GetaKit une trousse d'auto-test pour le VIH
Publié par : L'Agence de la santé publique du Canada
Numéro : Volume 47-10, octobre 2021 : Vaccination contre l'influenza
Date de publication : octobre 2021
ISSN : 1481-8531
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Volume 47-10, octobre 2021 : Vaccination contre l'influenza
Étude observationnelle
L'auto-test du VIH à Ottawa, Canada, utilisé par les personnes à risque de contracter le VIH : l'étude GetaKit
Patrick O'Byrne1, Alexandra Musten2, Amanda Vandyk1, Nikki Ho1, Lauren Orser1, Marlene Haines1, Vickie Paulin3
Affiliations
1 École des sciences infirmières, Université d'Ottawa, Ottawa, ON
2 Réseau ontarien de traitement du VIH, Toronto, ON
3 Santé publique Ottawa, Ottawa, ON
Correspondance
Citation proposée
O'Byrne P, Musten A, Vandyk A, Ho N, Orser L, Haines M, Paulin V. L'auto-test du VIH à Ottawa, Canada, utilisé par les personnes à risque de contracter le VIH : l'étude GetaKit. Relevé des maladies transmissibles au Canada 2021;47(10):483-91. https://doi.org/10.14745/ccdr.v47i10a06f
Mots-clés : VIH, auto-test, Ottawa, Canada, groupe prioritaire, GetaKit
Résumé
Contexte : L'Agence de la santé publique du Canada estime qu'environ 87 % des personnes vivant avec le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) au Canada ont été diagnostiquées, ce qui est bien en deçà de l'objectif du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida de faire diagnostiquer 95 % des personnes séropositives. La recherche a montré que l'auto-test du VIH peut aider à augmenter ces diagnostics, en particulier parmi les populations les plus touchées par le VIH. L'objectif de l'étude était de déterminer les résultats de l'adoption et du diagnostic associés à l'auto-test gratuit du VIH.
Méthodes : Nous avons élaboré le premier programme d'auto-test du VIH gratuit en ligne au Canada et l'avons mis en œuvre à Ottawa. Ce projet a été réalisé en collaboration avec le site Web www.GetaKit.ca. Nous avions l'intention de recruter de 150 à 400 participants sur une période de 6 à 12 mois, en estimant que ce nombre donnerait de 0 à 1 résultats positifs (le taux de positivité prévu est de 0,08 %).
Résultats : Entre le 20 juillet 2020 et le 1er avril 2021, 1 268 personnes ont consulté le site Web de GetaKit et vérifié leur admissibilité. Au total, 600 personnes étaient admissibles et 405 ont commandé une trousse de dépistage du VIH. Parmi ceux qui ont commandé une trousse, 399 ont rempli un questionnaire de référence. Dans l'ensemble, 71 % de ces participants étaient membres des groupes prioritaires de lutte contre le VIH. Pour ce qui est des résultats de test, 228 personnes ont déclaré des résultats de test, dont un était positif, soit un taux de positivité de 0,24 % au total et de 0,44 % des résultats déclarés. Ces taux dépassent ceux qui sont normalement observés à Ottawa.
Conclusion : L'auto-test du VIH peut être efficacement mis en œuvre par l'accès à un site Web. Une telle intervention sera également utilisée par les personnes atteintes d'infections non diagnostiquées et il semble que cette utilisation se fasse à un taux supérieur à celui observé par les autres moyens de dépistage. L'auto-test du VIH pourrait donc aider le Canada à atteindre les cibles 95-95-95 des Nations Unies.
Introduction
Les cibles 95-95-95 du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida visent à ce que 95 % des personnes vivant avec le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) soient diagnostiquées, que 95 % des personnes diagnostiquées soient prises en charge et que 95 % des personnes prises en charge atteignent une charge virale du VIH supprimée et maintiennent cet état d'ici 2030Note de bas de page 1. Toutefois, l'Agence de la santé publique du Canada (l'Agence)Note de bas de page 2 estime qu'en 2018, seulement 87 % des personnes séropositives au Canada ont été diagnostiquées. De plus, les données de l'Agence soulignent qu'en plus d'environ 13 % des personnes qui ne sont pas diagnostiquées, le VIH continue d'affecter de façon inégale les mêmes groupes prioritaires, soit les gais, les bisexuels et les autres hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes (gbHARSAH); les personnes transgenres; les personnes d'origine africaine, les ethnies caribéennes ou noires, les membres des communautés autochtones et les personnes qui consomment des droguesNote de bas de page 3Note de bas de page 4. Un facteur qui contribue probablement à cette transmission continue et à la raison pour laquelle les personnes ignorent leur séropositivité est la persistance d'obstacles aux méthodes actuelles de dépistage du VIH, notamment au niveau individuel (peur des résultats, préoccupations concernant la confidentialité, etc.), au niveau des prestataires de soins de santé (stigmatisation, réticence au dépistage, etc.), et au niveau institutionnel et politique (criminalisation du comportement, ressources limitées, etc.)Note de bas de page 5.
Étant donné que l'autodépistage du VIH, comparativement au dépistage par les pairs et en clinique, correspond souvent à une augmentation du dépistage, du diagnostic et de la satisfaction déclarée des utilisateurs parmi les membres des groupes prioritaires de lutte contre le VIHNote de bas de page 6Note de bas de page 7Note de bas de page 8Note de bas de page 9, nous avons étudié les résultats associés à l'auto-test gratuit du VIH à domicile à Ottawa. Pour ce faire, nous avons lancé le projet GetaKit (www.GetaKit.ca), qui était le premier programme d'envoi par la poste en ligne au Canada grâce auquel les personnes pouvaient commander un test de dépistage INSTIMD autoadministré du VIH et le faire livrer à leur domicile ou à un autre point de ramassage désigné. Alors que d'autres études ont observé des patients se soumettre à des tests autoadministrés dans des contextes cliniques contrôlés, nos objectifs étaient les suivants en mettant en œuvre le test GetaKit : 1) évaluer l'auto-test du VIH dans des contextes réels; 2) faciliter le dépistage du VIH; 3) identifier les personnes atteintes d'une infection au VIH non diagnostiquée et 4) mettre les personnes en relation avec les services de soins ou de prévention en fonction des résultats de leur test de dépistage du VIH. Nous avons détaillé le processus de mise en œuvre de GetaKit ailleurs, toutefois, nous présentons ici les résultats obtenus entre le 20 juillet 2020 et le 1er avril 2021, en plus de décrire nos participants, notamment le nombre de ceux qui appartenaient à un groupe prioritaire ou qui s'identifiaient comme des femmes; nous présentons également les corrélations entre les personnes qui passaient un test pour la première fois et celles qui ont communiqué leurs résultats.
Méthodes
Conception
GetaKit est une étude d'observation prospective de cohorte ouverte comportant trois phases. La phase 1 a consisté en un projet pilote de tests autoadministrés du VIH à domicile à Ottawa. Étant donné que le taux de séropositivité au VIH était de 0,1 % en Ontario et de 0,08 % à Ottawa (données non publiées—disponibles sur demande), une période de 6 à 12 mois a été jugée suffisante pour inscrire de 150 à 400 adultes qui pouvaient se soumettre au test jusqu'à trois fois chacun; nous nous attendions à un résultat positif de 0 à 1 pour cet échantillon. La phase 2 a consisté à la livraison de tests autoadministrés dans d'autres emplacements en Ontario. La phase 3 comprenait l'ajout de tests complets de dépistage des infections transmissibles sexuellement. Le présent document fait état de la phase 1.
Collecte de données
Pour être admissibles, les personnes doivent être séronégatives ou ne pas connaître leur état sérologique, avoir au moins 18 ans, vivre à Ottawa ou dans les environs et avoir un téléphone cellulaire. Les critères d'exclusion comprenaient la prophylaxie pré-exposition (PrEP), la participation à un essai de vaccin contre le VIH et le diagnostic d'un trouble de saignement.
Pour le recrutement, nous avons créé GetaKit.ca et nous nous sommes engagés dans la sensibilisation du public au moyen d'affiches dans les lieux publics et les centres de soins de santé et dans les médias sociaux. Nous avons travaillé avec des organisations locales de services liés au syndrome d'immunodéficience acquise pour faire de la promotion auprès des groupes prioritaires.
La collecte des données s'est faite par l'entremise de GetaKit.ca. Par étapes, les participants potentiels devaient d'abord passer un test de sélection anonyme, pour lequel toutes les questions étaient obligatoires. Les personnes non admissibles ont été aiguillées vers d'autres ressources à des fins de dépistage et de soutien. Les personnes admissibles pouvaient s'inscrire, ce qui demandait de fournir un nom, une date de naissance et un numéro de téléphone cellulaire (pour une authentification à deux facteurs). Une fois inscrits, les participants ont été invités à répondre à une enquête, qui a permis de recueillir des renseignements sur le pays de naissance, l'origine ethnique, le sexe, le genre, l'orientation sexuelle, le genre et les pratiques de consommation de drogues, ainsi que sur les antécédents de dépistage du VIH; les participants avaient l'option de sélectionner « préfère ne pas répondre » dans l'enquête. Une fois terminé, les participants pouvaient commander un test de dépistage du VIH, qui était livré en un à trois jours ouvrables. Le test et l'expédition étaient gratuits. Nous avons demandé aux participants de déclarer leurs résultats de test du VIH par l'entremise de GetaKit.ca.
Le Réseau ontarien de traitement du VIH a financé GetaKit et le Conseil d'éthique de la recherche de l'Université d'Ottawa ont approuvé le projet (H-12-20-6450).
Analyse des données
Les données ont été extraites de Getakit.ca dans un fichier Excel. Les caractéristiques des participants ont été déclarées pour l'échantillon total à l'aide de fréquences et de pourcentages. Nous avons stratifié par sexe, décrit les participantes qui se sont identifiées comme étant des femmes en utilisant des fréquences et des pourcentages, et utilisé X2 à deux variables pour déterminer quelles caractéristiques différaient considérablement d'un groupe à l'autre. Pour les résultats d'intérêt, nous avons cherché à comprendre quels participants 1) avaient déjà passé un test de dépistage du VIH, 2) avaient déclaré leur résultat d'auto-test du VIH et 3) avaient effectué l'auto-test du VIH de façon appropriée (i.e. avaient reçu un résultat valide). Chaque résultat était dichotomique, et des variables indépendantes (i.e. caractéristiques des participants) ont été catégorisées pour assurer une taille de cellule adéquate. Les relations entre les variables indépendantes et les résultats ont d'abord été explorées à l'aide de la régression logistique binaire bivariée. Si une relation significative (dans n'importe quelle direction) a été déterminée à p < 0,1, la variable a été retenue pour l'analyse multivariable au moyen de la régression logistique binaire hiérarchique. Chaque résultat a été examiné séparément, et seules les variables significatives à p < 0,05 ont été incluses dans les modèles finaux. La qualité de l'ajustement a été évaluée à l'aide du test Hosmer-Lemeshow. Les cas de données manquantes ont été supprimés dans la liste. Le logiciel SPSS v.26 a été utilisé pour l'analyse.
Résultats
La phase 1 de notre étude s'est déroulée du 20 juillet 2020 au 1er avril 2021. Au cours de cette période, 1 268 personnes ont passé le test de présélection de l'admissibilité, et une moyenne de 160 accès par mois; 47,3 % (n = 600) étaient admissibles à un test autoadministré. En particulier, 59,1 % (n = 395) des personnes étaient inadmissibles après avoir présenté des données incomplètes. Parmi les 273 personnes ayant des données complètes, 14,3 % (n = 39) étaient inadmissibles pour de multiples raisons, et le reste l'était pour des raisons uniques. Comme le résume le tableau 1, résider à l'extérieur d'Ottawa était la raison la plus courante d'inadmissibilité, suivie de l'utilisation de la prophylaxie pré-exposition.
Raison de l'inadmissibilité | Nombre de personnes (non exclusif)Tableau 1 Note de bas de page a |
% de personnes (non exclusif)Tableau 1 Note de bas de page a |
Nombre de personnes (exclusif) |
% de personnes (exclusif) |
---|---|---|---|---|
Vivre à l'extérieur d'Ottawa | 150 | 49 | 125 | 51 |
Utilisent la PrEP | 85 | 28 | 67 | 27 |
Pas de téléphone cellulaire | 32 | 10 | 26 | 11 |
Moins de 18 ans | 17 | 6 | 10 | 4 |
Résultat du test de dépistage du VIH (indéterminéTableau 1 Note de bas de page b/positif) | 10 | 3 | 7 | 3 |
Trouble de saignement | 9 | 3 | 7 | 3 |
Participation à un essai de vaccin contre le VIH | 4 | 1 | 2 | 1 |
Sur les 600 participants admissibles, 67,5 % (n = 405) ont répondu à l'enquête et ont commandé un test de dépistage du VIH. Six participants ont choisi « préfère ne pas déclarer » pour toutes les réponses et ont été retirés de l'analyse. Les 399 participants restants étaient en moyenne âgés de 32 ans, 66 % (n = 264) ayant déclaré être de race blanche, 68 % (n = 270) s'identifiant comme des hommes, 57,4 % (n = 229) indiquant être du groupe gbHARSAH. De plus, 57,1 % (n = 228) ont déclaré un revenu de plus de 40 000 $ et 77 % ont déclaré avoir fait des études collégiales ou universitaires (continues ou terminées). Au total, 70,9 % (n = 283) des participants présentaient une ou plusieurs caractéristiques d'un groupe prioritaire du VIH, qui est passé à 76,4 % (n = 305) lorsque toutes les personnes racialisées ont été incluses dans la présente analyse (tableau 2).
Caractéristique | Description | n | % |
---|---|---|---|
Membre d'une population prioritaire (n = 399) | Oui | 283 | 71 |
Non | 116 | 29 | |
Âge (années) (n = 395) | 25 ans ou moins | 110 | 28 |
26 à 49 ans | 257 | 65 | |
50 ans et plus | 28 | 7 | |
Origine ethnique (n = 399) | Arabe | 16 | 4 |
Noir | 23 | 6 | |
Autochtones | 16 | 4 | |
Latin | 13 | 3 | |
Mixte | 22 | 6 | |
Asie du Sud | 13 | 3 | |
Asie du Sud-Est | 25 | 6 | |
Caucasien | 264 | 66 | |
Genre (n = 395) | Hommes (y compris les hommes transgenres) | 270 | 68 |
Femmes (y compris les femmes transgenres) | 115 | 29 | |
Non-conformités de genre | 10 | 3 | |
Orientation sexuelle (n = 390) | Gais (tous genres) | 287 | 74 |
gbHARSAH | 229 | 59 | |
Hétérosexuel | 103 | 26 | |
Revenu (n = 348) | Moins de 20 000 $ par année | 60 | 17 |
De 20 000 $ à 75 000 $ par année | 176 | 51 | |
Plus de 75 000 $ par année | 112 | 32 | |
Études (n = 391) | École secondaire ou niveau inférieur | 89 | 23 |
Diplôme collégial ou baccalauréat | 219 | 56 | |
Diplôme universitaire supérieur | 83 | 21 | |
A un fournisseur de soins primaires (n = 392) | Oui | 264 | 67 |
Non | 128 | 33 | |
A déjà subi un test de dépistage du VIH (n = 398) | Oui | 290 | 73 |
Non | 108 | 27 | |
Emplacement des tests de dépistage du VIH antérieurs (n = 281) | Bureau du médecin généraliste | 98 | 35 |
Clinique de santé publique | 154 | 55 | |
Service des urgences ou autre milieu hospitalier | 6 | 2 | |
Autres | 29 | 10 | |
Nombre de partenaires sexuels (n = 382) | 0 ou 1 | 191 | 50 |
2 à 5 | 165 | 43 | |
6 ou plus | 26 | 7 | |
État sérologique des partenaires (n = 389) | Séronégatif (ou pas de partenaire) | 280 | 72 |
Séropositif | 16 | 4 | |
Inconnu | 93 | 24 | |
A des antécédents de consommation de substances (n = 364) | Oui | 194 | 53 |
Non | 170 | 47 | |
Cent quinze participants se sont identifiés comme des femmes, dont 24 % (n = 28) appartenaient à un groupe prioritaire, qui est passé à 39 % (n = 45) lorsqu'on inclut les femmes de toute minorité raciale. Lorsqu'on compare les participants qui se sont identifiés comme des hommes ou des femmes, on constate des associations significatives (bivariées) entre le sexe et huit caractéristiques. Les femmes et les hommes différaient selon ce qui suit : 1) s'ils étaient membres d'un groupe prioritaire (p < 0,001); 2) s'ils s'identifiaient comme hétérosexuels ou gais (p < 0,001); 3) s'ils avaient un fournisseur de soins primaires (p = 0,005); 4) s'ils avaient déjà subi un test de dépistage du VIH (p < 0,001); 5) s'ils ont été testés dans une clinique de santé publique (p < 0,001); 6) s'ils ont déclaré avoir consommé de la drogue (p = 0,002); 7) s'ils avaient plus d'un partenaire sexuel (p < 0,001); ou 8) leur âge (p = 0,029). Lorsque toutes les caractéristiques significatives ont été saisies dans un modèle de régression logistique binaire, seul le statut de groupe prioritaire et le nombre de partenaires sexuels sont demeurés significatifs, les femmes étant moins susceptibles d'appartenir à des groupes racialisés, de consommer des drogues injectables et d'être une minorité sexuelle (OR = 0,04; IC à 95 % = 0,02–0,08). Les femmes étaient également plus susceptibles de déclarer avoir moins de partenaires sexuels que les hommes (OR = 0,47; IC à 95 % = 0,25–0,92) (tableau 3).
Caractéristiques | Hommes | Femmes | Bivarié | MultivariableTableau 3 Note de bas de page a [réf. = premier] | |||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
n | % | n | % | X2 | p | OR | IC à 95 % | ||
Plus bas | Plus haut | ||||||||
Population prioritaire | |||||||||
Membre d'une population prioritaire | 244 | 90 | 28 | 24 | 167,404 | < 0,001 | 0,04 | 0,02 | 0,08 |
Ethnicité | |||||||||
Caucasien | 177 | 65 | 79 | 69 | 3,977 | NS | s.o. | s.o. | s.o. |
Noir ou Autochtone | 23 | 9 | 15 | 13 | |||||
Autres | 71 | 26 | 21 | 18 | |||||
Orientation sexuelle | |||||||||
Gay | 229 | 85 | 53 | 47 | 58,970 | < 0,001 | NS | s.o. | s.o. |
Hétérosexuel | 41 | 15 | 60 | 53 | |||||
Revenu | |||||||||
Moins de 20 000 $ par année | 38 | 16 | 20 | 20 | 0,757 | NS | s.o. | s.o. | s.o. |
De 20 000 $ à moins de 75 000 $ par année | 120 | 51 | 48 | 48 | |||||
Plus de 75 000 $ par année | 78 | 33 | 32 | 32 | |||||
Éducation | |||||||||
École secondaire | 54 | 20 | 34 | 30 | 4,262 | NS | s.o. | s.o. | s.o. |
Collège ou université | 153 | 58 | 57 | 50 | |||||
Diplôme d'études supérieures | 59 | 22 | 22 | 20 | |||||
Fournisseur de soins de santé | |||||||||
A un fournisseur de soins de santé primaires | 168 | 63 | 88 | 78 | 7,837 | 0,005 | NS | s.o. | s.o. |
Dépistage du VIH | |||||||||
Antécédents de tests de dépistage du VIH | 216 | 80 | 63 | 55 | 25,705 | < 0,001 | NS | s.o. | s.o. |
Emplacement des tests | |||||||||
Clinique de santé publique | 131 | 63 | 16 | 26 | 28,076 | < 0,001 | s.o.Tableau 3 Note de bas de page b | s.o. | s.o. |
Bureau du médecin généraliste | 57 | 27 | 38 | 62 | |||||
Autres | 21 | 10 | 7 | 12 | |||||
Nombre de partenaires sexuels | |||||||||
0 ou 1 | 102 | 39 | 80 | 72 | 34,334 | < 0,001 | 0,47 | 0,25 | 0,88 |
2 à 5 | 133 | 51 | 29 | 26 | |||||
6 ou plus | 24 | 7 | 2 | < 1 | |||||
État sérologique du partenaire | |||||||||
Aucun partenaire ou partenaire séronégatif | 187 | 71 | 84 | 75 | 4,435 | NS | s.o. | s.o. | s.o. |
Séropositif | 15 | 6 | 1 | < 1 | |||||
Inconnu | 63 | 24 | 27 | 24 | |||||
Consommation de substances | |||||||||
Consommation déclarée de substances | 146 | 59 | 44 | 42 | 9,244 | 0,002 | NS | s.o. | s.o. |
Âge | |||||||||
Moins de 25 ans | 63 | 24 | 42 | 37 | 7,097 | 0,029 | NS | s.o. | s.o. |
26 à 49 ans | 182 | 68 | 67 | 58 | |||||
Plus de 50 ans | 22 | 8 | 6 | 2 | |||||
En ce qui concerne les antécédents de dépistage du VIH, parmi tous les participants, 23,9 % (n = 95) n'ont déclaré aucun dépistage préalable et 3,3 % (n = 13/398) n'étaient pas certains s'ils avaient déjà subi un test de dépistage du VIH. Parmi les 290 participants qui ont déclaré avoir déjà subi un test de dépistage du VIH, 59,6 % (n = 174) l'ont fait il y a moins de 12 mois. En ce qui concerne l'endroit du dépistage (n = 281 déclaré), 54,8 % (n = 154) ont indiqué qu'ils avaient été testés pour la dernière fois dans une clinique de santé publique ou de lutte contre les infections transmissibles sexuellement, 33,6 % (n = 98) auprès d'un fournisseur de soins primaires et 2,1 % (n = 6) à l'urgence ou dans un autre contexte hospitalier (tableau 2).
Les participants qui ont déjà passé un test de dépistage du VIH étaient plus susceptibles d'être plus âgés (p < 0,005), de s'identifier comme des hommes (p < 0,005), d'avoir de 2 à 5 partenaires sexuels (p < 0,005) et de connaître l'état sérologique de leurs partenaires sexuels (tableau 4). Alors que 46 % (n = 50) des personnes qui ont passé un test pour la première fois faisaient partie d'une population prioritaire, 82 % de tous les membres des populations prioritaires ont déclaré avoir déjà passé un test de dépistage du VIH. De plus, les participants qui ne faisaient pas partie d'une population prioritaire étaient près de cinq fois plus susceptibles d'être testés pour le VIH dans une clinique de soins primaires que dans une clinique de santé publique (p < 0,001; OR 4,71; IC à 95 % = 2,39–9,27). Ces résultats ont révélé des différences dans l'accès aux soins de santé entre les femmes et les hommes.
Caractéristique | Interprétation | Bivarié | MultivariableTableau 4 Note de bas de page a [réf. = premier] | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
p | OR | IC à 95 % | p | OR | IC à 95 % | ||||
Plus bas | Plus haut | Plus bas | Plus haut | ||||||
Population prioritaire | Les membres des populations prioritaires sont plus susceptibles | < 0,05 | 4,74 | 2,95 | 6,64 | NS | s.o. | s.o. | s.o. |
Âge | 26 à 49 ans | < 0,05 | 4,85 | 2,96 | 7,93 | < 0,005 | 4,58 | 2,63 | 8,00 |
Plus susceptibles d'avoir 50 ans ou plus | 4,86 | 1,72 | 13,71 | 9,13 | 2,64 | 31,49 | |||
Ethnie | Aucune différence | NS | NS | NS | NS | NS | NS | NS | NS |
Genre | Les femmes sont moins susceptibles | < 0,05 | 0,30 | 0,19 | 0,49 | NS | s.o. | s.o. | s.o. |
Orientation sexuelle | Les personnes qui s'identifient comme hétérosexuelles sont moins susceptibles | < 0,05 | 0,25 | 0,15 | 0,40 | < 0,005 | 0,33 | 0,18 | 0,58 |
Revenu | Les personnes dont le revenu annuel se situe entre 20 000 $ et 75 000 $ sont plus susceptibles | < 0,05 | 2,07 | 1,07 | 3,97 | NS | s.o. | s.o. | s.o. |
Éducation | Personnes ayant fait des études collégiales ou universitaires | < 0,05 | 2,62 | 1,56 | 4,43 | NS | s.o. | s.o. | s.o. |
Les personnes détenant un diplôme d'études supérieures sont plus susceptibles | 3,92 | 1,93 | 8,00 | ||||||
Soins primaires | Aucune différence | NS | NS | NS | NS | NS | NS | NS | NS |
Nombre de partenaires | 2 à 5 | < 0,05 | 3,16 | 1,91 | 5,24 | < 0,005 | 2,89 | 1,57 | 5,32 |
Les personnes qui ont 6 partenaires et plus sont plus susceptibles | 3,4 | 1,13 | 10,27 | NS | |||||
État sérologique du partenaire | Les personnes qui ne connaissent pas leur état sérologique sont moins susceptibles | < 0,05 | 0,39 | 0,24 | 0,65 | < 0,005 | 0,28 | 0,15 | 0,53 |
Consommation de substances | Les personnes ayant des antécédents de consommation sont plus susceptibles | < 0,05 | 2,34 | 1,45 | 3,76 | NS | s.o. | s.o. | s.o. |
Résultat déclaré | Aucune différence | NS | NS | NS | NS | NS | NS | NS | NS |
Dans l'ensemble, 57,1 % (n = 228) des participants ont déclaré leurs résultats de test de dépistage du VIH par l'entremise de GetaKit.ca, 77,6 % (n = 177) étaient négatifs, 20,6 % (n = 47) étaient invalides, 1,3 % (n = 3) étaient « préfère ne pas déclarer » et 0,4 % (n = 1) étaient positifs. Le taux de positivité était de 0,24 % pour tous les tests (n = 1) et de 0,44 % pour les résultats déclarés (n = 1). Il n'y avait pas de liens importants entre les caractéristiques des participants et les résultats des tests de dépistage du VIH. Les participants qui se sont déclarés hétérosexuels étaient moins susceptibles de déclarer leurs résultats de test de dépistage du VIH que les participants qui se sont déclarés gbHARSAH (p < 0,05; OR 0,58; IC à 95 % = 0,37–0,91).
Discussion
Au cours de la phase 1 du projet GetaKit, 1 268 personnes ont évalué leur admissibilité; la moitié d'entre elles étaient admissibles, et un tiers ont commandé un test. La raison la plus courante d'inadmissibilité était de vivre à l'extérieur d'Ottawa. Près des trois quarts des participants admissibles (environ le quart des femmes admissibles) appartenaient à des groupes prioritaires et près de la moitié des personnes qui passaient un test pour la première fois appartenaient à des groupes prioritaires. Les participants des groupes prioritaires étaient plus susceptibles de déclarer des résultats, comparativement aux participants de groupes non prioritaires. Environ le quart des participants admissibles (près de la moitié des participantes) ont déclaré n'avoir passé aucun test de dépistage du VIH. Plus de la moitié des participants ont rapporté leurs résultats de tests autoadministrés sur le site Web de GetaKit; la plupart des résultats étaient négatifs et un était positif, pour un taux de positivité de 0,24 % (0,44 % pour les tests déclarés), comparativement à un taux de positivité de référence de 0,08 % pour le VIH à Ottawa.
Conformément à des études publiées précédemment, nos résultats soulignent qu'un système de commande en ligne pour l'auto-test gratuit du VIH peut faciliter le dépistage pour certaines personnes affectées par le VIHNote de bas de page 10Note de bas de page 11Note de bas de page 12Note de bas de page 13Note de bas de page 14Note de bas de page 15. À l'appui de cette affirmation, près des trois quarts de nos participants étaient membres d'un groupe prioritaire et nos taux de positivité étaient de 3 à 5,5 fois plus élevés que le taux de référence à Ottawa. En particulier, les données du bureau de santé local ont indiqué que, pendant la période de l'étude, 32 personnes ont déclaré avoir le VIH, dont 13 avaient déjà été diagnostiquées dans d'autres pays et étaient au courant de leur séropositivité. Par conséquent, GetaKit représentait 5,2 % (n = 1) des nouveaux diagnostics à Ottawa au cours de la phase 1 de l'étude. Ce résultat est probablement lié au fait que plus de la moitié de nos participants se sont identifiés comme appartenant à la communauté gbHARSAH, qui représente plus des trois quarts des nouvelles infections au VIH (définies comme ayant été contractées au cours des 12 mois précédents) à OttawaNote de bas de page 16.
Limites
Nos résultats ont également mis en lumière un accès facilité au dépistage pour les femmes qui n'avaient jamais été testées auparavant pour le VIH. En effet, près de la moitié des participantes qui se sont identifiées comme étant des femmes ont indiqué n'avoir passé aucun test au préalable. Cependant, aucune femme n'a reçu un résultat séropositif au VIH et seulement le quart des femmes appartenaient à des groupes prioritaires, ce qui indique qu'il faut redoubler d'efforts pour cibler le dépistage chez les femmes les plus à risque et les plus touchées par le VIH. Cela comprendrait les femmes qui sont africaines, caribéennes ou noires, autochtones, qui consomment des drogues, qui sont transgenres et qui ont d'autres facteurs socioéconomiques qui augmentent leur vulnérabilité au VIH. Le risque de violence associé à l'auto-test du VIH à la maisonNote de bas de page 17 est peut-être l'une des raisons pour lesquelles le taux de participation était plus faible chez les femmes. Une autre raison pour laquelle la participation à GetaKit a diminué est peut-être que les femmes avaient accès à des tests de dépistage par des établissements de soins de santé traditionnels. Le fait que les services de prévention du VIH soient souvent ciblés sur la communauté gbHARSAH peut également avoir affecté la participation des femmes. La phase 2 du projet GetaKit comprend la collecte et la commande en bordure des rues à des endroits communautaires distincts, ce qui permettra de traiter les cas d'inaccessibilités involontaires chez les femmes à risque élevé d'être infectées par le VIH.
Une autre limite importante de cette étude est qu'elle s'est produite pendant la pandémie de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19), lorsque l'accès aux services de dépistage du VIH était limité. Ainsi, les gens pourraient avoir utilisé GetaKit à un taux plus élevé parce que les établissements de soins de santé étaient moins accessibles. À l'inverse, il se peut que la nécessité d'avoir accès à des tests pendant la période d'étude ait été moindre si les personnes avaient restreint leurs pratiques sexuelles en raison des protocoles d'isolement liés à la COVID-19. De plus, nos constatations au sujet des femmes ont peut-être été influencées par le processus de suppression progressive, car cela a réduit l'échantillon analytique pour les femmes en raison de données manquantes. Pour résoudre ce problème, à la phase 2, nous avons ajouté d'autres questions concernant les personnes transgenres et non conformes au genre. Ensuite, la proportion de femmes appartenant à des groupes prioritaires peut avoir été plus élevée que ce que nous avons déterminé, puisque notre enquête de phase 1 ne portait pas sur les travailleurs du sexe. Cela a été corrigé pour la phase 2. Enfin, le fait que le projet GetaKit fonctionnait exclusivement par l'entremise d'un site Web a probablement limité l'accès aux personnes peu alphabétisées sur le plan technologique ou à celles qui n'avaient pas facilement accès à des ordinateurs. Bien que les restrictions liées à la COVID-19 n'aient pas permis l'inscription en personne, des sondages sur papier ont été produits pour la phase 2 et seront disponibles à certains endroits sur place.
Conclusion
L'étude GetaKit est la première étude sur des tests autoadministrés sur le VIH à être envoyée gratuitement par la poste au Canada. Au cours de la phase 1, les membres des groupes les plus touchés par le VIH au Canada et les personnes n'ayant jamais fait l'objet d'un test de dépistage du VIH se sont montrés très intéressées à participer. Tout en obtenant de tels résultats, le projet GetaKit semblait néanmoins avoir atteint des populations de gbHARSAH plus instruites et à revenu plus élevé, plutôt que l'ensemble des groupes prioritaires de lutte contre le VIH. Par conséquent, nos conclusions soulignent l'importance d'offrir le test autoadministré du VIH de cette manière, tout en identifiant le besoin urgent d'étendre GetaKit à un plus grand nombre de régions et de réduire les obstacles à l'accès (qui seront abordés dans la phase 2). Nos conclusions soulignent également la nécessité d'élargir l'accès aux femmes les plus à risque de contracter le VIH. Cela pourrait se faire par la sensibilisation directe et par des mécanismes plus discrets de commande et de ramassage (phase 2). Grâce à ces améliorations, nous pourrions réduire la proportion de personnes qui ne savent pas qu'elles sont séropositives et aider le Canada à atteindre les cibles 95-95-95 des Nations Unies.
Déclaration des auteurs
P. O'B. est le chercheur principal du projet GetaKit et a participé à tous les aspects du projet et du document. A. M. a participé à tous les aspects du projet GetaKit et de cet article. A. V. a participé à toutes les analyses statistiques; elle a rédigé tout le texte statistique et a examiné et approuvé l'article final. N. H. était assistante de recherche pour projet GetaKit et a participé à la collecte de données, à la rédaction de documents, à la révision, à la présentation et à l'approbation. L. O. était responsable clinique du VIH pour le projet GetaKit et assistante de recherche pour GetaKit, et a participé à la collecte de données, à la rédaction de l'article, à la révision, à la présentation et à l'approbation. M. H. était assistante de recherche pour projet GetaKit et a participé à la collecte de données, à la rédaction de l'article, à la révision, à la présentation et à l'approbation. V. P. était une clinicienne participant au projet GetaKit; elle a également supervisé tous les médias sociaux pendant la phase 1 du projet GetaKit; elle a participé à la collecte des données, à la rédaction de l'article, à la révision, à la soumission et à l'approbation de l'article.
Le contenu de l'article et les points de vue qui y sont exprimés n'engagent que les auteurs et ne correspondent pas nécessairement à ceux du gouvernement du Canada.
Intérêts concurrents
Aucun.
Remerciements
P. O'B. tient à remercier le Réseau ontarien de traitement du VIH pour sa chaire de recherche en santé publique et en prévention du VIH. L. O. aimerait remercier les Instituts de recherche en santé du Canada pour sa bourse d'études Vanier.
Financement
Le Réseau ontarien de traitement du VIH a financé ce projet.
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