L’honorable Tim Hodgson, ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles Allocution pour la conférence de presse de clôture Réunion des ministres de l’énergie et de l’environnement du G7

Discours

31 octobre 2025                                                       Toronto (Ontario)

La version prononcée fait foi

Merci, Julie [Julie Dabrusin, ministre de l’Environnement et du Changement climatique]. C’est toujours un plaisir de participer à des événements avec vous.

Bonjour tout le monde, hello everyone! Je vous remercie de votre présence aujourd’hui.

Au cours des deux derniers jours, les ministres du G7 responsables de l’énergie et de l’environnement se sont réunis ici, à Toronto, pour tenir des discussions fructueuses sur des enjeux clés, y compris les minéraux critiques, l’innovation, la sécurité énergétique et l’intelligence artificielle.

Ces discussions ont lieu à un moment charnière pour l’économie mondiale.

Les marchés énergétiques subissent une profonde transformation en raison de conflits, des progrès technologiques et de l’accélération des efforts visant à atteindre la carboneutralité.

La population mondiale a besoin d’une énergie sûre et abordable, les investisseurs ont besoin de conditions propices au déploiement de capitaux, et les gouvernements doivent assurer la croissance économique tout en réduisant les émissions.

Il est juste de dire que ces défis ne sont pas faciles à relever.

Il est également juste de dire que cela est beaucoup plus difficile, et moins efficace, si chaque pays doit relever ces défis seul.

Depuis le début de la semaine, le message du Canada est clair : nous sommes déterminés à bâtir un avenir énergétique équitable, sûr et durable, et nous sommes prêts à collaborer avec nos alliés pour transformer nos ambitions en résultats concrets.

Au cours des deux derniers jours, nous avons examiné les risques qui pèsent sur notre avenir énergétique et les possibilités liées à celui-ci et à la chaîne d’approvisionnement en minéraux critiques.

Je souhaite donc mettre en avant les progrès que nous avons accomplis ensemble en très peu de temps.

Avant de parler plus en détail de certains projets remarquables que nous menons avec nos partenaires du G7, je tiens d’abord à mentionner les mesures plus générales prises par le Canada pour protéger notre sécurité nationale et notre souveraineté.

Aujourd’hui, nous annonçons que le gouvernement du Canada a pris un décret en vertu de la Loi sur la production de défense, afin de désigner officiellement les minéraux critiques comme essentiels à la défense et aux intérêts nationaux du Canada. Le Canada pourra ainsi lancer son propre programme visant l’accumulation de stocks de matériel de défense et appuyer les efforts multilatéraux en ce sens.

Ces mesures renforceront nos capacités dans des secteurs stratégiques et contribueront à l’atteinte des engagements en matière de dépenses de défense et de l’OTAN. En protégeant la production nationale dans un contexte mondial instable, nous permettons aux industries de la défense du Canada et des pays alliés de bénéficier d’un approvisionnement sûr en minéraux critiques.

En vue d’atteindre ces objectifs en matière d’économie et de sécurité, je suis également très heureux d’annoncer aujourd’hui la première série de 26 nouveaux projets, investissements et mesures stratégiques dans le cadre de l’Alliance sur la production de minéraux critiques du G7 et du Plan d’action sur les minéraux critiques.

Depuis sa création en juin, l’Alliance sur la production de minéraux critiques du G7 (ou, comme j’aime l’appeler, le « club des acheteurs ») a désigné un réseau de représentants chargés de faciliter les partenariats entre entreprises et de mobiliser des capitaux privés et publics.

Les pays du G7 ont travaillé de manière intensive au cours des cinq derniers mois pour mettre en place des ententes et des mesures concrètes, en prenant des engagements financiers et politiques importants, ce qui témoigne de la force réelle de l’Alliance du G7 et d’un multilatéralisme positif en action.

La première série de projets réalisés dans le cadre de l’Alliance du G7 envoie un message très clair au monde entier : nous sommes déterminés à limiter la concentration des marchés et les dépendances, à protéger la sécurité et la souveraineté nationales, à mobiliser des capitaux et à stimuler les investissements dans des projets durables liés aux minéraux critiques.

En collaboration avec nos alliés, nous mettons en œuvre des projets d’une valeur de 6,4 milliards de dollars dans le domaine des minéraux critiques, qui sont essentiels aux secteurs de la défense et de la fabrication de pointe.

Les promoteurs de ces projets sont tous présents aujourd’hui parmi nous. Les projets sont les suivants :

  • La mine Matawinie de Nouveau Monde Graphite, près de Montréal, au Québec. Des ententes d’investissement et d’achat ont été conclues entre le gouvernement du Canada et le gouvernement du Japon, ainsi que Panasonic et Traxys (Luxembourg), afin de soutenir la diversification des chaînes d’approvisionnement mondiales en graphite et la sécurité de l’approvisionnement en graphite pour le Canada.
  • L’usine pilote de Rio Tinto à Sorel-Tracy, au Québec. Ce projet, qui bénéficie d’un investissement de 25 millions de dollars du Fonds de croissance du Canada et d’un accord d’achat avec le gouvernement du Canada, entrera en phase de production à l’échelle commerciale afin d’accroître la fiabilité de l’approvisionnement en scandium du Canada et des pays alliés.
  • Le projet de Strange Lake, au Nunavik, au Québec. Métaux Torngat y produit et transforme des éléments des terres rares essentiels. Des ententes d’achat et de collaboration technologique sont en voie d’être conclues avec Carestar, une entreprise française spécialisée dans le traitement des terres rares.
  • Le projet Lac des Îles de Northern Graphite, près de Montréal, au Québec. Northern Graphite exploite le seul gisement de graphite naturel en Amérique du Nord. Une entente d’achat est en voie d’être conclue avec Alkeemia, en Italie.
  • Le projet d’agrandissement de l’usine de traitement des terres rares de la société Ucore Rare Metals à Kingston, en Ontario. Ce projet bénéficie du soutien financier du gouvernement fédéral, par l’intermédiaire de Ressources naturelles Canada et de l’Agence fédérale de développement économique pour le Sud de l’Ontario. Des ententes ont également été conclues avec des entreprises allemandes, australiennes et américaines. Le gouvernement de l’Ontario s’est engagé à faciliter le processus réglementaire de délivrance de permis pour accélérer le développement du projet.
  • Et enfin, je suis emballé de vous annoncer que la société Vianode procèdera à la construction de sa toute première usine de graphite synthétique – un projet de 2 milliards de dollars. Et elle a choisi de le faire ici, en Ontario, à St. Thomas, avec le soutien des gouvernements du Canada et de l’Allemagne – ce qui confirme que le Canada est un écosystème d’investissement de premier plan.

Nous parlons depuis longtemps de la sécurité de la chaîne d’approvisionnement. Désormais, nous ne nous contentons plus de parler.

Nous agissons.

Il est temps de concrétiser nos idées et d’accélérer les progrès, particulièrement à l’approche du congrès minier de l’ACPE, qui se tiendra en mars [le congrès de l’Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs aura lieu du 1er au 4 mars 2026, à Toronto].  

Il existe un certain nombre de domaines dans lesquels des progrès pourraient être réalisés. Nous travaillons par exemple en étroite collaboration avec Teck afin d’augmenter la capacité de sa fonderie de Trail, en Colombie-Britannique, pour produire des minéraux à usages particuliers, tels que le germanium, le gallium et l’antimoine. Il faudra toutefois mettre en place des mécanismes visant l’accumulation de stocks ou la fixation d’un prix plancher avant de pouvoir prendre une décision concernant la construction.

Voilà le type de projets que l’Alliance devra permettre de réaliser à l’avenir.

L’Alliance sur la production de minéraux critiques est la preuve que les pays du G7 tirent parti de leur vulnérabilité et qu’ils traitent l’accès aux minéraux critiques comme un avantage stratégique pour nos économies, notre environnement, nos industries et notre souveraineté.

Alors que nous faisons diligence pour réduire notre dépendance à l’égard des chaînes d’approvisionnement concentrées, notre engagement collectif est clair : plus nous tardons à agir, plus nous compromettons nos intérêts économiques et notre sécurité nationale, et nous ne pouvons plus accepter cela.

Nous allons plutôt montrer la voie en mettant en œuvre des projets qui respectent les normes environnementales et sociales les plus strictes, afin de renforcer notre compétitivité économique, de garantir une exploitation minière et une production responsables, et de protéger nos chaînes d’approvisionnement, tout en renforçant notre résilience collective.

Nous avons également progressé dans la mise en œuvre du Plan d’action du G7 sur les minéraux critiques, présenté par nos dirigeants respectifs à Kananaskis en juin, en adoptant la Feuille de route pour encourager l’instauration de marchés fondés sur des normes dans le domaine des minéraux critiques.

Nous nous engageons à combler les lacunes ciblées en matière d’innovation dans la recherche et le développement sur les minéraux critiques, en mettant l’accent sur le traitement et le recyclage.

Dans cet esprit, le Canada a également annoncé près de 20 millions de dollars au cours des deux derniers jours pour sept projets auxquels participent des entreprises et des institutions d’ici mais aussi d’Ukraine, des États-Unis, d’Allemagne et du Royaume-Uni.

Je tiens à prononcer les chiffres : 26 accords, 9 pays représentés, 6,4 milliards de dollars investis dans la réalisation de projets canadiens.

Si vous avez besoin d’une preuve que le G7 – tout comme le multilatéralisme – reste essentiel et pertinent, la voici. Si vous vous demandez si une puissance moyenne comme le Canada peut vraiment être un leader, j’espère que cela répond à votre question.

Au cours des deux derniers jours, les ministres de l’énergie du G7 ont également mené à bien un programme ambitieux et de grande envergure, comme en témoignent nos cinq énoncés de résultats.

Nous nous sommes engagés à donner suite à un appel à l’action visant à améliorer la sécurité énergétique, nous avons doublé notre soutien à la sécurité énergétique de l’Ukraine avec la toute première déclaration du G7 sur ce sujet, nous avons élaboré un plan de travail du G7 sur l’IA et l’énergie et, pour la toute première fois, nous avons fait progresser l’harmonisation en matière d’énergie nucléaire, notamment en convenant d’élargir la coopération sur l’énergie de fusion.

Nous avons également négocié plusieurs déclarations et accords bilatéraux afin de faire progresser nos objectifs communs en matière de sécurité énergétique, d’énergie nucléaire et de soutien à l’Ukraine.

Parmi ceux-ci, citons la Déclaration conjointe du Canada et du Japon sur la sécurité énergétique, qui vise à renforcer la coopération entre nos deux pays dans divers secteurs, notamment ceux du nucléaire, des batteries et du gaz naturel liquéfié à faible teneur en carbone. Citons également le lancement d’un dialogue Canada-Italie sur l’énergie, qui renforcera la coopération entre les deux pays dans les domaines des minéraux critiques, de l’énergie nucléaire et d’autres secteurs prioritaires. Sans oublier la déclaration d’intention conjointe que nous avons signée avec l’Australie pour renforcer nos collaborations dans le domaine de la production de minéraux critiques.

J’ai été particulièrement honoré d’accueillir la ministre Grynchuk [Svitlana Grynchuk, ministre de l’Énergie] de l’Ukraine ici au Canada.

Le Canada, en tant que coprésident du Groupe de coordination du G7+ pour l’énergie en Ukraine et de concert avec l’Union européenne, demeure résolu à soutenir les efforts déployés en Ukraine pour réparer les infrastructures et assurer leur protection physique, ainsi que pour accroître le recours aux énergies renouvelables. À ce jour, nous avons versé près de 22 milliards de dollars en appui à l'Ukraine depuis le début de la guerre.

Et aujourd’hui, la ministre Anand [Anita Anand, ministre des Affaires étrangères] a annoncé que le Canada accélère le versement de la dernière tranche de sa contribution de 70 millions de dollars au Fonds de soutien à l’énergie en Ukraine, en versant 10 millions de dollars de manière anticipée pour aider l’Ukraine à réparer l’infrastructure énergétique vitale endommagée par les frappes russes.

Je continuerai de travailler avec la ministre Grynchuk afin de mobiliser le secteur privé canadien pour reconstruire l’Ukraine, notamment par l’intermédiaire de l’importante délégation d’entreprises canadiennes qui se rendra en Pologne le mois prochain pour participer à la conférence « Reconstruire l’Ukraine ».

Notre tâche dans le cadre de cette rencontre consistait non seulement à établir un plan d’action commun, mais aussi à poser des gestes concrets. C’est ce que nous avons fait.

Le Canada a réussi à encourager le G7 à s’engager à prendre des mesures concrètes, y compris :

  • établir des chaînes d’approvisionnement en minéraux critiques qui seront résilientes, grâce à l’Alliance sur la production;
  • mobiliser des capitaux privés à grande échelle, notamment en misant sur des institutions et des organisations financières publiques;
  • renforcer l’aide à l’Ukraine;
  • encadrer l’innovation dans les domaines de l’IA, du nucléaire et de l’électricité propre.

Je suis extrêmement fier d’avoir représenté la population canadienne aux côtés de la ministre Dabrusin au cours de cette rencontre, et j’ai œuvré pour tirer le meilleur parti de cette occasion de positionner le G7 en tant que pilier d’un ordre international inclusif axé sur les règles et le marché.

Il va sans dire que nous sommes confrontés à d’énormes défis dans le monde actuel.  Cependant, après cette rencontre, je suis encore plus convaincu que nous sommes véritablement plus forts ensemble, en tant que membres fiers et unis du G7. 

Maintenant, quelques mots pour l’Italie et la France.

À l’Italie, je tiens à exprimer notre profonde gratitude pour le leadership dont elle a fait preuve lorsqu’elle a assuré la présidence du G7. À la France, alors que vous vous apprêtez à prendre le relais de la présidence en 2026, vous pouvez compter sur le Canada pour être un partenaire engagé et fiable.

Pour conclure, exactement comme lorsque le G7 est né des chocs pétroliers des années 1970 pour apporter une stabilité et une orientation, nous sommes aujourd’hui appelés à accomplir la même tâche : diriger dans un esprit d’unité et agir avec détermination tandis que nous donnons le ton pour la course vers 2050 et au-delà.

Nous avons l’impression d’être au bord du précipice. Alors, profitons de cette occasion pour réaffirmer l’engagement du G7 à agir comme une force capable de renforcer notre sécurité, d’assurer la prospérité de nos citoyens et de jeter les bases d’un avenir énergétique durable et fiable.

Merci beaucoup. Et surtout, allez les Blue Jays!

Je cède maintenant la parole à notre modérateur pour les questions des médias.

Détails de la page

2025-11-01