et ont nui à la consommation de la production artistique canadienne*
  • Je suis heureux de voir plus d’œuvres autochtones à l'écran et j'espère qu’elles deviendront le centre où elles devraient être*
  • Festivals artistiques*
  • Pendant la pandémie on a enfin pu faire du soutien financier aux artistes
  • On veut s’assurer qu’on se joint à la table des arts et culture dans toute notre diversité
  • Croissance ?*
  • Comment redistribuer ?*
  • Que valorisons-nous dans notre société*
  • Fonds d'innovation*
  • La mode autochtone à Milan*
  • Oui, un accent sur le marché intérieur, mais nous devons également être présents sur la scène internationale*
  • Trop de personnes sont exclues de la table de discussion. Et pourquoi ne pas se débarrasser de la table ?*
  • Les histoires, et non les politiques, apporteront le changement*
  • Oui, nous ne voulons pas jeter le bébé avec l'eau du bain mais il est définitivement temps de changer cette eau du bain !*
  • Nous devons tirer parti des grands talents dont nous disposons*
  • de : programmes, à : conversations de haut niveau*
  • La C-11 est la clé, mais une clé plus importante est de savoir : qu’est-ce que nous allons faire avec l'argent que nous avons ?*
  • Les arts et la culture sont en forte demande*
  • Voulons-nous, au niveau national, faire partie de cette scène ?*

Produit par :

AHA! Graphic Facilitation, ahagraphic.com, transcription visuelle

* (Commentaire original en anglais)

Soutien aux travailleurs des secteurs des arts, de la culture et du patrimoine

Figure 2 – Soutien aux travailleurs des secteurs des arts, de la culture et du patrimoine
Estrade devant lequel est assis un public. Tout autour, il y a des extraits de texte et des images représentant les points clés des discussions.

Source : Aha! Graphic Facilitationahagraphic.com [en anglais seulement]

Texte descriptif – Soutien aux travailleurs des secteurs des arts, de la culture et du patrimoine

Titre

Soutien aux travailleurs des secteurs des arts, de la culture et du patrimoine
Ottawa, le 3 mai 2022

Commentaires dans l’image

  • Patrimoine canadien
  • Il n’y a pas de culture sans artistes!
  • Gideon Arthurs, Théâtre Soulpepper
  • Eleanor Noble, Association des artistes canadiens de la télévision et de la radio
  • John Lewis, AI [Alliance internationale des employés de scène, de théâtre et de cinéma]
  • Arden Ryshpan, Canadian Actors’ Equity Association
  • La PCU a reconnu les travailleurs de notre secteur*
  • Appuis audio vis[uel]
  • Héros de la scène
  • AV [audio visuel] bien payés et on rebondit
  • Arts de scène a souffert et la fissure s’est agrandi
  • La pandémie a vu les travailleurs du théâtre passer au cinéma et ne plus revenir*
  • Pertes humaines importantes*
  • C-11 ; nous applaudissons sa flexibilité*
  • Le reste du Canada doit se joindre au Québec pour partager avec le monde entier*
  • La numérisation des spectacles en direct ne suffit pas*
  • Le ministère du Patrimoine a écouté*
  • Action*
  • Et le gouvernement pourrait : financer la formation ; offrir un revenu de base universel*
  • On voudrait être vus pas comme des mendiants demandant de l’argent, mais plutôt en tant que des acteurs rassemblés qui peuvent apporter des solutions !
  • On a besoin de représenter les petits joueurs comme les grands
  • Gardons nos travailleurs ici*
  • 40% des travailleurs culturels voulaient partir...début de la pandémie*
    • $
    • Formation*
    • Professionnalisation*
  • Nous ne voulons pas que le « streaming de la pandémie » fixe des tarifs bas qui affectent la rémunération des artistes*
  • Le numérique aide les musées à devenir accessibles
  • De la production des arts à l'accueil des arts*

Produit par :

AHA! Graphic Facilitation, ahagraphic.com

* (Commentaire original en anglais)

Les arts, la culture et le patrimoine, catalyseurs du changement

Figure 3 – Les arts, la culture et le patrimoine, catalyseurs du changement
Collage des messages par le modérateur, les panélistes et le public pendant la partie des questions-réponses.

Source : Aha! Graphic Facilitationahagraphic.com [en anglais seulement]

Texte descriptif – Les arts, la culture et le patrimoine, catalyseurs du changement

Titre

Les arts, la culture et le patrimoine, catalyseurs du changement
Patrimoine canadien

Commentaires dans l’image

  • Inspirez*
  • Représentation des personnes de couleur et des personnes en situation de handicap*
  • Les arts sont un véhicule de changement : pour la préservation de la culture
  • Jeunes autochtones*
  • Wapikoni Mobile est venu pour addresser un problème de suicide, on y voit le pouvoir d’inspirer
  • Il faut faire de la place pour les voix autochtones mais aussi leur donner le temps de venir au rendez-vous
  • Le gouvernement doit aller VERS communautes éloignées des centres culturels
  • Pourquoi entendons-nous tant parler de risques lors du recrutement de groupes diversifiés*
  • Il faut outiller les artistes et leur permettre de mesurer leur progrès
  • Parler à la communauté*
  • Systèmes de subvention*
  • Financement de base*
  • Nous devons collecter des données sur la race, afin de savoir qui est absent et d'aider à aller au-delà du changement de cases à cocher*
  • Quand les artistes prennent le micro, on les écoute
  • Leurs gestes font écho
  • Recadrage par le design*
  • Le gouvernement doit encourager les initiatives sociales pour que les artistes apportent des changements*
  • Le gouvernement doit montrer qu'il reconnaît la valeur des arts dans tous les secteurs en nous impliquant à tous les niveaux*
  • En tant que sénateur, je vous encourage à continuer à défendre ceux qui sont oubliés et à attirer l'attention de ceux qui regardent de l’extérieur*
  • Le gouvernement doit nous aider à financer la recherche*
  • J'invite toutes les organisations culturelles à inclure les aînés dans la programmation et la prise de décision*
  • Pendant trop longtemps, le design et l'art ont perpétué le colonialisme*
  • Le gouvernement peut changer cela par l'éducation scolaire*
  • L'éducation sur la race*
  • Les connaissances autochtones*
  • Les artistes s'améliorent en vieillissant*
  • Nous devons considérer les arts pour…*
  • Nous devrions sortir de ce cycle de plaidoyer centré sur la vision des arts pour leur seule valeur financière/commerciale*

Produit par :

AHA! Graphic Facilitation, ahagraphic.com, transcription visuelle

* (Commentaire original en anglais)

L’évolution des publics et des visiteurs au Canada

Figure 4 – L’évolution des publics et des visiteurs au Canada
caricatures de personnes se tenant la main, ainsi qu’une liste de sujets, de questions, de réponses et d'idées soulevés lors de la séance.

Source : Aha! Graphic Facilitationahagraphic.com [en anglais seulement]

Texte descriptif – L’évolution des publics et des visiteurs au Canada

Titre

L’évolution des publics et des visiteurs au Canada

Commentaires dans l’image

  • Pour qui faisons-nous cela ?*
  • Nous devons nous adresser à tous les publics*
  • Nous devons établir des relations, la confiance, l'engagement*
  • Ils sont enthousiasmés par nos vedettes*
  • Ne nous focalisons pas sur les vedettes internationales*
  • Qu'est-ce qui donne du sens à nos publics ?*
  • Représenter la diversité*
  • Financer des langues diverses*
  • Valeur internationale?*
  • Médiation culturelle*
  • Recrutement*
  • La culture occidentale ne représente pas toutes les expériences culturelles*
  • S'ouvrir à toutes les communautés*
  • Les faire entrer dans le jeu*
  • Inclure les groupes à faible revenus*
  • Journées de « prix réduit »*
  • Qui prend les décisions*
  • Accueillir les gens*
  • Il faut une capacité de développement du public*
  • Comment mesurer des résultats tangibles ?*
  • Nous avons besoin d'un produit qu'ils veulent acheter*
  • Des données transparentes sont essentielles*
  • Traduire les programmes dans la communauté*
  • Utiliser le numérique comme un outil pour attirer tout le monde*
  • La stabilité est la base de l'innovation... nous avons besoin de financeurs !*
  • Nous devons attirer les jeunes*
  • Nous devons partager les meilleures pratiques et poursuivre le dialogue*
  • Le processus au départ est essentiel... et il commence aujourd'hui !*
  • Focus sur ce que nous avons en commun
  • Les activités culturelles nous joignent

Produit par :

AHA! Graphic Facilitation, Sara Heppner

* (Commentaire original en anglais)

Écologisation des secteurs des arts, de la culture et du patrimoine

Figure 5 – Écologisation des secteurs des arts, de la culture et du patrimoine
Des extraits de messages clés et ceux-ci sont associés à des caricatures de participants anonymes.

Source : Aha! Graphic Facilitationahagraphic.com [en anglais seulement]

Texte descriptif – Écologisation des secteurs des arts, de la culture et du patrimoine

Titre

Écologisation des secteurs des arts, de la culture et du patrimoine
Ottawa, le 3 mai 2022

Commentaires dans l’image

  • La croissance à quel prix? Il faut faire des sacrifices dans le secteur. Lesquels?
  • Oui, pour centrer le savoir autochtone sans accabler les communautés en leur demandant des solutions à nos problèmes*
  • Travail interne en pensant à la terre*
  • Pensez à la réconciliation !*
  • Nous avons tant à apprendre des gardiens de la terre du savoir indigène.*
  • Voyez grand !*
  • Pour qu'il y ait la réconciliation, il faut du temps pour apprendre à se connaître, mais nous vivons dans des cultures de production et de capitalisme qui reposent sur des rencontres rapides et précipitées8
  • Les artistes sont également contraints de se couler dans le moule des entrepreneurs alors qu'ils pourraient être considérés pour leur vision culturelle et spirituelle de l'état de l'humanité et de la planète*
  • Connaissance de l'avenir*
  • Connaissance du présent*
  • Connaissance du passé*
  • En tant qu'homme inuit, je constate que les connaissances d'hier sont différentes de celles d'aujourd'hui : un jeune homme qui est sur le terrain tous les jours peut mieux vous dire quelle glace est sûre, en raison du changement climatique !*
  • Les artistes sont des amplificateurs de messages qui peuvent réellement créer un changement.*
  • Quelle opportunité d'influence !

Produit par :

AHA! Graphic Facilitation, ahagraphic.com*

* (Commentaire original en anglais)

Inclusion, diversité et accessibilité

Figure 6 – Inclusion, diversité et accessibilité
Feuille de route qui sert de toile de fond sur laquelle sont apposées les différentes considérations portant sur l'identification des problèmes et des solutions.

Source : Aha! Graphic Facilitationahagraphic.com [en anglais seulement]

Texte descriptif – Inclusion, diversité et accessibilité

Titre

Inclusion, diversité et accessibilité
le 3 mai 2022, Ottawa

Commentaires dans l’image

  • C’est le temps de partager des solutions
  • N'attendons pas les solutions politiques.*
  • Quel pouvoir avez-vous dans votre contexte pour effectuer des changements ?*
  • Il faut bonnifier les échelles de soutien
  • Il nous faut des fiches d’adhésion pour que les producteurs puissent faire des recherches pour trouver des artistes de minorités visibles dans une base de données
  • Il y a maintenant un élan autour du changement et nous devons le saisir !*
  • Passer du mentorat à l'échange*
  • Passer d'efforts disparates à un travail coordonné structuré*
  • Parler honnêtement et payer ceux à qui on demande de représenter ceux qui ne le sont pas!
  • Si vous voulez des personnes de couleur à titre symbolique, payez-les !*
  • Permettre le financement opérationnel au lieu d'exiger des programmes qu'ils débloquent des fonds*
  • Évaluation des risques : Ne pas laisser entrer la diversité ou laisser entrer la diversité*
  • Qui effectue cette évaluation ? Il est nécessaire de diversifier les conseils d'administration*
  • Pour ne pas faire des efforts isolés il faut fédérer ces initiatives
  • Oui, les solutions résident dans les organisations, mais elles sont d'abord et avant tout entre les mains des personnes*
  • Nous devons moderniser l'évaluation par les pairs*

Produit par :

AHA! Graphic Facilitation, ahagraphic.com

* (Commentaire original en anglais)

Innovation et croissance au cœur de la révolution numérique

Figure 7 – Innovation et croissance au cœur de la révolution numérique
Dans cette séance en petits groupes on peut voir un collage textuel d’idées clés soulevées au cours de la séance.

Source : Aha! Graphic Facilitationahagraphic.com [en anglais seulement]

Texte descriptif – Innovation et croissance au cœur de la révolution numérique

Titre

Innovation et croissance au cœur de la révolution numérique

Commentaires dans l’image

  • Qu'est-ce que la transition numérique ? ...s'agit-il vraiment d'un problème numérique ?*
  • Nous sommes au-delà de la transition !*
  • Le numérique d'abord !...ce n'est pas un ajout...nous sommes en retard numériquement...*
  • Établir un sommet économique sur la culture
  • Le modèle économique est en retard
  • Acheter du matériel*
  • Accès aux personnes*
  • Evolutivité*
  • Les bonnes personnes dans des emplois durables*
  • Nous devons utiliser les données*
  • L’infrastructure numérique comme bien social*
  • Revenu de base universel *
  • Partageabilité*
  • L’hybride est plus cher !*
  • Les expériences sont complètement différentes
  • Des objectifs partagés sont essentiels*
  • Développer des coopératives de plateforme*
  • Représentation de toutes les communautés, c.-à-d. autochtones*
  • Promouvoir l’inclusion créatrice
  • Il faut se tenir à jour
  • Numérique pour raisons créatives
  • Les droits des créateurs sont plus difficiles*
  • Adopter des technologies qui surveillent*
  • Rendre le contenu canadien découvrable*
  • Embrasser le changement
  • Chercher les partenariats
  • Soutenir la formation *
  • Besoin d’un accès universel à la large bande*
  • Maintenir le système de contenu canadien*
  • La réalité canadienne est unique
  • Transparence dans les rapports*
  • Littératie numérique
  • Modèle culturel et commercial*
  • Adoption de la C-11*
  • L'expérimentation est essentielle... nous devons travailler tous ensemble. Entreprises. Gouvernement. Privé. Public.*

Produit par :

AHA! Graphic Facilitation, Sara Heppner, ahagraphic.com

* (Commentaire original en anglais)

Le rôle des plateformes numériques et de la technologie dans les domaines des arts de la culture et du patrimoine

Figure 8 – Le rôle des plateformes numériques et de la technologie dans les domaines des arts de la culture et du patrimoine
Dessin humoristique, la partie réservée au public est remplie de zones de texte de différentes formes rapportant les idées échangées lors de la session.

Source : Aha! Graphic Facilitationahagraphic.com [en anglais seulement]

Texte descriptif – Le rôle des plateformes numériques et de la technologie dans les domaines des arts de la culture et du patrimoine

Titre

Le rôle des plateformes numériques et de la technologie dans les domaines des arts, de la culture et du patrimoine
Patrimoine Canada
4 mai 2022

Liste des panélistes

Fenwick McKelvey, Professeur, Université Concordia; Hélène Messier, Présidente-directrice Générale, Association québécoise de la production médiatique; Martin Patriquin; Jeanette Patell, Chef des affaires gouvernementales et des politiques publiques du Canada, YouTube; Jeffrey Remedios, Président-Directeur général de Universal Music Canada; Alain Saulnier, ancien directeur général de Radio-Canada et professeur à l’Université de Montréal

Commentaires dans l’image

  • Que peut faire le gouvernement face à l'économie du streaming ? *
  • Nous devons soutenir les créatifs sur ces forums *
  • Nous devons considérer les fans comme des créateurs eux aussi *
  • Arrêt
  • Ces plateformes se sont énormément enrichies durant la pandémie
  • Il faut mettre fin à ça, comme les efforts en Europe
  • L'Union européenne a modernisé les règles de radiodiffusion *
  • Contenu adapté *
  • Plateformes archivées *
  • Nous pouvons examiner la manière dont YouTube réagit et apprend à propos de la langue et des préférences en matière de contenu local *
  • Soutenir nos artistes, où que soient leurs spectateurs*
  • YouTube est pas le problème, c’est une plateforme
  • Arts canadiens, frais, locaux et sains*
  • Toujours la même toune!
  • Mais le problème de ces plateformes c’est qu’elles servent toujours la même chose, juste de la pizza
  • Est-ce que la législation est une solution aux maux financiers des artistes?
  • Oui, tout aide à la régulation pour redistribuer les richesses *
  • Il faut que cela fonctionne aussi pour les plateformes *
  • La CRTC a une place/un rôle à jouer
  • Il y a là un lieu de débat où on peut distinguer et discuter de ceux qu’on veut ensemble
  • Il existe une tension entre le fait de considérer un comme un contenu à monétiser ou un espace de liberté d'expression *
  • Qui est le gardien de qui entend nos histoires et nos arts ? *
  • Le portail de l'art *
  • Il y a de la magie dans ce qui se vend/obtient des vues sur ces plateformes *
  • Il n'y a pas de conspiration, juste des algorithmes, ce qui est terrifiant *
  • Où sont les pubs/bars qui rassemblent la communauté autour de la musique *
  • En tant qu’artiste j’en ai assez qu’on me demande de devenir un programmeur pour être reconnu. Il faut que le gouvernement nous appuie
  • Même lorsque nous avons du contenu canadien, il est effacé par le partenariat du « marché » américain *
  • Tik Tok est chinois, alors lorsqu’on parle de liberté d’expression j’en passe!
  • 67% du contenu sur internet est en anglais. Il faut que l’État reprenne son rôle d’intervenant
  • 67%
  • C'est là que les talents canadiens sont mis en valeur *
  • Le gouvernement accueille le contenu professionnel. Il ne s'y oppose pas *

Produit par :

AHA! Graphic Facilitation, ahagraphic.com
* (Commentaire original en anglais)

Annexe B : Témoignage artistique des discussions qui ont eu lieu le 3 mai

Le texte suivant a été écrit et interprété par Danielle Le Saux-Farmer (comédienne, metteur en scène, traductrice et directrice artistique) au début des travaux du Sommet le 4 mai 2022, présentant leur représentation des discussions qui ont eu lieu le 3 mai. Les citations de l'artiste concernant les autres participants au sommet ne sont pas exactes. La version originale de ce texte est bilingue, et une version en français est fournie à la suite de la version originale.

Témoignage artistique présenté dans le cadre du Sommet sur la culture du ministère du Patrimoine canadien, mai 2022 Danielle Le Saux-Farmer

Ottawa, Centre national des Arts,

Territoire non cédé algonquin

4 mai 2022, [May the fourth be with you.]

Ma très chère amie,

J’espère que tu vas bien.

Que tu te plais dans ton nouveau travail.

Faut pas dire nouveau travail, en fait. Tu préfères nouvelle vie, c’est ça?

En tout cas, j’espère que tu y trouves ton compte, même si c’est juste une job ben stable, ben tranquille, en comptabilité.

Ce n’est pas pour retourner le fer dans la plaie, pas pour te rendre jalouse, mais je veux te dire d’où je te parle en ce moment.

Ça pourrait te faire mal, que je t’en parle. Je sais que ton départ a été difficile. Que ton choix en a été un de survie.

En fait, je suis en direct du Centre national des arts, devant des centaines de personnes.

As I write to you, en bilingue because why not peanut et aussi parce que je la trouve toujours aussi bonne, la bonne vieille blague du bilinguisme officiel, I’m in Ottawa at the NAC.

I know it’s a place that you dreamed of performing in.

The NAC, at the confluence of rivers as I learned yesterday from Elder Verna McGregor, in front of people who are reflecting on arts and culture’s future here.

In this place, in our communities. In our lives.

I know, I know you hate that expression: arts and culture. Sounds like peas and carrots. Means nothing.

Nonetheless, let me tell you about this Summit on arts and culture, about some of the ideas that I picked up yesterday.

I have no hidden agenda – definitely not to summarize Day 2 proceedings for the participants – just to tell you about my day.

Most of these words are not my own.

I caught them swirling around in the airspace.

Comme on est juste nous deux dans cette missive écrite, je peux me permettre de mémérer sur la soirée du lundi. Attache ta tuque :

Il y avait un 5 à 7, c’était un party « PatCan ». Pour vrai là!

Je te parle pas de ce qu’on faisait ensemble pour finir de rédiger nos maudites demandes de sub.

C’était une ébullition, je te le jure. Tu pourrais penser que c’était sec, mais pas pantoute!

En tout cas, j’imagine que c’était le plus d’action que Patrimoine Canada ait connu depuis… ben, depuis toujours.

Les gens étaient tout émoustillés de se retrouver. Tassés dans comme des sardines, dans une salle de réception trop éclairée – des sardines masquées, bien sûr.

Ça faisait la file sans trop savoir pourquoi : “Ah faut tu choisisses ton drink avant d’acheter le ti-billet”. Ça loadait les petites assiettes des petites boules chaudes du buffet avant le début du vrai party, les discours.

Les discours

Christopher Deacon, président du CNA, a pris la parole et a cristallisé la pandémie comme l’occasion de repenser les arts à long terme. Un accueil digne et chaleureux, et une gracieuse steppette autour du mot « infatigable » qui a permis au Premier Ministre de puncher la suite, comme une passe au hockey. Il y avait Monsieur le ministre Pablo Rodriguez qui ne se pouvait pu d’excitation d’être là!

Content d’être content, comme on dit : « Guys, vous êtes beaux, ah guys, j’suis content, ah guys, j’suis content de vous voir, guys guys guys ».

Le premier ministre nous a rappelé que Culture is Heart.

Il nous a dit, et ça m’a marquée, que « les arts et la culture sont importants, essentiels, sources de rapprochement pour les Canadiennes et les Canadiens, des moteurs économiques, primordiaux, uniques, exceptionnels, lumineux, audacieux, traditionnels, sombres, consubstantiels, troubles, clairs, irremplaçables, sexy, plates, honnêtes, essentiels, et importants pour les Canadiennes et les Canadiens.”

On était surpris d’apprendre que la pandémie de Sophie Prégent a commencé en mars 2019, pauvre elle. Mais elle m’a touchée en parlant de la profonde humanité qui s’est tissée entre nous pendant cette période dévastatrice.

Donc, hier, mon amie, après une journée pleine de discussion, j’ai appris des petites et des grandes choses que je veux te raconter.

J’ai appris des coanimateurs de l’événement, Mani et ShoShona, qu’en fin de discussion en table ronde, les gens ont pas toujours envie d’attendre leurs remarques de conclusions avant de sortir pour la pause santé, et aussi que, même s’il y a des sorties en cas d’incendie dans la Salle Southam, on sait pas trop où elles se trouvent.

Ma conclusion personnelle : on aime tellement parler d’art qu’on préfère rester dans une bâtisse en feu que de vivre sans arts.

Une métaphore pour notre carrière d’artistes d’arts de la scène pendant la pandémie?

En tout cas, toi, tu l’as trouvée, ta sortie de secours.

There were myriad variations on the metaphor of a table as the place of power and storytelling. I’m still trying to sort those out. Honestly, I’d say that today, the table is tired and wants to be left alone.

I had the chance to see Minister Pablo Rodriguez’s TedTalk about the digital revolution, performed in a very attractive fuchsia setting, where we imagined a day without art. Sounded like a platitude to me, but then I thought of you. That you gave up your artistic practice. And also the feeling that came up, when we as performing artists were deemed non-essential.

There was talk of going forward based on our common “Canadian” values.

I know, I know, I was pretty skeptical too. I can even feel you shudder at this absurd pretention that there might just be one common set. If there even should be.

But the Minister talked of Equity, Solidarity, Responsibility, Social Justice, Compassion.

Really! You and I know, words have weight, and they have meaning, if we choose to use them with integrity.

Also, mention of legislative objectives to further already extensive work on Cultural Policy at the CRTC, that platforms need more government oversight and regulation.

To manage this huge and destructive thing for our social fabric called polarization.

Mon amie, c’est en te racontant ces choses que je me rends compte du pourquoi de cette communication. De cette journée, j’ai retiré trois choses qui vont agir, j’espère, à la fois comme un baume et une étincelle pour toi, comme ça a été le cas pour moi.

Les intersections :

Dans une des séances en petit groupe, menée par Mohammed Hashim de la Fondation canadienne des relation raciales, sa collègue Angela Cassie,francophone du Manitoba, a dit, en se présentant « On vit dans beaucoup d’intersections ».

Ces intersections, qui te tiennent à cœur mon amie, sont le fil rouge de ce sommet.

Elles sous-tendent toutes les réflexions.

These are actually the common values that I think permeate all the rest of our thinking about the future of arts and culture.

Fundamental questions were asked:

“What does Canadian heritage look like?

Who holds the power to tell stories?

How do we redistribute attention, power, influence, money?

Reminders of the guiding light of: Nothing about us, without us.

Self-determination.

Dans plusieurs des séances en petit groupe, et autant dans les plénières, nous étions toujours dans cette posture nécessaire même si parfois inconfortable, de l’intersection.

En art, les institutions et les humains qui les dirigent se doivent d’être au carrefour, en besoin urgent, de décoloniser les structures, d’arriver à la Vérité avant même de pouvoir prétendre à la Réconciliation, de mettre en œuvre de véritables luttes antiracistes au sein de nos pratiques et milieux artistiques et culturels, et de se positionner SANS ÉQUIVOQUE sur l’enjeu des changements climatiques, autant dans le propos des artistes que dans la manière dont ceux-ci s’expriment.

Encore et toujours, prendre conscience et acte de la vision prédominante coloniale et eurocentriste de nos structures décisionnelles et des approches au financement de la culture.

En tout cas, je me suis dis que ça te rassurerait, de savoir que ces enjeux deviennent acquis chez les leaders culturels, même si le chemin reste long à parcourir.

La voie empruntée semble être la bonne, même si le comment demeure opaque et sinueux.

Here, my friend, is my second big take-away: The Massey Report

Tu te rappelles le soir où on refaisait le monde autour d’une bouteille de vin?

The night we dissected the Massey Report, that outdated, racist document that serves, thus far, as the cornerstone document for Canadian culture?

Well, my friend, from what I heard, it’s high time to get rid of it as a standing document, and start over.

I hope this comes as a take away for others, that there is a need for a new Commission on Culture.

I won’t say “Canadian culture” but more like, a Commission on Culture on the unceded territories of the First Nations, Métis and Inuit to begin with, then the rest of the title can come later.

Like, ok, Massey was dates back 1949, but they still held 114 public assemblies in 16 Canadian cities with 1200 witnesses and 450 memoirs.

In 2022, we can do that!

If we de-bureaucratize the process, and just gor for it, we can have a new report that tries BETTER to reflect the place we live and share, collectively.

This new commission – mettons, des GRANDS, pas des minis sur deux jours, là, mais de VRAIS États-Généraux sur la Culture qui dureraient des mois, that would allow time to slow down. To have real, truthful consultation, and thoughtful reflection and openness to come up with durable and meaningful and momentous solutions to cyclical problems and broken systems.

Revenu minimum garanti

The Apex of the day.

Le clou. Pas du cercueil, mais bien de la journée.

Ça a été clamé ça et là, en guise de conclusion, ou lancé à la volée dans le cadre des plénières. Mon amie, on a parlé de qualité de vie des artistes!

Je sais, c’est la raison pour laquelle tu es partie.

Fondamentalement, le test-drive social a été fait pendant la pandémie et Sophie Prégent l’a souligné : il y a eu la PCU, la PCRU, la PCTCC…

Ça nous prend une mesure pérenne, qui serait la base d’une reconnaissance de ce travail que font les artistes. Même quand ce travail est invisible.

C’est pas simple à réaliser mon amie, mais je sais que tu es d’accord avec moi, que c’est ça que ça prend : une mesure réellement pérenne.

La question de la condition des artistes est capitale, et Simon Brault l’a dit : on compte encore sur un surplus d’artistes pour maintenir une fausse économie.

C’est un système qui s’auto-dévore et vit aux dépens des artistes.

Tu l’as vécu, et c’est un système qui t’a dévorée.

Au final, mon amie, parce que je sais que tu aimes que j’amène le pot après les fleurs, je te partage une petite chose m’a fait titiller en faisant ce bilan hier soir:

Certaines idées et réflexions radicales ont fusé ici et là hier, et j’ai tenté de les saisir.

Et je ne veux pas avoir la prétention de dire que ça manque totalement de radicalité, mais peut-être un peu.

Dans ce monde « presto » où tout semble près de péter, il faut en avoir des rappels à la pensée et aux solutions radicales. Et qui seront en rupture réelle avec la machine néolibérale et capitaliste qui nous tient tous et toutes à la gorge.

Le premier thème offert par Patrimoine pour ce sommet est le suivant :

Promouvoir la compétitivité et la croissance à long terme

Bien sûr, il faut les définir, ces mots, mais si j’avais eu le privilège de m’adresser au Sommet, j’aurais dit : est-ce que compétitivité et croissance riment réellement avec durabilité?

Ne pourrions-nous pas réfléchir à ces notions de décroissance, préconisées par ceux qui sonnent l’alarme de la crise climatique?

Gideon Arthurs, directeur de l’École national de Théâtre du Canada et Directeur général de Soulpepper Theatre, a lancé, comme un cri du cœur qui serait venu de toi, mon amie : il y a une magie dans le théâtre local! Un théâtre qui s’enracine dans nos communautés. We need to accept as a form of excellence the Intimate conversations happening on a small, local scale.

En ce sens, ne faudrait-il pas ralentir, réellement RALENTIR, pour prendre un recul afin de

  1. apprendre à se parler, à se dire la vérité pour réconcilier et rebâtir des relations de confiance avec des communautés marginalisées, et
  2. de céder sa place ou en créer de nouvelles?

My friend, it reminds me of things we talked about during the pandemic break from “normal life”. The need for slowing down. Radical slowness.

Which tends to bring about another thing: radical kindness.

Et ça, c’est une radicalité artistique qui peut changer le monde.

Ok, je vais terminer ma missive là, mais je veux juste rajouter une chose, mon amie :

Early on Tuesday, Christopher Deacon said: often, in finding solutions and making us think, it is the artist who is ahead of the curve.

Elder Ferna said Art Changes Minds.

For indigenous people, art holds collective memories.

Ça m’a fait penser à toi.

Christopher Deacon nous a rappelé que nous, les artistes, sommes des Phares.

Celles et ceux qui éclairent, qui servent de guides.

De sentinelles.

Je veux que tu laisses ces mots se déposer en toi :

De par ta présence dans l’œuvre de la culture, tu jettes une lumière sur le chemin de ceux qui t’entourent.

Tu illumines de sens une vie, une existence, un monde, qui souvent, n’en a pas.

Je sais que tu as fait ce choix pour toi, de quitter le milieu des arts. C’était trop dur, trop incertain.

Mais moi j’ai envie de te dire :

On a besoin de toi, de têtes-lumières comme les tiennes.

Et même si le chemin peut sembler parsemé d’embûches, même plus qu’avant, il y a plein d’espoir ici, au Sommet.

Des cœurs à la bonne place, et du monde investi.

Qui veulent en profiter pour redéfinir.

Parce qu’au fond, on est tous en quête de beauté, de justice, de communion.

En quête d’art.

Je t’embrasse, mon amie,

Danielle

Version En Français (Note : certains mots en anglais sont en italique et une traduction est fournie entre parenthèses)

Témoignage artistique présenté dans le cadre du Sommet sur la culture du ministère du Patrimoine canadien, mai 2022 Danielle Le Saux-Farmer

Ottawa, Centre national des Arts,

Territoire non cédé algonquin

4 mai 2022, [May the Fourth be With You.] (Que le quatre mai soit avec vous)

Ma très chère amie,

J’espère que tu vas bien.

Que tu te plais dans ton nouveau travail.

Faut pas dire nouveau travail, en fait. Tu préfères nouvelle vie, c’est ça?

En tout cas, j’espère que tu y trouves ton compte, même si c’est juste une job (un emploi) ben

stable, ben tranquille, en comptabilité.

Ce n’est pas pour retourner le fer dans la plaie, pas pour te rendre jalouse, mais je veux te dire d’où je te parle en ce moment.

Ça pourrait te faire mal, que je t’en parle. Je sais que ton départ a été difficile. Que ton choix en a été un de survie.

En fait, je suis en direct du Centre national des arts, devant des centaines de personnes.

As I write to you (Je t’écris ces mots), en bilingue because why not peanut (parce que… pourquoi pas hein ?) et aussi parce que je la trouve toujours aussi bonne, la bonne vieille blague du bilinguisme officiel, je suis à Ottawa au Centre national des Arts.

Je sais que c’est un endroit où tu rêvais de te produire.

Le Centre national des Arts, au confluent des rivières comme je l’ai appris hier de l’aînée Verna

McGregor, devant des personnes qui réfléchissent à l’avenir des arts et de la culture ici.

Dans ce lieu, dans nos communautés. Dans nos vies.

Je sais, je sais que tu détestais cette expression : arts et culture. On dirait des petits pois et des carottes. Ça ne veut rien dire.

Néanmoins, permets-moi de te parler de ce sommet sur les arts et la culture, de certaines des idées que j’ai entendues hier.

Je n’ai pas d’intention cachée, non plus l’intention de te résumer le déroulement de la deuxième journée du point de vue des participants, je veux simplement te parler de ma journée.

La plupart de ces mots ne sont pas de moi.

Je les ai attrapés pendant qu’ils tourbillonnaient dans les airs.

Comme on est juste nous deux dans cette missive écrite, je peux me permettre de mémérer sur la soirée du lundi. Attache ta tuque :

Il y avait un 5 à 7, c’était un party « PatCan ». Pour vrai là!

Je te parle pas de ce qu’on faisait ensemble pour finir de rédiger nos maudites demandes de sub.

C’était une ébullition, je te le jure. Tu pourrais penser que c’était sec, mais pas pantoute!

En tout cas, j’imagine que c’était le plus d’action que Patrimoine Canada ait connu depuis… ben, depuis toujours.

Les gens étaient tout émoustillés de se retrouver. Tassés comme des sardines, dans une salle de réception trop éclairée – des sardines masquées, bien sûr.

Ça faisait la file sans trop savoir pourquoi : “Ah faut tu choisisses ton drink [ta consommation] avant d’acheter le ti-billet”. Ça loadait (empilait) les petites assiettes des petites boules chaudes du buffet avant le début du vrai party, les discours.

Les discours

Christopher Deacon, président du CNA, a pris la parole et a cristallisé la pandémie comme l’occasion de repenser les arts à long terme. Un accueil digne et chaleureux, et une gracieuse steppette (improvisation) autour du mot « infatigable » qui a permis au Premier Ministre de puncher (d’assurer) la suite, comme une passe au hockey. Il y avait Monsieur le ministre Pablo Rodriguez qui ne se pouvait pu d’excitation d’être là!

Content d’être content, comme on dit : « Guys (tout le monde), vous êtes beaux, ah Guys (tout le monde), j’suis content, ah guys (tout le monde), j’suis content de vous voir, Guys, guys, guys (tout le monde) ».

Le premier ministre nous a rappelé que Culture is Heart (la culture, c’est une affaire de cœur).

Il nous a dit, et ça m’a marquée, que « les arts et la culture sont importants, essentiels, sources de rapprochement pour les Canadiennes et les Canadiens, des moteurs économiques, primordiaux, uniques, exceptionnels, lumineux, audacieux, traditionnels, sombres, consubstantiels, troubles, clairs, irremplaçables, sexy, plates, honnêtes, essentiels, et importants pour les Canadiennes et les Canadiens.”

On était surpris d’apprendre que la pandémie de Sophie Prégent a commencé en mars 2019, pauvre elle. Mais elle m’a touchée en parlant de la profonde humanité qui s’est tissée entre nous pendant cette période dévastatrice.

Donc, hier, mon amie, après une journée pleine de discussion, j’ai appris des petites et des grandes choses que je veux te raconter.

J’ai appris des coanimateurs de l’événement, Mani et ShoShona, qu’en fin de discussion en table ronde, les gens ont pas toujours envie d’attendre leurs remarques de conclusions avant de sortir pour la pause santé, et aussi que, même s’il y a des sorties en cas d’incendie dans la Salle Southam, on sait pas trop où elles se trouvent.

Ma conclusion personnelle : on aime tellement parler d’art qu’on préfère rester dans une bâtisse en feu que de vivre sans arts.

Une métaphore pour notre carrière d’artistes d’arts de la scène pendant la pandémie?

En tout cas, toi, tu l’as trouvée, ta sortie de secours.

Il y a eu une multitude de variations sur la métaphore de la table comme lieu de pouvoir et

où l’on peut raconter. J’essaie encore de démêler les fils de ce que j’ai entendu. Très sincèrement, je dirais qu’aujourd’hui, la table est fatiguée et veut qu’on la laisse tranquille.

J’ai eu la chance de voir la discussion TedTalk du ministre Pablo Rodriguez sur la révolution numérique, réalisée dans un très joli décor fuchsia, où nous avons imaginé une journée sans art. Ça me semblait être une platitude, mais ensuite j’ai pensé à toi. Que tu as abandonné ta pratique artistique. Et aussi ce qui a été ressenti, quand nous, en tant qu’artistes interprètes, avons été jugés non essentiels.

Il a été question de penser aux prochaines étapes en fonction de nos valeurs « canadiennes » communes. Je sais, je sais, j’étais assez sceptique aussi. Je peux même te sentir frémir en entendant cette prétention absurde qu’il puisse y avoir un seul ensemble commun. Si tant est qu’il faille en avoir un. Mais le ministre a parlé d’équité, de solidarité, de responsabilité, de justice sociale et de compassion.

Vraiment! Toi et moi le savons, les mots ont un poids, et ils ont un sens, si nous choisissons de les utiliser avec intégrité.

De plus, il a été question d’objectifs législatifs pour poursuivre le travail important déjà réalisé à l’égard de la politique culturelle au CRTC, que les plateformes ont besoin de plus de surveillance et de réglementation de la part du gouvernement. Pour gérer la polarisation, cette chose énorme et destructrice pour notre tissu social.

Mon amie, c’est en te racontant ces choses que je me rends compte du pourquoi de cette communication. De cette journée, j’ai retiré trois choses qui vont agir, j’espère, à la fois comme un baume et une étincelle pour toi, comme ça a été le cas pour moi.

Les intersections :

Dans une des séances en petit groupe, menée par Mohammed Hashim de la Fondation canadienne des relation raciales, sa collègue Angela Cassie, francophone du Manitoba, a dit, en se présentant « On vit dans beaucoup d’intersections ».

Ces intersections, qui te tiennent à coeur mon amie, sont le fil rouge de ce sommet.

Elles sous-tendent toutes les réflexions.

Ce sont en fait les valeurs communes qui, je pense, imprègnent tout le reste de notre réflexion sur l’avenir des arts et de la culture.

Des questions fondamentales ont été posées :

« À quoi ressemble le patrimoine canadien?

Qui détient le pouvoir de la narration?

Comment redistribuer l’attention, le pouvoir, l’influence, l’argent? »

Des rappels du principe phare : Rien sur nous, sans nous.

Autodétermination.

Dans plusieurs des séances en petit groupe, et autant dans les plénières, nous étions toujours dans cette posture nécessaire même si parfois inconfortable, de l’intersection.

En art, les institutions et les humains qui les dirigent se doivent d’être au carrefour, en besoin urgent, de décoloniser les structures, d’arriver à la Vérité avant même de pouvoir prétendre à la Réconciliation, de mettre en œuvre de véritables luttes antiracistes au sein de nos pratiques et milieux artistiques et culturels, et de se positionner SANS ÉQUIVOQUE sur l’enjeu des changements climatiques, autant dans le propos des artistes que dans la manière dont ceux-ci s’expriment.

Encore et toujours, prendre conscience et acte de la vision prédominante coloniale et eurocentriste de nos structures décisionnelles et des approches au financement de la culture.

En tout cas, je me suis dis que ça te rassurerait, de savoir que ces enjeux deviennent acquis chez les leaders culturels, même si le chemin reste long à parcourir.

La voie empruntée semble être la bonne, même si le comment demeure opaque et sinueux.

Voici, mon amie, ma deuxième grande leçon : le rapport Massey

Tu te rappelles le soir où on refaisait le monde autour d’une bouteille de vin?

La nuit où nous avons disséqué le rapport Massey, ce document démodé et raciste qui sert, jusqu’à présent, de document fondamental pour la culture canadienne?

Eh bien, mon amie, d’après ce que j’ai entendu, il est grand temps de s’en débarrasser comme document permanent et de recommencer.

J’espère que cela pourra servir à d’autres, qu’il y a un besoin pour une nouvelle Commission de la culture.

Je ne dirai pas « culture canadienne », mais plutôt une commission de la culture sur les territoires non cédés des Premières Nations, des Métis et des Inuits pour commencer, puis le reste du titre peut venir plus tard.

Bon, d’accord, Massey remonte à 1949, mais on a quand même tenu 114 assemblées publiques dans 16 villes canadiennes avec 1 200 témoins et 450 mémoires.

En 2022, nous sommes capables de le refaire!

Si on ôte le fardeau bureaucratique du processus, et qu’on fonce, on pourrait avoir un nouveau rapport qui essaie de MIEUX refléter l’endroit où nous vivons et que nous partageons, collectivement.

Cette nouvelle commission, mettons, des GRANDS, pas des minis sur deux jours, là, mais de VRAIS États-Généraux sur la Culture qui dureraient des mois, qui permettraient au temps de ralentir. Avoir une vraie consultation sincère, et une réflexion et une ouverture approfondies pour trouver des solutions durables, significatives et importantes aux problèmes cycliques et aux systèmes brisés.

Revenu minimum garanti

L’apogée de la journée.

Le clou. Pas du cercueil, mais bien de la journée.

Ça a été clamé ça et là, en guise de conclusion, ou lancé à la volée dans le cadre des plénières. Mon amie, on a parlé de qualité de vie des artistes!

Je sais, c’est la raison pour laquelle tu es partie.

Fondamentalement, le test-drive (l’essai de route) social a été fait pendant la pandémie et Sophie Prégent l’a souligné : il y a eu la PCU, la PCRU, la PCTCC…

Ça nous prend une mesure pérenne, qui serait la base d’une reconnaissance de ce travail que font les artistes. Même quand ce travail est invisible.

C’est pas simple à réaliser mon amie, mais je sais que tu es d’accord avec moi, que c’est ça que ça prend : une mesure réellement pérenne.

La question de la condition des artistes est capitale, et Simon Brault l’a dit : on compte encore sur un surplus d’artistes pour maintenir une fausse économie.

C’est un système qui s’auto-dévore et vit aux dépens des artistes.

Tu l’as vécu, et c’est un système qui t’a dévorée.

Au final, mon amie, parce que je sais que tu aimes que j’amène le pot après les fleurs, je te partage une petite chose m’a fait titiller en faisant ce bilan hier soir:

Certaines idées et réflexions radicales ont fusé ici et là hier, et j’ai tenté de les saisir.

Et je ne veux pas avoir la prétention de dire que ça manque totalement de radicalité, mais peut-être un peu.

Dans ce monde « presto » où tout semble près de péter, il faut en avoir des rappels à la pensée et aux solutions radicales. Et qui seront en rupture réelle avec la machine néolibérale et capitaliste qui nous tient tous et toutes à la gorge.

Le premier thème offert par Patrimoine pour ce sommet est le suivant :

Promouvoir la compétitivité et la croissance à long terme

Bien sûr, il faut les définir, ces mots, mais si j’avais eu le privilège de m’adresser au Sommet, j’aurais dit : est-ce que compétitivité et croissance riment réellement avec durabilité?

Ne pourrions-nous pas réfléchir à ces notions de décroissance, préconisées par ceux qui sonnent l’alarme de la crise climatique?

Gideon Arthurs, directeur de l’École national de Théâtre du Canada et Directeur général de Soulpepper Theatre, a lancé, comme un cri du cœur qui serait venu de toi, mon amie : il y a une magie dans le théâtre local! Un théâtre qui s’enracine dans nos communautés. Nous devons accepter comme une forme d’excellence les Conversations intimes qui se déroulent à une petite échelle locale.

En ce sens, ne faudrait-il pas ralentir, réellement RALENTIR, pour prendre un recul afin de

  1. apprendre à se parler, à se dire la vérité pour réconcilier et rebâtir des relations de confiance avec des communautés marginalisées, et
  2. de céder sa place ou en créer de nouvelles?

Mon amie, cela me rappelle les choses dont nous avons parlé pendant la pause de la « vie normale » dans le contexte de la pandémie. La nécessité de ralentir. Une lenteur radicale.

Ce qui tend à faire apparaître une autre chose : la gentillesse radicale.

Et ça, c’est une radicalité artistique qui peut changer le monde.

Ok, je vais terminer ma missive là, mais je veux juste rajouter une chose, mon amie :

En début de journée mardi, Christopher Deacon a déclaré : souvent, en trouvant des solutions et en suscitant la réflexion, c’est l’artiste qui est en avance sur son temps.

L’Aîné Verna a dit que l’art change les façons de penser.

Pour les Autochtones, l’art est porteur de souvenirs collectifs.

Ça m’a fait penser à toi.

Christopher Deacon nous a rappelé que nous, les artistes, sommes des Phares.

Celles et ceux qui éclairent, qui servent de guides.

De sentinelles.

Je veux que tu laisses ces mots se déposer en toi :

De par ta présence dans l’œuvre de la culture, tu jettes une lumière sur le chemin de ceux qui t’entourent.

Tu illumines de sens une vie, une existence, un monde, qui souvent, n’en a pas.

Je sais que tu as fait ce choix pour toi, de quitter le milieu des arts. C’était trop dur, trop incertain.

Mais moi j’ai envie de te dire :

On a besoin de toi, de têtes-lumières comme les tiennes.

Et même si le chemin peut sembler parsemé d’embûches, même plus qu’avant, il y a plein d’espoir ici, au Sommet.

Des cœurs à la bonne place, et du monde investi.

Qui veulent en profiter pour redéfinir.

Parce qu’au fond, on est tous en quête de beauté, de justice, de communion.

En quête d’art.

Je t’embrasse, mon amie,

Danielle

Détails de la page

Date de modification :