Renforcer l'intervention fédérale dans la réponse du Canada au VIH/sida
VIH/sida
La réponse du Canada au VIH/sida
Depuis les débuts de l'épidémie du VIH/sida, lorsque la peur était généralisée et que l'on en savait peu sur la maladie, on a vu l'ampleur et la complexité de la réponse du Canada au VIH/sida s'intensifier. Aujourd'hui, les gouvernements, les organisations non gouverne mentales, les organismes communautaires, les chercheurs, les professionnels de la santé, les gens vivant avec le VIH/sida et les personnes qui y sont vulnérables se sont engagés à lutter contre la maladie et les conditions qui aggravent l'épidémie.
On peut souligner bien des réussites survenues au Canada au cours des vingt dernières années. Les progrès de la recherche ont permis de mieux comprendre les modes de transmission du VIH/sida, la progression de la maladie et les possibilités de traitement. La transmission du VIH d'une mère à son enfant a presque disparu au Canada. Les nouvelles infections par le VIH ont été réduites dans la population générale, et on a rendu le système d'approvisionnement en sang aussi sûr que possible pour ce qui est de la contamination par le VIH et d'autres maladies infectieuses. En outre, des mesures ont été prises pour accroître la sensibilisation du public au VIH/sida et pour s'attaquer à la stigmatisation et à la discrimination associées à la maladie. À l'échelle internationale, le Canada a réagi à la pandémie de VIH/sida en faisant preuve d'un leadership vigoureux, en prenant des engagements financiers généreux et en adoptant une approche structurée et coordonnée dans ses programmes de lutte contre le VIH/sida.
Parallèlement, la réponse du Canada au VIH/sida continue de recontrer des défis. L'apparition de traitements antirétroviraux hautement actifs, à la fin des années 1990, a permis de prolonger la vie de nombreux Canadiens porteurs du VIH et d'améliorer leur qualité de vie. Cependant, la difficulté d'accès aux traitements, les échecs des traitements, les effets secondaires toxiques et la résistance aux médicaments sont devenus monnaie courante et empêchent de gagner du terrain sur l'épidémie. Le VIH/sida demeure une maladie mortelle. Aucun vaccin ne permet de prévenir les nouvelles infections. Il n'existe aucun remède. Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida estime qu'en 2003 seulement, le sida a entraîné la mort de trois millions de personnes et on a enregistré cinq millions de nouveaux cas d'infection au VIH.
De plus, les progrès dans la prévention du VIH à la fin des années 1990 n'ont pas duré et l'épidémie persiste. Bien que les hommes gais demeurent le groupe le plus touché par le VIH/sida au Canada, l'épidémie s'est répandue dans d'autres populations vulnérables, y compris les Autochtones, les détenus, les utilisateurs de drogues injectables, les jeunes à risque et les femmes, ainsi que les personnes venant de pays où le VIH est endémique. À la fin de 2002, on estimait que 56 000 personnes étaient infectées par le VIH au Canada, soit 12 % de plus qu'à la fin de 1999. Environ 30 % de ces personnes ne savaient pas qu'elles étaient séropositives. Cette face « cachée » de l'épidémie signifie qu'environ 17 000 personnes infectées ne sont pas en mesure d'avoir recours à un traitement ou accès aux services de soutien et de prévention.
Nous avons les preuves à l'appui. Nous devons renforcer l'intervention fédérale dans la réponse du Canada au VIH/sida afin d'améliorer les résultats pour la santé publique des Canadiens. Au fur et à mesure que nous comprennons mieux les causes et les répercussions de l'épidémie, la réponse du Canada au VIH/sida doit poursuivre son évolution.
De la mobilisation communautaire à l'engagement national
Les premiers cas de VIH/sida sont apparus au Canada au début des années 1980 parmi les hommes gais et les personnes infectées par les produits sanguins. Devant cette nouvelle menace, la communauté gaie s'est mobilisée pour former de petites organisations bénévoles et on a amélioré la sécurité des réserves de sang. AIDS Vancouver et AIDS Committee of Toronto ont été les premiers organismes communautaires de lutte contre le sida à être constitués en société au Canada. À mesure que la menace du VIH/sida continuait de croître, tous les paliers de gouvernement, le système de soins de santé, les organisations non gouvernementales, les chercheurs et d'autres secteurs de la société se sont engagés dans la lutte.
En 1990, le gouvernement fédéral a reconnu la nécessité d'adopter une approche plus structurée et plus coordonnée en matière de VIH/sida et a lancé la Stratégie nationale sur le sida. Prévue au départ pour une période de trois ans, la Stratégie nationale sur le sida a été renouvelée en 1993 pour cinq ans, et son financement annuel est passé de 37,3 millions à 42,2 millions de dollars.
En 1997, ces fonds avaient aidé à élargir et à intensifier la réponse du Canada. Néanmoins, on reconnaissait généralement que les programmes en place ne suffisaient pas et que l'épidémie demeurerait un important problème dans les années à venir. Il était devenu évident qu'en plus des facteurs biologiques, des facteurs économiques, sociaux et politiques influaient sur la propagation du VIH/sida et sur ses répercussions dans la population.
Par suite de nombreuses consultations auprès d'intervenants, le gouvernement fédéral a lancé la Stratégie canadienne sur le VIH/sida (SCVS) en 1998.
La SCVS prévoyait la mise au point d'une approche de lutte contre le VIH/sida qui serait permanente et commune à l'échelle nationale et ferait appel à une collaboration accrue entre tous les secteurs de la société. Elle a fait ressortir les problèmes juridiques, éthiques et liés aux droits de la personne, tout en continuant à appuyer le travail des organisations non gouvernementales nationales et locales, des chercheurs sur le VIH/sida et des épidémiologistes. Les collectivités ont commencé à participer davantage au processus de recherche et on a accordé plus d'attention à l'épidémie au sein de la population carcérale, des communautés autochtones et parmi les pays en développement.
Vers une réponse pancanadienne
La SCVS a fourni un cadre unique grâce auquel les divers partenaires - gouvernements, collectivités, organisations non gouvernementales, groupes professionnels, chercheurs, institutions et entreprises - ont travaillé ensemble pour mettre de l'avant des approches novatrices en matière de prévention, de soins et de traitement du VIH/sida. Elle a épousé le concept du pancanadianisme, qui reconnaît qu'aucun organisme ou gouvernement agissant seul ne pourra jamais venir à bout de l'épidémie. Le travail de nombreux participants de différents secteurs est essentiel pour assurer une lutte efficace contre le VIH/sida.
Par ailleurs, la SCVS nous a permis de reconnaître :
- qu'il fallait lutter contre le VIH/sida en s'attaquant non seulement aux facteurs biologiques, mais aussi aux facteurs économiques, sociaux et des droits de la personne, en tenant compte de ses causes profondes, des déterminants de la santé et d'autres dimensions de l'épidémie;
- que les personnes vivant avec le VIH/sida et celles qui y sont vulnérables devraient se trouver à la fois au cœur de la réponse, tout en y participant activement;
- le besoin d'une responsabilisation accrue afin d'assurer la possibilité d'adapter la réponse devant l'évolution de l'épidémie.
Les importantes leçons tirées des stratégies antérieures sont confirmées par la Déclaration de la Session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies (UNGASS) sur le VIH/sida (2001). Cette déclaration, endossée par le Canada, appelle au renforcement des réponses régionales, nationales et internationales au VIH/sida et réclame plus précisément des plans stratégiques nationaux. La déclaration vient confirmer les importants enseignements des stratégies antérieures.
Ensemble, nous pouvons jouer un rôle de premier plan - Un plan d'action établi par les Canadiens, pour les Canadiens
Les intervenants et les gouvernements en sont arrivés à la conclusion qu'une approche plus stratégique est requise - une approche qui embrasse les principes de justice sociale et qui prévoit un engagement sans précédent, un accroissement de la collaboration et une meilleure planification au sein de la société.
À cette fin, Ensemble, nous pouvons jouer un rôle de premier plan : Un plan d'action sur le VIH/sida pour l'ensemble du Canada est élaboré par un vaste groupe représentatif d'organismes et de particuliers participant à la réponse canadienne 1. Développé avec l'aide de l'Agence de la santé publique du Canada, il établira un plan en vue de renforcer et d'élargir la politique, les programmes et la recherche sur le VIH/sida au Canada de sorte que « d'ici 2010, la fin de l'épidémie soit en vue ».
Le document Ensemble, nous pouvons jouer un rôle de premier plan : Un plan d'action sur le VIH/sida pour l'ensemble du Canada donne un nouveau départ à la réponse du Canada au VIH/sida. Aucun organisme ou secteur ne peut faire sien le Plan d'action - il s'agit d'un appel à l'action demandant à tous les Canadiens et à tous les secteurs de la société d'harmoniser leur participation à la lutte contre le VIH/sida.
Le leadership fédéral est la pierre angulaire qui facilitera la progression dans cette voie. En plus de continuer à appuyer la mise en œuvre du Plan d'action, le gouvernement du Canada a élaboré une approche renouvelée en vue de lutter contre l'épidémie : l'Initiative fédérale de lutte contre le VIH/sida au Canada.
1 Le document intitulé Ensemble, nous pouvons jouer un rôle de premier plan devrait être terminé au début de 2005.
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