Connaissance de l’hépatite C par les fournisseurs de soins de santé


Publié par : L’Agence de la santé publique du Canada
Numéro : Volume 44-7/8 : Pouvons-nous éliminer l'hépatite C?
Date de publication : 5 juillet 2018
ISSN : 1719-3109
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Volume 44-7/8, le 5 juillet 2018 : Pouvons-nous éliminer l'hépatite C?
Examen de la portée
Conscience et connaissance de l'hépatite C chez les fournisseurs de soins de santé et la population en général : examen de la portée
S Ha1, K Timmerman1
Affiliation
1 Centre de la lutte contre les maladies transmissibles et les infections, Agence de la santé publique du Canada, Ottawa (Ontario)
Correspondance
Citation proposée
Ha S, Timmerman K. Conscience et connaissance de l'hépatite C chez les fournisseurs de soins de santé et la population en général : examen de la portée. Relevé des maladies transmissibles au Canada 2018;44(7/8):175-85. https://doi.org/10.14745/ccdr.v44i78a02f
Mots-clés : conscience, connaissance, hépatite C, revue exploratoire de la documentation, fournisseurs de soins de santé
Résumé
Contexte : La Stratégie mondiale du secteur de la santé vise à éliminer d’ici 2030 la menace à la santé publique qu’est l’hépatite. Le virus de l’hépatite C (VHC) peut être difficile à détecter, car l’infection peut demeurer asymptomatique pendant des décennies. Souvent, les personnes atteintes ne se voient pas offrir ni ne recherchent de test de dépistage jusqu’à ce que les symptômes se manifestent. Cet état de fait souligne l’importance d’accroître la conscience et les connaissances auprès des fournisseurs de soins de santé et de la population en général afin d’atteindre les objectifs concernant l’hépatite virale.
Objectifs : Réaliser une recherche exploratoire de la documentation afin de caractériser l’état actuel de la conscience et des connaissances des fournisseurs de soins de santé et de la population en général en ce qui a trait aux infections au VHC, à sa transmission, à sa prévention et à son traitement ainsi que de reconnaître les lacunes dans les connaissances qu’un plan d’action de santé publique pourrait corriger.
Méthodologies : Une recherche documentaire a été effectuée à l’aide d’Embase, de Medline et de Scopus afin de trouver des études publiées entre janvier 2012 et juillet 2017. Une recherche de la documentation parallèle a aussi été entreprise. Les données suivantes ont été extraites : le nom de l’auteur, l’année de publication, le modèle des études, la population, le milieu, le pays, la méthode de collecte des données et les résultats en matière de conscience et de connaissance. Les commentaires, le courrier des lecteurs et les revues narratives ont été exclus.
Résultats : Dix-neuf études ont été intégrées à la présente recherche exploratoire de la documentation. La définition de « conscience » et de « connaissance » variait entre les études; à certains moments, ces termes étaient utilisés de manière interchangeable Les fournisseurs de soins de santé ont plus fréquemment ciblé la consommation de drogues injectables ou les transfusions sanguines comme des voies de transmission du VHC que les autres voies de transmission comme le tatouage utilisant des outils non stériles et la transmission sexuelle. Parmi la population en général, les idées fausses concernant le VHC comprenaient la croyance que le fait de s’embrasser ou d’avoir de simples contacts était des voies de transmission du virus et qu’un vaccin pouvant prévenir l’infection était disponible. Globalement, des lacunes existaient dans les données concernant d’autres populations à haut risque (p. ex. les Autochtones, les personnes incarcérées).
Conclusion : Des campagnes d’information publique et des campagnes d’éducation professionnelle sur le VHC pourraient aider à soutenir le dépistage du VHC fondé sur le risque. De futurs travaux de recherche pourraient évaluer la sensibilisation d’autres populations présentant un risque accru et introduire des définitions uniformes de la « conscience » et de la « connaissance ».
Contexte
Le virus de l'hépatite C (VHC) cause une inflammation du foie qui peut devenir chronique. L'infection chronique au VHC peut être asymptomatique pendant des décennies avant que les symptômes se manifestent. Globalement, environ 71 millions de personnes sont atteintes d'une infection chronique au VHCNote de bas de page 1. L'infection chronique ne se détecte pas facilement; même lorsque les symptômes se manifestent, ils sont souvent non spécifiques (p. ex. de la fatigue)Note de bas de page 2. L'infection chronique au VHC peut mener à une cirrhose ou au cancer du foie. Environ un demi-million de personnes meurent chaque année de maladies du foie liées au VHCNote de bas de page 3.
En 2011, environ 220 000 à 246 000 personnes étaient atteintes d'une infection chronique au VHC au Canada et approximativement 44 % d'entre elles ignoraient qu'elles étaient porteuses de l'infectionNote de bas de page 4. Au cours des dernières années, de grands progrès ont été réalisés dans le traitement du VHC et l'infection est maintenant guérissable. Les programmes de traitement antérieurs étaient fondés sur le PEG-Interféron et la ribavirine qui nécessitaient de plus longues durées de traitement et comportaient davantage d'effets indésirables. Les nouveaux traitements antiviraux à action directe (AAD) sans interférons se sont montrés hautement efficaces et présentent moins d'effets indésirables. Actuellement, la plupart des formulaires provinciaux et territoriaux couvrent ces nouveaux traitements et le Canada a commencé à observer une diminution des hospitalisations associées à l'infection au VHC et à la maladie hépatique chroniqueNote de bas de page 5.
En 2016, la 69e Assemblée mondiale de la santé a adopté la Stratégie mondiale du secteur de la santé sur l'hépatite virale dans le but d'éliminer d'ici 2030 l'hépatite B et l'hépatite C en tant que menaces à la santé publique.Note de bas de page 6. Le but est d'obtenir un diagnostic pour 90 % des cas d'hépatite virale B et C et de traiter 80 % des personnes atteintes des infections chroniques au virus de l'hépatite B (VHB) et au VHCNote de bas de page 6. La conscience et la connaissance de l'hépatite C constituent un premier pas important de la stratégie d'élimination. L'identification du VHC au moyen d'un test de dépistage est essentielle aux patients afin qu'ils modifient de manière appropriée leurs habitudes de vie et qu'ils commencent leur traitement.
Une conscience et des connaissances limitées en ce qui a trait au VHC ont été ciblées comme les obstacles principaux des fournisseurs de soins de santé qui offrent le test de dépistage de l'hépatite C et pour les patients qui cherchent à l'obtenirNote de bas de page 7. Ce manque a pour conséquences la poursuite de la transmission du VHC et des occasions manquées de prévention et de traitement. Dans un effort pour améliorer le dépistage fondé sur les risques au Canada et réduire le nombre de personnes qui ignorent être infectées, il est important de comprendre l'état actuel de la conscience et de la connaissance du VHC à la fois chez les fournisseurs de soins de santé que dans la population en général.
Les objectifs de la présente recherche documentaire sont de résumer l'état de la conscience et des connaissances des fournisseurs de soins de santé et de la population en général sur l'histoire naturelle du VHC et sur sa transmission, sa prévention et son traitement, et de relever au sein de ces deux groupes les lacunes dans les connaissances qui pourraient être corrigées par des plans d'action de santé publique.
Méthodologies
Nous avons travaillé avec un bibliothécaire de recherche afin de réaliser une recherche documentaire dans Embase, Medline et Scopus sur la conscience et la connaissance du VHC chez les fournisseurs de soins de santé et la population en général. Nous avons aussi cherché dans la documentation parallèle (c.-à-d. dans les rapports disponibles dans le domaine public) en utilisant le moteur de recherche Google. Les termes de recherche suivants ont été utilisés : hépatite C, VHC, conscience et connaissance. Les études étaient retenues pour la recherche documentaire si elles étaient publiées entre janvier 2012 et juillet 2017, en français ou en anglais, qu'elles étaient réalisées au Canada ou dans des pays économiquement développés et dotés de ressources similaires, et qu'elles portaient sur la population en général ou les fournisseurs de soins de santé. Nous avons restreint la recherche aux cinq dernières années afin de saisir les plus récentes données. Les commentaires, le courrier des lecteurs et les études de cas ont été exclus. Les résultats d'intérêt comprennent la conscience et la connaissance du VHC qui sont définies de différente façon selon l'étude.
Après avoir trié les titres et des résumés des articles potentiellement pertinents, nous avons examiné l'ensemble du texte des études retenues. Nous avons élaboré des formulaires d'extraction de données et extrait les données suivantes : le nom de l'auteur, l'année de publication, le modèle des études, la population, le milieu, le pays, la méthode de collecte des données et les résultats en matière de connaissance et de conscience.
Afin de procéder à une recherche exploratoire de la documentation, on a réalisé une analyse qualitative des données recueillies et regroupé les résultats par thème, mais on n'a pas mené d'évaluation détaillée de la qualité globale ou du risque de biais.
Résultats
La recherche documentaire a relevé 141 articles potentiellement pertinents sur la conscience et la connaissance du VHC par les fournisseurs de soins de santé et la population en général. Une recherche manuelle des listes de références a trouvé cinq références additionnelles. Trois autres rapports ont été ciblés par une recherche de la documentation parallèle. Après avoir trié le titre et le résumé et procédé à l'examen détaillé des textes ciblés, on a retenu 19 études pour la présente recherche exploratoire de la documentation (figure 1).
À certains moments, les termes « conscience » et « connaissance » étaient utilisés de manière interchangeable dans les études retenues. La conscience était définie comme soit le fait de savoir qu'on est infecté au VHC ou qu'on est séropositif, ou de connaître son diagnostic, soit la conscience de l'existence du VHC, de ses facteurs de risque ou de la disponibilité d'un traitement. La connaissance, pour sa part, pouvait signifier l'histoire naturelle et les conséquences du VHC, les facteurs de risque du virus et ses voies de transmission ou la disponibilité d'un vaccin et d'un traitement. Par conséquent, on cite les résultats selon la façon dont les études elles-mêmes définissent ces termes.
Figure 1 : Organigramme du processus de sélection des études
Description textuelle : Figure 1
Figure 1 : Organigramme du processus de sélection des études
La figure 1 est un organigramme du processus de sélection des études. La case en haut à gauche indique qu'on a trouvé 141 études en fouillant dans la base de données, cinq études supplémentaires au cours de la recherche manuelle et trois dans la littérature grise. Cette case mène au nombre total d'études (n = 149).
À la droite de la case du total se trouve la description du nombre d'études exclues et les motifs de cette exclusion. De ces 149 résultats, on en a exclu 130 pour les raisons suivantes : 1) l'objectif de ces études ne portait pas sur la conscience et la connaissance du virus de l'hépatite C (n = 93), 2) elles ne répondaient pas à nos critères de conception (n = 6) ou 3) elles portaient sur d'autres populations (les personnes qui s'injectent des drogues, les détenus, les patients suivant un traitement de maintien à la méthadone, etc., n = 31).
La dernière case montre le total des études visées par le présent examen de la portée (n = 19).
Caractéristiques des études retenues
La majorité des études retenues ont été réalisées aux États-Unis (É.-U.; n = 8), suivis par le Canada (n = 5) et l'Australie (n = 3). Les autres études provenaient de l'Allemagne, de l'Italie, du Japon et des Pays-Bas. La plupart des études (n = 13) ciblaient la population en général et moins du tiers (n = 5) portaient sur les fournisseurs de soins de santé; une étude comprenait les deux populations. Les participants étaient recrutés de différents milieux dont des centres hospitaliers, des cliniques de consultation externe, des établissements de soins primaires, des services d'urgence et des panels en ligne. Les méthodes de collecte de données comprenaient souvent des questionnaires remplis en ligne, en personne ou au téléphone. (Pour de plus amples détails sur les études retenues, consultez l'appendice 1.)
Dans les études qui portaient sur les fournisseurs de soins de santé, les catégories d'emploi comprenaient des médecins, des infirmiers, des résidents, des étudiants en art dentaire et des spécialistes (p. ex. des hépatologues et des gastroentérologues). Parmi les études qui ne portaient pas sur des fournisseurs de soins de santé, les groupes de population comprenaient des personnes infectées au VHC, avec ou sans la présence d'une infection au VIH, des hommes qui ont des relations sexuelles avec d'autres hommes, des immigrants, la population en général et les adultes nés entre 1945 et 1965 (tableau 1).
Caractéristiques | Nombre d'études (n)Tableau 1 Note de bas de page a |
---|---|
Pays | |
États-Unis | 8 |
Canada | 5 |
Australie | 3 |
Pays-Bas | 2 |
Allemagne | 1 |
Italie | 1 |
Japon | 1 |
Autre | 3 |
Fournisseurs de soins de santé | |
Médecins | 3 |
Infirmiers | 3 |
Médecins spécialistes (hépatologues, gastroentérologues, etc.) | 2 |
Étudiants en médecine | 1 |
Autre | 1 |
Personnes autres que les fournisseurs de soins de santé | |
Personnes atteintes du VHC, avec ou sans co-infection au VIH | 4 |
Hommes qui ont des relations sexuelles avec d'autres hommes | 3 |
Population en général | 2 |
Personnes nées entre 1945-1965 | 2 |
Immigrants | 1 |
Autre | 1 |
Abréviations : n, nombre ; VHC, virus de l'hépatite C; VIH, virus de l'immunodéficience humaine |
Conscience
Six études portaient sur la conscience de l'hépatite CNote de bas de page 11Note de bas de page 12Note de bas de page 14Note de bas de page 17Note de bas de page 18Note de bas de page 24. Les types de conscience variaient entre ces études : conscience des facteurs de risque, conscience du traitement, conscience de son infection et conscience de l'existence du VHC. Quatre études comprenaient des résultats portant sur la conscience du VHC par la population en généralNote de bas de page 11Note de bas de page 12Note de bas de page 14Note de bas de page 17 une sur la conscience du VHC par les hommes qui ont des relations sexuelles avec d'autres hommes Note de bas de page 18 et une sur la conscience du traitement par des fournisseurs canadiens de soins de santéNote de bas de page 24.
Deux études ont déterminé que la population en général était un peu sensibilisée à l'existence de l'hépatite CNote de bas de page 11Note de bas de page 17. Comparativement à la population en général (27 %), les enfants de la génération du baby-boom nés au Canada étaient plus susceptibles de savoir que les consommateurs de drogues injectables présentent un risque accru d'être atteints du VHCNote de bas de page 14. Cependant, les résultats du National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES) des États-Unis mentionnaient que moins de la moitié des Américains atteints d'une infection au VHC en étaient conscientsNote de bas de page 12. Deux études ont déterminé que la population en général ne comprenait pas clairement la différence entre les hépatites A, B et CNote de bas de page 11Note de bas de page 19.
Connaissance
Toutes les études retenues ont évalué la connaissance du VHC. La connaissance a été mesurée à l'aide d'une série de questionnaires où le répondant devait répondre à des énoncés oui/non/je-ne-sais-pas ou à des énoncés vrais ou faux. Il pouvait aussi évaluer lui-même son niveau de connaissance. La connaissance a été évaluée sur les thèmes suivants : l'histoire naturelle du VHC, les voies de transmission et la disponibilité d'un vaccin ou de traitements.
L'histoire naturelle du VHC et ses conséquences
Trois études comprenaient des renseignements sur la connaissance des fournisseurs de soins de santé concernant l'histoire naturelle et les conséquences du VHCNote de bas de page 16Note de bas de page 25Note de bas de page 26. Dans une étude sur les médecins canadiens, 35 % ont mentionné « en connaître beaucoup » sur les symptômes associés au VHCNote de bas de page 16. Dans une petite étude d'étudiants en art dentaire de la Bulgarie, 80 % ont déclaré savoir que l'infection au VHB ou au VHC pouvait être asymptomatiqueNote de bas de page 26. De plus, les résidents, les médecins, les infirmiers praticiens et les adjoints au médecin travaillant aux services des urgences aux États-Unis ont mentionné bien connaître les manifestations du VHC (pourcentage non cité)Note de bas de page 25.
Huit études comportaient des renseignements sur les connaissances de la population en général concernant l'histoire naturelle du VHCNote de bas de page 8Note de bas de page 9Note de bas de page 11Note de bas de page 13Note de bas de page 14Note de bas de page 16Note de bas de page 17Note de bas de page 19. Deux études canadiennes ont démontré que de 83 à 90 % des participants savaient que les personnes atteintes du VHC pouvaient ignorer être porteuses d'une infectionNote de bas de page 14Note de bas de page 16. De même, plus de la moitié (57 %) des personnes de la génération du baby-boom savaient que le VHC pouvait causer le cancer du foie et 61 % croyaient qu'une personne atteinte d'une infection au VHC peut ne pas présenter de symptômesNote de bas de page 8. Une étude mentionnait qu'un tiers des hommes qui ont des relations sexuelles avec d'autres hommes savaient que l'infection au VHC pouvait mener au cancer du foie (31 %) et à une insuffisance hépatique (37 %)Note de bas de page 18. À l'inverse, une étude internationale réalisée auprès d'immigrants asiatiques a fait remarquer qu'il existait une confusion entre les différents types d'infection hépatique et une incertitude à propos de l'histoire naturelle de l'infectionNote de bas de page 19.
Connaissance de la transmission
Deux études ont porté sur la connaissance des fournisseurs de soins de santé sur la transmission du VHCNote de bas de page 22Note de bas de page 26. La majorité des fournisseurs de soins de santé interrogés dans les études ont défini les principales voies de transmission comme étant les transfusions de sang, l'exposition à du sang lors de l'activité sexuelle et l'échange d'aiguilles lors de la consommation de drogues injectablesNote de bas de page 22Note de bas de page 26. Un petit pourcentage (12 %) des infirmiers travaillant aux cliniques d'hémodialyse en Italie croyaient, à tort, que le VHC pouvait être transmis par un baiser et 19 % ne savaient pas que se faire tatouer pouvait être une voie de transmission du virusNote de bas de page 22.
Dix études ont présenté des renseignements sur la connaissance de la transmission du VHC chez la population en généralNote de bas de page 8Note de bas de page 10Note de bas de page 11Note de bas de page 12Note de bas de page 14Note de bas de page 15Note de bas de page 16Note de bas de page 17Note de bas de page 19Note de bas de page 21. Selon une étude canadienne, les voies de transmission les plus souvent connues seraient les transfusions de sang, les relations sexuelles non sécuritaires et non protégées, et la consommation de drogue injectable à l'aide d'aiguilles souillées ou qui ont été partagéesNote de bas de page 14. Peu de Canadiens ont nommé d'autres voies de transmission comme l'échange d'articles d'hygiène personnelle (7 %), se faire tatouer ou obtenir un perçage corporel (4 %), l'exposition à des facteurs de risques lors de voyage dans des pays étrangers où le VHC est endémique (4 %) et la transmission de la mère à l'enfant pendant la grossesse (1 %)Note de bas de page 14. Par ailleurs, environ 54 à 62 % de la population canadienne savait que le VHC se transmet principalement par contact direct de sang à sangNote de bas de page 16. Dans quatre études, un petit pourcentage de la population en général a indiqué que le VHC peut être transmis par un baiser ou par simple contactNote de bas de page 8Note de bas de page 12Note de bas de page 14Note de bas de page 21.
Connaissance du traitement
Deux études récentes, publiées après l'introduction des nouveaux traitements antiviraux à action directe (AAD) sans interférons, se sont concentrées sur la capacité de guérir du VHCNote de bas de page 8Note de bas de page 24.
Parmi les fournisseurs de soins de santé, les spécialistes (c.-à-d. les hépatologues, les gastroentérologues et les infirmiers en hépatologie) ont obtenu de meilleurs résultats sur les énoncés de connaissance portant sur les traitements du VHC que les médecins généralistesNote de bas de page 23Note de bas de page 24. Parmi les dix médecins de première ligne interrogés, sept étaient incertains ou ne connaissaient pas les nouveaux AAD sans interférons et connaissaient mal leurs mécanismes d'actionNote de bas de page 24.
Aux États-Unis, 51 % des personnes de la génération du baby-boom se présentant au service des urgences croyaient, avec raison, que le VHC était guérissable et 77 % savaient que de nouveaux médicaments étaient disponibles pour le traiterNote de bas de page 8. Par contre, trois études ont détecté parmi la population en général une idée fausse quant à la disponibilité d'un vaccin pour prévenir les infections au VHCNote de bas de page 11Note de bas de page 15Note de bas de page 21. Environ la moitié des Canadiens interrogés (50 %) dans une étude croyaient qu'il existait un vaccin pour prévenir l'infection au VHCNote de bas de page 14. Dans deux études américaines, 42 % des Américains de la génération du baby-boom et 60 % des Afro-Américains appartenant à la même génération partageaient leur opinionNote de bas de page 8Note de bas de page 11.
Un résumé des conclusions est présenté au tableau 2.
Résultats | Conclusions clés |
---|---|
Conscience |
Population en général : La population en général était consciente du VHC et de ses principaux facteurs de risqueNote de bas de page 14 Les hommes qui ont des relations sexuelles avec d'autres hommes étaient très conscients de l'existence du traitement contre le VHCNote de bas de page 18 |
Connaissance |
Fournisseurs de soins de santé : Les médecins spécialistes étaient plus au courant des nouveaux traitements contre le VHC que les médecins de première ligneNote de bas de page 24 Les fournisseurs de soins de santé connaissaient moins certaines voies de transmission du VHC (p. ex. les pratiques non sécuritaires de tatouage et de perçage corporel) comparativement aux voies principales (c.-à-d. la consommation de drogues injectables)Note de bas de page 22Note de bas de page 26 |
Population en général : La population en général entretenait des idées fausses à propos des facteurs de risque de transmission de l'hépatite C (p. ex. par simple contact, par la salive, par un baiser)Note de bas de page 11Note de bas de page 12Note de bas de page 14Note de bas de page 16Note de bas de page 19 Il y avait aussi des idées fausses sur la disponibilité d'un vaccinNote de bas de page 8Note de bas de page 14Note de bas de page 16 Globalement, le traitement de l'hépatite C par les AAD sans interférons était peu connuNote de bas de page 8Note de bas de page 9Note de bas de page 13Note de bas de page 14Note de bas de page 16 |
|
Abréviations : AAD, antiviraux à action directe; VHC, virus de l'hépatite C |
Discussion
Autant que nous sachions, il s'agit de la première recherche exploratoire de la documentation qui présente le portrait de l'état de la connaissance des fournisseurs de soins de santé et de la population en général sur le VHC. Globalement, les fournisseurs de soins de santé connaissent les voies de transmission et les facteurs de risque les plus fréquents, alors que les spécialistes sont mieux au fait des traitements que les médecins de première ligneNote de bas de page 23Note de bas de page 24. La population en général est sensibilisée au VHC. Cependant, certaines personnes ne connaissent pas la différence entre les hépatites A, B et C, ont des idées fausses sur les voies de transmission et croient incorrectement qu'un vaccin préventif contre le VHC existe.
Certaines limites doivent être prises en considération lorsqu'on interprète nos conclusions. Tout d'abord, il existe une lacune dans l'uniformisation des définitions de « connaissance » et de « conscience » et les termes étaient souvent utilisés de manière interchangeable. Deuxièmement, seules quelques études se sont penchées sur la conscience et la connaissance des AAD sans interférons. Finalement, les conclusions étaient fondées sur des études transversales qui ne saisissent les données que de la population étudiée à un point donné dans le temps.
De futurs travaux de recherche pourraient évaluer des populations à haut risque (p. ex. les populations autochtones ou les personnes incarcérées), intégrer des définitions claires et uniformes de « conscience » et de « connaissance » et évaluer les facteurs qui peuvent être associés à des différences de conscience et de connaissances (p. ex. le milieu rural par rapport au milieu urbain et le statut socioéconomique). Des travaux additionnels sur la connaissance du VHC chez les fournisseurs de services de santé pourraient aussi aider à adapter de futurs transferts de connaissance et d'échanges de produits.
En conclusion, augmenter la conscience et la connaissance des fournisseurs de soins de santé et de la population en général sur le VHC peut faciliter la discussion sur le besoin d'avoir recours à son dépistage. Les conclusions et les lacunes ciblées dans la présente recherche exploratoire peuvent aider à éclairer de futures interventions et de prochaines campagnes de santé publique en lien avec le VHC et soutenir la Stratégie mondiale du secteur de la santé sur l'hépatite virale.
Déclaration des auteurs
- S. H. – Conceptualisation, méthodologie, rédaction (version finale), conservation des données, validation, analyse formelle, rédaction, examen et révision, supervision, administration du projet, visualisation
- K. T. – Conceptualisation, méthodologie, examen et révision, supervision, administration du projet, visualisation
Conflit d’intérêts
Aucun.
Remerciements
Nous voudrions remercier la Dre Margaret Gale-Rowe et le Dr Jun Wu pour leurs contributions à la conceptualisation et à la révision du présent manuscrit, Audréanne Garand pour son soutien à la collecte des données, à leur extraction et à l'analyse initiale des résultats ainsi qu'au bibliothécaire de Santé Canada qui a aidé à réaliser la recherche documentaire.
Financement
Le présent travail a été soutenu par l'Agence de la santé publique du Canada.
Appendice 1
Auteurs(s), année de publication et pays | Modèle de l'étude, population et lieu | Méthode de la collecte de données | Résultats et conclusions |
---|---|---|---|
Population en général (n = 14) | |||
Allison et coll. (2016)Note de bas de page 8 |
Étude transversale |
Entrevues structurées dans les six semaines suivant un test de détection des anticorps du VHC afin d'évaluer la connaissance |
Connaissances
|
CATIE (2015)Note de bas de page 9 |
Étude transversale Personnes atteintes du VHC (n = 326) |
Questionnaire autoadministré (versions papier et en ligne) |
Connaissances
|
Chen et coll. (2013)Note de bas de page 10 |
Étude transversale Infection au VHC et co-infection au VIH/VHC (n = 292) Consultations externes |
Enquête transversale et enquêtes précédant et suivant la formation |
Connaissances
|
Crutzen et Goritz (2012)Note de bas de page 11 |
Étude transversale Population en général en Allemagne (n = 1 989) et aux Pays-Bas (n = 668) Panel en ligne |
Deux enquêtes à grande échelle administrées à des panels en ligne |
Conscience
Connaissances
|
Denniston et coll. (2012)Note de bas de page 12 |
Étude transversale Population en général qui a obtenu un test de dépistage positif au VHC (n = 32 847) Données NHANES 2001–2008 |
Entrevue téléphonique |
Conscience
Connaissances
|
Eguchi et Wada (2013)Note de bas de page 13 |
Étude transversale Population de travailleurs japonnais (n = 3 129) En ligne |
Questionnaire autoadministré (version en ligne) |
Connaissances
|
Les Associés de recherche EKOS inc. (2012)Note de bas de page 14 Canada |
Étude transversale Grand public (16 ans ou plus) (n = 2 000) Panel d'enquête |
Entrevue téléphonique |
Conscience et connaissance
|
Hopwood et coll. (2016)Note de bas de page 15 Australie |
Étude transversale Hommes homosexuels et bisexuels atteints du VIH ou du VHC (n = 474) Étude en ligne |
Questionnaire autoadministré |
Connaissances
|
Ipsos (2012)Note de bas de page 16 Canada |
Étude transversale Population en général (18 ans ou plus) (n = 1 000) (Milieu inconnu : renseignement non disponible) |
Questionnaire autoadministré (version en ligne) |
Connaissances
|
Lambers et coll. (2013)Note de bas de page 17 |
Étude observationnelle Hommes qui ont des relations sexuelles avec d'autres hommes, atteints ou non du VIH (n = 539) Variés (campagnes de recrutement, média, bouche-à-oreille) |
Questionnaire autoadministré (version papier) |
Conscience
Connaissances
|
Lea et coll. (2016)Note de bas de page 18 Australie |
Étude transversale Hommes qui ont des relations sexuelles avec d'autres hommes (n = 405) Variés (publicité sur les réseaux sociaux, sites Web d'organismes communautaires) |
Questionnaire autoadministré (version en ligne) |
Conscience
Connaissances
|
Owiti et coll. (2015)Note de bas de page 19 Australie, Canada, Mexique, Pays-Bas, É.-U. |
Revue narrative systématique Prédominance d'immigrants d'origine asiatique (n = 51)Note de bas de page a (Milieu inconnu : renseignement non disponible) |
Renseignement non disponible |
Connaissances
|
Pundhir et coll. (2016)Note de bas de page 20 É.-U. |
Étude transversale Patients (18 ans ou plus) atteints d'une infection au VHC, avec ou sans co-infection au VIH (n = 292) Clinique de soins primaires |
Questionnaire autoadministré (versions papier et en ligne) |
Connaissances
|
Rashrash et coll. (2016)Note de bas de page 21 |
Étude transversale Afro-Américains de la génération du baby-boom (nés entre 1945 et 1965) (n = 137) Centres hospitaliers et de mieux-être |
Enquête transversale utilisant un système d'auto-entrevues audio assistées par ordinateur |
Connaissances
|
Fournisseurs de soins de santé (n = 6) | |||
Bianco et coll. (2013)Note de bas de page 22 |
Étude transversale Infirmiers (n = 326) Unités d'hémodialyse |
Questionnaire autoadministré |
Connaissances
|
Ipsos (2012)Note de bas de page 26 Canada |
Étude transversale Médecins généralistes et médecins de famille (n = 300) (Milieu inconnu : renseignement non disponible) |
Renseignement non disponible |
Connaissances
|
McGowan et coll. (2013)Note de bas de page 23 Canada, Europe centrale et Europe de l'Est, Amérique latine, Europe de l'Ouest, pays nordiques, pays asiatiques et du Pacifique, Afrique et Moyen-Orient, É.-U. |
Étude transversale Médecins prodiguant le traitement contre le VHC (n = 697) Base de données pour la recherche sur le marché international |
Entrevues téléphoniques ou questionnaires autoadministrés |
Connaissances
|
Naghdi et coll. (2017)Note de bas de page 24 |
Étude transversale Médecins de première ligne, médecins spécialistes, infirmiers en hépatologie et infirmiers praticiens (n = 163) Échantillon de commodité par les organismes des fournisseurs |
Questionnaire autoadministré (version en ligne) |
Connaissances
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Rotte et coll. (2013)Note de bas de page 25 É.-U. |
Étude observationnelle Résidents, médecins, infirmiers praticiens, adjoints au médecin (n = 78) Services des urgences |
Questionnaire autoadministré (version en ligne) |
Connaissances
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Todorova et coll. (2015)Note de bas de page 26 Bulgarie |
Étude transversale Étudiants en art dentaire (n = 96) Faculté de médecine dentaire, Université médicale de Varna, Bulgarie |
Questionnaire autoadministré |
Connaissances
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Abréviations : CDC, Centre pour le contrôle et la prévention des maladies américains; VHA, virus de l'hépatite A; VHB, virus de l'hépatite B; VHC, virus de l'hépatite C; VIH, virus de l'immunodéficience humaine; NHANES, National Health and Nutrition Examination Survey; ARN, acide ribonucléique |
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