Le Consortium ACCESS : points à considérer concernant la modification des souches dans les vaccins autorisés contre la COVID-19, dans le cadre de l’actuelle pandémie de SRAS-CoV-2

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Résumé

Contexte

  1. En décembre 2020, un nouveau mutant du SRAS-CoV-2 a été détecté au Royaume-Uni, que l'on soupçonne d'être nettement plus infectieux (variants VUI-202012/01 avec plusieurs mutations décrites, la mutation N501Y étant la plus importante). Dans le même temps, une autre souche a été détectée en Afrique du Sud, également avec un profil d'infectiosité distinct (501.V2). Plus récemment, une nouvelle lignée virale a été signalée au Brésil, présentant la mutation N501Y et des changements aux E484 et K417 ainsi que d'autres mutations dans la partie du génome qui code pour spicule. Les mutations et les délétions de la protéine de spicule sont préoccupantes, car il s'agit également la principale cible des vaccins actuels contre les coronavirus.
  2. Alors que les développeurs et les autres parties prenantes travaillent à tester la réactivité croisée des sérums de personnes vaccinées avec la nouvelle souche dans des essais pertinents, il est important qu'il y ait une approche réglementaire prête à être mise en œuvre si des mutations du virus rendent à tout moment les vaccins moins efficaces en raison d'une réactivité croisée insuffisante, et qu'une mise à jour des vaccins déjà autorisés est nécessaire. Ce document expose des considérations scientifiques et réglementaires. Il ne couvre pas les vaccins non autorisés actuellement en cours de développement. Si les considérations de ce document ont été écrites pour les vaccins, elles peuvent également s'appliquer, au cas par cas, à d'autres thérapies ciblées comme les anticorps monoclonaux.
  3. Dans une approche très conservatrice, les autorités de réglementation considéreraient un changement de souche dans un vaccin autorisé comme un nouveau produit et exigeraient de nouveaux essais cliniques pour démontrer l'innocuité, l'immunogénicité et l'efficacité. Il en résulterait un retard considérable dans la préparation de la nouvelle version du vaccin en vue de son déploiement, puisque l'étape qui limite la vitesse de déploiement est la production de données sur l'efficacité, en s'appuyant sur les infections spontanées, incluant dans un groupe de comparaison. Cela peut également être problématique du point de vue de la santé publique, car tout retard dans la mise à jour d'un vaccin, le cas échéant, comporte le risque que le virus évolue encore davantage, ce qui pourrait rendre une nouvelle version du vaccin à nouveau obsolète au moment de l'approbation. Il convient donc de créer un concept scientifique et réglementaire qui atteint le juste équilibre entre la preuve de qualité, d'innocuité et d'efficacité d'un vaccin actualisé et la faisabilité et la rapidité de mise en œuvre.
  4. Il ne s'agit pas d'une situation sans précédent; il peut être envisagé d'appliquer des concepts issus de la réglementation des vaccins antigrippaux. Le virus de la grippe est connu pour muter constamment en raison des erreurs de réplication, de la pression de sélection et du réassortiment des génomes viraux de différents virus de la grippe co-infectant un hôte. Des principes de réglementation ont déjà été élaborés pour les virus de la grippe, et ils pourraient bien être applicables à d'autres virus comme le SRAS-CoV-2.

Concepts réglementaires pour les vaccins contre la grippe

  1. Les mutations constantes des virus de la grippe reposent sur deux phénomènes qui se sont traduits par des approches réglementaires adaptées par rapport à d'autres vaccins où l'agent pathogène n'évolue pas à une vitesse telle qu'un vaccin contre un immunotype particulier devient rapidement obsolète.
  2. Dérive antigénique : Le changement progressif dû aux mutations est généralement la raison sous-jacente des changements saisonniers dans les souches et des mises à jour connexes. La population générale, si elle est vaccinée, aura généralement une certaine immunité de fond en raison de la réactivité croisée des versions précédentes du vaccin. Les vaccins sont généralement mis à jour grâce à des données pertinentes sur la qualité pharmaceutique, généralement sans données cliniques et non cliniques sous-jacentes. L'omission d'exiger des données de l'innocuité clinique a été mise en œuvre par la plupart des organismes de réglementation mondiaux il y a quelques années afin de ne pas retarder la fabrication des vaccins candidats de la saison suivante, et en raison de l'expérience quant à l'innocuité des vaccins respectifs en général. Toutefois, des mesures post-autorisation doivent être mises en place.
  3. Cassure antigénique : Ce phénomène se produit généralement par réassortiment de gènes, créant un nouveau virus de la grippe, avec un potentiel pandémique. Il est propre aux virus de la grippe qui portent un génome segmenté permettant le réassortiment en cas de co-infection d'un hôte. Dans ce scénario, la population générale, si elle est vaccinée, n'aura pas une immunité de fond suffisante. Cela supposerait qu'une nouvelle version d'un vaccin précédemment autorisé serait résolument différente d'une version précédente. De tels vaccins pandémiques peuvent différer des vaccins contre la grippe saisonnière, par exemple par l'adjuvant qui est utilisé afin d'assurer une protection forte et rapide dès la première dose, en particulier lorsque ces souches ont une faible immunogénicité. Dans un contexte de préparation prépandémique, le processus de fabrication et la conception d'un vaccin pandémique peuvent déjà être déterminés avant qu'une pandémie ne soit déclarée, même sans connaître encore la souche pandémique réelle.
  4. Cela a conduit à l'élaboration du concept de simulation (généralement appelé « vaccins en préparation à une pandémie ») par lequel un vaccin est développé en tant que vaccin « prépandémique » (maintenant appelé « vaccin contre la grippe zoonotique ») avec une souche qui est en train d'émerger et qui pourrait avoir un potentiel pandémique. Les données sur la qualité, l'innocuité, l'immunogénicité et l'efficacité pharmaceutiques (dans la mesure du possible, puisqu'il est possible que l'agent pathogène ne circule pas dans la population humaine) sont ensuite étudiées avec cette souche prépandémique, formant un « dossier prototype », qui est ensuite rapidement modifié au moment où la souche pandémique est connue pour devenir la variante pandémique réelle. Cela ne nécessiterait alors pas la même quantité de données, ce qui permettrait de produire rapidement le vaccin correspondant et de le déployer, la souche pandémique étant liée au vaccin prépandémique par l'intermédiaire d'une demande de variation. Cette méthode a été appliquée avec succès lors de la pandémie de « grippe porcine » H1N1 de 2009, où la souche prépandémique H5N1 (« grippe aviaire ») a été utilisée pour développer les vaccins, et la souche H1N1 a pu être rapidement remplacée par la souche actuelle.
  5. Cette variation peut être fondée uniquement sur des données de qualité, bien que la directive pertinente de l'Agence européenne des médicaments (EMA) recommande de privilégier certaines données cliniques indiquant l'immunogénicité probable de la souche. Si ce n'est pas possible, ces données devraient être obtenues comme condition après l'autorisation, et des plans comprenant l'efficacité du vaccin devraient être activés et les résultats communiqués dans des délais convenus au préalable. Un avis scientifique sur les besoins est recommandé dans un scénario interpandémique.
  6. Il est intéressant de noter que pour les vaccins contre la grippe zoonotique dans une situation où un changement de souche pour le même sous-type est nécessaire (par exemple, un variant du H1N1 contre un autre variant du H1N1), il est recommandé, lorsque cela est possible, que la nouvelle version du vaccin soit administrée à des sujets ayant déjà reçu le vaccin initial afin d'évaluer le degré d'amorçage croisé, bien que ces données puissent être soumises après que la variation de changement de souche ait été approuvée.

Orientations pour l'adaptation des vaccins autorisés contre la COVID-19 aux mutations du SARS-CoV-2 dans le cadre de l'actuelle pandémie

Considérations générales

  1. Les concepts de réglementation des vaccins antigrippaux ont été élaborés sur la base de l'expérience acquise au fil des années de vaccination saisonnière et de la pandémie de grippe H1N1 de 2009. On pourrait stipuler que, concernant les vaccins contre le SRAS-CoV-2, dans le cadre d'une vaccination de masse, une expérience considérable en matière d'innocuité s'accumule au fur et à mesure de la progression de la pandémie et du déploiement des vaccins, et que l'efficacité a été établie pour le vaccin candidat initial grâce à de vastes études cliniques de phase 3. Il s'agit d'un avantage évident par rapport au concept de simulation de la grippe où une souche prépandémique est utilisée pour estimer l'innocuité et l'efficacité d'un futur vaccin candidat.
  2. Il convient de noter que le concept de vaccin antigrippal pour la préparation à une pandémie (simulation) a été développé afin de permettre la production de données de transition avant qu'une pandémie ne soit déclarée. Dans le contexte d'une pandémie de coronavirus en cours, ces principes ne sont pas facilement applicables : Premièrement, si la pandémie est en cours, il y a peu de temps pour générer de grands ensembles de données; deuxièmement, il n'existe pas de vaccins contre les coronavirus qui ont été désignés comme saisonniers, et la version précédente d'un vaccin donné était déjà un vaccin pandémique, dont l'efficacité a été prouvée dans un contexte de pandémie. Cela permet de générer des données de rapprochement sur la puissance et l'immunogénicité avec le vaccin initial contre les coronavirus.
  3. Par ailleurs, le SRAS-CoV-2 est un nouvel agent pathogène et sa caractérisation scientifique n'est pas aussi avancée que celle des virus de la grippe. En outre, de nombreux formats de vaccins sont nouveaux et ne sont associés qu'à une faible expérience clinique à long terme, mais pourraient faire l'objet d'une mise à jour plus simple.
  4. Les autorités réglementaires aborderont donc la mise à jour d'un vaccin déjà autorisé contre les coronavirus selon une approche qui repose sur les principes réglementaires des mises à jour des vaccins contre la grippe saisonnière et sur des données non cliniques ou cliniques adéquates. Il est probable que, dans le cadre d'une pandémie en cours, il soit souhaitable de tester le vaccin actualisé directement sur l'humain et de générer des données cliniques adéquates sur l'immunogénicité et l'innocuité.
  5. Les données sur la réactivité croisée issues d'études réalisées avec des sérums provenant d'humains vaccinés et suggérant que le vaccin actuel n'offre pas de protection contre un nouveau variant du virus stimuleront la création d'une nouvelle version du vaccin capable d'offrir une protection contre le nouveau variant. En outre, une baisse de l'efficacité des vaccins signalée dans les études/enquêtes d'efficacité constituerait un signal fort pour la mise à jour des vaccins actuels.
  6. Un aspect important à considérer est de savoir si le contrôle réglementaire devrait être une exigence pour la séquence de l'antigène mis à jour. Si elle était introduite, cette mesure harmoniserait de nombreux aspects de l'efficacité des vaccins et garantirait qu'une fois disponibles, les séquences de vaccins actualisées seraient fondées sur certaines recherches fondamentales effectuées par les laboratoires, comme il est indiqué ailleurs dans le présent document. Toutefois, cette façon de faire ralentirait probablement l'introduction de nouveaux vaccins et pourrait aboutir à un vaccin périmé au moment de son introduction, car les études en laboratoire et le processus d'obtention d'un accord sur les souches requises au sein de la communauté scientifique et réglementaire occasionneraient un retard. Les autorités réglementaires engageront de manière proactive les parties prenantes concernées au niveau international, notamment l'Organisation mondiale de la santé (OMS). On considère que, dans un contexte de pandémie et de besoins de santé publique en évolution rapide, l'harmonisation internationale de la définition des principaux variants du virus et des exigences réglementaires est souhaitable, mais qu'elle n'est pas une condition préalable pour progresser dans la réglementation efficace et habilitante des mises à jour de vaccins. Dans une situation où l'on sait encore peu de choses sur un nouveau variant du virus, l'harmonisation de tous les vaccins sur une ou quelques séquences peut s'avérer complexe, et les vaccins à séquences variées, développés le plus rapidement possible par les fabricants, peuvent être un moyen pragmatique et rapide d'introduire des vaccins actualisés à ce stade de la pandémie. Un contrôle réglementaire plus sophistiqué pourrait être mis en place une fois que le virus sera mieux compris.
  7. Un dialogue scientifique avec les autorités réglementaires le plus tôt possible est fortement recommandé.

Considérations relatives à la qualité

  1. Les fabricants devront soumettre un ensemble de données minimum pour mettre à jour leurs vaccins, quel que soit le mécanisme de réglementation. Bien qu'il appartienne en fin de compte à l'entreprise de décider et de justifier cet ensemble de données en fonction du type de vaccin et des adjuvants (le cas échéant) concernés, les aspects qualitatifs suivants devront être pris en compte :
    1. Les segments et la séquence de la fraction complète du vaccin par rapport au vaccin déjà homologué.
    2. La confirmation de la séquence du nouveau composant antigénique par rapport à la séquence souhaitée, et des données vérifiant l'homogénéité avec le variant souhaité.
    3. Les détails sur la construction et la synthèse du matériel de départ du vaccin et de la nouvelle séquence.
    4. L'évaluation des risques liés aux agents adventifs liés à toute banque de cellules/tout lot de semences de virus, etc. associés à la fabrication. La réalisation de tests dans les banques de cellules et les lots de semences conformément aux lignes directrices de l'ICH lorsque jugé nécessaire à la suite de l'évaluation des risques.
    5. Les renseignements sur le développement des méthodes de fabrication et les modifications du processus de fabrication nécessaires en raison de la nouvelle séquence. Il est souhaitable d'adopter une vue d'ensemble du processus de fabrication qui confirme la conformité avec la stratégie du processus de fabrication d'origine et de toutes les modifications/variations qui ont été approuvées jusqu'à présent, y compris la validation des étapes critiques du processus de fabrication.
    6. La validation du processus. Tous les aspects propres à la plateforme ainsi qu'un nombre suffisant (au moins deux) de lots de qualification du rendement du processus (QRP) à l'échelle commerciale par installation de fabrication (éventuellement avec des lots de développement plus petits).
    7. Caractérisation/comparabilité du vaccin actualisé avec le vaccin homologué.
    8. Mise à jour et revalidation des essais et des normes que requiert la nouvelle séquence.
    9. Données sur la durée de conservation. Par analogie avec les vaccins antigrippaux, et sur la base du fait que les modifications de la séquence sont mineures, il est proposé de soumettre les données disponibles, mais, dans un premier temps, la durée de conservation doit être fondée sur le vaccin homologué à l'origine ou sur des versions mises à jour lorsque des données suffisantes sont disponibles.
    10. Lorsque la version actualisée est fabriquée sur la même chaîne de fabrication, on s'attend à ce que soient fournies des données adéquates sur la prévention de la contamination croisée (identité).

Considérations non cliniques

  1. L'absence de données non cliniques sur la toxicologie, y compris la toxicologie reproductive, concernant le vaccin candidat actualisé doit être dûment justifiée, bien qu'une telle approche soit probablement acceptable lorsque le seul changement concerne l'immunogène et que le reste de la composition du vaccin demeure inchangé.
  2. Les données d'immunogénicité non cliniques, à la fois humorales et cellulaires, dans un modèle animal pertinent seront instructives. Il est recommandé de comparer le prototype et les vaccins pour les variants. Ces études devraient être accompagnées de la production de données sur la réactivité croisée.
  3. Les données non cliniques sur la protection, provenant d'un modèle de contestation approprié, peuvent constituer des données supplémentaires utiles. Lorsqu'il est justifié de le faire, ces études peuvent être réalisées parallèlement aux études cliniques. Les données relatives à la protection croisée chez les animaux pourraient permettre de vérifier si la nouvelle version du vaccin peut assurer une protection contre le virus existant afin d'indiquer s'il convient d'envisager une vaccination contre les deux versions du virus.

Considérations cliniques

  1. Les exigences cliniques peuvent varier en fonction de la plateforme et de la formulation du vaccin. Le contexte de la pandémie et de la santé publique dans chaque région sera pris en compte pour décider du niveau de preuve clinique requis pour soutenir l'accès au marché.
  2. Un vaccin contre le coronavirus actualisé peut incorporer un changement de la séquence (substance active) liée au nouveau variant ou l'ajout au vaccin actuel d'une autre séquence (substance active) liée au nouveau variant. Les exigences seront différentes dans ces deux situations.
  3. Comme l'efficacité a déjà été établie pour le premier vaccin par l'étude pivot initiale, aucune autre étude d'efficacité clinique ne sera nécessaire. Toutefois, l'immunogénicité (à la fois humorale et cellulaire) et les données sur l'innocuité seront généralement requises afin d'obtenir une approbation. En outre, des données sur l'efficacité et la surveillance après l'approbation devront être recueillies. Les candidats devraient proposer un plan pour les études d'efficacité post-approbation.
  4. Changement de séquence lié au nouveau variant

    Si des essais in vitro à partir de sérums de sujets ayant reçu le vaccin actuel ont montré que la réactivité croisée avec le nouveau variant n'est pas suffisante, une étude comparative des deux vaccins pourrait ne pas être dans l'intérêt supérieur des sujets de l'essai. Par conséquent, une étude autonome serait dans un tel cas jugée appropriée, bien que d'autres modèles soient également acceptables (voir plus loin la section sur la non-infériorité).

    Une étude autonome d'immunogénicité et de réactogénicité peut inclure à la fois des sujets n'ayant jamais été vaccinés et des sujets ayant reçu la version actuelle du vaccin. Selon la couverture vaccinale, ces derniers peuvent être l'objet principal de l'étude. Chaque cohorte devrait idéalement comprendre des adultes et des sujets âgés de plus de 65 ans.

    Si le vaccin nécessite une stratégie « prime boost » ou « stimulation-amplification », la cohorte de sujets ayant déjà reçu la version actuelle du vaccin peut être randomisée vers la stratégie « prime boost » ou vers une injection unique afin d'étudier la possibilité d'un amorçage croisé et de déterminer si une seule injection est suffisante pour obtenir la même ampleur de réponse contre le nouveau variant que la stratégie « prime boost ». Il peut être possible d'inclure ce type de conception comme une sous-étude ou une étude d'extension du suivi en cours de l'essai pivot.

    Chez tous les sujets, la réponse immunitaire devrait comprendre la détermination des anticorps de liaison, des anticorps neutralisants et de la réponse des cellules T (au moins un test Elispot). Les réponses devraient être mesurées par rapport aux cibles actuelles et nouvelles; le même test devrait de préférence être utilisé avec un changement de l'analyte cible. En l'absence d'un corrélat de protection connu, il convient de comparer les sérums des personnes vaccinées avec le vaccin prototype de la même plateforme. La démonstration de titres comparables peut ne pas assurer un niveau de protection similaire, car la corrélation entre les titres d'anticorps et l'efficacité n'est pas établie. Une comparaison avec un panel de sérums de patients convalescents infectés par le nouveau variant pourrait donc être utile. Un groupe d'experts international de l'OMS (NIBSC), l'International Standard and Reference Panel, s'est penché sur l'utilisation d'anticorps contre le SRAS-CoV-2 en tant que matériel de référence normalisé pour la validation des tests; les travaux de ce groupe faciliteront ainsi ces analyses.

    Seuls des résultats à court terme seront nécessaires, jusqu'à 2 mois selon le schéma vaccinal (par exemple, jusqu'à 1 mois après la deuxième dose dans le cadre d'une stratégie « prime boost » avec un intervalle de 4 semaines entre les doses); des données sur la réactogénicité sur 7 jours après chaque dose et sur les effets indésirables non sollicités pendant cette période de suivi devraient être recueillies.

    Le nombre de sujets exposés devrait idéalement être suffisant pour fournir un éclairage adéquat sur la réactogénicité et l'immunogénicité. Par exemple, un total d'environ 300 par cohorte dans une étude autonome (par exemple, 300 sujets n'ayant jamais été vaccinés ou 300 sujets ayant déjà reçu la version actuelle du vaccin) permettrait d'atteindre une précision d'environ ±5 % dans l'estimation de la réactogénicité fondée sur l'intervalle de confiance (IC) de 95 %. Ce nombre devrait également permettre d'atteindre un niveau de précision acceptable pour les données sur les anticorps; par exemple, en supposant un écart-type sur l'échelle logarithmique d'environ 1.25, 300 sujets donneraient une précision d'environ 15 % pour les titres moyens géométriques (par exemple, si l'estimation ponctuelle est de 100, l'IC de 95 % passerait d'environ 87 à 115). Des écarts sont possibles, y compris ceux qui pourraient être nécessaires dans des circonstances réelles de santé publique, et devraient idéalement faire l'objet de discussions avec les autorités réglementaires. Le nombre de sujets inscrits dans l'étude devrait être clairement justifié en fonction de la conception et des objectifs de l'étude.

    Lorsqu'un plan de non-infériorité est choisi, par une comparaison des titres d'anticorps neutralisants obtenus contre le variant après l'administration du vaccin actualisé avec ceux obtenus contre la souche initiale après l'administration du vaccin actuel, on s'attend à ce que soit fournie une justification adéquate du choix de la marge de non-infériorité et du plan de l'étude (comparaison directe ou comparaison avec des sérums de personnes précédemment immunisées). Les autorités réglementaires examineront la totalité des preuves présentées au moment de l'approbation.

    Dans le cas d'un vaccin utilisant un vecteur viral, les anticorps contre le vecteur viral devraient également être mesurés. L'inscription de sujets préalablement vaccinés dans l'essai pivot pourrait permettre d'évaluer chez les sujets la cinétique des anticorps contre le vecteur viral et leur impact potentiel sur la réponse immunitaire à des vaccinations répétées.

    D'autres études intéressantes peuvent être envisagées au cas par cas, comme l'évaluation du régime « prime boost » homologue ou hétérologue, soit du même vaccin (versions actuelles et nouvelles du vaccin), soit du mélange avec un vaccin provenant d'une autre plateforme.

    On peut envisager que les vaccins contre la COVID-19 actualisés soient administrés en même temps que les vaccins antigrippaux, ou en étroite relation avec eux. Les données sur la vaccination concomitante (innocuité, y compris la réactogénicité et l'immunogénicité) avec le vaccin original ou le vaccin contre le variant sont donc les bienvenues.

  5. Ajout d'une nouvelle séquence

    La combinaison d'une nouvelle séquence avec la séquence actuelle dans la nouvelle version du vaccin (c'est-à-dire la génération d'un vaccin bivalent ou multivalent) peut nécessiter des études d'immunogénicité supplémentaires afin de définir la dose appropriée pour chaque séquence et pour déterminer si l'ajout d'une deuxième séquence (ou de séquences ultérieures) n'entraîne pas une réponse immunitaire inférieure aux vaccins à séquence unique. Par exemple, une compétition au niveau de l'ARNm peut se produire et entraver l'immunogénicité. En outre, la réactogénicité de la combinaison doit être évaluée, par exemple par rapport au vaccin à séquence unique. L'approche d'un vaccin multivalent nécessiterait donc des données supplémentaires et devrait de préférence faire l'objet de discussions avec les autorités réglementaires.

  6. Autres approches
    Il est recommandé de discuter avec les autorités réglementaires des approches comme celles relatives aux différents niveaux d'antigènes pour une dose de rappel.
  7. Étant donné qu'un vaccin actualisé contre un variant s'appuiera sur une version parentale précédemment autorisée dont la qualité, l'innocuité et l'efficacité sont établies, du point de vue de la santé publique, il peut être justifié de déployer le nouveau vaccin candidat déjà lié à la version précédente, en l'absence de données cliniques d'immunogénicité et d'innocuité, pendant que ces études sont en cours. Une telle approche, uniquement fondée sur des données non cliniques, devra faire l'objet de discussions avec les autorités réglementaires.
  8. Du point de vue de la pharmacovigilance, le plan de gestion des risques (PGR) devrait être mis à jour et le système de déploiement devrait être revu afin de s'assurer que la version appropriée du vaccin peut être saisie dans les rapports d'événements indésirables. L'information sur les vaccinations précédentes devrait être obtenue chez les personnes ayant reçu la nouvelle version du vaccin.

    L'autorisation des modifications de vaccins en fonction des variants est soumise à toutes les exigences de déclaration après commercialisation prévues par le règlement, y compris l'obligation de recueillir et d'évaluer en permanence les renseignements sur l'innocuité, de déterminer s'il y a eu un changement important dans les connaissances sur les risques et les avantages tant des prototypes que des vaccins contre les variants, et d'aviser sans délai l'autorité réglementaire concernée de ces modifications.

    Un PGR actualisé (comprenant une annexe propre à chaque pays) serait nécessaire pour garantir que les événements indésirables puissent être correctement pris en compte pour les différentes versions du vaccin, qu'il s'agisse du prototype ou des versions ciblant les variants. Le format du PGR devrait suivre les orientations appropriées et devrait inclure les éléments suivants dans le contexte du prototype du vaccin et des versions du vaccin ciblant les variants :

    1. une spécification de sécurité qui détaille les risques identifiés, les risques potentiels et l'information manquante
    2. un plan de pharmacovigilance qui détaille les mesures précises à prendre pour cerner et signaler les problèmes d'innocuité chez les patients atteints de la COVID-19, y compris la notification des effets indésirables, les rapports périodiques et les études en cours/prévues
    3. un plan d'atténuation des risques, le cas échéant, pour gérer les risques qui peuvent nécessiter des mesures supplémentaires allant au-delà de celles considérées comme habituelles (par exemple, l'étiquetage)

    La traçabilité de la marque et du lot, la distinction entre les effets indésirables suspectés avec les nouvelles et anciennes formulations, ainsi que la collecte d'information de qualité sur l'immunisation et les antécédents médicaux doivent se trouver au cœur du PGR actualisé.

    Le cas échéant, les orientations nationales devrait être suivies, par exemple le PGR de base pour le Royaume-Uni/Grande-Bretagne.

Considérations réglementaires

  1. Les autorités réglementaires sont ouvertes à toute discussion sur l'impact des changements de souches dans le cadre d'une pandémie en cours relativement aux engagements post-autorisation existants.

Considérations sur les vaccins contre la COVID-19 en cours de développement

  1. Pour les vaccins contre la COVID-19 qui ne sont pas encore autorisés et pour lesquels une mise à jour de la souche SARS-CoV2 est envisagée, certaines considérations du présent document peuvent s'appliquer. Ces scénarios dépendront du stade de développement, du format du vaccin et des preuves d'immunogénicité, d'innocuité et d'efficacité déjà recueillies au moment de la mise à jour de la séquence du SARS-CoV2.
  2. En raison de la nature ponctuelle de ces scénarios, les demandeurs sont encouragés à discuter de leurs plans à l'avance avec les autorités réglementaires.

Perspectives d'avenir : Considérations relatives aux éventuels nouveaux coronavirus sans rapport avec le SRAS-CoV2 (préparation à une pandémie)

  1. À l'avenir, des orientations seront élaborées de manière plus approfondie afin d'assurer une meilleure préparation à une éventuelle pandémie. Les coronavirus semblent des agents pathogènes zoonotiques à fort potentiel pandémique, comme en témoignent les trois grandes épidémies survenues depuis le début des années 2000 (MERS, SRAS, COVID-19).
  2. Il y aurait lieu d'examiner la possibilité de considérer les vaccins autorisés contre le SRAS-CoV-2 et leurs dossiers de données connexes comme des « dossiers prototypes » pour un futur vaccin contre le coronavirus, dans les cas où un procédé de construction et de fabrication similaire est utilisé. Dans un tel scénario, une séquence émergente de coronavirus pourrait être clonée dans des constructions existantes et être étudiée de manière similaire au processus décrit ci-dessus. Cette possibilité dépend de la construction particulière du vaccin.

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