L’honorable Tim Hodgson Observations à l’intention du G7 : Allocution dans le cadre du forum de l’AIE sur l’innovation énergétique

Discours

Le 29 octobre 2025 

Bonjour à tous et bienvenue à Toronto.

J’ai le privilège de vous accueillir au forum de l’Agence internationale de l’énergie sur l’innovation énergétique, ce regroupement de penseurs, de gens d’action et de bâtisseurs qui construisent ensemble l’avenir de l’approvisionnement énergétique.

Tout d’abord, permettez-moi de remercier M. Birol et l’AIE d’avoir choisi le Canada pour tenir ce forum et de continuer de prôner le rôle essentiel que jouera l’innovation dans l’accélération et l’abordabilité de la transition vers un secteur de l’énergie sûr et durable.

Toronto semble être l’endroit idéal pour discuter de ce sujet. Cette ville — que je considère comme mon chez-moi — est un bel exemple de ce que l’innovation énergétique devrait être : diversifiée, dynamique, entrepreneuriale et axée sur le monde.

J’espère que votre présence ici aujourd’hui vous incitera à progresser et à approfondir la collaboration au-delà des frontières.

La rencontre d’aujourd’hui survient à un moment charnière.

Les marchés énergétiques sont influencés par des conflits géopolitiques, des révolutions technologiques et l’accélération de la course vers la carboneutralité. Les citoyens partout dans le monde ont besoin d’un accès sûr à une énergie abordable. Les investisseurs veulent investir en toute confiance et en connaissance de cause. De leur côté, les gouvernements tentent de stimuler l’ambition climatique, tout en favorisant la croissance économique.

Je pense que les défis auxquels notre génération devra faire face sont les suivants : comment concilier l’innovation avec l’inclusion, les avancées technologiques avec la confiance, ainsi que la compétitivité économique avec la responsabilité envers le climat.

En participant à la réunion des ministres de l’énergie et de l’environnement du G7 demain, le Canada souhaite transmettre le message que nous pouvons y arriver si nous travaillons tous ensemble. La prospérité, la sécurité et la durabilité ne sont pas des objectifs opposés, mais elles renforcent mutuellement les solutions que nous devons mettre en œuvre pour nos citoyens.

Cette idée n’est pas nouvelle. En fait, elle a d’abord pris naissance dans le cadre d’une intervention du G7 en réaction à la crise énergétique des années 1970. Elle demeure toujours d’actualité, voire plus que jamais.

En ce moment charnière, il est difficile de penser à un sujet plus important à l’échelle mondiale que l’innovation énergétique.

Face à tous ces changements rapides, l’innovation énergétique pourrait devenir le fondement de la prospérité, de la sécurité et de la crédibilité climatique. Pour les Canadiennes et les Canadiens, il s’agit de trouver une façon de ne pas tomber à court d’électricité pendant nos rigoureux hivers, d’alimenter les centres de données d’IA que nous souhaitons bâtir de façon responsable et d’offrir une énergie fiable aux industries et au secteur manufacturier, tout en respectant nos engagements sur le plan climatique.

L’innovation ne consiste pas seulement à inventer de nouvelles technologies, c’est aussi favoriser l’expansion des méthodes qui fonctionnent, plus rapidement, à moindre coût et en réduisant les risques, tout en conservant la confiance du public.

L’objectif du Canada en matière d’innovation est clair : mettre en place un système énergétique mondialement reconnu pour sa fiabilité, son coût abordable et sa faible empreinte carbone. Nous souhaitons aussi exporter le savoir-faire, la technologie et les ressources nécessaires à ce projet pour renforcer les possibilités économiques, pour le Canada comme pour ses alliés.

Nous serons des chefs de file en concevant des réseaux modernes, intégrés et souples, capables de transporter des électrons propres à l’endroit et au moment requis.

Nous serons des chefs de file en développant rapidement notre capacité de production d’électricité à faibles émissions de carbone grâce à la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires et à l’utilisation de petits réacteurs modulaires, en produisant du gaz naturel de façon responsable, en limitant la pollution et en intégrant à notre système un dispositif de stockage de l’énergie à l’échelle du réseau.

Nous serons des chefs de file en collaborant avec le secteur privé pour accélérer l’électrification des véhicules, des bâtiments et de l’industrie, tout en encourageant les combustibles et les matières premières — comme l’hydrogène propre et les biocombustibles durables — nécessaires à la transformation du secteur des transports lourds et des secteurs difficiles à décarboner.

À l’échelle nationale, nous nous concentrons sur trois éléments clés.

Premièrement, la création d’un environnement favorisant la certitude réglementaire, reposant sur des politiques prévisibles, des délais plus courts et un processus d’autorisation fiable. Nous collaborons avec les provinces, les territoires, des partenaires autochtones, les services publics et les organismes de réglementation afin de raccourcir les délais sans brûler les étapes; vitesse et intégrité doivent aller de pair.

Deuxièmement, l’utilisation d’outils financiers générant des capitaux privés. Il faut utiliser les fonds publics de façon judicieuse, atténuer les risques associés aux projets novateurs, soutenir les chaînes d’approvisionnement offrant des intrants essentiels aux industries de premier plan et appuyer la décarbonation des industries afin que notre économie demeure concurrentielle et que les produits canadiens soient les plus performants au chapitre des émissions de carbone.

Par exemple, ce matin avec NorthX Climate Tech – un organisme canadien soutenu par RNCan qui œuvre à l’accélération des progrès en matière d’énergies propres –, nous avons annoncé un investissement de 3,4 millions de dollars remis à quatre sociétés technologiques émergentes dans le domaine de l’élimination du dioxyde de carbone : CarbonRun, pHathom, Skyrenu et NULIFE Greentech, qui comptent plusieurs représentants dans cette salle.

Nous avons aussi annoncé qu’un des premiers bénéficiaires de NorthX, Arca, a déjà signé avec Microsoft une des plus importantes ententes d’élimination du CO2 à l’échelle internationale. Voilà un exemple d’entreprise canadienne de technologies propres qui a su tirer profit d’un apport stratégique en capitaux d’amorçage dès le départ, et qui est désormais en voie de devenir un acteur important sur la scène internationale, en créant des emplois et en contribuant à la croissance financière du Canada.

Cette situation témoigne de la réussite du gouvernement du Canada et de l’importance qu’il continue d’accorder à la gestion du carbone, une innovation primordiale dans le domaine de l’énergie. En plus du financement habituel que le gouvernement accorde pour encourager l’innovation en matière de gestion du carbone, nous avons mis en place un crédit d’impôt à l’investissement unique en son genre au Canada pour le captage, l’utilisation et le stockage du carbone. Conjugué aux nombreux autres crédits d’impôt pour l’investissement dans l’économie propre, qui s’appliquent à des industries telles que la fabrication, les technologies, l’électricité et l’hydrogène propres, ce crédit joue un rôle crucial en stimulant les investissements, en favorisant l’innovation au pays, en créant des emplois et en aidant le Canada à atteindre son objectif de carboneutralité d’ici 2050.

Afin de tirer parti de l’élan suscité par le crédit d’impôt et d’autres formes de soutien du gouvernement fédéral, je vous annonce aussi un investissement de plus de 11 millions de dollars dans des entreprises de technologies de CUSC à Terre‑Neuve et au Québec, qui évalueront des solutions de stockage et d’amélioration de la minéralisation du carbone pour emprisonner le CO2, tout en facilitant la récupération des métaux critiques.

Je reviens maintenant au troisième élément clé sur lequel nous concentrons notre attention, à savoir les données et le numérique. Que ce soit grâce à la cartographie de haute résolution des ressources énergétiques, à la numérisation du réseau ou aux activités catalysées par l’IA, nous transformons les données énergétiques du Canada en atouts stratégiques. Nous y parvenons en investissant judicieusement des fonds publics qui incitent le secteur privé à en faire plus, plus rapidement.

Ce qui m’amène à vous parler de la vision canadienne de l’innovation énergétique, c’est-à-dire l’interaction entre l’IA et l’énergie.

En effet, si l’électricité a été à l’origine de la première révolution industrielle et si les données ont alimenté la seconde, ce seront l’IA et les renseignements qui mèneront à la prochaine révolution : l’intégration des données, de l’apprentissage automatique et de l’ingéniosité humaine dans l’ensemble des systèmes énergétiques.

L’IA influence déjà notre façon de produire, de transporter et de consommer l’énergie. Elle aide les exploitants à prédire la demande sur le réseau en temps réel, accélère la découverte de matériaux permettant de concevoir des batteries plus efficaces et optimise les énergies renouvelables, comme les parcs éoliens.

Cependant, le potentiel réel de l’IA ne concerne pas uniquement l’utilisation individuelle; l’IA peut mettre à profit des millions de points de données dans différents secteurs, simuler des heures de recherche et de développement et établir des liens entre des écosystèmes d’innovation qui ont toujours agi de façon isolée.

Dans le meilleur des cas, l’IA rendra nos systèmes énergétiques plus intelligents, plus rapides et plus résilients en réduisant le gaspillage, en améliorant la fiabilité et en permettant aux ressources humaines de se concentrer sur la résolution créative des problèmes.

Nous savons toutefois que de nouveaux pouvoirs impliquent de nouvelles responsabilités.

L’avenir de la prospérité et de la sécurité économiques dépendra de l’IA et de l’informatique quantique. Qu’il soit question de services de santé, de défense ou de services publics, elles transformeront la prestation de services gouvernementaux aux Canadiennes et aux Canadiens. Le Canada et ses alliés du G7 doivent devenir des pionniers dans ces deux domaines et profiter des avantages concurrentiels conférés par la recherche, les talents et les ressources énergétiques. Non seulement le Canada remplira ses obligations, mais il dépassera les attentes.

En parlant d’énergie, l’IA n’influencera pas uniquement notre façon de la produire et de la stocker, mais aussi notre façon de la gérer. Cela implique de garantir la souveraineté des données, la protection de la vie privée et l’assurance que ces systèmes profitent au bien public et non à des intérêts privés uniquement.

C’est pourquoi le Canada prend des mesures délibérées pour s’assurer de fonder ses efforts sur une IA fiable, abordable et écoénergétique dès le départ, pas après coup. Nous avons l’intention de partager ce travail avec nos alliés.

C’est pourquoi, lors des discussions de demain et vendredi avec les membres du G7, le Canada, en tant que président, s’efforcera de promouvoir un cadre commun à l’ensemble du G7. Ce cadre permettrait d’exploiter les ressources énergétiques et l’IA de façon responsable, en renforçant la compétitivité des nations du G7 tout en protégeant la sécurité et les principes démocratiques.

Pour appuyer ces engagements, nous avons prévu des mesures concrètes à l’échelle nationale.

Nous avons nommé notre tout premier ministre de l’Intelligence artificielle et de l’Innovation numérique.

Nous avons également établi des partenariats avec des pays comme le Royaume-Uni et les Émirats arabes unis, ainsi qu’avec des entreprises de premier plan dans le domaine de l’IA, comme Cohere.

De plus, nous élaborons actuellement une stratégie en matière d’IA, sous la direction du récent Groupe de travail sur la stratégie en matière d’intelligence artificielle, composé de spécialistes de l’industrie, du milieu universitaire et de la société civile.

À ce sujet, j’ai le plaisir de lancer aujourd’hui l’appel de propositions « Intelligence artificielle au service de l’innovation énergétique au Canada », par l’entremise de mon ministère, Ressources naturelles Canada. Les projets financés dans le cadre de cet appel de propositions encourageront l’élaboration de solutions novatrices en matière d’IA véritablement canadiennes et tireront parti des engagements pris lors du Sommet des dirigeants du G7 à Kananaskis, où les pays ont reconnu l’importance de l’exploitation responsable de l’IA pour assurer la sécurité énergétique et la compétitivité économique.

Chacune de ces histoires, qu’elles concernent la recherche sur l’IA, les projets de CUSC ou les nouvelles ententes avec le secteur privé, s’inscrit dans un discours plus général.

Ce discours montre que l’innovation énergétique gagne en importance, que ce soit l’utilisation de l’IA ou l’émergence de nouvelles technologies permettant l’élimination du dioxyde de carbone, ce qui signifie que les possibilités économiques liées à l’innovation énergétique se multiplient également. Dans tous les domaines, on reconnaît la nécessité et l’urgence d’innover ainsi que les possibilités que cela représente. Cette croissance nécessitera toutefois des réseaux de collaboration plus vastes, s’étendant aux universités, aux entreprises en démarrage et à des régions entières.

Selon moi, la création d’un tel réseau relève totalement des compétences du forum sur l’innovation énergétique. Nous sommes bien placés pour faire appel aux meilleurs talents afin d’échanger nos idées et d’accélérer la prise de mesures.

Nous ne cesserons pas nos activités une fois que le présent forum sera terminé. J’ai le plaisir d’annoncer qu’en juin 2026, le Canada sera l’hôte du 11e congrès international de l’AIE sur l’efficacité énergétique, à Montréal.

L’efficacité, qui est souvent qualifiée de « premier combustible », est le moyen le plus rapide et le moins coûteux de réduire les émissions, tout en favorisant la croissance. Chaque unité économisée renforce la compétitivité, réduit les factures et soulage la pression exercée sur le réseau.

Pour le Canada, l’efficacité énergétique constitue une stratégie industrielle : des codes améliorés qui rendent nos bâtiments plus confortables et plus abordables, la modernisation d’espaces publics qui encourage la résilience de nos infrastructures et des normes intelligentes qui aident nos foyers et nos entreprises à économiser de l’argent et à réduire les émissions.

À l’échelle internationale, un souci d’efficacité unit les pays producteurs comme les pays consommateurs. C’est là que l’ambition climatique rejoint la sécurité et l’abordabilité énergétiques. À Montréal, nous accueillerons des dirigeants qui s’exprimeront sur les façons de réduire la demande sans réduire les possibilités, afin que les familles économisent, que les industries se développent et que le réseau demeure stable malgré une accélération de l’électrification.

En ce début de Forum et en vue de la réunion du G7 qui commencera demain, je voudrais terminer sur ce simple message :

Il est essentiel de parler d’innovation et d’entrer en contact avec de nouveaux partenaires potentiels, mais l’innovation ne repose pas uniquement sur les idées, mais aussi sur les stratégies de mise en œuvre.

Nous devons transmettre les meilleures idées des laboratoires et des sites d’essai aux personnes en mesure de les utiliser : les ingénieurs, les entrepreneurs, l’industrie et les collectivités.

Après tout, au bout du compte, l’innovation n’est pas une simple question de technologie.

Elle repose également sur l’ambition des êtres humains; sur des personnes qui se demandent « Et si…? ».

Et si nous pouvions concevoir des systèmes énergétiques qui font tourner notre économie sans nuire à notre planète?

Et si nous pouvions utiliser l’intelligence artificielle pour accélérer les découvertes, assainir les processus de fabrication et renforcer la fiabilité des réseaux?

À chaque génération, il arrive un moment où la technologie, les capitaux et les prises de conscience s’entrecroisent. Nous sommes actuellement à la croisée des chemins.

Alors que nous entamons le Forum sur l’innovation énergétique cette année, pourquoi ne pas nous faire une promesse les uns aux autres? Que, lorsque les gens se remémoreront cet événement, ils puissent affirmer que c’est à ce moment que nous avons arrêté de discuter des options et que nous avons commencé à agir.

Le temps est venu de considérer sérieusement un avenir énergétique prospère pour les quatre prochaines années, voire pour les quatre prochaines décennies. Un avenir sécuritaire, abordable et durable.

Nous avons la chance de pouvoir compter sur l’AIE pour faire avancer ce dossier.

Le Canada est prêt à y contribuer en établissant des partenariats, en investissant et en montrant la voie, sans tarder et de manière responsable.

Profitons de notre séjour à Toronto pour ébaucher les prochaines idées sur lesquelles il faudra se pencher, mais également les prochaines mesures à mettre en œuvre.

Merci beaucoup.

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2025-10-30