Directives sur l’utilisation du vaccin vivant atténué contre le chikungunya (IXCHIQ)
Publication : 24 décembre 2025
Sur cette page
- Préambule
- Points clés pour les professionnels de la santé
- Recommandations
- Contexte
- Méthodologie
- Évaluation des données probantes et recommandations concernant le vaccin CHIK LAV
- Conclusion et besoins en matière de recherche
- Liste des abréviations
- Remerciements
- Conflits d'intérêts
- Annexes
- Références
Préambule
Le Comité consultatif de la médecine tropicale et de la médecine des voyages (CCMTMV) donne à l'Agence de la santé publique du Canada (ASPC) des conseils courants et à jour de nature médicale, scientifique et de santé publique concernant les maladies tropicales infectieuses et les risques pour la santé associés aux voyages internationaux. L'ASPC reconnaît que les conseils et les recommandations figurant dans cette déclaration reposent sur la pratique médicale et les connaissances scientifiques les plus récentes et les diffuse dans le but d'informer les professionnels de la santé qui sont appelés à prodiguer des soins aux voyageurs.
Les personnes qui administrent ou utilisent des médicaments, des vaccins ou d'autres produits devraient bien connaître la monographie des produits ainsi que toute autre norme ou instruction approuvée concernant leur usage. Les recommandations relatives à l'usage des produits et les autres renseignements présentés ici peuvent différer de ceux figurant dans les monographies ou dans toute autre norme ou instruction approuvée pertinente qui a été établie par les fabricants autorisés. Rappelons que l'approbation demandée par les fabricants pour leurs produits, avec démonstration de leur innocuité et de leur efficacité à l'appui, ne s'applique qu'aux utilisations conformes à la monographie ou à toute autre norme ou instruction approuvée concernant leur usage.
Points clés pour les professionnels de la santé
- Le chikungunya est causé par un alphavirus transmis par les moustiques. Il est présent dans de nombreuses régions tropicales et subtropicales, souvent dans des endroits où sévissent également d'autres arbovirus, comme le virus de la dengue et le virus Zika.
- Le risque de contracter le chikungunya au cours d'un voyage est fonction des niveaux de transmission dans la région visitée. Cela signifie que le risque est relativement élevé si le voyage a lieu dans une région où sévit une éclosion ou une épidémie importante. Autrement, le risque d'infection par le virus du chikungunya chez les voyageurs est faible.
- La plupart des personnes infectées par le virus du chikungunya développent des symptômes, qui se manifestent généralement par l'apparition soudaine de fièvre et de douleurs articulaires. Chez une proportion importante de patients (jusqu'à 50 %), la maladie aiguë évolue vers des symptômes à long terme qui peuvent inclure une polyarthralgie ou une arthrite débilitante. Dans de rares cas, le chikungunya peut entraîner des effets neurologiques, cardiovasculaires ou autres pouvant mettre la vie en danger.
- Le vaccin vivant atténué contre le chikungunya (CHIK-LAV), IXCHIQMD , administré en une seule dose, est autorisé au Canada. Il n'existe actuellement aucune preuve directe de l'efficacité de ce vaccin. Cependant, le vaccin s'est révélé immunogène lors d'un essai clinique pivot de phase 3, dans le cadre duquel 99 % des personnes vaccinées ont atteint le taux de réponse sérologique cible 29 jours après la vaccinationNote de bas de page 1.
- Au cours du même essai clinique de phase 3, le vaccin CHIK-LAV a été associé à plusieurs types d'évènements indésirables, notamment :
- Des réactions indésirables semblables au chikungunya (RISC), définies comme un ensemble de symptômes s'apparentant à ceux d'une infection par le virus du chikungunya de type sauvageNote de bas de page 2.
- Deux évènements indésirables graves (EIG) ayant nécessité une hospitalisation et considérés comme susceptibles d'être liés à l'administration du vaccin CHIK-LAV.
- La surveillance mondiale après la commercialisation a permis de détecter des EIG, notamment des évènements cardiaques et neurologiques, principalement chez les personnes de 65 ans et plus qui avaient reçu le vaccin CHIK-LAV et qui présentaient des affections sous-jacentes.
- Le vaccin CHIK-LAV est contrindiqué pendant la grossesse et chez les personnes qui sont immunodépriméesNote de bas de page 2.
Recommandations
- Le CCMTMV recommande de ne pas utiliser le vaccin vivant atténué contre le chikungunya (IXCHIQMD) chez les personnes âgées de 65 ans et plus.
(Forte recommandation, fondée sur des données de très faible certitude)
Justification :
- Les données de surveillance après la commercialisation ont permis de recenser 28 EIG chez les personnes ayant reçu le vaccin IXCHIQMD (en date du 11 juillet 2025Note de bas de page 3). La plupart de ces évènements, dont trois décès, sont survenus chez des personnes de 65 ans et plusNote de bas de page 4. La souche du virus du chikungunya utilisée dans le vaccin a été détectée chez certains de ces patients, et ces EIG sont généralement apparus au moment où l'on s'attendait à un résultat lié au vaccinNote de bas de page 5. Par conséquent, le CCMTMV estime qu'il est probable qu'au moins certains des EIG signalés aient été causés par le vaccin.
- Le CCMTMV estime que les voyageurs accordent une très grande importance à la prévention des EIG associés aux vaccins. Par conséquent, le Comité a décidé de ne pas recommander l'utilisation du vaccin CHIK-LAV chez les personnes de 65 ans et plus, même si le degré de certitude des données probantes est très faible.
- Les EIG étaient concentrés chez les personnes âgées qui avaient déjà des problèmes de santé. Cependant, l'impact absolu de ces problèmes de santé en tant que facteur(s) de risque des EIG, indépendamment de l'âge, n'est pas clair. C'est pourquoi la présente recommandation porte sur l'âge.
Et
Le CCMTMV suggère aux personnes âgées de 65 ans et plus d'éviter les voyages dans une région où sévit une éclosion de chikungunya.
(Recommandation discrétionnaire, fondée sur des données de certitude modérée)
Remarques :
- Cette recommandation s'applique UNIQUEMENT aux régions où sévit une éclosion de chikungunya.
- Consultez les Conseils aux voyageurs et avertissements du gouvernement du Canada pour déterminer si une destination est touchée par une éclosion de chikungunya. L'information pertinente se trouve dans la section « Santé » de chaque page de destination, plus particulièrement dans les « avis de santé aux voyageurs de niveau 2 ».
- En ce qui concerne la recommandation visant à éviter certains voyages, il convient d'indiquer aux patients que les éclosions de chikungunya sont généralement de courte durée (de quelques mois à un an), de sorte qu'il est possible d'éviter de se rendre dans une région donnée pendant cette période.
Justification :
- Pendant une éclosion de chikungunya, le risque d'infection peut être élevé (par exemple, de 1 % à 40 % par an), et le risque de maladie grave et de décès liés à une infection par le virus du chikungunya est plus élevé chez les personnes âgées.
- Pour les Canadiens de 18 à 64 ans qui présentent un risque élevé d'infection (voir les remarques), le CCMTMV suggère d'envisager l'utilisation du vaccin vivant atténué contre le chikungunya (CHIK-LAV). Une évaluation individuelle (voir les remarques) et une discussion entre le voyageur et le professionnel de la santé sont nécessaires pour déterminer s'il convient d'administrer le vaccin CHIK-LAV.
(Recommandation discrétionnaire, fondée sur des données de très faible certitude)
Et
Le CCMTMV suggère de ne pas offrir le vaccin vivant atténué contre le chikungunya (CHIK-LAV) à tous les autres Canadiens âgés de 18 à 64 ans.
(Recommandation discrétionnaire, fondée sur des données de très faible certitude)
Remarques :
- Le vaccin CHIK-LAV peut entraîner une augmentation absolue importante des EIG pouvant être liés à la vaccination. Le CCMTMV estime que les voyageurs accordent une très grande importance au fait d'éviter le risque d'EIG liés au vaccin et qu'ils préféreraient donc recevoir le vaccin CHIK-LAV dans les situations où le risque d'infection et les avantages estimés sont les plus élevés.
- Une évaluation individuelle (voir les exemples présentés au tableau 1) comprend une discussion sur les avantages et les préjudices associés au vaccin CHIK-LAV (annexe 2) dans les contextes suivants :
- Exposition du voyageur au virus du chikungunya, notamment la destination, la durée du voyage et la possibilité que plus d'un séjour soit effectué dans les régions touchées.
- Les éclosions sont associées à un risque d'infection élevé et les voyageurs seraient plus susceptibles de choisir de recevoir le vaccin CHIK-LAV lorsque le risque estimé est le plus élevé. Pour déterminer si une destination est touchée par une éclosion, consulter les pages Conseils aux voyageurs et avertissements du gouvernement du Canada . L'information pertinente se trouve dans la section « Santé » de chaque page de destination, plus particulièrement dans les « avis de santé aux voyageurs de niveau 2 ».
- Le vaccin CHIK-LAV pourrait se révéler plus avantageux pour les voyageurs qui se rendent dans une région où sévit une éclosion (tableau 7 de l'annexe 2), ainsi que pour les voyageurs qui prévoient effectuer des voyages prolongés, ou qui pourraient se rendre à plusieurs reprises dans des régions à risque, et/ou qui pourraient être plus susceptibles de souffrir d'une forme grave du chikungunya ou de complications.
- Renseignements sur les patients concernant les facteurs de risque liés à la forme grave du chikungunya et/ou aux cas de maladie persistante et aux évènements indésirables graves associés au vaccin.
- On pense que certaines affections augmentent la probabilité de développer une forme grave du chikungunya. Il s'agit notamment du diabète, de l'hypertension, des maladies cardiaques et/ou de la présence de symptômes persistants (par exemple, une affection articulaire préexistante).
- On ne sait pas si des problèmes de santé préexistants (comme le diabète, l'hypertension et les maladies cardiaques) ont des répercussions sur la probabilité que survienne un EIG associé au vaccin chez les personnes de 18 à 64 ans. Cependant, ces affections sont associées à une probabilité accrue de maladie grave chez les personnes infectées par le virus de type sauvage. Les patients âgés qui ont subi un EIG associé au vaccin présentaient généralement au moins une de ces affections. Il est donc raisonnable de tenir compte des effets négatifs potentiels des affections préexistantes dans le cadre de la prise de décision concernant l'utilisation du vaccin CHIK-LAV, et ce, pour tous les groupes d'âge.
- Valeurs et préférences des voyageurs
- Les voyageurs n'ont probablement pas tous les mêmes valeurs ni les mêmes préférences pour ce qui a trait au chikungunya et à sa prévention. En effet, tous n'ont pas la même tolérance au risque d'évènements indésirables après la vaccination ni la même tolérance au risque que représentent les symptômes du chikungunya. Ces différences devraient amener les voyageurs à prendre des décisions différentes quant à la vaccination par le vaccin CHIK-LAV.
- Exposition du voyageur au virus du chikungunya, notamment la destination, la durée du voyage et la possibilité que plus d'un séjour soit effectué dans les régions touchées.
Justification :
- L'avantage absolu estimé de la vaccination contre le chikungunya augmente de concert avec la durée du voyage et le niveau de transmission observé dans la zone d'éclosion (tableau 6 et tableau 7 de l'annexe 2).
- L'estimation de la réduction absolue de l'arthralgie à long terme associée au vaccin varie en fonction de ces facteurs, allant de modérée pour un voyage de deux semaines (0,10 de moins pour 1 000 [IC à 95 % : 0,07 à 0,21]; faible certitude des données) à importante (tableau 6 et tableau 7 de l'annexe 2). Des tendances similaires s'appliquent à la prévention des manifestations cliniques du chikungunya.
- En ce qui concerne les hospitalisations et les décès, les avantages absolus estimés associés au vaccin sont insignifiants, sauf en cas de voyage de longue durée dans une région touchée par une éclosion où le risque de transmission est élevé (tableau 7 de l'annexe 2).
- Le vaccin CHIK-LAV peut entraîner une forte augmentation absolue des EIG possiblement liés à la vaccination (0,4 pour 1 000 dans le groupe vacciné, 0 dans le groupe placebo; très faible certitude des données) (tableau 8 de l'annexe 2).
- L'administration du vaccin CHIK-LAV peut entraîner une augmentation absolue modérée des évènements indésirables systémiques sévères, comme la fièvre (22 de plus pour 1 000 [IC à 95 % : 6 à 28 de plus]; certitude modérée des données) et des réactions indésirables semblables au chikungunya (112 de plus pour 1 000 [IC à 95 % : 97 à 125 de plus]; très faible certitude des données) (tableau 8 de l'annexe 2).
- Les professionnels de la santé devraient conseiller à tous les voyageurs qui se rendent dans des régions touchées par le chikungunya d'utiliser des mesures de protection individuelle contre les piqûres d'insectes.
(Énoncé sur les bonnes pratiques)
- Utiliser un insectifuge approuvé et adapté à l'âge.
- Lorsque les moustiques ne peuvent pas être tenus à l'écart des milieux de vie, envisager d'utiliser un insectifuge à l'intérieur durant la journée, car c'est souvent à ce moment-là que les vecteurs du chikungunya sont le plus actifs.
- Protéger les aires de repos contre les moustiques en tout temps, par exemple en veillant à ce que ces endroits soient munis de moustiquaires en bon état, climatisés et exempts de fissures qui permettraient l'entrée des moustiques.
- Envisager le port de vêtements imprégnés d'insecticide.
- On suppose que la protection contre les piqûres fournie par chaque mesure est cumulative.
Pour plus de détails sur les recommandations relatives à la prévention des piqûres d'arthropodes, voir la Déclaration du CCMTMV relative aux mesures de protection pour prévenir les piqûres ou morsures d'arthropodes (PDF).
| Renseignements sur le patient | ExpositionNote de bas de page * | Évaluation |
|---|---|---|
Un homme de 70 ans, en bonne santé et ne souffrant d'aucune affection préexistante, prévoit un voyage de trois semaines à Cuba. |
Cuba est touché par une éclosion selon un avis de santé aux voyageurs de niveau 2 émis par l'Agence de la santé publique du Canada sur la page de cette destination. |
Ce patient présente un risque accru d'infection en raison de la présence d'une éclosion dans la région visitée; par ailleurs, le risque d'EIG liés à la vaccination est également préoccupant pour ce patient en raison de son groupe d'âge (65 ans et plus). Compte tenu de ces éléments, le vaccin CHIK-LAV n'est pas conseillé pour ce patient (recommandation 1, partie 1) et les professionnels de la santé devraient lui suggérer de reporter son voyage (recommandation 1, partie 2) afin d'éviter le risque d'issues graves liées au chikungunya, y compris le décès. Le risque que de tels évènements surviennent est plus élevé chez les personnes âgées, en particulier si elles présentent des facteurs prédisposants, comme des maladies cardiovasculaires et/ou le diabète. Puisque les éclosions de chikungunya sont souvent de courte durée (quelques mois), il est probable que le voyage n'ait pas à être reporté pour une période prolongée. |
Une femme de 81 ans qui souffre d'arthrose se rend en Inde pour une période de 3 mois. |
L'Inde n'est pas touchée par une éclosion, car aucun avis de santé aux voyageurs de niveau 2 n'a été émis par l'Agence de la santé publique du Canada sur la page de cette destination. |
Bien qu'il existe un risque de contracter le chikungunya en Inde, ce pays n'est pas désigné comme étant en situation d'éclosion. En l'absence d'une éclosion, le CCMTMV ne recommande pas de reporter les voyages (recommandation 1, partie 2). En raison de son âge, cette voyageuse est plus susceptible de développer une forme grave du chikungunya en cas d'infection, et elle est également exposée à un risque accru d'EIG associés au vaccin. Compte tenu de l'analyse des avantages et des préjudices, le CCMTMV recommande de ne pas vacciner (recommandation forte) cette voyageuse (recommandation 1, partie 1). Il est essentiel de discuter avec cette patiente du risque d'exposition aux moustiques et des symptômes graves du chikungunya. Il est fortement recommandé de conseiller à la patiente d'appliquer les mesures visant à prévenir les piqûres de moustiques (recommandation 3). |
Une femme de 27 ans, en bonne santé et ne souffrant d'aucune affection préexistante, se rend au Sri Lanka pour un mois afin de visiter sa famille dans une région rurale du pays. |
Le Sri Lanka est touché par une éclosion selon un avis de santé aux voyageurs de niveau 2 émis par l'Agence de la santé publique du Canada sur la page de cette destination. |
Cette patiente court un risque accru d'infection en raison de la présence d'une éclosion dans la région visitée et parce qu'elle pourrait séjourner dans des lieux qui ne sont pas bien protégés contre les moustiques. Le vaccin CHIK-LAV pourrait être envisagé après une discussion sur les avantages et les préjudices possibles de la vaccination, sur les symptômes liés au chikungunya, ainsi que sur les valeurs et les préférences de la patiente (recommandation 2, partie 1). Si, après cette discussion, la patiente choisit de recevoir le vaccin CHIK-LAV, il faut l'informer qu'en tant que femme en âge de procréer, elle doit éviter de tomber enceinte pendant un mois après avoir reçu le vaccinNote de bas de page 2. Il est fortement recommandé de conseiller à la patiente d'appliquer les mesures visant à prévenir les piqûres de moustiques (recommandation 3). |
Un homme de 35 ans, en bonne santé et ne souffrant d'aucune affection préexistante, se rend au Brésil pour un séjour de deux semaines. |
Le Brésil n'est pas touché par une éclosion, car aucun avis de santé aux voyageurs de niveau 2 n'a été émis par l'Agence de la santé publique du Canada sur la page de cette destination. |
Le patient ne se rend pas dans un pays désigné comme étant en situation d'éclosion, même s'il existe un risque d'y contracter le chikungunya. Le vaccin CHIK-LAV n'est pas suggéré pour ce voyageur (recommandation 2, partie 2). Il est fortement recommandé de conseiller au patient d'appliquer les mesures visant à prévenir les piqûres de moustiques (recommandation 3). |
Un homme de 50 ans atteint de diabète planifie un séjour de 8 mois en Bolivie. |
La Bolivie n'est pas touchée par une éclosion, car aucun avis de santé aux voyageurs de niveau 2 n'a été émis par l'Agence de la santé publique du Canada sur la page de cette destination. |
Dans cet exemple, le patient ne se rend pas dans un pays désigné comme étant en situation d'éclosion, même s'il existe un risque d'y contracter le chikungunya. Compte tenu de l'état de santé du patient et de son projet de voyage prolongé dans une région où il existe un risque de contracter le chikungunya, celui-ci court un risque accru d'infection et est plus susceptible de développer une forme grave de la maladie s'il est infecté. Le professionnel de la santé et le patient devraient discuter de l'importance d'appliquer rigoureusement des mesures de prévention des piqûres de moustiques pendant toute la durée du séjour (recommandation 3). Le professionnel de la santé et le patient peuvent également discuter de la possibilité qu'une éclosion de chikungunya survienne dans la région pendant le séjour prolongé, ainsi que des mesures préventives à prendre pour prévenir une infection en cas d'éclosion. Le fait de souffrir d'une affection préexistante comme le diabète peut augmenter le risque d'issues graves liées à l'infection par le virus du chikungunya. Il est important de souligner que l'on ne sait pas si et comment les affections préexistantes influencent le risque d'EIG liés au vaccin chez les personnes de 18 à 64 ans. La discussion devrait tenir compte des valeurs et des préférences du patient, notamment sa tolérance aux risques associés aux effets néfastes du vaccin et aux conséquences du chikungunya, comme une arthralgie prolongée et l'hospitalisation. À la suite de cette discussion, chaque patient décidera s'il souhaite ou non recevoir le vaccin CHIK-LAV (recommandation 2, remarques). |
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Voyages inévitables pour les personnes de 65 ans et plus, ou pour les personnes chez qui le vaccin CHIK-LAV est contrindiqué
Dans les populations pour lesquelles le vaccin CHIK-LAV est déconseillé (par exemple, les personnes de 65 ans et plus) ou contrindiqué (par exemple, les personnes enceintes ou les personnes qui sont immunodéprimées), des circonstances complexes pourraient faire en sorte qu'il soit impossible de retarder le voyage. Il importe d'avoir une discussion approfondie sur les risques d'infection, sur le risque de complications graves liées à la vaccination, notamment les EIG, et/ou sur l'absence de données probantes sur l'innocuité en cas d'utilisation pendant la grossesse afin de soutenir la prise de décision partagée en ce qui concerne le vaccin CHIK-LAV. Il faut insister sur l'importance des solutions de rechange, en particulier les méthodes de prévention des piqûres de moustiques.
Contexte
Le chikungunya est une maladie virale aiguë qui est endémique dans la plupart des régions tropicales et subtropicales du monde, notamment en Asie, en Afrique et dans les AmériquesNote de bas de page 6. Le virus du chikungunya est transmis par la piqûre d'un moustique infecté, principalement les moustiques Aedes aegypti et Aedes albopictus.
On suppose que, dans de nombreuses régions tropicales, les niveaux de transmission du chikungunya sont persistants, mais relativement faibles. Des éclosions foudroyantes d'une grande ampleur peuvent également se produire de façon périodique. Lors de ces évènements, une proportion importante de la population résidente est souvent infectée Note de bas de page 7 et le risque pour les voyageurs est donc élevéNote de bas de page 8 Note de bas de page 9. Les éclosions sont généralement de courte durée, par exemple entre trois et six mois, et sont habituellement suivies d'une baisse marquée des infections et des cas. Au nombre des facteurs qui influencent les niveaux de transmission du chikungunya figurent les conditions environnementales, le climat, la densité de la population, le niveau d'immunité de la population et la dynamique locale des vecteurs.
La prévention de l'infection par le virus du chikungunya repose sur la réduction de l'exposition aux moustiques grâce à l'utilisation d'insectifuges, au séjour dans des hébergements protégés des moustiques et à d'autres mesures individuelles (voir la Déclaration du CCMTMV relative aux mesures de protection pour prévenir les piqûres ou morsures [PDF]). En outre, les mesures de lutte contre les moustiques prises par les autorités locales pour réduire au minimum la présence de vecteurs et éliminer les sites de reproduction peuvent réduire le risque d'infection.
Deux vaccins ont été approuvés dans certains pays pour la prévention de l'infection par le virus du chikungunya : un vaccin vivant atténué contre le chikungunya (IXCHIQMD) et un vaccin à particules pseudo-virales (VIMKUNYA). Au moment de la rédaction des présentes recommandations, seul IXCHIQMD était autorisé au Canada.
Caractéristiques cliniques
L'infection par le virus du chikungunya se caractérise par l'apparition soudaine de fièvre et de douleurs articulaires intenses qui touchent généralement plusieurs articulationsNote de bas de page 10. La plupart des personnes se rétablissent en quelques jours d'une infection aiguë par le chikungunya; cependant, une forte proportion d'entre elles (environ 50 %Note de bas de page 11) ressentent des douleurs articulaires débilitantes qui peuvent durer des mois, voire des années. Parmi les autres symptômes courants figurent une enflure des articulations, des douleurs musculaires, des céphalées, des nausées, de la fatigue et une éruption cutanée. La forme grave du chikungunya peut se manifester par des complications cardiaques, rénales, oculaires ou neurologiques nécessitant une hospitalisation en raison du risque de lésions aux organes et de décès. Bien que l'infection par le virus du chikungunya entraîne rarement des issues graves ou le décès, les personnes âgées, les jeunes nourrissons et les personnes souffrant d'une affection sous-jacente courent un risque plus élevé.
Il n'existe aucun traitement particulier contre l'infection par le virus du chikungunya. La prise en charge clinique vise à soulager la fièvre et les douleurs articulaires. Tant que l'hypothèse d'une infection par la dengue n'a pas été écartée, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) doivent être évités, car ils peuvent augmenter le risque de saignement.
Méthodologie
Renseignements généraux
La présente déclaration a été élaborée par les membres du groupe de travail (GT) sur le chikungunya du CCMTMV, un sous-groupe du Comité consultatif de la médecine tropicale et de la médecine des voyages (CCMTMV). Avec le soutien du secrétariat du CCMTMV, le GT s'est réuni régulièrement pour examiner et évaluer en détail les données pertinentes et pour rédiger des recommandations concernant le vaccin CHIK-LAV. Les décisions clés à l'appui du processus d'élaboration des recommandations ont fait l'objet de discussions et ont été approuvées par l'ensemble des membres du CCMTMV. La version définitive de la déclaration et des recommandations a été examinée et approuvée par le CCMTMV.
Le CCMTMV a élaboré des recommandations pour le vaccin CHIK-LAV conformément au Processus fondé sur les preuves pour l'élaboration de lignes directrices et de recommandations liées à la médecine de voyage et à la médecine tropicale , qui comprend l'utilisation de la méthode GRADE (Grading of Recommendations, Assessment, Development and Evaluation) pour évaluer la certitude des données probantes et soupeser les avantages et les préjudices, tout en tenant compte d'autres facteurs, comme les valeurs et les préférences des patients, les ressources, l'acceptabilité et la faisabilité. Le point de vue adopté pour l'élaboration des lignes directrices concernant le vaccin CHIK-LAV est celui du voyageur individuel. Notre évaluation et le jugement posé sont résumés dans le cadre de données probantes pour éclairer la prise de décisions (annexe 3).
Une spécialiste de la méthode GRADE de l'Université McMaster a participé à l'élaboration des lignes directrices.
Conformément aux lignes directrices mises au point avec la méthode GRADE, des énoncés sur les bonnes pratiques ont été élaborés lorsque le CCMTMV a jugé que l'intervention présentait un avantage net sans équivoque, et que les préjudices et les coûts étaient négligeables (annexe 4)Note de bas de page 12.
Question stratégique
La question stratégique était la suivante :
Devrait-on recommander aux Canadiens qui se rendent dans les régions touchées par le chikungunya de se faire vacciner (au moyen du vaccin vivant atténué contre le chikungunya)? Dans l'affirmative, à qui devrait-on administrer le vaccin et dans quelles circonstances?
Les principales questions à l'étude étaient les suivantes :
- Le chikungunya représente-t-il un danger important pour les voyageurs canadiens?
- Quel est le risque d'infection pour les Canadiens qui se rendent dans des régions touchées par le chikungunya?
- Le risque diffère-t-il selon que la région est touchée ou non par une éclosion?
- Quelle est la morbidité associée à l'infection par le virus du chikungunya chez les voyageurs canadiens?
- Quelle est la mortalité associée à l'infection par le virus du chikungunya chez les voyageurs canadiens?
- Quel est le risque d'infection pour les Canadiens qui se rendent dans des régions touchées par le chikungunya?
- Dans quelle mesure le vaccin CHIK-LAV est-il efficace pour prévenir l'infection par le virus du chikungunya et les résultats qui en découlent?
- Quels sont les préjudices associés au vaccin CHIK-LAV?
- Quelles sont les valeurs et les préférences des parties prenantes clés, et le vaccin CHIK-LAV est-il acceptable pour les voyageurs canadiens?
Résultats et seuils d'importance
Les résultats possibles importants du point de vue du patient en ce qui concerne la maladie causée par le virus du chikungunya et sa prévention ont été recensés au moyen d'un examen de la littérature et de l'exercice du jugement clinique. Chaque membre du groupe de travail a ensuite évalué leur importance sur une échelle de 1 à 10 (de faible à élevée), la valeur finale représentant la synthèse de l'ensemble des évaluations. À l'aide d'une échelle d'importance normalisée, chaque résultat a été désigné comme critique, important ou non importantNote de bas de page 13.
Seuls les résultats critiques ont été pris en compte dans l'élaboration des recommandations, c'est-à-dire :
- Avantages : Prévention de la maladie clinique (chikungunya), de l'arthralgie à long terme associée à l'infection par le virus du chikungunya, des hospitalisations et des décès.
- Préjudices : Évènements indésirables systémiques sévères de courte durée, réactions indésirables semblables au chikungunya, apparition ou aggravation des symptômes d'arthrite ou d'arthrose et évènements indésirables graves.
Un élément clé pour évaluer la certitude des données probantes consiste à définir un éventail d'effets absolus qui constituent un avantage ou un préjudice importantNote de bas de page 14. Cette façon de faire vient appuyer l'évaluation de l'imprécision lors de l'utilisation du cadre GRADE, mais surtout, elle fournit une grille d'analyse dans laquelle il est possible d'intégrer les renseignements relatifs aux différents résultats, facilitant ainsi la comparaison des avantages et des préjudices associés à une intervention.
Afin de guider ce travail pour le vaccin CHIK-LAV, le CCMTMV a défini, pour chaque résultat critique, une valeur d'effet absolue représentant un avantage ou un préjudice modérément important lié au vaccin CHIK-LAV qui serait jugé cliniquement significatif du point de vue d'un patient. Puisque les données probantes sont limitées en ce qui concerne les valeurs des patients à l'égard du vaccin CHIK-LAV, les seuils associés à un degré d'importance modéré ont été établis en fonction de l'expérience et du jugement cliniques.
Le degré d'importance de chaque résultat a ensuite été divisé en trois catégories décrivant l'ampleur des effets, soit insignifiante, petite et grande (tableau 2). Il est sous-entendu qu'un patient accordera plus d'importance à un effet absolu modéré qu'à un petit effet, tandis que des effets insignifiants ne seront pas considérés comme ayant une influence sur sa prise de décision. Aux fins de la comparaison des résultats, un préjudice important de grande ampleur l'emporterait généralement sur un avantage important d'ampleur modérée. Ce cadre permet de comparer les avantages et les préjudices associés au vaccin CHIK-LAV, grâce à l'intégration de l'ensemble des données probantes sur les résultats et l'ampleur respective de leur effet, afin d'étayer l'élaboration de recommandations.
| Résultat critique | Seuils relatifs à l'ampleur de l'effet absoluNote de bas de page * (avantages et préjudices) Nombre d'évènements par 1 000 voyages-personnes |
Principaux jugements des membres du GT | ||||
|---|---|---|---|---|---|---|
| Insignifiante | Petite | Modérée | Grande | |||
Avantages |
Chikungunya |
< 1 |
1 |
2 |
10 |
La plupart des voyageurs souhaiteraient éviter le chikungunya, mais considéreraient un risque de maladie inférieur à 1/1 000 comme insignifiant (relativement peu important). |
Arthralgie à long terme |
< 0,05 |
0,05 |
0,1 |
0,5 |
Pour la plupart des voyageurs, il serait plus important d'éviter une arthralgie débilitante à long terme qu'une maladie aiguë. |
|
Hospitalisation |
< 0,05 |
0,05 |
0,1 |
0,5 |
Pour la plupart des voyageurs, il serait tout aussi important d'éviter une arthralgie à long terme qu'une hospitalisation. |
|
Décès |
< 0,005 |
0,005 |
0,01 |
0,05 |
Pour la plupart des voyageurs, éviter la mort serait extrêmement important, mais ils considéreraient un risque inférieur à 1/200 000 comme insignifiant (relativement peu important). |
|
Préjudices |
Évènements indésirables (EI) systémiques sévères de courte durée |
< 5 |
5 |
10 |
50 |
La plupart des voyageurs souhaiteraient éviter les EI liés au vaccin, mais considéreraient un risque d'EI temporaires mais sévères inférieur à 1/200 comme insignifiant (relativement peu important). |
Réactions indésirables semblables au chikungunya |
< 50 |
50 |
100 |
500 |
La plupart des voyageurs souhaiteraient éviter les EI liés au vaccin, mais considéreraient un risque de réactions indésirables non sévères semblables au chikungunya inférieur à 1/20 comme insignifiant (relativement peu important). |
|
Apparition ou aggravation des symptômes d'arthrite ou d'arthrose |
< 0,1 |
0,1 |
0,2 |
1 |
La plupart des voyageurs souhaiteraient éviter les EI liés au vaccin, mais considéreraient un risque d'apparition ou d'aggravation des symptômes d'arthrite ou d'arthrose inférieur à 1/10 000 comme insignifiant (relativement peu important). |
|
Évènements indésirables graves (EIG) |
< 0,01 |
0,01 |
0,02 |
0,1 |
La plupart des voyageurs accorderaient une grande importance au fait d'éviter les EIG, même en cas de probabilité faible (effet de petite ampleur correspondant à 1/100 000). |
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Recherche documentaire
Avec l'aide d'une bibliothécaire de recherche, des stratégies de recherche ont été élaborées pour répondre aux questions de recherche clés 1 et 4. Des recherches ont été effectuées dans les bases de données électroniques suivantes : Ovid MEDLINE, Embase, Global Health et Scopus pour trouver la littérature pertinente en anglais ou en français.
Les données probantes sur les avantages et les préjudices associés au vaccin CHIK-LAV (questions 2 et 3) ont été trouvées au moyen d'une recherche manuelle des données d'essais cliniques publiées et des rapports d'examen clinique du gouvernement, ainsi que des données non publiées communiquées par le fabricant.
Évaluation des données probantes et recommandations concernant le vaccin CHIK-LAV
Résumé des données probantes
Infection par le virus du chikungunya chez les voyageurs canadiens
Nous n'avons pas trouvé de données probantes solides permettant de bien caractériser l'incidence de l'infection par le virus du chikungunya chez les voyageurs canadiens. Toutefois, les cas signalés chez les voyageurs correspondaient étroitement au fardeau de la maladie dans les pays touchés. Par exemple, les cas déclarés de chikungunya chez les voyageurs américains revenant aux États-Unis ont atteint un sommet lors de la propagation du chikungunya dans les Amériques en 2014Note de bas de page 9. Plus récemment, en 2023, lors de l'éclosion de chikungunya au Paraguay, une analyse des données sur les voyageurs américains a montré que, bien que moins de 1 % des voyageurs des États-Unis visitant des régions à risque s'étaient rendus au Paraguay, 25 % de tous les cas de chikungunya signalés parmi les voyageurs des États-Unis avaient indiqué s'être rendus dans ce paysNote de bas de page 15.
Tout en reconnaissant que l'activité du virus du chikungunya fluctue et qu'elle est souvent caractérisée par de longues périodes d'inactivité relative entrecoupées d'éclosions intenses, mais quelque peu imprévisibles, nous avons décidé d'élaborer des modèles pour estimer la probabilité d'infection chez les voyageurs canadiens. Ces estimations ont ensuite été utilisées pour estimer les résultats critiques connexes chez des voyageurs vaccinés et non vaccinés (voir ci-dessous).
Pour ce faire, nous nous sommes appuyés sur deux études publiées modélisant les probabilités spatiales et temporelles de survenue de l'infection et des résultats chez les résidents des régions où la maladie est endémiqueNote de bas de page 16 Note de bas de page 17. Cette approche repose sur l'hypothèse prudente selon laquelle le risque d'infection sur une période donnée est le même pour les résidents des régions touchées et pour les voyageurs exposés.
Ces études de modélisationNote de bas de page 16 Note de bas de page 17 ont pris en compte les régions touchées par la transmission du virus du chikungunya dans le monde entier lorsque les données pertinentes étaient disponibles, c'est-à-dire les estimations de la séroprévalence au fil du temps. Comme il est difficile de prévoir les éclosions et leur intensité à l'échelle d'un pays ou d'une région, nous nous sommes appuyés sur des estimations globales du risque d'infection plutôt que sur des estimations propres à un lieu. Toutefois, nous avons fait une distinction entre les périodes d'endémie et d'éclosion. En outre, compte tenu du fait que les éclosions peuvent varier en intensité, nous avons envisagé deux scénarios d'éclosion : un scénario à faible risque conforme aux estimations de Kang et coll.Note de bas de page 16 et un scénario à risque élevé conforme aux estimations de Perez et coll.Note de bas de page 17. Ces scénarios nous ont permis de produire les estimations annuelles du risque d'infection suivantes :
- Transmission endémique : 1 infection pour 1 000 (IC à 95 % 0,8 à 1,4)Note de bas de page 16.
- Éclosion à faible transmission : 9 infections pour 1 000 (IC à 95 % : 5 à 14 pour 1 000)Note de bas de page 16.
- Éclosion à transmission élevée : 330 infections pour 1 000 (IC à 95 % : 301 à 360 pour 1 000)Note de bas de page 17.
Nous avons supposé que ces risques étaient constants dans nos estimations, c'est-à-dire que le risque d'infection chez un voyageur est directement proportionnel à cette estimation multipliée par la durée du voyage.
Probabilité de résultats critiques liés au chikungunya chez les voyageurs canadiens
En utilisant les estimations ci-dessus du risque d'infection et en les ajustant en fonction des durées précises d'exposition (de 2 semaines à un an), nous avons calculé la probabilité de résultats associés à l'infection par le virus du chikungunya (en l'absence de vaccination) à l'aide des estimations de paramètres suivantes :
- Probabilité de maladie clinique en cas d'infection : 80 %Note de bas de page 11.
- Probabilité d'arthralgie à long terme à la suite d'une maladie clinique : 50 %Note de bas de page 11.
- Probabilité d'hospitalisation en cas d'infection : 0,25 % pour les personnes de 18 à 64 ans et 1,70 % pour les personnes de 65 ans et plusNote de bas de page 17 Note de bas de page 18.
- Probabilité de décès en cas d'infection : 0,004 % pour les personnes de 18 à 64 ans et 0,091 % pour les personnes de 65 ans et plusNote de bas de page 17.
Les données sur l'hospitalisation et le décès ont été stratifiées en fonction de tranches d'âge supplémentairesNote de bas de page 17 Note de bas de page 18. Nos estimations de la probabilité d'hospitalisation et de décès reflètent l'estimation globale intégrée pour l'ensemble des tranches d'âge dans chaque groupe.
Efficacité du vaccin CHIK-LAV
Il n'y a actuellement aucune donnée probante directe sur l'efficacité du vaccin CHIK-LAV. Nous avons donc utilisé les données sur l'immunogénicité de l'essai contrôlé randomisé (ECR) pivot de phase 3Note de bas de page 1 pour le vaccin CHIK-LAV afin de produire des estimations de la performance du vaccin. L'étude comptait 4 115 participants, dont 3 082 dans le groupe ayant reçu le vaccin CHIK-LAV et 1 033 dans le groupe placebo. Environ 11 % des participants étaient âgés de 65 ans et plus.
La séroconversion permettant de prédire les avantages cliniques a été définie comme un résultat au test de séroneutralisation par microréduction des plages de lyse de 50 % supérieur ou égal à 150 (µPRNT50 ≥ 150). Ce seuil est tiré d'un essai au cours duquel du sérum humain, prélevé après l'administration du vaccin CHIK-LAV, a été administré à des primates non humains (PNH)Note de bas de page 19 et leur a conféré une protection.
Le taux de séroconversion était élevé au sein de la population qui avait reçu le vaccin CHIK-LAV (98,9 % [IC à 95 % : 96,7 à 99,8 %]) 29 jours après la vaccinationNote de bas de page 1 et lors des évaluations de suivi (dans un sous-ensemble de participants) jusqu'à 4 ans après la vaccinationNote de bas de page 20. Le taux de réponse sérologique était le même, peu importe l'âge : 98,6 % (IC à 95 % : 95,8 à 99,7 %) chez les participants de 18 à 64 ans, et 100 % (IC à 95 % : 93,9 à 100,0 %) chez les participants de 65 ans et plus.
Compte tenu du taux élevé de séroconversion et des données probantes indiquant que le vaccin confère une protection chez les PNH, nous avons supposé que l'efficacité du vaccin était de 95 % aux fins de l'élaboration des estimations des avantages.
Les estimations absolues des avantages de la vaccination ont été calculées en multipliant 0,95 par la probabilité absolue estimée d'un résultat en l'absence de vaccination. Cela suppose une efficacité vaccinale potentielle de 95 %. Ainsi, dans le cas d'une personne de 65 ans qui a reçu le vaccin et qui a séjourné un an dans une zone d'éclosion à transmission élevée, nous avons calculé l'avantage absolu de la prévention contre le décès comme suit :
0,95 * (330/1 000 [risque d'infection] * 0,00091 [probabilité de décès en cas d'infection]) = 0,00029 ou 0,029 %.
Avantages et préjudices associés au vaccin CHIK-LAV
Estimation des avantages du vaccin CHIK-LAV
Les avantages estimés du vaccin CHIK-LAV variaient en fonction du groupe d'âge, du niveau de transmission du chikungunya et de la durée du voyage (annexe 2). Le degré global de certitude des données probantes à l'appui de ces avantages est faible.
Dans les endroits où la transmission était endémique, l'ampleur des avantages estimés du vaccin CHIK-LAV pour la prévention de la maladie clinique, des hospitalisations et des décès était insignifiante chez tous les groupes d'âge quelle que soit la durée du voyage (tableau 5 et tableau 9 de l'annexe 2). En ce qui concerne l'arthralgie à long terme consécutive à la maladie clinique, nous avons estimé que le vaccin procurait un avantage modéré lors des séjours de longue durée. Par exemple, dans le cas d'un voyage de 3 mois, l'estimation indiquait qu'il y avait 0,1 évènement de moins pour 1 000 voyageurs (IC à 95 % : 0,08 à 0,14 de moins; faible certitude des données).
Pour les estimations fondées sur les conditions de l'éclosion, les avantages estimés étaient plus nuancés, en particulier en fonction de l'âge.
Personnes de 18 à 64 ans
L'avantage estimé du vaccin CHIK-LAV pour la prévention de la maladie clinique était modéré à important dans le cas d'un voyage de longue durée (de six mois à un an) dans une zone d'éclosion à faible transmission (tableau 6 de l'annexe 2). Dans une région touchée par une éclosion à transmission élevée, les avantages de la vaccination étaient importants pour un séjour de deux semaines, se traduisant par 9,7 évènements de moins pour 1 000 voyageurs (IC à 95 % : 8,8 à 10,6 de moins; certitude modérée des données), et l'ampleur de l'effet augmentait pour les séjours plus longs (tableau 7 de l'annexe 2).
On a défini comme modéré l'effet estimé de la prévention de l'arthralgie à long terme associée à l'infection par le virus du chikungunya lors d'un séjour de deux semaines dans une zone d'éclosion à faible transmission (0,13 évènement de moins pour 1 000 voyageurs [IC à 95 % : 0,07 à 0,21 de moins]; faible certitude des données). L'avantage augmentait en cas de voyage de longue durée dans une zone d'éclosion à transmission élevée; par exemple, pour un voyage d'un an, l'ampleur de l'effet était importante avec 125,4 évènements de moins pour 1 000 voyageurs (IC à 95 % : 113,8 à 137,4 de moins; certitude modérée des données) (tableau 7 de l'annexe 2).
Dans ce groupe d'âge, les avantages estimés en ce qui concerne la prévention des hospitalisations et des décès étaient insignifiants pour toutes les durées de voyage allant jusqu'à un an dans une zone d'éclosion à faible transmission, ainsi que pour les voyages de courte durée dans une zone d'éclosion à transmission élevée (tableau 6 et tableau 7 de l'annexe 2).
Personnes de 65 ans et plus
Les avantages estimés en ce qui concerne la prévention de la maladie et de l'arthralgie à long terme étaient les mêmes que pour les personnes de 18 à 64 ans.
Les avantages liés à la prévention des hospitalisations et des décès étaient plus importants chez les personnes âgées. Par exemple, dans le cas d'un voyage dans une zone d'éclosion à transmission élevée, les avantages liés à la prévention des hospitalisations ou des décès ont été estimés comme étant modérés pour un séjour de deux semaines : 0,16 évènement de moins pour 1 000 voyageurs (IC à 95 % : 0,19 à 0,23 de moins; certitude modérée des données) et 0,011 évènement de moins pour 1 000 voyageurs (IC à 95 % : 0,010 à 0,012 de moins; certitude modérée des données), respectivement. Les avantages estimés augmentaient avec la durée du voyage et étaient importants pour les deux résultats si la durée du séjour était de 3 mois ou plus (tableau 11 de l'annexe 2).
Évènements indésirables associés au vaccin CHIK-LAV (essais cliniques)
Les probabilités d'évènements indésirables (EI) ont été établies à l'aide des données de l'ECR de phase 3Note de bas de page 1. Des considérations relatives à l'interprétation ont été ajoutées après l'étude de la note d'examen clinique de la Food and Drugs Administration des États-Unis au sujet du vaccin CHIK-LAVNote de bas de page 21 et des données communiquées par le fabricant.
En ce qui concerne les résultats critiques, les estimations du fardeau des préjudices associés au vaccin CHIK-LAV par rapport au placebo sont résumées dans le tableau 3 ci-dessous et à l'annexe 2.
| Résultat critique | Estimation de la différence de risque absolu, nombre d'évènements pour 1 000 | Probabilité absolue d'évènement associé au vaccin CHIK-LAV par rapport au placebo | Importance et ampleur de l'effet (s'il est important) | Effet de l'âge |
|---|---|---|---|---|
EI systémiques sévères de courte duréeNote de bas de page * |
20 de plus |
2,1 % contre 0,1 % |
Effet important, ampleur modérée |
Indication d'une diminution de la probabilité chez les personnes âgées |
Réactions indésirables semblables au chikungunyaNote de bas de page † |
111 de plus |
11,7 % contre 0,6 % |
Effet important, ampleur modérée |
Pas d'effet lié à l'âge détecté |
Apparition ou aggravation des symptômes d'arthrite ou d'arthrose |
2 de plus |
0,6 % contre 0,4 % |
Effet important, grande ampleur |
Indication d'une diminution de la probabilité chez les personnes âgées. Taille de l'échantillon trop petite pour détecter de manière fiable les évènements rares |
Évènements indésirables graves (EIG) |
1 de plus |
0,1 % contre 0,0 % |
Effet important, grande ampleur |
Indication d'une diminution de la probabilité chez les personnes âgées. Taille de l'échantillon trop petite pour détecter de manière fiable les évènements rares |
|
||||
Évènements indésirables graves associés au vaccin CHIK-LAV (surveillance après la commercialisation)
Des EIG associés au vaccin CHIK-LAV ont été signalés après sa commercialisation en Europe et aux États-Unis, et touchaient pour la plupart des personnes âgées de 65 ans et plus et des personnes ayant des problèmes de santé préexistants. En date de juillet 2025, les rapports cumulés faisaient état de 28 EIG, dont 3 décès, parmi les quelque 36 000 doses distribuées dans le mondeNote de bas de page 3. Pour les États-Unis en particulier, et entre mai et décembre 2024, six EIG ont été signalés dans le Vaccine Adverse Effects Reporting System (VAERS). Il s'agissait dans tous les cas d'EIG touchant des personnes de 65 ans et plus atteintes de comorbiditésNote de bas de page 22. À la lumière de ces données, le groupe de travail sur les vaccins contre le chikungunya du Advisory Committee on Immunization Practices des États-Unis a estimé un taux de 82 EIG pour 100 000 doses administrées (IC à 95 % : 30 à 180) et un taux d'hospitalisation de 0,68 pour 1 000 doses administrées (0,20 à 1,60) au sein de cette population.
Ressources (coût), acceptabilité et faisabilité
Au Canada, les particuliers peuvent se procurer le vaccin CHIK-LAV à un coût estimé de 225 $Note de bas de page 23. Il se peut que le vaccin ne soit pas couvert par une assurance privée. Le voyageur peut également devoir assumer les coûts liés aux services d'un professionnel de la santé pour une consultation en santé-voyage et l'administration du vaccin. De façon générale, le coût pour un particulier est au moins modéré, tandis que pour les familles, le coût total pour toutes les personnes admissibles qui choisissent de recevoir le vaccin pourrait être plus élevé.
Le calendrier de vaccination pour le vaccin CHIK-LAV consiste en une dose avant le voyage, ce qui, selon le CCMTMV, devrait être acceptable pour le voyageur.
Les voyageurs qui souhaitent en savoir plus au sujet du vaccin CHIK-LAV doivent s'adresser à une clinique ou à un professionnel de la santé qui a de l'expérience en médecine des voyages, et qui est en mesure de fournir une évaluation individualisée et, s'il y a lieu, le vaccin. Il peut être nécessaire de se déplacer une première fois pour la consultation et une autre pour la vaccination, si le vaccin n'est pas disponible dans l'immédiat. Il est possible que ces services ne soient pas facilement accessibles dans les régions mal desservies.
Jugement
Les données probantes sur les préjudices associés au vaccin CHIK-LAV dépassent les seuils associés à une ampleur d'effet modérée pour tous les résultats critiques définis. En effet, l'ampleur d'effet varie de modérée à importante, dans les deux groupes d'âge.
Dans le cadre de la surveillance après la commercialisation, 28 EIG, dont trois décès, ont été recensés (en date du 11 juillet 2025Note de bas de page 3), principalement chez des personnes âgées (65 ans et plus) présentant des comorbidités et ayant reçu le vaccin CHIK-LAV. La souche du virus du chikungunya utilisée dans le vaccin a été détectée dans les liquides corporels chez certains de ces patients, et les symptômes sont généralement apparus au moment où l'on s'attendait à un résultat lié au vaccinNote de bas de page 5. Le CCMTMV estime qu'il est probable qu'au moins certains des EIG signalés aient été causés par le vaccin. Dans le cadre de l'analyse des avantages et des préjudices associés au vaccin CHIK-LAV pour les personnes de 65 ans et plus, le CCMTMV estime que la plupart des gens accorderaient plus d'importance au fait d'éviter les effets néfastes graves associés à la vaccination. Par conséquent, le CCMTMV a accordé un poids important aux EIG signalés chez les personnes de 65 ans et plus lors de l'élaboration des recommandations pour ce groupe d'âge. Le Comité a décidé de ne pas recommander l'utilisation du vaccin CHIK-LAV chez les personnes de 65 ans et plus, même si le degré de certitude des données probantes est très faible. En complément de cette recommandation, le CCMTMV suggère également aux voyageurs de cette population d'éviter les voyages dans une région où sévit une éclosion de chikungunya, étant donné que le risque d'infection peut être élevé et que l'infection par le virus du chikungunya est plus susceptible d'entraîner une maladie grave et le décès chez les personnes âgées qui ne sont pas protégées. Nous sommes d'avis que cette dernière recommandation sera acceptable et réalisable pour de nombreux voyageurs, car les éclosions sont généralement de courte durée.
Chez les personnes de 18 à 64 ans, l'avantage de la prévention de l'arthralgie à long terme causée par l'infection par le virus du chikungunya dépassait le seuil associé à une ampleur d'effet modérée pour toutes les durées de voyage et pour les niveaux de transmission faible et élevé associés à des éclosions. Le seuil de protection modérée contre la maladie clinique a été atteint pour les voyages de longue durée vers une zone d'éclosion à faible transmission et pour toutes les durées de voyage vers une zone d'éclosion à transmission élevée. Les avantages attendus de la vaccination en ce qui concerne la prévention des hospitalisations et des décès étaient notables dans les zones d'éclosion à transmission élevée, où les seuils ont été atteints pour ces résultats dans le cas des voyages de longue durée. Si l'on tient compte de l'ampleur modérée ou importante des préjudices de la vaccination, les avantages estimés augmentent pour les voyages de longue durée, les voyages dans une zone d'éclosion à transmission élevée et/ou les personnes qui pourraient être plus susceptibles de présenter une forme grave du chikungunya compte tenu de leur état de santé. Le CCMTMV reconnaît qu'il existe une incertitude et une variabilité importantes pour ce qui est des valeurs et des préférences des voyageurs, c'est pourquoi il a choisi de formuler une recommandation discrétionnaire au sujet de l'utilisation du vaccin CHIK-LAV chez les personnes de 18 à 64 ans.
Dans un scénario de transmission endémique, les avantages estimés de la vaccination étaient insignifiants pour la plupart des résultats critiques définis, et ce, pour toutes les durées de voyage, qui variaient de deux semaines à un an. Un avantage modéré a été estimé uniquement pour la prévention de l'arthralgie à long terme associée à l'infection par le virus du chikungunya lors des voyages de longue durée. Comme le Comité est d'avis que les préjudices estimés de la vaccination, qui varient de modérés à importants, l'emportent sur les avantages à ce niveau de transmission, il a formulé une recommandation discrétionnaire selon laquelle il déconseille l'utilisation du vaccin CHIK-LAV chez les personnes de 18 à 64 ans qui se rendent dans une région où la maladie est endémique, mais où il n'y a pas d'éclosion en cours.
Pour estimer les avantages et les préjudices potentiels pour chaque cas particulier, il faut connaître le risque d'infection par le virus du chikungunya dans le lieu de destination au moment du voyage, ce qui peut être difficile à évaluer ou à prévoir. L'Agence de la santé publique du Canada publie sur la page voyage.gc.ca de chaque destination des renseignements sur le risque d'infection par le virus du chikungunya, sous forme de conseils de santé aux voyageurs. Une éclosion de chikungunya touchant une région est signalée au moyen d'un « avis de santé aux voyageurs de niveau 2 », dans la section « Santé » de la page de destination.
Recommandations concernant le vaccin CHIK-LAV
1. Le CCMTMV recommande de ne pas utiliser le vaccin vivant atténué contre le chikungunya (IXCHIQMD ) chez les personnes âgées de 65 ans et plus.
(Forte recommandation, fondée sur des données de très faible certitude)
Et
Le CCMTMV suggère aux personnes âgées de 65 ans et plus d'éviter les voyages dans une région où sévit une éclosion de chikungunya.
(Recommandation discrétionnaire, fondée sur des données de certitude modérée)
2. Pour les Canadiens de 18 à 64 ans qui présentent un risque élevé d'infection (voir les remarques), le CCMTMV suggère d'envisager l'utilisation du vaccin vivant atténué contre le chikungunya (CHIK-LAV). Une évaluation individuelle (voir les remarques) et une discussion entre le voyageur et le professionnel de la santé sont nécessaires pour déterminer s'il convient d'administrer le vaccin CHIK-LAV.
(Recommandation discrétionnaire, fondée sur des données de très faible certitude)
Et
Le CCMTMV suggère de ne pas offrir le vaccin vivant atténué contre le chikungunya (CHIK-LAV) à tous les autres Canadiens âgés de 18 à 64 ans.
(Recommandation discrétionnaire, fondée sur des données de très faible certitude)
Conclusion et besoins en matière de recherche
Le vaccin CHIK-LAV est un vaccin réactogène qui a permis d'obtenir des titres d'anticorps neutralisants (µPRNT50 ≥ 150) élevés et persistants après l'administration d'une dose unique chez les participants à l'étude. Ces titres, utilisés comme marqueurs de substitution de la protection, se sont maintenus jusqu'à 4 ans après la vaccination. Le critère d'évaluation utilisé a été estimé en fonction de la capacité du vaccin à prévenir la virémie dans un modèle de primates non humains. En raison de la nature imprévisible des éclosions de chikungunya, aucune étude sur l'efficacité du vaccin n'a été réalisée. Des études de pharmacovigilance sont exigées par les organismes de réglementation internationaux pour déterminer, d'une part, l'efficacité du vaccin dans le contexte de la gravité du risque de transmission pendant les éclosions et, d'autre part, l'effet du vaccin CHIK-LAV sur la prévention des effets indésirables de l'infection par le virus du chikungunya, notamment les symptômes sévères et prolongés d'arthralgie, ainsi que les effets graves pouvant entraîner l'hospitalisation ou le décès.
Parmi les EIG survenus après l'administration du vaccin CHIK-LAV qui ont été signalés après la commercialisation, de nombreux EIG ont été observés chez des personnes âgées atteintes de problèmes de santé préexistants. Les contributions respectives de l'âge et des comorbidités au risque d'EIG ne sont pas clairement définies, car les fondements biologiques de ce problème sont mal compris. D'autres études sont nécessaires pour mieux comprendre la survenue des effets indésirables associés au vaccin CHIK-LAV et le mécanisme biologique qui provoque ces effets, surtout en ce qui concerne les évènements rares ainsi que le risque pour les personnes âgées et celles atteintes d'affections sous-jacentes.
Des travaux de recherche supplémentaires sont également nécessaires pour étudier les avantages et les préjudices potentiels associés au vaccin CHIK-LAV dans des groupes à risque, notamment les populations qui sont immunodéprimées, les personnes enceintes – ainsi que les répercussions sur la santé des nourrissons –, et les personnes atteintes d'affections sous-jacentes, dont les troubles rhumatologiques. Les résultats de ces études seront essentiels pour mieux comprendre les avantages et les risques associés au vaccin CHIK-LAV.
Liste des abréviations
- AINS
- anti-inflammatoires non stéroïdiens
- ASPC
- Agence de la santé publique du Canada
- CCMTMV
- Comité consultatif de la médecine tropicale et de la médecine des voyages
- CHIK-LAV
- vaccin vivant atténué contre le chikungunya
- ECR
- essai contrôlé randomisé
- EI
- évènement indésirable
- EIG
- évènement indésirable grave
- GRADE
- Grading of Recommendations, Assessment, Development and Evaluation
- GT
- groupe de travail
- IC
- intervalle de confiance
- PNH
- primates non humains
- VAERS
- Vaccine Adverse Effects Reporting System
Remerciements
La présente déclaration a été préparée par le groupe de travail sur le chikungunya du CCMTMV : P Lagacé-Wiens (responsable), S Schofield (coresponsable), I Bogoch, YG Bui, A Khatib, M Libman, T Nguyen, K Plewes, et a été approuvée par le CCMTMV.
Le CCMTMV tient à remercier les personnes suivantes pour leur contribution : M Laplante, S Mehta, N Santesso (méthodologiste GRADE, université McMaster), et la Bibliothèque de l'Agence de la santé publique du Canada.
Membres du CCMTMV : M Libman (président), YG Bui (vice-présidente), K Plewes (présidente du sous-comité sur le paludisme), I Bogoch, A Khatib, P Lagacé-Wiens, J Lee et C Yansouni.
Ancien membre : C Greenaway
Agents de liaison : J Pernica (Association pour la microbiologie médicale et l'infectiologie Canada), K O'Laughlin (Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis) et I Viel-Thériault (Société canadienne de pédiatrie).
Membres d'office : D Marion (Défense nationale et Forces armées canadiennes), S Schofield (Défense nationale et Forces armées canadiennes), M Tunis (Secrétariat du Comité consultatif national de l'immunisation [CCNI], ASPC) et R Zimmer (Direction des médicaments biologiques et radiopharmaceutiques, Santé Canada).
Ancien membre d'office : E Ebert (Défense nationale et Forces armées canadiennes)
Conflits d'intérêts
Aucun déclaré.
Annexes
Annexe 1. Stratégie de recherche documentaire
| Numéro de la recherche | Stratégie de recherche | Résultats |
|---|---|---|
1 |
Chikungunya virus/ or Chikungunya Fever/ |
4 594 |
2 |
(Chikungunya or chikv).ti,kf. |
4 578 |
3 |
(Chikungunya or chikv).ab. /freq=2 |
3 860 |
4 |
or/1-3 |
5 918 |
5 |
(english or french).lg. |
32 949 073 |
6 |
4 and 5 |
5 746 |
7 |
exp animals/ |
27 065 891 |
8 |
exp animal experimentation/ or exp animal experiment/ |
10 448 |
9 |
exp models animal/ |
647 852 |
10 |
nonhuman/ |
0 |
11 |
exp vertebrate/ or exp vertebrates/ |
26 305 688 |
12 |
or/7-11 |
27 067 869 |
13 |
exp humans/ |
21 859 077 |
14 |
exp human experimentation/ or exp human experiment/ |
12 687 |
15 |
or/13-14 |
21 859 736 |
16 |
12 not 15 |
520 8761 |
17 |
(human* or person* or people* or patient* or worker* or child* or adult* or communit* or travel?er* or tourist*).mp. |
24 849 796 |
18 |
(6 not 16) or (6 and 17) |
5 164 |
19 |
exp Disease Outbreaks/ or exp Disease Transmission, Infectious/ |
307 409 |
20 |
(pathogenicity or incidence* or outbreak* or infection* or transmission* or prevalen* or spread* or epidem*).tw,kf. |
4 390 695 |
21 |
(transmission or epidemiology or pathogenicity).fs. |
2 454 728 |
22 |
or/19-21 |
5 635 752 |
23 |
18 and 22 |
4 501 |
24 |
case reports.pt. |
2 392 666 |
25 |
23 not 24 |
4 233 |
26 |
exp Morbidity/ or exp Mortality/ or exp Hospitalization/ |
1 290 560 |
27 |
(burden* or morbidit* or hospitaliz* or contact with healthcare or complication* or mortalit* or death* or fatal*).tw,kf. |
3 584 025 |
28 |
(mortality or complications).fs. |
2 820 631 |
29 |
or/26-28 |
6 167 835 |
30 |
18 and 29 |
1 564 |
31 |
exp risk factors/ or Disease Susceptibility/ |
1 013 640 |
32 |
(risk* adj5 [increas* or high* or factor*].tw,kf.) |
1 738 841 |
33 |
([factor* or risk* or determinant*] adj5 [individual* or community* or household* or environment* or soci* or associat* or transmission* or infection*]).tw,kf. |
1 257 447 |
34 |
or/31-33 |
2 846 230 |
35 |
18 and 34 |
675 |
36 |
25 or 30 or 35 |
4 522 |
37 |
(review or meta-analysis).ti,pt. |
3 685 336 |
38 |
36 and 37 |
725 |
39 |
travel/ or air travel/ or expeditions/ or tourism/ or exp travel-related illness/ or Travel Medicine/ |
32 266 |
40 |
(travel* or touris*).tw,kf. |
93 635 |
41 |
or/39-40 |
107 093 |
42 |
36 and 41 |
427 |
Annexe 2. Tableaux de résumé des constatations
Certitude de l'évaluation des données probantes
Le degré global de certitude des données probantes en ce qui concerne les avantages estimés du vaccin CHIK-LAV était faible (tableaux 5 à 7 et 9 à 11). Comme l'efficacité du vaccin CHIK-LAV n'a pas été mesurée directement lors des essais cliniques, les données relatives à la réponse sérologique ont été utilisées comme données de substitution pour la protection; les avantages estimés du vaccin CHIK-LAV ont été revus à la baisse d'un échelon en raison de leur caractère indirect. Lorsque l'intervalle de confiance à 95 % pour la réduction absolue du risque laissait supposer un effet potentiellement inférieur au seuil correspondant à un effet d'ampleur modérée, le degré de certitude des données probantes a été revu à la baisse d'un autre échelon pour tenir compte de l'imprécision.
L'ampleur de l'effet des évènements indésirables associés au vaccin CHIK-LAV variait de modérée à importante, et le degré global de certitude des données probantes sur les évènements était très faible (tableaux 8 et 12). Une révision à la baisse générale du degré de certitude des données a été effectuée en raison du caractère indirect des avantages, car l'essai clinique de phase 3 a été mené auprès d'un échantillon de personnes en bonne santé qui n'était pas pleinement représentatif de l'ensemble des Canadiens se rendant dans des régions touchées par le chikungunya. Le degré de certitude des données probantes concernant les personnes de 65 ans et plus, qui représentent 11 % des participants à l'étude, a également été revu à la baisse. Le cas échéant, le degré de certitude des données probantes a été revu à la baisse pour tenir compte de l'imprécision, parce que la taille de l'échantillon était trop petite pour détecter de manière fiable des évènements rares et/ou parce que l'intervalle de confiance à 95 % pour l'estimation laissait supposer qu'il y avait à la fois une possibilité d'avantages et de préjudices.
Personnes de 18 à 64 ans
| Avantages de la vaccination | Durée du voyage | Réduction du risque absolu anticipé, pour 1 000 voyageurs | Intervalle de confiance à 95 % pour la réduction du risque absolu | Ampleur de l'effet | Certitude des données probantes (GRADE) | Nombre de sujets à vacciner |
|---|---|---|---|---|---|---|
Prévention de la maladie clinique (chikungunya) |
12 mois |
0,76 |
0,60 à 1,08 |
Insignifiante |
Modérée |
1 316 |
6 mois |
0,38 |
0,30 à 0,54 |
Insignifiante |
Modérée |
2 632 |
|
3 mois |
0,19 |
0,15 à 0,27 |
Insignifiante |
Modérée |
5 263 |
|
1 mois |
0,06 |
0,05 à 0,09 |
Insignifiante |
Modérée |
15 789 |
|
2 semaines |
0,03 |
0,02 à 0,04 |
Insignifiante |
Modérée |
34 211 |
|
Prévention de l'arthralgie à long terme (30 jours ou plus) associée au chikungunya |
12 mois |
0,38 |
0,30 à 0,54 |
Grande |
Modérée |
2 632 |
6 mois |
0,19 |
0,15 à 0,27 |
Modérée |
Modérée |
5 263 |
|
3 mois |
0,10 |
0,08 à 0,14 |
Modérée |
Faible |
10 526 |
|
1 mois |
0,03 |
0,03 à 0,05 |
Insignifiante |
Modérée |
31 579 |
|
2 semaines |
0,01 |
0,01 à 0,02 |
Insignifiante |
Modérée |
68 421 |
|
Prévention des hospitalisations associées au chikungunya |
12 mois |
0,002 |
0,002 à 0,003 |
Insignifiante |
Modérée |
416 060 |
6 mois |
0,001 |
0,001 à 0,002 |
Insignifiante |
Modérée |
832 120 |
|
3 mois |
0,001 |
0,000 à 0,001 |
Insignifiante |
Modérée |
1 664 240 |
|
1 mois |
0,000 |
0,000 à 0,000 |
Insignifiante |
Modérée |
4 992 719 |
|
2 semaines |
0,000 |
0,000 à 0,000 |
Insignifiante |
Modérée |
10 817 558 |
|
Prévention des décès |
12 mois |
0,0000 |
0,0000 à 0,0001 |
Insignifiante |
Modérée |
27 412 281 |
6 mois |
0,0000 |
0,0000 à 0,0000 |
Insignifiante |
Modérée |
54 824 561 |
|
3 mois |
0,0000 |
0,0000 à 0,0000 |
Insignifiante |
Modérée |
109 649 123 |
|
1 mois |
0,0000 |
0,0000 à 0,0000 |
Insignifiante |
Modérée |
328 947 368 |
|
2 semaines |
0,0000 |
0,0000 à 0,0000 |
Insignifiante |
Modérée |
712 719 298 |
|
Explication : Les valeurs en gras indiquent les résultats pour lesquels le seuil d'un avantage modéré a été atteint ou dépassé. |
||||||
| Avantages de la vaccination | Durée du voyage | Réduction du risque absolu anticipé, pour 1 000 voyageurs | Intervalle de confiance à 95 % pour la réduction du risque absolu | Ampleur de l'effet | Certitude des données probantes (GRADE) | Nombre de sujets à vacciner |
|---|---|---|---|---|---|---|
Prévention de la maladie clinique (chikungunya) |
12 mois |
6,84 |
3,64 à 10,84 |
Grande |
Modérée |
146 |
6 mois |
3,42 |
1,82 à 5,42 |
Modérée |
Faible |
292 |
|
3 mois |
1,71 |
0,91 à 2,71 |
Petite |
Faible |
585 |
|
1 mois |
0,57 |
0,30 à 0,90 |
Petite |
Modérée |
1 754 |
|
2 semaines |
0,26 |
0,14 à 0,42 |
Insignifiante |
Modérée |
3 801 |
|
Prévention de l'arthralgie à long terme (30 jours ou plus) associée au chikungunya |
12 mois |
3,42 |
1,82 à 5,42 |
Grande |
Modérée |
292 |
6 mois |
1,71 |
0,91 à 2,71 |
Grande |
Modérée |
585 |
|
3 mois |
0,86 |
0,46 à 1,36 |
Grande |
Modérée |
1 170 |
|
1 mois |
0,29 |
0,15 à 0,45 |
Grande |
Modérée |
3 509 |
|
2 semaines |
0,13 |
0,07 à 0,21 |
Modérée |
Faible |
7 602 |
|
Prévention des hospitalisations associées au chikungunya |
12 mois |
0,02 |
0,01 à 0,03 |
Insignifiante |
Modérée |
46 229 |
6 mois |
0,01 |
0,01 à 0,02 |
Insignifiante |
Modérée |
92 458 |
|
3 mois |
0,01 |
0,00 à 0,01 |
Insignifiante |
Modérée |
184 916 |
|
1 mois |
0,00 |
0,00 à 0,00 |
Insignifiante |
Modérée |
554 747 |
|
2 semaines |
0,00 |
0,00 à 0,00 |
Insignifiante |
Modérée |
1 201 951 |
|
Prévention des décès |
12 mois |
0,0003 |
0,0002 à 0,0005 |
Insignifiante |
Modérée |
3 045 809 |
6 mois |
0,0002 |
0,0001 à 0,0003 |
Insignifiante |
Modérée |
6 091 618 |
|
3 mois |
0,0001 |
0,0000 à 0,0001 |
Insignifiante |
Modérée |
12 183 236 |
|
1 mois |
0,0000 |
0,0000 à 0,0000 |
Insignifiante |
Modérée |
36 549 708 |
|
2 semaines |
0,0000 |
0,0000 à 0,0000 |
Insignifiante |
Modérée |
79 191 033 |
|
Explication : Les valeurs en gras indiquent les résultats pour lesquels le seuil d'un avantage modéré a été atteint ou dépassé. |
||||||
| Avantages de la vaccination | Durée du voyage | Réduction du risque absolu anticipé, pour 1 000 voyageurs | Intervalle de confiance à 95 % pour la réduction du risque absolu | Ampleur de l'effet | Certitude des données probantes (GRADE) | Nombre de sujets à vacciner |
|---|---|---|---|---|---|---|
Prévention de la maladie clinique (chikungunya) |
12 mois |
250,80 |
227,60 à 274,80 |
Grande |
Modérée |
4 |
6 mois |
125,40 |
113,80 à 137,40 |
Grande |
Modérée |
8 |
|
3 mois |
62,70 |
56,90 à 68,70 |
Grande |
Modérée |
16 |
|
1 mois |
20,90 |
18,97 à 22,90 |
Grande |
Modérée |
48 |
|
2 semaines |
9,65 |
8,75 à 10,57 |
Grande |
Modérée |
104 |
|
Prévention de l'arthralgie à long terme (30 jours ou plus) associée au chikungunya |
12 mois |
125,40 |
113,80 à 137,40 |
Grande |
Modérée |
8 |
6 mois |
62,70 |
56,90 à 68,70 |
Grande |
Modérée |
16 |
|
3 mois |
31,35 |
28,45 à 34,35 |
Grande |
Modérée |
32 |
|
1 mois |
10,45 |
9,48 à 11,45 |
Grande |
Modérée |
96 |
|
2 semaines |
4,82 |
4,38 à 5,28 |
Grande |
Modérée |
207 |
|
Prévention des hospitalisations associées au chikungunya |
12 mois |
0,79 |
0,72 à 0,87 |
Grande |
Modérée |
1 261 |
6 mois |
0,40 |
0,36 à 0,43 |
Grande |
Modérée |
2 522 |
|
3 mois |
0,20 |
0,18 à 0,22 |
Modérée |
Modérée |
5 043 |
|
1 mois |
0,07 |
0,06 à 0,07 |
Petite |
Modérée |
15 129 |
|
2 semaines |
0,03 |
0,03 à 0,03 |
Insignifiante |
Modérée |
32 780 |
|
Prévention des décès |
12 mois |
0,0120 |
0,011 à 0,013 |
Modérée |
Modérée |
83 068 |
6 mois |
0,0060 |
0,005 à 0,007 |
Petite |
Modérée |
166 135 |
|
3 mois |
0,0030 |
0,003 à 0,003 |
Insignifiante |
Modérée |
332 270 |
|
1 mois |
0,0010 |
0,001 à 0,001 |
Insignifiante |
Modérée |
996 810 |
|
2 semaines |
0,0005 |
0,000 à 0,001 |
Insignifiante |
Modérée |
2 159 755 |
|
Explication : Les valeurs en gras indiquent les résultats pour lesquels le seuil d'un avantage modéré a été atteint ou dépassé. |
||||||
| Préjudices de la vaccination | Différence de risque absolu anticipé, pour 1 000 voyageurs | Intervalle de confiance à 95 % pour la différence de risque absolu | Ampleur de l'effet | Certitude des données probantes (GRADE) |
|---|---|---|---|---|
EI systémiques sévères de courte durée |
22 de plus |
16 de plus à 28 de plus |
Modérée |
Modérée |
Réactions indésirables semblables au chikungunya |
112 de plus |
97 de plus à 125 de plus |
Modérée |
Très faible |
Apparition ou aggravation des symptômes d'arthrite ou d'arthrose |
1 de plus |
6 de moins à 5 de plus |
Grande |
Très faible |
Évènements indésirables graves (EIG) |
0,4 de plus |
4 de moins à 2 de plus |
Grande |
Très faible |
Explication : Les valeurs en gras indiquent les résultats pour lesquels le seuil d'un préjudice modéré a été atteint ou dépassé. |
||||
Personnes de 65 ans et plus
| Avantages de la vaccination | Durée du voyage | Réduction du risque absolu anticipé, pour 1 000 voyageurs | Intervalle de confiance à 95 % pour la réduction du risque absolu | Ampleur de l'effet | Certitude des données probantes (GRADE) | Nombre de sujets à vacciner |
|---|---|---|---|---|---|---|
Maladie clinique (chikungunya) |
12 mois |
0,76 |
0,60 à 1,08 |
Insignifiante |
Modérée |
1 316 |
6 mois |
0,38 |
0,30 à 0,54 |
Insignifiante |
Modérée |
2 632 |
|
3 mois |
0,19 |
0,15 à 0,27 |
Insignifiante |
Modérée |
5 263 |
|
1 mois |
0,06 |
0,05 à 0,09 |
Insignifiante |
Modérée |
15 789 |
|
2 semaines |
0,03 |
0,02 à 0,04 |
Insignifiante |
Modérée |
34 211 |
|
Arthralgie à long terme (30 jours ou plus) associée au chikungunya |
12 mois |
0,38 |
0,30 à 0,54 |
Grande |
Modérée |
2 632 |
6 mois |
0,19 |
0,15 à 0,27 |
Modérée |
Modérée |
5 263 |
|
3 mois |
0,10 |
0,08 à 0,14 |
Modérée |
Faible |
10 526 |
|
1 mois |
0,03 |
0,03 à 0,05 |
Insignifiante |
Modérée |
31 579 |
|
2 semaines |
0,01 |
0,01 à 0,02 |
Insignifiante |
Modérée |
68 421 |
|
Hospitalisation associée au chikungunya |
12 mois |
0,016 |
0,013 à 0,023 |
Insignifiante |
Modérée |
61 920 |
6 mois |
0,008 |
0,006 à 0,011 |
Insignifiante |
Modérée |
123 839 |
|
3 mois |
0,004 |
0,003 à 0,006 |
Insignifiante |
Modérée |
247 678 |
|
1 mois |
0,001 |
0,001 à 0,002 |
Insignifiante |
Modérée |
743 034 |
|
2 semaines |
0,001 |
0,000 à 0,001 |
Insignifiante |
Modérée |
1 609 907 |
|
Décès |
12 mois |
0,0009 |
0,0007 à 0,0012 |
Insignifiante |
Modérée |
1 156 738 |
6 mois |
0,0004 |
0,0003 à 0,0006 |
Insignifiante |
Modérée |
2 313 476 |
|
3 mois |
0,0002 |
0,0002 à 0,0003 |
Insignifiante |
Modérée |
4 626 952 |
|
1 mois |
0,0001 |
0,0001 à 0,0001 |
Insignifiante |
Modérée |
13 880 856 |
|
2 semaines |
0,0000 |
0,0000 à 0,0000 |
Insignifiante |
Modérée |
30 075 188 |
|
Explication : Les valeurs en gras indiquent les résultats pour lesquels le seuil d'un avantage modéré a été atteint ou dépassé. |
||||||
| Avantages de la vaccination | Durée du voyage | Réduction du risque absolu anticipé, pour 1 000 voyageurs | Intervalle de confiance à 95 % pour la réduction du risque absolu | Ampleur de l'effet | Certitude des données probantes (GRADE) | Nombre de sujets à vacciner |
|---|---|---|---|---|---|---|
Maladie clinique (chikungunya) |
12 mois |
6,84 |
3,64 à 10,84 |
Grande |
Modérée |
146 |
6 mois |
3,42 |
1,82 à 5,42 |
Modérée |
Faible |
292 |
|
3 mois |
1,71 |
0,91 à 2,71 |
Petite |
Faible |
585 |
|
1 mois |
0,57 |
0,30 à 0,90 |
Petite |
Modérée |
1 754 |
|
2 semaines |
0,26 |
0,14 à 0,42 |
Insignifiante |
Modérée |
3 801 |
|
Arthralgie à long terme (30 jours ou plus) associée au chikungunya |
12 mois |
3,42 |
1,82 à 5,42 |
Grande |
Modérée |
292 |
6 mois |
1,71 |
0,91 à 2,71 |
Grande |
Modérée |
585 |
|
3 mois |
0,86 |
0,46 à 1,36 |
Grande |
Modérée |
1 170 |
|
1 mois |
0,29 |
0,15 à 0,45 |
Grande |
Modérée |
3 509 |
|
2 semaines |
0,13 |
0,07 à 0,21 |
Modérée |
Faible |
7 602 |
|
Hospitalisation associée au chikungunya |
12 mois |
0,15 |
0,08 à 0,23 |
Modérée |
Faible |
6 880 |
6 mois |
0,07 |
0,04 à 0,12 |
Petite |
Faible |
13 760 |
|
3 mois |
0,04 |
0,02 à 0,06 |
Insignifiante |
Modérée |
27 520 |
|
1 mois |
0,01 |
0,01 à 0,02 |
Insignifiante |
Modérée |
82 559 |
|
2 semaines |
0,01 |
0,00 à 0,01 |
Insignifiante |
Modérée |
178 879 |
|
Décès |
12 mois |
0,0078 |
0,004 à 0,012 |
Petite |
Faible |
128 526 |
6 mois |
0,0039 |
0,002 à 0,006 |
Insignifiante |
Modérée |
257 053 |
|
3 mois |
0,0019 |
0,001 à 0,003 |
Insignifiante |
Modérée |
514 106 |
|
1 mois |
0,0006 |
0,000 à 0,001 |
Insignifiante |
Modérée |
1 542 317 |
|
2 semaines |
0,0003 |
0,000 à 0,000 |
Insignifiante |
Modérée |
3 341 688 |
|
Explication : Les valeurs en gras indiquent les résultats pour lesquels le seuil d'un avantage modéré a été atteint ou dépassé. |
||||||
| Avantages de la vaccination | Durée du voyage | Réduction du risque absolu anticipé, pour 1 000 voyageurs | Intervalle de confiance à 95 % pour la réduction du risque absolu | Ampleur de l'effet | Certitude des données probantes (GRADE) | Nombre de sujets à vacciner |
|---|---|---|---|---|---|---|
Maladie clinique (chikungunya) |
12 mois |
250,8 |
227,6 à 274,8 |
Grande |
Modérée |
4 |
6 mois |
125,4 |
113,8 à 137,4 |
Grande |
Modérée |
8 |
|
3 mois |
62,7 |
56,9 à 68,7 |
Grande |
Modérée |
16 |
|
1 mois |
20,9 |
19,0 à 22,9 |
Grande |
Modérée |
48 |
|
2 semaines |
9,6 |
8,8 à 10,6 |
Grande |
Modérée |
104 |
|
Arthralgie à long terme (30 jours ou plus) associée au chikungunya |
12 mois |
125,4 |
113,8 à 137,4 |
Grande |
Modérée |
8 |
6 mois |
62,7 |
56,9 à 68,7 |
Grande |
Modérée |
16 |
|
3 mois |
31,4 |
28,5 à 34,4 |
Grande |
Modérée |
32 |
|
1 mois |
10,5 |
9,5 à 11,5 |
Grande |
Modérée |
96 |
|
2 semaines |
4,8 |
4,4 à 5,3 |
Grande |
Modérée |
207 |
|
Hospitalisation associée au chikungunya |
12 mois |
5,33 |
4,84 à 5,84 |
Grande |
Modérée |
188 |
6 mois |
2,13 |
2,45 à 2,95 |
Grande |
Modérée |
469 |
|
3 mois |
1,07 |
1,22 à 1,47 |
Grande |
Modérée |
938 |
|
1 mois |
0,36 |
0,41 à 0,49 |
Grande |
Modérée |
2 815 |
|
2 semaines |
0,16 |
0,19 à 0,23 |
Modérée |
Modérée |
6 098 |
|
Décès |
12 mois |
0,285 |
0,259 à 0,313 |
Grande |
Modérée |
3 505 |
6 mois |
0,143 |
0,129 à 0,156 |
Grande |
Modérée |
7 011 |
|
3 mois |
0,071 |
0,065 à 0,078 |
Grande |
Modérée |
14 021 |
|
1 mois |
0,024 |
0,022 à 0,026 |
Modérée |
Modérée |
42 063 |
|
2 semaines |
0,011 |
0,010 à 0,012 |
Modérée |
Modérée |
91 137 |
|
Explication : Les valeurs en gras indiquent les résultats pour lesquels le seuil d'un avantage modéré a été atteint ou dépassé. |
||||||
| Préjudices de la vaccination | Différence de risque absolu anticipé, pour 1 000 voyageurs | Intervalle de confiance à 95 % pour la différence de risque absolu | Ampleur de l'effet | Certitude des données probantes (GRADE) |
|---|---|---|---|---|
EI systémiques sévères de courte durée |
9 de plus |
24 de moins à 25 de plus |
Modérée |
Faible |
Réactions indésirables semblables au chikungunya |
107 de plus |
64 de plus à 144 de plus |
Modérée |
Très faible |
Apparition ou aggravation des symptômes d'arthrite ou d'arthrose |
9 de plus |
24 de moins à 25 de plus |
Grande |
Très faible |
Évènements indésirables graves (EIG) |
6 de plus |
29 de moins à 16 de plus |
Grande |
Très faible |
Explication : Les valeurs en gras indiquent les résultats pour lesquels le seuil d'un préjudice modéré a été atteint ou dépassé. |
||||
Annexe 3. Tableau de données probantes appuyant la prise de décisions
Question : Devrait-on recommander aux Canadiens qui se rendent dans une région touchée par le chikungunya de se faire vacciner contre cette maladie? Dans l'affirmative, à qui devrait-on administrer le vaccin et dans quelles circonstances?
Population : Canadiens âgés de 18 ans et plus se rendant dans des régions touchées par le chikungunya.
Intervention : Administration du vaccin vivant atténué contre le chikungunya (CHIK-LAV), IXCHIQMD, conformément à la dose recommandée.
Comparaison : Pas de vaccination
Principaux résultats :
- Avantages : Prévention de la maladie clinique (chikungunya), de l'arthralgie à long terme associée à l'infection par le virus du chikungunya, des hospitalisations et des décès.
- Préjudices : Évènements indésirables systémiques sévères de courte durée, apparition ou aggravation des symptômes d'arthrite ou d'arthrose, évènements indésirables graves et réactions indésirables semblables au chikungunya.
Contexte : Voyage à l'étranger
Perspective : Individuelle
Renseignements généraux : Le chikungunya est une maladie qui est endémique dans les régions tropicales et subtropicales du monde entier. Le virus du chikungunya est transmis par la piqûre de certains moustiques, généralement les moustiques Aedes aegypti et Aedes albopictus. Les symptômes de la maladie comprennent l'apparition soudaine de fièvre accompagnée de douleurs articulaires intenses et souvent persistantes (pendant des mois, voire des années). Les éclosions de chikungunya sont souvent sporadiques et de courte durée, et comportent des taux d'attaque élevés. Les voyageurs risquent davantage d'être infectés et de tomber malades lorsqu'ils se rendent dans une ou plusieurs zones d'éclosion à transmission élevéeNote de bas de page 7.
Le vaccin vivant atténué contre le chikungunya (CHIK-LAV), IXCHIQMD , est autorisé au Canada pour la prévention du chikungunya chez les personnes de 18 ans et plus.
Conflits d'intérêts : Aucun
| Domaine | Jugement | Résultats de recherche et autres éléments à considérer |
|---|---|---|
Problème : |
|
L'utilisation du vaccin CHIK-LAV est autorisée au Canada et des recommandations sont nécessaires pour aider les professionnels de la santé à conseiller leurs patients. Le risque d'infection par le virus du chikungunya est faible pour la grande majorité des voyageurs canadiens, mais il peut être relativement élevé pour ceux qui se rendent dans une région touchée par une éclosion à transmission élevée. Le chikungunya est une maladie aiguë qui peut être temporairement invalidante. Chez environ 50 % des patients, elle évolue vers des symptômes de longue durée pouvant inclure une polyarthralgie ou une arthrite potentiellement chroniques. Bien qu'il s'agisse de manifestations relativement rares, la forme grave du chikungunya et le décès peuvent survenir en particulier chez les populations vulnérables, par exemple chez les personnes très jeunes ou très âgées. |
Effets souhaitables : Quelle est l'ampleur des effets souhaités anticipés? |
|
Immunogénicité : Les données tirées d'un seul ECR de phase 3 indiquent un taux de séroconversion élevé et persistant, soit 98,9 % (IC à 95 % : 96,7 à 99,8 %) 29 jours après la vaccination au moyen d'une dose unique du vaccin CHIK-LAV Note de bas de page 1. Des taux de séroconversion similaires ont été observés chez les personnes de 18 à 64 ans (98,6 %, IC à 95 % : 95,8 à 99,7 %) et chez les personnes de 65 ans et plus (100 %, IC à 95 % : 93,9 à 100,0 %). Le taux d'anticorps neutralisants considéré comme protecteur a été maintenu 2 ans après la vaccination chez 96,8 % (IC à 95 % : 94,3 à 98,5 %) des 316 participants Note de bas de page 24 et 4 ans après la vaccination chez 95,0 % des 254 participants Note de bas de page 20. Les taux de séroconversion chez les personnes de 18 à 64 ans étaient semblables à ceux observés chez les personnes de 65 ans et plus. Efficacité du vaccin : L'efficacité du vaccin n'a pas été directement mesurée. Cependant, compte tenu de l'ensemble des données probantes, le CCMTMV a jugé que l'efficacité du vaccin CHIK-LAV était probablement élevée et a utilisé une valeur d'efficacité de 95 % pour tous les âges pour estimer les avantages. Les avantages absolus estimés variaient selon le groupe d'âge, ainsi qu'en fonction des résultats, des taux d'infection et de la durée des voyages (annexe 2). Dans le cas des voyages dans une région où le chikungunya est endémique, l'avantage absolu estimé de la vaccination contre le chikungunya était insignifiant pour la prévention de la maladie clinique, des hospitalisations et des décès, et ce, pour toutes les durées de voyage allant jusqu'à 1 an. En ce qui concerne l'arthralgie à long terme, l'ampleur de la réduction du risque absolu variait d'insignifiante pour un voyage de deux semaines (0,01 de moins pour 1 000 [IC à 95 % : 0,01 à 0,02]; faible certitude des données) à grande pour un voyage d'un an (0,38 de moins pour 1 000 [IC à 95 % : 0,30 à 0,54]). Personnes de 18 à 64 ans : L'avantage absolu estimé pour la prévention de l'arthralgie à long terme variait de modéré pour un voyage de 2 semaines dans une zone d'éclosion à faible transmission (0,1 de moins pour 1 000, IC à 95 % : 0,07 à 0,21 de moins) à important (125,4 de moins pour 1 000, IC à 95 % : 113,8 à 137,4 de moins) pour un voyage d'un an dans une zone d'éclosion à transmission élevée. En ce qui concerne la prévention de la maladie clinique (chikungunya), les avantages escomptés variaient d'insignifiants à importants selon la durée du voyage et le lieu de l'éclosion. La réduction estimée du risque absolu d'hospitalisation et de décès était insignifiante pour toutes les durées de voyage vers une zone d'éclosion à faible transmission, mais modérée pour les voyages de longue durée vers une zone d'éclosion à transmission élevée. Personnes de 65 ans et plus : L'avantage absolu estimé pour la prévention de l'arthralgie à long terme et de la maladie clinique (chikungunya) est le même que pour les personnes de 18 à 64 ans. L'ampleur des avantages estimés pour la prévention des hospitalisations et des décès était généralement insignifiante, voire petite, dans le cas des voyages vers une zone d'éclosion à faible transmission. Dans le cas d'une zone d'éclosion à transmission élevée, les avantages estimés variaient de modérés (hospitalisation : 1,6 de moins pour 10 000 [IC à 95 % : 1,9 à 2,3]; décès : 1,1 de moins pour 100 000, [IC à 95 % : 1,0 à 1,2]) à importants selon la durée du voyage. |
Effets indésirables : |
|
Les données probantes sur les effets indésirables sont tirées de l'ECR de phase 3, de la note d'examen clinique de la Food and Drugs Administration (FDA) des États-Unis, ainsi que des renseignements communiqués par le fabricant. Les données de surveillance après la commercialisation ont été utilisées en complément à ces données probantes. L'ampleur des effets indésirables absolus estimés du vaccin CHIK-LAV variait de modérée à grande (tableau 8 et tableau 12 de l'annexe 2). Les évènements indésirables systémiques sévères de courte durée (10 jours ou moins) étaient fréquents chez les personnes vaccinées (2,1 %) par rapport au placebo (0,1 %) (20 de plus pour 1 000, IC à 95 % : 13 à 26 de plus). Les estimations selon l'âge montrent 22 évènements de plus pour 1 000 (IC à 95 % : 16 à 28 de plus) chez les personnes de 18 à 64 ans et 9 évènements de plus pour 1 000 (IC à 95 % : 24 de moins à 25 de plus) chez les personnes de 65 ans et plus. Les effets indésirables semblables au chikungunya étaient plus fréquents chez les personnes vaccinées (11,7 %) que dans le groupe placebo (0,6 %); la différence de risque anticipée était de 111 de plus pour 1 000 (IC à 95 % : 47 à 256 de plus) et aucune différence liée à l'âge n'a été observée. Les cas signalés d'apparition ou d'aggravation des symptômes d'arthrite ou d'arthrose chez les personnes vaccinées (0,6 %) ne différaient pas beaucoup de ceux observés dans le groupe placebo (0,4 %) (2 de plus pour 1 000, IC à 95 % : 5 de moins à 6 de plus). Les estimations selon l'âge montrent 1 cas de plus pour 1 000 (IC à 95 % : 6 de moins à 5 de plus) chez les personnes de 18 à 64 ans et 9 cas de plus pour 1 000 (IC à 95 % : 24 de moins à 25 de plus) chez les personnes de 65 ans et plus. Le fabricant a déterminé que deux évènements indésirables graves (EIG) observés chez des participants à l'étude étaient liés au vaccin CHIK-LAV. Le Comité a examiné les données et a jugé qu'un autre EIG pouvait aussi être lié à la vaccination. L'un de ces évènements a été observé dans le groupe des sujets de 18 à 64 ans (différence de risque absolu de 0,4 pour 1 000), tandis que les deux autres sont survenus chez des personnes de 65 ans et plus (différence de risque absolu de 6 pour 1 000). Autres éléments à considérer : Lors de la surveillance post-commercialisation du vaccin CHIK-LAV, 28 cas d'évènements indésirables graves suivant la vaccination ont été recensés, pour la plupart chez des personnes de 65 ans et plus et chez des personnes ayant un problème de santé préexistantNote de bas de page 3. Les contributions respectives de l'âge et des comorbidités au risque d'EIG ne sont pas clairement définies, car les fondements biologiques de ce problème sont mal compris. D'autres études sont nécessaires pour mieux comprendre la survenue des effets indésirables associés au vaccin CHIK-LAV et le mécanisme biologique qui provoque ces effets, surtout en ce qui concerne les évènements rares et leur apparition chez les personnes âgées. |
Certitude des données probantes : |
|
Le degré global de certitude des données est très faible. |
Importance des résultats pour la population touchée : |
|
Le Comité a déterminé que les résultats suivants sont essentiels à la prise de décision :
Il existe peu de données probantes précises sur la valeur qu'accordent les voyageurs aux résultats critiques. Dans une enquête réalisée en 2022 par les Centers for Disease Prevention and Control des États-UnisNote de bas de page 25, le risque de maladie et de douleur articulaire à long terme après l'infection ont été cités comme des facteurs susceptibles d'influencer la prise de décision relativement au vaccin contre le chikungunya. En ce qui concerne les préjudices, le risque d'effets secondaires et les coûts ont été mentionnés comme des facteurs influençant la volonté de se faire vacciner. Compte tenu de ces données, mais aussi de l'expérience collective du Comité, le CCMTMV estime que la plupart des gens accorderaient de la valeur à la prévention de l'arthralgie à long terme, des hospitalisations et des décès associés au chikungunya, ainsi qu'à la prévention des effets indésirables associés au vaccin. |
Équilibre entre les effets : |
|
L'équilibre entre les effets souhaitables et indésirables varie en fonction de l'âge, de la durée du voyage et du risque d'infection par le virus du chikungunya (annexe 2). Les estimations des effets indésirables ont dépassé les seuils associés à une ampleur d'effet modérée. Pour les voyages dans les régions où la maladie est endémique, les avantages estimés sont insignifiants pour la plupart des durées de voyage, tandis que les préjudices estimés dépassent le seuil associé à une ampleur d'effet modérée. L'équilibre entre les effets à ce niveau de transmission favorise la comparaison (pas de vaccination). Pour les voyages dans une région où sévit une éclosion :
Chez les personnes de 18 à 64 ans, l'équilibre entre les effets favorise probablement l'intervention (vaccin CHIK-LAV) pour toutes les durées de voyage vers une destination où sévit une éclosion à transmission élevée. Chez les personnes de 65 ans et plus, l'équilibre entre les effets est notamment influencé par la probabilité estimée d'EIG (d'après les données cliniques), comme en témoignent les systèmes de surveillance après la commercialisation qui ont permis de déceler un signal lié à l'innocuité (EIG) chez les personnes âgées. Le CCMTMV a accordé beaucoup de poids aux données émergentes issues de la surveillance après la commercialisation qui révèlent un important signal d'évènements indésirables graves associés au vaccin dans ce groupe d'âge. Par conséquent, les données probantes sont jugées favorables à la comparaison (pas de vaccination) compte tenu des données actuelles et du degré d'incertitude. Le CCMTMV reconnaît également que les renseignements évoluent et réexaminera les recommandations si de nouvelles données ou analyses donnent à penser que les recommandations doivent être revues. Autres éléments à considérer : Des discussions entre le patient et le professionnel de la santé sont nécessaires pour évaluer correctement le risque individuel en fonction de la probabilité d'exposition, des facteurs de risque pour la santé, des valeurs et des préférences du patient. |
Considérations relatives aux ressources : |
|
En novembre 2024, date à laquelle le vaccin a été commercialisé pour la première fois sur le marché au Canada, le coût du vaccin CHIK-LAV était estimé à 225 $Note de bas de page 23, plus les coûts supplémentaires éventuels associés à la prestation de services de santé connexes. Ces coûts ne sont pas couverts par le système public, et peuvent ne pas être pris en charge par les régimes privés d'assurance maladie. Pour les familles, le coût total peut dépasser le coût prévu pour chaque personne si plusieurs membres de la famille sont admissibles et choisissent de se faire vacciner. |
Équité : |
Ne s'applique pas aux interventions évaluées à l'échelle individuelle. |
|
Acceptabilité : |
|
Étant donné que le calendrier de vaccination consiste en une dose du vaccin CHIK-LAV avant le voyage, il ne sera probablement pas nécessaire de consulter plusieurs fois un professionnel de la santé. L'option de recevoir le vaccin CHIK-LAV est probablement acceptable pour les jeunes adultes pour lesquels elle est envisagée. Le CCMTMV estime que la plupart des personnes âgées (pour lesquelles le vaccin n'est pas recommandé) accepteraient une recommandation suggérant de reporter tout voyage dans une zone où sévit une éclosion de chikungunya, compte tenu de la durée généralement courte des éclosions et de leur rareté (habituelle) sur le plan géographique. |
Faisabilité : |
|
Les voyageurs qui souhaitent se faire vacciner devront s'adresser à un professionnel de la santé et/ou à une clinique en mesure de fournir le vaccin, ce qui pourrait nécessiter plusieurs visites (un rendez-vous de consultation et un rendez-vous de vaccination si le vaccin n'est pas disponible dans l'immédiat). Il se peut que cela ne soit pas possible dans certaines régions mal desservies. Il se peut que la vaccination ne soit pas envisageable pour certains voyageurs en raison de son coût. Le CCMTMV estime qu'il est possible pour la plupart des personnes âgées (pour lesquelles le vaccin n'est pas recommandé) de reporter un voyage dans une zone où sévit une éclosion de chikungunya, compte tenu de la durée généralement courte des éclosions et de leur rareté (habituelle) sur le plan géographique. |
| Force de la recommandation fondée sur des facteurs qui ne se limitent pas à la force des données probantes | Forte | Discrétionnaire |
|---|---|---|
Libellé |
« devrait/ne devrait pas » ou « le CCMTMV recommande » |
« les cliniciens peuvent/peuvent ne pas » ou « le CCMTMV suggère » |
Justifications |
Les avantages connus/attendus l'emportent sur les inconvénients connus/attendus (« devrait »); ou les inconvénients connus/attendus l'emportent sur les avantages connus/attendus (« ne devrait pas »). |
Les avantages connus/attendus sont à peu près équivalents aux inconvénients connus/attendus; ou les données probantes n'indiquent pas avec certitude les avantages et les inconvénients. |
Implication |
Une recommandation forte s'applique à la plupart des populations et des voyageurs et devrait être suivie, à moins qu'il n'existe une justification claire et convaincante d'utiliser une autre approche. |
Une recommandation discrétionnaire peut être envisagée pour certains voyageurs dans certaines circonstances. |
Annexe 4. Évaluation de l'applicabilité de l'énoncé sur les bonnes pratiques
| Éléments à réaliser | Renseignements à l'appui | Vérification |
|---|---|---|
La population et les composantes de l'intervention sont claires. |
Ne s'applique pas |
Oui |
Le message est vraiment nécessaire en ce qui concerne la pratique réelle des soins de santé. |
Les mesures de protection individuelle contre les piqûres d'insectes sont un outil important pour prévenir l'exposition aux vecteurs. L'observance des recommandations liées à leur utilisation est souvent non optimale. |
Oui |
La mise en œuvre de l'énoncé sur les bonnes pratiques a des conséquences nettes positives importantes. |
Oui, la diminution de l'exposition aux vecteurs réduira l'exposition aux agents pathogènes qu'ils peuvent transmettre. |
Oui |
La collecte et la synthèse des données probantes constituent une mauvaise utilisation du temps, de l'énergie et des ressources limités d'un groupe d'experts sur les lignes directrices. Le coût d'option de la collecte et de la synthèse des données probantes est important et peut être évité. |
Oui, cette recommandation vise à conseiller aux voyageurs de se protéger. |
Oui |
Il existe une justification claire, explicite et bien documentée, qui établit un lien entre les données probantes indirectes. |
Oui, on peut raisonnablement s'attendre à ce que la réduction de l'exposition aux vecteurs réduise le risque d'infection. |
Oui |
Clair et réalisable |
Ne s'applique pas |
Oui |
Décision définitive : L'élaboration d'un énoncé sur les bonnes pratiques est appropriée.
Références
- Note de bas de page 1
-
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- Note de bas de page 2
-
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- Note de bas de page 3
-
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- Note de bas de page 4
-
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- Note de bas de page 5
-
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- Note de bas de page 6
-
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- Note de bas de page 7
-
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- Note de bas de page 8
-
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- Note de bas de page 9
-
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- Note de bas de page 10
-
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- Note de bas de page 11
-
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-
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- Note de bas de page 16
-
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-
Pérez-Estigarribia PE, Ribeiro dos Santos G, Cauchemez S, Vazquez C, Ibarrola-Vannucci AK, Sequera G, et al. Modeling the impact of vaccine campaigns on the epidemic transmission dynamics of chikungunya virus outbreaks. Nature Medicine. 2025;31(7):2335-41.
- Note de bas de page 18
-
Torales MB, Amy; Grau, Lorena; Galeano, Miguel; Ojeda, Andrea; Martinez, Bettiana; León, Nancy; Cabello, Agueda; Rojas, Fátima; de Egea, Viviana; Galeano, Rosa; Ocampos, Sandra; Vazquez, Cynthia; Montoya, Romeo; Hills, Susan; Sequera, Guillermo. Chikungunya Outbreak–Paraguay, 2022-2023. MMWR Recommendations and Reports. 2023;72(23):636-7.
- Note de bas de page 19
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Valneva SE. Valneva annonce un taux de séroréponse de 95 % quatre ans après une vaccination avec une seule dose de vaccin contre le chikungunya IXCHIQ ®[communiqué de presse diffusé en ligne]. Saint-Herblain, France : Valneva SE; 2025 [Accessible à l'adresse : https://www.valneva.com/wp-content/uploads/2025/09/2025_09_30_IXCHIQ_4Y_Persistence_PR_FR_Final.pdf.
- Note de bas de page 21
-
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- Note de bas de page 22
-
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- Note de bas de page 23
-
Grochowski S. What you need to know about the new Chikungunya vaccine and where to get it in B.C. Vancouver Sun. 2024 17 novembre 2024.
- Note de bas de page 24
-
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- Note de bas de page 25
-
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