Réponse de l'Agence de la santé publique du Canada à la COVID 19 : Leçons apprises
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Résumé du rapport
Préparé par le Bureau de l'audit et de l'évaluation
Agence de la santé publique du Canada
Novembre 2023
Table des matières
- Liste des acronymes
- Résumé
- Leçons apprises
- La réponse du Canada comparée à celle d'autres pays
- Notes de fin
Liste des acronymes
- ACSG+
- Analyse comparative fondée sur le sexe et le genre plus
- ACSP
- Administratrice en chef de la santé publique
- ASPC
- Agence de la santé publique du Canada
- CMHC
- Conseil des médecins hygiénistes en chef
- EPI
- Équipement de protection individuelle
- FPT
- Fédéral provincial territorial
- IANPHI
- Association internationale des instituts nationaux de santé publique
- INSP
- Institut national de santé publique
- LNM
- Laboratoire national de microbiologie
- OMS
- Organisation mondiale de la Santé
- RMISP
- Réseau mondial d'information en santé publique
- RSP
- Réseau de santé publique
Résumé
Contexte
Le 31 décembre 2019, le Réseau mondial d'information en santé publique (RMISP) de l'Agence de la santé publique du Canada (ASPC) a détecté une maladie de type pneumonie de cause inconnue provenant de Wuhan, en Chine. Le lendemain, le 1er janvier 2020, le président de l'ASPC a alerté les principaux ministères fédéraux, notamment Santé Canada, Affaires mondiales Canada, le Bureau du Conseil privé, Sécurité publique Canada, ainsi que le personnel du ministre de la Santé, au sujet de ce signalement. L'administratrice en chef de la santé publique (ACSP) a alerté tous les membres du Conseil des médecins hygiénistes en chef (CMHC) le 2 janvier 2020. Le Laboratoire national de microbiologie (LNM) a envoyé une alerte au Réseau des laboratoires de santé publique du Canada le même jour.
L'ASPC a commencé à communiquer régulièrement avec ses partenaires fédéraux, provinciaux et territoriaux dès le début du mois de janvier 2020. Le 7 janvier 2020, l'ASPC a commencé à préparer des rapports de situation afin de fournir des renseignements clés sur l'évolution de la situation.
Le Centre des opérations du portefeuille de la Santé a été activé au niveau 2 et a mis en place sa structure de gestion des incidents le 15 janvier 2020. Le 27 janvier 2020, le Canada a signalé son premier cas confirmé de COVID-19. Le 28 janvier 2020, le Centre des opérations du portefeuille de la Santé a été officiellement activé au niveau 3, ce qui signifie que les répercussions, ou les répercussions potentielles de l'événement de santé publique COVID-19 nécessitaient une plus grande utilisation des ressources programmatique du portefeuille de la Santé pour soutenir la réponse.
Le 30 janvier 2020, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déclaré que cette épidémie du nouveau coronavirus constituait une urgence publique de portée internationale. Quelques semaines plus tard, le 11 mars 2020, elle a déclaré que la COVID-19 était une pandémie. Entre la déclaration des premiers cas à Wuhan, en Chine, le 31 décembre 2019, et l'annonce officielle par l'OMS de la fin de l'urgence sanitaire mondiale liée à la COVID-19 le 5 mai 2023, le Canada a connu une série de vagues caractérisées par des hausses de cas, d'hospitalisations et de décès. Pour faire face aux conséquences sanitaires, sociales et économiques de la pandémie, il a fallu mettre en place une réponse pangouvernementale qui a été étendue et adaptée en fonction de l'évolution de la situation épidémiologique au Canada.
Objectif
Ce rapport rassemble les principales actions et mesures mises en œuvre par l'ASPC pour faire face à la pandémie de COVID-19 et examine les leçons qui en ont été apprises. Ayant une orientation interne, il documente les leçons apprises de la réponse apportée par l'ASPC en tant que chef de file du gouvernement du Canada en matière d'interventions de santé publique. Il présente également les points à améliorer pour aider l'Agence à se préparer à la prochaine urgence de santé publique. Les renseignements présentés reposent sur des entrevues avec de hauts fonctionnaires qui ont travaillé à l'ASPC pendant la pandémie, ainsi que sur des documents internes et des examens externes. La plupart des travaux de collecte de données ont été achevés à l'été 2022, et des mises à jour ont été effectuées à l'été 2023. Ce rapport ne traite pas des mesures qui relèvent du mandat des provinces et des territoires, comme les soins de santé, ou d'autres ministères fédéraux, comme les transferts sociaux et les politiques économiques.
Au début de la pandémie, les plans d'urgence et les documents d'orientation existants, tels que le Plan d'intervention d'urgence du portefeuille de la Santé, le Plan stratégique de gestion des urgences du portefeuille de la Santé, le document intitulé « Préparation du Canada en cas de grippe pandémique : Guide de planification pour le secteur de la santéNote de bas de page 1 », ainsi que le Plan d'intervention fédéral-provincial-territorial en matière de santé publique dans les cas d'incidents biologiquesNote de bas de page 2, ont fourni un cadre pour orienter la réponse de l'ASPC et la coordination avec les unités de santé publique provinciales et territoriales. En raison de l'ampleur et de la portée sans précédent de la pandémie de COVID-19, il était nécessaire d'adopter une approche de planification prospective pour la gestion continue de la pandémie de COVID-19. Cela a mené à la création d'un plan d'intervention fédéral-provincial-territorialNote de bas de page 3 propre à la COVID-19, publié pour la première fois en 2020 et dont les dernières mises à jour datent de 2022. Ce plan décrit les éléments clés permettant de passer d'une réponse intensive à une réponse à long terme plus durable face à la présence continue de la COVID-19. Ces éléments, ainsi que d'autres éléments clés internes à l'ASPC, tels que la mobilisation du personnel et la capacité d'intensification, et qui sont propres au rôle de l'ASPC en tant que responsable de la santé publique du gouvernement du Canada, comme la coordination au sein du portefeuille de la Santé, ont été utilisés comme cadre pour structurer ce rapport. Les principaux éléments de la réponse abordés dans le rapport sont les suivants :
- Réserve nationale de fournitures médicales en cas d'urgence;
- Mesures en matière de santé des voyageurs et aux frontières internationales;
- Services d'analyse et de laboratoire;
- Surveillance et données;
- Vaccination;
- Orientation et conseils en santé publique;
- Science, recherche et innovation;
- Communication des risques et diffusion d'information;
- Prise en compte des répercussions disproportionnées dues aux inégalités et injustices existantes en matière de santé;
- Collaboration et la coordination avec d'autres organismes de santé publique et groupes de professionnels de la santé;
- Capacité interne.
Rôle de l'ASPC
En termes généraux, la Loi sur l'Agence de santé publique du CanadaNote de bas de page 4 considère que la création de l'ASPC et la nomination de l'ACSP « contribueront à l'action fédérale exercée en vue de dégager et de réduire les facteurs de risque pour la santé publique et d'appuyer la préparation à l'échelle nationale des mesures visant à contrer les menaces pesant sur la santé publique ». La Loi définit les responsabilités des mesures de santé publique en matière de protection et de promotion de la santé, de surveillance de la santé, de préparation et d'intervention en cas d'urgence, de collaboration dans le domaine de la santé publique, de coordination des politiques fédérales, de coopération fédérale/provinciale/territoriale et de coopération internationale. Bien que le mandat principal de l'ASPC n'ait pas changé, l'ampleur sans précédent de la réponse à la pandémie de COVID-19 a nécessité une intensification et un élargissement significatifs de la portée des activités requises pour mener et soutenir la réponse du Canada à la pandémie de COVID-19.
Étant donné que la santé publique est une responsabilité partagée entre les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux (FPT), une structure de gouvernance de durée limitée a été mise en place en janvier 2020, géré par le Réseau de santé publique (RSP), conformément au Plan fédéral, provincial et territorial d'intervention en santé publique dans les cas d'incidents biologiques, afin de soutenir la coordination de la réponse pancanadienne. Cette structure comprenait le Comité consultatif spécial sur la COVID-19 et ses comités consultatifs connexes, le Comité consultatif technique, le Comité consultatif logistique, le Groupe des communications du Réseau de santé publique et le Groupe de travail sur la santé publique dans les collectivités éloignées et isolées. Le Comité consultatif spécial sur la COVID-19 était composé de membres du Conseil du RSP et du CMHC et était chargé de conseiller la Conférence des sous-ministres FPT de la santé sur la coordination, la politique de santé publique et le contenu technique liés à la pandémie de COVID-19.
Principales mesures prises
Parmi les actions les plus pertinentes mises en œuvre par l'ASPC pour faire face à la pandémie de COVID-19, on peut citer les suivantes :
Réserve nationale de fournitures médicales en cas d'urgence
- En réponse aux perturbations de l'approvisionnement mondial et au nom des provinces et des territoire, achat en masse, distribution et gestion d'une quantité sans précédent d'équipement de protection individuelle (EPI), de fournitures auxiliaires pour les vaccins et d'équipement biomédical, ainsi que de vaccins, de produits thérapeutiques et de fournitures pour les tests de dépistage. Par exemple, l'ASPC a acheté plus de 530 millions d'aiguilles et de seringues de différentes tailles afin d'accélérer la campagne de vaccination pendant la pandémie.
Mesures en matière de santé des voyageurs et aux frontières internationales
- Soutien à cinq vols de rapatriement, ainsi qu'à l'accueil et à la mise en quarantaine des citoyens canadiens et des résidents permanents rapatriés en février et mars 2020.
- Diriger l'élaboration et l'approbation de 83 décrets d'urgence, conformément à la Loi sur la mise en quarantaine, afin de limiter l'introduction et la propagation de la COVID-19 au Canada. L'ASPC a renforcé sa présence à la frontière en fournissant des services de santé publique de première ligne. Elle a notamment mis en place des installations de quarantaine désignées, mis en œuvre des mécanismes de conformité et d'application, et conçu, supervisé et déployé des tests de dépistage de la COVID-19 aux points d'entrée, y compris aériens et terrestres.
Services d'analyse et de laboratoire
- Collaborer avec le Réseau des laboratoires de santé publique du Canada pour soutenir les capacités de dépistage de la COVID-19 dans l'ensemble du pays. Le LNM a également mis en place un réseau de laboratoires fédéraux d'intensification qui ont apporté un soutien supplémentaire aux provinces et aux territoires, ainsi que pour l'administration des tests de dépistage aux frontières. De plus, l'ASPC a amélioré l'accès aux tests de diagnostic pour les collectivités nordiques, éloignées et isolées.
Surveillance et données
- Collaborer avec les provinces et les territoires pour soutenir la collecte de données de surveillance des cas de COVID-19. L'ASPC a collaboré avec les provinces et les territoires pour créer un système national de surveillance des vaccins contre la COVID-19, afin de suivre les taux de couverture au Canada et d'augmenter un système existant de surveillance des vaccins après leur mise en marché afin de faire un suivi des effets secondaires signalés. Soutenir le développement d'un réseau de séquençage du génome entier pour la COVID-19 et fournir aux partenaires provinciaux et territoriaux des capacités techniques dédiées au séquençage du génome.
- Établir un réseau pancanadien de surveillance des eaux usées avec des partenaires et des programmes clés provenant de différents ordres de gouvernement (fédéral, provincial, territorial, municipal), ainsi qu'avec le milieu universitaire, afin de prélever des échantillons d'eaux usées dans un grand nombre de municipalités du Canada et de les analyser pour détecter la présence de COVID-19.
Vaccination
- Soutenir le lancement de la plus grande campagne de vaccination de l'histoire du Canada par l'achat en masse et la distribution de vaccins et d'équipements connexes, en partenariat avec les Forces armées canadiennes. L'ASPC a lancé le système technologique ConnexionVaccin afin d'apporter un soutien logistique à l'administration des vaccins dans tout le Canada.
- Mener des recherches, déployer des trousses d'outils, établir des partenariats avec des organisations communautaires et mener des campagnes de publicité pour renforcer la confiance dans les vaccins et leur acceptation.
- Mise en place d'un Programme fédéral de soutien aux victimes d'une vaccination afin que toutes les personnes au Canada qui ont subi une blessure grave et permanente à la suite de l'administration au Canada d'un vaccin autorisé par Santé Canada aient un accès équitable et rapide à une aide financière.
Orientation et conseils
- Élaborer des documents d'orientation sur divers sujets, notamment la prévention et le contrôle des infections, des orientations cliniques et des conseils sur l'utilisation des vaccins. Les orientations et les outils de l'ASPC ont été conçus pour différents auditoires, notamment le public, les autorités de santé publique, les écoles et les établissements (p. ex., l'outil pour les opérateurs). Les documents d'orientation sur la COVID-19 de l'ASPC ont fait l'objet d'une analyse comparative fondée sur le sexe et le genre plus (ACSG+) afin de prendre en compte les besoins et les circonstances particulières des différents groupes de personnes vivant au Canada.
- Organisation de cours et de webinaires pour les organismes de santé publique et les prestataires de soins de santé canadiens sur des sujets comme la vaccination et la recherche des contacts.
- Déployer du personnel fédéral sur le terrain dans les organismes de santé publique municipaux, provinciaux et territoriaux afin de renforcer les activités quotidiennes de surveillance et d'intervention. Ceci incluait notamment 12 agents de santé publique pour la COVID-19 et quatre agents de santé publique chargés de la sécurité des vaccins. De plus, l'ASPC a déployé 91 épidémiologistes dans 11 provinces et territoires entre janvier 2020 et décembre 2022 en réponse à 63 demandes de soutien supplémentaire à court terme, dont 18 demandes concernant des menaces pour la santé publique non liées à la COVID-19.
Sciences, recherche et innovation
- Renforcer rapidement les capacités scientifiques, la collaboration et la prise de décisions fondées sur des données probantes. Il s'agissait notamment d'investir rapidement dans la recherche scientifique et d'établir et de renforcer de nombreux organismes de conseils scientifiques. L'ASPC a également mis en œuvre de nouvelles approches de gouvernance de la collaboration scientifique et de nouveaux outils de synthèse et de mobilisation des connaissances.
- Développer des capacités scientifiques supplémentaires pour soutenir l'élaboration des politiques, telles que la création d'une équipe de modélisation et d'un bureau des sciences du comportement (BScComp).
- Coordonner les activités de synthèse des données probantes et de mobilisation connexe liées à la COVID-19, y compris 62 synthèses de données probantes uniques produites par COVID-END et d'autres producteurs de données probantes, ainsi que 15 consultations et mobilisations d'experts sur un large éventail de sujets émergents et complexes liés à la COVID-19, en collaboration avec le réseau CanCOVID.
Communication des risques et diffusion d'information
- Participer à d'importantes activités médiatiques, notamment en répondant à 14 937 demandes des médias entre janvier 2020 et septembre 2022. Le ministre de la Santé, l'ACSP, le sous-administrateur en chef de l'ACSP et d'autres représentants de l'ASPC ont offert 669 disponibilités aux médias, y compris des conférences, des mêlées de presse, des entrevues et des séances d'information technique. De plus, de janvier 2020 à septembre 2022, le contenu de ca/coronavirus a reçu 619 602 756 visites sur le Web. Entre le 1ermars 2020 et septembre 2022, 1 596 763 appels ont été traités par la ligne d'information 1800 COVID-19.
- Renforcer la communication sur les risques et continuer à sensibiliser le public par des campagnes dans les médias et les médias sociaux, ainsi que par des partenariats avec des influenceurs et des organisations communautaires, afin de communiquer de manière proactive avec les personnes vivant au Canada et les partenaires de l'ensemble du système sur les risques pour la santé et les méthodes permettant de protéger la santé de la population canadienne.
- Mener des recherches en utilisant les sciences du comportement et en tirant parti de partenariats avec diverses organisations pour lutter contre la désinformation.
Prise en compte des répercussions disproportionnées dues aux inégalités et injustices existantes en matière de santé
- Tirer parti des partenariats avec les programmes communautaires de l'ASPC pour diffuser des renseignements de santé publique essentiels sur la COVID-19 et orienter les participants vers les autorités locales de santé publique pour obtenir des conseils à l'échelle régionale.
- Réaliser des analyses sur les répercussions plus larges de la COVID-19 sur la santé, en mettant l'accent sur la santé mentale, l'augmentation continue des torts et des décès liés aux opioïdes, les maladies chroniques, les affections suivant la COVID-19, les enfants et les personnes âgées. Par exemple, l'ASPC a aidé les bénéficiaires de ses programmes communautaires, notamment le Programme d'action communautaire pour les enfants, le Programme canadien de nutrition prénatale, le Fonds d'innovation pour la promotion de la santé mentale et le Programme d'aide préscolaire aux Autochtones dans les collectivités urbaines et nordiques, à adapter leurs activités de projet afin de continuer à soutenir les enfants et les familles à risque pendant la pandémie.
- Diriger le Programme des sites sûrs d'isolement volontaire, financé par le gouvernement fédéral et géré à l'échelle locale.
- Établir un Fonds de partenariat d'immunisation afin de soutenir la vaccination dans les collectivités.
Collaboration et la coordination avec d'autres organismes de santé publique et groupes de professionnels de la santé
- Soutien à 238 réunions du Comité consultatif spécial FPT sur la COVID-19 et à 78 réunions des médecins hygiénistes en chef.
- Organisation de plus de 50 engagements bilatéraux et multilatéraux avec les provinces et les territoires, et de cinq sommets fédéraux, provinciaux, territoriaux et autochtones pour discuter de divers aspects du déploiement des vaccins et faciliter le partage des pratiques exemplaires et des leçons apprises.
Leçons apprises
La pandémie de COVID-19 a souligné le rôle clé de l'ASPC dans la préparation et l'intervention en cas d'urgence de santé publique afin de soutenir la santé et le bien-être de la population. Elle a également souligné l'importance de l'ACSP de l'ASPC en tant que conseillère scientifique de confiance auprès des gouvernements et du public. Grâce à sa réponse à la COVID-19, l'ASPC a acquis des connaissances et de l'expérience qui devraient être prises en considération quand elle se positionne pour répondre à des urgences futures.
Cet examen permet de dégager plusieurs leçons transversales.
Leçon 1 : À mesure qu'une pandémie évolue, il est essentiel d'adapter rapidement la réponse compte tenu de l'évolution de la science et de fournir une communication en temps réel sur les activités et les nouvelles preuves émergentes.
La pandémie de COVID-19 a mis en évidence la nécessité de faire preuve de flexibilité dans les mesures de santé publique. Il s'agit notamment de reconnaître qu'une pandémie ne ressemblera pas à ce qui s'est produit dans les situations d'urgence précédentes et que la réponse sera très probablement modifiée en fonction de l'évolution de la science ou de l'apparition de nouveaux défis.
Il a été largement reconnu que la pandémie de COVID-19 était d'une complexité et d'une ampleur sans précédent. Les activités essentielles au début de la réponse, comme la disponibilité d'EPI et la conception de tests de diagnostic, ont évolué vers d'autres défis, y compris la mise au point d'un vaccin. Entre-temps, certaines activités étaient livrées en continue, comme soutenir la disponibilité des données et les capacités de test de dépistage dans l'ensemble du pays. L'ampleur des mesures et des programmes mis en œuvre par l'ASPC était imprévue et nombre de ces mesures ont évolué à mesure que de nouvelles connaissances scientifiques étaient disponibles. En outre, l'évolution du virus lui-même a nécessité des changements dans les mesures d'intervention.
Il est essentiel de communiquer en temps réel aux partenaires, aux intervenants, aux décideurs et aux Canadiens l'évolution des données scientifiques et la manière dont l'Agence adapte sa réponse, car ces données renforcent la confiance et permettent aux autres de planifier ou de mettre en œuvre leurs propres activités. Il est important de veiller à ce que les données soient interprétées et mobilisées de manière à ce qu'elles soient utiles à des publics particuliers. Il s'agit notamment de tenir compte du contexte plus large dans lequel les renseignements sont utilisés et de veiller à ce que les données scientifiques et factuelles soient élaborées de manière à les rendre accessibles et pertinentes pour les décideurs. Il est important de renforcer les capacités de communication sur les risques.
Leçon 2 : La désinformation et la mésinformation représentent un défi important pour l'élaboration des politiques publiques et les interventions de santé publique pendant une pandémie. Pour se préparer aux futures situations d'urgence, il sera essentiel de trouver des approches ciblées et innovantes pour instaurer et maintenir la confiance dans les conseils de santé publique.
Lorsque la COVID-19 a commencé à se répandre dans le monde, on disposait de peu de données scientifiques sur le virus et ses modes de transmission. L'absence de certitude scientifique sur laquelle fonder les conseils et les communications de soutien au public ou, dans certains cas, le manque de rapidité dans la communication des conseils ou de l'incertitude a laissé la place à la désinformation et à la mésinformation. Des sources non fiables sont apparues à l'échelle nationale et mondiale pour combler ce vide.
Il est essentiel de maintenir une communication transparente et rapide sur les risques à mesure de l'évolution de l'événement de santé publique, et de faire savoir au public que notre connaissance de la situation, fondée sur l'évolution de la science et des données, continuera à changer. L'ASPC, comme d'autres agences de santé publique dans le monde, doit trouver des moyens de faire face à cette situation et s'assurer de rester une source d'information crédible et de confiance. La lutte contre la désinformation nécessitera une attention constante et de nouvelles capacités.
Des travaux sont nécessaires pour renforcer la capacité de l'Agence à utiliser les stratégies de communication les plus efficaces et les plus appropriées pour soutenir et maintenir les changements de comportement. La création du Bureau des sciences du comportement au sein de l'ASPC et les recherches en cours pour mieux comprendre la désinformation ont constitué une avancée dans le développement de cette capacité. Des approches permanentes et innovantes seront également nécessaires pour aider à construire et à maintenir la confiance dans les conseils de santé publique. De nombreux partenariats avec des groupes communautaires et des approches novatrices adaptées à divers segments de la population ont été couronnés de succès pendant la pandémie. Ils devraient faire partie de la boîte à outils de l'Agence pour l'avenir.
Leçon 3 : En collaboration avec les partenaires de la santé publique, renforcer les systèmes de surveillance afin d'accéder à des données complètes, de qualité et à jour pour soutenir la prise de décision en matière de santé publique. Il s'agit notamment d'exploiter les types traditionnels de données de surveillance, ainsi que des sources d'information novatrices et non traditionnelles telles que la surveillance des eaux usées, la modélisation et les données anonymes sur la mobilité. Il s'agit également de recueillir des données ventilées sur la race, l'origine ethnique et les conditions socio-économiques afin de mieux comprendre comment certains groupes de population sont touchés de manière disproportionnée par les urgences de santé publique et d'orienter les réponses en conséquence pour remédier aux inégalités. Enfin, il est également essentiel d'améliorer la compatibilité des données recueillies auprès de diverses sources afin d'en maximiser l'utilité.
La disponibilité des données de surveillance est essentielle pour soutenir la capacité de l'ASPC à fournir des renseignements aux partenaires, aux intervenants, aux décideurs et aux Canadiens. Cependant, les formes traditionnelles de données de surveillance se heurtent depuis longtemps à des difficultés bien documentées qui ont influé sur la capacité de l'ASPC à fournir ces renseignements essentiels. Par exemple :
- La disponibilité tardive des renseignements a nui à leur utilité;
- les différences entre les directions générales de l'ASPC et entre les provinces et territoires dans la manière dont les données sont recueillies, stockées et partagées;
- le manque de données longitudinales et ventilées, en particulier sur l'âge, l'ethnicité, l'identité et les conditions socio-économiques;
- les défis liés à l'infrastructure technologique, y compris le manque de compatibilité entre les bases de données, la connectivité entre les données cliniques génomiques et les solutions informatiques pour recueillir les données en temps réel ou presque, ainsi que la capacité variable des systèmes existants.
En outre, pendant la pandémie de COVID-19, des formes non traditionnelles de données de santé publique, telles que l'analyse des eaux usées, la modélisation et l'utilisation de données de mobilité anonymes, ont ajouté de la valeur aux données de surveillance de la santé publique plus traditionnelles. Il est possible de continuer à explorer ces alternatives et d'innover dans ce domaine. La COVID-19 a mis en évidence la nécessité d'exploiter toutes les sources de données pertinentes disponibles pour soutenir une prise de décision efficace.
Le programme de dépistage aux frontières a été le plus grand programme de surveillance de la santé publique mis en œuvre dans l'histoire de l'ASPC. En général, l'Agence ne recueille pas ce type de données. Toutefois, les travaux entrepris dans le cadre de ce programme ont montré que, dans des domaines relevant de la responsabilité fédérale comme les frontières, la collecte de données par l'Agence peut compléter les données recueillies par les provinces et les territoires.
Enfin, la pandémie a mis en évidence l'importance d'adapter les mesures de santé publique aux circonstances particulières des groupes de population touchés de manière disproportionnée par les maladies ou les urgences de santé publique. À cet effet, il faut disposer de données suffisantes et à jour sur la race, l'origine ethnique et les conditions socio-économiques afin de mieux comprendre ces répercussions et orienter la prise de décision.
Leçon 4 : La disponibilité, la contextualisation et la mobilisation rapides de données scientifiques en constante évolution sont essentielles pour les activités d'intervention et doivent être intégrées dans la planification des urgences.
La réponse à la pandémie a stimulé des capacités scientifiques et technologiques supplémentaires, notamment les suivantes :
- la capacité des laboratoires;
- la génomique;
- la modélisation;
- les systèmes de surveillance alternatifs, comme les eaux usées, le contrôle de la séroprévalence et les tests aléatoires de dépistage;
- les études de santé publique appliquées;
- les enquêtes sur la santé des populations;
- les sciences sociales et les sciences de l'équité;
- les sciences du comportement.
Tous ces éléments ont permis à l'Agence d'obtenir des données essentielles fondées sur des preuves pour orienter ses activités.
Le maintien d'une variété d'approches scientifiques, ainsi que des compétences nécessaires pour les utiliser efficacement, est essentiel pour assurer une préparation et une réponse adéquates. Par exemple, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), le G7 et le G20 ont tous déterminé qu'une surveillance génomique accessible est un élément essentiel de la planification, de la préparation et des interventions futures. En outre, la réponse à la pandémie a mis en évidence l'importance des études de santé publique appliquées dans les milieux communautaires et spécialisés. Une meilleure compréhension de la dynamique de transmission, ainsi que de l'efficacité et des effets négatifs des mesures préventives dans la collectivité et dans des environnements particuliers tels que les écoles, les maisons de soins de longue durée, les usines de production alimentaire et les hôpitaux, ainsi que de l'immunité (études de séroprévalence) et des facteurs de risque (études des cas graves par rapport aux cas non graves) est essentielle pour la gestion de la réponse et l'affectation des ressources. Ce type de preuves et de données peut contribuer à atténuer les effets néfastes sur la population et les sous-populations.
De même, pendant la pandémie de COVID-19, les preuves scientifiques se sont accumulées à un rythme sans précédent. Il était donc nécessaire de disposer d'une expertise et d'une capacité dédiées au suivi, à l'évaluation et à la synthèse des données scientifiques disponibles afin d'orienter la prise de décision. Compte tenu de la rapide émergence des données et du grand nombre de facteurs inconnus au cours de l'évolution de la pandémie, la mobilisation et les avis des experts étaient essentiels pour interpréter les nouvelles données scientifiques et orienter les recommandations et les mesures à prendre. Divers organismes consultatifs ont été mis en place pour soutenir la réponse à la pandémie, mais l'efficacité et la qualité des approches consultatives ont été inégales.
Pour l'avenir, il est possible de formaliser et d'exploiter les mécanismes de synthèse rapide des données et de mobilisation des experts scientifiques qui ont été mis en place pendant la pandémie, afin de garantir une capacité permanente de prise de décision fondée sur des données probantes. Il est également possible d'examiner comment soutenir une utilisation et une mobilisation importantes des données scientifiques, par exemple en établissant une liste d'experts et en adoptant une approche plus structurée à l'égard des organismes consultatifs.
Un investissement continu dans la science, les études de santé publique appliquées et la technologie devrait non seulement renforcer la capacité de l'ASPC à faire face aux urgences sanitaires, mais aussi à traiter les effets à long terme des urgences de santé publique.
Leçon 5 : L'équité en matière de santé doit être au centre des futures activités d'intervention et de rétablissement.
La pandémie de COVID-19 et les réponses qu'elle a entraînées ont éclairé et amplifié les inégalités sociales, économiques et sanitaires existantes au Canada et dans le monde. Pour remédier à ces inégalités, l'ASPC a pu tirer profit de ses relations de longue date avec les organisations communautaires pour entrer en contact avec les populations en situation de vulnérabilité et leur fournir des services et des renseignements adaptés. De nouveaux outils ont également été élaborés, comme le Fonds de partenariat d'immunisation.
De nombreuses leçons apprises de la pandémie montrent qu'il est nécessaire d'intégrer des considérations d'équité dans la planification des urgences de santé publique et la prise de décision futures, afin d'éviter le tort et les conséquences involontaires pour les populations déjà victimes d'inégalités et de favoriser des résultats équitables pour tous. À ce titre, l'ASPC doit poursuivre et intégrer davantage les actions visant à améliorer l'équité en matière de santé dans toutes ses activités, y compris la mesure et le suivi des répercussions directes et indirectes de ses réponses sur les différentes populations vivant au Canada. De plus, l'ASPC doit travailler avec l'ensemble du gouvernement fédéral pour collaborer à des politiques et des programmes qui réduisent les disparités sociales et économiques en tant que facteurs clés des inégalités en matière de santé. Les outils et les mécanismes de financement des organisations communautaires qui soutiennent les populations vulnérables sont essentiels pour étendre la portée des activités de santé publique en cas d'urgence. La réduction des inégalités au sens large, en dehors d'un contexte de pandémie, renforcera la résilience de la population afin de minimiser les effets disproportionnés des futures urgences de santé publique.
Leçon 6 : Pour se préparer aux futures urgences, l'ASPC a besoin d'une robuste stratégie de mobilisation qui puisse soutenir le déploiement rapide d'une capacité de pointe et le soutien approprié pour maintenir cette capacité à plus long terme. Cette stratégie devrait servir de base pour :
- Assurer que l'ASPC dispose de la bonne combinaison de capacité opérationnelle et d'expertise scientifique intégrée et prête à relever les défis futurs.
- Permettre la mobilisation rapide de capacités et d'expertises supplémentaires au sein de l'Agence et du reste du gouvernement fédéral, ce qui pourrait inclure un inventaire des expertises dans les domaines essentiels.
- Soutenir le bien-être des employés mobilisés tout au long de la réponse.
- Mettre en place la fondation nécessaire à augmenter rapidement les fonctions de soutien, notamment en ce qui concerne le personnel, la gestion financière, l'approvisionnement et les systèmes informatiques.
La force ultime de l'Agence au cours de la réponse à la COVID-19 a résulté de l'expertise et du dévouement de son personnel. Toutefois, il n'est pas possible de s'attendre à ce que les employés de l'ASPC, à tous les niveaux, puissent continuer à travailler à l'échelle et au rythme requis par la réponse à la COVID-19 pendant plusieurs années. Cette question devrait être abordée avant la prochaine urgence de santé publique de grande ampleur.
Ainsi que le fardeau de travail, d'autres facteurs ont mis à mal le bien-être des employés, notamment les menaces pour leur sécurité personnelle, le traitement négatif des travailleurs de première ligne par le public, les conditions de travail difficiles, la disponibilité des fournitures et le manque d'expérience ou de formation pour les nouvelles tâches qui sont apparues, telles que les opérations frontalières.
Pour les aider à faire face aux demandes, les employés de l'ASPC ont été invités à accéder à un large éventail de ressources d'information et de services de soutien en matière de santé mentale. À partir de janvier 2021, l'ensemble de services de soutien psychosocial Culture de bienveillance a également été proposé aux répondeurs à la pandémie.
La réponse à la COVID-19, comme d'autres réponses à des urgences de santé publique passées comme la grippe H1N1, a montré que disposer des outils appropriés pour soutenir le bien-être des employés doit rester une priorité. Les nombreuses mesures de soutien ont profité aux répondeurs de première ligne, mais elles devraient être mises en place dès le début de tout événement majeur.
Dans l'ensemble, la pandémie de COVID-19 a démontré l'importance de pouvoir mobiliser le personnel et l'expertise nécessaires pour soutenir une réponse à grande échelle sur le long terme. Il s'agit notamment de disposer de connaissances scientifiques et de santé publique suffisantes et d'associer l'expertise scientifique à l'élaboration des politiques et à l'application des connaissances. Elle a souligné l'importance d'une stratégie de mobilisation forte qui reconnaisse la nécessité d'une expertise technique et médicale pour élaborer des orientations et des conseils fondés sur la science et pour fournir des services de laboratoire, mais aussi d'une base opérationnelle solide pour mettre en œuvre des mesures sur le terrain. Il est également nécessaire de réévaluer les compétences de base en matière de santé publique et d'assurer que l'ASPC soit dotée d'une capacité stable pour relever les défis à venir. Plusieurs suggestions entendues lors des entrevues ont souligné de nombreuses considérations, notamment une approche de la mobilisation à l'échelle du gouvernement, des capacités en ressources humaines dédiées pour soutenir la mobilisation, un réseau de talents et un soutien psychologique avant, pendant et après l'événement, entre autres. Il est également important de tirer parti des flexibilités existantes dans les processus de recrutement pour intégrer rapidement de nouveaux employés à l'Agence.
De même, la réponse a exigé de l'Agence qu'elle double sa taille, qu'elle augmente considérablement son budget, qu'elle procède à des achats massifs d'équipements médicaux, de fournitures et de services, et qu'elle déploie rapidement des solutions informatiques. Elle a mis en évidence l'importance de disposer d'une expertise d'entreprise mobilisée dans les domaines fonctionnels de la main-d'œuvre et du personnel, de la gestion financière, de l'aide à la passation de marchés et à l'approvisionnement, et des technologies de l'information. La planification de la prochaine urgence nécessitera également le maintien d'une capacité et d'une expertise adéquates dans ces domaines, ainsi que le développement proactif des outils, des autorités et des procédures nécessaires pour répondre aux situations d'urgence.
De nouveaux processus, une nouvelle gouvernance et de nouveaux partenariats avec d'autres ministères fédéraux comme Services publics et Approvisionnement Canada ont dû rapidement être définis et mis en œuvre pour permettre à ces fonctions organisationnelles d'exister. Les plans pour les prochaines urgences doivent tenir compte des leçons apprises de la réponse à la COVID-19 et établir une fonction de base pour le déploiement rapide des solutions en matière d'approvisionnement et de technologies de l'information. Il s'agirait notamment de définir les mécanismes de gouvernance nécessaires pour soutenir la coordination dans ces domaines, de mettre en place des plans d'approvisionnement et d'étudier la faisabilité d'offres à commandes et de contrats préétablis. Dans certains domaines, les systèmes et l'infrastructure informatiques actuels de l'ASPC ont entraîné des difficultés dans la réponse, notamment en ce qui concerne l'achat en masse d'équipements et de fournitures médicales, ainsi que la gestion de la réserve. Bien que l'ASPC ait mis en place des contrôles suffisamment robustes pour assurer une bonne gestion des achats effectués, les systèmes informatiques pertinents, notamment ceux liés à la gestion des stocks, aux systèmes financiers et à la passation des marchés, ne disposaient pas d'une interface commune, ce qui a compliqué les processus et les a rendus inefficaces. Le vieillissement des systèmes et de l'infrastructure informatiques a également nui à l'efficacité de l'application des mesures de mise en quarantaine et d'isolement. Des investissements ont été réalisés pour développer des systèmes informatiques afin de soutenir la réponse. Cela a montré que des systèmes et une infrastructure informatiques efficaces contribueraient à soutenir une réponse efficace et résiliente aux futures urgences de santé publique.
Leçon 7 : Une capacité de planification stratégique rigoureuse est nécessaire pour assurer la préparation et la réponse.
Les urgences en santé publique à grande échelle nécessitent la priorisation d'activités essentielles à la réponse et les activités non pandémiques de base qui doivent être poursuivies. L'ASPC est une organisation aux responsabilités et aux rôles variés. Une planification et une priorisation rigoureuses permettent à l'organisation de trouver et d'allouer des ressources là où elles sont le plus nécessaires, tout en veillant à ce que le travail sur d'autres dossiers prioritaires se poursuive comme il se doit. Cette planification doit tenir compte de l'événement de santé publique principal, ainsi que des effets potentiels sur la santé au sens large. Il est tout aussi important d'exercer cette capacité lorsque l'Agence est en position de préparation.
L'ASPC doit poursuivre son travail de renforcement de ses systèmes de planification stratégique, car cela permettra à l'Agence de passer d'une position réactive à une position proactive lorsqu'elle fait face à une situation d'urgence. Il convient de déterminer clairement quelles tables de gouvernance sont chargées de diriger la planification stratégique de l'ASPC en ce qui concerne l'établissement des priorités en matière de réponse, ainsi que les activités non liées à la réponse. Les rôles, les responsabilités et les obligations de rendre compte de ces tables doivent être clairement définis afin de garantir leur efficacité dans le soutien de la planification stratégique de l'ASPC.
Leçon 8 : La planification des événements futurs doit tenir compte du fait qu'une réponse peut se poursuivre pendant une période prolongée au-delà de la vaccination de la population, et prendre en compte les effets secondaires qui peuvent durer au fil du temps. Les mesures de préparation doivent soutenir une réponse progressive et prolongée qui doit prendre en compte les effets à long terme.
Le déroulement de la vaccination a joué un rôle instrumental dans la réponse à la COVID-19, en sauvant des vies et en donnant l'espoir d'un éventuel retour à la vie normale. La distribution et l'administration des vaccins contre la COVID-19 ont constitué le programme de vaccination le plus vaste et le plus complexe que le Canada n'ait jamais mis en œuvre. Le pourcentage de la population canadienne ayant reçu deux doses de vaccin contre SARS-CoV-2 a été plus élevé que dans tout autre pays comparable.
Contrairement à des situations d'urgence antérieures telles que la grippe H1N1, la pandémie n'a pas pris fin peu après la distribution des premières doses de vaccin. Par exemple, les premières doses de vaccin contre la COVID-19 ont été livrées au Canada en décembre 2020, soit environ deux ans et demi avant que l'OMS ne déclare la fin de la COVID-19 en tant qu'urgence sanitaire mondiale en mai 2023. Cela souligne l'importance d'être prêt à mener une réponse qui pourrait se poursuivre pendant une période prolongée et de bien communiquer à ce sujet.
Étant donné que la pandémie de COVID-19 a également eu des effets secondaires qui dureront probablement au-delà de la phase d'urgence de la pandémie elle-même, l'attention portée aux répercussions à plus long terme doit être intégrée dans la réponse (par exemple, il y a eu des répercussions sur la santé mentale de divers groupes de population). À ce titre, l'ASPC doit être prête à mener des interventions qui pourront se poursuivre pendant une période prolongée après la réalisation d'étapes clés, et à communiquer cette réalité aux parties concernées afin de gérer les attentes.
Une planification fondée sur des scénarios permettant de déterminer les ressources, les protocoles et les processus à mettre en place dans les futures situations d'urgence, sur la base du niveau de risque d'un agent pathogène potentiel, permettrait d'apporter une réponse plus rapide et plus efficace et de soutenir la réponse à plus long terme. Par exemple, la planification de scénarios pour les urgences futures devrait tenir compte des protocoles nécessaires, des mesures de sécurité, des besoins en espace, des structures de gouvernance et des besoins en approvisionnement qui devraient être satisfaits afin de mettre en œuvre des mesures de santé publique pour lutter contre le virus et ses effets à plus long terme sur d'autres aspects de la santé des Canadiens.
Leçon 9 : La réponse à la COVID-19 a nécessité une collaboration intensive au sein de l'Agence et avec les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, ainsi qu'avec d'autres partenaires. Une gouvernance simplifiée, une clarté et une compréhension collective des rôles et des responsabilités dans les provinces et territoires et entre ceux-ci contribuent à une réponse efficace. Il convient d'examiner les mécanismes permettant d'étendre et d'améliorer la gouvernance en cas d'urgence et de s'y préparer.
Une définition claire des rôles, des responsabilités et de l'obligation de rendre compte est essentielle pour une réponse efficace. Ces responsabilités doivent être communiquées et comprises par tous ceux qui jouent un rôle dans la réponse. Bien que les plans et les lois existants aient défini les rôles et les responsabilités des gouvernements et des services fédéraux, provinciaux et territoriaux, tous les domaines de travail nécessaires à la réponse à la COVID-19 n'ont pas été pris en compte dans ces plans et les actions requises ont dépassé la capacité de plusieurs juridictions.
L'ASPC doit veiller à ce que toutes les parties concernées connaissent et comprennent leurs rôles lors d'un événement de santé publique. Cet objectif peut être atteint grâce à une formation régulière des employés et à des exercices de simulation avec les intervenants inclus dans le Plan fédéral, provincial et territorial d'intervention en santé publique dans les cas d'incidents biologiques.
De plus, dans le cadre de la réponse à la COVID-19, de nombreuses tables de gouvernance internes et externes réunissant les partenaires ont été créées pour soutenir la mise en œuvre de la réponse. Ces tables ont contribué à soutenir la réponse et à tirer parti de l'expertise et des capacités des partenaires, mais elles ont été mises en place de manière inégale. Une structure de gouvernance planifiée plus complète permettrait d'améliorer l'efficacité et d'éviter les lacunes et le chevauchement.
La réponse du Canada comparée à celle d'autres pays
Les premiers indices indiquent que la stratégie d'intervention du Canada a été efficace par rapport à celles de pays pairs. Par exemple, un article publié en juillet 2022 dans le Journal de l'Association médicale canadienne compare la réponse du Canada au cours des deux premières années de la pandémie de COVID-19 à celle de dix pays pairsNote de bas de page 5. Le Canada a obtenu de meilleurs résultats que la plupart des autres pays pour ce qui est du taux cumulatif de cas de COVID-19 par habitant, la plupart des pays comparables ayant un nombre de cas au moins deux à trois fois plus élevé que le Canada. Le taux de décès liés à la COVID-19 au Canada était également le deuxième plus bas par rapport aux autres pays. De plus, le pourcentage de la population ayant reçu deux doses de vaccin contre la COVID-19 était plus élevé que dans tous les autres pays comparables. Les chercheurs supposent que les taux de vaccination élevés et le bon respect des restrictions durables en matière de santé publique, notamment les restrictions sur les rassemblements publics, les déplacements internes et les fermetures d'écoles, expliquent en partie les excellents résultats du Canada en matière de limitation du fardeau sur le système de santé liée à la COVID-19.
De même, une étude réalisée en juillet-août 2022 par des chercheurs de l'ASPC a comparé la réponse du Canada à celle d'autres pays dans le cadre de divers scénariosNote de bas de page 6. Ces scénarios hypothétiques incluaient un scénario sans mesures de santé publique ni vaccins, et un scénario où les mesures de santé publique, comme les confinements et les masques, auraient été levées plus tôt. L'étude a montré que la combinaison de mesures de santé publique et de vaccinations qui a eu lieu au Canada a entraîné beaucoup moins d'infections, d'hospitalisations et de décès que ce qui est ressorti des scénarios hypothétiques. Les simulations ont également montré que plus les mesures étaient levées tôt, plus les résultats étaient graves en matière d'hospitalisations et de décès.
L'Association internationale des instituts nationaux de santé publique (IANPHI) a également mené un exercice sur les leçons apprises, fondé sur les réponses des instituts nationaux de santé publique (INSP), concernant leur rôle dans la réponse à la COVID-19 en 2020Note de bas de page 7. Cet exercice a montré que, dans l'ensemble, les expériences et les leçons apprises par les différents INSP étaient similaires à celles de l'ASPC et du Canada.
- Comme ce fut le cas au Canada, de nombreux INSP n'étaient pas suffisamment préparés à une crise de santé publique d'une telle ampleur. La COVID-19 est rapidement devenue leur principale préoccupation, et toutes les INSP ont dû s'adapter, se réorganiser, renégocier, ou même suspendre leur travail pour concentrer leurs ressources sur la réponse à la COVID-19.
- La majorité des INSP ont éprouvé des difficultés à trouver et à accéder à des ressources humaines, financières et matérielles comme les EPI, les trousses de dépistage et les produits thérapeutiques. Nombre d'entre eux considéraient qu'ils souffraient d'un sous-financement chronique avant la pandémie et qu'ils disposaient d'une réserve et d'une capacité de mobilisation limitées, nécessaires à la réponse.
- Les INSP ont dû travailler en étroite collaboration avec les autorités locales et les systèmes de santé. Ils ont dû les faire participer au processus de prise de décision, ainsi qu'à la conception et la prestation de services essentiels, y compris la surveillance et la réponse. Cela implique une plus grande transparence des canaux de communication et des messages entre tous les acteurs concernés, ainsi qu'une meilleure gouvernance.
- D'autres INSP ont également dû relever le défi de mettre à niveau leur personnel avec des compétences et des capacités adéquates dans des domaines spécialisés, notamment l'épidémiologie, les laboratoires, l'évaluation des risques et la communication sur les risques, afin de faire face à la pandémie de COVID-19. L'examen des INSP a révélé qu'il existe des possibilités pour les INSP de mobiliser un plus grand nombre d'experts et de renforcer les partenariats avec d'autres secteurs afin de soutenir la réponse aux futures urgences de santé publique. L'étude a également montré que les INSP avaient besoin d'élaborer des plans stratégiques clairs pour communiquer leurs données, leurs orientations et leurs conseils aux décideursNote de bas de page 8.
- D'autres pays ont également été confrontés à des problèmes de disponibilité et d'intégration des données de surveillanceNote de bas de page 9. L'examen des leçons apprises par les INSP a montré que les exigences de la pandémie de COVID-19 ont mis en évidence la nécessité d'améliorer la surveillance de la santé publique dans le contexte mondial. Par exemple, en numérisant les systèmes avec des identifiants de santé uniques pour connecter les données à l'échelle individuelle et incorporer des garanties de confidentialité.Note de bas de page 10
- Enfin, le rapport de l'IANPHI souligne l'importance cruciale des données scientifiques, y compris la manière dont elles ont été recueillies et la nécessité de documenter la manière dont les avis scientifiques sont utilisés dans les décisions prises par les gouvernements ou leurs organisations respectives, en notant que les mesures politiques finalement prises peuvent reposer sur une série de facteurs en dehors des avis fournis.
Notes de fin
- Note de bas de page 1
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Gouvernement du Canada. (août 2018) « Préparation du Canada en cas de grippe pandémique : Guide de planification pour le secteur de la santé » En ligne : https://www.canada.ca/en/public-health/services/flu-influenza/canadian-pandemic-influenza-preparedness-planning-guidance-health-sector/table-of-contents.html
- Note de bas de page 2
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Agence de la santé publique du Canada (2018) « Plan d'intervention fédéral-provincial-territorial en matière de santé publique dans les cas d'incidents biologiques. » En ligne : https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/mesures-interventions-urgence/plan-intervention-matiere-sante-publique-cas-incidents-biologiques.html
- Note de bas de page 3
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Gouvernement du Canada. (25 mars 2022). « Plan d'intervention fédéral, provincial, territorial en matière de santé publique pour la gestion continue de la COVID-19 » En ligne : https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies/2019-nouveau-coronavirus/document-orientation/plan-intervention-federal-provincial-territorial-matiere-sante-publique-gestion-continue-covid-19.html
- Note de bas de page 4
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Loi sur l'Agence de la santé publique du Canada (2006) En ligne : https://lois-laws.justice.gc.ca/fra/lois/p-29.5/page-1.html#h-401120
- Note de bas de page 5
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Razak, F., Shin, S., Naylor, D., and Slutsky, A.S. (27 June 2022) "Canada's response to the initial 2 years of the COVID-19 pandemic: a comparison with peer countries" (anglais seulement) in CMAJ 194(25): E870-E877. En ligne : https://doi.org/10.1503/cmaj.220316
- Note de bas de page 6
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Ogden NH, Turgeon P, Fazil A, Clark J, Gabriele-Rivet V, Tam T, Ng V. "Counterfactuals of effects of vaccination and public health measures on COVID-19 cases in Canada: What could have happened?" (anglais seulement) Can Commun Dis Rep 2022;48(7/8):292–302. En ligne : https://doi.org/10.14745/ccdr.v48i78a01
- Note de bas de page 7
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International Association of National Public Health Institutes (2022) "Lessons Learned from National Public Health Institutes' Response to the COVID-19 Outbreak in 2020" (anglais seulement) En ligne : https://ianphi.org/news/2022/covid-19-lessons-learned-report.html
- Note de bas de page 8
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International Association of National Public Health Institutes (2022) "Lessons Learned from National Public Health Institutes' Response to the COVID-19 Outbreak in 2020" (anglais seulement) En ligne : https://ianphi.org/news/2022/covid-19-lessons-learned-report.html
- Note de bas de page 9
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Grant Makers in Health and NCQA (2022) "Federal Action Is Needed to Improve Race and Ethnicity Data in Health Programs" (anglais seulement) En ligne : https://www.gih.org/wp-content/uploads/2021/10/GIH-Commonwealth-Fund-federal-data-report-part-1.pdf
- Note de bas de page 10
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International Association of National Public Health Institutes (2022) "Lessons Learned from National Public Health Institutes' Response to the COVID-19 Outbreak in 2020" (anglais seulement) En ligne : https://ianphi.org/news/2022/covid-19-lessons-learned-report.html
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