Profil de données probantes vivantes sur la variole simienne

Le 28 novembre 2022, l'Organisation mondiale de la santé a commencé à utiliser « mpox » comme terme privilégié pour désigner la variole simienne. Nous mettrons à jour notre contenu pour refléter ce changement.

Le 15 septembre 2022

Sur cette page

Introduction

Cette revue détaille les meilleures données probantes disponibles relatives à l'épidémie de variole simienne en abordant la littérature jusqu'au 15 septembre 2022.

Ce profil rapide de données probantes vivantes a été rédigé par le McMaster Health Forum afin d'aider les responsables des systèmes de santé et des systèmes sociaux à relever les défis urgents. En réponse à l'épidémie de variole simienne de 2022, ce profil rapide de données probantes a été commandé au McMaster Health Forum par le Bureau de la Conseillère scientifique en chef de l'Agence de la santé publique du Canada. Le McMaster Health Forum produira un profil de données probantes vivantes toutes les deux semaines pour présenter l'évolution des données probantes scientifiques sur la variole simienne. Ce travail fournit des données probantes complémentaires pour éclairer les orientations et les décisions. Les opinions, résultats et conclusions sont ceux du McMaster Health Forum et sont indépendants du bailleur de fonds. Aucune approbation de l'Agence de la santé publique du Canada n'est prévue ou ne doit être déduite.

Le texte qui suit résume les résultats, à l'exclusion de tous les tableaux et annexes. Le rapport complet est disponible sur le site Web du McMaster Health Forum (en anglais seulement) et peut être demandé à l'adresse ocsoevidence-bcscdonneesprobantes@phac-aspc.gc.ca. Les versions précédentes de ce rapport ont été publiées le :

Comment citer ce travail

Bhuiya A, DeMaio P, Bain T, Al-Khateeb S, Wang A, Sharma K, Alam S, El-Kadi A, Vélez CM, Soueidan S, Loeb M, Lavis JN, Wilson MG. Profil vivant des données probantes #6.9 : Quelles sont les meilleures données probantes disponibles concernant l’épidémie de variole simienne ? Hamilton: McMaster Health Forum, 15 septembre 2022.

Question

Quelles sont les meilleures données probantes disponibles en ce qui concerne l'éclosion actuelle de variole simienne?

Ce que nous avons constaté

Pour savoir où en est l'éclosion actuelle de variole simienne, nous avons recensé les données probantes et les expériences de 11 pays (Australie, Belgique, France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Portugal, Espagne, Suède, Royaume-Uni (R.-U.) et États-Unis (É.-U.), et de l'ensemble des provinces et territoires canadiens. Nous avons classé nos constatations en fonction des catégories ci-dessous.

Catégories

Nous avons identié 29 nouveaux documents depuis la dernière mise à jour de ce profil vivant des données probantes, dont 15 ont été jugés très pertinents. Les documents hautement pertinents nouvellement ajoutés comprennent :

Ce profil vivant des données probantes comprend également des documents de la version précédente que nous avons jugés toujours très pertinents, pour un total de 126 documents très pertinents.

Nous présentons ci-dessous, sous forme narrative, nos principales constatations découlant de l'examen de documents probants très pertinents et basées sur l'expérience d'autres pays. Le rapport complet est accessible sur le McMaster Health Forum (en anglais seulement) et comprend :

Principales constatations fondées sur les documents probants les plus pertinents

Le nombre de nouveaux cas de variole simienne a diminué dans le monde depuis la dernière mise à jour. Le rapport épidémiologique sur les tendances mondiales de l’OMS et le tableau de bord des urgences sanitaires ont indiqué qu’il y avait 59 147 cas confirmés et au moins 22 décès,(1) alors que la carte mondiale des CDC des États-Unis faisait état d’un total de 59 606 cas confirmés au 14 septembre 2022.(2) Les Amériques et la région européenne continuent de signaler la majorité des cas.(1;2)

Nous avons identifié des données probantes très pertinentes sur l’épidémiologie, la présentation clinique, la prévention et le contrôle, et le traitement de la variole simienne.

Épidémiologie (y compris la transmission)

Nous avons identifié quatre études primaires qui décrivaient les changements dans l’épidémiologie et le taux de transmission de la variole simienne. Une seule étude a rapporté que le risque élevé d’infection par la variole simienne provient généralement de contacts étroits avec des lésions cutanées, et que les prélèvements de lésions cutanées sont efficaces pour détecter l’ADN de la variole simienne à l’aide de tests PCR. Un rapport hebdomadaire sur la morbidité et la mortalité des CDC aux États-Unis a signalé que les personnes infectées par le VIH ou les infections sexuellement transmissibles (IST) vivant dans huit juridictions aux États-Unis étaient représentées de manière disproportionnée parmi les personnes atteintes de variole simienne, et qu’il fallait accorder la priorité aux personnes atteintes du VIH et d’IST pour les plans de vaccination contre la variole simienne.

Deux études américaines des CDC ont rendu compte des mesures de prévention que la communauté des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes a prises pour réduire la transmission de la variole simienne. L’une des études a indiqué que cette communauté a pris des mesures comme la réduction des partenaires sexuels ponctuels, ce qui, selon les auteurs, aura des implications importantes sur la trajectoire de l’épidémie de variole simienne. L’autre étude a interrogé 824 hommes sur leur volonté de réduire leurs risques d’infection par la variole simienne en réponse aux messages de santé publique, dont 48% des répondants à l’enquête ont déclaré avoir réduit leur nombre de partenaires et 50% ont déclaré avoir réduit leurs relations sexuelles avec des partenaires rencontrés sur des applications de rencontres ou dans des lieux de sexe depuis qu’ils ont été mis au fait de l’épidémie de variole simienne.

En plus de ces résultats, nous avons identifié trois revues systématiques à venir, qui se concentrent sur les caractéristiques zoonotiques, la dynamique de transmission et la transmission chez les personnes enceintes.

Présentation clinique

Des informations sur la présentation clinique de la variole simienne continuent d’émerger dans la littérature. Une étude primaire récente menée dans 42 centres de santé et cliniques de 17 villes allemandes a rapporté que les 546 infections à variole simienne concernaient des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, et que près de la moitié vivaient avec une infection par le VIH. Cependant, l’étude a noté qu’il n’y avait aucune différence apparente dans la présentation clinique entre les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, que ce soit avec ou sans infection par le VIH.

De plus, nous avons identifié une revue systématique et une méta-analyse à venir qui décriront les caractéristiques cliniques de la variole simienne.

Prévention et contrôle

Nous avons identifié une ligne directrice de haute qualité et trois études primaires qui rendaient compte des mesures de prévention et de contrôle, de la communication avec le public et de l’efficacité du vaccin. La ligne directrice de haute qualité produite en France décrit les mesures de prévention et de contrôle pour les patients, les travailleurs de la santé, les enfants, les écoles, les transports (score AGREE II de haute qualité). Une étude primaire en pré-impression du Bangladesh a indiqué que même si les individus étaient conscients de l’existence de la variole simienne, il y avait une compréhension limitée de ses voies de transmission. Une autre étude primaire a utilisé des techniques de traitement automatique de la langue naturelle (NLP) pour comprendre les attitudes du public envers la variole simienne sur Twitter, et les auteurs ont suggéré que le public n’a pas encore paniqué à propos de la variole simienne. Cependant, la même étude a rapporté que les sentiments négatifs du public à propos de la variole simienne comprenaient les décès, la gravité du virus, les lésions, si le virus est aéroporté, les vaccins et comment le virus affecterait les activités quotidiennes et de voyage. Enfin, une étude primaire en pré-impression a mesuré les anticorps parmi les personnes historiquement vaccinées contre la variole, positives pour la PCR de la variole simienne et récemment vaccinées avec Jynneos, et a rapporté que la série de vaccinations a produit de faibles niveaux d’anticorps neutralisants, mais qu’une troisième vaccination a encore stimulé la réponse.

Traitement

Une ligne directrice de haute qualité publiée en France indique que tous les cas symptomatiques ne doivent pas être traités avec un médicament, mais que seules les personnes à haut risque doivent être envisagées pour un traitement par técovirimat, brincidofovir, cidofovir et immunoglobulines anti-variole simienne (score AGREE II de haute qualité).

De plus, nous avons identifié une revue systématique à venir sur l’utilisation des antiviraux pendant l’éclosion de la variole simienne.

Principales constatations de l'analyse juridictionnelle

Les principaux résultats de l’analyse juridictionnelle sont résumés ci-dessous en fonction de chacune des catégories du cadre d’analyse.

La croissance des cas de variole simienne au Canada semble avoir ralenti, l’Agence de la santé publique du Canada signalant un total de 1 321 cas de variole simienne dans neuf provinces et territoires canadiens au 9 septembre 2022. Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré lors d’une conférence de presse le 31 août 2022 que la « tendance à la baisse soutenue » des cas de variole simienne au Canada est un signe encourageant, et a souligné que malgré l’augmentation du nombre de cas dans plusieurs pays des Amériques, le Canada semble être un cas particulier. L’Ontario demeure l’épicentre de la variole simienne au Canada, avec 631 cas signalés au 9 septembre 2022.

D’autres pays continuent de voir le nombre total de cas augmenter, mais à des rythmes variables. Au 7 septembre 2022, 1 195 cas de variole simienne avaient été signalés aux Pays-Bas. Au 8 septembre 2022, le gouvernement australien avait signalé 129 cas confirmés et probables de variole simienne. Au 12 septembre 2022, le Royaume-Uni avait signalé 3 407 cas confirmés et 145 cas hautement probables. Au 13 septembre 2022, la Belgique a signalé un total de 744 cas de variole simienne et un décès, et il y a eu 3 833 cas confirmés en France, 3 747 cas confirmés en Allemagne, 898 cas confirmés au Portugal, 813 cas en Italie, 165 cas en Suède, et 22 629 cas confirmés aux États-Unis. En date du 9 septembre, l’Espagne avait signalé 6 884 cas, soit le nombre de cas le plus élevé parmi les pays européens.

En plus du Canada, le taux d’infection semble également ralentir dans quelques autres pays. Le ministère espagnol de la Santé a souligné une réduction du nombre de nouveaux cas. Selon les autorités sanitaires, cette baisse ne peut être attribuée aux efforts de vaccination, étant donné qu’une grande campagne de vaccination n’a pas eu lieu en Espagne et que la plupart des personnes vaccinées n’ont reçu qu’une fraction de dose. De même, le septième briefing technique de la UK Health Security Agency sur l’épidémie de variole simienne publié le 2 septembre 2022 note que la réduction observée des cas incidents s’est produite trop tôt après l’introduction du programme de vaccination pour que les vaccins soient un moteur majeur de la réduction. Au contraire, le briefing indique que les cas sont plus susceptibles de diminuer en raison d’une combinaison de saturation de l’infection, de changements dans la détermination des cas et de changements de comportement.

Présentation clinique

Peu d’informations récentes sur la présentation clinique ont été identifiées lors de nos analyses juridictionnelles. En Belgique, des chercheurs de l’Institut de médecine tropicale ont identifié trois échantillons positifs de variole simienne chez des patients asymptomatiques qui testaient initialement des IST (par exemple, la gonorrhée et la chlamydia). Ils ont noté que le virus lui-même ne diffère pas entre les patients qui présentent des symptômes et les patients qui ne présentent pas de symptômes.

Prévention et contrôle

La campagne de vaccination continue de progresser partout au Canada. En date du 13 septembre 2022, 902 doses de vaccin avaient été administrées au Manitoba. Le 9 septembre 2022, la Nouvelle-Écosse a annoncé son intention d’offrir bientôt le vaccin contre la variole simienne aux personnes les plus à risque d’exposition, comme les membres de la communauté LGBTQ2. Le centre de santé sexuelle d’Halifax accueillera une clinique de pré-exposition gratuite dès la semaine du 19 septembre 2022. Au Nunavut, la régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik a noté que pour l’instant, l’approvisionnement en vaccins est réservé à ceux qui ont eu des contacts étroits avec une personne testée positive et pour les hommes qui ont eu ou auront des contacts sexuels avec au moins un nouveau partenaire masculin.

D’autres pays continuent de travailler à la distribution et à l’administration de vaccins pour ralentir la propagation de la variole simienne. En France, en date du 8 septembre 2022, plus de 152 000 doses ont été livrées par l’agence aux territoires et 84 740 doses ont été administrées aux personnes à risque à travers le pays. En Allemagne, 5 300 doses ont été livrées aux États fédéraux en juillet 2022 et 19 500 autres ont été livrées au cours de la semaine du 29 août 2022. Aux États-Unis, en date du 6 septembre 2022, 461 049 doses de vaccin ont été administrées dans 35 juridictions. De plus, le 6 septembre 2022, le département américain de la Santé et des Services sociaux a attribué un contrat de 20 millions de dollars à AmerisourceBergen pour étendre et accélérer la distribution de vaccins et de traitements contre la variole simienne.

En réponse aux pénuries de vaccins, plusieurs pays s’efforcent de produire des réserves supplémentaires de vaccins ou de modifier les approches de vaccination pour maximiser la couverture. Le 29 août 2022, le département américain de la Santé et des Services sociaux a annoncé qu’il fournirait environ 11 millions de dollars pour soutenir la première fabrication de remplissage et de finition du vaccin Jynneos aux États-Unis. Le 1er septembre 2022, l’Institut de médecine tropicale de Belgique a annoncé qu’à l’avenir, il administrerait des vaccins contre la variole simienne par voie intradermique grâce à une technique de microdosage. Ce processus économique permettra d’administrer 2,5 fois plus de vaccins aux personnes à risque.

Diagnostic

Aux États-Unis, des efforts récents sont déployés pour étendre la disponibilité afin d’accélérer les tests de variole simienne. Le Secrétaire du ministère de la Santé et des Services sociaux a signé une déclaration en vertu de l’article 564 de la loi fédérale sur les aliments, les médicaments et les cosmétiques pour permettre au commissaire de la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis de délivrer des autorisations d’utilisation d’urgence pour les diagnostics in vitro afin d’étendre la disponibilité des tests de dépistage de la variole simienne.

Pronostic

Le pronostic des cas de variole simienne semble demeurer constant au Canada. En Ontario, au 6 septembre 2022, sur les 631 cas confirmés de variole simienne, 2,9 % ont été hospitalisés, 0,3 % ont été admis aux soins intensifs et aucun décès n’a été signalé. La Belgique a signalé son premier décès dans un cas de variole simienne. En Allemagne, des mises à jour des périodes d’incubation prévues de la variole simienne sont en cours. Le 9 septembre 2022, l’Institut Robert Koch (RKI) a prépublié un article qui enquêtait sur la période d’incubation actuelle de la variole simienne pendant l’épidémie en cours en Allemagne, constatant que près de 20 % des cas avaient une période d’incubation d’un à trois jours. (38;39)

Traitement

Les provinces du Canada fournissent des conseils sur les traitements contre la variole simienne. Le Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique tient à jour une page Web pour les professionnels de la santé sur les options de traitement contre la variole simienne qui décrit brièvement le potentiel d’utilisation du técovirimat, du cidofovir, du brincodofovir et de l’immunoglobuline de la vaccine. L’utilisation du cidofovir, du brincodofovir et de l’immunoglobuline de la vaccine n’est pas recommandée. L’administrateur en chef de la santé publique de l’Île-du-Prince-Édouard a annoncé que la province dispose d’un approvisionnement en traitement antiviral au tecovirimat pour toute personne qui tombe malade du virus de la variole simienne et d’un approvisionnement limité en vaccin Imvamune pour la prophylaxie post-exposition disponible pour toute personne identifiée comme un contact étroit d’un cas positif.

Aux États-Unis, le tecovirimat est en cours d’évaluation pour son utilisation dans le traitement de la variole simienne. Le rapport hebdomadaire sur la morbidité et la mortalité pour le traitement de la variole simienne daté du 9 septembre 2022 a conclu que le tecovirimat est toléré et les données actuelles soutiennent la poursuite du traitement de la variole simienne.

Méthodes

Nous avons identifié les documents probants portant sur la variole simienne publiés depuis 2017 (afin de tenir compte des données probantes liées aux éclosions récentes hors d'Afrique) en consultant le Health Systems Evidence (HSE), Health Evidence, ACCESSSS, PROSPERO (protocoles de revue et titres enregistrés), Pubmed et MedRxiv le 29 août 2022. Nous avons examiné la situation dans différentes administrations en effectuant une recherche manuelle dans les sites Web des gouvernements et des intervenants visés. Nous avons sélectionné 11 pays (Australie, Belgique, France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Portugal, Espagne, Suède, Royaume-Uni et États-Unis) où la variole simienne n'est pas endémique, mais où il y a récemment eu des cas documentés.

Nous avons recherché des lignes directrices, des revues systématiques complètes (ou des produits dérivés de revues comme des aperçus de revues systématiques), des revues rapides, des protocoles de revues systématiques, et des titres/questions de revues systématiques ou de revues rapides qui ont été identifiées comme étant en cours ou prioritaires.

Nous avons évalué la qualité méthodologique des revues systématiques complètes et des revues rapides qui ont été jugées très pertinentes en utilisant AMSTAR. Il convient de signaler que les scores d'évaluation de la qualité des revues rapides sont souvent moins élevés en raison des raccourcis méthodologiques qui doivent être pris pour s'adapter à des délais comprimés. AMSTAR évalue la qualité globale sur une échelle de 0 à 11, où 11/11 représente un examen de la plus haute qualité. Il est important de noter que l'outil AMSTAR a été conçu pour évaluer les examens axés sur les interventions cliniques, de sorte que les critères ne s'appliquent pas tous aux revues systématiques relatives à la prestation de services, aux dispositions financières ou de gouvernance au sein des systèmes de santé ou à des systèmes sociaux plus larges. Nous avons évalué la qualité des recommandations hautement pertinentes en utilisant trois domaines d'AGREE II (implication des intervenants, rigueur du développement et indépendance éditoriale) et avons classé les recommandations comme étant de haute qualité lorsqu'elles ont obtenu un score de 60 % ou plus pour chaque domaine.

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