Annexe D : Lignes directrices pour la prévention et le contrôle des infections transmises par les appareils souples d’endoscopie digestive et de bronchoscopie – Méthode de détermination de la biocontamination

ANNEXE D – Méthode de détermination de la biocontamination

Deux personnes sont habituellement nécessaires pour le prélèvement d’échantillons. Cela peut être un employé affecté à la prévention et au contrôle des infections qui travaille de concert avec un employé du secteur du retraitement des endoscopes. Si aucun responsable de la prévention et du contrôle des infections n’est disponible, le personnel affecté au retraitement peut effectuer l’échantillonnage, mais il devra s’assurer du caractère aseptique de la technique de prélèvement des échantillons.

1. Prélèvement d’échantillons

Le personnel devrait porter l’équipement de protection personelle approprié (gants, blouse, écran facial).

Fournitures

  1. Raccord de tube stérile conçu pour être attaché au raccord d’aspiration à barbelures de l’extrémité ombilicale (ou d’autres canaux si testés).
  2. Seringues stériles, une pour chaque canal à échantillonner (30 cc pour le canal d’aspiration/de biopsie et le canal air/eau, 20 cc pour les plus petits canaux).
  3. Contenant stérile pour recueillir l’échantillon (les contenants stériles pour échantillon d’urine font très bien l’affaire).
  4. Eau d’osmose inverse (OI) stérile (volume total adéquat pour recueillir des échantillons dans chaque canal; p. ex. ~ 50 mL pour un coloscope, ~ 30 mL pour un bronchoscope, ~ 50 mL pour un duodénoscope). Utiliser idéalement pour chaque canal échantillonné des aliquotes de 20 mL d’eau OI stérile (cela permet de réduire le risque de contamination de l’eau OI stérile par suite de l’aspiration de plusieurs échantillons provenant du même contenant).

Veiller à ce que le contenant de collecte d’échantillon soit bien identifié. Il faudra s’assurer que la valve d’aspiration et l’ouverture du canal de biopsie sont fermées de sorte que le liquide utilisé pour recueillir l’échantillon passe par le canal d’aspiration/de biopsie (la valve air/eau doit aussi être fermée pour recueillir l’échantillon à partir du canal air/eau). Utiliser de l’eau OI stérile pour recueillir l’échantillon du canal. Cela garantit le prélèvement d’un échantillon optimal, car l’eau OI est très « active » et va « décaper » les matières en surface de façon plus efficace qu’une solution tampon ou un autre milieu. En outre, elle n’aura pas à être éliminée par nettoyage et, de ce fait, ne fera pas obstacle à l’usage subséquent de l’endoscope sur des patients.

Méthode

  1. Aspirer 10 mL d’eau OI stérile dans une seringue stérile de 30 cc.
  2. Attacher cette seringue à l’aide d’un morceau de tube stérile (p. ex. un raccord recommandé par le fabricant) au raccord à barbelures d’aspiration/de biopsie de l’extrémité ombilicale et injecter 10 mL d’eau OI stérile dans ce canal.
  3. Recueillir l’échantillon du canal à l’extrémité distale de l’endoscope en tenant l’extrémité du tube d’insertion dans un contenant stérile en plastique (on peut utiliser un contenant pour échantillon d’urine).
  4. Utiliser une seringue d’air pour purger le canal de tout échantillon liquide résiduel.

Le tube stérile utilisé lors du prélèvement de l’échantillon devrait être emballé et stérilisé à la vapeur avant réutilisation. L’échantillon du canal air/eau peut être prélevé de la même façon, soit en attachant un morceau de tuyau stérile (p. ex. un raccord recommandé par le fabricant) au raccord à barbelures air/eau de l’extrémité ombilicale et en injectant 10 mL d’eau OI stérile dans ce canal. Pour les autres canaux plus petits qui peuvent être présents sur certains endoscopes souples (p. ex. le canal du câble d’élévation et le canal de lavage auxiliaire), la même procédure peut être exécutée en injectant 3 mL d’eau OI stérile au lieu de 10 mL, à l’aide d’une seringue stérile de 10 cc.

Lorsque les échantillons des canaux ont été recueillis et bien étiquetés, ils devraient être envoyés immédiatement au laboratoire de microbiologie pour culture. Lorsqu’on prévoit un délai de plus de 30 minutes avant la culture, les échantillons devraient être placés sur de la glace ou bien réfrigérés jusqu’à ce qu’ils soient mis en culture (les échantillons ne devraient pas être laissés au réfrigérateur plus de 24 heures avant la culture). On évite ainsi la croissance microbienne durant l’entreposage.

2. Culture bactérienne

Méthode

  1. Bien mélanger l’échantillon (p. ex. à l’aide d’un agitateur-mélangeur vortex).
  2. Inoculer 0,1 mL de l’échantillon sur une plaque de gélose au sang et sur une plaque de gélose Sabouraud.
  3. Étaler l’inoculum sur la surface entière du milieu pour permettre l’analyse quantitative des colonies qui y pousseront.
  4. Incuber la plaque de gélose au sang en milieu aérobie à 35 °C pendant 48 h (la gélose au sang va permettre de détecter une vaste gamme de microorganismes qui peuvent provenir des humains ou de l’environnement).
  5. Incuber la plaque de gélose Sabouraud en milieu aérobie à 30 °C pendant 5 jours (la plaque de gélose Sabouraud à une température inférieure va permettre de détecter la présence d’espèces de Méthylobacter, courantes dans l’eau potable).

Si aucune croissance bactérienne n’est détectée après cinq jours d’incubation, l’échantillon devrait être déclaré exempt de microorganismes détectables. Si l’on détecte une croissance de microorganismes, il faut compter le nombre de colonies et déterminer les unités formant colonies (ufc)/mL (ufc/ml = nombre total de colonies sur la plaque entière/0,1 mL (p. ex. si l’on détecte 10 colonies, le nombre d’ufc/mL = 10/0,1 = 100 ufc/mL).

3. Interprétation

La façon d’interpréter la présence de contamination biologique détectable ne fait pas consensus. Selon un critère d’interprétation publié, la charge microbienne dans les canaux d’endoscope ne devrait pas être supérieure à 200 ufc/mL, ce qui représente la teneur limite de microorganismes viables dans l’eau destinée à la dialyse. Cette concentration se situe aussi dans la plage limite de 500 ufc/mL ou moins (numération des bactéries hétérotrophes, à l’exception des coliformes) acceptable pour l’eau potable, selon les lignes directrices canadiennesNote de bas de page (93).En présence de 20 colonies ou plus sur la plaque (p. ex. 20 colonies par 0,1 mL = 200 ufc/mL), la biocontamination est considérée comme inacceptable et le résultat serait déclaré comme étant ≥ 200 ufc/mL. En présence de 1 à 19 colonies, la biocontamination est considérée comme acceptable, puisque quelques microorganismes peuvent être présents à cause de la méthode de prélèvement. Ce résultat serait déclaré comme étant < 200 ufc/mL. S’il n’y a aucune colonie, le résultat déclaré serait « aucune croissance ».

4. Mesures à prendre lorsque le niveau de biocontamination est inacceptable

Si le niveau de biocontamination est évalué comme étant ≥ 200 ufc/mL, l’endoscope devrait alors être mis hors service et testé de nouveau. Si le deuxième test n’indique aucun problème, l’endoscope peut alors être remis en service (c.-à-d. que la biocontamination élevée était un cas isolé qui n’est pas dû à un problème actuel de procédé). Si lors de la deuxième évaluation, le niveau de biocontamination est encore évalué comme étant ≥ 200 ufc/mL, il faut alors contacter les responsables de la prévention et du contrôle des infections pour qu’ils déterminent quel peut être le problème et qu’ils recommandent des solutions. Dans un tel cas, il peut être nécessaire de tester tous les endoscopes pour déterminer l’ampleur du problème. Lorsque des niveaux de biocontamination inacceptables sont détectés à répétition, il faut évaluer les éléments suivants (la liste n’est pas exhaustive) :

  • Y avait-il présence d’humidité résiduelle dans les canaux durant l’entreposage (revoir la procédure de rinçage à l’alcool et de séchage à l’air forcé avant l’entreposage)? Il s’agit de la cause la plus courante de détection sporadique de biocontamination inacceptable.
  • Le nettoyage a-t-il été fait adéquatement (revoir la procédure de nettoyage pour s’assurer que l’on a utilisé une solution fraîche de détergent pour chaque endoscope)?
  • Le désinfectant de haut niveau est-il encore efficace (revoir les résultats des tests de concentration minimale efficace)?
  • Le dernier rinçage après la désinfection de haut niveau était-il contaminé (vérifier l’intégrité des filtres si l’on utilise un unité de retraitement automatique d’endoscope, prélever des échantillons de l’eau de rinçage final à l’extrémité distale des filtres pour déterminer le niveau de biocontamination)?
  • Y a-t-il un problème sur le plan de la désinfection de haut niveau? Pour déterminer s’il y a un problème, il faudra évaluer le degré de biocontamination (échantillons recueillis selon la procédure décrite précédemment) immédiatement après la désinfection de haut niveau afin de vérifier l’efficacité de cette étape.

Si l’on cerne des problèmes de DHN, les responsables de la prévention et du contrôle des infections devraient revoir les dossiers des patients sur lesquels l’endoscope a été utilisé depuis la dernière vérification, afin de déterminer s’il y a eu des problèmes relativement à ces patients. Si l’on constate des infections potentielles chez les patients, on devra procéder à une évaluation pour déterminer s’il est nécessaire d’enquêter sur une éclosion et/ou d’aviser les patients.

Lorsque cela se produit, les responsables de la prévention et du contrôle des infections devraient examiner les données tirées des tests de détermination de la biocontamination et de toute enquête de suivi effectuée.

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