L’honorable Jonathan Wilkinson, ministre des Ressources naturelles, annonce la Stratégie régionale sur l’énergie et les ressources lors d’un discours liminaire prononcé devant le Vancouver Board of Trade

Discours

Bonjour à toutes et à tous,

Je vous remercie pour cette invitation à prononcer un discours devant une des institutions les plus renommées au pays au chapitre de l’avancement du commerce et de la croissance économique.

Je tiens à souligner que nous sommes réunis sur les territoires traditionnels et ancestraux des peuples Tsleil-Waututh, Squamish et Musqueam.

Aujourd’hui, j’aimerais vous parler de trois sujets étroitement liés :

1.  L’invasion barbare et continue de l’Ukraine ;

2.  Les répercussions de ce conflit sur la sécurité énergétique mondiale et les changements climatiques ;

3.  Comment tout cela s’inscrit dans ce que nous faisons pour nous assurer que le Canada puisse saisir les possibilités économiques qu’offre une économie à émission nette zéro pour bâtir un avenir prospère et durable. . . dans chaque région du pays.

Alors, laissez-moi commencer par l’Ukraine.

L’invasion brutale et illégale lancée par le président Poutine contre le peuple ukrainien représente une violation du droit international et constitue une attaque injustifiée envers des gens pacifiques.

Le soutien du Canada envers le peuple ukrainien est inébranlable — à ce jour, nous avons fourni à l’Ukraine une aide humanitaire et militaire conséquente ainsi que d’autres appuis importants. . . et le mois dernier, nous nous sommes engagés à continuer de le faire dans notre budget de 2022.

À plus long terme, le Canada fera partie de l’effort multilatéral visant à s’assurer que les responsables russes de ces atrocités envers les droits de la personne seront tenus responsables.

Maintenant, comme vous le savez très bien, les effets de cette guerre en Ukraine s’étendent bien au-delà de l’Europe. Entre autres ramifications, mentionnons des répercussions profondes sur les marchés énergétiques mondiaux. Les problèmes liés à l’abordabilité de l’énergie et à la sécurité énergétique sont désormais au premier plan des affaires internationales.

L’importante volatilité qui touche les marchés énergétiques a entraîné l’établissement de prix élevés et instables. Les répercussions sur l’Europe, en particulier, sont potentiellement dévastatrices. . . un point qui, personnellement, m’a semblé faire réagir fortement le commissaire à l’énergie de l’Union européenne lors de mes récentes discussions avec lui à Paris.

Pour nos amis européens, il ne s’agit pas d’un simple inconvénient, mais plutôt d’une menace urgente par rapport à leur capacité de continuer à fournir des biens essentiels — l’énergie pour chauffer leurs maisons. . . le carburant pour transporter leur nourriture et leurs biens. . . l’énergie pour soutenir leurs industries, leurs emplois et leurs économies.

Ce n’est pas surprenant que les pays de l’Ouest de l’Europe travaillent avec acharnement à sécuriser les approvisionnements énergétiques prévisibles dans le contexte d’une Russie de plus en plus belligérante et irrationnelle.

À court terme, l’Europe cherche essentiellement à remplacer les produits énergétiques importés de la Russie par des produits provenant d’autres pays, tout en accélérant proactivement sa transition vers les énergies renouvelables et l’hydrogène sobre en carbone à moyen terme.

Comme l’a dit récemment la présidente de la Commission européenne « C’est notre passage aux énergies renouvelables et à l’hydrogène qui nous rendra vraiment indépendants. »

Je veux souligner que tout cela — c’est-à-dire les efforts que déploie l’Europe pour faire sa transition vers des sources d’hydrocarbures provenant d’autres pays que la Russie, pour réduire sa consommation et pour passer aux énergies renouvelables — n’est pas séquentiel, en ce sens que l’Europe a adopté la position ferme de se concentrer sur la progression simultanée de ces aspects.

Dans le cadre de ces efforts, l’Europe a demandé de l’aide à ses amis et alliés. Comme vous le savez, le Canada a été le premier pays à interdire les importations de produits pétroliers russes. Subséquemment, nous avons imité les États-Unis et le Brésil en nous engageant à augmenter nos exportations d’hydrocarbures à court terme, dans la mesure du possible, et tout en respectant le cadre de nos engagements climatiques — pour aider à stabiliser les marchés énergétiques mondiaux.

Comme vous le savez sans doute, nous avons annoncé un plan visant l’augmentation de la production d’hydrocarbures de l’ordre d’au moins 300 000 barils par jour d’ici la fin de l’année grâce à l’optimisation des pipelines, devançant ainsi la production qui était censée se faire un peu plus tard.

Le but étant d’aider à déplacer l’énergie russe et à assouplir les prix de l’énergie.

Nous sommes également en train d’évaluer notre capacité d’augmenter les exportations d’autres biens tels que la potasse et l’uranium, qui étaient habituellement fournis à plusieurs pays européens par la Russie et la Biélorussie.  

L’Europe nous a également demandé de voir comment le Canada pourrait l’aider sur le plan du gaz naturel liquéfié à moyen terme et de l’hydrogène à plus long terme. Raison pour laquelle nous avons récemment établi des groupes de travail sur ces deux enjeux avec l’Union européenne et l’Allemagne.

Cependant, je souhaite réitérer que c’est le passage à l’énergie renouvelable produite à l’échelle nationale et l’hydrogène fourni par les pays stables comme le Canada qui fourniront véritablement de l’énergie et offriront une sécurité nationale à l’Europe.

Cela étant dit, certains détracteurs insistent sur le fait qu’on ne peut pas concilier les enjeux en matière de sécurité énergétique et les enjeux en matière de changements climatiques.

Il y a ceux, d’une part, qui suggèrent qu’étant donné l’urgence de l’enjeu en matière de sécurité énergétique, nous devons mettre de côté les préoccupations et les mesures liées aux changements climatiques.

Et il y a ceux, d’autre part, qui croient qu’aucune action ne devrait être posée pour augmenter la production des énergies fossiles — même si cela a pour but d’aider nos amis européens en temps de crise —, compte tenu des préoccupations entourant les impacts climatiques.

Or, aucun de ces extrêmes ne représente une position réfléchie et défendable.

Bien sûr, nous devons réagir aux demandes d’assistance de nos amis européens. Et bien sûr, nous devons nous assurer de rester extrêmement concentrés sur les mesures visant à aborder proactivement la menace existentielle que posent les changements climatiques à l’avenir de notre planète.

Le Canada continuera à évaluer ce qu’il peut faire de plus pour aider ses partenaires européens. Mais nous le ferons d’une manière qui tiendra compte des émissions nationales et cherchera à les minimiser, tout en nous assurant que les émissions additionnelles nettes seront incorporées dans le plan climatique du Canada.

En tant que pays, en tant que peuple, nous sommes sans doute capables de « marcher en mâchant de la gomme ». C’est-à-dire que nous pouvons aider nos compatriotes européens à court terme tout en atteignant nos objectifs climatiques cruciaux et ambitieux.

J’aimerais également partager avec vous quelques réflexions au sujet de la transition énergétique mondiale continue — parce qu’il règne parfois un manque important de clarté concernant ce qu’elle signifie réellement et le rôle que jouent les hydrocarbures entre-temps.

Presque toutes les prévisions laissent entendre que la demande mondiale pour du pétrole devrait demeurer relativement constante jusqu’en 2030, avant que nous ne commencions à voir une baisse du volume découlant du vaste déploiement des véhicules à émission zéro et des technologies connexes.

Et bien qu’éventuellement, le volume du pétrole consommé à l’échelle mondiale diminuera considérablement, et malgré le scénario de 1,5 °C de l’Agence internationale de l’énergie, ~25 millions de barils par jour seront encore utilisés à la grandeur de la planète en 2050, soit le quart de l’utilisation actuelle.

Ce qui changera, ce sont les utilisations dans des applications de non-combustion, par exemple les produits pétrochimiques, les lubrifiants, les solvants, les cires, etc...

De même, toujours selon le scénario de 1,5 °C de l’Agence internationale de l’énergie, la demande pour du gaz naturel en 2050 s’élèvera approximativement à la moitié de ce qu’elle représente aujourd’hui — mais son utilisation servira à des fins telles que la production d’hydrogène. Encore une fois, pour être utilisé dans des applications de non-combustion.

Le principe de « non-combustion » est la clé des deux scénarios.

En fin de compte, les combustibles fossiles ne sont pas la cause des changements climatiques en soi, ce sont plutôt les émissions de carbone associées à leur production et leur combustion qui en sont la cause. Au-delà de la nécessité d’augmenter considérablement l’utilisation des énergies renouvelables et d’autres formes d’énergie non émettrice, la réalité est que la production de combustibles à partir d’hydrocarbures continuera de jouer un rôle, dans une certaine mesure, après 2050.

Si vous échangez votre voiture qui fonctionne à l’essence pour une bicyclette, vous avez tout de même besoin de lubrifiant pour sa chaîne…

Et durant cette période de transition des 30 prochaines années, au cours de laquelle un certain volume de combustion d’hydrocarbures continuera d’exister — et même au-delà de 2050, alors que nous aurons largement éliminé la combustion fossile —, les pays focalisant sur la production d’hydrocarbures qui génèrent des émissions ultra-faibles seront vraisemblablement les derniers producteurs à exister.

Finalement, quelques mots au sujet de la manière dont le Canada pourra saisir les possibilités économiques offertes par la transition énergétique — et le fera d’ailleurs —, afin de bâtir un avenir prospère pour les Canadiennes et Canadiens.

Même avant les événements des toutes dernières semaines, l’économie mondiale était en train de changer rapidement. Ce changement s’est accéléré récemment, et il continuera de le faire.

À travers le monde, les marchés financiers mettent de plus en plus un prix sur les risques climatiques dans les décisions d’investissement. L’argent futé s’éloigne des actifs qui ne correspondent pas à une transition vers un monde carboneutre, et va vers des possibilités qui y correspondent.

À l’image d’une entreprise qui, pour être fructueuse, doit pouvoir interpréter les changements du contexte d’affaires et y réagir, les pays doivent eux aussi pouvoir démontrer une réponse et des mesures éclairées pour soutenir et améliorer le niveau de prospérité.

C’est dans ce contexte que le Canada peut choisir d’être un chef de file dans cette transition économique mondiale — ou nous pouvons la subir — avec toutes les conséquences d’être lents à réagir.

Si nous choisissons de faire preuve de leadership, nous pouvons nous assurer que nos travailleurs et nos entreprises profitent des débouchés qui vaudront des billions de dollars.

Et laissez-moi simplement ajouter qu’en tant que personne ayant passé de nombreuses années dans la communauté d’affaires, je suis très conscient que pour pouvoir soutenir les programmes sociaux et offrir aux Canadiennes et Canadiens la chance de poursuivre leurs aspirations, il faut d’abord pouvoir créer de la richesse.

Et mon travail, tel que je le vois, est de travailler avec les Canadiennes et Canadiens à déterminer la meilleure manière d’utiliser l’abondance des ressources, technologies, talents et expériences de notre pays pour pouvoir saisir les possibilités qui nous aideront considérablement à créer des emplois et stimuler la croissance économique.

Au cours des dernières années, le gouvernement fédéral actuel s’est concentré à travailler avec l’industrie à élaborer des stratégies et à saisir les différentes possibilités qui existaient de réduire nos émissions, de subventionner l’innovation et d’améliorer la concurrence économique.

Ces efforts ont notamment consisté à mettre un prix sur la pollution et à élaborer divers règlements. . . mais nous avons également fait des investissements stratégiques considérables par l’entremise du Fonds pour les combustibles propres, de l’Accélérateur net zéro et du financement pour les technologies propres et l’énergie renouvelable.

Et nous avons vu ces efforts porter leurs fruits.

Comme vous en avez peut-être entendu parler, le Global Cleantech Group a nommé cette année treize entreprises canadiennes dans sa liste des 100 meilleures entreprises de technologies propres. Je suis fier de dire que la moitié de ces entreprises sont établies en Colombie-Britannique !

Que voulez-vous… nous avons pris l’habitude de nous mesurer aux plus grands !

Mais nous pouvons et même devons faire beaucoup plus encore pour stimuler la compétitivité, la croissance et la prospérité du Canada au cours des décennies à venir.

Ce dont nous avons besoin, c’est un plan reposant sur l’avantage concurrentiel. . . un plan qui combine les efforts et les ressources de tous les ordres de gouvernement, du secteur privé, du monde du travail et des peuples autochtones.

C’est la raison pour laquelle je lance aujourd’hui une série de processus régionaux qui ont pour but d’aider le Canada, et par le fait même, les Canadiennes et Canadiens, à se positionner de manière à pouvoir tirer profit des possibilités économiques énormes et sans précédent que représente la lutte contre les changements climatiques.

La Stratégie régionale sur l’énergie et les ressources reconnaît que le Canada possède une économie axée sur les ressources — et que nous devons voir à ce que ces ressources soient durables. Tandis que nous nous dirigeons vers un avenir sobre en carbone, l’action climatique et la prospérité économique devront former un seul et unique concept.

Par l’entremise de ces processus régionaux, nous fournirons aux entreprises canadiennes la clarté dont elles ont besoin de la part de tous les ordres de gouvernement pour investir avec confiance les capitaux et l’expertise qui viendront éperonner la croissance nationale et notre compétitivité à l’international.

Par l’entremise de ces processus régionaux, nous serons également mieux outillés pour faire des projections sur les emplois de l’avenir afin de pouvoir anticiper et élaborer les genres de formations et d’appuis nécessaires pour nous assurer que notre main-d’œuvre pourra transférer ses compétences à la nouvelle économie à faibles émissions de carbone. . . garantissant ainsi une transition juste et équitable pour tous les travailleurs canadiens.

Maintenant, rendus à ce point-ci, il se peut que vous vous demandiez « Pourquoi une stratégie régionale ? Pourquoi pas une stratégie pancanadienne ou nationale ? ».

Tout simplement parce que le Canada est un pays constitué de régions. Chacune comportant ses propres forces économiques. Ce qui signifie que nous devons également réfléchir aux possibilités futures à l’échelle régionale et sectorielle.

Régionalement, chaque province possède sa propre combinaison relativement unique de ressources naturelles.

Alors les possibilités économiques à leur disposition — et, par conséquent, les approches à l’égard d’une transition vers l’énergie propre — sont différentes à travers le pays.

En Alberta, ces possibilités se caractériseront fort probablement par la production d’hydrogène à partir du gaz naturel, le captage, l’utilisation et le stockage de CO2, les minéraux critiques, l’énergie renouvelable et les biocarburants.

Sensiblement les mêmes possibilités que nous voyons ici en Colombie-Britannique.

Et au Québec, la liste penchera davantage vers la production d’hydrogène à partir de l’électrolyse, les exportations d’électricité ainsi que la mise en valeur de minéraux critiques et la production de batteries.

En même temps, d’une perspective sectorielle, les possibilités seront issues de nouveaux produits qui faciliteront la mise en place d’un avenir sobre en carbone — par exemple les véhicules électriques, la technologie de batterie, les minéraux critiques, l’hydrogène et les autres technologies propres — et des nouvelles utilisations des anciens produits, comme nous pouvons le constater en Alberta grâce au projet Bitumen Beyond Combustion.

D’autres possibilités seront créées par la demande accrue pour des biens traditionnels issus d’une production à ultra-faibles émissions de carbone, par exemple l’acier et l’aluminium à faibles émissions de carbone.

La Stratégie régionale sur l’énergie et les ressources permettra l’élaboration de plans individuels axés sur ces avantages comparatifs. . . en alignant les ressources. . . les échéanciers. . . et les approches réglementaires. Et en focalisant sur les possibilités adaptées au milieu et à incidence élevée, par exemple les minéraux critiques et l’hydrogène. Les possibilités qui feront valoir l’innovation, la réduction des émissions et l’amélioration de la compétitivité.

Aujourd’hui, je suis fier d’annoncer que nous avons conclu des ententes avec les gouvernements de la Colombie-Britannique, de l’Alberta, de la Saskatchewan et de Terre-Neuve-et-Labrador pour commencer ces travaux dans les provinces qui seront les plus touchées par la transition vers un avenir à émissions nettes zéro.

[PAUSE]

En collaboration avec la Colombie-Britannique, l’Alberta, la Saskatchewan et Terre-Neuve-et-Labrador, nous sommes déterminés à nous engager auprès des organisations autochtones, des entreprises du secteur privé et des représentants syndicaux.

Nous nous sommes engagés à miser tant sur nos forces historiques que sur les possibilités émergentes afin de développer une économie axée sur les ressources très concurrentielle, prospère et durable. Une économie qui créera de la richesse et des emplois dans chaque secteur et chaque région du pays. . . tout en nous permettant d’atteindre nos ambitieux objectifs climatiques et de devenir une nation à émissions nettes zéro d’ici les 30 prochaines années.

Parce que le potentiel est immense ; que les possibilités sont réelles ; et que le meilleur moment est maintenant !

Je vous remercie de votre attention.

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