Données probantes portant sur le variant Delta chez les enfants

RMTC

Volume 47-11, novembre 2021 : Syndrome inflammatoire multisystémique chez les enfants

COVID en bref

Quelles sont les données probantes relatives au variant Delta chez les enfants?

Source : Groupe des sciences émergentes de l’Agence de la santé publique du Canada. Preuves émergentes sur la COVID-19 : Preuves de virulence, de transmission et de l’impact du variant Delta (B.1.617.2) chez les enfants Octobre 2021. Rapport complet disponible en faisant une demande à l’adresse suivante : ocsoevidence-bcscdonneesprobantes@phac-aspc.gc.ca

Contexte : Les données probantes concernant effets du variant Delta sur les enfants commencent à apparaître. Afin d’éclairer davantage les stratégies de santé publique visant à protéger les enfants, cette note factuelle résume ce que l’on sait sur la virulence et la transmissibilité du variant Delta chez les enfants âgés de 0 à 18 ans et sur l’impact des interventions de santé publique, y compris les vaccins.

Méthodes : Vingt bases de données et des sites Web clés ont fait l’objet de recherche pour des examens pertinents, des publications évaluées par des pairs et des prépublications jusqu’au 8 octobre 2020. Les données des études ont été extraites dans des tableaux de preuves et les principaux résultats ont été résumés.

Résultats : Vingt-trois études ont été incluses, dont 17 publiées au cours du dernier mois. Il s’agissait d’un essai randomisé en grappe, de quatre études de surveillance, de une étude écologique, de sept enquêtes sur des éclosions, de six modèles prédictifs de l’impact des mesures de santé publique et de quatre modèles prédictifs de l’impact de différentes couvertures vaccinales chez les enfants.

Virulence (n = 4)

Les données actuelles indiquent que le variant Delta n’est pas plus virulent chez les enfants que la souche originale ou le variant Alpha.

  • Deux études de surveillance aux États-Unis et une au Royaume-Uni ont rapporté que, bien que les taux d’incidence et d’hospitalisation aient augmenté, la proportion de cas de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) ayant une issue grave (e.g. admission en unité de soins intensifs, ventilation mécanique invasive et mortalité) n’avait pas changé chez les enfants pendant la vague de juin-août 2021 du variant Delta par rapport aux taux pré-Delta.

Transmissibilité (n = 8)

En l’absence de mesures de santé publique, telles que les vaccins, la distanciation physique, les cohortes et le port du masque, le Delta a une transmissibilité élevée chez les enfants.

  • Ce phénomène a été documenté dans sept études sur les épidémies, tant en milieu scolaire que communautaire. Les éclosions dont le cas source était un enseignant ou un instructeur étaient généralement plus grandes et présentaient des données de reproduction plus élevées que celui des étudiants. Dans une étude de modélisation, on a estimé que Delta entraînait près de 10 fois plus de cas attribuables à la présence à l’école qu’Alpha.
  • Un essai contrôlé randomisé et trois modèles prédictifs ont montré que les cas dans les écoles suivaient de près ceux de la communauté.
  • Les enfants peuvent avoir une charge virale élevée. Une étude américaine a rapporté une charge virale élevée (Ct < 20) chez 18,3 % des enfants positifs à la COVID et parmi ceux-ci, 70 % étaient asymptomatiques.

Impact des mesures de santé publique (n = 12)

Vaccination

Il existe de nouvelles preuves que le vaccin prévient les maladies graves chez les enfants.

  • Une seule étude empirique réalisée aux États-Unis a révélé qu’au début de la vague Delta (juin-juillet 2021), les adolescents vaccinés présentaient des taux d’hospitalisation 10,1 fois moins élevés que les adolescents non vaccinés. Plus précisément, par rapport aux états où la couverture vaccinale est la plus élevée, les états où la couverture vaccinale est la plus faible affichent des taux de visites aux urgences et d’hospitalisations 3,4 fois plus élevés chez les adolescents.
  • Quatre modèles du Royaume-Uni, des États-Unis, de l’Australie et de la Chine ont analysé l’impact de la couverture vaccinale dans différents groupes d’âge d’enfants sur les cas, les hospitalisations et les décès suite à l’augmentation des taux d’infection et à la réouverture des écoles à l’automne 2021. Selon les prédictions, une réduction de 90 % des cas de COVID-19 pourrait être obtenue en étendant la couverture vaccinale à la plupart des groupes d'âge pédiatriques.
  • La plupart des modèles suggèrent qu’une couverture vaccinale très élevée est nécessaire (plus de 80 %) pour annuler le bénéfice supplémentaire d’autres mesures de santé publique (e.g. les politiques de port du masque, les politiques de quarantaine, la distanciation sociale, les cohortes dans les écoles) à la fois dans la communauté et dans les écoles.

Autres mesures de santé publique

De nouvelles données montrent qu’une approche stratifiée de vaccins dans la population admissible (12 ans et plus) ainsi que d’autres mesures de santé publique sont efficaces pour diminuer la propagation de la COVID-19 dans les écoles.

  • Une étude de modélisation provenant du Royaume-Uni a estimé que la mise en quarantaine de toute une classe pendant 10 jours après la découverte d’un cas peut avoir un impact significatif sur l’arrêt de la transmission et a montré qu’elle avait un impact similaire à un scénario de mesures de santé publique de haute rigueur avec port du masque, cohortes et ventilation accrue dans les écoles.
  • Une étude écologique américaine a montré que le nombre de cas pédiatriques dans les comtés où le port du masque à l’école est obligatoire était inférieur de 18,53 cas pour 100 000 habitants par jour par rapport aux comtés où le port du masque à l’école n’est pas obligatoire. Des études de modélisation ont montré un impact protecteur de l’obligation de porter un masque dans les écoles primaires, intermédiaires et secondaires sur les transmissions scolaires et les taux d’infection communautaires.
  • Des modèles prédictifs suggèrent que l’augmentation du nombre de mesures de santé publique employées et une couverture vaccinale plus élevée dans les populations scolaires et communautaires étaient toujours plus protectrices que moins de mesures de santé publique.
  • Les mesures de santé publique les plus efficaces variaient selon les cinq études de modélisation, mais comprenaient généralement des exigences en matière de masque et des stratégies de cohortes ou de test. Il semble que la combinaison de mesures de santé publique et de couverture vaccinale nécessaire pour minimiser le risque de transmission dans un établissement scolaire dépende de l’épidémiologie locale de la COVID-19, et la faisabilité de la mise en œuvre de différentes mesures de santé publique dans un cadre particulier (e.g. les écoles) ou pour une activité (e.g. le sport).

Conclusion : D’après les données préliminaires, le variant Delta chez les enfants ne semble pas être plus virulent que le variant original ou Alpha. Cependant, en l’absence de vaccins et d’autres mesures de santé publique, le Delta présente une forte transmissibilité chez les enfants. Les données actuelles indiquent que les vaccins et les mesures de santé publique supplémentaires sont efficaces pour diminuer la transmission de la COVID-19 dans les écoles. Des études empiriques sont nécessaires pour confirmer, réfuter ou nuancer ces résultats.

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