Actualités sur les maladies infectieuses : juin 2015 (S4)

RMTC

Volume 41S-4, le 18 juin 2015 : Gestion des antimicrobiens

Actualités sur les maladies infectieuses

L'innovation pour contrer la résistance aux antimicrobiens

Ling LL, Schneider T, Peoples AJ, Spoering AJ, Engels I, Conlon BP, et al. A new antibiotic kills pathogens without detectable resistance. Nature. 2015;517:455–9. doi:10.1038/nature14098
http://www.nature.com/nature/journal/vaop/ncurrent/full/nature14303.html (En anglais seulement)

La résistance aux antibiotiques progresse plus rapidement que l'introduction de nouveaux composés dans la pratique clinique, ce qui cause une crise de la santé publique. La plupart des antibiotiques étaient produits en tamisant le sol pour recueillir les micro-organismes, mais cette ressource limitée de bactéries cultivables était épuisée dans les années 1960. Les méthodes synthétiques de production des antibiotiques n'ont pas pu remplacer cette plateforme. Les bactéries non cultivées représentent environ 99 % de toutes les espèces des environnements externes et sont une source inexploitée de nouveaux antibiotiques. Nous avons mis au point plusieurs méthodes pour développer des organismes non cultivés par culture in situ ou à l'aide de facteurs de croissance précis. Nous signalons dans le présent numéro un nouvel antibiotique que nous appelons teixobactine, découvert au cours du dépistage des bactéries non cultivées. La teixobactine inhibe la synthèse de la paroi cellulaire en se fixant à un motif bien conservé du lipide II (précurseur du peptidoglycane) et du lipide III (précurseur des acides teichoïques de la paroi cellulaire). Nous n'avons obtenu aucun mutant de Staphylococcus aureus ou de Mycobacterium tuberculosis résistant à la teixobactine. Les propriétés de ce composé montrent la voie vers la mise au point d'antibiotiques susceptibles d'éviter l'apparition de la résistance.

Arias CA, Murray BE. A new antibiotic and the evolution of resistance. New Engl JMed. 2015;372:1168–70.
http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMcibr1500292 (En anglais seulement)

L'apparition de la résistance aux antibiotiques menace notre capacité à prendre soins des patients et fait partie des principales menaces pour la santé publique du XXIe siècle; cependant, la production de nouveaux antibiotiques est une tâche décourageante. Dans ce paysage sombre, un rapport récent de Ling et al. a apporté un rayon de lumière. Les auteurs, grâce à la puce d'isolement (iChip), ont été en mesure de cultiver des micro-organismes du sol qui n'avaient pas encore été cultivés in vitro. Les innombrables minuscules chambres remplies d'agar de l'iChip ont été ensemencées de dilutions de sol contenant environ une bactérie par chambre, et ont été ensuite couvertes par une membrane semi-perméable et remis dans le sol, permettant aux nutriments de se diffuser dans les chambres. La teixobactine semble agir en formant un complexe avec les précurseurs du peptidoglycane et des acides teichoïques de la paroi cellulaire des bactéries gram positif. Ces travaux représentent de remarquables progrès dans la découverte d'antibiotiques qui ciblent les bactéries gram positif et M. tuberculosis. (Cependant), si l'histoire nous a appris une leçon au sujet de la résistance, c'est que l'absence de sélection de la résistance à la teixobactine in vitro devrait être examinée avec une grande prudence. Des allégations semblables ont été présentées dans le cas de la vancomycine. Pour l'instant, toutefois, nous devons profiter de cette expansion du bassin d'organismes testables.

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