Section 8 : Des cadres sains pour les jeunes du Canada – Conclusion

8 Conclusion

Le dernier chapitre du rapport s’ouvre par une récapitulation des résultats de l’Enquête HBSC concernant les comportements liés à la santé des jeunes du Canada et les répercussions de ces comportements sur leur santé. Est également mise en évidence l’influence sur la santé des jeunes de facteurs bien connus tels que l’âge et le sexe. Un certain nombre de tendances favorables se sont dégagées depuis l’Enquête HBSC de 2002, mais certains sujets de préoccupation persistent.

Nous examinons ensuite les liens qui existent entre les contextes sociaux retenus – milieu familial, milieu scolaire, groupes de camarades et milieu socioéconomique – et la santé des jeunes afin de déterminer si des tendances récurrentes se dégagent. Ce faisant, nous insistons sur le fait que les configurations de données ne traduisent pas nécessairement des relations de cause à effet. Nous soulevons donc aussi d’importantes questions quant au mode d’action de ces variables contextuelles.

Enfin, nous examinons brièvement les implications de ces résultats pour le personnel scolaire et sanitaire, les décideurs, les chercheurs, les élèves et les familles. Nous concluons notamment sur la nécessité de multiplier les points de convergence des interventions en santé auprès des jeunes.

Aperçu des comportements et de leurs effets sur la santé des jeunes du Canada

Modes de vie sains et poids santé

Nous avons fait quelques constatations troublantes à cet égard. Premièrement, le pourcentage de personnes physiquement inactives et sédentaires est anormalement élevé chez les jeunes du Canada. Par contraste, le pourcentage d’enfants et d’adolescents qui ont déclaré consommer régulièrement des fruits, des légumes et du lait est anormalement faible. Il n’est donc pas surprenant de constater qu’un élève canadien sur cinq a un excédent de poids ou est obèse.

Comportements à risque pour la santé

Un certain nombre de tendances très favorables se sont dégagées à cet égard depuis 2002. On enregistre une baisse significative du taux d’usage quotidien du tabac tant chez les garçons que chez les filles de 10e année. La consommation de bière, de vin et de spiritueux est également en régression. Bien que moins de 10 % des élèves aient déclaré consommer des panachés au moins une fois par semaine, il semble que ces derniers soient en voie de se substituer aux boissons alcoolisées plus traditionnelles. La proportion d’élèves de 10e année qui ont déclaré avoir déjà bu suffisamment pour être « vraiment ivres » au moins deux fois a légèrement diminué, mais elle est toujours de près de 40 % au sein de l’échantillon étudié.

La proportion des garçons de 10e année qui ont déclaré avoir déjà fumé du cannabis a nettement régressé. Le pourcentage de ces élèves qui font une consommation plus intensive du cannabis est relativement faible, mais il se ventile équitablement entre les garçons et les filles. On enregistre une baisse de la consommation d’un nombre substantiel de drogues. Les seules drogues dont la consommation a augmenté, et ce uniquement chez les filles, sont l’ecstasy et les médicaments (consommés pour se droguer). Seule une minorité d’élèves ont déclaré avoir consommé des champignons magiques.

La proportion d’élèves sexuellement actifs n’a pas changé depuis l’Enquête HBSC de 2002. Environ 20 % des élèves de 9e année et 25 % de ceux de 10e année ont déclaré avoir déjà eu des relations sexuelles. Le condom est toujours le moyen de contraception privilégié par les élèves de 9e et de 10e année, mais les élèves semblent avoir recours au condom davantage pour se protéger contre les infections que pour prévenir la grossesse. Bien que le deuxième moyen de contraception le plus utilisé par les élèves soit la pilule contraceptive, le retrait continue d’être une pratique commune chez les élèves des deux années d’études, surtout chez les filles de 10e année. Plus du tiers des élèves de 9e année et presque la moitié de ceux de 10e année ont déclaré n’utiliser aucun moyen de contraception.

L’intimidation et les bagarres

L’examen du taux d’incidence de l’intimidation et des bagarres chez les jeunes du Canada permet de dégager certaines tendances encourageantes et d’autres plus préoccupantes. Premièrement, l’intimidation continue d’être un problème considérable au Canada, une proportion alarmante d’adolescents ayant déclaré avoir été partie à des actes d’intimidation, à titre d’agresseurs, de victimes ou d’intimidateurs-victimes. Depuis 2002, l’incidence de la plupart des formes d’intimidation a diminué, mais on a enregistré une augmentation des cas de harcèlement fondé sur la race signalés tant par les garçons que par les filles, surtout au début du secondaire. Les formes que prend la victimisation varient selon le sexe. Les garçons sont plus susceptibles d’être agressés physiquement ou de faire l’objet d’une intimidation verbale, tandis que les filles sont plus souvent victimes d’intimidation indirecte et de cyberintimidation. En 6e et en 7e année, le taux de prévalence du harcèlement sexuel est plus élevé chez les garçons que chez les filles, alors qu’on observe le contraire chez les élèves de 9e et de 10e année.

Les élèves sont par ailleurs plus nombreux qu’en 2002 à déclarer avoir adopté des comportements belliqueux, surtout au début du secondaire. Non seulement plus de garçons que de filles ont-ils signalé avoir participé à des bagarres, mais les élèves des deux sexes se distinguent aussi par les personnes avec lesquelles ils se sont bataillés. Ainsi, les garçons ont davantage tendance à se battre avec des étrangers, tandis que les filles sont plus nombreuses à déclarer s’être bataillées avec des connaissances.

Les blessures et les traumatismes physiques

Les blessures continuent d’être l’un des principaux problèmes de santé chez les jeunes. De fortes proportions d’élèves, pouvant atteindre pas moins de 31 à 48 %, ont déclaré avoir subi une ou plusieurs blessures ayant nécessité l’intervention d’un médecin au cours d’une période de douze mois. Il s’agit souvent de blessures graves, puisqu’elles nécessitent des soins médicaux importants et résultent en une perte considérable de temps pour les études et les activités habituelles, pouvant atteindre jusqu’à 2 452 jours d’absence par tranche de 1 000 élèves pour une période d’un an. Le fardeau cumulatif de ces blessures sur les populations de jeunes et notre société est énorme.

La santé et le bien-être émotionnels

Le sexe a une incidence de plus en plus marquée sur la santé émotionnelle des jeunes. Ainsi, bien que les garçons et les filles affichent une santé émotionnelle analogue au début du secondaire (6e année), les filles de 10e année connaissent nettement plus de problèmes de santé émotionnelle que les garçons. La période critique pour les filles semble se situer entre la 6e et la 7e année, alors que leur santé émotionnelle se détériore considérablement. Il semble que cet écart entre les garçons et les filles aille en s’élargissant par rapport aux premières années d’enquête.

Cadres des interventions en santé auprès des jeunes

Traditionnellement, les interventions en santé auprès des jeunes ont eu pour objet de promouvoir les modes de vie sains, de réduire l’incidence des comportements à risque ainsi que de l’intimidation et de la violence et d’éviter les blessures et les problèmes de santé émotionnelle. Une approche contextuelle de la santé nous apprend que ces objectifs sont atteints à l’intérieur de cadres particuliers (c.-à-d., milieu familial, milieu scolaire, groupe de camarades) et dans des conditions particulières (c.-à-d., socioéconomiques). Il est donc très important d’en savoir le plus possible sur les contextes dans lesquels les interventions en santé peuvent s’inscrire.

Nous allons récapituler dans la suite du chapitre les répercussions favorables et nocives que peuvent avoir sur la santé les quatre cadres contextuels autour desquels s’articule notre rapport et dans lesquels doivent s’inscrire les intervention en santé mentionnées plus haut en vue d’assurer l’atteinte des objectifs visés. La force et la direction de ces incidences seront indiquées de la façon suivante :

^^

probabilité fortement accrue d’adoption par le jeune du comportement lié à la santé ou de manifestation de l’effet sur la santé

^

probabilité légèrement accrue

vv

probabilité nettement diminuée

v

probabilité légèrement diminuée

ø

aucun lien (ou lien ténu) entre le contexte et le comportement de santé adopté par le jeune ou l’effet sur la santé

Il est ainsi possible de faire ressortir les effets favorables ou antagonistes que l’amélioration d’un facteur contextuel peut avoir sur diverses interventions en santé et sur les résultats obtenus.

Le milieu familial

8.1 Incidence du milieu familial sur les comportements de santé des jeunes et sur leur santé
  Fait de vivre avec ses deux parents Plus grande confiance des parents et meilleure communication avec eux
Mode de vie sain et poids santé
Être physiquement actif au moins cinq jours au cours d’une semaine habituelle ø ^^
Manger des fruits au moins une fois par jour ^^ ^^
Manger des légumes au moins une fois par jour ^^ ^^
Boire du lait écrémé ou faible en gras au moins une fois par jour ^^ ^^
Manger des sucreries au moins une fois par jour ø ø
Boire des boissons gazeuses contenant du sucre au moins une fois par jour v v
Être obèse ø ø
Comportements à risque pour la santé (9e et 10e année)
Fumer chaque jour vv vv
S’être enivré au moins deux fois vv vv
Avoir consommé du cannabis au cours des 30 derniers jours vv vv
Avoir déjà eu des relations sexuelles vv vv
Intimidation et bagarres
Être victime d’intimidation vv vv
Intimider les autres vv vv
Être à la fois intimidateur et victime vv vv
Blessures et traumatismes physiques
Avoir subi une blessure grave au cours de la dernière année v ø
Santé et bien-être émotionnels
Symptômes psychosomatiques moins nombreux ^^ ^^
Bien-être émotionnel élevé ^^ ^^

Les élèves qui vivent avec leurs deux parents…

  • …sont beaucoup plus nombreux à :
    • adopter certaines habitudes de vie saines (consommer des fruits, des légumes et du lait faible en gras);
    • afficher une santé et un bien-être émotionnels plus élevés.
  • …sont beaucoup moins nombreux à :
    • adopter des comportements à risque;
    • être partie à des actes d’intimidation.
  • …sont un peu moins nombreux à :
    • boire des boissons gazeuses contenant du sucre;
    • subir une blessure grave.
  • …sont aussi nombreux que les autres élèves à :
    • être physiquement actifs; manger des sucreries; être obèses.

Les élèves ayant une plus grande confiance des parents et une meilleure communication avec eux…

  • … sont beaucoup plus nombreux à :
    • adopter certaines habitudes de vie saines (être actifs; consommer des fruits, des légumes et du lait faible en gras);
    • afficher une santé et un bien-être émotionnels plus élevés.
  • … sont beaucoup moins nombreux à :
    • adopter des comportements à risque;
    • être partie à des actes d’intimidation.
  • … sont un peu moins nombreux à :
    • boire des boissons gazeuses contenant du sucre.
  • … sont aussi nombreux que les autres élèves à :
    • manger des sucreries; être obèses;
    • subir une blessure grave.

Globalement, le milieu familial a une incidence très favorable sur l’adoption de comportements à risque, la participation à des actes d’intimidation et la santé émotionnelle, une légère incidence sur l’adoption d’un mode de vie sain et aucune incidence sur les blessures.

Le milieu scolaire

8.2 Incidence du milieu scolaire sur les comportements des jeunes et sur leur santé
  Meilleur rendement scolaire Meilleure attitude à l’égard de l’école
Mode de vie sain et poids santé
Être physiquement actif au moins cinq jours au cours d’une semaine habituelle ^^ ^^
Manger des fruits au moins une fois par jour ^^ ^^
Manger des légumes au moins une fois par jour ^^ ^^
Boire du lait écrémé ou faible en gras au moins une fois par jour ^^ ^
Manger des sucreries au moins une fois par jour vv vv
Boire des boissons gazeuses contenant du sucre au moins une fois par jour vv vv
Être obèse vv ø
Comportements à risque pour la santé (9e et 10e année)
Fumer chaque jour vv vv
S’être enivré au moins deux fois vv vv
Avoir consommé du cannabis au cours des 30 derniers jours vv vv
Avoir déjà eu des relations sexuelles vv vv
Intimidation et bagarres
Être victime d’intimidation vv vv
Intimider les autres vv vv
Être à la fois intimidateur et victime vv vv
Blessures et traumatismes physiques
Avoir subi une blessure grave au cours de la dernière année vv vv
ESanté et bien-être émotionnels
Symptômes psychosomatiques moins nombreux ^^ ^^
Bien-être émotionnel élevé ^^ ^^

Les élèves affichant un meilleur rendement scolaire…

  • … sont beaucoup plus nombreux à :
    • adopter un mode de vie sain;
    • afficher une santé et un bien-être émotionnels plus élevés.
  • … sont beaucoup moins nombreux à :
    • consommer des sucreries et des boissons gazeuses contenant du sucre; être obèses;
    • être partie à des actes d’intimidation;
    • être partie à des actes d’intimidation;
    • subir une blessure grave.

Les élèves ayant une meilleure attitude à l’égard de l’école…

  • … sont beaucoup plus nombreux à :
    • adopter certaines habitudes de vie saines (être actifs; manger des fruits et des légumes);
    • afficher une santé et un bien-être émotionnels plus élevés.
  • … sont un peu moins nombreux à :
    • boire du lait faible en gras.
  • … sont beaucoup moins nombreux à :
    • consommer des sucreries et des boissons gazeuses contenant du sucre;
    • adopter des comportements à risque;
    • être partie à des actes d’intimidation;
    • subir une blessure grave.
  • … sont aussi nombreux que les autres élèves à :
    • être obèses.

Dans l’ensemble, le milieu scolaire semble avoir une incidence favorable sur la plupart des comportements des jeunes et sur leur santé.

Les groupes de camarades

8.3 Incidence des camarades sur les comportements des jeunes et sur leur santé
  Meilleures attitudes prosociales des amis Meilleure communication avec les amis
Mode de vie sain et poids santé
Être physiquement actif au moins cinq jours au cours d’une semaine habituelle ^^ ^^
Manger des fruits au moins une fois par jour ^^ ^^
Manger des légumes au moins une fois par jour ^^ ^
Boire du lait écrémé ou faible en gras au moins une fois par jour ^^ ø
Manger des sucreries au moins une fois par jour vv ø
Boire des boissons gazeuses contenant du sucre au moins une fois par jour vv ^
Être obèse ø ø
Comportements à risque pour la santé (9e et 10e année)
Fumer chaque jour vv ø
S’être enivré au moins deux fois vv vv
Avoir consommé du cannabis au cours des 30 derniers jours vv vv
Avoir déjà eu des relations sexuelles vv vv
Intimidation et bagarres
Être victime d’intimidation vv vv
Intimider les autres vv ø
Être à la fois intimidateur et victime vv ø
Blessures et traumatismes physiques
Avoir subi une blessure grave au cours de la dernière année v ø
Santé et bien-être émotionnels
Symptômes psychosomatiques moins nombreux ^^ ø
Bien-être émotionnel élevé ^^ ^^

Les élèves dont les amis ont de meilleures attitudes prosociales…

  • … sont beaucoup plus nombreux à :
    • adopter nombre d’habitudes de vie saines;
    • afficher une santé et un bien-être émotionnels plus élevés.
  • … sont beaucoup moins nombreux à :
    • consommer des sucreries et des boissons gazeuses contenant du sucre;
    • adopter des comportements à risque;
    • être partie à des actes d’intimidation.
  • … sont un peu moins nombreux à :
    • subir une blessure grave.
  • … sont aussi nombreux que les autres élèves à :
    • être obèses.

Les élèves qui ont une meilleure communication avec leurs amis…

  • … sont beaucoup plus nombreux à :
    • adopter certaines habitudes de vie saines (être actifs; consommer des fruits);
    • adopter de nombreux comportements à risque;
    • afficher un bien-être émotionnel élevé.
  • … sont un peu plus nombreux à :
    • consommer des légumes et des boissons gazeuses contenant du sucre.
  • … sont beaucoup moins nombreux à :
    • être victimes d’intimidation.
  • … sont aussi nombreux que les autres élèves à :
    • consommer du lait faible en gras et des sucreries; être obèses;
    • fumer chaque jour;
    • intimider les autres; être à la fois intimidateur et victime;
    • subir une blessure grave;
    • souffrir de symptômes psychosomatiques moins nombreux.

Les groupes de camarades ont une incidence mitigée. Il existe une corrélation entre les attitudes prosociales des amis et la plupart des comportements favorables à la santé et des indicateurs de santé. Par ailleurs, le fait d’avoir une bonne communication avec ses amis peut être corrélé à la fois avec des comportements favorables et avec des comportements nuisibles et avec un bon état de santé ou avec des problèmes de santé. Globalement, les groupes de camarades peuvent avoir une incidence tant préventive que nocive sur la santé des jeunes.

Conditions socioéconomiques

8.4 Incidence des conditions socioéconomiques sur les comportements de santé des jeunes et sur leur santé
  Famille très aisée
Mode de vie sain et poids santé
Être physiquement actif au moins cinq jours au cours d’une semaine habituelle ^^
Manger des fruits au moins une fois par jour ^^
Manger des légumes au moins une fois par jour ^^
Boire du lait écrémé ou faible en gras au moins une fois par jour ^^
Manger des sucreries au moins une fois par jour ø
Boire des boissons gazeuses contenant du sucre au moins une fois par jour vv
Être obèse vv
Comportements à risque pour la santé (9e et 10e année)
Fumer chaque jour vv
S’être enivré au moins deux fois ø
Avoir consommé du cannabis au cours des 30 derniers jours ø
Avoir déjà eu des relations sexuelles vv
Intimidation et bagarres
Être victime d’intimidation ø
Intimider les autres ^^
Être à la fois intimidateur et victime ^
Blessures et traumatismes physiques
Avoir subi une blessure grave au cours de la dernière année ^^
Santé et bien-être émotionnels
Symptômes psychosomatiques moins nombreux ^^
Bien-être émotionnel élevé ^^

Les élèves dont la famille est très aisée…

  • … sont beaucoup plus nombreux à :
  • adopter nombre d’habitudes de vie saines;
  • intimider les autres;
  • souffrir d’une blessure grave;
  • afficher une santé et un bien-être émotionnels plus élevés.
  • … sont un peu plus nombreux à :
  • être à la fois intimidateur et victime.
  • … sont beaucoup moins nombreux à :
  • boire des boissons gazeuses contenant du sucre; être obèses;
  • adopter certains comportements à risque (fumer chaque jour et avoir des relations sexuelles).
  • … sont aussi nombreux que les autres élèves à :
  • manger des sucreries;
  • adopter certains comportements à risque (s’enivrer et consommer du cannabis);
  • être victime d’intimidation.

Dans l’ensemble, l’aisance de la famille semble avoir une incidence favorable sur la santé émotionnelle et sur l’adoption de la plupart des habitudes de vie saine. Les jeunes dont la famille est aisée adoptent moins de comportements à risque, mais sont plus nombreux à souffrir d’une blessure grave et à intimider les autres.

Résumé

Il se dégage une uniformité remarquable de la courbe d’incidence des quatre contextes sociaux étudiés sur les comportements de santé et sur la santé des jeunes du Canada. Bien que certaines de ces corrélations aient déjà été étudiées dans le cadre de travaux de recherche portant sur de plus petits groupes, l’Enquête HBSC de 2006 représente la première fois où de telles corrélations sont étudiées au sein d’un échantillon représentatif de jeunes Canadiens de cet âge.

Ces contextes semblent avoir sur la santé des jeunes une incidence qui s’exerce selon une courbe de fréquence particulière, le milieu scolaire ayant une incidence pour l’essentiel favorable, le milieu familial une incidence favorable ou neutre et les conditions socioéconomiques et les groupes de camarades une incidence moins souvent favorable ou plus souvent défavorable. En particulier :

  • les avantages au titre du capital scolaire sont constamment fortement corrélés avec les comportements sains liés à la santé et les répercussions favorables sur la santé;
  • les avantages au titre du capital familial sont habituellement corrélés avec les comportements sains liés à la santé et les répercussions favorables sur la santé, mais ils n’ont pas d’incidence sur les blessures, l’activité physique et l’obésité;
  • les avantages au titre du capital socioéconomique sont partiellement corrélés avec les comportements sains liés à la santé, notamment le fait de ne pas fumer (chez les filles) et de ne pas avoir de relations sexuelles (chez les deux sexes), mais ils n’ont pas d’incidence sur la consommation d’alcool ou de cannabis et sont à la fois corrélés avec la qualité de l’état de santé et avec le risque de se blesser et d’avoir recours à l’intimidation;
  • les avantages au titre du groupe de camarades et de la communication avec les amis ont à la fois des incidences favorables et défavorables sur la santé (c.-à-d. une incidence mitigée sur les comportements à risque).

Cette courbe de fréquence nous indique, d’une part, que ce sont les interventions en milieu familial et scolaire qui offrent les meilleures possibilités de réussite, et, de l’autre, que ce sont les interventions axées sur le groupe de camarades et sur la politique des revenus qui sont les plus nécessaires.

Il est possible que les variables contextuelles retenues pour les fins de l’analyse en aient en partie déterminé les conclusions. Les résultats obtenus auraient pu être différents si nous avions par exemple retenu comme indicateurs la profession des parents (comme indicateur substitutif des conditions socioéconomiques) ou l’encadrement parental (comme indicateur substitutif de la confiance des parents et de la communication avec eux).

Comme l’Enquête HBSC est menée uniquement auprès des élèves fréquentant les écoles ordinaires, il est possible que nous surestimions l’importance du milieu scolaire. Si l’échantillon de l’enquête comprenait des jeunes faisant leurs études à la maison et/ou des jeunes de la rue, il se pourrait que le milieu familial et le groupe de camarades soient plus fortement corrélés avec la santé.

Les données préliminaires sur les comportements des jeunes liés à la santé, leurs répercussions sur leur état de santé et les contextes sociaux dans lesquels ils évoluent dont fait état le présent rapport n’en soulèvent pas moins des questions intéressantes, notamment :

  • Si les comportements adoptés par les jeunes ont des répercussions sur leur santé, pourquoi le milieu familial et les conditions socioéconomiques sont-ils davantage associés à la santé émotionnelle qu’aux comportements liés à la santé?
  • Pourquoi associe-t-on plus souvent la santé physique (blessures, obésité) que la santé émotionnelle à ces variables contextuelles?
  • Est-il possible que certaines variables contextuelles plus stables (telles que les conditions socioéconomiques, la structure familiale et le potentiel scolaire) « jettent des bases » favorables à la santé des jeunes, tandis que d’autres variables plus fluides (telles que l’atmosphère qui règne à l’école, les attitudes prosociales des amis et la qualité de la communication avec les parents) « aient une incidence plus directrice »?
  • Quels sont les liens entre les diverses variables contextuelles? Par exemple, l’obtention d’un score élevé sur l’échelle de la confiance des parents et de la communication avec les parents et celle d’un score élevé sur l’échelle de la communication avec les amis semblent être corrélées de façons opposées avec la plupart des comportements à risque.
  • De même, l’aptitude à communiquer des amis et leurs attitudes prosociales soumettent-elles les jeunes à un conflit dans les situations de prise de risques?
  • Pourquoi la coexistence de certaines variables contextuelles, par exemple un milieu familial et un milieu scolaire favorables, a-t-elle pour effet conjugué de maximiser la santé des jeunes? Mais encore plus important, l’incidence d’un milieu familial et d’un milieu scolaire favorables peut-elle contrebalancer celle d’un milieu socioéconomique défavorable?

À l’évidence, il faudra pour répondre à ces questions pousser plus loin la recherche scientifique et l’évaluation des interventions en santé auprès des jeunes dans différent contextes. Selon les ouvrages scientifiquesNote de bas de page 1, les mesures pouvant être prises peuvent se classer en quatre catégories :

  • renforcement des jeunes et des groupes de camarades;
  • renforcement des familles;
  • amélioration des conditions prévalant à l’école et dans le voisinage;
  • promotion de l’amélioration de la politique sociale.

Il est essentiel que l’établissement des priorités et la planification, deux étapes cruciales du processus d’intervention, tiennent compte de l’état actuel des connaissances sur l’état de santé des jeunes Canadiens, leurs problèmes de santé et les tendances à long terme. Il est également essentiel de mieux comprendre les contextes sanitaires dans lesquels les interventions ont lieu. Nous espérons que ce rapport sur le cinquième cycle du volet canadien de l’Enquête HBSC vient enrichir la base de connaissances sur laquelle peut prendre appui une telle planification.

Bibliographie

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