La saison grippale australienne prédit-elle la saison grippale canadienne? 2014 à 2020
Publié par : L'Agence de la santé publique du Canada
Numéro : RMTC : Volume 49-11/12, novembre/décembre 2023 : VIH et autres infections transmissibles sexuellement et par le sang
Date de publication : novembre/décembre 2023
ISSN : 1719-3109
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Volume 49-11/12, novembre/décembre 2023 : VIH et autres infections transmissibles sexuellement et par le sang
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La saison grippale australienne prédit-elle la saison grippale canadienne? Une comparaison qualitative des saisons, 2014 à 2020
Deborah Chan1, Liza Lee1, Christina Bancej1
Affiliation
1 Centre de l'immunisation et des maladies respiratoires infectieuses, Agence de la santé publique du Canada, Ottawa, ON
Correspondance
Citation proposée
Chan D, Lee L, Bancej C. La saison grippale australienne prédit-elle la saison grippale canadienne? Une comparaison qualitative des saisons, 2014 à 2020. Relevé des maladies transmissibles au Canada 2023;49(11/12):544−20. https://doi.org/10.14745/ccdr.v49i1112a05f
Mots-clés : grippe, surveillance, saisonnalité, épidémiologie, vaccin
Résumé
Une croyance largement répandue dans les médias et dans le public canadien est que la saison grippale australienne est un indicateur assez fiable de ce à quoi pourrait ressembler la saison grippale canadienne qui suivra. Cependant, cette affirmation n'est pas bien étayée par des preuves épidémiologiques. Par conséquent, l'objectif de ce travail était de comparer qualitativement le moment de l'apparition, du pic et de l'intensité de l'activité grippale, les souches grippales dominantes en circulation, ainsi que les politiques saisonnières de vaccination et de vaccination de 2014 à 2020 entre le Canada et l'Australie, en utilisant une combinaison des données FluNet et des rapports et publications de surveillance de la grippe. Selon les indicateurs épidémiologiques considérés, les épidémies entre le Canada et l'Australie diffèrent souvent. Même si les politiques et la couverture vaccinale sont similaires dans les deux pays, les estimations de la composition et de l'efficacité réelle des vaccins diffèrent également. En fin de compte, il existe de nombreuses différences et variables confusionnelles entre les saisons grippales australienne et canadienne dans de nombreux indicateurs qui excluent l'utilisation de la saison grippale australienne comme seul prédicteur de la saison grippale canadienne. Cependant, la disponibilité de données de surveillance mondiales et de solides données de surveillance nationales et infranationales peut fournir des délais et éclairer la planification des ressources et des capacités au cours de la saison, ainsi que les mesures d'atténuation, pour les épidémies de grippe saisonnière.
Introduction
La grippe saisonnière circule principalement pendant les mois d'hiver. En Australie, la saison grippale survient généralement entre mai et octobre, tandis qu'au Canada, elle survient généralement entre octobre et mai. Une croyance largement répandue dans les médias et dans le public canadien est que la saison grippale australienne est un indicateur assez fiable de ce à quoi pourrait ressembler la saison grippale canadienne qui suivra Note de bas de page 1 Note de bas de page 2 Note de bas de page 3 Note de bas de page 4. L'origine de cette croyance est inconnue, mais elle s'est probablement répandue après les graves saisons grippales dans les hémisphères sud et nord en 2017 Note de bas de page 2.
En décembre 2021, une seule étude empirique avait été publiée sur la question de savoir si les données sur la grippe australienne pouvaient prédire l'activité grippale dans l'hémisphère Nord (États-Unis, Royaume-Uni et Chine). Zhang et al. ont appliqué un modèle de moyenne mobile intégré d'autorégression saisonnière multivariée et ont constaté que l'utilisation des données de surveillance FluNet de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) de 2010 à 2018 pour l'hémisphère sud, en combinaison avec des données locales provenant de requêtes Internet, améliorait nominalement la prévision de l'incidence positive de la grippe dans ces trois pays de l'hémisphère Nord Note de bas de page 5. De plus, l'affirmation selon laquelle la saison grippale australienne peut être utilisée pour prédire la saison grippale canadienne n'a pas été bien étudiée ni étayée par des preuves épidémiologiques.
L'objectif de ce commentaire est de comparer le moment de l'apparition, du pic et de l'intensité de l'activité grippale, les souches grippales dominantes en circulation, ainsi que les vaccins et politiques de vaccination saisonniers de 2014 à 2020 entre le Canada et l'Australie afin de déterminer s'il existe des preuves suffisantes pour déterminer si l'épidémie de grippe saisonnière en Australie peut être utilisée comme indicateur de la saison de grippe au Canada.
Portée et méthodes
Les données de sept saisons consécutives (saisons de l'hémisphère Nord de 2014–2015 à 2020–2021 et saisons correspondantes de l'hémisphère Sud de 2014 à 2020) ont été utilisées à des fins de comparaison qualitative. Les données FluNet de l'OMS ont été utilisées pour déterminer le sous-type circulant dominant et pour calculer et générer les courbes épidémiologiques de pourcentage de positivité pour la grippe A et B en Australie et au Canada de janvier 2014 à août 2021 Note de bas de page 6. Pour permettre la comparaison des saisons, du début et de la fin, la semaine épidémiologique 35 d'une saison canadienne a été alignée sur la semaine 1 d'une saison et de périodes australiennes. L'Australie ne fixe pas de seuil pour déterminer le début et la fin de son épidémie saisonnière; par conséquent, pour permettre une comparaison directe, le seuil canadien de deux semaines consécutives de tests de grippe positifs ≥ 5 % a été utilisé pour définir une épidémie de grippe saisonnière Note de bas de page 7. Les courbes épidémiologiques ont été comparées et analysées. Toutes les analyses ont été effectuées dans le logiciel R Note de bas de page 8 et les chiffres ont été produits dans Excel.
Les hospitalisations, bien qu'elles constituent un indicateur de surveillance important de la gravité, ont été exclues de cette comparaison, car les données sur les hospitalisations entre les deux pays n'étaient pas comparables. Les données utilisées pour comparer les tendances épidémiologiques et les recommandations en matière de vaccination se limitaient aux rapports de surveillance officiels, aux manuels et déclarations de vaccination publiés par le gouvernement du Canada et le gouvernement australien. Les informations sur la composition du vaccin contre la grippe saisonnière ont été obtenues à partir des rapports de réunion publiés par l'OMS. Les résultats de l'efficacité réelle des vaccins ont été obtenus à partir d'articles de revues publiés qui ont été collectés, rassemblés et sauvegardés dans le cadre de la surveillance active des résultats mondiaux de l'efficacité réelle des vaccins par le programme national de surveillance de la grippe du Canada (ÉpiGrippe).
Principales constatations
Virologique
La grippe A était le type de virus en circulation dominant au Canada et en Australie au fil des saisons, à l'exception de la saison 2015 en Australie, où les grippes A et B ont circulé dans des proportions similaires (tableau 1). Au cours des sept saisons comparées, dans trois seulement, le sous-type dominant de la grippe A australienne correspondait au sous-type dominant de la grippe A canadienne de la saison suivante (2016/2016–2017 [A(H3N2)], 2017/2017–2018 [A(H3N2)] et saisons 2018/2018–2019 [A(H1N1)]). Bien que les informations sur les souches des sous-types de grippe A en circulation n'étaient pas disponibles dans les rapports de surveillance australiens, le sous-type dominant de grippe A en circulation en Australie au cours des trois saisons a été déterminé comme correspondant bien, correspondant raisonnablement bien ou antigéniquement similaire aux composants du vaccin, respectivement Note de bas de page 9Note de bas de page 10 Note de bas de page 11. Cela suggère que les souches dominantes en circulation des sous-types de grippe A étaient similaires à celles du Canada au cours de ces trois saisons Note de bas de page 12 Note de bas de page 13 Note de bas de page 14.
Saison | Pays | Nombre total de détections de grippe | Grippe A | Grippe B | Parmi les détections de grippe A sous-typée | |||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Grippe H1N1 | Grippe H3N2 | |||||||||
n | % | n | % | n | % | n | % | |||
2014/2014–2015 | Australie | 3 473 | 3 011 | 86,7 | 462 | 13,3 | 1 701 | 60,2 | 1 124 | 39,8 |
Canada | 45 048 | 36 428 | 80,9 | 8 620 | 19,1 | 104 | 0,8 | 13 168 | 99,2 | |
2015/2015–2016 | Australie | 3 625 | 1 825 | 50,3 | 1 800 | 49,7 | 244 | 13,7 | 1 533 | 86,3 |
Canada | 39 449 | 28 495 | 72,2 | 10 954 | 27,8 | 11 168 | 90,5 | 1 172 | 9,5 | |
2016/2016–2017 | Australie | 6 705 | 5 566 | 83,0 | 1 139 | 17,0 | 588 | 16,9 | 2 893 | 83,1 |
Canada | 39 512 | 35 001 | 88,6 | 4 511 | 11,4 | 176 | 1,0 | 17 524 | 99,0 | |
2017/2017–2018 | Australie | 10 509 | 7 684 | 73,1 | 2 825 | 26,9 | 507 | 18,4 | 2 248 | 81,6 |
Canada | 64 250 | 36 039 | 56,1 | 28 211 | 43,9 | 1 274 | 10,3 | 11 074 | 89,7 | |
2018/2018–2019 | Australie | 4 264 | 3 869 | 90,7 | 395 | 9,3 | 2 058 | 74,8 | 695 | 25,2 |
Canada | 47 763 | 45 240 | 94,7 | 2 523 | 5,3 | 10 981 | 67,9 | 5 196 | 32,1 | |
2019/2019–2020 | Australie | 14 002 | 12 035 | 86,0 | 1 967 | 14,0 | 674 | 12,8 | 4 586 | 87,2 |
Canada | 53 789 | 30 986 | 57,6 | 22 803 | 42,4 | 4 956 | 69,1 | 2 215 | 30,9 | |
2020/2020–2021 | Australie | 949 | 876 | 92,3 | 73 | 7,7 | 267 | 80,7 | 64 | 19,3 |
Canada | 72 | 49 | 68,1 | 23 | 31,9 | 5 | 38,5 | 8 | 61,5 | |
Au cours de cette période, le Canada et l'Australie ont connu des saisons de circulation de la grippe B, mais les saisons avec une incidence plus élevée de la grippe B n'avaient aucune correspondance (2015 en Australie par rapport à 2017–2018 et 2019–2020 au Canada). Au cours de la plupart des saisons, le Canada a connu une importante vague de grippe A suivie d'une vague de grippe B de plus petite ampleur, sauf au cours des saisons 2017–2018 et 2019–2020, où la grippe B a cocirculé avec la grippe A (figure 1). En Australie, les grippes A et B cocirculaient généralement en toutes saisons, la grippe B circulant à des niveaux plus faibles. En raison de la pandémie de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) et des mesures d'intervention de santé publique, l'Australie et le Canada ont connu une circulation de la grippe minimale en 2020–2021.
Activité grippale
L'Australie et le Canada présentent également des dynamiques saisonnières différentes qui diffèrent d'une saison à l'autre (figure 2). En utilisant les seuils canadiens pour les épidémies de grippe saisonnière (au moins deux semaines consécutives où ≥ 5 % des tests sont positifs pour la grippe) comme marqueur de l'activité épidémique, l'Australie semble connaître une période épidémique d'activité grippale courte et moins intense au cours de la plupart des saisons avant de connaître l'épidémie principale et la plus importante, alors que le Canada connaît habituellement une période continue d'activité épidémique. En excluant les saisons canadiennes 2019–2020 et 2020–2021 et la saison australienne 2020 en raison de la pandémie de COVID-19, la durée moyenne de l'épidémie au Canada était de 27 semaines (plage : de 22 à 31 semaines) et de 31 semaines en Australie (plage : de 23 à 45 semaines). En excluant les saisons touchées par la pandémie de COVID-19, l'Australie connaît une moyenne de 40 semaines pendant lesquelles au moins 5 % de positivité a été signalée, comparativement à la moyenne canadienne de 27 semaines.
L'activité épidémique augmente plus rapidement au Canada (avec des saisons culminant en moyenne pendant 10,4 semaines au Canada [plage : 8 à 15 semaines] contre 17 semaines en Australie [plage : 9 à 33 semaines]) à partir du moment où 5 % de positivité est atteint dans la courbe épidémique principale. L'intensité, comme l'indique l'ampleur du pic, différait entre le Canada et l'Australie pour la plupart des saisons. Il n'y a eu qu'une seule saison (2016/2016–2017) où le pourcentage maximal de positivité au Canada et en Australie était inférieur à 5 %. Il n'y avait pas de tendance maximale perceptible, le pourcentage maximal de positivité variait entre 15,1 % et 42,9 % en Australie et entre 27,1 % et 36,0 % au Canada.
Politique et couverture vaccinale
Les politiques vaccinales sont relativement similaires entre l'Australie et le Canada. L'Australian Immunization Handbook et le Guide canadien d'immunisation décrivent tous deux des groupes similaires recommandés pour la vaccination contre la grippe saisonnière. Dans les deux pays, toutes les personnes âgées de 6 mois ou plus devraient se voir proposer le vaccin contre la grippe saisonnière, en mettant l'accent sur les groupes comprenant les personnes à haut risque de complications ou d'hospitalisation liées à la grippe, les personnes capables de transmettre la grippe à celles à haut risque, les personnes qui fournissent les services communautaires essentiels et la volaille commerciale (au Canada et en Australie) et les travailleurs du secteur porcin (en Australie uniquement) lors d'une éclosion de grippe aviaire ou porcine Note de bas de page 15 Note de bas de page 16.
Au cours de la saison 2020/2020–2021, la couverture vaccinale dans les deux pays était également relativement similaire. La couverture vaccinale était la plus élevée chez les personnes âgées de 65 ans (62 % en Australie et 70 % au Canada) Note de bas de page17Note de bas de page18. Les adultes avaient également une couverture similaire dans les deux pays (en Australie, 23 % et 35 % des personnes âgées de 15 à 49 ans et de 50 à 64 ans respectivement étaient vaccinées et au Canada, 29 % des personnes âgées de 18 à 64 ans l'étaient)Note de bas de page17Note de bas de page18. La couverture vaccinale est relativement stable d'année en année dans les deux pays.
Composition du vaccin contre la grippe et efficacité réelle du vaccin
Les recommandations sur les souches vaccinales étaient identiques entre l'Australie et le Canada de 2014 à 2017, les deux pays fournissant à la fois des vaccins trivalents et quadrivalents. Les souches B recommandées différaient en 2018, 2019 et 2020 et les souches A différaient en 2019 et 2020 Note de bas de page 19.
Les estimations de l'efficacité réelle du vaccin générées à l'aide de conceptions de cas-témoins similaires avec des tests négatifs pour des saisons et des intervalles comparables sont résumées dans le tableau 2. Pour trois des quatre saisons où les vaccins étaient identiques, l'estimation de l'efficacité réelle des vaccins de l'Australie était supérieure à celle du Canada (à l'exception de la saison 2016–2017); cependant, les intervalles de confiance se chevauchaient pour toutes les saisons, sauf pour la saison 2014–2015, où l'efficacité réelle des vaccins au Canada était de 9 % contre 44 % en Australie).
Saison (références) | Australie EV estimées (IC de 95 %) |
Canada EV estimées (IC de 95 %) |
Notes sur l'estimation de EVTableau 2 note de bas de page a |
---|---|---|---|
2014/2014–2015Note de bas de page 20Note de bas de page 21 | 44 % (31–55) | 9 %(–14–57) | EV contre la grippe médicalement soignée (tous types) |
2015/2015–2016Note de bas de page 22Note de bas de page 23 | 54 % (42–63) | 46 % (32–57) | EV contre la grippe médicalement soignée (tous types) |
2016/2016–2017Footnote 24Footnote 25 | 40 % (18–56) | 44 % (30–55) | EV contre la grippe médicalement soignée (tous types) |
2017/2017–2018Footnote 26Footnote 27 | 55 % (17–46) | 42 % (25–55) | EV provisoire contre la grippe médicalement soignée (tous types) |
2018/2018–2019Tableau 2 note de bas de page bFootnote 28Footnote 29 | 68 % (47–67) | 68 % (55–77) | EV provisoire contre la grippe médicalement soignée (tous types) |
2019/2019–2020Tableau 2 note de bas de page c Footnote 30Footnote 31 | A(H1N1) : 62 % (39–78) A(H3N2) : 37 % (24–49) B : 63 % (45–74) |
A(H1N1) : 44 % (26–58) A(H3N2) : 62 % (37–77) B : 69 % (57–77) |
EV provisoire contre la grippe nécessitant un traitement médical (par type/sous-type) |
2020/2020–2021Tableau 2 note de bas de page d | s.o. | s.o. | s.o. |
Discussion
L'Australie et le Canada ont des dynamiques saisonnières différentes et l'activité globale diffère d'une saison à l'autre. La saison grippale canadienne semble être plus concentrée, l'activité culminant plus rapidement que celle de la saison grippale australienne. Le type et le sous-type circulants dominants peuvent avoir un effet sur la charge et la gravité d'une saison. Le type et le sous-type circulants dominants, la durée, l'intensité et l'activité d'une saison grippale sont des indicateurs de surveillance de base au Canada. Notre comparaison a montré que ces indicateurs sont souvent différents entre les pays selon les saisons.
La politique et la couverture vaccinales sont similaires entre les pays et selon les saisons, avec des composants vaccinaux comparables. Aucune tendance distincte en matière d'estimation de l'efficacité réelle des vaccins n'a été constatée entre les deux pays. Plus récemment, la composition du vaccin contre la grippe saisonnière dans les hémisphères Nord et Sud a commencé à différer, ce qui limite la comparabilité et l'utilité des estimations australiennes de l'efficacité réelle des vaccins en tant que prédicteurs des estimations canadiennes de l'efficacité réelle des vaccins. Les différences et les similitudes dans la composition des vaccins, la politique et l'efficacité réelle des vaccins sont d'autres limites qui doivent être prises en compte lors de la comparaison de l'activité grippale des deux pays et de l'utilisation de l'une comme prédicteur de l'activité de l'autre.
Outre les différences d'activité saisonnière, les facteurs climatiques et démographiques sont des facteurs bien établis qui influencent la dynamique de la grippe Note de bas de page 32 Footnote 33. Il existe à la fois des similitudes et des différences entre le Canada et l'Australie en termes de climat et de population. Le climat des deux pays est différent, avec des températures hivernales inférieures à zéro degré Celsius au Canada et supérieures à zéro degré Celsius en Australie. La répartition de la population en 2020 par âge et par sexe est cependant similaire entre les deux pays Footnote 34Footnote 35.
Les facteurs de confusion dans l'analyse côte à côte des indicateurs de surveillance standard constituent une limite majeure de cette analyse. Par exemple, la grippe confirmée en laboratoire est une maladie à déclaration obligatoire à l'échelle nationale en Australie et au Canada; cependant, il peut y avoir des différences dans les populations testées et dans les pratiques de test entre les pays. Ceci est démontré par les différences dans le nombre de détections de grippe signalées entre le Canada et l'Australie. Au cours de certaines saisons, le Canada enregistre des détections de grippe plus de 10 fois supérieures; cependant, on ne sait pas si cela est dû à des différences dans les pratiques de test et de déclaration ou à des différences réelles dans le nombre de détections (maladie). Le Canada tend à tester des maladies plus graves chez les patients; cependant, la stratégie de test de l'Australie peut différer de celle du Canada. Les métadonnées permettant d'évaluer la comparabilité des données et les menaces potentielles pour leur validité sont souvent indisponibles dans les rapports de surveillance de routine ou dans les systèmes de surveillance sous-jacents.
L'activité grippale est notoirement difficile à prévoir. L'attrait qu'il y a à utiliser l'expérience de la grippe saisonnière survenue quelques mois auparavant dans un pays pour prédire l'activité d'un autre pays est compréhensible du point de vue de la planification. Les rapports australiens de surveillance de la grippe sont disponibles en ligne et comportent des indicateurs de surveillance solides; cependant, de nombreuses considérations importantes décrites dans cet article doivent être prises en compte lors de l'interprétation des données et de leur application au Canada.
Conclusion
Cette comparaison est la première comparaison saison par saison des données canadiennes et australiennes sur la grippe à notre connaissance, et elle met en lumière les défis et les limites liés à l'utilisation des données australiennes pour prédire la saison grippale au Canada. D'après cette comparaison, l'utilisation d'indicateurs clés de la saison grippale australienne pour prédire les caractéristiques de la trajectoire, de l'intensité ou de la durée de la saison grippale canadienne n'est étayée par aucune preuve. Même si nous n'écartons pas l'utilisation des données de surveillance de la grippe australienne, ces données doivent être traitées de la même manière que les données de surveillance obtenues de n'importe quel autre pays et utilisées ensemble comme renseignements mondiaux pour éclairer les tendances et l'activité de la grippe qui pourraient survenir au Canada. Des données de surveillance nationales et infranationales fiables et opportunes constituent un atout majeur pour faciliter le développement de prévisions intrasaison qui peuvent fournir des délais et éclairer la planification des ressources et des capacités au cours de la saison, ainsi que les mesures d'atténuation Note de bas de page 36.
Déclaration des auteurs
D. C. — Conception, analyse, rédaction–ébauche originale, rédaction–révision et édition
L. L. — Conception, révision de la rédaction, revue critique
C. B. — Conception, révision de la rédaction, revue critique
Intérêts concurrents
Aucun.
Remerciements
Un grand merci à tous ceux qui, partout au Canada, contribuent à la surveillance de la grippe. Le programme ÉpiGrippe se compose d'un réseau bénévole de laboratoires, d'hôpitaux, de cabinets de médecins, de ministères provinciaux et territoriaux de la Santé et de personnes qui contribuent en participant au programme ActionGrippe. 2014 à 2015.
Financement
La surveillance ÉpiGrippe est financée par l'Agence de la santé publique du Canada.
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