Évaluation rapide des risques : Hausse de la transmission communautaire du clade Ib du virus de la mpox à l’échelle mondiale, répercussions sur le plan de la santé publique au Canada
Évaluation terminée : le 3 novembre 2025 (avec des données en date du 28 octobre 2025)
Sur cette page
- Motif de l’évaluation
- Question relative au risque
- Énoncé des risques
- Résumé de l’événement
- Considérations pour les agents pathogènes à potentiel pandémique
- Détails de l’évaluation des risques
- Limitations, lacunes en matière de connaissances et incertitudes
- Mesures proposées – externes
- Réévaluation
- Méthodes
- Remerciements
- Références
Motif de l’évaluation
Les signalements de transmission autochtone du clade Ib du virus de la mpox aux États-Unis, en Espagne, en Italie, aux Pays-Bas, au Portugal et en Malaisie, combinés à la détection du clade I dans les eaux usées au Canada — une enquête sur le sous-clade étant en cours — soulèvent des préoccupations quant à l’importation potentielle du virus et à l’établissement d’une transmission communautaire au sein des populations canadiennes, en particulier celles plus susceptibles d’être exposées (c.-à-d., les personnes gaies, bisexuelles et les autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes [gbHARSAH]).
Question relative au risque
Quelle est la probabilité et quel est l’impact de l’importation du clade Ib du virus de la mpox menant à au moins un cas acquis localement au Canada au cours des dix prochaines semaines?
Énoncé des risques
Le risque global d’importation du clade Ib du virus de la mpox entraînant au moins un cas acquis localement pour la population générale au Canada est faible. Toutefois, pour les réseaux sexuels gbHARSAH, le niveau de risque est plus élevé, en raison des données probantes indiquant que la transmission récente en dehors de la région africaine se produit principalement au sein de ces populations. L’incertitude pour les deux populations est modérée, compte tenu des données limitées sur les modes de transmission dans les pays en dehors de la région africaine.
Conformément à notre évaluation des risques précédente, la probabilité d’importation du clade Ib du virus de la mpox est élevée, en raison de la transmission autochtone accrue dans les régions entretenant des liens de voyage importants avec le Canada.Note de bas de page 1 La probabilité que des cas importés du clade Ib du virus de la mpox entraînent au moins un cas acquis localement dans les dix prochaines semaines est très faible pour la population générale, mais élevée au sein des réseaux sexuels gbHARSAH. Les données probantes préliminaires suggèrent que la transmission du clade Ib aux États-Unis, en Europe et en Asie se produit principalement chez les gbHARSAH par contact sexuel, tandis que la propagation au-delà des contacts intimes et des réseaux sexuels reste rare.
L’impact de l’infection par le clade Ib du virus de la mpox sur une personne concernée est estimé mineur, sur la base de données probantes précoces suggérant une maladie plus légère et moins sévère que celle causée par le clade Ia. Toutefois, elle peut entraîner une maladie grave, en particulier chez les personnes immunodéprimées et les personnes enceintes, avec des rapports d’hospitalisation plus élevés.
Si l’importation du clade Ib du virus de la mpox devait se produire, l’impact sur la population générale au Canada serait mineur, car la transmission ultérieure devrait être limitée en dehors des réseaux sexuels denses (p. ex., communautés gbHARSAH). De plus, une nouvelle réduction de la propagation est attendue compte tenu de la couverture vaccinale existante et des campagnes de santé publique en cours.
Résumé de l’événement
Trois cas non liés du clade Ib ont été signalés chez des résidents du comté de Los Angeles (LA) sans antécédents récents de voyages internationaux, ce qui indique que la transmission interhumaine se produit en Californie. Il s’agit du premier signalement de transmission communautaire aux États-Unis. Tous les cas précédents du clade Ib du virus de la mpox aux États-Unis avaient été associés à des voyages internationaux vers des zones où le clade I du virus circulait.Note de bas de page 2 Bien que le clade Ib du virus de la mpox puisse infecter n’importe qui, les autorités sanitaires californiennes ont indiqué que la transmission communautaire se produit actuellement principalement au sein des réseaux gbHARSAH. Les trois cas ont été hospitalisés et sont maintenant en phase de rétablissement.Note de bas de page 3 En plus des cas signalés aux États-Unis, les pays ayant rapporté une transmission autochtone du clade Ib du virus de la mpox en octobre comprennent : l’Espagne (1), l’Italie (2), le Portugal (1), les Pays-Bas (1) et la Malaisie (1).Note de bas de page 2Note de bas de page 4Note de bas de page 5 Ces signalements suggèrent un changement dans les modes de transmission, car des chaînes locales de transmission sont désormais détectées pour la première fois dans l’Union européenne et l’Espace économique européen (UE/EEE). Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) a publié un document d’évaluation de la menace pour examiner le risque de transmission autochtone du clade Ib du virus de la mpox dans les pays de l’UE/EEE, dans le contexte de la transmission sexuelle entre hommes. L’ECDC a évalué le risque global comme modéré pour les populations de gbHARSAH et faible pour la population générale.Note de bas de page 5
Deux cas du clade Ib du virus de la mpox ont été signalés au Canada, en novembre 2024 et septembre 2025, tous deux associés à des voyages internationaux vers l’Afrique de l’Est et le Liban, respectivement.Note de bas de page 2 Les signaux dans les eaux usées du clade I du virus de la mpox (enquête sur un sous-clade en cours) ont été détectés dans deux zones de captage adjacentes au Canada la semaine du 12 octobre 2025, par l’Unité de surveillance des eaux usées de l’ASPC. L’échantillonnage et les tests de suivi effectués la semaine du 19 octobre 2025 ont été négatifs pour le clade I par la RT-qPCR (PCR quantitative après transcription inverse).
Considérations pour les agents pathogènes à potentiel pandémique
Le virus de la mpox, quel que soit son clade, n’est pas considéré comme ayant un potentiel pandémique au sens d’une propagation rapide attendue au sein de la population générale. Toutefois, en raison du risque élevé de transmission lié à un contact prolongé ou intime, la propagation peut survenir rapidement au sein de réseaux sexuels denses, comme les réseaux gbHARSAH. La transmission interhumaine peut également se produire par contact direct avec des lésions infectieuses ou des fluides corporels, par exposition à des particules respiratoires, ou par contact avec des objets personnels contaminés. Des contre-mesures médicales, incluant des vaccins et des antiviraux avant ou après exposition, sont disponibles. On estime que la couverture par deux doses d’Imvamune est efficace à environ 82 % contre l’infection par le clade II du virus de la mpox, et il n’existe actuellement aucune donnée ni justification biologique suggérant une efficacité réduite du vaccin contre le clade Ib. Cependant, des données probantes émergentes indiquant un déclin de l’immunité humorale chez les personnes vaccinées, combinées à l’incertitude concernant la protection contre l’infection, limitent la confiance que les personnes vaccinées en 2022 et 2023 conservent une immunité durable conférée par la vaccination. Il n’existe pas de traitement bien établi pour le virus de la mpox, mais certains antiviraux peuvent être envisagés au cas par cas. Il n’existe pas de traitement bien établi pour le virus de la mpox, mais certains antiviraux peuvent être envisagés au cas par cas.
Détails de l’évaluation des risques
| Composante de risque : estimation [Incertitude] | Justification |
|---|---|
Probabilité d’importation menant à au moins un cas acquis localement dans : Réseaux sexuels gbHARSAH : Élevée [modérée] Population générale : Très faible [modérée] |
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Impact individuel : |
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Impact au niveau de la population : |
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Limitations, lacunes en matière de connaissances et incertitudes
L’incertitude globale de cette évaluation est modérée, en raison du nombre limité de cas documentés à ce jour en dehors de la région africaine et des lacunes dans les données concernant les cas dans les pays où la transmission communautaire a été récemment identifiée.
Sources spécifiques d’incertitude et de lacunes en matière de connaissances :
- Incertitude quant à savoir si ce clade présentera une gravité, une transmissibilité, une efficacité vaccinale et thérapeutique similaires aux clades précédents, notamment dans les pays non endémiques.
- Absence de traitements pharmaceutiques bien établis pour la mpox.
- Manque de données épidémiologiques, génomiques et cliniques sur les cas récemment signalés, ainsi que sur la proportion de cas chez les gbHARSAH et d’autres populations.
- Incertitude sur la proportion de cas subcliniques.
- Des défis à corréler les signaux détectés dans les eaux usées avec les cas réels, surtout si les cas sont subcliniques ou ne se présentent pas dans les établissements de santé.
Les principaux facteurs pouvant augmenter le risque sont : la détection d’un cas au Canada sans lien avec un déplacement à l’étranger, la persistance de signaux dans les eaux usées au Canada ou une détection géographiquement étendue, des preuves de transmission étendue au-delà des contacts étroits ou un nombre élevé de contacts infectés, l’apparition de cas chez les moins de 15 ans (comme observé en RDC) et l’augmentation des grappes de transmission locale dans les pays ayant de forts liens de voyage avec le Canada.
Mesures proposées – externes
Les recommandations ci-dessous s’appuient sur les constats de l’évaluation des risques et tiennent compte des efforts actuels des partenaires locaux, provinciaux et fédéraux en matière de santé publique. Des stratégies supplémentaires sont proposées sont suggérées aux provinces et aux territoires, à adapter en fonction de l’épidémiologie locale, des politiques, des ressources disponibles et des priorités spécifiques :
- Examiner les documents actuellement disponibles pour soutenir la préparation et l’intervention (p. ex., directives, plans d’intervention) et proposer de nouveaux documents ou mises à jour si nécessaire.
- Envisager des messages ciblés et une sensibilisation destinée aux populations à risque et aux cliniciens concernant la prévention, y compris la vaccination avant et après l’exposition, ainsi que l’identification et la gestion des cas.
- Envisager d’améliorer la capacité de laboratoire pour effectuer la différenciation des clades sur les échantillons cliniques et les échantillons d’eaux usées positifs pour le virus de la mpox.
- Poursuivre le partage de renseignements avec les partenaires fédéraux, provinciaux/territoriaux et locaux concernant les nouveaux cas du clade Ib du virus de la mpox afin d’éclairer la préparation et les interventions au Canada.
Réévaluation
L’équipe d’évaluation des risques se réunira de nouveau pour examiner les nouvelles données probantes et déterminer la nécessité d’une réévaluation si la situation s’aggrave, notamment en cas de détection de cas au Canada sans antécédent de voyage ou d’importation entraînant des grappes secondaires de cas.
Méthodes
La méthodologie employée pour cette évaluation rapide des risques (ERR) repose sur l’outil provisoire d’ERR destiné aux États membres de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).Note de bas de page 13 La probabilité, l’impact et le risque global ont été estimés à l’aide des échelles et de la matrice des risques décrites précédemment (consulter la page « Méthode d’évaluation des risques »), et la capacité d’intervention a été estimée à partir des lignes directrices de l’outil d’ERR 2012 de l’OMS.Note de bas de page 14
Remerciements
Cette évaluation a été réalisée par la Direction des sciences appliquées en santé publique de l’Agence de la santé publique du Canada, au sein de la Direction générale de l’intégration des sciences et des politiques.
Membres du Hub d’évaluation des risques :
Rukshanda Ahmad, Sandra Radons Arneson, Dima Ayache, Raquel Farias, Julia Mielczarek et Linda Vrbova
Programmes principaux et de soutien :
DGPMIV-CLMTI-ITSS-SD : Julia Paul, Marianne Stefopulos et Stéphanie Totten
DGROGU-CSFV-DSV : Rhea Ferguson et Emma Wilson-Pease
DGLNM-RSS-PBRAM-EU : Chrystal Landgraff, Chand Mangat et Edgard Mejia
DGPMIV-CSPI-CCNI : Nicole Forbes et Joshua Montroy
Experts en la matière :
Mable Chan, Andrea Chittle, Maryam Kamkar et Tiffany Locke
Références
- Note de bas de page 1
-
Agence de la santé publique du Canada. Archivée : Évaluation rapide des risques : Éclosion multi-pays des clades 1a et 1b du virus de la mpox - répercussions pour la santé publique au Canada. 13 septembre 2024. Consulté le 27 octobre 2025. https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/mesures-interventions-urgence/evaluations-rapides-risques-professionnels-sante-publique/evaluation-rapide-risques-eclosion-multi-pays-clades-1a-1b-virus-mpox-repercussions-sante-publique-canada-2024.html
- Note de bas de page 2
-
Global Mpox Trends. Consulté le 29 octobre 2025. https://worldhealthorg.shinyapps.io/mpx_global/
- Note de bas de page 3
-
County of Los Angeles Public Health. County Public Health Confirms Its First Case of Clade I Mpox - Case not linked to travel; Public health urges vaccination, testing, and prevention. http://ph.lacounty.gov/phcommon/public/media/mediapubhpdetail.cfm?prid=5160
- Note de bas de page 4
-
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- Note de bas de page 5
-
European Centre for Disease Prevention and Control. Threat Assessment Brief: Detection of autochthonous transmission of monkeypox virus clade Ib in the EU/EEA. 24 octobre 2025. Consulté le 27 octobre 2025. https://www.ecdc.europa.eu/en/publications-data/threat-assessment-brief-detection-autochthonous-transmission-monkeypox-virus
- Note de bas de page 6
-
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- Note de bas de page 7
-
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- Note de bas de page 8
-
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- Note de bas de page 9
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- Note de bas de page 13
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