Allocution devant le Comité sénatorial des États-Unis sur l'énergie et les ressources

Discours

Merci, monsieur le président, et merci à vous, monsieur Barrasso, pour l’occasion de m’adresser au Comité sur la double menace interreliée aux intérêts de sécurité nationale de nos deux pays : la sécurité énergétique et les changements climatiques. 

Je suis là devant vous afin de partager le point de vue du Canada sur ces questions urgentes avec notre voisin, notre plus proche allié et plus important notre plus important partenaire commercial en ma qualité de ministre des Ressources naturelles de mon pays. J’étais également, il y a six mois, le ministre canadien de l’Environnement et du Changement climatique. 

Permettez-moi de commencer en parlant un peu de l’Ukraine. Cette invasion brutale et illégale lancée par le président Poutine contre le peuple de l’Ukraine représente une violation du droit international et une attaque injustifiée contre un peuple pacifique.

Le soutien du Canada pour le peuple ukrainien est inébranlable. Jusqu’ici, nous avons fourni entre autres à l’Ukraine une aide humanitaire consécutive, un soutien militaire, et nous nous sommes engagés à poursuivre ces efforts à l’avenir.

Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la sécurité énergétique constitue la disponibilité ininterrompue de sources d’énergie à prix abordable. 

Certaines personnes dans nos deux pays respectifs laissent entendre que, vu l’urgence actuelle de la question de la sécurité énergétique, nous devrions mettre de côté nos préoccupations et nos mesures relatives aux changements climatiques. 

Cette position n’est ni réfléchie ni défendable. La sécurité énergétique intérieure et l’action climatique sont de plus en plus et inextricablement liées. Alors que le Canada œuvre à aider ses alliés européens en cette période de crise, nous réduisons en même temps les émissions pétrolières et gazières, y compris au moyen de règlements sur le méthane, et établissons des normes sur le combustible et l’électricité propres afin d’atteindre nos objectifs climatiques ambitieux d’ici 2030.  

Si nous examinons la situation actuelle en Europe, les pays de l’Europe de l’Ouest s’affairent vigoureusement à protéger l’approvisionnement en énergie prévisible dans le contexte d’une Russie de plus en plus agressive et déraisonnable. 

À court terme, l’Europe vise à remplacer les importations d’énergie russes par celles d’autres pays, tout en accélérant agressivement une transition vers l’énergie renouvelable et l’hydrogène à faible émission de carbone à moyen terme.

Comme l’a affirmé récemment la présidente de la Commission européenne, « c’est la transition vers les énergies renouvelables et l’hydrogène qui nous rendra véritablement indépendants. »

Dans ce contexte, les décisions prises récemment par les États-Unis et le Canada visant à élargir les exportations d’hydrocarbures à nos amis européens pour déplacer le pétrole et le gaz russe à court terme sont parfaitement appropriées – surtout puisque ces mesures s’inscrivent très bien dans le contexte de nos plans respectifs en matière de changements climatiques. 

Cependant, c’est le passage à une production nationale d’énergie renouvelable et à l’hydrogène fourni par des pays stables comme le Canada qui procurera une véritable sécurité énergétique et nationale à l’Europe, et à nos deux pays.  

Une transition vers l’énergie propre assurera la sécurité énergétique et un avenir durable,  permettant ainsi aux pays démocratiques de se sevrer des pétrodictateurs qui utilisent l’énergie comme une arme. Elle viendra renforcer les économies et créer des emplois, et elle répondra au « code rouge pour l’humanité » – qui représente la façon dont le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat caractérise la crise climatique à laquelle nous sommes confrontés.   

Étant donné la nature difficile de la géopolitique actuelle, il n’a jamais été plus important de mettre l’accent sur la sécurité énergétique – une sécurité qui peut être atteinte au moyen d’une collaboration entre le Canada et les États-Unis en matière d’énergie et au moyen d’une action conjointe à l’égard des changements climatiques.

Permettons à nos pays de s’engager à développer davantage une centrale d’énergie nord-américaine qui favorisera la sécurité énergétique tout en aidant à faire progresser notre cheminement commun pour atteindre zéro émission nette.  

Les systèmes d’énergie du Canada et les États-Unis sont déjà profondément interreliés. En fait, 60 % des importations de pétrole des États-Unis et 93 % des importations américaines d’électricité proviennent du Canada. Et tout cela se fait au moyen d’un réseau de pipelines – qui inclut absolument la canalisation 5, et les lignes de transmission d’électricité qui traversent nos frontières.

À l’avenir, nos pays poursuivront leur relation dans le secteur pétrolier et gazier. Même dans le scénario de zéro émission de l’AIE, il y aura un besoin au-delà de 2050 pour environ le quart de la production actuelle de pétrole et la moitié de la production actuelle de gaz pour utilisation dans des applications sans combustion, comme les produits pétrochimiques, les lubrifiants, les solvants et les cires. Évidemment, les pays qui mettent l’accent sur la production d’hydrocarbures à très faible émission de production sont susceptibles d’être les derniers producteurs.   

Dans le contexte de la transition vers l’énergie faible en carbone, les possibilités de collaboration et d’avantage mutuel du Canada et des États-Unis sont considérables, dont :

  • Les minéraux critiques – des mines au recyclage en passant par la transformation et la fabrication

  • L’hydrogène propre – pour ravitailler nos camions, nos avions, nos trains, nos industries et même nos maisons.

  • La production d’énergie renouvelable et la transmission d’électricité propre entre nos frontières

  • La technologie nucléaire – y compris de petits réacteurs modulaires

  • Des solutions d’élimination du carbone

  • La recherche, le développement et la mise à l’échelle d’un large éventail de technologies propres.  

Au fur et à mesure que nous établissons des partenariats dans ces domaines, nous devons demeurer lucides, en nous assurant qu’en nous éloignant de la dépendance sur les pays autocratiques producteurs d’hydrocarbures, nous n’aboutissons pas par inadvertance dans une dépendance semblable à d’autres pays autocratiques dans les domaines tels que les minéraux critiques. 

La semaine dernière, je me trouvais à Washington pour promouvoir ces mêmes conversations – parce qu’elles sont essentielles pour l’avenir de nos économies et de notre planète. 

Le Canada s’est engagé à collaborer avec vous pour renforcer la sécurité énergétique nord-américaine, pour lutter contre les changements climatiques et pour créer des emplois et des possibilités économiques pour les citoyens de nos deux grands pays. 

Merci. 

L’honorable Jonathan Wilkinson

Ministre des Ressources naturelles

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