Tom Pentefountas à la conférence annuelle de l'Ontario Association of Broadcasters

Discours

Toronto (Ontario)
Le 10 novembre 2015

Tom Pentefountas, Vice-président de la radiodiffusion
Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes

Priorité à l'allocution

Tout d’abord, je tiens à vous féliciter pour votre longévité au moment où vous célébrez le 65e anniversaire de l’Ontario Association of Broadcasters (OAB).

Il est très à propos que j’aie prononcé mon tout premier discours officiel à titre de vice-président devant la Western Association of Broadcasters et que je prononce aujourd’hui mon dernier ici, devant vous. Comme beaucoup d’entre vous le savent maintenant, j’ai récemment annoncé qu’après avoir passé près de cinq ans au sein du CRTC, le temps est venu pour ma jeune famille et moi de commencer le prochain chapitre de nos vies. Ce fut pour moi un honneur et un privilège de servir en tant que vice-président de la radiodiffusion. Ce rôle a été l’une des expériences les plus enrichissantes de ma carrière.

Avant d'aller plus loin, je voudrais profiter de cette occasion pour remercier le personnel du Conseil. J’ai été grandement impressionné  par leur professionnalisme et leur dévouement et je continue à être émerveillé par leur vocation dont ils font preuve dans tout ce qu’ils accomplissent. Cela m’a inspiré et a eu un effet bénéfique sur mon propre sens de l'éthique de travail - et j’amènerai ceci avec moi en poursuivant ma route, en plus de plusieurs excellents souvenirs.

Le personnel du Conseil m'a honoré de leurs connaissances, de leur professionnalisme et de leurs bonnes manières. Ils font en sorte que moi et mes collègues conseillers paraissons bien.

Avec leur soutien indéfectible, je me suis toujours efforcé de faire avancer les choses pour créer un environnement où les créateurs et les entrepreneurs canadiens peuvent briller sur la scène mondiale. Cela continue d'être ma passion. Le temps passé au sein du Conseil m’a confirmé ce que j’ai toujours soupçonné, vous aussi partager cette passion.

J’ai été heureux d’apprendre à connaître les radiodiffuseurs, qui jouent un rôle aussi crucial pour veiller à ce que les collectivités, grandes et petites, aient accès aux actualités et aux autres émissions d’intérêt provenant d’un coin du pays à l’autre. J’ai été aussi heureux d’apprendre à connaître certains des Canadiens qui comptent chaque jour sur vos services.

Bien sûr, grâce à la longévité de l’OAB, vous avez été témoins des hauts et des bas de votre industrie, qui ont été nombreux au cours des années. 

La bonne nouvelle est que les recettes sont demeurées relativement stables entre 2013 et 2014 en dépit de la concurrence des services par satellite, en ligne et mobiles.

Dans l’ensemble, les recettes totales des stations AM et FM ont diminué d’environ un demi-point de pourcentage (soit 0,52 %) pour atteindre 1,614 milliard de dollars l’an dernier. Fait intéressant, l'écart entre les revenus de la radio commerciale et ceux de la télédiffusion en direct était de 500 millions de dollars il ya cinq ans et est maintenant moins de 200 millions de dollars.

Ces revenus stables vous a permis d’offrir une programmation variée, d’appuyer les artistes canadiens établis et émergents et de procurer un emploi à des milliers de Canadiens.

Je reconnais évidemment que les profits de la plupart des sociétés ont été moins élevés en raison de dépenses accrues en 2014. Mais par rapport à de nombreux autres secteurs de l’économie, réussir à faire un profit de 18,5 % avant intérêt et impôt n’est pas mal du tout. 

Grâce à l’incroyable saison des Blue Jays, sans parler de la plus longue campagne électorale fédérale depuis l’invention de la radio, vous avez sans doute profité d’une hausse de la publicité au cours des derniers mois. Espérons que toute cette activité se traduise par de meilleurs résultats financiers l’année prochaine.

Les exploitants de stations radiophoniques n’ont probablement pas été surpris des derniers résultats du Rapport de surveillance des communications publié en 2015. Pour la troisième année de suite, le temps consacré à l’écoute de la radio a diminué dans tous les groupes d’âge, selon les cotes d’écoute.

Les chiffres de ce même rapport témoignent également que les stations de télévision locales continuent d’évoluer dans un marché publicitaire difficile. En effet, les stations privées ont généré 117,1 millions de dollars de moins en recettes publicitaires, ce qui a contribué à une diminution des recettes totales de 7,2 % l’an dernier, pour atteindre 1,8 milliard de dollars.

Malgré ces défis, les télédiffuseurs continuent d’investir dans la création d’émissions d’actualités locales et de séries dramatiques. Les investissements des stations de télévision locales privées dans les émissions canadiennes ont augmenté de 2,3 % en 2014, passant à plus de 619 millions de dollars.

Dans le cadre de ces investissements, les stations de télévision locales ont versé 138,6 millions de dollars aux producteurs canadiens indépendants. Bravo pour un travail bien accompli et la communauté de production devrait être reconnaissante.

Questions actuelles

J’aimerais maintenant vous mettre au courant de quelques développements récents au CRTC.

Radiodiffusion locale et communautaire

Comme vous le savez probablement, le CRTC a entrepris l’examen de la politique liée à la programmation télévisuelle locale et communautaire afin de prendre le pouls de ce secteur.

Dans le cadre de l’initiative Parlons télé, les Canadiens ont dit au CRTC qu’ils aiment les nouvelles locales et les autres types d’émissions locales. Et nous aussi. La programmation locale et communautaire donne lieu à des émissions locales pertinentes, à une diversité de voix et de points de vue et à la production locale faite par des membres de la localité concernée.

En raison de l’importance de cette programmation, notre approche des politiques du Conseil en ce qui concerne la programmation locale et communautaire doit tenir compte de l’évolution des besoins, des intérêts et des comportements des téléspectateurs canadiens. 

Ce n’est pas un secret que les téléspectateurs adoptent de nouvelles façons de découvrir et de consommer du contenu sur une multitude de plates-formes.

Voilà pourquoi notre but, en entreprenant cet examen, est de veiller à ce que :

• les Canadiens aient accès à des émissions produites localement et reflétant la réalité locale sur différentes plates-formes;
• les producteurs indépendants professionnels et non professionnels et les membres des collectivités aient accès au réseau de radiodiffusion;
• les actualités et émissions d’information pertinentes à l’échelle locale soient produites et diffusées par le réseau canadien de radiodiffusion.

Les Canadiens ont eu jusqu’au 29 octobre 2015 pour soumettre des commentaires. Une audience publique se tiendra à compter du 25 janvier 2016.

Alertes au public

Puisqu’il est question des sujets d’actualité, j’aimerais aborder la question des alertes au public.

Comme vous le savez tous, plus tôt cette année, Pelmorex a lancé un nouveau et plus rapide système national d’alerte d’urgence, appelé En Alerte, pour protéger les Canadiens. 

Le Conseil a soutenu la mise en place de ce système qui permet aux organismes gouvernementaux partout au Canada d’émettre rapidement des messages de sécurité publique sur les stations de télévision et à la radio. Plus tôt cette année, les radiodiffuseurs et les fournisseurs de services de télévision ont commencé à relayer des messages d’alerte d’urgence aux Canadiens.

Cela signifie que vous êtes en mesure d’aider à diffuser immédiatement des avertissements au sujet de conditions météorologiques extrêmes, de désastres naturels, de biorisques, de menaces terroristes et d’autres événements qui mettent des vies en danger, y compris l’apocalypse zombie. C’est d’une importance cruciale puisque la capacité de diffuser rapidement ces messages aide à protéger des vies lors d’une urgence.

Le Conseil de gouvernance des alertes au public, qui comprend des représentants des milieux de la radiodiffusion, cherche à apporter des améliorations en fonction des leçons tirées jusqu’à présent. 

Bien que nous ne sommes pas impliqués dans le fonctionnement du système d’alerte, le CRTC le surveille de près afin d’assurer qu’il fonctionne correctement. Et la collaboration de tous est nécessaire pour garantir ce résultat. Nous aurons besoin de votre aide pour améliorer ce système et nous vous remercions de votre collaboration à cet égard.

Attribution de licences de radiodiffusion

L’an dernier, nous avons achevé un examen ciblé de la politique sur la radio commerciale. Le nouveau processus pour simplifier l’attribution de licences de radio commerciale est un des résultats de cet examen. 

Aujourd’hui, l’environnement est beaucoup plus concurrentiel dans la plupart des marchés de la radio au Canada, dont la majorité est aux prises avec la rareté du spectre. Et notre ancien processus d’appels de demandes pour les petits marchés était onéreux et inefficace, et il retardait considérablement le traitement des demandes. Nous aimerions accélérer ce processus parce que le temps c’est encore de l'argent.

Compte tenu de la concurrence accrue dans la vaste majorité des marchés, nous avons adopté une approche plus efficace pour ces appels dans tous les marchés, peu importe leur taille. Ainsi, afin d’éviter d’attribuer trop de licences, nous cherchons à mieux comprendre le marché avant d’émettre un appel pour assurer que les nouveaux joueurs auront une bonne chance de réussir.

Lorsqu’il s’agit d’une demande de nouvelle station, il incombe aux demandeurs de présenter une analyse de rentabilisation solide qui montre que le marché local peut accepter une concurrence additionnelle. C’est à vous de démontrer que la communauté locale a besoin de ce que vous avez à offrir et que votre demande est conforme aux politiques du Conseil.  

Cela étant dit, nous sommes très conscients du risque d’attribuer trop de licences. Bien sûr, le fait d’ajouter des acteurs à des marchés où la croissance est limitée ne fait que réduire la part du gâteau pour chacun, ainsi que la quantité et qualité de contenu local, particulièrement les nouvelles et l’information.

Par conséquent, les stations pourraient ainsi ne plus avoir la marge de manœuvre requise pour contribuer à leur localité comme avant.

En réalité, il est possible que certaines localités soient déjà bien desservies et n’aient pas besoin d’une autre station de radio. Parfois, un moins se traduit par un plus.

L’avenir des radiodiffuseurs privés

Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de place pour une croissance future dans le secteur. De fait, je suis profondément convaincu que la radio et la radiodiffusion en général vont connaître un avenir merveilleux. 

À condition, bien sûr, que les radiodiffuseurs s’engagent et relèvent les défis de l’heure.

Le Conseil prépare le terrain pour un tel avenir prometteur. Nous avons adopté une approche souple quant à la technologie de radio numérique hybride qui soutient l’innovation et l’expérimentation. Il n’y a aucune obligation d’obtenir une licence; nous vous demandons seulement de nous tenir au courant de vos expériences avec ce format.

La radio numérique hybride, ou radio HD, permet à une station de diffuser plusieurs signaux audionumériques en plus de son signal principal. Elle a le potentiel d’augmenter la diversité des services radiophoniques des Canadiens. Elle augmente aussi le nombre de plates-formes dont disposent les radiodiffuseurs pour atteindre les consommateurs.

La radio numérique hybride diffuse un signal numérique sur les fréquences radiophoniques traditionnelles et permet l’accès à jusqu’à trois stations additionnelles proposant un nouveau contenu local sur la même fréquence. Avec la radio HD, les auditeurs ont un meilleur accès à une programmation offrant une meilleure qualité de son ainsi que de nouveaux renseignements comme le nom de l’artiste et le titre de la chanson ou l’état de la circulation. Et cela représente une solution possible aux problèmes de couverture des centres-villes.

Vous n’avez pas à me croire sur parole. Il suffit de voir ce que Corus Entertainment a fait. C’est le premier radiodiffuseur présent dans de multiples marchés à proposer la radio HD au Canada.

Les auditeurs qui ont accès à la radio HD peuvent syntoniser le signal numérique de Talk Radio AM640 (CFMG AM) à Toronto – ou s’ils sont à Hamilton, 95,3 Fresh Radio (CING FM).

Du fait que les fabricants de voitures mettent à niveau leurs tableaux de bord en y intégrant des radios HD, de plus en plus d’auditeurs seront en mesure de capter des signaux clairs et sans interférence.

À l’échelle mondiale, la pénétration des systèmes de connectivité devrait atteindre 60 % des nouveaux modèles en 2017. Et la pénétration aux É.-U. et en Europe occidentale dépassera 80 % pour cette même année.

Je sais que les gens du secteur de la radiodiffusion au Canada sont divisés quant à l’incidence de la diffusion en continu. Certains sont d’avis qu’il s’agit d’une source importante de revenus pour l’avenir, alors que d’autres s’attendent à ce qu’elle continue d’éroder les revenus de la publicité.

Je propose qu’ils se reportent aux résultats d’une étude d’impact de la publicité sur la radio Internet préparée pour le compte du Radio Advertising Bureau et du Bureau de la publicité interactive. 

Le livre blanc conclut qu’il existe de puissantes synergies lorsque la radio et ses plates-formes numériques sont utilisées en simultané en raison de leurs effets multiplicateurs. Les chercheurs ont découvert que, loin de constituer une menace, la radio et l’Internet jouent des rôles complémentaires.

Ils ont constaté que le rappel dirigé s’améliore de façon impressionnante lorsque la radio et les plates-formes numériques sont utilisées en tandem. Cela a une incidence positive tant sur la préférence de marque que sur les comportements d’achat. 

L’étude a aussi révélé des augmentations des consultations des sites Web des marques annoncées.

Plus intéressant encore, il a été constaté que l’ajout de l’écoute de la radio Internet a une incidence plus importante sur les taux de réponse à la publicité radiodiffusée que celle découlant de l’augmentation du temps consacré uniquement à la radiodiffusion. L’ajout de la radio Internet multiplie les taux de réponse à la publicité par un facteur de 15 et plus. 

Voilà des chiffres que vos annonceurs aiment entendre!

Beaucoup d'entre vous m’avez entendu parler pendant des années des vertus des données des boîtiers décodeurs parce que je pense qu'il est important pour les diffuseurs de radio et de télévision conventionnelle de s’équiper davantage. Il n'y a pas d'obstacles réglementaires à la concurrence avec les offres de services facultatifs audiovisuels en ligne avec l'avantage supplémentaire de vos services conventionnels, mais vous avez besoin d'utiliser leurs techniques pour les battre à leur propre jeu.

Comme vous pouvez le constater, l'impact pour les annonceurs est largement tributaire de la plateforme. Une plateforme peut être plus efficace pour un  annonceur par opposition à un autre. Ici, une seule taille ne convient pas à tous. La fragmentation d’une variété de plateformes exige une segmentation et un ciblage multiplateforme. Et combiner les plates-formes pourrait potentiellement représenter une explosion des recettes publicitaires.

Et plus encore : en fin de compte, il n’y a pas de temps de retenue – ni de frein technologique. Il est impossible, et pas nécessairement désirable, ni même souhaitable d’essayer de protéger le secteur de cette nouvelle réalité.

Nous traversons une période de transformations qui exige le recours à de nouvelles façons de faire des affaires.

Entendons-nous : je ne suis pas ici pour vous dire comment tirer parti de ces occasions. Il existe toutes sortes d’experts en musique, en médias sociaux et en publicité qui ont déjà cerné ce marché.

Avantages

Toutefois, je peux vous affirmer que vous avez de remarquables avantages sur lesquels bâtir.

Certaines personnes diront que les gens écoutent des postes de radio et non des émissions radiophoniques. Ils deviennent de grands amateurs de vos personnalités en ondes – des célébrités locales qui représentent vos entreprises sur le marché.

Vous avez également l’avantage que vos stations constituent des préservateurs de confiance du contenu local. 

Vous offrez une protection à jour fondée sur des décennies d’expérience dans ce secteur.

Les auditeurs se tournent vers vous non seulement pour écouter la musique qu’ils aiment. Vous êtes aussi leur « destination de choix » pour les informations, la météo, la circulation, les sports et les événements communautaires.

Plus précieux encore, vous avez des « marques » bien établies parce que vous avez été les premiers sur le marché il y a plus de 60 ans. 

Les marques que vous avez créées au sein de vos marchés se traduisent par l’attachement que les auditeurs ressentent envers vos stations. Une fois que vous avez gagné leur loyauté, je suis convaincu que les auditeurs vous suivront partout, sur n’importe quelles plates-formes ou applications.

Je peux aussi affirmer sans équivoque que les organismes de réglementation ne peuvent pas arrêter ce tsunami. Nous ne sommes plus dans les années 1960, 1980, ni même dans le nouveau millénaire. Le monde de la radio dans lequel la plupart d’entre nous a grandi est transformé.

Voici l’autre chose importante à considérer : absolument rien ne vous empêche, si vous le souhaitez, d’attirer de nouveaux auditeurs à l’aide des technologies numériques. Il n’y a aucun obstacle à ce que vous fassiez concurrence aux services en ligne. 

La vérité est que vous tenez le haut du pavé compte tenu de tous les avantages que je viens de mentionner. 

Dans les faits, le terrain est inégal et joue en votre faveur!

Votre expérience, votre expertise et la reconnaissance de votre marque au sein du secteur constituent des atouts énormes. Pour paraphraser feu le président des É.-U. Ronald Reagan – lorsqu’il faisait concurrence à des opposants politiques plus jeunes – vous avez l’avantage de pouvoir tirer parti de la jeunesse et de l’inexpérience de vos compétiteurs.

Au bout du compte, il incombe à chacun d’entre vous de déterminer ce que vous allez faire pour suivre le rythme des innovations technologiques. C’est l’occasion pour la radio de gagner ou de perdre, selon la façon et la rapidité avec laquelle vous réagirez à cette réalité.

Conclusion

Compte tenu de votre historique de capitalisation sur le changement presque ininterrompu dans votre secteur au fil des décennies, je suis persuadé que les dirigeants en radiodiffusion d’aujourd’hui réussiront la transition vers l’avenir numérique.

Je suis certain que vous vous adapterez à ce contexte en évolution rapide et que vous préserverez votre impressionnante tradition de rentabilité.

Je vous encourage à continuer à faire appel à votre créativité et votre dynamisme afin de soutenir la croissance de ce secteur. Je vous souhaite tout le succès possible, tel que vous l’expérimenterez. Je vous remercie.

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