Archivée Mot de bienvenue et présentations en plénière de la conférence sur la maladie de Lyme 2016

Prévention, dépistage, traitement et prise en charge de la maladie de Lyme

Conférence pour élaborer un cadre fédéral relatif à la maladie de Lyme

Du 15 au 17 mai 2016 au Centre de conférences du gouvernement du Canada, situé au 111, promenade Sussex, Ottawa (Ontario)

Deuxième jour de la conférence : Le lundi 16 mai 2016

Enregistrements audio

Ce fichier audio réalisé en direct n'existe qu'en version anglaise. La transcription qui en a été faite est disponible en français.

Transcription

Dan : [00:00:00]

Bonjour.

Il y a des personnes qui se joignent à nous par WebEx, et je vais demander à le téléphoniste de mettre en file d'attente tous les participants qui sont avec nous ici, aujourd'hui, sur WebEx.

Bonjour Messieurs-dames. Mon nom est Daniel Normandeau.

Je m'appelle Dan Normandeau, et j'ai le privilège d'être votre facilitateur pendant les deux prochains jours pour cette conférence. Je suis très heureux d'être là, et nous souhaitons la bienvenue aux personnes de tout le pays, qui sont venues se joindre à nous à l'occasion de cette conférence d'une importance cruciale pour élaborer un cadre fédéral relatif à la maladie de Lyme.

Évidemment, c'est une conférence pour élaborer un cadre fédéral relatif à la maladie de Lyme et nous sommes ici pour travailler ensemble sur les deux prochains jours.

Un service d'interprétation est offert. Le français est sur le deuxième canal. L'anglais est sur le canal 1. Il y a des récepteurs pour l'interprétation. Nous nous attendons à ce que les personnes s'expriment dans les deux langues officielles, donc n'hésitez pas à le faire.

Avant de commencer, pour ceux d'entre vous qui étiez présents hier soir et qui avez entendu les histoires que les personnes ont partagées avec nous, de courage, de détermination et de sagesse - avant de commencer cette journée et d'entamer notre conférence, que je décrirai dans un instant, je vous invite à vous joindre à moi pour applaudir bien fort ces personnes pour leur énorme contribution hier soir.

Quelques messages administratifs avant de débuter. Premièrement : les toilettes des femmes - le système d'ouverture automatique de la porte ne fonctionne pas, mais le personnel du centre de conférence est en train de s'en occuper. Deuxièmement : il y a un réseau Wi-Fi, et le nom du réseau est « govconfcentre ». G-O-V-C-O-N-F-centre, et le mot de passe est « Spring2016 ». Je pensais que ce serait « Spring2017 », parce que je croyais qu'on avait sauté le printemps cette année pour revenir à l'hiver. Mais c'est un autre problème.

Comme vous le savez, il y a des cinéastes indépendants dans la salle. D'une part, il y a notre flux vidéo qui va vers la salle d'écoute. Mais il y a un autre cinéaste indépendant qui réalise un documentaire. Si quelqu'un ne veut pas que son image soit filmée, veuillez en informer le caméraman directement, et il fera en sorte que votre image ne soit pas filmée.

Messieurs-dames, aujourd'hui et demain constituent une occasion unique pour nous tous. Il est temps de travailler ensemble, de rassembler notre expertise, notre expérience, notre parcours, nos histoires. Et je nous invite tous à aborder notre travail au cours des deux prochains jours avec respect, à nous écouter attentivement les uns les autres pour bien comprendre et, comme je l'ai mentionné hier soir, à faire preuve de fermeté dans les discours, tout en restant respectueux avec les gens, et à aborder notre travail avec une attitude positive. Nous avons là une occasion de bâtir un cadre qui permettra d'améliorer ce que nous vivons tous aujourd'hui.

L'ordre du jour et le programme que nous allons suivre les deux prochains jours se découpent en réalité en trois parties. La première partie était hier soir : nous avons pu nous rendre compte du parcours des gens, de leur expérience et, bien entendu, ce sera enregistré et accessible en ligne dans quelques semaines, dès que nous aurons résolu les problèmes techniques. Mais vous pourrez tous y avoir accès.

Aujourd'hui, il s'agit vraiment de mettre sur la table l'ensemble des preuves et d'entendre les experts exprimer leur point de vue. L'aperçu de la maladie de Lyme, bien sûr, que nous entendrons ce matin, et cet après-midi, pendant les séances en plus petits groupes, nous nous pencherons sur des thèmes particuliers, notamment la surveillance et les deux autres thèmes qui sont indiqués dans votre ordre du jour.

Ce que nous ferons cet après-midi, c'est vous donner l'occasion de creuser vraiment plus en profondeur sur les questions thématiques, pour que vous ayez la possibilité de vraiment dialoguer avec ces experts et de vraiment découvrir ce que l'ensemble de l'expérience et de l'expertise a à offrir à l'heure actuelle. Ainsi, nous pourrons vraiment être informés en prévision de notre travail demain matin.

Notre travail demain matin aura vraiment pour but de mobiliser toute l'expérience et l'expertise que vous avez à fournir dans cette salle, pour que nous puissions entendre vos idées sur ce qui, selon vous, devrait être intégré à un cadre fédéral. Tous les divers éléments, les problèmes qui, selon vous, doivent être abordés, nous vous inviterons demain matin à vraiment nous faire part de tout cela.

Ensuite, demain après-midi, en conclusion de la conférence, le but sera de rassembler tout cet ensemble de connaissances, d'expérience et de contributions de votre part pour guider l'élaboration du cadre.

Et ça va être une conférence extrêmement instructive. Nous avons toute l'expérience dans la salle, toute l'expertise nécessaire. Et pour lancer cette conférence, j'ai le grand plaisir de présenter l'honorable Jane Philpott. On peut l'applaudir doublement.

La Dre Jane Philpott est omnipraticienne, pour ceux qui ne la connaissent pas, et était chef du Département de médecine familiale à l'hôpital Markham Stouffville. Elle était également professeure adjointe à l'Université de Toronto, dans le Département de médecine familiale et communautaire.

Et il convient de mentionner qu'entre 1989 et 1998, Jane a travaillé au Niger, un pays d'Afrique de l'Ouest, où elle a exercé la médecine générale et contribué à l'élaboration d'un programme de formation pour les travailleurs de la santé dans les villages. En 2004, elle a fondé l'initiative « Give a Day to World AIDS », qui a permis de récolter plus de 4 millions de dollars pour venir en aide aux personnes touchées par le sida en Afrique.

Mesdames, messieurs, veuillez vous joindre à moi pour accueillir l'honorable Jane Philpott.

Jane : [00:06:12]

Merci beaucoup pour cette chaleureuse introduction et pour la merveilleuse occasion d'être présente à cette conférence. C'est un événement fantastique. Je suis ravie de voir qu'autant de gens ont répondu présents, et bonjour également - en fait, je ne sais pas où est la caméra, mais aux gens qui regardent depuis - je crois qu'il y a une salle supplémentaire, avec à peu près 400 autres personnes connectées pour suivre la conférence en ligne, ce qui est absolument fantastique.

C'est une étape extrêmement importante, cet événement qui va se dérouler sur les deux prochains jours, pour élaborer un cadre fédéral relatif à la maladie de Lyme, et je tiens à remercier le comité d'organisation de la conférence qui a travaillé très dur, pendant si longtemps, pour mettre sur pied l'événement dont nous profitons tous aujourd'hui.

Et je ne peux pas m'empêcher de remercier ma collègue au Parlement, Elizabeth May, qui, comme vous le savez tous, est une vraie héroïne en la matière par son travail ardu et son rôle incroyable en tant que chef de file sur le sujet de la maladie de Lyme au Canada. Et, en particulier, pour son excellent travail avec la présentation du projet de loi d'initiative parlementaire grâce auquel nous sommes ici aujourd'hui. Le projet de loi qui demandait le respect d'un cadre fédéral sur la maladie de Lyme, donc un grand merci à vous, Elizabeth.

C'est à ça que devraient ressembler toutes les conférences : quand nous nous réunissons et que nous pouvons entendre le point de vue de tous ceux qui sont touchés. Je trouve fantastique que nous ayons rassemblé des scientifiques, que nous ayons rassemblé des patients et des responsables des politiques, et tous ceux dont l'opinion devra être prise en compte par la suite. C'est une occasion de réunir toutes ces voix, d'entendre des Canadiens de tout le pays, et je soupçonne que nous allons aussi entendre des partenaires internationaux. Il est tellement important que nous ayons des discussions comme celle-ci pour élaborer un cadre fédéral, pour que nous soyons guidés par les besoins et les préoccupations de ceux qui sont les plus touchés par la maladie de Lyme.

Je suis ravie d'entendre des comptes rendus sur la soirée d'hier. J'en déduis que vous avez eu un forum public exceptionnel. J'ai entendu dire que les histoires étaient poignantes et profondes, et je suis très contente que beaucoup d'entre vous aient eu la possibilité de partager ces histoires. Bon nombre de mes collègues étaient présents et ont été profondément émus par les histoires qu'ils ont entendues.

Et, pendant les prochains jours, cela va rester un événement public, ouvert, et je vous encourage bien sûr à partager les idées dont vous entendez parler ici avec vos collègues et à vos amis dans tout le pays.

Nous savons tous que la maladie de Lyme est une maladie grave. Il ne fait aucun doute qu'elle se propage partout au Canada. Il n'y a aucun doute quant aux difficultés auxquelles nous devons faire face. Les symptômes initiaux peuvent varier d'une personne à l'autre, ce qui la rend difficile à diagnostiquer. Or le dépistage précoce, comme beaucoup d'entre vous le savent bien, est essentiel pour assurer la réussite du traitement et la prévention des graves problèmes de santé qui sont associés à la maladie.

C'est exactement pour cette raison qu'il est si important de réunir les chercheurs, les experts médicaux, les patients et les Canadiens inquiets. Nous tous, ici, aujourd'hui, savons qu'il y a des difficultés à surmonter pour faire face à la maladie de Lyme dans le pays. Il ne fait aucun doute que nous devons pousser la recherche afin de mieux guider les diagnostics. Nous devons améliorer la surveillance et accroître l'éducation et la sensibilisation pour mieux informer le public et les professionnels au sujet de cette maladie infectieuse.

Cela ne surprendra personne : c'est exactement pour cette raison que nous avons besoin d'un cadre fédéral relatif à la maladie de Lyme. Comme vous vous en souvenez, le cadre se concentrera sur trois domaines clés. Numéro 1 : établir un programme national de surveillance médicale pour suivre correctement les taux d'incidence ainsi que les coûts économiques de la maladie de Lyme. Numéro 2 : la nécessité d'établir des lignes directrices - des lignes directrices pour la prévention, l'identification, le traitement, ainsi que la gestion et la transmission des pratiques exemplaires dans tout le pays. Et numéro 3 : la création de documents éducatifs normalisés qui permettront de mieux faire connaître la maladie.

Je suis certaine que cette conférence provoquera une excellente collaboration de toutes les personnes ici présentes et qu'elle permettra de poursuivre quelques-uns des excellents travaux effectués. Comme vous le savez peut-être, au cours des trois dernières années, l'Agence de la santé publique du Canada a mis en œuvre son plan d'action sur la maladie de Lyme. Nous nous sommes associés aux provinces et aux territoires pour fournir aux Canadiennes et Canadiens les renseignements dont ils ont besoin pour se protéger. Nous effectuons également faire le suivi des endroits où émerge la maladie et des segments de la population qui sont les plus à risque.

Nous travaillons aussi en étroite collaboration avec les Instituts de recherche en santé du Canada pour explorer de nouveaux domaines scientifiques et de recherche afin de pouvoir mieux détecter, diagnostiquer et traiter la maladie de Lyme. Au cours des quatre dernières années, les Instituts de recherche en santé du Canada ont investi plus de 2,8 millions de dollars dans des projets relatifs à la maladie de Lyme, et j'espère qu'il y aura beaucoup plus de recherches à l'avenir.

Nous avisons les professionnels de la santé de faire preuve de vigilance dans le diagnostic de la maladie de Lyme et de déclarer les cas aux autorités sanitaires locales. Nous savons que tout ce travail peut continuer à être amélioré, et nous devons l'améliorer ensemble. Pendant les deux prochains jours, vous allez participer à cette occasion très importante de discuter des derniers progrès scientifiques sur la maladie de Lyme, afin d'élaborer des suggestions à prendre en considération dans le cadre fédéral relatif à la maladie de Lyme.

Comme vous le savez, le cadre ne pourra pas être rédigé du jour au lendemain, mais cette conférence constitue une étape essentielle et importante pour y arriver. Les renseignements, les commentaires, les idées et les opinions provenant de cette conférence seront tous pris en considération au cours de l'élaboration du cadre fédéral relatif à la maladie de Lyme. Les résultats de la conférence finiront par aider à protéger la santé et le bien-être de tous les Canadiens. Et c'est quelque chose dont nous devons tous être fiers.

Donc je vous remercie une fois de plus de l'effort que vous avez fait pour vous joindre à nous aujourd'hui. Je vous souhaite une excellente conférence, et j'ai hâte qu'on me raconte tout. Mille mercis.

Dan : Veuillez vous joindre à moi pour accueillir Elizabeth May, députée du Parti Vert du Canada.

Elizabeth : [00:12:49]

Je règle juste mon horloge parce que je dois me limiter dans le temps. Avant tout, permettez-moi de commencer par reconnaître que nous nous trouvons autour du territoire traditionnel non cédé des Algonquins du Lac Doré, Meegwetch. Et comme je viens de la péninsule de Saanich, le peuple de Saanich dirait (incompréhensible) : « Avec respect et honneur d'être ici ».

Et c'est profondément émouvant d'être parmi vous, avec autant de champions et de héros de la lutte contre la maladie de Lyme. Beaucoup de gens m'ont demandé, au cours des dernières années, depuis que j'ai fait mienne l'idée de trouver un moyen, en tant que députée, de faire changer les choses pour aider les personnes de ma connaissance qui avaient la maladie de Lyme, comment j'avais commencé, comment je m'étais intéressée à cette question et l'avais identifiée comme un sujet qui nécessitait qu'on y prête attention.

Donc, je voudrais commencer par dire que c'est à cause de Brenda Sterling, dans le comté de Pictou, à l'époque où j'étais sa voisine, qui m'a dit qu'elle avait la maladie de Lyme. Vous savez, on n'aime pas vraiment demander à une personne en fauteuil roulant, qui semble avoir une invalidité permanente, pourquoi elle est handicapée. Mais je lui ai demandé.

Alors elle m'a répondu : « J'ai la maladie de Lyme. »

Je n'y ai vraiment pas cru. J'étais sidérée. Je ne savais pas qu'on pouvait finir en fauteuil roulant. Nicole, je ne savais pas à l'époque qu'on pouvait finir en fauteuil roulant avec la maladie de Lyme. Et Brenda m'a raconté son combat contre la maladie, et les histoires que vous connaissez tous. Nous en avons entendu des dizaines hier soir, de gens à qui on a dit : « Non, vous ne pouvez pas avoir la maladie de Lyme. Il n'y a pas de maladie de Lyme en Nouvelle-Écosse. »

Et puis, nous avons entendu hier soir à combien de patients on a dit : « Il n'y a pas de maladie de Lyme au Manitoba. »

« Non, il n'y a pas de maladie de Lyme en Alberta. »

« Non, vous vous trompez. Vous ne pouvez pas avoir la maladie de Lyme. Il n'y a pas de maladie de Lyme en Colombie-Britannique. »

Ce sont les similitudes choquantes dans ces histoires qui m'ont fait penser : « Ce n'est juste une série de coïncidences qui font que je n'arrête pas de rencontrer des personnes qui ont la même expérience. Il se passe quelque chose et il faut y répondre par une politique publique, et si je peux y faire quelque chose, je le ferai. »

Donc je tiens à remercier du fond du cœur tous les députés qui ont participé. C'est le sujet non partisan par excellence. Je voudrais remercier la chef par intérim du Parti conservateur, Rona Ambrose, notre précédente ministre de la Santé. Si elle n'avait pas décidé de laisser les gens soutenir mon projet de loi dans son parti, il ne serait sûrement jamais passé, il ne serait sûrement pas passé à l'unanimité. Je suis donc très reconnaissante envers Rona.

J'ai énormément de reconnaissance pour notre nouvelle ministre de la Santé, Jane Philpott, qui est elle-même médecin, et je pense, vous savez, que « vous êtes désormais le médecin du Canada ». Et je trouve vous avez un très bon contact avec les patients. Je suis optimiste à l'idée que vous soyez notre ministre, Jane. J'ai un - je vous remercie vraiment.

Je voulais aussi remercier les députés qui ne font plus partie de ce 42 e Parlement, mais qui ont beaucoup aidé : Terence Young du Parti conservateur, Libby Davies du Nouveau Parti démocratique et, dans le cabinet actuel, notre ministre des Sciences actuel qui m'a aussi énormément aidée pour ce projet de loi, l'honorable Kirsty Duncan, qui est maintenant ministre des Sciences.

C'est une question non partisane, mais, ensemble, nous avons le bon esprit, en commençant aujourd'hui par une conférence de deux jours tout en sachant que la conférence n'est pas le but du projet de loi. Le but du projet de loi est la stratégie fédérale - dans la première ébauche du projet de loi, j'avais appelé à une stratégie nationale, un cadre relatif à la maladie de Lyme mettant l'accent sur les patients.

C'est ce qui est ressorti hier soir dans les discussions. Je me souviens de Debbie McCann qui a appelé du Nouveau-Brunswick et qui a dit : « Nous devons cesser de traiter cette question comme un débat, sur une opinion contre une autre opinion, avec les patients au milieu. Nous devons nous concentrer sur les patients. » Et je crois qu'elle a raison, si nous pouvons rester concentrés sur eux, en sachant que ces personnes ont vécu un enfer sans raison valable et sans obtenir de réponses.

Mais, pendant les deux prochains jours, laissez votre colère de côté, faites tout votre possible pour écouter et comprendre comment nous pouvons travailler ensemble à partir de maintenant pour nous assurer que le ministère fédéral de la Santé et l'Agence de la santé publique du Canada pourront obtenir la coopération des ministères provinciaux de la Santé. Dans tout le pays, il faut que les médecins collaborent avec leurs patients, collaborent avec les agences de recherche, collaborent avec les ministères de la Santé et les organismes officiels d'accréditation des médecins, parce que j'ai des objectifs très précis que nous ne devons pas perdre de vue.

Nous devons mettre fin au statu quo. Nous, les Canadiens qui sommes malades, nous sommes obligés d'aller aux États-Unis, de perdre notre maison, de perdre nos économies, de perdre nos pensions. Il faut que ça cesse. Notre système de santé canadien doit prendre soin de tout le monde. Et les personnes souffrant de la maladie de Lyme ne devraient plus être stigmatisées.

Pour finir, je veux seulement ajouter pour tout le monde que maintenant c'est les patients avec la maladie de Lyme, nous sommes ensemble en solidarité, tout le monde ensemble pour les grands - pour le grand défi de la maladie de Lyme.

Nous pouvons brandir notre savoir pour relever cet immense défi, et cette conférence n'est qu'un début. Je tiens à vous dire, à tous, que je ne cesserai jamais de travailler sur ce sujet. J'ai foi dans ce processus, dans le fait qu'il restera inclusif et transparent, et vous avez ma parole. Je ne laisserai pas tomber. Merci.

Dan : Merci beaucoup, Madame May. Nous allons maintenant donner la parole M. Jim Wilson, président de la Fondation canadienne de lutte contre la maladie de Lyme. Jim, c'est à vous.

Jim : [00:18:41]

Bienvenue à tous et merci d'être venus, aussi bien ceux qui sont là en personne que tous ceux qui sont présents en ligne. Je tiens à remercier Madame Philpott, notre ministre, d'avoir pris le temps de venir ce matin. Je sais que vous avez un emploi du temps très chargé. Je voudrais remercier tout particulièrement Elizabeth May et tous ceux qui ont contribué à ce que le projet de loi 442 soit adopté, notamment Brenda Sterling de Nouvelle-Écosse, Nicole Bottles et sa mère Chris Powell, David Cubberley de Colombie-Britannique. David était porte-parole de l'opposition en matière de santé dans la province de Colombie-Britannique, et il siège désormais au conseil de la Fondation canadienne de lutte contre la maladie de Lyme. Et toutes les autres personnes qui y ont contribué.

Les patients attendent depuis 27 ans qu'on leur donne la possibilité de s'exprimer. Depuis la formation de la première société de la borréliose de Lyme au Canada, la Lyme Borreliosis Society of British Columbia, constituée par Diane Kendree en 1989, suivie un an plus tard par la Lyme Disease Association of Ontario, créée par John et Kit Scott. Merci à tous les députés à la Chambre des communes et au Sénat qui ont permis à l'unanimité que ce projet de loi soit adopté.

Cette conférence n'est que le point de départ à partir duquel nous devons avancer. Mais, cette fois, les patients et les experts doivent être considérés comme des partenaires égaux à tous les égards, y compris pour la rédaction des lignes directrices, les diagnostics, le traitement, la prévention, la surveillance, et le choix des projets de recherche que l'argent du contribuable devrait financer. Nous devons vraiment identifier le fardeau associé à la borréliose de Lyme à l'heure actuelle dans notre population souffrant de la maladie chronique et trouver de meilleurs moyens de repérer les futures victimes de la maladie.

Les patients de notre pays ne peuvent pas se permettre de perdre encore 27 ans. Le Canada vaut mieux que ça. À l'heure actuelle, seule une poignée de personnes par l'intermédiaire des secrétariats a accès au flux d'information que reçoivent nos sous-ministres, aux échelons provinciaux, où le modèle de prestation des soins de santé est vraiment établi. Il n'y a pour le moment aucun mécanisme en place permettant à la victime et aux experts d'évaluer la qualité et l'exactitude des renseignements qui sont transmis par l'intermédiaire de ces secrétariats financés par l'argent du contribuable, et cela doit changer.

Nous sommes en 2016, et le Canada n'a pas la moindre idée du nombre de Canadiens qui sont atteints aujourd'hui ou qui ont contracté la maladie de Lyme au cours des précédentes décennies, parce qu'il y a eu et qu'il y a encore des trous béants dans les protocoles en vigueur pour le dépistage et les diagnostics cliniques. La conférence doit - elle a tant de potentiel pour que se développent des travaux scientifiques et des discussions éthiques et transparents, mais il faudra pour ce faire, non seulement l'appui du gouvernement, mais que le gouvernement mette en place un mécanisme de supervision pour veiller à ce que les patients et les experts soient considérés comme des partenaires égaux dans les débats. Nous devons avoir voix au chapitre concernant la façon dont les soins de santé relatifs à tous les aspects associés à la borréliose de Lyme sont dispensés.

Autrement dit, nous devons être présents dans tous les comités, et non pas en tant que membres purement symboliques, mais en tant que partenaires égaux. Il ne peut plus y avoir un comité communautaire, puis un comité d'experts où, en fin de compte, seule la voix du comité d'experts compte. Et c'est ce comité d'experts qui a le droit de décider qui est diagnostiqué et qui est traité. Tandis que la communauté n'a pas son mot à dire dans ce résultat final, et cela doit changer. Cette approche fait du tort à tout le monde, car elle engendre une politique fondée sur un biais de complaisance.

Actuellement, le personnel du gouvernement chargé des communications et du marketing a plus de poids dans les propositions que les utilisateurs finaux : les victimes de la politique relative à la borréliose de Lyme. Il y a là quelque chose qui est terriblement anormal et, pourtant, très révélateur. Le Canada doit arrêter de cautionner les politiques et les lignes directrices américaines et de les imposer au Canada. Nous avons des systèmes médicaux très différents et notre structure, dans son état actuel, fait qu'il est trop facile d'introduire une mauvaise politique du jour au lendemain dans tout le pays dans notre système social. De plus, cela crée une bureaucratie médicale étroite d'esprit, qui ne se concentre que sur un aspect et ne va que dans un sens.

Nous avons au moins autant de variations entre les souches au Canada que partout ailleurs dans le monde. De plus, nous vivons dans un pays vaste, qui s'étend d'un océan à l'autre. Nous ne pouvons plus définir la borréliose de Lyme par la sérologie, et Dan Gregson - qui s'exprimera juste après moi - a mentionné hier soir son expérience passée avec le sida et le VIH. Dans ce cas, rien n'a changé jusqu'à ce que les hétérosexuels se mettent à tomber malades. Alors il a commencé à se passer des choses. Pour la maladie de Lyme, il a fallu que des membres de la famille de personnalités politiques, des médecins et des scientifiques tombent malades. C'est triste, mais nous en sommes enfin arrivés là. Nous pouvons le faire au Canada, pour le Canada, et cette conférence constitue la première étape. Merci.

Dan : Nous allons maintenant entendre un membre de la communauté médicale, le Dr Daniel Gregson, qui est l'ancien président de l'Association pour la microbiologie médicale et l'infectiologie Canada. Dan?

Daniel : [00:24:51]

Merci. Je voudrais commencer par remercier tous ceux qui ont eu le courage de se lever pour prendre la parole hier soir. Malheureusement, nous étions dans trois salles et je n'ai pu entendre que 27 personnes. J'ai entendu toute votre souffrance, tant la souffrance physique que la souffrance psychologique, et la souffrance financière que certains d'entre vous ou vous tous avez vécue depuis une dizaine d'années. Et c'est véritablement - je suis vraiment ému par cette souffrance. Je vous le dis, c'est certain. Je sais que les membres de mon association sont touchés par cette souffrance.

En ce qui concerne mon expérience passée avec le VIH, l'immense majorité de mes patients étaient des homosexuels. Je les ai traités bien avant qu'il n'existe un cadre fédéral relatif au VIH. Je me soucie de mes patients homosexuels. Je me soucie de tous mes patients. Et je suis un peu énervé par l'insinuation que je me fiche des personnes homosexuelles. Ce n'est pas vrai. J'ai des amis homosexuels. Je connais des personnes transgenres. Je ne suis pas comme ça.

Quoi qu'il en soit, je suis là maintenant au nom de l'Association pour la microbiologie médicale et l'infectiologie Canada, pour vous souhaiter la bienvenue à tous : les patients, les délégués et les experts invités à cette réunion pour aider l'Agence de la santé publique du Canada à élaborer un cadre fédéral relatif à la maladie de Lyme au Canada.

Notre association est un organisme sans but lucratif. Nous ne recevons pas de fonds du gouvernement, nous ne recevons pas de fonds de l'industrie à part pour financer notre assemblée annuelle, et nous ne recevons pas de fonds de sociétés ou de gouvernements extérieurs, donc nous ne sommes pas financés par l'IDSA. Nous ne recevons pas de fonds d'agences européennes ou d'autres organismes de ce genre.

En fait, nous sommes un groupe de spécialistes - nous sommes plus de 500 - qui perfectionnons notre formation en maladies infectieuses et en microbiologie médicale, et d'autres scientifiques qui participent à la recherche, au traitement et aux soins de patients qui sont touchés par des infections en tous genres, pas uniquement par la maladie de Lyme. Nous exploitons des laboratoires de diagnostic, nous donnons des conseils d'experts aux patients, à nos collègues et, à l'occasion, au gouvernement, pas très souvent, sur la façon de gérer et de contrôler les menaces infectieuses qui nuisent à la santé des Canadiens.

Nos membres s'occupent de questions très variées, comme prêter assistance en cas d'infections émergentes telles que le virus Ebola. Certains des membres de l'association étaient en Afrique de l'Ouest pendant la dernière épidémie de grande ampleur. Ils s'occupent aussi de la gestion de maladies chroniques comme l'hépatite C et le VIH. Et, en outre, nous évaluons et introduisons de nouveaux tests diagnostiques dans nos laboratoires pour garantir que les diagnostics reçus par les patients pour tous les processus infectieux sont les meilleurs à partir des meilleures preuves. Nous introduisons également de nouveaux traitements.

J'ai un collègue vers lequel j'oriente les patients pour (incompréhensible) infection, et nous sommes à l'avant-garde pour améliorer la qualité de vie des gens.

J'aimerais remercier Santé Canada et notre ministre, Jane Philpott, ainsi que le Dr Taylor pour l'organisation et le financement de ce rassemblement. Nous pensons que c'est une réunion très importante pour vous comme pour nous, pour nous permettre de trouver un terrain d'entente. Je suppose que, de mon point de vue, ce dont nous avons besoin, c'est de la science. Nous avons besoin de la science. Nous avons besoin de la science.

Nos membres considèrent cette conférence comme une occasion essentielle pour Santé Canada d'élaborer des cadres fondés sur des preuves et sur des données scientifiques afin de faire face à cet important problème de santé, et je vous souhaite tous mes vœux de succès pour cette conférence. Merci.

Dan : OK. Messieurs-dames, nous allons passer à la vitesse supérieure. Nous allons maintenant commencer à entendre les experts qui ont quelque chose à partager avec nous. Il y en a quatre, comme vous pouvez le voir dans votre programme, que nous allons écouter ce matin. Chacun a droit à 20 minutes et, après la pause, une fois que nous les aurons entendus tous les quatre, vous aurez la possibilité d'échanger avec eux, de dialoguer, de poser des questions pour clarifier certains points, etc. Nous donnerons la parole à ceux qui souhaitent poser des questions dans la salle principale, à ceux qui sont dans la salle supplémentaire, et je sais qu'il est aussi prévu qu'il y ait de la place pour ceux qui se joignent à nous sur WebEx.

Donc, puisque nous aurons une discussion avec le comité non pas après chaque exposé, mais à l'issue de toutes les présentations, je vous invite à noter vos questions pendant que vous écoutez les intervenants, l'un après l'autre, et nous vous demanderons de les garder jusqu'après la pause-santé.

J'ai maintenant le plaisir de présenter notre premier intervenant, Brian Fallon, qui va nous faire un bref historique de la maladie de Lyme et passer en revue les essais cliniques menés aux États-Unis. Il est professeur en psychiatrie et directeur du Centre de recherche sur la maladie de Lyme et les maladies transmises par les tiques au Centre médical de l'Université Columbia. Il est également directeur du Centre pour l'étude des troubles inflammatoires neurologiques et la médecine biocomportementale à l'Institut psychiatrique de l'État de New York. Mesdames, messieurs, veuillez vous joindre à moi pour accueillir Brian Fallon.

Brian : [00:29:50]

Merci infiniment de m'avoir invité. Je suis honoré d'être ici, et je trouve que c'est un processus très intéressant. J'espère que nous pourrons tous y contribuer. Bonjour - j'aimerais pouvoir faire cette présentation en français, mais ce serait très lent en français et ça manquerait de contenu. Bien, je vais donc parler rapidement de l'histoire de la maladie de Lyme - comment je fais pour avancer? comme ceci? OK - et passer en revue les essais cliniques américains. Je reçois une petite bourse d'Oxford Immunotec, mais je ne vais pas parler de leurs produits ici. Et, dans mon exposé, je ne ferai référence, comme je l'ai dit, à aucun produit d'Oxford Immunotec. OK.

Voici donc le plan de ma présentation. Deux premiers pionniers importants, que je décrirai brièvement, et comme - c'est une vision très personnelle de la maladie de Lyme. En gros, je considère qu'elle se divise en trois périodes. La période de 1976 à 1990 était une époque de grande ouverture et de découverte, à essayer de comprendre ce qu'est vraiment la maladie de Lyme, quelles en sont les nombreuses manifestations, quels sont les tests diagnostiques appropriés - ou le début des préliminaires des tests diagnostiques - et, bien sûr, à décrire les très nombreuses et très différentes manifestations de la maladie de Lyme. Donc, si vous jetez un œil aux premières publications, c'est très instructif et assez fascinant.

Ensuite, entre 1990 et 2008, j'ai constaté une période de resserrement des définitions et de retranchement. Et il y a eu une bonne raison à cela, à savoir que les Centers for Disease Control voulaient créer des critères de surveillance vraiment efficaces, qui permettraient de surveiller la propagation de la maladie dans le temps, et pour ce faire, il était nécessaire d'établir des critères cliniques objectifs et un bon test diagnostique. C'est pour cette raison qu'il y a eu un resserrement. L'une des erreurs commises, je pense, à cette époque, c'est que les cliniciens ont commencé à utiliser les critères de surveillance comme seuls critères pour établir un diagnostic. Ce n'est pas ce que recommandaient les Centers for Disease Control, mais c'est ce que certaines personnes ont fait.

Enfin, de 2008 à aujourd'hui, je vois une période de renouveau de la découverte et de l'exploration. Et c'est à cause des grands progrès en biotechnologie, c'est à cause d'un certain nombre d'études qui ont été publiées, et c'est une époque de grands espoirs. Donc, pour les patients ici présents, je pense que ce à quoi vous allez assister au cours des prochaines années devrait vous encourager et vous réjouir, car ça va faire une énorme différence pour vous.

Ce charmant monsieur à l'air joyeux est Willy Burgdorfer, le chirurgien suisse spécialiste des tiques qui a découvert en 1982 qu'après tout, ce n'était pas un virus présent dans les tiques qui était responsable de la maladie. Mais que c'était plutôt un spirochète. On a donné son nom à ce spirochète. Le traitement avait évolué vers les antibiotiques mais, au début, ils pensaient que c'étaient des anti-inflammatoires, et cela a vraiment aidé à faire mieux reconnaître que ce que nous avions aux états-Unis était à peu près la même chose que ce qui se passait en Europe, mais avec des différences importantes.

Allen Steere était un jeune chercheur à Yale en épidémiologie et en rhumatologie qui a identifié et décrit les premiers cas d'arthrite de Lyme chez des enfants et les a associés à une éruption cutanée. Au fil des ans, il a aussi fait des recherches sur le rôle de l'auto-immunité, identifié le risque génétique, identifié un auto-antigène, et il a également déclaré - c'est important - dans le New England Journal of Medicine que tous les cas ne répondent pas aux critères de surveillance des CDC. Donc, si on appliquait à la lettre les critères de surveillance des CDC, on laisserait passer un cas sur cinq.

Il a aussi affirmé que les antibiotiques ne permettaient pas toujours la guérison, et ça a été une grande part de son travail sur l'arthrite de Lyme. Mais il a également signalé un petit nombre de cas d'enfants qui avaient des problèmes visuels associés à la maladie de Lyme. Un pauvre enfant est devenu aveugle à cause de l'augmentation de la pression intracrânienne. Ce qui m'intéresse en tant que psychiatre et neuropsychiatre, c'est l'imagerie cérébrale - et il a été l'un des premiers à signaler des déficits du débit sanguin dans le cerveau chez des patients atteints de la maladie de Lyme. Donc il a réalisé beaucoup de travaux intéressants et importants.

Et je tiens aussi à rendre hommage à mon collègue, le Dr Dattwyler ici présent, qui est un des premiers pionniers également, qui a mené certaines des études pivots initiales sur le traitement de la maladie de Lyme au stade précoce dans les années 1980.

Bien, nous en sommes là, en haut à gauche. Vous voyez une grappe de cas d'arthrite inexpliquée chez des enfants - c'est Polly Murray qui l'a signalée. Les mères ont eu une énorme influence sur l'orientation de l'étude de cette maladie, et c'est elle qui l'a portée à l'attention des autorités en matière de santé publique. Puis on a découvert le spirochète dans la tique en 1981-1982.

Ensuite, un article intitulé « Lyme disease, the new great imitator » a été publié. Pourquoi ce titre? Parce que la syphilis était décrite comme « la grande imitatrice », à cause de ses nombreuses manifestations différentes. C'est Andy Pachner qui a écrit cet article. Il était neurologue et était très impressionné par le fait que, parfois - pas souvent, rarement -, on pouvait voir des cas ressemblant à la sclérose en plaques ou, dans un cas cité dans cet article, un trouble obsessionnel-compulsif apparu chez un enfant après une arthrite de Lyme.

Ensuite, les CDC ont adopté les critères en deux étapes, dont je sais que le Dr Dattwyler va parler. Le génome a été séquencé, ce qui a été très important et très utile. Cela a permis par la suite d'examiner l'Homme des glaces, qui avait 5 000 ans, et qui avait d'ailleurs de l'ADN de spirochète.

Et puis en 1998, le vaccin est sorti, LYMErix. Une étape très importante et un gros effort pour créer ce vaccin, mais le problème, c'est qu'il ne protégeait pas à 100 % tous ceux qui le recevaient. Il fallait beaucoup de doses de rappel, et les patients s'inquiétaient du fait qu'il provoquait peut-être des problèmes arthritiques et des problèmes neuropathiques. Donc sa popularité a décliné et, par conséquent, les gens ont arrêté de se faire vacciner. SmithKline l'a retiré du marché.

Il y a ensuite eu les essais cliniques sur la maladie de Lyme, dont je vais parler bientôt. Et puis, en 2008, un article émanant du laboratoire de Steve Barthold à l'université de Californie à Davis a été publié, dans lequel il documentait la persistance du spirochète Borrelia après un traitement antibiotique. C'est un éminent chercheur, membre de l'Institute of Medicine, et, quand il écrit quelque chose, on y fait attention. Et, d'ailleurs, cela avait déjà été écrit par le Dr Stravenger dans un rapport sur des beagles, en 2000 je crois - 1999 -, mais cet article avait été largement ignoré parce qu'il était écrit par un étudiant postdoctoral qui n'était pas aussi reconnu.

Mais, ce qui est important à ce sujet, c'est que cela a soudain ouvert les processus de pensée - c'est peut-être vrai que certains patients ont une infection persistante. Si ça arrive chez les animaux, peut-être que ça peut aussi arriver chez les humains. Donc, par conséquent, les recherches se sont élargies et c'est ainsi que des gens comme le Dr Zhang et le Dr Lewis étudient le Borrelia persistant.

Ensuite, les CDC ont annoncé qu'il y a 300 000 nouveaux cas de maladie de Lyme chaque année, ce qui représente une augmentation par rapport aux 30 000 cas. Et c'était vraiment important, parce que ça a poussé beaucoup de pionniers du diagnostic à faire plus d'efforts pour mettre au point de nouveaux tests diagnostiques car, ce faisant, ils pourraient mettre au point le prochain grand test diagnostique, ce qui serait génial pour la santé publique et aussi sur le plan financier. Donc c'était une bonne chose pour tout le monde. Ça permet aux gens d'obtenir des bourses et d'être reconnus du fait de la gravité et de l'importance de la maladie.

Ensuite, comme nous le savons tous, la révolution de la biologie des systèmes et des sciences en « -omique » a été extrêmement importante. Elle nous a permis d'étudier les choses en appliquant des méthodes que nous ne pouvions pas utiliser avant et, si on collecte les échantillons très soigneusement dans le temps et longitudinalement, on peut voir ce qui est différent entre les patients qui ont des symptômes persistants de la maladie de Lyme et les patients qui ont guéri. On peut observer l'ADN, l'ARN, les protéines et le métabolome et, grâce à cela, nous réussirons peut-être à mettre au point de meilleurs tests, et nous réussirons peut-être à comprendre la physiopathologie et à trouver de meilleurs traitements. C'est vraiment passionnant. Donc c'est vraiment une bonne époque pour ce qui est des occasions de recherche sur la maladie de Lyme et pour les patients.

Bien, maintenant, pendant les sept minutes qui me restent, je vais passer en revue tous les essais cliniques que nous avons menés aux États-Unis sur la maladie de Lyme et je parlerai aussi d'un essai qui a été récemment publié aux Pays-Bas.

Donc, aux États-Unis, il y a eu deux études portant sur un symptôme particulier : une à Columbia, une à Stony Brook. Celle de Columbia a étudié l'encéphalopathie de Lyme - c'est celle que nous avons menée. Celle de Stony Brook se concentrait sur la fatigue post-Lyme. Et, d'autre part, il y a eu deux études portant sur des symptômes hétérogènes qui étaient conçues de la même façon, mais il y avait un groupe de patients séropositifs et un groupe de patients séronégatifs - ces études ont été menées au New England Medical Center. Enfin, il y a aussi eu une étude sur des symptômes hétérogènes aux Pays-Bas.

Si j'insiste sur ce qui est homogène et ce qui est hétérogène, c'est parce que c'est super important pour concevoir un essai clinique : si vous incluez dans l'étude des personnes qui présentent un groupe de symptômes hétérogènes, vous risquez de ne pas pouvoir démontrer un effet du traitement. Alors que, si vous vous concentrez sur un problème particulier et que vous recrutez des personnes en fonction de la gravité de ce problème particulier, vous avez plus de chances d'observer un effet thérapeutique.

Je vais décrire rapidement notre étude à Columbia, puisque c'est celle que je connais le mieux. Notre objectif était d'évaluer la structure et le fonctionnement du cerveau et d'évaluer l'amélioration de la réponse à 10 semaines de ceftriaxone par intraveineuse par rapport au placebo.

Ces patients respectaient les critères très conservateurs du syndrome post-maladie de Lyme - donc la crème de la crème des diagnostics rigoureux pour ces patients. Ils ont été traités pendant 10 semaines, puis le résultat primaire a été observé à 12 semaines : nous les avons examinés pour voir si la réponse était durable sans antibiotiques jusqu'à la fin de l'étude, à 24 semaines.

C'était un petit échantillon, malheureusement, à cause de nos critères si stricts et si conservateurs. Il a été extrêmement difficile de trouver des patients qui satisfaisaient ces critères stricts. Vingt-trois patients ont été répartis aléatoirement pour recevoir la ceftriaxone par intraveineuse, 14 pour recevoir le placebo, et nous avions aussi 18 témoins en bonne santé. Nous ne leur avons pas administré d'antibiotiques, bien entendu, mais ils servaient à surveiller l'évolution neurocognitive dans le temps. Parce que, si vous faites passer le même test, au fil du temps, les gens s'entraînent et finissent par obtenir de meilleurs résultats.

Donc, un - le principal point est que mon étude incluait des personnes qui étaient particulièrement chroniques. En moyenne, elles avaient reçu précédemment un traitement par intraveineuse pendant deux mois et par voie orale pendant sept mois. Évidemment, si nous avions recruté des patients qui avaient reçu beaucoup moins d'antibiotiques, ils auraient eu plus de chances de répondre au traitement que s'ils en avaient reçu autant que ces patients.

À l'examen initial dans cette étude, ils ne présentaient que des déficits cognitifs peu sévères, ils avaient des problèmes psychiatriques peu sévères, mais la douleur, la fatigue et l'incapacité physique étaient très graves - et je vais passer rapidement là-dessus. Voici le résultat principal, où vous voyez que la flèche vert citron pointe vers le groupe recevant le médicament en noir, et que la ligne en pointillé correspond au groupe placebo. Vous voyez que, dans le groupe recevant le traitement, on observe une amélioration supérieure à celle du groupe placebo, mais elle est passée de justesse au-dessus du seuil de signification statistique : 0,053. Ensuite, ils ont reperdu tous les progrès pendant les trois mois suivants.

Donc, pour ce qui est des conclusions, je ne pouvais pas - j'étais obligé de dire que 10 semaines d'antibiotiques par intraveineuse n'apportent pas un bienfait durable. Parce que ça n'en a pas apporté. Il n'y avait aucune différence entre le groupe recevant le traitement et le groupe placebo sur le plan du bienfait durable.

Toutefois, si vous regardez les résultats secondaires, qui étaient la fatigue, la douleur et le fonctionnement physique, eh bien, vous voyez au niveau de cette flèche, sous « Fatigue », qu'il y a un énorme écart entre le groupe placebo et le groupe sous traitement. Dans le groupe recevant le médicament, la fatigue a plus diminué que dans le groupe placebo. Si vous regardez les deux lignes du bas, il n'y a pas de différence entre le médicament et le placebo. Et pourquoi? Parce qu'ils ont commencé avec peu de fatigue. Et ensuite, vous voyez un gros écart entre le groupe sous traitement et le groupe placebo chez les personnes qui avaient des niveaux élevés de douleur, mais aucune différence entre les personnes qui avaient de faibles niveaux de douleur. Et la même chose était vraie pour le fonctionnement physique.

Donc, si votre état est plus grave au moment où vous commencez à participer à l'étude, il est possible que vous voyiez un effet du traitement sur le résultat qui vous intéresse.

Y avait-il des biomarqueurs objectifs qui différenciaient les patients atteints de la maladie de Lyme versus le groupe contrôle ? Nous avons observé le débit sanguin cérébral global, et il y avait une différence. Les patients avaient plus de difficulté avec la vasodilatation en réponse à une stimulation vasodilatatrice. Donc, leur débit vasculaire était compromis, et ils présentaient des zones où le métabolisme était mort, principalement dans le cortex temporal et pariétal, par rapport au groupe contrôle du même âge et du même sexe. Nous n'avons pas réussi à trouver de marqueurs sanguins associés à la réponse au retraitement, y compris le comptage final des CD57, y compris les marqueurs inflammatoires, y compris l'analyse par transfert Western des IgM, y compris les titres d'anticorps pour d'autres infections.

Nous avons constaté, comme je l'ai mentionné, que les patients dont l'état était plus grave, cliniquement, obtenaient de meilleurs résultats avec le traitement. Donc, les points forts et les limites de l'étude : patients rigoureusement définis, excellente conservation dans l'étude. La faiblesse était la petite taille de l'échantillon. Il était très nettement insuffisant pour montrer des différences entre les traitements.

Un échantillon moins (incompréhensible) au traitement aurait-il obtenu de meilleurs résultats? Quelles sont les autres thérapies plus sécuritaires n'incluant pas d'antibiotiques qui pourraient améliorer la réponse du patient au traitement? Quel a été le mécanisme? Était-il antimicrobien? était-ce la modulation du glutamate? Était-il anti-inflammatoire? Nous savons que la ceftriaxone module le glutamate. Donc, ce que je recommande, c'est que la recherche clinique se concentre sur des populations plus homogènes recrutées en fonction du niveau de gravité des symptômes.

Bien, je vais juste passer en revue rapidement quelques autres études.

Celle-ci était une étude géniale. J'aime vraiment beaucoup cette étude menée à Stony Brook, parce qu'ils ont recruté essentiellement des patients atteints de fatigue. Tout le monde devait atteindre un certain seuil de fatigue pour participer à l'étude. Ils avaient trois mesures de résultat : la fatigue, le temps de réaction - qui est un test cognitif - et la protéine de surface A (OspA) dans le liquide céphalorachidien. Mais il n'y a que sur un seul critère, la fatigue, que les patients présentaient un handicap uniforme.

Les patients ont reçu de la ceftriaxone par intraveineuse pendant un mois, puis ils ont été suivis six mois plus tard pour voir ce qui s'était passé après l'arrêt du traitement antibiotique. Et voilà, dans le groupe sous ceftriaxone, 64 % ont répondu, contre 18 % des patients sous placebo. C'était une différence significative. Il n'y avait pas de différence entre les deux groupes en ce qui concerne l'amélioration de la cognition, mais ils n'avaient que de légères déficiences au départ. Il n'y a pas eu de changement quant à l'OspA, mais sur les 55 patients, l'OspA n'était présente que chez neuf patients. C'était donc une mesure de résultat non significative.

Vous voyez là qu'il y avait même un biomarqueur de la réponse au traitement, à savoir le fait que les patients soient positifs ou non à l'analyse par transfert Western des IgG au début de l'étude. Parmi les personnes recrutées, le traitement a été bénéfique pour 80 % des patients recevant le médicament comparativement à 13 % du groupe placebo.

Ensuite, quand je rédigeais mon article pour le Journal of Neurology, les examinateurs m'ont demandé : « Veuillez analyser vos données en utilisant exactement les mêmes critères de recrutement que dans l'étude de Stony Brook, pour voir ce que vous trouvez. Et analysez-les de la même façon. »

Comme vous pouvez le voir - à gauche et à droite - l'étude de Krupp est à gauche, la mienne est à droite. Les résultats étaient identiques sur le plan de l'amélioration et de la fatigue. Donc, quand une deuxième étude effectuée par un groupe différent corrobore la première étude, cela donne plus de crédibilité, bien sûr, aux conclusions de la première étude.

Il faut que j'admette que l'Infectious Disease Society of America n'est pas d'accord avec la manière dont je viens de présenter ces données. Selon eux, « le traitement antibiotique n'a aucun bienfait prouvé pour le syndrome post-maladie de Lyme ».

D'après la British Infection Association, « les études sur un traitement antimicrobien prolongé n'ont pas démontré de bienfait durable ».

Selon la Fédération européenne des sociétés de neurologie, « les essais américains ont démontré qu'un traitement antibiotique prolongé supplémentaire est inefficace contre le syndrome post-maladie de Lyme ».

Donc je soulève ce point pour qu'on en discute plus tard. Mais, si on regarde ces études, je ne vois pas pourquoi il est si difficile de voir qu'il y a une amélioration associée au traitement antibiotique répété. Je n'ai pas dit prolongé. J'ai bien dit un traitement antibiotique répété. Et l'ampleur de l'effet - qui est importante dans les essais cliniques, pour dire « Est-ce que c'est significatif? » - allait de modérée à large. Et je peux vous dire que, dans le cas des études sur les médicaments pour la fibromyalgie et sur les médicaments qui sont approuvés par la FDA aux états-Unis, l'ampleur de l'effet est plutôt petite. Là, en revanche, dans ces études, l'ampleur de l'effet était modérée à large.

Maintenant, voici une étude très importante, l'étude Kleppner, qui était la plus grande étude aux États-Unis, qui était négative. Cette étude portait sur des patients séronégatifs et séropositifs. Ils ont utilisé une mesure de l'altération de la capacité fonctionnelle, mais ils n'ont pas recruté en fonction d'un certain seuil d'altération de la capacité fonctionnelle. L'étude a été soigneusement menée, ils espéraient démontrer un bienfait avec 30 jours de ceftriaxone par intraveineuse et 60 jours de doxycycline par voie orale comparativement au placebo.

Mais aucune différence n'a été observée sur le plan du résultat primaire, le fonctionnement physique et mental. Et il n'y a eu aucune différence non plus dans les changements liés à la cognition ou à la dépression. Donc la force de cette étude par rapport aux autres études, c'était qu'elle avait vraiment un échantillon de grande taille. La limite était l'hétérogénéité de l'échantillon de patients.

Ça, c'est l'étude menée aux Pays-Bas, qui vient juste d'être publiée en avril. Il s'agissait d'un essai randomisé sur un traitement de plus longue durée pour des symptômes attribués à la maladie de Lyme - une énorme étude. Il faut leur reconnaître ce mérite - 280 patients. Un tiers seulement présentait des marqueurs cliniques objectifs d'une maladie de Lyme passée, donc c'était inhabituel. Je pense qu'une étude de ce genre ne serait jamais financée par le National Institute of Health. Deux tiers des patients avaient une maladie de Lyme passée possible avec des symptômes qui n'étaient pas précisés et une analyse par transfert Western des IgM ou des IgG positive.

Donc, puisqu'ils ont inclus un groupe très hétérogène, on ne sait pas combien de ces patients avaient vraiment eu la maladie de Lyme par le passé ou ne l'avaient pas eue, parce que les analyses par transfert Western des IgM peuvent être des faux positifs. Et, bizarrement, 11 % des participants à cet essai n'avaient jamais été traités auparavant pour la maladie de Lyme. C'était donc vraiment un groupe si hétérogène que c'en était déroutant.

OK, deux minutes. J'ai quasiment terminé. Donc, dans cette étude, tout le monde a reçu de la ceftriaxone par intraveineuse pendant 12 semaines, suivie par un placebo par voie orale, de la doxycycline par voie orale, ou de la chlarithromycine et de l'hydroxychloroquine par voie orale. Comme il n'y avait pas de placebo pendant les deux premières semaines, cette étude ne peut pas indiquer si un traitement antibiotique répété a été utile ou non. Et aucun bienfait n'a été observé pour le traitement antibiotique prolongé après les deux premières semaines. Mais, une fois de plus, du fait de l'hétérogénéité de l'échantillon, il est très difficile de savoir quoi conclure de cette étude.

Donc, je voudrais insister sur la différence entre ce qui est efficace et ce qui est recommandé sur le plan clinique. L'étude de Krupp a montré une efficacité, mais elle a conclu que ce n'était pas cliniquement recommandé. Pourquoi? À cause des effets secondaires associés aux antibiotiques administrés par intraveineuse. Ça ne veut pas dire que ça n'a pas marché, ça veut juste dire que nous avons besoin d'un traitement plus sécuritaire.

En conclusion, le comité chargé des lignes directrices doit inclure un énoncé indiquant qu'il a été démontré qu'un nouveau traitement à la ceftriaxone par intraveineuse réduit la fatigue et le syndrome de Lyme post-traitement dans deux essais réalisés aux États-Unis. Un traitement qui a moins d'effets secondaires est nécessaire. D'autres traitements sont également nécessaires pour les personnes qui ne tirent plus de bienfaits des antibiotiques, et il y a beaucoup de patients qui ont encore des symptômes persistants malgré une bonne cure de traitement aux antibiotiques. Je vous remercie de votre attention.

Dan : Merci. Merci beaucoup, Brian. Le prochain intervenant est Ralph Hawkins, qui va présenter un exposé sur la maladie de Lyme de son point de vue d'omnipraticien en pratique clinique active. Ralph est professeur agrégé de clinique de médecine à l'Université de Calgary et exerce à l'hôpital South Health Campus où il est chef de la Division de médecine interne générale. Souhaitons la bienvenue à Ralph.

Ralph : [00:49:52]

Merci. Merci beaucoup. C'est la seule chose que vous entendrez en français de ma part, j'en ai bien peur. Je ne suis pas bilingue, loin de là. C'est vraiment un plaisir d'être ici pour vous parler à tous. Je vous parle de mon point de vue de médecin généraliste. J'ai exercé par le passé en tant que médecin de famille. Je suis désormais clinicien en médecine interne, donc mes commentaires expriment le point de vue des 35 000 médecins de premier recours et des 3 000 internistes généralistes qui exercent dans ce pays.

Voici la diapositive avec les messages que je suis tenu de vous communiquer. Je ne reçois pas de bourses ni d'aide à la recherche. Je siège au bureau des conférenciers pour quelques grandes sociétés pharmaceutiques, principalement dans les domaines du syndrome métabolique, de l'hypertension et du diabète. L'autre information que je souhaiterais vous communiquer est un message que le Code de déontologie de l'Association médicale canadienne nous oblige à divulguer, à savoir que nous devons assumer la responsabilité de présenter les positions généralement reconnues par la profession dans l'interprétation de connaissances scientifiques pour la population. Et, lorsque nous présentons un avis contraire à l'opinion générale de la profession, nous devons le préciser. Une grande partie de ce qui va suivre va rompre avec ce à quoi, selon moi, la plupart des médecins s'en tiendraient probablement.

Je n'ai pas de soutien commercial à divulguer, et je ne sais pas vraiment en quoi consiste le soutien commercial pour cette conférence. J'imagine qu'il n'y en a pas, et je n'ai pas de risque de partialité atténuant à signaler.

J'aimerais raconter l'histoire d'une de mes patientes. Nous appelons « patients » les personnes qui souffrent de la maladie de Lyme, parce que le mot « patient » vient en fait du mot « souffrir ». Je trouve que le D r Gregson a été très éloquent hier soir quand il a parlé de ses expériences pendant 33 ans à côtoyer des patients atteints du VIH. Et la souffrance qu'il a ressentie, en tant que médecin, dans le travail avec ces patients, était assez palpable. J'ai été diplômé de l'école de médecine il y a 35 ans, et je continue à souffrir avec mes patients lorsqu'ils subissent des coups durs et des moments de faiblesse. J'aimerais raconter l'histoire de cette patiente, « TS ». Elle m'a donné sa permission pour parler de son cas.

La photo qui est affichée a été prise le jour où elle a été mordue par une tique à Calgary, en Alberta, en pleine ville. C'est une jeune mère sportive et en bonne santé. Elle a été mordue par un arthropode sous l'omoplate le 19 avril 2015. Elle a reconnu la piqûre plus tard dans la journée. Après quelques jours, elle a développé une éruption cutanée plus grosse qu'une pièce de un dollar, qui s'est élargie pendant plusieurs jours. Et, comme la plupart des personnes jeunes et en bonne santé, elle n'est pas allée consulter de médecin.

Le 27 mai, environ cinq semaines plus tard, elle a été admise à l'hôpital, notre hôpital au sud de Calgary, avec des maux de tête persistants, des étourdissements et une vision trouble. Elle perdait connaissance subitement et sans raison chez elle. Elle était à l'hôpital depuis déjà dix jours quand j'ai commencé à participer à ses soins et à la recevoir en consultation. À ce moment, aucun diagnostic n'avait été établi et elle présentait de nouveaux symptômes, notamment des arthralgies généralisées, une diplopie et des paresthésies dans les membres.

Le test provincial de dépistage de la maladie de Lyme avait été effectué et était négatif. Son test C6, prélevé sept semaines après la morsure initiale, était négatif d'après les rapports. Le spécialiste des maladies infectieuses qui s'était occupé d'elle à ce moment lui avait dit que la maladie de Lyme avait été exclue par la sérologie, et c'est ce qui était noté dans son dossier médical.

C'est la méthode d'analyse en deux étapes que les Centers for Disease Control recommandent pour le dépistage de la maladie de Lyme. Et c'est la méthode qui est employée dans la province de l'Alberta. Le premier test est un test de dépistage, tel qu'un immuno-essai des C6. S'il est positif ou équivoque, vous faites alors une analyse par transfert Western, mais, s'il est négatif, on vous conseille d'envisager d'autres diagnostics, ou de refaire le test plusieurs semaines après si vos signes et vos symptômes persistent.

On parle de dépistage en deux étapes au Canada, mais les deux étapes du dépistage en deux étapes ne sont pas effectuées chez 98 % des gens, parce que le test ELISA ne va être vraiment positif que chez les personnes qui ont la maladie de Lyme, et qu'il va être faussement positif dans les cas où le test donne un résultat faux positif. Donc, la plupart des patients ne passent pas les deux étapes du dépistage en deux étapes. Donc nous persistons à utiliser cette terminologie, à dire que nous appliquons le dépistage en deux étapes au Canada, mais c'est en fait un mensonge. En vérité, la plupart des gens font un test de dépistage en une étape.

Est-ce que je pourrais avoir la diapositive 36, s'il vous plaît?

J'ai prévenu les personnes au fond que nous allions essayer d'afficher les diapositives dans un ordre différent. J'espère que ça va marcher et, si ce n'est pas le cas, j'en suis désolé.

Donc - c'est bien celle-ci.

Le test C6 est un test breveté par Immunetics. Voici leur monographie de produit. Si vous regardez la version agrandie de la monographie de produit, vous pourrez lire tout ce qu'elle contient. Mais l'utilisation prévue du test C6, tel qu'il est homologué au Canada, indique que les résultats négatifs, que ce soit en première ou en deuxième étape, ne doivent pas servir à exclure la maladie de Lyme. Donc notre utilisation du test C6 dans le cadre du dépistage en deux étapes va explicitement à l'encontre de l'utilisation prévue et homologuée du produit. L'utilisation prévue et homologuée du produit ne prévoit pas qu'il soit utilisé de cette manière. Je suis désolé pour vous au fond - est-ce qu'on pourrait revenir maintenant à la diapositive 9?

J'ai oublié de le mentionner dans mon préambule : si ça sonne un peu juridique, c'est parce que j'ai une maîtrise en droit de Newcastle, et une bonne partie de ma réflexion concernant la maladie de Lyme est en fait nuancée par mon expérience avec mon diplôme de droit médical.

On va juste passer ces deux diapositives.

Le dépistage en deux étapes dont nous parlons comme d'une analyse en phase aiguë n'a qu'une sensibilité de 45 % environ. Si on employait la sérologie de phase aiguë et de phase convalescente au lieu de ce test en phase aiguë, on constaterait une amélioration de la capacité à identifier la maladie de Lyme en phase aiguë comprise entre 75 et 80 %. Je sais que le Dr Dattwyler a déclaré il y a des années qu'il recommandait la sérologie de phase aiguë et de phase convalescente au lieu de se fier au dépistage en deux étapes. Et je pense que c'est une approche adéquate que nous devrions peut-être enseigner aux cliniciens de premier recours.

Sir William Osler, le père de la médecine moderne. William Osler était professeur à l'Université Johns Hopkins en 1912, quand mon grand-père a été diplômé de Johns Hopkins. Donc mon grand-père était en fait un étudiant de William Osler. Il est célèbre pour avoir dit : « Écoutez votre patient. Il vous dit le diagnostic. »

Eh bien, les histoires que nous avons entendues hier soir témoignaient du mépris, de l'arrogance clinique, de la condescendance, du traitement préjudiciable, de l'humiliation que subissent les patients. J'étais au bord des larmes en entendant ça, et ça me donne envie de pleurer en y repensant maintenant. Le Code de déontologie de l'Association médicale canadienne est un texte auquel nous devons adhérer en tant que médecins. Je vous prie de m'excuser. Je suis extrêmement nerveux.

Donc, il y a des exigences fondamentales que le Code canadien de déontologie nous oblige à respecter. Je vais vous lire les trois premières responsabilités fondamentales. Ça correspond aux numéros 1, 2 et 3 dans notre Code de déontologie.

Numéro 1 : Tenir compte d'abord du mieux-être du patient.

Numéro 2 : Exercer la médecine de façon à traiter le patient avec dignité et comme une personne digne de respect.

Numéro 3 : Voir à ce que votre patient reçoive les soins nécessaires, même lorsqu'il est incurable, y compris le réconfort physique et l'appui spirituel et psychosocial.

Les histoires d'hier soir ne témoignaient pas de cela. Nous, membres de la communauté médicale du Canada, manquons à nos obligations envers nos patients, et nous, les médecins plus expérimentés, apprenons à nos jeunes médecins ce mauvais comportement. Nous ne devons pas enseigner à nos jeunes internes ce comportement dédaigneux et irrespectueux, s'il vous plaît.

Le Dr Gregson a suggéré que nous avons besoin de science, de science et d'encore plus de science. J'ajouterais à cela que nous avons aussi besoin de bienveillance, de compassion et de compétence clinique, s'il vous plaît.

Pour en revenir à ma patiente, TS, elle a commencé à prendre de la doxycycline par voie orale et sa sérologie a été envoyée au laboratoire de la State University of New York à ses frais. Son test C6 était négatif, tout comme au Canada, mais elle a eu des résultats intéressants à ses analyses par transfert Western. Et ses transferts ont montré que son test IgM, prélevé sept semaines après la piqûre, était positif. Elle avait 10 bandes positives sur son test IgM. Elle avait cinq bandes positives à son test IgG, mais ce résultat a été déclaré indéterminé, car seulement quatre de ces cinq bandes étaient des bandes qui ont été arbitrairement définies comme des bandes positives selon les critères des CDC.

Face à cette information, notre spécialiste local des maladies infectieuses a dit : « Tout est faux positif parce que le test C6 est négatif. »

Le raisonnement qu'il employait pour expliquer que la maladie de Lyme avait été exclue était le suivant : « L'Alberta n'est pas une zone endémique. Nous n'avons pas de tiques porteuses de Borrelia en Alberta. »

C'est faux.

La patiente n'avait pas indiqué précisément que la source de la piqûre était une tique. Eh bien, c'est courant chez les personnes qui souffrent de la maladie de Lyme. Les personnes ne voient une tique, ou n'observent une tique en train de les mordre, que dans peut-être 20 à 40, peut-être 50 % des cas. L'éruption cutanée décrite comme « non caractéristique d'un érythème migrant » - elle n'a pas été montrée à un médecin. Elle n'a pas été prise en photo. Donc elle n'a pas été prise en considération.

La durée de la morsure de tique était trop courte pour que la maladie soit transmise. J'espère réussir à aborder ce sujet à un moment dans la discussion, parce que cette idée qu'une tique doit rester attachée pendant 36 heures ou 48 heures est, à mon avis, une ineptie.

Le spécialiste de mon hôpital a dit que, comme le test C6 était négatif, nous n'aurions jamais dû envoyer ces échantillons pour faire des analyses par transfert Western. L'analyse des IgM était positive mais, comme elle datait de plus de quatre semaines après la piqûre, elle aurait dû être considérée comme négative, et non positive. L'analyse par transfert Western des IgG était négative d'après les critères élaborés par les CDC en 1995. J'adorerais parler de ces critères. Il me reste sept minutes - ce sera pour une autre fois.

Et la persistance systémique après ses antibiotiques signifiait qu'en toute probabilité, elle n'avait pas vraiment la maladie de Lyme en phase aiguë. Elle avait autre chose, probablement un syndrome de fatigue chronique, ou peut-être qu'elle était déprimée, ou que sais-je.

Est-ce que je pourrais avoir la diapositive 44, s'il vous plaît?

Oh oui. Il faut bien donner un peu de fil à retordre aux personnes du fond, je suis désolé.

Donc, à mon avis, le Laboratoire national ne nous aide pas non plus. Le Laboratoire national a publié ses lignes directrices pour le Réseau des laboratoires de santé publique du Canada, et voici ce que le Laboratoire canadien répond aux analyses par transfert Western.

« Une analyse par transfert Western qui ne satisfait pas tous les critères établis par le groupe de travail des CDC est déclarée comme étant négative. »

Donc, si la sérologie de ma patiente avait été envoyée au Laboratoire national, comme il n'y avait que quatre bandes positives au lieu de cinq, selon cette règle, elle aurait été déclarée négative. Le Laboratoire national ne décrit pas précisément la forme des bandes, et c'est l'une des raisons pour lesquelles nous ne pouvons pas nous fier à un rapport négatif du Laboratoire national. Nous devons envoyer l'échantillon quelque part où on nous fournira un rapport décrivant la forme des bandes, et ce, toujours aux frais des patients. Si le Laboratoire national du Canada acceptait simplement de nous fournir une description de la forme des bandes, je pourrais abandonner cette pratique clinique.

Et quand les tests sérologiques demandés pour la maladie de Lyme, les tests de dépistage, sont positifs, les analyses par transfert Western effectuées par la suite sont négatives. Ils déclarent simplement qu'elles sont négatives. Une fois de plus, quand des analyses sérologiques sont demandées pour la maladie de Lyme, lorsque le test de dépistage initial est positif et que le test de confirmation ultérieur par transfert Western est négatif, l'échantillon doit être déclaré comme étant négatif.

Les analyses par transfert Western perdent de la sensibilité avec le temps. Ces tableaux viennent des monographies de produit des trousses de transfert IgM et IgG, et ils indiquent que les analyses sérologiques des IgM par transfert Western échouent après les deux ou trois premiers mois. Ils montrent également que le test des IgG perd sa sensibilité après la première année environ, avec une sensibilité à 81 % pour les IgM une fois la première année écoulée, la limite supérieure de confiance se situant autour de 90 %. Donc il est mathématiquement et scientifiquement impossible que le dépistage en deux étapes ait une sensibilité supérieure à 90 % chez les personnes qui sont malades depuis plus d'un an.

Est-ce qu'on pourrait avoir la diapositive 15, s'il vous plaît? Pardon, je me suis trompé - 57. La diapositive 57, s'il vous plaît. Je suis vraiment désolé. Nous avons envoyé ces diaporamas il y a un mois, et j'ai modifié l'ordre dans lequel je veux présenter les données. J'arrive au bout.

Je crois, vous savez, d'après ma formation en droit, je crois que nous devons examiner les preuves de la présence de la maladie de Lyme sous un autre angle. Et cet angle différent que nous devons, à mon avis, adopter est un angle qui me vient, une fois encore, du droit. Nous devons examiner les cas où la maladie de Lyme est certaine. Voici les critères qui ont déjà été établis par les CDC : s'il est clair que vous avez un dépistage en deux étapes positif, si vous avez eu une culture positive, si vos spirochètes sont observés par microscopie à fond noir, ou si vous avez une analyse par transfert Western des IgG en une étape qui satisfait tous les critères, alors la maladie de Lyme est certaine.

Mais je pense que nous devons élargir ces critères. Et les patients comme la mienne - qui ne satisfait pas les critères des CDC, mais qui, à mon avis, quel que soit l'angle sous lequel vous examinez son cas, a une maladie de Lyme probable - devraient recevoir un diagnostic de maladie de Lyme probable. Et je pense que nous devrions aller plus loin et dire que, si les personnes ont une cause plausible de maladie de Lyme, cela devrait être pris en considération aussi.

Je tire ça des règles de droit canadiennes. Il s'agit des règles relatives à la preuve dans le système judiciaire canadien. La prépondérance de la preuve, la probabilité, plus probable qu'improbable, qu'une personne ait la maladie de Lyme. Prenons un exemple qui correspond à la même situation : le cas d'O.J. Simpson. O.J. Simpson a été jugé non coupable par un tribunal, mais je pense que le tribunal de l'opinion publique a déterminé qu'il était probablement coupable de meurtre. Et ce sont les types de tests qui sont utilisés dans les tribunaux. Il a été jugé coupable lorsqu'il y a eu un procès civil fondé sur la prépondérance de la preuve. Nous pourrons parler des différents types de preuves pendant la période de questions-réponses.

Donc, que devrait comprendre un cadre canadien? Je pense que nous devons inclure des définitions différentes pour la surveillance épidémiologique et pour le traitement clinique réel des patients qui souffrent des effets de la maladie de Lyme. Nous avons besoin de soutien pour la recherche. Il faut que le gouvernement finance de la recherche fondamentale, de la recherche scientifique, de la recherche en laboratoire, de la recherche clinique. Nous devons aider les patients. Nous devons entretenir un dialogue ouvert. J'ai beaucoup de respect pour les personnes qui ont des opinions différentes des miennes à ce sujet, et je suis bien conscient que mes opinions sont minoritaires. Mais je pense que nous devons avoir un dialogue autour des idées afin de pouvoir avancer.

Ma patiente va bien. Elle a reçu un traitement agressif contre la maladie de Lyme, parce que je pense qu'elle avait une maladie de Lyme probable pour les raisons dont j'ai parlé. Elle va bien. J'espère que nous pourrons nous permettre d'offrir ce type de traitement à davantage de Canadiens. Je vous remercie de m'avoir écouté.

Et merci aux filles du fond d'avoir changé les diapositives.

Dan : Merci, Ralph. Aucun doute, vous vous êtes fait une amie et alliée de la fille qui change les diapositives au fond. Vous allez lui remettre un trophée à la fin de la journée, je le sais. Merci pour tout votre excellent travail. Merci beaucoup.

Notre prochain intervenant est Raymond Dattwyler, qui va nous parler des diagnostics de laboratoire - passés, présents et futurs - de la maladie de Lyme. Le Dr Dattwyler est professeur de microbiologie/immunologie et de médecine à la School of Medicine du New York Medical College. Je vous invite à vous joindre à moi pour l'accueillir très chaleureusement.

Raymond : [01:11:03]

J'espérais qu'il y aurait un pointeur parce que j'ai des diapositives très compliquées - pour que je puisse pointer certaines choses.

Bien. Merci.

Je dois vous informer de mes conflits d'intérêt. Je possède des brevets. J'ai des contrats avec Bio-Rad et Cyagen, et je possède une société de biotechnologie. Donc, une partie de cela - les brevets appartiennent à cette société de biotechnologie.

Je suis dans ce secteur depuis longtemps. En fait, j'ai commencé à travailler sur la maladie de Lyme au début des années 1980 et je faisais partie du groupe d'experts des CDC qui a rédigé les lignes directrices sur le dépistage en deux étapes. D'ailleurs, je peux vous parler tout de suite de certains des problèmes que cela pose.

Donc, si vous regardez l'historique du diagnostic de la maladie de Lyme, eh bien, tout a vraiment commencé lorsqu'ils ont trouvé - Willy Burgdorfer et Jorge Benach - lorsqu'ils ont découvert l'organisme. Et ils ont commencé à le mettre en culture. Donc on pouvait faire des tests rudimentaires à partir de bactéries en culture, et on pouvait réduire tout ça et le mettre sur une plaque ELISA. Et c'est vraiment comme ça que ça a commencé.

Mais ce test donnait beaucoup de faux positifs. On a donc commencé à se demander : « Comment pourrait-on l'améliorer? », parce que la valeur prédictive, la capacité d'un test positif à prédire qu'une personne a vraiment la maladie, était mauvaise. C'est ainsi que le groupe d'Allen Steere a mis au point ce que l'on appelle les critères Dressler, qui sont les critères du transfert Western. Les CDC ont rassemblé un groupe de laboratoires pour faire un concours, et trois laboratoires ont déterminé que les critères du transfert Western amélioraient vraiment les choses. Le gros problème, c'étaient les faux positifs. C'est pour ça que le système en deux étapes a été établi au milieu des années 1990. Le test C6 est arrivé plus tard, à la fin des années 1990, et nous avons continué à essayer de définir les protéines - nous les appelons antigènes - de Borrelia burgdorferi.

Donc nous utilisons toujours les critères qui ont été mis au point dans les années 1980 et 1990. Cela pose beaucoup de problèmes. Tout d'abord, les bactéries entières, peu importe de quelle bactérie il s'agit, contiennent des sites de liaison aux anticorps. La définition d'un site de liaison aux anticorps est un épitope, donc vous allez voir ce terme revenir tout au long de mon exposé, et ils sont communs à toutes les bactéries. Ils ne sont pas spécifiques, donc si vous contractez une infection de la bouche, par exemple, ou si vous avez une infection urinaire à E. coli, vous devez produire une réponse anticorps contre l'organisme par lequel vous êtes infecté, quel qu'il soit. C'est ce que permettent de détecter ces tests pour la maladie de Lyme.

L'autre point, c'est qu'une fois mise en culture, Borrelia burgdorferi va perdre une grande partie du matériel génétique qui est nécessaire pour produire les protéines. Donc, dans ces premiers tests qui étaient basés sur Borrelia burgdorferi en culture, beaucoup de bactéries devenaient des poches vides au bout d'un moment et perdaient leur antigène. Ils avaient donc une sensibilité médiocre. De plus, l'autre chose dont nous nous rendons compte maintenant, c'est que toutes les protéines importantes de Borrelia burgdorferi ne sont pas exprimées en culture. Certaines ne s'expriment que chez les mammifères, que ce soit vous, une souris à pattes blanches ou n'importe quel autre animal. Et ça, nous ne nous en étions pas rendu compte lorsque ces tests ont été conçus. Les bactéries en culture ne contiennent pas les antigènes qui s'expriment in vivo, et elles contiennent aussi des protéines à réactivité croisée.

Donc, nous n'avions pas de bonnes définitions de ce qu'il y avait dans ces analyses par transfert Western. Il s'agit juste de bandes sur un gel. Donc si on regarde bien, la sensibilité du système en deux étapes, telle qu'elle est déclarée, n'est pas si bonne que ça au stade précoce de la maladie, en particulier. Au stade précoce de la maladie, on est entre 30 et 40 %, peu importe que vous voyiez six bandes ou n'importe laquelle des autres. C'est plus tard dans l'évolution de la maladie que ces tests deviennent plus efficaces.

Une autre chose qu'il est très important de comprendre lorsqu'on fait une analyse par transfert Western. Le transfert Western est un gel 1D : une dimension. Vous observez une bande mais, si vous regardez un gel 2D, un gel en deux dimensions va séparer ces protéines. À plusieurs endroits de ces bandes, il y a plus d'une protéine dans ce gel 1D. Et c'est important parce que, si vous observez juste, par exemple, 31 - certains laboratoires disent que la bande 31 est spécifique - donc si vous avez 31 bandes, vous avez la maladie de Lyme.

Eh bien, il y a un gros problème, parce que l'autre protéine présente dans cette bande, qui est exprimée dans Borrelia burgdorferi, est exprimée dans toutes les bactéries gram négatif. Donc, si vous avez une infection urinaire, ou une infection à E. coli, ou quelque chose de ce genre, vous pouvez avoir cette bande, et une analyse par transfert Western pour la maladie de Lyme va la détecter. Elle n'est pas spécifique. Cela vous donne une idée de la complexité, qui n'était pas prise en compte dans ce truc des CDC.

Donc, si vous regardez cette diapositive. En bleu, ce sont les antigènes associés au transfert Western. Vous remarquerez que certains d'entre eux comportent un astérisque. Chacun de ceux que j'ai signalés par un astérisque a une très forte réactivité croisée et correspond à une protéine qui a une réactivité croisée avec beaucoup d'autres bactéries. Cela diminue la spécificité de cet essai biologique.

Et la réactivité croisée - en voici quelques exemples. Plus de 40 % des personnes qui n'ont aucun antécédent de maladie de Lyme ou qui viennent d'endroits comme la région désertique du sud-ouest des États-Unis auront une bande 41 positive. Pourquoi? La réponse, c'est parce que toutes les bactéries qui ont des flagelles - c'est la petite queue qui remue et leur permet de se déplacer - présentent une réactivité croisée. La bande 60-KD, chez plus de 16 % des personnes normales, sera positive. Celle que j'ai montrée avec le pointeur, c'est la bande BBO 323 qui présente aussi une réactivité croisée.

Donc, ce qui se passe, c'est que nous avons un vrai problème lorsque nous utilisons des substrats entiers mis en culture pour les analyses par transfert Western ou pour les essais biologiques de la première étape. Et voici un exemple de flagelle. Si vous regardez la protéine, il y a des parties qui ont une forte réactivité croisée avec le flagelle de toutes les autres bactéries, mais il y a des parties qui sont spécifiques à Borrelia burgdorferi. Et on peut utiliser ça comme outil, c'est une des choses que nous avons faites pour essayer de trouver comment améliorer les choses.

Examinons P66, qui est une des bandes du transfert Western. C'est compliqué. Nous avons observé tous les épitopes différents, et il y a des épitopes qui présentent une réactivité croisée avec des personnes en bonne santé et avec des personnes atteintes d'autres maladies, ce qui est un problème.

Et nous - je vais passer celle-ci.

Alors, que pouvons-nous faire? La réponse est la suivante : nous pouvons étudier les protéines des bactéries responsables de la maladie de Lyme et définir quels sont les sites de liaison aux anticorps qui les rendent non spécifiques. S'en débarrasser, et utiliser uniquement les endroits où ces épitopes sont relativement spécifiques à Borrelia burgdorferi. Ce faisant, en théorie, nous pouvons améliorer à la fois la sensibilité et la spécificité.

Le premier essai biologique qui faisait vraiment ça était l'essai C6. L'essai C6 est un épitope de VlsE, une grosse protéine de surface qui n'est exprimée qu'in vivo. Et cet essai est plutôt efficace. C'est probablement le meilleur test sur le marché, même s'il n'est pas parfait. Notamment, il ne se lie pas très bien aux IgM, et la VIsE, la protéine d'origine, n'est pas exprimée tant que l'infection n'est pas établie. Donc le système immunitaire humain ne la voit pas tout de suite. Il lui faut du temps pour la voir. Et les gens apprécient ça.

C'est trop compliqué - c'est trop compliqué. Je fais ça - je saute des diapositives parce que je ne veux pas dépasser le temps qui m'est accordé.

Donc, ce que nous pouvons faire, c'est utiliser des peptides contenant les épitopes qui sont spécifiques à Borrelia pour essayer de créer un meilleur essai biologique. En fait, c'est ce que nous avons fait et, à l'heure où je vous parle, ces nouveaux tests sont en cours d'évaluation. Bio-Rad, une grosse société pharmaceutique qui produit beaucoup de tests, est en train de monter une étude pour pouvoir la présenter à la FDA et essayer de la réaliser.

Donc, nous avons beau essayer de concevoir les meilleurs tests sérologiques, certains problèmes subsistent. Cela prend du temps de produire une réponse anticorps. Donc, si vous vous faites mordre par une tique et que je vous fais un prélèvement sanguin, vous n'aurez pas d'anticorps. D'abord, vous produisez des IgM, et il faut une semaine pour que vous commenciez à en avoir beaucoup à mesurer. Ensuite, vous produisez des IgG, ce qui prend une semaine de plus. D'autre part, une fois que vous avez produit une réponse immunitaire, en particulier pour les IgG - vous avez un système immunitaire mature - vous pouvez garder ça pour toujours. Donc, les niveaux d'anticorps n'ont pas de corrélation avec les résultats du traitement. Vous serez séropositif pendant le reste de votre vie, mais cela ne veut pas dire que vous êtes toujours infecté. Qu'est-ce que ça veut dire au juste? Si vous avez eu les oreillons quand vous aviez cinq ans, si je vous fais un prélèvement sanguin, vous avez des anticorps anti-oreillons. Vous n'avez pas les oreillons, vous les avez eus. C'est donc une chose importante.

Un autre aparté : après le traitement, vous avez tendance - et beaucoup de gens -, ces anticorps ont tendance à diminuer, mais ce n'est pas prédictif de quoi que ce soit. Chez certains, ils diminuent, chez d'autres, non. C'est pour cela que, si vous regardez les études citées dans ces notices d'accompagnement, tous ces patients avaient été traités. La plupart d'entre eux n'avaient qu'un érythème migrant, ils sont en pleine forme, et ce n'est vraiment pas prédictif de quoi que ce soit.

Bien, qu'est-ce qu'on a d'autre? Je peux dire qu'un meilleur test sérologique va bientôt arriver. Il est plus sensible au stade précoce de la maladie, il est plus spécifique, mais nous ne sommes quand même pas au bout de nos efforts. La métabolomique - Borrelia burgdorferi modifie la façon dont votre organisme utilise certaines choses, et c'est une possibilité. L'analyse du transcriptome, c'est la réponse de votre système immunitaire à tout - est-ce qu'il y a dans vos réponses des marqueurs uniques qui peuvent permettre de détecter la maladie? C'est quelque chose à envisager. Et ces méthodes peuvent fonctionner au stade très précoce de la maladie.

L'autre chose à laquelle je participe, c'est la surveillance de l'activité des lymphocytes T. Lorsque vous déclenchez une réponse immunitaire, vous produisez des anticorps - ce sont les lymphocytes B -, mais vous produisez aussi une réponse des lymphocytes T. C'est couramment utilisé dans la tuberculose, entre autres. Donc, quels sont les avantages de la réponse des lymphocytes T? En plus, c'est un travail plus primitif. Eh bien, on obtient une réponse rapide, on peut la mesurer plus rapidement que la réponse anticorps, et les réponses des lymphocytes T disparaissent peu à peu avec un traitement réussi. Donc, le nombre de lymphocytes T qui réagissent varie en fonction de la présence ou de l'absence de l'infection. Nous savons qu'après un résultat réussi, le nombre de lymphocytes T activés diminue, et nous pouvons mesurer ces substances appelées cytokines, qui sont des protéines ou des substances libérées par les cellules immunitaires, et c'est de cette façon qu'elles communiquent. On peut les mesurer.

Voici quelque chose que nous venons de publier et qui s'appuie sur ce que l'on appelle la technologie QuantiFERON. Le QuantiFERON est un test de la tuberculose, dans lequel on mesure la quantité d'interféron gamma, une cytokine produite par les lymphocytes T activés en réponse à un antigène. Et, tout comme pour les lymphocytes B, nous n'utilisons pas les protéines entières. Nous utilisons des peptides. Nous avons aussi cartographié les sites de reconnaissance des lymphocytes T sur ces protéines. Et ça prend beaucoup de temps. Et voici un exemple de la façon dont on fait un essai de libération de cytokines. Il suffit de prélever du sang total chez un patient, de l'incuber une nuit, de le faire tourner vers le bas et de mesurer la quantité d'interféron gamma ou d'une autre cytokine - nous travaillons aussi sur d'autres cytokines. Et on peut alors commencer à se faire une idée de la réponse immunitaire.

Voici certains des peptides cibles de ces antigènes cibles que nous avons utilisés et, je le répète, nous éliminons précisément les épitopes des lymphocytes T à forte réactivité croisée. Ça, c'est une étude préliminaire qui a été récemment publiée, dans laquelle nous avons recruté 29 patients, qui présentaient tous un érythème migrant. Il s'agissait donc de patients à un stade très précoce, et ce que nous avons observé était une situation assez typique. Vingt-trois patients présentaient un seul érythème migrant, six avaient plusieurs érythèmes migrants - le genre de choses que vous vous attendez à voir habituellement chez une personne atteinte d'une infection aiguë. Malheureusement, rien de cela n'est spécifique de la maladie de Lyme, à part l'érythème migrant.

Et alors, quand nous avons observé l'interféron gamma, nous avons constaté que 69 % avaient un résultat positif à cet essai biologique. C'est beaucoup mieux que les essais sérologiques. Nous n'avons pas fait revenir tout le monde à la phase convalescente, mais nous avons observé qu'après deux mois, il y avait une nette diminution du nombre de résultats positifs dans cette population. Tout le monde a été traité et a obtenu de bons résultats, donc ces 29 patients ont tous été traités rapidement et ils vont tous bien. Et ils allaient bien aux visites de suivi après deux mois et six mois.

Nous sommes donc vraiment optimistes à ce sujet. De plus, nous avons effectués des tests C6 et des analyses par transfert Western dans la même population de patients, et ce test est clairement meilleur que le C6, et il est vraiment nettement meilleur que le transfert Western. Le transfert Western est quelque chose qui a été mis en place, une fois de plus, pour contribuer à se débarrasser de tous les faux positifs qu'on obtient avec les essais sur la bactérie Borrelia entière. Et c'est un problème, cela a été reconnu à l'époque. Mais je peux le dire, on ne devrait pas effectuer des analyses par transfert Western seules, car les transferts Western présentent des problèmes particuliers. Chaque test présente des problèmes particuliers et, ce dont nous avons besoin, je pense, c'est de plus de recherche scientifique fondamentale, de plus de soutien pour faire avancer les choses. Mais, en tant que scientifique - et c'est ce que je considère être - je peux vous dire que j'essaie d'améliorer les choses, tout comme beaucoup d'autres gens. Et l'ampleur des progrès qui ont été réalisés depuis les années 1980 est spectaculaire. Et ce n'est que par le financement de la recherche que cela pourra s'améliorer encore.

Alors, vous remarquerez que je n'ai pas parlé de la maladie de Lyme au stade tardif. Comme l'a signalé Brian Fallon, il est difficile d'obtenir ces patients, car on a besoin - pour effectuer ces études, on a besoin de patients extrêmement bien caractérisés, car il est trop facile de faire des erreurs. Lorsqu'on a affaire à des populations de patients, on n'a pas envie de faire des erreurs. Nous le faisons avec les meilleures intentions et, dans les années 1980 et 1990, nous faisions de notre mieux. Mais il est temps, je crois, de commencer à laisser derrière nous cette technologie des années 1980-1990 et de passer à la technologie moderne.

Mais la seule façon de le faire n'est pas simplement de - je pense que c'est une bonne idée, on doit comprendre comment le système immunitaire fonctionne et interagit avec cette infection, on doit comprendre les bactéries, mais cela nécessite de l'argent. Or, pendant un certain temps, aux États-Unis, les NIH, il y a quatre ans, ne finançaient que 8 % des bourses. Donc les responsables politiques doivent en prendre conscience, il va falloir dépenser de l'argent. Je vais m'arrêter là.

Dan : Merci beaucoup, Raymond. Notre dernier exposé va nous être présenté par WebEx. Il portera sur le thème « Diagnostic de la maladie de Lyme à l'aide d'autres méthodes et en fonction de syndromes similaires : voies de recherche menant vers l'avenir ». Et il nous sera présenté par le D r David Patrick, qui est professeur et directeur de l'École de santé publique et de santé des populations à l'Université de la Colombie-Britannique.

Dr Patrick, est-ce que vous êtes en ligne et est-ce que vous nous entendez? Téléphoniste?

Téléphoniste : [01:30:49]

Un instant, s'il vous plaît.

Dan : Merci.

Nous ferons une pause-santé après cette présentation.

Dr Patrick, êtes-vous là?

Téléphoniste : Il sera là sous peu.

Dan : Merci.

Téléphoniste : Allez-y, Dr Patrick, je vous en prie.

Dan : Dr Patrick, bienvenue.

David : [01:31:13]

Merci. Bonjour.

Dan : Vous avez la parole.

David : D'accord. Comment puis-je faire avancer les diapositives?

Dan : Pardon. Pouvez-vous répéter?

David : Je cherche un bouton pour faire avancer les diapositives - oh, je crois que je l'ai trouvé.

Bien. Bonjour tout le monde. Je voudrais commencer par exprimer toute ma sympathie pour mes voisins de la côte Ouest qui se sont levés à l'aube pour se joindre à cette conférence, et par remercier les organisateurs de nous avoir invités à participer.

Je n'ai pas de conflits d'intérêts commerciaux avec des laboratoires ou des sociétés pharmaceutiques, et mes recherches sont financées par les IRSC, les NIH et des fondations.

Je crois que j'aime bien le ton de la réunion jusqu'à présent. Fondamentalement, nous sommes ici parce que des gens se sentent malades. Il n'y a pas de doute quant au fait que nous avons une épidémie d'une maladie qui affaiblit beaucoup de gens, et nous devons tirer cela au clair. Et je pense que tout le monde est sensible à ça, de tous les côtés de cette discussion.

Je suis un grand adepte de Louis Pasteur. Alors, c'était le père de la microbiologie médicale, et il a dit qu'il n'est pas justifié de consacrer plus de temps à des opinions qui ne sont pas étayées par des expériences sérieuses. Autrement dit, on a une idée, on la teste et, si l'idée ne mène à rien, on passe à autre chose. Grâce à cette stratégie, à la toute fin du XIXe siècle, en vingt ans seulement, 18 fléaux qui décimaient l'humanité depuis des millénaires ont été élucidés. Je parle de la tuberculose, de la lèpre, de la typhoïde, et ainsi de suite. Et, à vrai dire, Willy Burgdorfer a suivi cette excellente tradition de Pasteur.

Alors, nous avons entendu le Dr Fallon nous expliquer, avec beaucoup de précision, que les définitions de cas imparfaites posent des problèmes scientifiques. Donc, quand nous parlons d'un vaste groupe de personnes atteintes de la maladie de Lyme - ou n'importe quelle autre étiquette en réalité -, il est possible, si nous ne faisons pas attention, qu'il y ait, au sein de ce groupe, plusieurs groupes de personnes qui sont malades pour des raisons différentes. Et cette définition de cas imparfaite entraîne pour la recherche un problème de classification erronée. C'est comme s'il y avait des pommes et des oranges dans une corbeille de fruits. Il est alors plus difficile de repérer les différences entre les personnes malades et en santé. Il devient aussi plus difficile de trouver de bons tests. Et il devient plus difficile de tester des options de traitement.

Donc, j'ai entendu le Dr Hawkins, il est d'accord avec le fait que nous avons une catégorie de patients atteints d'une maladie de Lyme certaine ou incontestée, même en utilisant des analyses standard de référence et des critères cliniques à toute épreuve - c'est ce que nous avons. Le Dr Fallon a beaucoup travaillé avec des personnes qui avaient le même diagnostic, mais présentaient des symptômes à long terme après. Le syndrome post-maladie de Lyme s'est développé. Mais je dois parler un peu de ce qui se passe dans la partie nord-ouest du continent, où la plupart des gens qui viennent se faire soigner ont été diagnostiqués uniquement à partir d'observations cliniques appuyées par d'autres méthodes de dépistage, dont la validité est mise en doute par les principaux laboratoires de référence. Pour ces personnes diagnostiquées à l'aide d'autres méthodes, nous ne parlerons pour l'instant que de syndrome chronique de Lyme.

Donc, pour en revenir à Pasteur, je ne peux qu'être d'accord avec les D rs Fallon et Dattwyler : que ferait-il s'il était vivant aujourd'hui? Il ferait de la métagénomique, du séquençage (incompréhensible) pour découvrir des microbes. Il passerait probablement beaucoup de temps à essayer de comprendre aussi ce qui se passe dans le microbiome intestinal. Il ferait ce truc post-expression des gènes, la transcriptomique dont le Dr Dattwyler a parlé. Il chercherait des gènes altérés, la science de l'épigénétique. Et il se pencherait aussi sur des moyens différents d'étudier l'expression des anticorps dans le système immunitaire. Essentiellement, nous utilisons dans nos recherches trois de ces méthodes : la métagénomique, la transcriptomique et les essais biologiques liés à l'immunosignature, pour essayer de commencer à avoir une meilleure idée de ce qui peut se passer chez les personnes atteintes du syndrome de fatigue chronique et chez les personnes dont la maladie de Lyme a été diagnostiquée à l'aide d'autres méthodes.

J'ai eu le plaisir de rencontrer des défenseurs de la maladie de Lyme en Colombie-Britannique en 2010, et ils ont avancé trois grands arguments : que les bactéries Borrelia sont présentes partout chez les tiques en Colombie-Britannique avec des souches très variées, que les laboratoires spécialisés réussissent mieux à détecter la maladie de Lyme que les laboratoires de référence, et que les gens ont besoin de plus d'antibiotiques qu'ils ne peuvent en obtenir. Bien, nous allons tous discuter de nos différentes lectures des publications à ce sujet, mais j'ai en tête des études bien conçues qui ont réfuté ces constatations, au moins en ce qui concerne la Colombie-Britannique. Mais cela ne change rien au problème, à savoir que nous restons confrontés à des groupes importants de personnes malades.

Donc, par exemple, en Colombie-Britannique, non seulement nous ramassons des milliers de tiques sur des personnes en santé ou sur des personnes qui sont malades, chez qui on a repéré des tiques, mais nous les ramassons également dans la nature. Lorsqu'on cherche Borrelia là-bas, on utilise une amorce de réaction de polymérisation en chaîne de référence qui détecte le genre entier, en gros. Et nous l'avons mise à l'essai, elle va détecter mayonii et ce genre de choses. Donc c'est ce que nous faisons. Nous ne détectons Borrelia que chez une tique sur 200 dans le Nord-Ouest, ce qui est vraiment beaucoup moins que ce que vous avez dans le sud de l'Ontario, en Nouvelle-Écosse ou dans le Connecticut, n'est-ce pas? Donc, il est important de garder à l'esprit que nous avons une épidémiologie différente ici, sur la côte Ouest.

Je voulais aussi préciser un peu pourquoi une grande partie de la profession médicale, la majorité des collègues du Dr Hawkins à l'Association médicale canadienne, ont des difficultés avec les autres analyses de laboratoire. Je dois remercier le Dr Fallon pour avoir publié sans fard ses évaluations extra-muros des laboratoires spécialisés aux États-Unis, parce qu'il est clair, dans sa publication, que ces laboratoires spécialisés ne réussissent en fait pas mieux à détecter la maladie de Lyme lorsqu'elle est présente. Nous avons eu affaire à un laboratoire spécialisé qui utilisait des critères d'interprétation internes pour les analyses par transfert Western : ce laboratoire a diagnostiqué la maladie chez 57 % des personnes en bonne santé, il a établi que, sur 40 personnes en bonne santé, 23 avaient la maladie de Lyme. Bien entendu, c'est l'approche qui a été adoptée par la plupart des personnes cherchant à obtenir d'autres analyses sur la côte Ouest.

Alors, qu'est-ce que ça signifie au juste? C'est le deuxième schéma avec des bonshommes-allumettes que vous voyez. En Colombie-Britannique, disons que cent personnes se font dépister pour la maladie de Lyme. Environ deux sur mille obtiennent un résultat positif aux analyses à l'aide des méthodes de référence. Augmentons ce chiffre à dix sur mille, pour ceux d'entre vous qui considèrent que ces méthodes ne sont pas assez sensibles. Un pour cent, ça correspond à cette personne en vert. Et, en toute probabilité, cette personne va être détectée par l'autre laboratoire, et elle va aussi être détectée par le laboratoire de référence. Ou, d'après l'article du D r Fallon, dans la plupart des cas. Mais le problème est le suivant. Sur ces 100 personnes, il y en a 57 autres qui vont recevoir un résultat faussement positif pour la maladie de Lyme. Cela signifie deux choses. Cela signifie que votre valeur prédictive positive - la probabilité que vous soyez vraiment atteint de la maladie si vous avez en main ce test positif - est inférieure à 2 %. Cela signifie aussi que cette analyse a enregistré 57 % de résultats complètement erronés. Donc, si vous voulez économiser de l'argent au lieu de faire un test comme celui-ci, vous pouvez jouer à pile ou face et vous obtiendrez un résultat 50-50 qui sera d'ailleurs plus précis.

Donc notre préoccupation, et la mienne en tant qu'épidémiologiste des maladies infectieuses, c'est que ces tests sont bien établis aux États-Unis à des fins lucratives. Les laboratoires qui les ont produits vont commanditer des réunions auxquelles assisteront des défenseurs de la maladie. Les défenseurs sont parfois plus susceptibles de suggérer l'autre test aux gens. Ainsi, plus de personnes risquent de faire le test, et alors, il faut s'y attendre, les quelques personnes atteintes de la maladie de Lyme - cette seule personne ici - seront rejointes par beaucoup de gens ayant obtenu un résultat faussement positif au test. Quelle est la conséquence sur le plan de la perception dans la population? Cela amplifie grandement la perception du fardeau de la maladie, du risque individuel et, potentiellement, de la demande pour ce test. Nous avons donc là des personnes malades, nous voulons aller au bout des choses pour comprendre ce qui se passe, mais à qui profite cette chaîne de réaction positive? Réfléchissez-y.

J'ai également entendu qu'un laboratoire qui proposait ce type de tests tient désormais un autre langage et fait les choses différemment. Mais je dois également faire remarquer qu'un laboratoire canadien signalant un taux d'erreurs aussi élevé serait contraint de faire parvenir des avis de rappel à ses clients, même s'il procédait à une modification de ses méthodes de dépistage. Et donc, je suis d'accord avec tout le monde. Nous devons rester modestes ici, au Canada. Il ne faut pas que nous abaissions nos exigences de qualité en adoptant une technologie qui n'a pas été mise à l'épreuve.

Alors, un diagnostic erroné présente des risques : cela retarde la découverte de la cause sous-jacente - on a vu ça avec la sclérose en plaques et le cancer -, et il y a des risques associés à certains traitements. Tous les traitements comportent des risques, et il ne faut les prendre que lorsqu'ils procurent clairement un bienfait. Mais je crois aussi que nous voyons le risque lié à l'exclusion de la participation aux recherches qui pourraient aboutir à une meilleure réponse. En ce moment, les NIH et les IRSC investissent beaucoup dans le syndrome de fatigue chronique, notamment. Ce qu'il faut, ce sont des efforts semblables pour recruter des personnes qui ont reçu un diagnostic de maladie de Lyme, quelle que soit la méthode de diagnostic.

Je pense aussi que c'est un défi pour les groupes de défense de la maladie. Je tire mon chapeau à CanLyme, qui aide les gens à prendre plus conscience de l'émergence de la maladie de Lyme dans les régions du Canada où elle s'est développée, en particulier dans le sud de la Nouvelle-Écosse et dans le sud de l'Ontario. Mais je pense que vous avez aussi fait un excellent travail en signalant qu'il y a beaucoup de personnes malades dans le pays et en attirant l'attention des responsables politiques sur ce problème.

Mais, à mon avis, il faut aussi se poser la question : « Et si certaines de ces personnes n'avaient pas vraiment la maladie de Lyme? Et si ce n'était pas la solution? » Nous devons creuser un peu plus profond pour être sûrs de comprendre de quoi sont atteints tous ces patients. Or, je pense que nous avons là un groupe hétérogène, comme l'ont mentionné certains des autres intervenants. Donc, est-il plus important que nous soyons perçus comme ayant raison ou que nous trouvions une meilleure réponse pour certaines des personnes que nous représentons?

Alors, pourquoi faire des recherches sur le syndrome chronique de Lyme ou sur la maladie chronique de Lyme après traitement? Eh bien, les personnes sont malades et invalides. Je comprends qu'elles soient outrées et sceptiques. J'ai vu ce que ces personnes endurent. Mais un désaccord sur la cause ne devrait pas justifier que les gens ne soient pas choisis pour des études.

Donc, nous avons fait quelques travaux pilotes ici, en Colombie-Britannique, pas des études de grande ampleur, mais nous avons essayé de mettre le pied à l'étrier de la révolution des sciences en « -omique », avec le syndrome de fatigue chronique et avec un groupe de patients ayant une maladie chronique de Lyme diagnostiquée à l'aide d'autres méthodes. Et je dois vous dire que nous avons vraiment cherché très attentivement. Nous avons compulsé les registres des cliniques pour trouver des patients atteints de la maladie chronique de Lyme après traitement en Colombie-Britannique. Et, sans surprise, dans une région où la maladie de Lyme, diagnostiquée objectivement, a une prévalence relativement faible, nous avons eu du mal à en trouver. Tous les patients ont subi une évaluation clinique détaillée, ont été examinés par rapport aux définitions de cas et ont donné leur consentement pour l'étude.

Et c'est vraiment important - j'aimerais que la presse jette un œil là-dessus. Regardez le score à l'indice de Karnofsky sur le côté gauche. Il s'agit là de patients souffrant de fatigue chronique ou de maladie chronique de Lyme diagnostiquée à l'aide d'autres méthodes, qui ont un score autour de 60. Cela correspond à un niveau d'incapacité qui n'est pas compatible avec un travail à temps plein.

Et encore, ces personnes étaient des patients ambulatoires qui étaient capables de venir à la clinique. Il y a beaucoup de gens qui ne peuvent pas venir participer aux études parce qu'ils sont trop malades, donc l'incapacité physique était vraiment évidente. Mais toutes ces autres échelles, les échelles sur la santé mentale, ne variaient en fait pas beaucoup entre les gens - ce qui tend à réfuter l'idée que cette maladie serait, en quelque sorte, dans leur tête.

Nous avons effectivement consacré beaucoup de temps à caractériser les personnes atteintes de fatigue chronique et de maladie de Lyme diagnostiquée à l'aide d'autres méthodes. Tous les aspects de leurs antécédents et de leur examen physique, leurs analyses en laboratoire - et ils étaient très, très similaires. De plus, nous avons aussi constaté que, parmi les patients ayant eu un diagnostic de maladie de Lyme établi à l'aide d'autres méthodes, aucun ne pouvait être confirmé par les analyses de référence, quelles qu'elles soient - non seulement les transferts Western d'Amérique du Nord, mais aussi les transferts Western pour les souches européennes, et tout un éventail de tests sérologiques pour d'autres maladies transmises par les tiques. Donc cela vaut toujours la peine d'essayer de trouver ce que ça pourrait bien être.

Alors, ceux d'entre vous qui sont sceptiques à l'égard du test de référence vont dire : « Eh bien, l'autre test pouvait être un faux positif. C'est vrai, Dave, mais est-ce que le test de référence ne pourrait pas aussi être un faux négatif? » Donc nous avons en quelque sorte étudié ces probabilités. Comme nous l'avons fait remarquer, compte tenu de la valeur prédictive positive de seulement 2 % avec l'autre test d'après l'étude publiée par le Dr Fallon et des prévalences dans la population ayant subi le test en Colombie-Britannique, cela signifierait que, 98 % du temps, avec un test individuel, on obtient un faux positif. Donc, 98 fois 98 répété jusqu'à 12 fois, cela fait 78 %. Il est assez probable que nous ayons un résultat faussement positif expliquant ces constatations.

Mais qu'en est-il du test de référence qui serait faussement négatif? Accordons au Dr Hawkins son idée selon laquelle le test de référence n'est sensible qu'à 40 %. Donc, 60 % du temps, si c'est le cas, vous allez obtenir un faux négatif. Eh bien, multipliez 0,6 par 12, et vous obtenez 0,2 %. Donc ce n'est pas très probable et, en fait, c'est 350 fois moins probable que la possibilité que l'autre test soit faussement positif.

Alors, quel est le chemin à suivre? La métagénomique est la science du séquençage à haut débit pour chercher des organismes dans les tissus. Par exemple, nous avons travaillé sur le sang, et je pense qu'on pourrait très bien avancer que nous devrions chercher dans beaucoup d'autres tissus dans le cadre de futures études. Il faut isoler l'acide nucléique, il faut le faire passer dans ces séquenceurs, on obtient les fichiers de données, il faut éliminer les séquences inutiles, il faut éliminer les séquences humaines, et ensuite, on peut faire des comparaisons entre les patients quant à ce qui peut se trouver dans la circulation sanguine ou non. Donc, jusqu'à présent, nous n'avons pas observé de différences importantes dans le sang, mais ce n'est probablement pas une grosse surprise pour qui que ce soit ici. C'est une tentative préliminaire.

Ce qui est plus intéressant, surtout après ce que le Dr Dattwyler a dit, c'est que nous collaborons avec le laboratoire Chiu à l'UCSF sur la transcriptomique, et c'est justement le laboratoire qui a découvert et publié une signature transcriptionnelle pour la maladie de Lyme en phase aiguë. J'espère que certains d'entre vous l'ont vu mais, au début de la maladie, il y a 1 200 gènes exprimés différentiellement qui, là encore, pourraient être un moyen de diagnostiquer la maladie de Lyme avant même que les tests sérologiques ne deviennent positifs. Mais j'ai reçu un rapport de Jérôme Bouquet indiquant qu'en gros, aucun de nos patients ayant reçu un diagnostic de maladie de Lyme établi à l'aide d'autres méthodes ne présentait cette signature transcriptionnelle.

Donc, une fois de plus, il se peut que nous ayons des diagnostics faussement positifs, au moins en Colombie-Britannique. Dans le même ordre d'idée, nous avons cherché des gènes exprimés différentiellement chez des personnes atteintes de fatigue chronique et chez des personnes en bonne santé. Nous n'avons pas trouvé grand-chose pour le moment, mais nous n'avons pas encore complètement terminé l'analyse.

Je crois qu'une des technologies les plus prometteuses, ce sont ces séries de peptides qui permettent d'examiner, non seulement chaque anticorps individuellement, mais les 320 000 peptides qui sont en fait présents sur l'une de ces puces. Et cela permet de se faire une idée des épitopes contre lesquels les anticorps sont exprimés. Nous avons trouvé des agrégats intéressants dans un groupe de patients atteints du syndrome de fatigue chronique, et nous commençons à les réunir avec d'autres groupes pour voir s'ils sont communs. Nous voulons aussi observer si ce serait commun avec certaines des personnes présentant une maladie de Lyme diagnostiquée à l'aide d'autres méthodes.

Mais jusqu'où doit-on vraiment aller avec cela? Eh bien, au-delà des petites études pilotes, bien entendu. Nous voulons voir des efforts multicentriques, et cette réunion devrait aboutir à quelque chose en ce qui a trait à un programme de recherche dans ce domaine. Nous avons besoin que de nouveaux cas soient identifiés dans nos études de cohorte de grande ampleur basées sur la population. Je ne sais pas combien d'entre vous sont au courant, mais nous suivons 150 000 Canadiens, de manière prospective, pour le développement du cancer au Canada et dans le cadre du Projet de partenariat canadien Espoir pour demain. Ils ont une biobanque d'échantillons prélevés au début et, dans ce groupe, beaucoup de gens contractent différentes maladies : le diabète, la maladie de Crohn, la maladie de Lyme bien entendu, le syndrome de fatigue chronique. Donc, il serait vraiment possible, en utilisant les échantillons de cette biobanque dans ces études, de tirer de bien meilleures conclusions sur la causalité, la physiopathologie, et ainsi de suite, pour des maladies qui sont un mystère.

Je pense, en fin de compte, que ce qu'il faut, c'est faire en sorte d'investir correctement dans ces projets et de mettre en banque du matériel biologique adéquat de toutes sortes - et vous devez avoir des idées sur les types d'échantillons que vous voudriez voir dans une biobanque. Non seulement du sang, mais de l'ARN stabilisé, des selles, des cheveux, toutes sortes de choses.

J'aimerais conclure en disant que, vraiment, s'il y a un consensus, c'est bien sur le fait que résoudre les problèmes des patients est plus important que tout le reste. C'est ce que je lis à travers les lignes dans absolument tous les discours que j'ai entendus, et c'est bien plus important que d'être entièrement d'accord sur la théorie. Alors nous pourrons augmenter les chances que les recherches et les soins futurs soient meilleurs que par le passé. Et, essentiellement, j'aimerais terminer en remerciant tous les participants à l'étude. Pour les personnes présentant une maladie de Lyme diagnostiquée à l'aide d'autres méthodes ou atteintes du syndrome de fatigue chronique, cela a nécessité beaucoup d'efforts de leur part pour venir à la clinique et nous consacrer du temps. Cela a fait une grosse différence. Il a fallu beaucoup de gens pour constituer une équipe de recherche et beaucoup d'aide de nombreux laboratoires pour nous permettre d'accomplir tout cela. Et bien entendu, c'est là que nous prenons du bon temps, et nous espérons vous y voir cet été ou l'hiver prochain.

Dan : Merci beaucoup, David.

Mesdames et messieurs sur WebEx et ici en personne à Ottawa, je vous invite à prendre une pause de 20 minutes.

Je vous invite à prendre une pause de 20 minutes.

Nous reprendrons, d'après l'horloge de la salle principale, à 11 h 15, dans 20 minutes.

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Je demande aux intervenants de rester disponibles à la table de devant. Merci.

Et David, nous vous retrouverons en ligne.

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2025-07-14