Pourquoi les Canadiens sont-ils en santé ou pas ?
L'histoire toute simple qui suit reflète la complexité des facteurs globaux ou des conditions qui déterminent dans quelle mesure les Canadiens sont en santé ou pas.
- « Pourquoi Éric est-il à l'hôpital ?
Parce qu'il a une grave infection à la jambe. - Pourquoi a-t-il cette infection ?
Parce qu'il s'est coupé gravement à la jambe et qu'elle s'est infectée. - Mais pourquoi cela s'est-il produit ?
Parce qu'il jouait dans le parc à ferraille près de l'immeuble où il habite, et qu'il est tombé sur un morceau d'acier tranchant qui s'y trouvait. - Mais pourquoi jouait-il dans un parc à ferraille ?
Parce que son quartier est délabré. Beaucoup d'enfants jouent là sans surveillance. - Mais pourquoi habite-t-il ce quartier ?
Parce que ses parents ne peuvent se permettre mieux. - Mais pourquoi ses parents ne peuvent-ils habiter un plus beau quartier ?
Parce que son père est sans emploi et que sa mère est malade. - Mais pourquoi son père est-il sans emploi ?
Parce qu'il n'est pas très instruit et qu'il ne peut trouver un emploi. - Mais pourquoi… ? »
- Extrait de Pour un avenir en santé : Deuxième rapport sur la santé de la population canadienne.
On dispose d'un ensemble de preuves de plus en plus complet sur ce qui permet à la population d'être en santé. Le rapport Lalonde a jeté les premières bases en 1974, en définissant un cadre pour les principaux éléments qui semblent déterminer la santé : le mode de vie, l'environnement, la biologie humaine et les services de santé. Depuis cette époque, on a appris beaucoup de choses qui vont dans le même sens et qui, en même temps, précisent et élargissent ce cadre de base. En particulier, il est de plus en plus manifeste que l'apport de la médecine et des soins de santé est assez limité et qu'accroître les dépenses en soins de la santé n'apportera pas une amélioration importante de la santé de la population. Par contre, il y a aussi des indications nettes et de plus en plus nombreuses que d'autres facteurs comme les conditions de vie et de travail sont des éléments déterminants de la santé de la population.
Les éléments recueillis montrent que les principaux facteurs qui influencent la santé de la population sont le niveau de revenu et la situation sociale, les réseaux de soutien social, le niveau d'instruction, l'emploi et les conditions de travail, l'environnement social et physique, les habitudes de vie et les compétences d'adaptation personnelles, le développement sain durant l'enfance, le patrimoine biologique et génétique, les services de santé, le sexe et la culture. Chacun de ces éléments a son importance. En même temps, ils sont tous interreliés. Par exemple, on peut relier un faible poids à la naissance à des problèmes non seulement durant l'enfance, mais aussi à l'âge adulte. Les recherches montrent qu'il y a un lien étroit entre le niveau de revenu de la mère et le poids du bébé à la naissance. Cela ne se vérifie pas uniquement pour les groupes les plus défavorisés au plan économique. Tout au long de l'échelle des revenus, les mères ont, en moyenne, des bébés plus lourds à la naissance que les mères de la catégorie de revenus inférieure. On peut en conclure que les problèmes ne sont pas simplement le résultat d'une mauvaise nutrition et de mesures d'hygiène déficientes liées à la pauvreté, même si les problèmes les plus graves se rencontrent surtout dans les groupes aux revenus les plus faibles. Il semble que des éléments comme les habiletés d'adaptation et le sentiment de contrôle et de maîtrise sur sa vie jouent également un rôle important.
Le reste de cette section présente les grandes lignes de ce que nous savons sur la façon dont les déterminants influencent la santé. Les documents qui ont servi à rédiger cette section sont Pour un avenir en santé : Deuxième rapport sur la santé de la population canadienne et Stratégies pour la santé de la population : Investir dans la santé des Canadiens.
Prémisses et données probantes
LES PRINCIPAUX DÉTERMINANTS -- 1. Niveau de revenus et situation sociale
L'état de la santé s'améliore à chaque étape de la hiérarchie des revenus et du niveau social. Des revenus plus élevés permettent de meilleures conditions de vie comme un logement plus sûr et la capacité d'acheter suffisamment de bons aliments. Les populations les plus en santé sont celles qui se trouvent dans les sociétés prospères où la richesse est répartie de façon équitable.
Pourquoi y a-t-il un lien entre des revenus plus élevés, la situation sociale et une meilleure santé? Si l'on constatait que les plus pauvres et les plus défavorisés socialement ont aussi la moins bonne santé, on pourrait recourir à des explications comme des piètres conditions de vie. Cet effet se manifeste cependant dans toute la gamme des groupes socio-économiques. De nombreuses recherches révèlent que la mesure dans laquelle les gens sont maîtres de leurs conditions de vie, en particulier des situations génératrices de stress, et leur capacité d'agir exercent une influence déterminante. En règle générale, un revenu et une situation sociale plus élevés permettent d'exercer un plus grand contrôle sur sa vie et un plus grand pouvoir discrétionnaire. On commence à mieux comprendre les mécanismes biologiques en jeu dans ces situations. Un certain nombre d'études récentes indiquent qu'une situation où les solutions sont limitées et le manque d'habiletés d'adaptation face au stress accroissent la vulnérabilité à toute une gamme de maladies par des voies qui touchent les systèmes immunitaire et hormonal.
Il y a de plus en plus de preuves manifestes qu'une meilleure situation sociale et économique va de pair avec une meilleure santé. En réalité, ces deux éléments semblent être les déterminants les plus importants de la santé.
Éléments probants extraits du Second rapport sur la santé des Canadiens :
- Dans la fourchette des revenus les plus faibles, seulement 47 % des Canadiens disent avoir une santé très bonne ou excellente, alors qu'ils sont 73 % dans le groupe aux revenus les plus élevés.
- Les Canadiens à faibles revenus risquent davantage de décéder plus jeunes et de souffrir de maladies que ceux dont les revenus sont plus élevés, indépendamment de l'âge, du sexe, de la race et du lieu de résidence.
- Chaque fois qu'on franchit un niveau de l'échelle des revenus, on constate que les Canadiens sont moins malades, ont une espérance de vie plus longue et une meilleure santé.
- Des études montrent que la répartition des revenus dans une société peut être un déterminant beaucoup plus important de la santé que le total des revenus gagnés par les membres de la société. Les écarts importants dans la répartition des revenus accroissent les problèmes sociaux et contribuent à une moins bonne santé dans l'ensemble de la population.
Éléments probants extraits de Investir dans la santé des Canadiens :
- Il y a aussi un lien entre la situation sociale et la santé. Une importante étude britannique réalisée auprès des fonctionnaires a révélé que, pour les plus grandes catégories de maladies (cancer, maladies coronariennes, crises cardiaques, etc.), la santé s'accroît avec le niveau du poste occupé. Cela s'est révélé exact même en présence de facteurs de risque comme le tabagisme, dont on sait qu'il varie au sein des catégories sociales. Tous les participants à cette étude occupaient des emplois de bureau, avaient un bon niveau de vie et une bonne sécurité d'emploi. Les variations de l'état de santé ne pouvaient donc s'expliquer par des risques physiques, par la pauvreté ni par des carences matérielles. Le niveau de santé augmente à chaque échelon de la hiérarchie. C'est ainsi que ceux qui se situent à l'échelon précédant le sommet (médecins, avocats, etc.) ont quatre fois plus de maladies cardiaques que ceux qui se situent au sommet de l'échelle (qui occupent des postes comparables à ceux de sous-ministres). On doit donc en conclure qu'un facteur ayant trait au revenu plus élevé, à la situation sociale et à la hiérarchie sert de tampon ou de défense contre la maladie ou encore qu'un élément allant de pair avec les revenus plus faibles et une situation moins importante affaiblit les défenses.
- Voir aussi des éléments probants du rapport Social Disparities and Involvement in Physical Activity
- Voir aussi des éléments probants du rapport Améliorer la santé des Canadiens
On associe l'appui reçu de la famille, des amis et de la collectivité à une meilleure santé. De tels réseaux de soutien social pourraient se révéler très importants pour aider les gens à résoudre les problèmes et à faire face à l'adversité, ainsi que pour nourrir le sentiment d'être maîtres ou d'avoir une influence sur ses conditions de vie. L'entraide et le respect qui se manifestent dans les relations sociales, le sentiment de satisfaction et de bien-être qui en découlent semblent constituer un coussin protecteur contre les problèmes de santé.
L'Enquête nationale sur la santé de la population (ENSP) de 1996-1997 établissait que plus de quatre Canadiens sur cinq déclaraient avoir quelqu'un à qui se confier, quelqu'un sur qui compter en période de crise, quelqu'un à qui demander conseil et quelqu'un leur donnant le sentiment d'être aimé. De la même façon, l'Enquête longitudinale nationale sur les enfants de 1994-1995 établissait pour les enfants âgés de 10 et 11 ans une forte tendance à des comportements sociaux positifs et à l'entraide.
Éléments probants extraits de Investir dans la santé des Canadiens :
Certains spécialistes du domaine sont arrivés à la conclusion que l'effet des relations sociales sur la santé pourrait être aussi important que les facteurs de risque reconnus comme le tabagisme, l'activité physique, l'obésité et la pression artérielle.
- Une vaste étude réalisée en Californie est arrivée à la conclusion que, aussi bien pour les hommes que pour les femmes, plus les gens ont de contacts sociaux et plus leurs taux de décès prématuré sont faibles.
- Une autre étude américaine a montré que la faible disponibilité d'aide émotionnelle et la faible participation sociale vont de pair avec toutes les autres causes de mortalité.
- Les risques d'angine de poitrine diminuent avec l'augmentation des niveaux de soutien affectif (étude des hommes fonctionnaires en Israël).
La santé suit le niveau d'instruction
Il y a des liens étroits entre le niveau d'instruction et la situation socio-économique. Une bonne instruction pour les enfants et un apprentissage tout au long de la vie pour les adultes sont des éléments essentiels de la santé et de la prospérité des personnes et d'un pays. Le niveau d'instruction contribue à la santé et à la prospérité en donnant aux gens les connaissances et les capacités dont ils ont besoin pour résoudre des problèmes et le sentiment d'influencer et de maîtriser leur vie. Le niveau d'instruction accroît également les possibilités d'emploi, de sécurité du revenu et de satisfaction au travail. Il améliore enfin la capacité des gens de se renseigner et de comprendre l'information pour soigner leur santé.
Éléments probants extraits du Second rapport sur la santé des Canadiens :
- Les Canadiens qui n'ont pas de bonnes capacités de lecture et d'écriture sont plus exposés au chômage et à la pauvreté, risquent davantage d'avoir une mauvaise santé et de mourir plus tôt que les Canadiens qui maîtrisent la lecture et l'écriture.
- Les gens qui ont des niveaux plus élevés d'instruction ont un meilleur accès à des environnements physiques sains et sont mieux à même de préparer leurs enfants pour l'école que les gens moins instruits. Ils ont aussi tendance à fumer moins, à être plus actifs physiquement et à accéder à de meilleurs aliments.
- Dans l'Enquête nationale sur la santé de la population de 1996-1997, seuls 19 % des répondants n'ayant pas terminé leur secondaire ont déclaré que leur santé était excellente contre 30 % pour les diplômés d'université.
Éléments probants extraits de Investir dans la santé des Canadiens :
- L'Enquête promotion santé Canada de 1990 a révélé que le nombre de jours de travail perdus diminuait avec l'augmentation du niveau d'instruction. Les personnes ayant une scolarité de niveau élémentaire perdaient sept jours de travail par an à cause de la maladie, de blessures ou d'incapacité, alors que les personnes ayant une formation universitaire en perdaient moins de quatre par an.
On associe le chômage, le sous-emploi, un travail stressant ou dangereux avec une piètre santé. Les gens qui dispose de plus de pouvoir sur leurs conditions de travail et qui sont soumis à moins de stress au travail sont en meilleure santé et vivent souvent plus longtemps que ceux qui sont exposés à davantage de stress ou de risques au travail.
Éléments probants extraits du Second rapport sur la santé des Canadiens :
- L'emploi a un effet marqué sur la santé physique, mentale et sociale. Le travail rémunéré permet non seulement de gagner de l'argent, mais il donne aussi un sentiment d'identité et d'utilité, permet d'avoir des contacts sociaux et des possibilités de croissance personnelle. Quand une personne perd ces avantages, les résultats peuvent être dévastateurs, aussi bien pour sa santé que pour celle des membres de sa famille. Les chômeurs ont une espérance de vie moins longue et ont nettement plus de problèmes de santé que les personnes qui ont un emploi.
- Les conditions de travail (physiques et psychosociales) peuvent avoir un effet marqué sur la santé et le bien-être affectif des gens.
- La participation à l'économie basée sur les salaires n'est toutefois qu'un élément de cet ensemble. De nombreux Canadiens, en particulier les femmes, passent pratiquement autant de temps à faire du travail non rémunéré comme le ménage et le soin des enfants et de parents âgés. Quand ces deux charges de travail sont combinées de façon continuelle avec peu ou de pas de soutien, cela se répercute inévitablement sur le niveau de stress et de satisfaction au travail. Entre 1991 et 1995, la proportion des travailleurs canadiens qui étaient « très satisfaits » de leur travail a diminué, et ce, de façon plus marquée chez les femmes, passant de 58 % à 49 %. Les niveaux signalés de stress au travail suivent la même tendance. Dans l'Enquête sur la santé de la population de 1996-1997, les femmes déclaraient des niveaux de stress au travail plus élevés que les hommes dans toutes les catégories d'âge. Les femmes âgées de 20 à 24 ans avaient trois fois plus de chances de faire état d'un stress élevé au travail que le travailleur canadien moyen.
Éléments probants extraits de Investir dans la santé des Canadiens :
- Une importante étude réalisée pour le compte de l'Organisation mondiale de la santé a permis de constater que les niveaux élevés de chômage et d'instabilité économique dans une société sont à l'origine de problèmes de santé mentale importants et d'effets néfastes sur la santé physique des personnes au chômage, de leurs familles et de leurs collectivités.
L'importance du soutien social s'étend à l'ensemble de la collectivité. La vitalité civique désigne la solidité des réseaux sociaux au sein d'une collectivité, d'une région, d'une province ou d'un pays. Elle se manifeste dans les institutions, les organisations et, de façon informelle, dans les pratiques que les gens adoptent pour partager les ressources et instaurer des liens avec les autres. L'éventail des valeurs et des normes d'une société influence à divers degrés la santé et le bien-être des personnes et des populations. De plus, la stabilité sociale, la reconnaissance de la diversité, la sécurité, les bonnes relations de travail et des collectivités qui se tiennent résultent en une société solidaire qui réduit ou évite de nombreux risques potentiels menaçant la santé.
On peut comprendre l'expression « mode de vie sain » comme désignant globalement trois dimensions interreliées du comportement des personnes : les individus; les individus dans leurs milieux sociaux (p. ex. famille, pairs, communauté, milieu de travail); la relation entre les personnes et leur milieu social. Pour améliorer la santé au moyen de modes de vie sains, on peut utiliser des approches globales selon lesquelles la santé est une question qui touche toute la société (que tout le monde a en commun). Les réactions de la société peuvent accroître les ressources du répertoire de stratégies dont se sert une personne pour composer avec les changements et améliorer sa santé.
En 1996-1997 :
- 31 % des Canadiens adultes déclaraient avoir fait du bénévolat pour des organismes sans but lucratif en 1996-1997, une augmentation de 40 % par rapport à 1987.
- Un Canadien sur deux se disait impliqué dans une organisation communautaire.
- 88 % des Canadiens avaient fait des dons, financiers ou autres, à des organismes de bienfaisance et sans but lucratif.
Éléments probants extraits du Second rapport sur la santé des Canadiens :
Aux États-Unis, on s'est aperçu que les niveaux élevés de confiance et du sentiment d'appartenance à un groupe vont de pair avec des taux de mortalité réduits.
- La violence familiale a un effet dévastateur sur la santé des femmes et des enfants, à court et à long terme. En 1996, dans 24 % de tous les cas d'assauts contre les enfants, ce sont des membres de la famille qui ont été accusés. Cette proportion était encore plus forte pour les enfants en très bas âge.
- Les femmes agressées éprouvent souvent des problèmes de santé physique et psychologique graves. Certaines sont même tuées. En 1997, 80 % des victimes d'homicide entre conjoints étaient des femmes, auxquelles il faut ajouter les 19 % de femmes tuées par un ami ou un ex-ami.
- Après avoir plafonné en 1991, le taux national de criminalité a diminué de 19 % en 1997. Toutefois, ce taux est encore plus de deux fois ce qu'il était il y a trois décennies.
L'environnement physique est un déterminant important de la santé. À certains niveaux d'exposition, les contaminants présents dans l'air, l'eau, les aliments et le sol peuvent provoquer divers effets néfastes sur la santé parmi lesquels on peut citer les cancers, les malformations à la naissance, les maladies respiratoires et les malaises gastro-intestinaux.
Dans le milieu bâti, les éléments qui concernent le logement, la qualité de l'air intérieur et la conception des agglomérations et des systèmes de transport peuvent influencer de façon marquée notre bien-être physique et psychologique.
Éléments probants extraits du Second rapport sur la santé des Canadiens :
- La prévalence de l'asthme infantile, une maladie respiratoire fortement liée à la présence de contaminants dans l'air, a augmenté sensiblement au cours des deux dernières décennies, en particulier chez les enfants de 0 à 5 ans. On estimait que quelque 13 % des garçons et 11 % des filles de 0 à 19 ans (plus de 890 000 enfants et jeunes) souffraient d'asthme en 1996-1997.
- Les enfants et les personnes qui travaillent dehors pourraient être particulièrement vulnérables aux effets sur la santé de l'appauvrissement de la couche d'ozone. Une exposition excessive aux rayons UV-B peut provoquer des coups de soleil, des cancers de la peau, un affaiblissement du système immunitaire et accroître les risques de cataractes.
Éléments probants extraits de Investir dans la santé des Canadiens :
- Il y a des liens étroits entre la pollution de l'air, y compris l'exposition à la fumée secondaire du tabac, et les problèmes de santé. Une étude réalisée dans le Sud de l'Ontario a établi une corrélation manifeste entre les hospitalisations pour maladie respiratoire au cours des mois d'été et les niveaux de sulfates et d'ozone présents dans l'air. Toutefois, il semble maintenant que les risques imputables à de petites particules, comme celles de poussière et de carbone issues de la combustion des carburants, peuvent être encore plus élevés que ceux qu'on associe à des polluants comme l'ozone. La recherche démontre en outre que les risques de cancer du poumon provoqué par la fumée secondaire du tabac sont plus importants que les risques imputables à l'ensemble des polluants dangereux dans l'air provenant de toutes les émissions industrielles réglementées.
Les habitudes de vie et les compétences d'adaptation personnelles désignent les mesures que l'on peut prendre pour se protéger des maladies et favoriser l'autogestion de sa santé, faire face aux défis, acquérir de la confiance en soi, résoudre des problèmes et faire des choix qui améliorent la santé.
Toutefois, on reconnaît de plus en plus que les « choix de vie »
personnels sont largement influencés par le milieux socio-économique dans lequel les gens vivent, apprennent, travaillent et se divertissent. En étudiant les maladies cardiaques et les enfants défavorisés, on constate de plus en plus que de puissants mécanismes biochimiques et physiologiques relient l'expérience socio-économique d'un individu et son état vasculaire ainsi que d'autres problèmes de santé.
Les habitudes de vie et les compétences d'adaptation personnelles désignent les mesures que l'on peut prendre pour se protéger des maladies et favoriser l'autogestion de sa santé, faire face aux défis, acquérir de la confiance en soi, résoudre des problèmes et faire des choix qui améliorent la santé.
Les définitions du « mode de vie »
ont trait non seulement aux choix personnels, mais aussi à l'influence des facteurs sociaux, économiques et environnementaux sur les décisions que prennent les personnes à propos de leur santé. On reconnaît de plus en plus que les « choix »
personnels relatifs au mode de vie
sont grandement influencés par les conditions socio-économiques dans lesquelles les personnes vivent, apprennent, travaillent et s'amusent. Toutefois, on reconnaît de plus en plus que les « choix de vie »
personnels sont largement influencés par le milieux socio-économique dans lequel les gens vivent, apprennent, travaillent et se divertissent.
En étudiant les maladies cardiaques et les enfants défavorisés, on constate de plus en plus que de puissants mécanismes biochimiques et physiologiques relient l'expérience socio-économique d'un individu et son état vasculaire ainsi que d'autres problèmes de santé.
Ces conditions socio-économiques ont une incidence sur le choix du mode de vie dans au moins cinq domaines : la dynamique de la vie, le stress, la culture, les relations interpersonnelles et le sentiment d'appartenance, ainsi que le
sentiment de contrôle. Les interventions qui appuient la création de milieux de soutien rendront les personnes plus capables d'opter pour un mode de vie sain dans un monde où il existe plusieurs possibilités.
Éléments probants extraits du Second rapport sur la santé des Canadiens :
- Au Canada, on estime que le tabagisme est responsable d'au moins le quart de tous les décès des adultes de 35 à 84 ans. Le taux de tabagisme a augmenté sensiblement chez les adolescents et les jeunes, en particulier chez les jeunes femmes, au cours des cinq dernières années. Chez les Autochtones, il est le double de ce qu'il est dans le reste de la population canadienne.
- Les comportements à risques multiples, notamment les combinaisons dangereuses d'alcool, de drogue et de conduite automobile, ou d'alcool, de drogue et de relations sexuelles non protégées, sont très élevés chez les jeunes, en particulier les jeunes hommes.
- Il existe un lien étroit entre le régime alimentaire en général, la consommation de gras en particulier, et certaines grandes causes de décès, dont les cancers et les maladies cardiaques. La proportion d'hommes et de femmes qui font de l'embonpoint a augmenté régulièrement au Canada entre 1985 et 1996-1997, passant de 22 à 34 % chez les hommes et de 14 à 23 % chez les femmes.
Éléments probants extraits de Investir dans la santé des Canadiens :
- Les habiletés d'adaptation, qui semblent essentiellement acquises au cours des premières années de la vie, sont également importantes pour favoriser des modes de vie sains. Il s'agit ici des habiletés que les gens utilisent pour interagir efficacement avec le monde qui les entoure, pour faire face aux situations, aux défis et au stress quotidiens. De bonnes habiletés d'adaptation permettent aux gens d'avoir confiance en eux, de résoudre les problèmes et de faire des choix éclairés pour améliorer leur santé. Ces habiletés aident les gens à affronter les défis de la vie de façon positive, sans recourir à des comportements risqués comme la consommation d'alcool et de drogues. Les recherches nous montrent que les gens qui ont un sens marqué de leur efficacité personnelle et de leur capacité d'adaptation sont ceux qui ont le plus de chances d'adopter et de conserver des comportements et des modes de vie sains.
- Voir aussi des éléments probants du rapport Social Disparities and Involvement in Physical Activity
- Voir aussi des éléments probants du rapport Améliorer la santé des Canadiens
De nouveaux éléments probants sur les effets des premières expériences sur le développement du cerveau, sur la maturité scolaire et sur la santé dans la vie ultérieure suscitent un consensus sur le fait que les premières phases du développement de l'enfant sont un déterminant puissant de sa santé pour l'avenir. Parallèlement, nous en avons appris davantage sur la façon dont tous les autres déterminants de la santé influencent le développement physique, social, mental, émotif et spirituel des enfants et des jeunes. C'est ainsi que le développement d'un jeune est fortement influencé par son logement et son voisinage, les revenus de sa famille et le niveau d'instruction de ses parents, l'accès à des aliments nutritifs et à des activités physiques, son patrimoine génétique et l'accès à des soins dentaires et médicaux.
Éléments probants extraits du Second rapport sur la santé des Canadiens :
- Les expériences vécues entre la conception et l'âge de six ans sont celles qui exercent la plus forte influence de toutes les périodes de la vie sur l'organisation et les ramifications des neurones du cerveau. Une stimulation positive au début de la vie facilite l'apprentissage et favorise de meilleurs comportements et une meilleure santé à l'âge adulte.
- La consommation de tabac et d'alcool pendant la grossesse peut avoir des conséquences graves à la naissance. L'Enquête nationale sur la santé de la population de 1996-1997 révélait qu'environ 36 % des nouvelles mères qui étaient d'anciennes fumeuses ou fumaient actuellement avaient fumé pendant leur dernière grossesse (environ 146 000 femmes). La vaste majorité d'entre elles ont déclaré ne pas avoir bu d'alcool pendant leur grossesse.
- Des liens d'affection et de sécurité entre les parents ou les pourvoyeurs de soins et les bébés au cours des 18 premiers mois de la vie aident les enfants à développer leur confiance, leur estime de soi, leur maîtrise affective et leur capacité d'entretenir des relations positives avec les autres pour leur vie ultérieure.
- Les bébés et les enfants négligés ou subissant des abus sont exposés à des risques plus élevés de blessures, à un certain nombre de problèmes de comportement social et cognitif plus tard au cours de leur vie et de décès prématuré.
Éléments probants extraits de Investir dans la santé des Canadiens :
- Il y a un lien entre le faible poids à la naissance et des problèmes durant l'enfance, mais également à l'âge adulte. Les recherches ont démontré une forte corrélation entre le niveau de revenu de la mère et le poids du bébé à la naissance. Cela ne se vérifie pas uniquement pour les groupes les plus défavorisés au plan économique. Tout au long de l'échelle des revenus, les mères ont, en moyenne, des bébés plus lourds à la naissance que les mères de la catégorie de revenus inférieure. On peut en conclure que les problèmes ne sont pas simplement le résultat d'une mauvaise nutrition et de mesures d'hygiène déficientes liées à la pauvreté, même si les problèmes les plus graves se rencontrent surtout dans les groupes aux revenus les plus faibles. Il semble que des éléments comme les habiletés d'adaptation et le sentiment de contrôle et de maîtrise sur sa vie jouent également un rôle important.
- Voir aussi des éléments probants du rapport Améliorer la santé des Canadiens
La composition biologique et organique de base de l'être humain est un élément déterminant fondamental de la santé.
Les gênes confèrent une prédisposition inhérente à une vaste gamme de réactions individuelles influençant la santé. Même si les éléments socio-économiques et environnementaux sont des déterminants importants de la santé globale, dans certains cas, le patrimoine génétique semble prédisposer certaines personnes à des maladies précises ou à des problèmes de santé particuliers.
Éléments probants extraits du Second rapport sur la santé des Canadiens :
- Des études en neurobiologie ont confirmé qu'en présence de conditions optimales du développement de l'enfant au cours de la phase d'investissement (entre la conception et l'âge de cinq ans), le cerveau se développe de façon avantageuse pour le reste de la vie.
- Le vieillissement n'est pas synonyme de mauvaise santé. Une vie active et l'accès à des possibilités d'apprentissage tout au long de la vie pourraient s'avérer particulièrement importants pour conserver la santé et la capacité cognitive en vieillissant. Des études sur le niveau d'instruction et la démence laissent entendre que le fait d'avoir étudié et d'avoir pu apprendre tout au long de sa vie peut doter le cerveau d'une réserve qui compense les pertes cognitives associées au vieillissement biologique.
Les services de santé, en particulier ceux conçus pour entretenir et favoriser la santé, pour prévenir la maladie et pour restaurer la santé et les diverses fonctions de l'Homme contribuent à la santé de la population. L'ensemble des soins offerts par ces services de santé englobe le traitement et la prévention secondaire.
Éléments probants extraits du Second rapport sur la santé des Canadiens :
- Les activités de prévention des maladies et des blessures, par exemple l'immunisation et l'utilisation de la mammographie, donnent des résultats positifs. Ces activités doivent se poursuivre si on veut réaliser des progrès.
- On a enregistré une diminution marquée de la durée moyenne des séjours en milieu hospitalier. Le fait de transférer les soins dans la collectivité et à la maison soulève par contre des préoccupations au sujet de la charge financière, physique et émotive additionnelle imposée aux familles, en particulier aux femmes. La demande de soins à domicile a augmenté dans plusieurs juridictions et on s'inquiète au sujet de l'accès équitable à ces services.
- L'accès universel aux soins de santé reste dans une très large mesure sans lien avec les revenus. Toutefois, un grand nombre de Canadiens à faibles revenus et à revenus moyens ont un accès limité ou pas d'accès du tout à des services de santé comme les soins ophtalmologiques, les soins dentaires, les conseils en santé mentale et les médicaments d'ordonnance.
Le mot sexe fait ici référence à toute la gamme de rôles déterminés par la société, de traits de personnalité, d'attitudes, de comportements, de valeurs, de l'influence relative et du pouvoir relatifs que la société attribue aux deux sexes en les différenciant.
Les normes associées aux sexes influencent les pratiques et les priorités du système de santé. Un grand nombre de problèmes de santé sont fonction de la situation sociale ou des rôles des deux sexes.
Éléments probants extraits du Second rapport sur la santé des Canadiens :
- Les hommes sont plus exposés à un décès prématuré que les femmes, dans une large mesure du fait des maladies cardiaques, des blessures mortelles accidentelles, des cancers et du suicide. Le nombre d'années de vie éventuellement perdues avant l'âge de 70 ans est pratiquement eux fois plus élevé chez les hommes que chez les femmes et environ trois fois plus élevés chez les hommes âgés de 20 à 34 ans.
- Alors que les femmes vivent plus longtemps que les hommes, elles sont plus exposées à la dépression, à un stress excessif (souvent dû aux efforts pour équilibrer les vies professionnelle et familiale), à des maladies chroniques comme l'arthrite et les allergies, à des blessures et au décès imputables à la violence familiale.
- Si les taux globaux de décès par cancer ont diminué pour les hommes, ils sont restés relativement constants chez les femmes, essentiellement à cause de l'augmentation du nombre de décès par cancer du poumon. Les jeunes filles ont maintenant davantage tendance à fumer que les garçons. Si l'augmentation du taux de tabagisme chez les jeunes femmes n'est pas combattue, les taux de cancer du poumon chez elles continueront à augmenter chez ces dernières.
Consultez également les articles sur La santé des femmes en milieu rural, éloigné ou nordique et l’article How being Black and female affects your health.
Certaines personnes et certains groupes peuvent faire face à des risques additionnels pour leur santé à cause d'un milieu socio-économique déterminé dans une large mesure par des valeurs culturelles dominantes contribuant à perpétuer certaines conditions comme la marginalisation, la stigmatisation, la perte ou la dévaluation de la langue et de la culture et le manque d'accès à des soins et services de santé adaptés à la culture du patient.
Éléments probants extraits du Second rapport sur la santé des Canadiens :
- Malgré des améliorations importantes depuis 1979, les taux de moralité infantile chez les Autochtones, en 1994, étaient encore deux fois plus élevés que ceux de l'ensemble de la population canadienne. La prévalence des grandes maladies chroniques, notamment le diabète, les problèmes cardiaques, les cancers, l'hypertension, l'arthrite et les rhumatismes est aussi sensiblement plus élevée dans les milieux autochtones et semble être en augmentation.
- En comparant les groupes ethniques, on constate que les taux les plus élevés de suicide se trouvent chez les Inuit, avec un taux de 70 par 100 000 personnes, alors qu'il est de 29 par 100 000 chez les Dénés et de 15 par 100 000 chez tous les autres groupes ethniques, composés essentiellement de personnes qui ne sont pas autochtones.
- L'Enquête longitudinale nationale sur les enfants de 1996-1997 a permis de constater que de nombreux enfants d'immigrants et de réfugiés obtenaient de meilleurs résultats dans le domaine affectif et académique que les enfants nés de parents canadiens, même si une proportion plus élevée d'entre eux vivaient dans des ménages à plus faible revenu. Cette étude laisse entendre que la pauvreté peut avoir une signification différente pour la population née au Canada et pour les immigrants nouvellement arrivés au pays. L'espoir d'un avenir meilleur pour les immigrants réduit les effets de la pauvreté ; le désespoir ressenti par les pauvres de la culture majoritaire accentue ces effets.
- Voir aussi des éléments probants du rapport Améliorer la santé des Canadiens
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