Pratiques de base et précautions additionnelles visant à prévenir la transmission des infections dans les milieux de soins

Introduction

Énoncé d’introduction

L'Agence de la santé publique du Canada (ASPC) élabore des lignes directrices sur la prévention et le contrôle des infections, qui présentent des recommandations fondées sur des données probantes qui compléteront les efforts des gouvernements provinciaux et territoriaux en matière de santé publique visant à la surveillance, à la prévention et au contrôle des infections associées aux soins de santé. Ces lignes directrices appuient les professionnels qui s’occupent de la prévention et du contrôle des infections, les organismes de soins de santé et les fournisseurs de soins de santé dans l’élaboration, la mise en œuvre et l'évaluation de politiques, de procédures et de programmes de prévention et de contrôle des infections afin d'améliorer la qualité et la sécurité des soins de santé et des résultats pour les patients.

Le but de cette ligne directrice fédérale, intitulée Pratiques de base et précautions additionnelles visant à prévenir la transmission des infections dans les milieux de soins, est d’offrir un cadre propice à l’élaboration de politiques et de procédures pour les pratiques de base et des précautions additionnelles dans les milieux de soins.

Par définition, les lignes directrices comprennent des principes et des recommandations, et ne devraient pas être considérées comme des normes rigides. Dans la mesure du possible, cette Ligne directrice repose sur des résultats de recherche. Dans certains domaines, lorsque les travaux de recherche publiés ne sont pas suffisants, on s'est fondé sur l'opinion concertée d'experts dans le domaine pour fournir des recommandations pertinentes dans la pratique. Les présentes lignes directrices peuvent être adaptées afin de répondre aux exigences locales, provinciales ou territoriales.

L’information communiquée dans la présente ligne directrice était à jour au moment de sa publication. Compte tenu de l’évolution constante des connaissances scientifiques et de la technologie médicale, des recherches et des révisions seront nécessaires pour rendre compte des progrès réalisés.

Utilisateurs cibles

Cette ligne directrice vise à aider les professionnels en prévention et en contrôle des infections et tous les autres fournisseurs de soins de santé responsables de l'élaboration de politiques et de procédures liées aux pratiques de base et aux précautions additionnelles dans tous les milieux de soins, que ce soit en soins de courte ou de longue durée, en soins ambulatoires, en soins à domicile ou en soins préhospitaliers. Cette ligne directrice ne sert qu’aux milieux où des soins de santé sont dispensés.

Groupe de travail sur la ligne directrice

Les lignes directrices intitulées Pratiques de base et précautions additionnelles visant à prévenir la transmission des infections dans les milieux de soins font partie d'une série de lignes directrices pour la prévention et le contrôle des infections élaborées par l’ASPC à l’aide de conseils d'experts technique membres du groupe de travail du Comité directeur des lignes directrices pour la prévention et le contrôle des infections de l’ASPC. Le groupe de travail sur la ligne directrice comprenait des représentants du domaine des maladies infectieuses chez les enfants et les adultes, d’épidémiologistes travaillant en milieu hospitalier, des professionnels de la prévention et du contrôle des infections en soins de courte et de longue durée, ainsi que des professionnels dans les domaines des soins à domicile, de la santé publique, de la microbiologie médicale, de la santé au travail, de l'inhalothérapie et des interventions en cas d'urgence. Les membres du groupe de travail sur la ligne directrice étaient les suivants :

  • Dr Geoffrey Taylor (président), professeur de médecine, Division of Infectious Diseases, University of Alberta, Edmonton (Alberta)
  • Sandra Boivin, B.Sc.Inf., agente de planification, programmation et recherche, Direction de la Santé publique des Laurentides, Saint-Jérôme (Québec)
  • M. Greg Bruce, assistant en soins médicaux avancés d'urgence, superviseur de peloton, County of Simcoe Paramedic Services, Midhurst (Ontario)
  • Mme Nan Cleator, IA, conseillère nationale de l'exercice de la profession, Infirmières de l'Ordre de Victoria (VON) du Canada, Huntsville (Ontario)
  • Mme Jennifer Drummond, spécialiste en programmes, GSICU/Burns Respiratory, Edmonton (Alberta)
  • Dre Bonnie Henry, médecin épidémiologiste et professeure adjointe, School of Population & Public Health, Université de la Colombie-Britannique, BC Centre for Disease Control, Vancouver (Colombie-Britannique)
  • M. Dany Larivée, B.Sc.Inf., coordonnateur de la prévention des infections, Hôpital Montfort, Ottawa (Ontario)
  • Dre Dorothy Moore, Division des maladies infectieuses, Hôpital de Montréal pour enfants, Montréal (Québec)
  • Dre Donna Moralejo, professeure agrégée, Memorial University School of Nursing, St. John's (Terre-Neuve-et-Labrador)
  • Mme Catherine Munford, IA, CIC, coordonnatrice de la prévention des infections, soins de longue durée, Victoria General Hospital, Victoria (Colombie-Britannique)
  • Mme JoAnne Seglie, IA, COHN-S, directrice de la santé au travail, University of Alberta Campus, Office of Environment Health and Safety, Edmonton (Alberta)
  • Dr Pierre St-Antoine, Health Science Centre, Centre Hospitalier de l'Université de Montréal, Hôpital Notre-Dame, Microbiologie, Montréal (Québec)
  • Dr Joseph Vayalumkal, Department of Pediatrics Division of Infectious Diseases, Alberta Children's Hospital, Calgary (Alberta)
  • Dre Mary Vearncombe, directrice médicale, prévention et contrôle des infections, Sunnybrook Health Sciences Centre, Toronto (Ontario)
 

Aperçu

Les présentes lignes directrices ont pour objet de définir et de promouvoir les pratiques et les précautions à suivre en matière de prévention et de contrôle des infections (PCI) en vue de prévenir la transmission de microorganismes dans les milieux de soins, à l'exception des milieux de greffe de moelle osseuse. Les caractéristiques d'un environnement protecteur dans les unités de transplantation de moelle osseuse sont énoncées dans le document de 2007 du Healthcare Infection Control Practices Advisory Committee des États-Unis, intitulé Guideline for Isolation Précautions: Preventing Transmission of Infectious Agents in Healthcare Settings. Les lignes directrices pour la prévention des infections concernant la maladie de Creutzfeldt-Jakob classique au Canada sont fournies dans des publications distinctes de l'Agence de la santé publique du Canada (anciennement de Santé Canada).

Aux fins du présent document, un milieu de soins est un lieu où des soins de santé sont dispensés, notamment les soins d'urgence, les soins préhospitaliers, les soins hospitaliers, les soins de longue durée (SLD), les soins à domicile, les soins ambulatoires et les établissements et lieux communautaires où des soins sont dispensés (p. ex. les infirmeries scolaires, les établissements résidentiels ou correctionnels). On devrait noter que les définitions des milieux se chevauchent, car certains milieux offrent toute une gamme de soins (p. ex. les soins aux malades chroniques et les soins ambulatoires dispensés dans les établissements de soins de courte durée, les soins complexes dispensés dans les établissements de soins de longue durée). Il faut souligner que les soins de courte durée comprennent les milieux de soins ambulatoires, comme les services des urgences des hôpitaux, et les interventions chirurgicales (ambulatoires) ou autres interventions ambulatoires invasives autonomes ou associées à un établissement (p. ex. les unités d'endoscopie, d'hémodialyse, les unités de soins ambulatoires pour blessés). Les travailleurs de la santé (TS) sont les personnes qui dispensent des soins de santé ou des services de soutien, comme les infirmières, les médecins, les dentistes, les infirmières praticiennes, les ambulanciers paramédicaux et, parfois, les premiers intervenants, les professionnels paramédicaux, les fournisseurs de soins de santé non réglementés, les enseignants cliniques et les étudiants, le personnel bénévole et le personnel chargé de l’entretien ménager. Les travailleurs de la santé assument des responsabilités à divers niveaux selon les soins de santé prodigués, leur niveau de scolarité et les fonctions précises de leur emploi.

Ces lignes directrices s'adressent aux professionnels en prévention des infections (PPI). Il est recommandé aux personnes qui manquent d'expérience dans le domaine de la PCI, de faire appel aux compétences des PPI de leur organisation ou de leur région. Les présentes lignes directrices peuvent permettre d'élaborer des recommandations précises pour une région donnée qui soient adaptées aux particularités locales, telles que le type des établissements existants, le risque de contracter une infection, la nature des milieux de soins, le type de soins et le niveau d'éducation et de sensibilisation des TS qui dispensent les soins.

Aux fins du présent document, le terme « patient » inclut les personnes qui reçoivent des soins de santé et que l'on désigne traditionnellement ou généralement par les termes patient, client ou résident. Ce document comprend les principes nécessaires à la prévention de la transmission de microorganismes d'un patient à l'autre, d'un patient à un TS et d'un TS à un patient sur tout le continuum des soins. On y trouve des principes relatifs à la transmission, ainsi que des pratiques de base et des précautions additionnelles, pour les milieux de soins de courte durée, de soins de longue durée, de soins préhospitaliers et de soins à domicile.

La présente révision préconise l'application systématique de pratiques de base sur tout le continuum des soins et énonce les modifications apportées à l'application des précautions additionnelles dans les milieux autres que les soins de courte durée. Les pratiques de base devraient être incorporées aux soins quotidiens dispensés aux patients. La politique de l'organisme devrait prévoir : i) l'éducation des TS au sujet des principes liés aux pratiques de base et aux précautions additionnelles; ii) le matériel et les fournitures nécessaires pour mettre les principes en œuvre et iii) un moyen de surveillance, d'encouragement et de soutien de la conformité.

L'application des pratiques de base et des précautions additionnelles est fondée sur une évaluation du risque au point de service (ERPS). Chaque TS est tenu d'effectuer une ERPS avant chaque interaction avec un patient ou avec l'environnement du patient et de s'assurer que les mesures de contrôle appropriées (c.-à-d. les pratiques de base et, si nécessaire, les précautions additionnelles) sont en place pour prévenir la transmission de microorganismes.

Le présent document remplace la version de 1999 des Pratiques de base et précautions additionnelles visant à prévenir la transmission des infections dans les établissements de santé. Les principaux changements apportés à la version de 1999 de ce document sont les suivants :

  • Les travailleurs de la santé sont censés utiliser au point de service un désinfectant pour les mains à base d'alcool (DMBA) à titre de méthode privilégiée d'hygiène des mains dans tous les milieux de soins, à moins qu’une exception ne s’applique (c.-à-d. lorsque les mains sont visiblement souillées par des matières organiques ou si l’exposition à un norovirus et à des agents pathogènes sporulés comme Clostridium difficile est fortement soupçonnée ou avérée, y compris au cours d’éclosions impliquant ces organismes).
  • Les chambres de malades hospitalisés individuelles sont préférées aux chambres communes et comprennent des toilettes et un lavabo à l'usage du patient, ainsi que des lavabos réservés au lavage des mains à l'usage du personnel de soins.
  • L'hygiène respiratoire, une stratégie comprenant diverses mesures visant à réduire au minimum la transmission des agents pathogènes des voies respiratoires sur tout le continuum des soins, a été mise en œuvre.
  • La recommandation concernant la séparation spatiale entre un patient atteint d'une infection respiratoire transmissible par gouttelettes présumée ou confirmée qui tousse (source infectée) et un autre patient non atteint de cette infection (hôte réceptif) est passée de 1 mètre à 2 mètres. Lorsque l'on évalue les risques, il se peut qu'une distance de 1 mètre soit suffisante pour les jeunes enfants et les autres patients dont la toux n'est pas assez forte pour projeter les gouttelettes à 2 mètres.
  • La recommandation que les patients adultes atteints d’une infection respiratoire virale connue ou présumée (pratique actuelle en pédiatrie) devraient être soumis à des précautions contre la transmission par contact et par gouttelettes a été modifiée.
  • Des stratégies ont été mises en œuvre pour réduire la production d'aérosols au cours des interventions médicales générant des aérosols (IMGA) sur les patients qui présentent des signes et des symptômes de tuberculose (TB) présumée ou confirmée, de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) présumé ou confirmé ou d'infection respiratoire présumée ou confirmée avec agent pathogène des voies respiratoires émergent. On devrait également mettre en œuvre des stratégies de réduction de la production d'aérosols lorsque des IMGA doivent être effectuées sur des patients atteints de fièvre hémorragique virale. Des pratiques de base et des précautions contre la transmission par gouttelettes, comme il est indiqué, devraient être suivies pour les IMGA effectuées sur les autres patients.
  • On a réaffirmé que les TS devraient respecter une technique aseptique pour les interventions invasives et pour la manipulation et l'administration des médicaments à prendre par voie parentérale et des systèmes intraveineux.
  • Les organisations de soins de santé sont tenues d'effectuer une évaluation du risque organisationnel (ERO), c'est-à-dire d'évaluer l'environnement des soins de santé afin de déterminer le risque d'exposition aux microorganismes et de mettre en œuvre les mesures de contrôle appropriées (p. ex. conception des établissements de santé, nettoyage, désinfection et stérilisation du matériel de soins aux patients).
  • On insiste sur le fait que les TS devraient effectuer une ERPS avant chaque interaction avec un patient, en tenant compte du patient, de son environnement et de la nature de l'interaction.
  • Le présent document est divisé en trois sections principales, les parties A à C et la partie D, qui comprend les annexes.

Détails de la page

Date de modification :