Gestion

RMTC

Volume 41S-4, le 18 juin 2015 : Gestion des antimicrobiens

Éditorial

L'importance de la gestion

Taylor G1*

Affiliation

1 Sous-administrateur en chef de la santé publique, Agence de la santé publique du Canada, Ottawa (Ontario)

Correspondance

Gregory.Taylor@phac-aspc.gc.ca

DOI

https://doi.org/10.14745/ccdr.v41is4a01f

Résumé

La résistance aux antimicrobiens est une menace croissante pour la santé publique qui, parfois, peut sembler impossible à contrer. Cependant, au cours des dernières années, d'importants progrès ont été réalisés pour s'attaquer au problème au Canada et dans le monde entier. Notre Plan d'action fédéral sur la résistance et le recours aux antimicrobiens au Canada a relevé trois piliers pour contrer la résistance aux antimicrobiens : surveillance, gestion et innovation. Ce supplément présente quelques exemples de programmes de gestion efficaces pour la collectivité, les médecins et les organisations de soins de santé; cette liste est loin d’être exhaustive. Puisque nous savons que les programmes de gestion efficaces sont possibles, il est important de poursuivre ce travail dans l'ensemble du pays. Chaque succès apporte une contribution, et les succès multiples peuvent créer un effet de synergie susceptible d'entraîner un changement dans les attentes des patients et les habitudes de prescription. Nos agents antimicrobiens sont une ressource précieuse. Il vaut bien la peine de contribuer à cette synergie et de favoriser une culture de gestion afin que les agents antimicrobiens continuent d'être efficaces pour les générations à venir.


L'Organisation mondiale de la Santé a déterminé que la résistance aux antimicrobiens est l'une des principales menaces pour la santé publique au XXIe siècleNote de bas de page 1. Les causes de la résistance sont multiples et complexes, et les solutions peuvent parfois sembler difficiles à appliquer. La bonne nouvelle, c'est que nous avons fait des progrès dans la réduction de l'utilisation des antibiotiques au cours des dernières années, au Canada et dans le monde entier. Au Canada, un grand travail est en cours à l'échelle provinciale, territoriale et fédérale. Le récent plan d'action fédéral définit trois piliers pour contrer la résistance aux antimicrobiens : surveillance, gestion et innovationNote de bas de page 2. L'un des numéros précédents de la revue traitait de la surveillanceNote de bas de page 3. Ce numéro aborde l'importance de la gestion, soit la planification et la gestion responsables de l'utilisation des antibiotiques.

L'un des principaux objectifs des programmes de gestion consiste à découvrir des façons de réduire l'utilisation des antibiotiques et d'appuyer les changements nécessaires à cet effet. Par exemple, « Des pilules contre tous les microbes? » est un programme éducatif communautaire qui comprend des ressources dont le message à l'intention des professionnels de la santé, des enfants et de leurs parents ou personnes soignantes et enseignants, des employeurs et des travailleurs, des établissements de soins de longue durée et du grand public est cohérent. Grâce à des messages communs, au réseautage, à l'harmonisation des intérêts et à la découverte d'économies de coûts grâce aux partenariats et aux économies d'échelle, ce programme a commencé à documenter des réductions systématiques dans la prescription des antibiotiquesNote de bas de page 4.

« Choisir avec soin » est une campagne menée par les médecins pour engager la conversation avec les médecins et les patients sur les soins inutiles, y compris l'utilisation excessive des antibiotiques. Les médecins ont élaboré des recommandations sur les mesures à prendre pour réduire la prescription d'antibiotiques, ainsi que des documents éducatifs fondés sur des données probantes visant à faciliter la discussion importante entre les médecins et les patients au sujet des avantages que présente la modération de l'utilisation des antibiotiquesNote de bas de page 5.

Les programmes de gestion des antimicrobiens en milieu hospitalier se sont développés depuis que la gestion des antimicrobiens fait partie des exigences d'agrément des hôpitauxNote de bas de page 6. Cependant, il est difficile de trouver le temps et les ressources nécessaires pour élaborer et maintenir ces programmes. Le présent numéro comprend la description d'un programme particulièrement efficace en Ontario, qui a commencé sous forme de programme doté d'importantes ressources établi dans un hôpital universitaire, et qui a ensuite été mis à profit et partagé avec d'autres hôpitaux universitaires et communautaires, en particulier les services de soins intensifsNote de bas de page 7. Des communautés de pratique régionales en matière de gestion des antimicrobiens sont désormais établies et affichent déjà quelques indicateurs de succès initiaux.

La bonne nouvelle, c'est que ces programmes semblent être très bien acceptés. Par exemple, dans une récente étude canadienne sur les médecins en soins intensifs, 86 % des personnes interrogées ont convenu qu'un programme de gestion des antimicrobiens était avantageux pour les patients de leur service de soins intensifs, et 81 % d'entre elles ont signalé que le programme améliorait leurs connaissances concernant les agents antimicrobiens appropriés à utiliser en milieu de soins intensifsNote de bas de page 8.

Il ne s'agit là que d'un échantillon de quelques-uns des travaux novateurs qui se déroulent à l'échelle du Canada pour promouvoir la gestion des antibiotiques. De nombreuses autres initiatives ont connu un succès égal ou sont en cours. Il ne s'agit pas de sous-estimer les défis qui restent à relever pour trouver le temps et les ressources nécessaires pour élaborer des programmes efficaces. Mais il est important de noter que l'effet des travaux en cours est additif et synergique. Chaque succès apporte une contribution, et les succès accumulés au fil du temps mènent à un changement dans les attentes et les habitudes de prescription. Ce changement sera peut-être progressif dans les premiers temps, mais au fur et à mesure qu'il gagnera du terrain, une nouvelle norme sera établie.

La résistance aux antimicrobiens nous accompagnera encore pendant quelque temps, mais nous faisons de grands progrès. Nous avons tous un rôle à jouer pour promouvoir la gestion des antimicrobiens. En combinant nos efforts, nous pouvons contribuer à ce que les agents antimicrobiens continuent d'être efficaces pour les générations à venir.

Conflit d’intérêts

Aucun.

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