Évaluation des risques pour la santé humaine des particules grossières: sommaire

Santé Canada a complété une évaluation détaillée des risques intitulée « Évaluation des risques pour la santé humaine des particules grossières », un document distinct mettant l'accent sur les impacts potentiels sur la santé des matières particulaires grossières (PM10-2.5). L'état des connaissances sur les effets sanitaires des particules grossières a été et continue d'avancer et environ 150 nouvelles publications scientifiques ont été évaluées.

Ce document présente une évaluation critique des informations pertinentes essentielles pour établir le poids de la preuve pour les divers effets sur la santé associés à l'exposition aux particules grossières ambiantes, et pour établir si les impacts sur la santé de la population peuvent survenir suite aux expositions ambiantes actuelles. Les effets sur la santé des particules grossières ont été étudiés à l'aide de différents types d'études, avec la preuve la plus forte venant de la littérature épidémiologique. Ces études ont principalement évalué l'impact de particules grossières sur les troubles respiratoires et cardiovasculaires. Les résultats des travaux avec des volontaires humains (études d'exposition contrôlée chez les humains) et avec des animaux (études toxicologiques) dans un environnement expérimental contrôlé soutiennent les résultats épidémiologiques et aident à mieux comprendre les mécanismes des particules grossières sur la santé cardiaque et pulmonaire.

Les prochains paragraphes présentent un bref résumé des principaux impacts des particules grossières sur la santé et les conclusions portant sur les liens de causalité établis par cette évaluation.

Effets aigus - Mortalité

Il existe des associations positives relativement uniformes entre l'exposition de courte durée aux particules grossières ambiantes et la mortalité non accidentelle, respiratoire et cardiovasculaire dans les études épidémiologiques disponibles. Cependant, les associations observées dans ces études ne sont parfois pas significatives sur le plan statistique et ne démontrent qu'une force d'association limitée. En général, les associations entre les particules grossières et la mortalité présentent une amplitude similaire, mais moins précise, que celles observées pour les particules fines, bien que ce manque de précision ne soit pas inattendu compte tenu de l'erreur de mesure de l'exposition plus importante pour la fraction grossière. D'autre part, il n'existe qu'un appui limité de la mortalité liée aux particules grossières dans les autres sources de données; par exemple, la morbidité respiratoire est proéminente dans les études toxicologiques et épidémiologiques et peu d'indications sont fournies sur les effets pouvant être liés à la mortalité cardiovasculaire, ce qui comprend l'essentiel de la mortalité non accidentelle. Une incertitude subsiste également concernant le potentiel de confusion créé par la fraction de particules fines ou les polluants gazeux. Dans l'ensemble, les données épidémiologiques suggèrent un lien de causalité entre l'exposition de courte durée à la fraction de particules grossières et la mortalité.

Organisation :
Date publiée : 2016-02-12

Effets aigus - Morbidité

Effets respiratoires

Des augmentations liées aux particules grossières relativement régulières des hospitalisations et des visites à la salle d'urgence (VSU) pour affections respiratoires, le plus souvent de l'asthme chez des enfants, ont été signalées dans des études épidémiologiques. Ces résultats sont pour la plupart significatifs sur le plan statistique, en particulier pour les hospitalisations, et sont appuyés par des augmentations significatives encore plus régulières des symptômes respiratoires et de l'utilisation de médicaments contre l'asthme dans les études par panel portant sur des enfants asthmatiques. Ces résultats se sont révélés solides dans le cadre de l'utilisation d'un certain nombre de modèles d'études, et aussi à travers différents mélanges de polluants et systèmes de soins de santé. Il existe également des preuves relativement cohérentes (liées aux hospitalisations, aux VSU, aux études par panel et aux études d'exposition contrôlées chez les humains et les animaux) selon lesquelles l'exacerbation de l'asthme est un effet critique de l'exposition aux particules grossières et que les enfants et les personnes âgées sont des sous-groupes sensibles. Des études ont fourni un appui au niveau expérimental pour les résultats des études épidémiologiques et les mécanismes d'action émergents plausibles/fragments toxiques (par l'exemple l'endotoxine). Les principaux mécanismes proposés en lien avec les effets sur la santé induits par les particules sont les lésions induites par l'inflammation et le stress oxydatif, le ou les composants particuliers des particules responsables de la stimulation de divers paramètres biologiques étant inconnus pour l'instant (cependant, la matière biologique, les contaminants métalliques, et les hydrocarbures aromatiques polycycliques, tels que le benzo(a)pyrène, ont tous été impliqués). En outre, certains éléments indiquent une spécificité de l'effet, les particules grossières étant associées à des effets dans les voies respiratoires supérieures et les particules fines étant davantage associées à des effets dans les voies respiratoires inférieures, ce qui correspond à leurs zones de déposition principales. Toutefois, des incertitudes subsistent quant au possible rôle des copolluants dans les associations observées. Ce point est particulièrement important compte tenu de l'erreur de mesure relativement importante et de la variation de la composition de la fraction grossière. Globalement, les données d'épidémiologie et les résultats restreints provenant d'études d'exposition contrôlée chez les humains, ainsi que les études toxicologiques suggèrent l'existence d'un lien de causalité entre l'exposition de courte durée aux particules grossières et les effets respiratoires.

Effets cardiovasculaires

Il y a peu d'indication de cohérence dans les résultats cardiovasculaires limités et parfois irréguliers issus des études par panel et des études d'exposition contrôlée chez les humains disponibles. De plus, des incertitudes subsistent quant au possible rôle des particules fines et des polluants gazeux dans les associations observées dans de nombreuses études épidémiologiques. Toutefois, les estimations des risques liés aux hospitalisations pour problèmes cardiovasculaires et à la mortalité en lien avec les particules grossières ambiantes sont généralement positives. De plus, une augmentation significative et robuste de la mortalité associée à certaines causes cardiovasculaires en lien avec les particules grossières a été observée dans deux études américaines effectuées dans plusieurs villes. Dans l'ensemble, les résultats des études épidémiologiques au niveau de la population suggèrent un lien de causalité entre l'exposition de courte durée à la fraction de particules grossières et les effets cardiovasculaires, bien que les examens des indicateurs de résultats cardiovasculaires des études par panel et des études toxicologiques chez les animaux soient trop limités pour mettre en évidence le poids de la preuve.

Effets chroniques - Mortalité et morbidité

Contrairement au grand nombre d'études sur les variations à court terme des polluants de l'air associés à divers indicateurs liés à la mortalité et à la morbidité, relativement peu d'études ont examiné les effets respiratoires et cardiovasculaires de l'exposition de longue durée aux polluants de l'air. Les associations entre l'exposition chronique aux particules grossières ambiantes et la mortalité et les effets sur la santé respiratoire et cardiovasculaire ont été examinées plus récemment dans des études de cohortes prospectives, et les résultats ne permettent pas d'avoir une introspection significative sur le rôle, s'il existe, joué par la fraction des particules grossières. En outre, un nombre limité d'études ont porté sur l'association entre l'exposition chronique aux particules grossières et les conséquences néfastes sur l'issue de la grossesse et la mortalité infantile, et les résultats ont été contradictoires; un léger effet négatif sur le poids à la naissance a été observé dans une étude américaine multi-villes, mais cette association variait grandement avec la situation géographique, les échantillons d'étude, et les covariables compris dans le modèle. Des incertitudes importantes subsistent en ce qui concerne le rôle éventuel des copolluants, les mesures appropriées de l'exposition aux particules et les périodes critiques d'exposition pendant la grossesse. Dans l'ensemble, les données épidémiologiques sont insuffisantes pour établir l'existence d'un lien de causalité entre l'exposition chronique à la fraction de particules grossières et les effets sur la mortalité, la santé respiratoire et cardiovasculaire, ainsi que les effets sur le développement.

Conclusions générales

La somme des preuves concernant les effets sur la santé des particules grossières s'est accrue depuis l'évaluation précédente, mais elle reste limitée comparativement à ce qui est disponible sur les particules fines. L'appareil respiratoire semble être la cible critique des effets nocifs suite à l'exposition aux particules grossières. Dans l'ensemble, les données concernant les effets des particules grossières sur la santé sont plus faibles que celles concernant les particules fines, ainsi que soumises à des erreurs de mesure plus importantes. Ces particules sont également caractérisées par une composition chimique plus hétérogène. Cependant, en se fondant sur les études dosimétriques, épidémiologiques et toxicologiques réalisées dans des zones industrialisées/urbaines, la présence d'effets nocifs pour la santé sur l'appareil respiratoire résultant de l'exposition de courte durée à des particules grossières ne peut pas être rejetée ou négligée.

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