Agents pathogènes prioritaires résistants aux antimicrobiens du Canada
Dernière mise à jour : 2025-06-02
Renseignez-vous sur la liste la plus récente des agents pathogènes résistants aux antimicrobiens (RAM) du Canada qui constituent un risque pour la population canadienne.
Sur cette page
- Pourquoi prioriser les pathogènes résistants aux antimicrobiens
- Initiatives mondiales et nationales
- Aperçu du processus de priorisation
- Liste des pathogènes prioritaires résistants aux antimicrobiens
- Implications pour la santé publique
Pourquoi prioriser les agents pathogènes résistants aux antimicrobiens
Les antimicrobiens sont essentiels pour prévenir et traiter les infections causées par des bactéries, des virus et des champignons. Cependant, la montée en résistance à ces traitements complique leur efficacité, prolonge les maladies, augmente le risque de complications et alourdit les coûts des soins de santé. La RAM constitue un défi croissant pour la santé publique au Canada et dans le monde.
En 2023, les ministres fédéraux, provinciaux et territoriaux de la santé et de l'agriculture ont lancé le Plan d'action pancanadien sur la résistance aux antimicrobiens afin de coordonner et d'accélérer la réponse canadienne face à la RAM. La priorisation des pathogènes résistants aux antimicrobiens permet de concentrer les ressources sur :
- le renforcement de la surveillance épidémiologique
- l'amélioration des activités de gestion des antimicrobiens
- l'optimisation des mesures de prévention et de contrôle des infections
- le soutien au développement de nouveaux traitements et stratégies de diagnostic
Pour en savoir plus :
- Plan d'action pancanadien sur la résistance aux antimicrobiens
- Résistance aux antimicrobiens : Ce que fait le Canada
Initiatives mondiales et nationales
Depuis près de 2 décennies, les agences de santé nationales et internationales travaillent à identifier et classer les menaces liées à la RAM afin d'orienter la surveillance, la prévention et les stratégies de réponse.
En 2015, l'Agence de la santé publique du Canada (ASPC) a mené son premier exercice de priorisation des pathogènes RAM, jetant ainsi les bases du Système canadien de surveillance de la résistance aux antimicrobiens (SCASRA) et contribuant à définir les priorités de surveillance.
En 2013, les Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis ont publié leur première liste de pathogènes prioritaires en matière de RAM, mise à jour en 2019. L'Organisation mondiale de la Santé a quant à elle publié sa liste des bactéries prioritaires en 2017 (mise à jour en 2024) et sa liste des champignons prioritaires en 2022.
Grâce aux données de surveillance améliorées du SCASRA et d'autres programmes nationaux, l'ASPC a mis à jour la liste des pathogènes prioritaires RAM au Canada.
Pour en savoir plus :
- Centers for Disease Control and Prevention : 2019 Antibiotic Resistance Threats Report (en anglais seulement)
- Organisation mondiale de la Santé : Bacterial Priority Pathogens List, 2024 (en anglais seulement)
- Organisation mondiale de la Santé : Fungal priority pathogens list to guide research, development and public health action (en anglais seulement)
Aperçu du processus de priorisation
L'ASPC a mené un exercice approfondi de priorisation des pathogènes résistants aux antimicrobiens afin de tenir compte des nouvelles menaces bactériennes, virales et fongiques et des évolutions en matière de résistance aux antimicrobiens au Canada. Nous avons mis à jour la liste canadienne initiale de 2015 pour mieux refléter ce paysage changeant.
Nous avons évalué un total de 155 pathogènes connus pour représenter un risque pour la population canadienne. Parmi eux, 68 (44 %) présentaient des preuves de RAM. Grâce à un processus de sélection rigoureux, nos experts ont identifié 29 pathogènes résistants aux antimicrobiens à évaluer. Nous avons utilisé un cadre d'analyse multicritères pour évaluer et classer ces pathogènes. Ce cadre intègre des données canadiennes qualitatives et quantitatives de 2017 à 2022 pour guider la prise de décision.
Les pathogènes résistants aux antimicrobiens ont été classés en niveaux en fonction de 9 critères pondérés :
- détection
- morbidité
- incidence
- traitabilité
- tendances
- prévention
- taux de létalité
- équité en santé
- mode de transmission
Ces critères s'alignent sur les meilleures pratiques internationales et ont été adaptés pour refléter les priorités de santé publique du Canada. Le Canada est le premier pays à intégrer l'équité en santé comme critère de priorisation des pathogènes RAM. Son inclusion s'aligne avec l'engagement du gouvernement du Canada à réduire les disparités en santé et à garantir que les populations les plus touchées par la RAM sont prises en compte dans les futures stratégies de santé publique.
Liste des pathogènes prioritaires résistants aux antimicrobiens
Sur la base de cette évaluation, un total de 29 agents pathogènes résistants aux antimicrobiens ont été classés par niveau, reflétant leur impact relatif sur la santé publique.
Niveau 1 : Groupe à priorité élevée
- Entérobactéries résistantes aux carbapénèmes
- Neisseria gonorrhoeae résistant aux antibiotiques
- Pseudomonas aeruginosa résistant aux carbapénèmes
- Acinetobacter spp. résistant aux carbapénèmes
- Candida auris
- Entérobactéries productrices de β-lactamases à spectre étendu
Niveau 2 : Groupe à priorité moyenne-haute
- Shigella spp. résistant aux antibiotiques
- Mycoplasma genitalium
- Streptococcus pneumoniae résistant aux antibiotiques
- Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline
- Enterococcus spp. résistant à la vancomycine
- Salmonella spp. (non typhoïdique) résistant aux antibiotiques
Niveau 3 : Groupe à priorité moyenne-basse
- Streptococcus du groupe A invasif résistant à la clindamycine
- virus de la grippe A résistant aux antiviraux
- VIH résistant aux traitements
- Streptococcus du groupe B résistant aux antibiotiques
- Clostridioides difficile
- Mycobacterium tuberculosis multirésistant
- Aspergillus spp. résistant aux antifongiques
- Salmonella spp. (typhoïdique) résistant aux antibiotiques
Niveau 4 : Groupe à priorité faible
- Haemophilus influenzae résistant aux antibiotiques
- Helicobacter pylori résistant aux antibiotiques
- Candida spp. résistant aux antifongiques (hors Candida auris)
- Campylobacter spp. résistant aux antibiotiques
- Bacteroides spp. résistant aux antibiotiques
- Ureaplasma spp.
- Treponema pallidum résistant aux antibiotiques
- Chlamydia trachomatis résistant aux antibiotiques
- Mycobactéries non tuberculeuses pulmonaires résistantes aux antibiotiques
Points saillants
- Les agents pathogènes des niveaux 1 et 2 présentent le plus grand risque pour la santé publique en raison de leur morbidité élevée, de leurs options de traitement limitées et de l'augmentation des résistances.
- Candida auris et Mycoplasma genitalium ont été inclus pour la première fois en raison de leurs défis diagnostiques, de leur morbidité élevée (C. auris) et de leur résistance croissante (M. genitalium).
- Shigella résistante aux antibiotiques et M. genitalium suscitent des préoccupations particulières en raison de leur résistance accrue et de leur rôle croissant dans les infections transmissibles sexuellement (ITS) au sein de la population des hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (gbHARSAH).
- 31 % des agents pathogènes prioritaires sont principalement associés aux milieux de soins (infections nosocomiales), mais peuvent également être transmis dans la communauté.
- 45 % des agents pathogènes prioritaires touchent de manière disproportionnée les populations vulnérables, soulignant l'importance d'interventions de santé publique ciblées.
Implications pour la santé publique
Les résultats de cet exercice de priorisation démontrent l'engagement du Canada à lutter contre la RAM grâce à des stratégies fondées sur des données probantes.
- Les pathogènes de Niveau 1 et Niveau 2 représentent collectivement les menaces les plus critiques pour la santé publique canadienne, nécessitant des ressources ciblées pour la prévention, la détection précoce et l'amélioration de la surveillance.
- L'ajout du critère équité en santé souligne la nécessité de stratégies ciblées pour réduire l'impact disproportionné de la RAM sur certaines populations, en particulier pour les ITS.
Se concentrer sur les pathogènes les plus à risque (Niveau 1 et Niveau 2) permettra d'optimiser l'utilisation des ressources et de renforcer la réponse du Canada à la résistance aux antimicrobiens.
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