ARCHIVÉE - Les jeunes garçons victimes de violence sexuelle: Guide à l'intention des jeunes garçons

Le principal, c'est d'en parler à quelqu'un et de continuer à en parler jusqu'à ce que tu obtiennes l'aide dont tu as besoin.

Voici un livret à l'intention des jeunes garçons qui ont été victimes de violence sexuelle. La plupart des enfants de neuf à douze ans peuvent le lire par eux-mêmes, mais les plus jeunes auront besoin d'aide. Même si le vocabulaire est simple, certains concepts ne le sont pas.

En outre, ce livret expose, entre autres idées majeures, le fait que les enfants ont besoin de leurs parents pour se remettre des effets de la violence sexuelle (à condition, bien sûr, que les parents ne soient pas responsables des sévices). Toutefois, vous devriez pouvoir aider votre jeune garçon en lisant le livret et en discutant avec lui.

À qui s'adresse ce livret?

Les parents peuvent aider en lisant et en discutant le présent livret avec leur enfant

Si tu es un jeune garçon et si tu as subi de la violence sexuelle, voici un livret écrit spécialement pour toi. Il peut t'aider de trois façons.

Il te permettra :

  • de savoir ce qu'est la violence sexuelle;
  • de mieux comprendre ce que tu ressens; et
  • de savoir où trouver de l'aide.

Peut-être ne voudras-tu pas le lire au complet en une seule fois, mais lis-en le plus possible. Tu liras le reste plus tard. Si certains mots te paraissent difficiles à comprendre, demande à un adulte ou à un ami de t'aider.

Si tu peux parler de tes sentiments à tes parents ou à une personne adulte en qui tu as confiance, ce sont probablement eux les mieux placés pour t'aider dans ta lecture. De toute façon, c'est une bonne idée de leur demander de lire ce petit livre. Ils ont aussi besoin de comprendre ce que tu ressens.

Ce livret raconte l'histoire vraie de sept jeunes garçons : Félix, Kai, Gabriel, Nathan, Justin, Jas et Carlos. Les sept ont dû aller voir un conseiller parce qu'ils avaient subi de la violence sexuelle. Ce ne sont pas leurs vrais noms, mais leur histoire et leurs sentiments sont vrais, tout comme les tiens. D'ailleurs, peut-être certains de tes sentiments sont-ils semblables aux leurs.

Qu'est-ce que la violence sexuelle?

La violence sexuelle, c'est lorsque quelqu'un touche les parties intimes de ton corps (les parties qui sont couvertes par ton maillot de bain), et que tu ne comprends pas ce qui se passe ou que tu te sens mal. C'est un genre de toucher dont tu ne veux pas parler. La personne qui te touche ainsi sait qu'elle n'est pas censée toucher aux parties intimes de ton corps, comme ton pénis ou tes fesses, mais elle le fait quand même. Tu as peut-être déjà entendu parler de l'inceste. Il s'agit de violence sexuelle infligée par un membre de la famille.

Lorsque quelqu'un veut que tu touches à ses parties intimes, ou qu'il te montre des photos d'enfants ou d'adultes qui touchent aux parties intimes d'un autre, c'est aussi de la violence sexuelle.

La violence sexuelle peut te troubler parce que, parfois, les caresses sont agréables mais en même temps, tu te sens mal à l'aise.

Supposons que ton entraîneur de hockey dit qu'il va te montrer comment faire un lancer frappé. Pendant la démonstration, il glisse sa main dans tes pantalons et touche tes fesses. Tu fais le lancer et l'entraîneur te dit : « Bravo Maxime! » Tu es content d'entendre le compliment, mais tu n'aimes pas qu'il te touche de cette façon. C'est inquiétant de se sentir mal et bien en même temps.

L'histoire de Félix

C'est à cause de son entraîneur de base-ball que Félix a subi de la violence sexuelle. L'entraîneur lui avait demandé de rester plus longtemps dans les vestiaires après une partie. Il voulait aller sous la douche avec Félix et lui frotter les fesses avec le savon. Il a donné cinq dollars à Félix et lui a dit de n'en parler à personne. Félix avait peur d'en parler à quiconque. Il craignait spécialement que l'entraîneur le chasse de l'équipe et le dise à ses parents s'il en parlait.

Beaucoup d'enfants victimes de violence sexuelle ont peur de parler, parce que la personne qui profite d'eux les a menacés. Les garçons qui, comme Félix, se sont fait dire de ne pas parler ont souvent des cauchemars. Pendant longtemps, Félix a eu des cauchemars et n'arrivait pas à faire ses devoirs après l'école. Ses parents ont remarqué son désarroi et l'ont amené voir un conseiller. Félix s'est senti beaucoup mieux après avoir parlé au conseiller. Il avait moins peur et ses cauchemars ont pris fin. Il a ensuite été capable de se remettre au travail, puisqu'il ne s'inquiétait plus à chaque instant.

L'histoire de Kai

Kai avait une gardienne adolescente qui le prenait sur elle et lui faisait mettre son pénis dans son vagin. Kai avait honte et peur, et il a demandé à sa mère de trouver une autre gardienne. Sa mère lui a demandé ce qui s'était passé et Kai lui a tout raconté. Elle l'a amené voir un conseiller et Kai a dit au conseiller que c'est lui qui avait eu l'idée des gestes sexuels et non la gardienne. Kai avait entendu d'autres garçons dire qu'un garçon qui peut avoir des relations sexuelles avec une adolescente est chanceux. Il a donc préféré dire à son conseiller qu'il n'avait pas de problèmes.

Kai a consulté le conseiller de nombreuses fois avant de finir par admettre qu'il avait peur et honte en réalité.

Les garçons qui subissent de la violence sexuelle par la faute de filles plus vieilles ont souvent beaucoup de mal à dire leurs vrais sentiments.

Qui est victime de violence sexuelle?

Si tu as subi de la violence sexuelle tu n'es pas le seul. C'est beaucoup plus courant que tu le croies et ça arrive aux garçons et aux filles.

Chaque année au Canada, des milliers de garçons et de filles subissent de la violence sexuelle. On a longtemps pensé que seules les filles étaient victimes. Maintenant, on sait que les garçons le sont comme les filles. Certains conseillers croient même qu'il y a autant de garçons que de filles qui souffrent, mais que les garçons ont plus de difficulté à admettre que ça leur est arrivé.

Qui sont les agresseurs?

Ce sont les hommes et les adolescents qui sont le plus souvent coupables de violence sexuelle, mais les femmes et les adolescentes s'en prennent aussi aux petits garçons. Beaucoup de gens pensent que les hommes qui font subir de la violence sexuelle aux petits garçons le font parce qu'ils sont gais ou homosexuels. Ce n'est pas vrai. En grandissant, les garçons deviennent hétérosexuels (ils préfèrent les femmes), homosexuels (ils préfèrent les autres hommes) ou bisexuels (ils aiment les hommes et les femmes). Nous ne savons pas pourquoi, mais nous savons très bien que cela n'a aucun rapport avec le fait d'avoir subi de la violence sexuelle. Les jeunes garçons pensent parfois que si un homme a eu des activités sexuelles avec eux, ils sont forcément « gais » eux-mêmes ou l'homme ne les aurait pas trouvés intéressants. C'est aussi une idée fausse. Les hommes qui font ça le font parce qu'ils sont sexuellement attirés ou excités par les enfants.

Les hommes agressent des petits garçons parce qu'ils veulent utiliser leur pouvoir sexuel contre quelqu'un de plus petit et de plus faible. Ce sont des brutes sexuelles. Qu'ils soient gais ou non n'a rien à voir. Les hommes homosexuels préfèrent passer leur temps avec d'autres hommes gais et non avec de jeunes garçons.

L'histoire de Gabriel

Chaque fois que Gabriel rendait visite à son oncle à la ferme, son oncle le faisait asseoir sur ses genoux. Puis il glissait sa main dans les pantalons de Gabriel et touchait son pénis. Gabriel n'aimait pas être touché de cette façon et l'a dit à sa mère. Sa mère a fait cesser les visites à la ferme, mais n'a pas averti la police. Puis elle l'a dit au père de Gabriel. Le père n'a rien dit. Il s'est contenté de regarder Gabriel longuement et ne lui parlait plus aussi souvent qu'avant.

Gabriel a raconté au conseiller ce qui se passait avec son oncle. Il a eu du mal à dire au conseiller que son père ne se comportait plus de la même façon. Gabriel avait peur que son père pense que c'était de sa faute. Il craignait que son père le croie homosexuel.

Le conseiller a dit à Gabriel que l'oncle avait agi comme ça parce qu'il était attiré par les enfants. Il a dit aussi que les sévices sexuels n'avaient aucun rapport avec l'homosexualité. Il a rencontré quelquefois le père de Gabriel pour lui montrer comment il pouvait aider Gabriel.

Les jeunes garçons qui se font agresser par des hommes ont souvent peur de devenir homosexuels. Ils ont parfois peur que leurs camarades apprennent ce qui s'est passé et leur crient des noms. L'orientation sexuelle n'est pas modifiée par le fait d'avoir ou non des expériences homosexuelles ou d'avoir été victime de violence sexuelle. Si toutefois tu es homosexuel un conseiller t'aidera à comprendre et à accepter ton identité sexuelle.

L'histoire de Nathan

Nathan a fait une chose dangereuse. Il était en retard pour l'école et a décidé de faire du pouce. C'est un homme bien vêtu et conduisant une voiture neuve qui l'a fait monter. Nathan pensait qu'il avait été chanceux, mais l'homme l'a conduit plutôt sur une route de campagne. Il a forcé Nathan à descendre de la voiture et lui a ordonné d'enlever ses pantalons. Puis, il a enfoncé son pénis dans l'anus de Nathan. Par la suite, il a menacé Nathan en lui disant qu'il reviendrait lui faire du mal s'il parlait à quelqu'un de ce qui s'était passé. Il l'a reconduit dans la ville.

Quand Nathan est rentré à la maison, il était à moitié mort de peur et avait très mal au derrière. Il a raconté à ses parents ce qui lui était arrivé. Ses parents l'ont cru et lui ont dit que ce n'était pas de sa faute. Ils ont ensuite appelé la police. Dès que les policiers lui ont parlé et ont entendu son récit de l'homme dans la voiture neuve, ils ont conduit Nathan à l'hôpital. Les parents de Nathan avaient peur que l'homme lui ait donné le VIH ou le sida. Le médecin de famille a examiné Nathan et lui a dit que son corps était en bon état.

Beaucoup de jeunes garçons qui sont victimes de mauvais traitements sexuels aussi violents que ceux subis par Nathan craignent d'avoir été blessés. Ils ont aussi peur d'avoir attrapé une maladie transmissible sexuellement comme l'herpès génital, le VIH ou le sida. Te faire examiner le plus tôt possible par un médecin t'aidera à calmer tes peurs.

Est-ce que je suis responsable de ce qui m'est arrivé?

Non, tu n'es pas responsable. L'homme qui t'a agressé sexuellement t'a peut-être tendu un piège. Peut-être a-t-il prétendu que lui ou son chien était perdu? Il a peut-être dit qu'il allait te montrer comment tenir un bâton de base-ball. Peut-être aussi a-t-il dit qu'il voulait être ton ami pour arriver à te faire des caresses sexuelles? Ou qu'il allait te montrer ce qu'est le sexe?

La personne qui t'a fait subir de la violence sexuelle peut t'avoir d'abord dit qu'il allait te montrer quelque chose de très intéressant, comme un train miniature, une collection de vidéos, un bocal à poissons ou son nouveau camion. Puis il t'a agressé alors que tu ne t'attendais à rien de mal.

La personne qui t'a agressé sexuellement peut t'avoir offert de l'argent, de la boisson, des cigarettes ou l'occasion de jouer avec des jouets intéressants. Certains garçons pensent qu'ils sont responsables de ce qui leur est arrivé parce qu'ils ont accepté un cadeau ou sont allés dans la maison de cette personne plutôt que de rentrer chez eux à l'heure prévue.

« Le conseilleur me disait toujours que je n'étais pas responsable. Après un bout de temps, je me suis aperçu que c'était vrai et je me suis senti beaucoup mieux ».

Parfois, le garçon n'oppose pas de résistance et laisse l'agresseur le toucher parce qu'il veut vraiment le cadeau. Il se sent mal après et pense que c'est sa faute, mais ça ne l'est pas. Les adultes sont censés prendre soin des enfants, et non de les piéger pour leur faire subir des mauvais traitements.

Comment agissent les personnes qui veulent faire subir de la violence sexuelle aux enfants?

  • Les agresseurs ne veulent pas se faire prendre, pour ne pas aller en prison. Pour cette raison, ils peuvent te demander de garder le secret sur ce qu'ils t'ont fait subir.
  • Ils peuvent te menacer pour que tu ne parles pas. Ils peuvent te dire que toi ou ta famille serez blessés ou tués si tu parles. Bien sûr, tu te sens pris.
  • Ils peuvent essayer de t'attirer en t'offrant un cadeau ou en t'accordant des permissions spéciales pour être certains que tu ne résisteras pas aux mauvais traitements sexuels.
  • Ils peuvent chercher d'autres enfants, pour les mêmes raisons. Certains hommes qui font subir de la violence sexuelle aux enfants recommencent encore et encore. Ils aiment le faire et ne veulent pas s'arrêter. Ce sont des pédophiles.
  • La personne qui inflige la violence sexuelle aime faire croire aux enfants que c'est leur faute. De cette façon, ils ont un certain pouvoir sur toi. Si tu as subi de la violence sexuelle, tu peux regagner un peu de pouvoir quand tu apprends que tu n'es pas responsable.

L'histoire de Justin

Justin vient d'une famille où les problèmes étaient nombreux. Sa mère buvait beaucoup d'alcool et avait plusieurs amis. Un de ses amis prenait de la drogue. Quand la mère de Justin s'évanouissait à force d'avoir trop bu, cet homme donnait de la drogue à Justin. Puis, il infligeait différents mauvais traitements sexuels à Justin.

Justin était très très en colère. Il se sentait pris, parce qu'il en avait parlé à sa mère, mais qu'elle n'avait pas chassé son ami. Un jour, il n'a plus supporté cette situation et a parlé à son professeur. Son professeur a prévenu un travailleur social, qui a immédiatement sorti Justin de sa maison. Justin est allé vivre dans une famille d'accueil. Justin n'a d'abord pas aimé vivre avec des étrangers. Mais tout lui semblait mieux que la violence que lui imposait l'ami de sa mère.

Au début, les parents d'accueil de Justin ont eu beaucoup de mal avec lui. Dès que Justin se sentait un peu en sécurité, il laissait place à ses sentiments de colère. Il se battait avec d'autres enfants de l'école, déclenchait de petits incendies dans sa nouvelle chambre et a même menacé un jeune enfant pour qu'il obéisse à toutes ses demandes. Tous ces gestes le faisaient se sentir puissant, mais lui occasionnaient également beaucoup de problèmes, ce qui ne l'aidait pas.

Justin a tout dit à son conseiller, dès la première rencontre. Mais il lui a aussi donné du mal. Après plusieurs conversations avec le conseiller, toutefois, Justin est parvenu à se débarrasser de la colère qui l'habitait. Il a ensuite cessé de maltraiter les autres enfants. Aujourd'hui, Justin a quelques bons amis et est plus heureux dans son foyer d'accueil.

Pourquoi la violence sexuelle est-elle mauvaise?

Si tu as été victime de violence sexuelle, tu sens peut-être que les pensées et les sentiments liés aux agressions envahissent ton esprit. Tu as du mal à être heureux avec tes amis et ta famille. Peut-être même as-tu de la difficulté à faire tes devoirs et à bien dormir la nuit. C'est comme s'il n'y avait plus de place dans ton esprit pour autre chose que le souvenir des agressions.

Voici ce que d'autres garçons ont ressenti après avoir été agressés :

  • De la colère. Il se peut que tu ressentes tous les sentiments de colère que tu ne pouvais exprimer pendant les agressions. Tu es peut-être en colère contre ta mère et les membres de ta famille parce qu'ils ne savaient pas que tu étais victime de violence sexuelle ou qu'ils ne t'ont pas protégé. Le fait que ta famille soit bouleversée par ce qui t'arrive peut aussi te mettre en colère. Tout comme le fait que tu doives répondre aux questions de travailleurs sociaux ou de la police, ou aller témoigner en cour. La colère est une bonne chose parce qu'elle te montre que tu es inquiet. Mais si tu ne peux parler de ce qui te préoccupe, la colère s'exprime d'une façon qui peut te causer d'autres problèmes. Tu as le droit d'être en colère, mais il ne faut pas qu'en exprimant tes sentiments, tu blesses les autres.
  • De la peur. Il se peut que tu aies peur de la personne qui t'a agressé. Tu auras peut-être peur que cela se produise encore. Tu auras peut-être peur aussi de faire confiance aux gens ou peur qu'ils rejettent la faute sur toi au lieu de la rejeter sur l'agresseur, ou encore que la violence sexuelle ait abîmé ton corps. Quelle que soit ta peur, dès que tu auras parlé, tu ne seras plus seul et tu commenceras à te sentir à nouveau en sécurité.
  • De la trahison. Il se peut que tu te sentes trahi ou abandonné par la personne qui est censée prendre soin de toi, car cette personne te fait du mal. Parce que ces sentiments t'habitent, tu auras peut-être de la difficulté à faire confiance aux autres.
  • De la tristesse. Il se peut que tu sois triste et que tu souhaites que la vie revienne à ce qu'elle était avant la violence sexuelle. Il se peut que tu te sentes triste et seul et que tu aies l'impression que personne ne comprend ce que tu ressens. Il se peut aussi que tu t'ennuies de la personne qui t'a agressé.
  • De la honte. Il se peut que tu te sentes fautif et différent des autres enfants à cause de la violence sexuelle que tu as subie. Si tu penses que c'est toi qui as provoqué les mauvais traitements sexuels, tu auras honte. Essaie de te rappeler que ce n'est pas toi qui as commis l'agression. C'est l'agresseur. Ce n'était pas ta faute.

Peut-être penses-tu qu'il te suffit d'oublier ce qui est arrivé. Mais ça ne marche pas vraiment. Même si tu essaies d'oublier en prenant de la drogue ou en fuguant.

Certains garçons pensent qu'ils ne sont pas de vrais hommes s'ils parlent de leurs sentiments. Puis ils apprennent qu'il faut beaucoup de courage pour montrer ses sentiments.

La violence sexuelle est une mauvaise expérience, mais elle ne doit pas nécessairement briser ta vie. Tu peux trouver de l'aide. Même si les sévices ont duré longtemps, tu peux t'en sortir. Si l'agresseur faisait partie de ta famille, cela va peut-être demander plus de temps et d'efforts avant que ta famille et toi arriviez à vous sentir à nouveau en sécurité. Avec le soutien de ta famille, de tes amis et de ta communauté, tu finiras par redevenir un enfant comme les autres.

L'histoire de Jas

Jas a été agressé sexuellement par son beau-père. Celui-ci avait l'habitude d'aller dans la chambre de Jas chaque soir et de dire qu'il allait lui lire une histoire. En fait, le beau-père voulait que Jas prenne son pénis. Jas n'aimait pas faire ces gestes et l'a dit à sa mère. Puis, les deux ont prévenu la police. Mais une fois devant le conseiller, Jas n'a plus voulu parler. Après un grand nombre de visites, Jas a accepté d'écrire ce qui s'était passé. Puis le conseiller a découvert qu'un oncle avait traité Jas de peureux et lui avait aussi dit d'oublier ce qui s'était passé. Le conseiller a alors dit à Jas qu'au contraire, il était important d'en parler. Et après avoir raconté toute l'histoire au conseiller, Jas s'est senti beaucoup mieux. Et il ne s'est pas senti comme une poule mouillée. Il s'est senti au contraire très courageux.

Certains garçons pensent qu'ils ne sont pas de vrais hommes s'ils parlent de leurs sentiments. Avec le temps, ils apprennent qu'il faut beaucoup de courage pour montrer ses sentiments. C'est ce que Jas a appris.

Comment puis-je obtenir de l'aide?

Si tu as subi de mauvais traitements sexuels, tu dois obtenir de l'aide. La meilleure façon est de raconter à quelqu'un ce qui t'est arrivé. La personne à qui tu vas en parler sera peut-être en mesure de faire cesser les mauvais traitements.

Assure-toi de parler à quelqu'un qui pourra t'aider ou sera prêt à t'aider. Si tu ne le fais pas, l'histoire pourrait recommencer. Si la violence continue, tu dois la faire cesser. Et pour la faire cesser, tu dois être aidé par quelqu'un de plus vieux et de plus fort que toi.

Beaucoup de jeunes garçons croient qu'ils peuvent mettre fin à leurs problèmes sans aide. Quelqu'un t'a peut-être dit « Dis simplement non » ou « Si quelqu'un essaie de te toucher, crie ou donne-lui un bon coup! ». C'est un mauvais conseil. Le coupable est souvent plus grand et plus vieux que sa victime. Tu aurais plutôt besoin d'aide. N'aie pas peur d'avoir l'air fou si tu cherches de l'aide. C'est peut-être ce que tu as fait de plus important jusqu'ici.

J'avais pensé que cela serait très difficile d'en parler à quelqu'un mais je m'aperçois que mon conseiller me comprend.

Si tu décides d'aller chercher de l'aide, pense bien à qui tu pourrais raconter tes problèmes. La personne que tu choisis peut-elle vraiment t'aider? Si tu le dis à ta mère, te croira-t-elle? Ou te punira-t-elle en te disant que tu as fait une bêtise? Si tu le dis à ton père, t'aidera-t-il on se contentera-t-il de faire une crise et de te dire d'oublier?

Dans la plupart des cas, c'est à tes parents qu'il convient de le dire, et ils vont essayer de t'aider. Mais si c'est ta mère ou ton père qui t'inflige les sévices sexuels, tu devras en parler à une autre personne en qui tu as confiance.

Voici quelques-unes des autres personnes à qui tu peux parler :

  • un grand-père ou une grand-mère; une tante ou un oncle;
  • un professeur ou un conseiller de ton école; une travailleuse sociale;
  • un policier; ou
  • un frère ou une sœur, mais seulement si tu es certain qu'il ou elle va tout raconter à un adulte.

Tu peux aussi contacter Jeunesse, J'écoute en composant le 1-800-668-6868.

Si la première personne à qui tu te confies ne vient pas à ton secours, essaye encore! Dis-le à quelqu'un en qui tu as confiance. Raconter l'histoire, c'est ce qui est le plus important. Si tu ne le fais pas, les problèmes pourraient durer. Si la violence est survenue il y a longtemps puis s'est arrêtée, tu as encore un secret. C'est un secret qui rend mal, la plupart du temps. Il est donc encore important que tu en parles.

L'histoire de Carlos

Carlos fréquentait une école dont le directeur invitait dans son bureau les garçons membres de l'équipe de soccer. Il leur disait toujours comme ils jouaient bien. Un jour, toutefois, il a invité Carlos sans les autres garçons. Il a donné une tape dans le dos de Carlos en le félicitant pour la partie. Puis, il a glissé sa main dans les pantalons de Carlos et a commencé à frotter son pénis. Carlos savait que ce geste était mal et a raconté l'histoire à son père dès son retour à la maison. Son père est allé tout droit répéter le tout à la police et le directeur a été accusé de sévices sexuels. On a découvert qu'il avait aussi maltraité d'autres enfants auparavant. Le directeur a perdu son emploi et a dû se présenter devant le tribunal.

Un travailleur social a été informé de l'histoire de Carlos et a fait les démarches nécessaires pour que Carlos voie un conseiller. Carlos a dit au conseiller qu'il était content que le directeur aille en prison. Mais le conseiller trouvait que Carlos n'avait pas l'air si heureux. En réalité, Carlos s'ennuyait du directeur.

Si les enfants aiment la personne qui leur inflige de mauvais traitements, ils s'ennuieront d'elle, bien entendu, tout en étant fâchés contre cette personne. Ce sentiment de tristesse s'appelle le chagrin. Carlos a mis du temps à surmonter son chagrin, mais grâce au soutien du conseiller, il a fini par se sentir mieux.

Comment vais-je me sentir après en avoir parlé?

D'abord, tu te sentiras mieux. Le secret ne te pèsera plus sur le cœur et tu te sentiras courageux. Il faut beaucoup de courage pour dire un secret surtout quand on pense avoir mal agi. Certaines personnes diront « Je suis content que tu en aies parlé ». Mais plus tard, il se pourrait que tu regrettes d'en avoir parlé.

Voici quelques exemples de ce que tu pourrais trouver difficile :

  • La police voudra t'interroger, et te posera beaucoup de questions.
  • Peut-être devras-tu aller à l'hôpital ou consulter un médecin pour un examen médical. Le médecin veut s'assurer que ton corps est correct.
  • Certains membres de ta famille seront heureux que tu aies parlé, mais d'autres ne le seront pas. Si la personne qui t'a fait du mal est un oncle très aimé, ton frère ou ta sœur pourraient être fâchés contre toi.
  • La personne qui t'a infligé la violence sexuelle peut être quelqu'un que tu admirais, comme un entraîneur. Tu peux être triste à l'idée de ne plus jamais revoir cette personne.
  • Tu devras peut-être te présenter en cour pour dire au juge et aux avocats ce qui s'est passé.
  • Ta famille voudra peut-être que tu rencontres un conseiller.

Que fait le conseiller?

Quand tu auras obtenu l'aide dont tu as besoin, tu vas commencer à te sentir mieux et tu surmonteras l'épreuve de la violence sexuelle.

Le conseiller peut t'aider à exprimer tes sentiments. Un enfant victime de violence sexuelle ressent beaucoup de sentiments qu'il comprend mal. Le conseiller peut t'aider à y mettre de l'ordre et à les comprendre. Le conseiller peut te demander de parler des sévices sexuels que tu as subis ou de montrer par un dessin ce que tu ressens. Le conseiller comprend ce que ressentent en général les jeunes garçons qui ont été agressés sexuellement.

Le conseiller va parler à tes parents et les aider à comprendre comment tu te sens. Le conseiller va leur apprendre ensuite comment ils peuvent t'aider et tenter de comprendre aussi les sentiments de tes parents.

Supposons que tu doives te présenter en cour. Le conseiller peut engager un professionnel de l'aide aux victimes qui t'aidera en parlant avec les policiers et avec le procureur de la Couronne. Le procureur est l'avocat du pays; il est de ton côté quand tu vas au tribunal.

Comment se sentent les jeunes garçons victimes de violence sexuelle?

Les garçons dont nous avons parlé ici, c'est-à-dire Jas, Félix, Kai, Nathan, Gabriel, Carlos et Justin ont tous une histoire différente et des sentiments différents. Ils avaient peur de différentes choses, comme de tomber malade, de se faire traiter de noms et de se faire maltraiter par l'agresseur. Carlos a éprouvé du chagrin et Justin était si en colère qu'il a blessé d'autres personnes.

Ces garçons ont tous commencé à se sentir mieux quand ils ont pu dire au conseiller qu'ils avaient peur, se sentaient seuls et tristes, se sentaient en colère, qu'on leur avait joué un tour, qu'on avait triché ou qu'on les avait piégés. Avec le temps, ils ont appris comment redevenir des enfants. Ils se sont sentis beaucoup mieux quand ils ont vu qu'ils pouvaient aussi parler au conseiller de choses qui leurs étaient importantes, et non seulement de violence sexuelle.

« Je n'ai pas voulu en parler à maman parce je savais que cela lui ferait de la peine. J'en ai alors parlé à mon professeur. Maintenant, je vois un conseiller et je me sens beaucoup mieux ».

Plus tard, le conseiller leur a demandé de se rencontrer lors de séances de groupe pour qu'ils puissent échanger avec d'autres enfants sur ce que ça leur avait fait d'être agressés sexuellement. De cette façon, ils pouvaient s'aider l'un l'autre et ne plus se sentir seuls. Ils ont découvert une chose importante : c'est qu'ils n'étaient pas coupables. Ils avaient tous cru que la violence sexuelle s'était produite en partie à cause d'eux.

Le conseiller n'arrêtait pas de leur rappeler qu'ils n'étaient pas responsables. Après un certain temps, ils ont su que c'était vrai et se sont sentis beaucoup mieux.

De quoi les jeunes garçons qui ont été victimes de violence sexuelle ont-ils le plus besoin?

Si tu as été victime de violence sexuelle, tu as besoin d'aide.

  • Il te faut beaucoup de compréhension et de soutien de la part de tes parents.
  • Tu as besoin de l'aide de conseillers spécialisés.
  • Tu as besoin de l'aide d'autres personnes comme un travailleur social, tes professeurs, la police et les membres de ta famille.

Quand tu auras obtenu l'aide dont tu as besoin, tu vas commencer à te sentir mieux et tu surmonteras l'épreuve de la violence sexuelle.

Pour des renseignements sur la sécurité en ligne, visitez
www.cybertip.ca et www.securitecanada.ca

Des ressources additionnelles sont disponibles à votre centre de ressources communautaire, à votre bibliothèque publique ou au Centre national d'information sur la violence dans la famille.

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