Produits sanguins, immunoglobulines humaines et moment de l'immunisation : Guide canadien d'immunisation

Pour les professionnels de la santé

Avis

  • Ce chapitre du GCI n'a pas été mis à jour pour contenir des informations sur les vaccins contre la COVID-19. Pour ces informations, voir le chapitre Vaccin contre la COVID-19.

Dernière révision complète du chapitre : décembre 2013

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Considérations générales

Les produits sanguins d'origine humaine contiennent des quantités importantes d'anticorps dirigés contre les agents infectieux qui sont répandus dans l'ensemble de la population, comme le virus de la rougeole ou le virus varicelle-zona; ces anticorps sont présents par suite d'une maladie naturelle ou d'une vaccination. Par conséquent, les préparations d'immunoglobulines et certains produits sanguins peuvent entraver la réaction immunitaire aux vaccins vivants à administration parentérale s'ils sont administrés en même temps que le vaccin, peu avant ou peu après. La durée de cette interférence à la réaction immunitaire aux vaccins dépend de la quantité d'anticorps présente dans la préparation d'immunoglobulines ou le produit sanguin. Les exceptions sont les anticorps monoclonaux dirigés contre le virus respiratoire syncytial (Ac anti-VRS) et la transfusion de globules rouges lavés (que l'on utilise peu souvent). Ces produits ne nuisent pas à la réponse aux vaccins vivants, car la solution Ac anti-VRS ne contient que des anticorps dirigés contre le virus respiratoire syncytial et la solution de globules rouges lavés ne contient qu'une quantité négligeable d'anticorps.

L'interaction entre les produits sanguins ou les préparations d'immunoglobulines et les vaccins suivants est minime ou nulle :

  • Vaccin inactivé
  • Vaccin vivant administré par voie orale (rotavirus, typhoïde par voie orale)
  • Vaccin vivant administré par voie intranasale (vaccin antigrippal vivant atténué)
  • Vaccin bacille de Calmette-Guérin (BCG)
  • Vaccin contre la fièvre jaune

Ces vaccins peuvent être administrés en même temps qu'une préparation d'immunoglobulines ou un produit sanguin, ou à tout moment avant ou après. Si un vaccin à administration parentérale et une préparation d'immunoglobulines (voie intramusculaire) sont administrés en même temps, il faut les administrer à des points d'injection différents et à l'aide d'une aiguille et d'une seringue distinctes.

Veuillez consulter les chapitres portant sur les vaccins pertinents de la partie 4 pour obtenir de plus amples renseignements.

Vaccin contre la rougeole, la rubéole et les oreillons; vaccin contre la rougeole, la rubéole, les oreillons et la varicelle; vaccin monovalent contre la varicelle

Des lignes directrices concernant l'intervalle entre l'administration d'une préparation d'immunoglobulines ou d'un produit sanguin et une vaccination subséquente contre la rougeole, les oreillons et la rubéole, une vaccination contre la rougeole, les oreillons, la rubéole et la varicelle ou une vaccination monovalente contre la varicelle ont été élaborées par suite du potentiel de réduction de l'efficacité du vaccin si les immunoglobulines sont administrées en même temps que le vaccin, peu avant ou peu après; il convient de noter que l'administration par erreur d'immunoglobulines en même temps que le vaccin, peu avant ou peu après ne soulève aucune préoccupation supplémentaire sur le plan de l'innocuité. Pour créer une réponse immunitaire maximale à un vaccin contre la rougeole, la rubéole et les oreillons (RRO), à un vaccin contre la rougeole, la rubéole, les oreillons et la varicelle (RROV) ou à un vaccin monovalent contre la varicelle, il convient d'administrer le vaccin au moins 14 jours avant l'administration d'une préparation d'immunoglobulines ou d'un produit sanguin, ou après la dégradation des anticorps contenus dans la préparation d'immunoglobulines ou le produit sanguin (voir Tableau 1). Si l'intervalle entre l'administration du vaccin et l'administration subséquente d'une préparation d'immunoglobulines ou d'un produit sanguin est inférieur à 14 jours, ou si le vaccin est administré avant la dégradation des anticorps, il faudra administrer le vaccin de nouveau après l'intervalle recommandé. L'intervalle recommandé entre l'administration d'une préparation d'immunoglobulines ou d'un produit sanguin et une vaccination subséquente varie selon la préparation d'immunoglobulines et le produit sanguin en question (voir Tableau 1). L'intervalle recommandé entre les vaccins vivants à administration parentérale devrait également être respecté lorsqu'un vaccin est administré de nouveau.

Les personnes souffrant de maladies chroniques qui doivent recevoir un traitement sous-cutané continu par immunoglobulines ne devraient pas être immunisées par un vaccin RRO, un vaccin RROV ou un vaccin monovalent contre la varicelle (consulter la note de bas de page 1 du Tableau 1). Les personnes ayant subi une chirurgie cardiaque avec circulation extracorporelle auront reçu des concentrés de globules rouges ou des plaquettes, et elles auront peut-être reçu du plasma congelé. On leur a peut-être même administré d'autres produits sanguins dans l'unité de soins intensifs après leur chirurgie. Ces personnes devraient attendre sept mois après leur date de congé de l'unité de soins intensifs avant de recevoir un vaccin RRO, un vaccin RROV ou un vaccin monovalent contre la varicelle.

Tableau 1 : Lignes directrices concernant les intervalles recommandés entre l'administration de préparations d'immunoglobulines ou de produits sanguins et celle du vaccin contre la rougeole, la rubéole et les oreillons (RRO), du vaccin contre la rougeole, la rubéole, les oreillons, la varicelle (RROV) ou du vaccin monovalent contre la varicelle
Immunoglobuline ou produit sanguin Dose, voie Intervalle recommandé entre la réception d'immunoglobulines ou d'un produit sanguin et l'administration subséquente d'un vaccin RRO, d'un vaccin RROV ou d'un vaccin monovalent contre la varicelle (mois)
Immunoglobuline humaine standardTableau 1 - Note de bas de page 1
Immunoglobulines (Ig) De 0,02 à 0,06 ml/kg, intramusculaire 3
0,25 ml/kg, intramusculaire 5
0,50 ml/kg, intramusculaire 6
Immunoglobuline intraveineuse (IgIV) De 300 à 400 mg/kg, intraveineuse 8
1 000 mg/kg, intraveineuse 10
2 000 mg/kg, intraveineuse 11
Produits de transfusion sanguine
Produits de plasma et de plaquettes 10 ml/kg, intraveineuse 7
Sang entier 10 ml/kg, intraveineuse 6
Concentré de globules rouges 10 ml/kg, intraveineuse 5
Globules rouges reconstitués 10 ml/kg, intraveineuse 3
Globules rouges lavésTableau 1 - Note de bas de page 2 10 ml/kg, intraveineuse 0
Immunoglobulines humaines spécifiques
Immunoglobulines du cytomégalovirus 150 mg/kg, intraveineuse 6
Immunoglobulines anti-hépatite B (IgHB) 0,06 ml/kg, intramusculaire 3
Immunoglobuline antirabique (RIg) 20 UI/kg, intramusculaire 4
Immunoglobuline anti-Rh (RhIg) 300 mcg, intramusculaire 3Tableau 1 - Note de bas de page 3
Immunoglobuline antitétanique (TIg) 250 unités, intramusculaire 3
Immunoglobuline contre la varicelle (VarIg) 125 UI/10 kg, intramusculaire 5
Immunoglobulines spécifiques (anticorps monoclonal humanisé)
Anticorps monoclonal contre le virus respiratoire syncytial (palivizumab) (Ac anti-VRS) 15 mg/kg/mois, intraveineuse 0

Immunoglobuline anti-Rh (RhIg)

Une évaluation des avantages et des risques est requise chez les femmes ayant accouché qui ont reçu des RhIg et qui doivent recevoir le vaccin RRO ou le vaccin monovalent contre la varicelle. Le risque d'efficacité réduite du vaccin par suite de l'interférence découlant des besoins en RhIg doit être examiné en fonction du besoin de protection contre la maladie évitable par la vaccination. Pour optimiser la réponse au vaccin, les femmes réceptives à la rubéole, à la rougeole ou à la varicelle qui reçoivent des RhIg au cours de la période périnatale devraient généralement attendre trois mois avant de recevoir le vaccin RRO ou le vaccin contre la varicelle.

Cependant, s'il existe un risque d'exposition à la rubéole, à la rougeole ou à la varicelle, si une nouvelle grossesse est possible dans les trois mois suivant l'accouchement ou s'il est possible que les vaccins ne puissent pas être administrés à une date ultérieure, le vaccin RRO ou le vaccin monovalent contre la varicelle (ou les deux) peuvent être administrés avant de recevoir le congé de l'hôpital. Dans un tel contexte, les tests sérologiques pour détecter la présence d'anticorps aux antigènes du vaccin doivent être effectués trois mois plus tard, et les femmes non immunisées devraient être vaccinées de nouveau. Advenant le cas où une femme ayant accouché reçoit le vaccin RRO ou le vaccin contre la varicelle (ou les deux) dans les 14 jours précédant son administration de RhIg, des tests sérologiques de dépistage de la rougeole, des oreillons, de la rubéole ou de la varicelle devraient être effectués trois mois plus tard, et la femme devrait être vaccinée de nouveau si elle n'est pas immunisée.

Vaccin contre la fièvre jaune

Les titres d'anticorps de base contre l'agent de la fièvre jaune sont faibles en Amérique du Nord. Par conséquent, une préparation d'immunoglobulines ou un produit sanguin préparé à partir de dons de sang au Canada ou aux États-Unis risquent peu de nuire à la vaccination contre la fièvre jaune.

Références choisies

  • Centers for Disease Control and Prevention. Health Information for International Travel 2012. The Yellow Book. [consulté en août 2012]. Accès : http://wwwnc.cdc.gov/travel/page/yellowbook-2012-home.htm.
  • Centers for Disease Control and Prevention. General recommendations on immunization: recommendations of the Advisory Committee on Immunization Practices (ACIP). MMWR Morb Mortal Wkly Rep 2011;60(RR-02):1-61.

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