L’état de la surveillance environnementale dans le Nord canadien

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Table of Contents:

Prologue

MARS 2015

Ce rapport représente une contribution canadienne essentielle à la troisième Conférence internationale sur la planification de la recherche arctique (CIPRA III), un exercice de changement en profondeur qui offrira une feuille de route pour guider les organismes axés sur la recherche par le monde entier dans la planification et l’exécution de la recherche arctique pour la prochaine décennie. Prière de visiter http://icarp.arcticportal.org/ pour plus d’information.

NOTES

Dans l’analyse actuelle, la définition de surveillance couvre au moins trois années de collecte répétée des données concernant un paramètre ou un composant spécifique de l’environnement à un endroit donné, ou de la santé humaine des personnes appartenant à un échantillon de population donné ou vivant dans une collectivité ou une région en particulier, sauf mention contraire. Même si nous n’avons pas fait de recherche sur les données à court terme, elles figurent dans l’ensemble de données si elles avaient été communiquées.

Le terme « paramètre » utilisé au présent rapport est pris dans son acception générale et s’entend de toute une gamme de termes qui peuvent décrire les variables de surveillance, notamment composante, élément, mesure, facteur, observation.

ACRONYMS

CAFF - Groupe de travail du Conseil de l’Arctique sur la flore et la faune circumpolaires (CAFF).

SAON - L’objectif de Sustaining Arctic Observing Networks (SAON) Canada est de stimuler les activités d’observation dans l’ensemble de l’Arctique en facilitant les partenariats et les synergies entre les activités actuelles d’observation et de gestion de données et de promouvoir le partage et la synthèse des données et de l’information.

ENSEMBLE DE DONNÉES CORRESPONDANTES

Les données correspondantes peuvent être consultées sur le site Web de Sustaining Arctic Observing Networks (SAON) Canada : http://arcticobservingcanada.ca/etat-de-la-surveillance.html

Message du directeur exécutif

Dans le cadre de son mandat, la Commission canadienne des affaires polaires doit, pour en faire rapport aux Canadiens, mener une surveillance de l’état du savoir sur les régions polaires et travailler de concert avec les institutions canadiennes et internationales afin de préciser les priorités, notamment scientifiques. En 2014, la Commission a publié un rapport sur l’État du savoir nordique au Canada. Sur le thème de la recherche « de la connaissance à l’action », on dégage au rapport les principaux gains en matière de recherche depuis le début de l’Année polaire internationale, ainsi que les lacunes et les perspectives clés de collaboration dans le Nord canadien, pour prendre en compte les priorités des gens du Nord. L’une des lacunes essentielles dégagées dans le rapport est la nécessité d’étendre, d’optimiser et de coordonner davantage la surveillance environnementale afin de réunir des données de base et de préciser tendances utilisables pour mieux comprendre et gérer le changement environnemental et les répercussions de la mise en valeur des ressources.

Le présent rapport sur l’État de la surveillance environnementale dans le Nord canadien offre un contexte essentiel pour appuyer les décisions d’investissement dans de nouveaux sites de surveillance et de redéploiement et d’expansion des sites actuels de façon à mieux couvrir les paramètres essentiels dans les zones prioritaires. En partant des métadonnées sur l’atmosphère, la cryosphère, l’eau douce, le milieu marin, l’environnement terrestre et la santé humaine réunies dans le cadre de multiples projets de surveillance, nous avons établi aux présentes des cartes géographiques indiquant les paramètres mesurés et leur localisation, afin de dégager les domaines éventuels de chevauchement, les lacunes de couverture et les perspectives de synergie. Il s’agit d’un cliché des activités de surveillance en décembre 2014 d’après les métadonnées qui ont été recueillies. Même si l’actuel ensemble de données n’est aucunement exhaustif ou complet, nous continuerons à le mettre à jour petit à petit et veillerons à ce qu’il soit accessible aux autres afin de faciliter des analyses plus poussées.

En terminant, j’aimerais adresser mes remerciements à Tara Zamin, Alison Beamish, Nathalie Forget et Katriina O’Kane, de l’association des scientifiques en début de carrière, qui ont travaillé de façon acharnée afin de recueillir et d’analyser les métadonnées. J’aimerais également reconnaître l’apport des personnes suivantes : Peter Pulsifer, chercheur et scientifique du National Snow and Ice Data Center; Warwick Vincent, directeur scientifique, Centre d’études nordiques et professeur, titulaire de la chaire de recherche du Canada, Université Laval, et Jill Watkins, conseiller scientifique principal, environnement et biodiversité, Pêches et Océans Canada, qui n’ont pas ménagé leur temps et leurs compétences pour examiner le présent rapport. De nombreux chercheurs, réseaux et organismes ont fourni les métadonnées de surveillance et participé à la validation des données et à l’analyse. Il n’aurait pas été possible de préparer le présent rapport sans leur généreuse contribution.

Sincèrement,

Dr. David J. Scott
Directeur exécutif
Commission canadienne des affaires polaires

INTRODUCTION

Il est essentiel d’exercer une surveillance environnementale pour préciser les zones ou domaines de vulnérabilité. Il peut être utile de mener une surveillance répétée et de longue haleine pour comprendre les causes et les conséquences des changements rapides et des tendances à long terme, tout en favorisant une mise en valeur sûre et durable des ressources dans le Nord canadien. Le Nord du Canada est vaste, et sa population est clairsemée. Par conséquent, l’ampleur de la surveillance dans le Nord n’est pas aussi intense que dans le Sud. De plus, les frais de fonctionnement élevés et l’éloignement et les conditions difficiles amplifient les difficultés entourant l’établissement d’une infrastructure de surveillance permettant de garantir une couverture géographique suffisante du Nord. Une intensification des efforts de coordination relèverait l’efficacité et l’efficience de la surveillance dans le Nord canadien et aiderait à combler les lacunes dans la couverture spatiale.

Les gouvernements fédéral et territoriaux, les universités et les organisations non gouvernementales, l’industrie et les collectivités ont concentré des investissements importants dans la surveillance. Même si les efforts de coordination de Sustaining Arctic Observing Networks (SAON) Canada ont aidé à réunir une multitude de programmes courants de surveillance dans le même cadre, il est possible de relier davantage les réseaux actuels par une meilleure coordination. À titre d’appui à SAON Canada et à la collectivité globale de la surveillance de l’Arctique, la Commission canadienne des affaires polaires (CCAP) a recueilli de l’information et procédé à une recension de la surveillance dans le Nord canadien. Le présent rapport vise à offrir une meilleure connaissance de l’état actuel de la surveillance environnementale dans le Nord canadien, en indiquant géographiquement quels sont les paramètres mesurés et à quels endroits. L’information pourra alors servir à dégager les possibilités de collaboration, à relever le niveau de coordination des initiatives de surveillance actuelles et à préciser les domaines où de nouveaux investissements pourraient avoir les répercussions les plus grandes.

Nous avons recueilli l’information auprès de la collectivité de surveillance de l’Arctique canadien, notamment les gouvernements fédéral et territoriaux, les organisations non gouvernementales, les universités et l’industrie. Les initiatives de surveillance à la fois en sciences naturelles et sur la santé humaine (santé physique et santé mentale) ont été intégrées dans les domaines de surveillance thématiques qui font actuellement partie du cadre du SAON : atmosphère, cryosphère, eau douce, milieu marin, milieu terrestre et santé humaine.

Les efforts de collecte ont été orientés versles plus grands programmes et réseaux de surveillance, dans tel ou tel domaine thématique, par exemple les stations météorologiques d’Environnement Canada, le réseau sur l’Arctique en développement et adaptation au pergélisol en transition (ADAPT) et le Programme de surveillance de la biodiversité circumpolaire (PSBC). Nous avons cartographié les emplacements de surveillance de façon à explorer les lacunes géographiques par domaine thématique. Nous donnons dans un document distinct une liste de tous les programmes identifiés par cet inventaire.

Nous sommes pleinement conscients que l’actuel ensemble de données ne peut prétendre être exhaustif ou complet. Il existe de nombreux programmes pour lesquels la série complète des métadonnées n’a pas encore été acquise et, par conséquent, ces séries ne sont pas répercutées ici. À titre d’exemple, les initiatives de surveillance locale à petite échelle étaient plus difficiles à intégrer dans ce type d’exercice de collecte et, de la sorte, certaines pourraient ne pas figurer dans les données et celles-ci n’intègrent pas non plus les initiatives relatives au savoir écologique traditionnel. Toutefois, des initiatives sont en cours visant à mieux saisir la surveillance communautaire et le savoir traditionnel dans l’Arctique canadien.

En englobant les réseaux de surveillance du Nord canadien les plus grands et les plus étendus, la présente analyse donne une indication des domaines où des investissements appréciables ont été consentis au cours de la décennie écoulée. L’un des extrants clés de ce travail est la base « en perpétuelle évolution » des activités de surveillance dans le Nord canadien.

La possibilité d’en établir la corrélation avec d’autres données peut permettre d’aboutir à des renseignements à valeur ajoutée pour un nombre incalculable d’utilisations.

La présente analyse sert de base pour éclairer les initiatives de surveillance actuelles et futures et constitue l’assise qui permettra d’élaborer des rapports et évaluations des répercussions cumulatives. Les résultats et les recommandations offrent une analyse de haut niveau des paramètres de surveillance thématique, représentés sur le plan spatial dans l’ensemble du Nord canadien. Compte tenu de l’ampleur des activités de surveillance du Nord menées par divers organismes, nous avons la possibilité d’accroître la coordination, d’interrelier les réseaux et d’identifier collectivement les domaines prioritaires où une surveillance accrue s’impose. Il se peut que la mise en valeur éventuelle des ressources, la sensibilité environnementale accrue et les domaines d’importance en matière de culture et de récolte de subsistance des gens du Nord donnent naissance à des domaines importants. L’information sur les aires de concentration géographique des initiatives actuelles de surveillance, comparée aux domaines primordiaux, fournit des données probantes appuyant le processus décisionnel et l’élaboration des politiques visant à combler les lacunes et à répondre aux domaines prioritaires pour les activités de surveillance nordique.

Nota : Le présent rapport offre un résumé des métadonnées de surveillance recueillies et des résultats des analyses entreprises subséquemment. L’ensemble complet de données est disponible sur le site Web de SAON Canada à cette adresse :

http://arcticobservingcanada.ca/etat-de-lasurveillance.html

MÉTHODOLOGIE

Définitions et limites

La zone de collecte de l’information de surveillance du Nord a été, de façon large, définie comme correspondant à la zone d’étude de l’Année polaire internationale (API) du Canada, qui englobait toutes les régions au nord de la limite méridionale du pergélisol discontinu tel que défini à l’époque de l’API en 2007-2008. Cela comprend les zones les plus septentrionales de toutes les provinces, sauf les Maritimes.

Les cartes figurant aux présentes, toutefois, ne comprennent que les points d’un sous-ensemble de cette région, c’est-à-dire la zone délimitée par le groupe de travail du Conseil de l’Arctique sur la flore et la faune circumpolaires (CAFF). Les limites du CAFF sont illustrées dans chacune des cartes des présentes sous forme d’une fine ligne noire. C’est la limite utilisée dans l’analyse des écarts parce qu’elle était conforme à la délimitation régionale visée dans le Programme de surveillance de la biodiversité circumpolaire (PSBC), source importante de données dans la présente analyse. L’ensemble de données au complet est consultable sur le site Web de Sustaining Arctic Observing Networks (SAON) Canada à l’adresse : http://arcticobservingcanada.ca/etat-de-la-surveillance.html

Carte illustrant la limite de Conservation de la flore et de la faune circumpolaires (CAFF) et la zone d’étude de l’Année polaire internationale (API) 2007-2008
Carte illustrant la limite de Conservation de la flore et de la faune circumpolaires (CAFF) et la zone d’étude de l’Année polaire internationale (API) 2007-2008

Dans l’analyse actuelle, nous avons défini la surveillance comme correspondant à au moins trois années de collecte répétée de données concernant le paramètre spécifique ou une composante de l’environnement à un endroit donné, ou de la santé de personnes appartenant à un échantillon donné de population ou vivant dans une collectivité ou région en particulier, sauf mention contraire. Nous n’avons pas cherché de données à plus courte échéance, mais, si elles étaient fournies, elles figuraient dans l’ensemble de données. La durée des projets est reportée sur les cartes et, lorsque disponibles, les dates précises de début et de fin sont comprises dans l’ensemble de données intégral sur le site Web. Enfin, l’orientation temporelle était la période s’étendant de 2000 à 2014, de façon à évaluer l’état actuel de la surveillance, même si des données plus anciennes ont été acquises, lorsqu’elles étaient disponibles, et qu’elles sont clairement reportées sur les cartes.

Collecte des données

Voici les méthodes retenues pour identifier les projets de surveillance :

  • Communiquer avec tous les chefs de projet inscrits au répertoire de SAON Canada (2013), notamment 30 projets expressément sous l’égide de SAON Canada et 36 projets dont on connaissait l’information de surveillance. SAON Canada englobe les principaux projets de surveillance fédéraux et territoriaux;
  • Travailler avec les personnes-ressources du groupe directeur de l’environnement marin, d’eau douce et terrestre canadien, les dossiers et les recommandations du Programme de surveillance de la biodiversité circumpolaire;
  • Communiquer avec les gestionnaires de programme du Réseau canadien d’opérateurs de recherche nordique (RCORN) concernant la surveillance menée par les stations de recherche du Nord;
  • Communiquer avec les représentants de l’industrie et acquérir les rapports de surveillance qui sont disponibles pour les projets figurant dans la liste des projets d’infrastructure et de mise en valeur des ressources naturelles préparé par l’Agence canadienne de développement économique du Nord (Agence canadienne de développement économique du Nord, 2013);
  • Recommandations de suivi avec d’autres groupes;
  • Recherche dans les bases de données des métadonnées des projets de l’Arctique, y compris le catalogue des données polaires (PDC);
  • Dégager les pistes concernant certains thèmes par une recherche ciblée en direct auprès des organismes et institutions nordiques.

Pour chaque projet, nous avons recueilli les champs de métadonnées suivants, et l’information la plus complète possible pour toute entrée donnée :

Renseignements de base :

  • Domaine thématique
  • Titres de programme et de projet
  • But/objectifs et résumé
  • Citation

Parties responsables :

  • Chercheur principal – nom et courriel
  • Organisme responsable
  • Auteurs des données
  • Collaborateurs
  • Sources de financement
  • Utilisateurs ultimes identifiés

Information spatiale :

  • Couverture géographique du programme
  • Nom du lieu
  • Latitude et longitude du lieu ou fichiers polygonaux
  • Territoire ou province

Méthodes de collecte des données :

  • Surveillance communautaire (O/N)
  • Surveillance sur place (terrain, navire, autres)
  • Télédétection (satellite, avion, véhicules autonomes, autres)

Renseignements temporels :

  • Début (année, mois, jour)
  • Fin (année, mois, jour)
  • Situation de la collecte des données (en cours, terminée, planifiée)
  • Fréquence d’entretien/de mise à jour

Disponibilité des données :

  • Métadonnées ou toutes les données disponibles
  • Ouvertes, restreintes ou non accessibles
  • Liens aux données

Paramètres surveillés :

  • Variables surveillées
  • Mots clés (de la liste qui suit)
Photo: Lance Goodwin
Photo: Lance Goodwin

Nous avons mené une analyse préliminaire des données sur la base de la collecte initiale des métadonnées de surveillance et les avons envoyées à un expert pour examen. Les métadonnées et les cartes et l’analyse correspondante ont été revues et validées par 34 personnes ou organismes concernés par la surveillance dans le Nord du Canada.

Les mises à jour des ensembles de données et des analyses ont été mises en oeuvre en décembre 2014 et répercutées dans les cartes finales qui suivent.

Analyse des données

L’analyse et les cartes résultantes ont été générées à l’aide de deux paramètres principaux : l’information géographique et l’information thématique (par exemple, atmosphère). Dans le cas de l’information géographique, les coordonnées de latitude et de longitude sur les sites ou polygones de surveillance des zones d’échantillonnage plus vastes ont été recueillies dans la mesure du possible. Dans certains cas, il n’était pas possible d’obtenir des renseignements aussi détaillés, soit parce que de nouveaux sites sont visités annuellement pour le contrôle des paramètres (par exemple, surveillance du caribou) ou parce que des questions de vie privée interdisent des rapports spécifiques à un emplacement (par exemple surveillance de la santé humaine). L’ensemble des données compilées englobe la totalité des projets, ceux représentés sur les cartes et ceux qui n’y sont pas.

De manière à guider l’analyse thématique, chaque projet de surveillance a été traité à l’aide de mots clés pertinents par les analystes de la CCAP et/ou les chefs des projets. Ces mots clés (voir la liste qui suit) avaient pour objet de représenter les paramètres les plus intéressants dans n’importe quel domaine thématique. Au lieu de faire de la biodiversité un thème de surveillance distinct, nous avons classé les organismes par catégories sous les thèmes de surveillance eau douce, milieu marin ou milieu terrestre. L’ensemble de données a ensuite été interrogé par mot clé et les entrées de projet résultantes ont été cartographiées.

Paramètres analysés dans chaque thème de surveillance :

Atmosphère

  • Température de l’air
  • Précipitations
  • Température du sol
  • Humidité du sol
  • Humidité
  • Vent
  • Pression
  • Nuages
  • Gaz à effet de serre
  • Rayonnement solaire
  • Composition de l’atmosphère
  • Profil atmosphérique

Cryosphère

  • Pergélisol
  • Neige
  • Glaciers
  • Glace de mer

Eau douce

  • Qualité de l’eau
  • Chimie de l’eau
  • Température de l’eau
  • Approvisionnement en eau
  • Hydrologie
  • Lac
  • Rivière/fleuve
  • Terres humides
  • Matières nutritives en eau douce
  • Glace de lac et de rivière
  • Concentrations ioniques
  • Métaux
  • Poissons
  • Invertébrés benthiques
  • Algues benthiques
  • Chlorophylle
  • Zooplancton
  • Phytoplancton
  • Bactéries

Milieu marin

  • Température de l’eau
  • Chimie de l’eau
  • Salinité
  • Éléments nutritifs
  • Niveau de la mer
  • Courants océaniques
  • Mammifères marins
  • Oiseaux de mer
  • Poissons
  • Benthos
  • Zooplancton
  • Phytoplancton
  • Biote des glaces de mer
  • Bactéries

Milieu terrestre

  • Mammifères
  • Oiseaux
  • Arthropodes
  • Plantes vasculaires
  • Champignons
  • Mousses
  • Lichens
  • Forêts et arbres
  • Sols
  • Biogéochimie*

Santé humaine

  • Maladies et santé physique
  • Santé mentale
  • Contaminants
  • Nutrition et sécurité alimentaire
  • Soins de la mère
  • Enfants et développement
(*comprend la surveillance biogéochimique terrestre, dulcicole et marine)

Nous avons créé des cartes pour chacun des paramètres ci-dessus. Dans la cartographie des données, la limite CAFF a été choisie comme zone de délimitation, étant conforme aux données sur la biodiversité qui constituaient à peu près la moitié de l’analyse. La limite CAFF est plus conservatrice que la délimitation établie lors de l’Année polaire internationale (API) du Canada au Yukon, dans le Nord de la Colombie-Britannique, de la Saskatchewan et du Manitoba et plus libérale dans la région entourant la Baie James, le Nord du Québec et le Labrador. De la sorte, les métadonnées compilées ne sont pas toutes répercutées dans les cartes du présent rapport. L’ensemble de données contient la totalité des données recueillies, sans égard à la date, à la région ou à la durée de l’initiative.

Nous avons procédé à une analyse des cartes par inspection visuelle pour dégager les lacunes de couverture géographique de tel ou tel paramètre de surveillance. Par lacune, nous entendions une absence d’activité de surveillance déclarée dans une zone géographique ou pour un paramètre de surveillance, comparativement aux autres zones géographiques pour ce même paramètre. Dans l’identification des lacunes géographiques, nous avons également tenu compte de la présence des collectivités et des zones susceptibles de subir des changements en raison de la mise en valeur des ressources. Les faits de base reposaient avant tout sur l’information issue d’une analyse des projets théoriques concernant les minéraux et l’énergie, avec les routes de transport maritime d’intérêt, analyse entreprise par Ressources naturelles Canada, Affaires autochtones et Développement du Nord Canada et l’Agence canadienne de développement économique du Nord (CanNor). L’information tirée de l’examen interministériel a servi à valider les régions, et pas seulement pour identifier les zones et en exclure d’autres. L’information n’est pas encore publiée, mais CanNor a rendu publique une carte où sont reportés les projets de mise en valeur des ressources dans le Nord (Agence canadienne de développement économique du Nord, 2013). Sont également disponibles certains rapports précisant les projets de mise en valeur des ressources envisagés pour le Nord du Canada (p. ex., Gavrilchuk et Lesage, 2014) et les principales routes de transport maritime (p. ex., The Mariport Group, 2007; Groupe de travail sur la protection du milieu marin arctique, 2009).

C’est une méthodologie possible, parmi tant d’autres, pour dégager les lacunes importantes d’après la présence humaineet les activités de mise en valeur des ressources dans le Nord. Tel que mentionné précédemment, l’ensemble de données qui est disponible sur le site Web de SAON Canada recèle la totalité des métadonnées recueillies et peut servir à effectuer des analyses plus poussées. La prise en compte des besoins particuliers des utilisateurs éventuels de la surveillance et des régions du Nord importante sur les plans écologique et biologique débordait de la portée de la présente analyse, tout comme l’évaluation individuelle de la qualité des initiatives de surveillance.

Interprétation des cartes qui suivent :

Dans les cartes qui suivent, les emplacements sont délimités en fonction de la durée de la surveillance. Dans les cas où nous ne disposions pas des dates de début ou de fin du projet, les sites sont cartographiés sous l’étiquette « durée non disponible ». La limite du CAFF est représentée par d’une fine ligne noire.

Plusieurs cartes contiennent des polygones en grisé. Cela comprend la surveillance des oiseaux terrestres ainsi que toutes les activités de surveillance de la santé humaine. Dans le cas de la surveillance des oiseaux terrestres, les polygones servent à indiquer les zones plus vastes d’échantillonnage débordant d’un site unique de surveillance. Dans le cas de la surveillance de la santé humaine, la totalité des provinces et des territoires sont en grisé pour indiquer que des données sont disponibles à l’échelon provincial ou territorial, plutôt qu’au niveau de la collectivité ou du site.

RÉSULTATS

Surveillance atmosphérique

Environnement Canada est le principal organisme qui fait de la surveillance atmosphérique dans le Nord canadien. Son Réseau d’observation météorologique de surface est le plus vaste réseau de surveillance à long terme. Les visites périodiques aux stations météorologiques permettent de s’assurer qu’elles fonctionnement et de les étalonner pour garantir la qualité des données. Le Centre d’études nordiques contribue également de façon importante aux paramètres climatologiques du Nord, notamment la température de l’air, les précipitations et la température du sol dans l’ensemble du Nunavut, du Nunavik et du Nunatsiavut.

Des lacunes géographiques sur le plan de la surveillance des précipitations existent dans l’archipel nordique, ainsi que dans les zones insulaires des T.N.-O., du Nunavut et du Nunavik. Le rayonnement solaire, identifié en tant que paramètre important (Arctic Climate Impact Assessment, 2004) ne fait pas l’objet d’une surveillance parfaite dans l’ensemble du Nord. L’humidité du sol et sa température, dont la surveillance n’est pas extensive dans l’Extrême-Arctique, deviendra de plus en plus un paramètre essentiel à mesure que les températures remontent etque le pergélisol se réchauffe. Compte tenu de la vastitude du réseau, en ce qui a trait aux autres paramètres atmosphériques, il est possible d’améliorer la surveillance en tirant parti de l’infrastructure et en collaborant à son entretien.

Température de l’air
Température de l’air
Précipitations
Précipitations
Température du sol
Température du sol
Humidité du sol
Humidité du sol
Humidité
Humidité
Vent
Vent
Pression
Pression
Nuages
Nuages
Gaz à effet de serre
Gaz à effet de serre
Rayonnement solaire
Rayonnement solaire
Composition de l’atmosphère
Composition de l’atmosphère
Profil de l’atmosphère
Profil de l’atmosphère

Surveillance de la cryosphère

James Ford/ArcticNet
Photo: James Ford/ArcticNet

Une vaste gamme d’organismes, notamment les gouvernements fédéral et territoriaux et les universités, font la surveillance de la cryosphère. La surveillance du pergélisol est assez exhaustive le long du Mackenzie et de son delta, qui constitue l’un des principaux couloirs de transport. De plus, on surveille largement les paramètres concernant le pergélisol et la neige dans la majorité des collectivités du Nunavik.

Il existe des lacunes notables en matière de surveillance du pergélisol dans la région nord du Grand lac des Esclaves et autour de Bathurst Inlet, où pourraient se situer de fortes possibilités de mise en valeur des ressources et donc, entraîner la nécessité d’aménager d’autres infrastructures. Il est nécessaire d’accroître la surveillance du pergélisol dans les collectivités et aux environs, de façon à éclairer les pratiques et la réglementation en matière de construction adaptée et de surveiller la stabilité des infrastructures. Il serait possible d’étudier les possibilités de collaborer avec les entreprises de mise en valeur des ressources afin d’accroître la surveillance du pergélisol dans certaines régions peu représentées. Ainsi, une collaboration avec une société minière pourrait permettre l’installation d’instruments de surveillance du pergélisol dans les trous de forage existants ou projetés pour effectuer des études géothechniques.

On ne dispose que de renseignements limités sur les paramètres liés à la neige près des collectivités, en ce qui a trait au niveau d’eau dans les lacs et rivières et aux répercussions correspondantes sur la flore et la faune. L’étendue du manteau nival et le moment de la fonte sont des intrants clés dans les modèles climatiques et dont la télédétection peut efficacement se charger. Nombre de programmes de surveillance de la cryosphère font appel à la télédétection pour les données concernant la surveillance de la neige, la glace et les glaciers. Les programmes de télédétection n’ont pas été intégrés dans la présente analyse et, par conséquent, les lacunes identifiées ici pourraient être moins névralgiques qu’il n’est mentionné. Toutefois, il faut procéder à des relevés sur place pour procéder au rapprochement des mesures de télédétection et, par conséquent, il faut les mener dans l’ensemble du Nord. La surveillance accrue sur place de la neige dans le sud et l’ouest de l’Archipel arctique pourrait permettre de mieux connaître les facteurs régionaux de changement.

Il faut une surveillance permanente des calottes glaciaires Barnes et Penny de façon à saisir plus parfaitement l’évolution du bilan massique dans l’ensemble du Nord. Parmi les nouveaux sites éventuels de surveillance des glaciers, mentionnons la zone le long de l’île d’Ellesmere Ouest, de l’île Axel Heiberg et le long de la côte centre-est de l’île de Baffin, qui ont été également désignées zones d’importance.

Pergélisol
Pergélisol
Neige
Neige
Glaciers
Glaciers
Glace de mer
Glace de mer

Surveillance de l’eau douce

Nombre d’institutions font une surveillance des eaux douces dans le Nord canadien, le réseau le plus vaste étant celui de Relevés hydrologiques du Canada (HYDAT), qui fait une surveillance des niveaux d’eau et du débit des cours d’eau. Environnement Canada contribue également à la surveillance de la qualité de l’eau, de la chimie de l’eau et des eaux usées. Pêches et Océans Canada joue un rôle de premier plan dans la surveillance du poisson dans l’ensemble de l’Arctique canadien, tout comme diverses collectivités le font dans le cadre de programmes de surveillance communautaire.

En ce qui a trait à la couverture géographique, il faut signaler une surveillance limitée des eaux douces dans l’Archipel arctique, notamment dans le nord de l’île de Baffin, où existe un potentiel important de mise en valeur des ressources. Des lacunes ont été dégagées en ce qui a trait à la surveillance de la qualité de l’eau douce dans l’Archipel arctique, la partie continentale du Nunavut et le Nunavik. La couverture de la surveillance des glaces d’eau douce et des rivières, surtout dans les T.N.-O. et le Nunavut, est nettement faible. La surveillance des terres humides est plutôt morcelée le long de la côte Sud de la baie d’Hudson, où il y a abondance de terres humides. Il peut en découler des lacunes au niveau des rapports lorsqu’il s’agit de surveillance des terres humides, car cela est souvent pris en considération dans les programmes de surveillance des lacs et des rivières.

Il faut mener une surveillance plus intensive de la qualité de l’eau douce dans les zones proches des collectivités et aux environs des sites de mise en valeur des ressources, par exemple le nord de l’île de Baffin. Les programmes de surveillance de l’eau douce analogues au réseau HYDAT d’Environnement Canada seraient avantageux dans les zones de l’Archipel et la partie continentale du Nunavut et du Nunavik.

Un développement plus poussé des réseaux de surveillance communautaire peut aider à accroître la couverture géographique de la surveillance tout en réduisant les frais de déplacement, en favorisant la participation des collectivités et la formation et le perfectionnement des compétences moyennant peu d’efforts supplémentaires. Cela comprend des programmes de surveillance où les relevés sont pris par la collectivité et qui visent à fournir de l’information et des échantillons aux chercheurs pour gérer les enjeux dégagés par les collectivités.

Les cartes portant de nombreux points verts (c.-à-d. activités de surveillance d’une durée de un à trois ans) sont jalonnées de projets terminés compilés par le Programme de surveillance de la biodiversité circumpolaire. Pour la majorité, il s’agit d’activités ponctuelles d’échantillonnage ne comportant pas de surveillance prolongée des systèmes lacustres. Par contre, ils couvrent une très vaste empreinte de données de base dans l’ensemble d’un vaste éventail géographique.

Qualité de l’eau douce*
Qualité de l’eau douce*
Chimie de l’eau douce
Chimie de l’eau douce

*Remarque : La qualité de l’eau douce englobe les initiatives qui peuvent permettre d’évaluer la qualité de l’eau douce. Il existe également des cartes concernant des paramètres plus précis de qualité de l’eau douce (p. ex. bactéries, métaux) à l’égard des initiatives de surveillance pour lesquelles nous disposions de métadonnées plus poussées.

Température de l’eau douce
Température de l’eau douce
Réserves d’eau douce
Réserves d’eau douce
Hydrologie
Hydrologie
Lacs
Lacs
Rivières et fleuves
Rivières et fleuves
Terres humides
Terres humides
Glace de lac et de rivière
Glace de lac et de rivière
Matières nutritives en eau douce
Matières nutritives en eau douce
Ions en eau douce
Ions en eau douce
Métaux dans l’eau douce
Métaux dans l’eau douce
Poissons d’eau douce
Poissons d’eau douce
Algues benthiques de l’eau douce
Algues benthiques de l’eau douce
Invertébrés benthiques de l’eau douce
Invertébrés benthiques de l’eau douce
Chlorophylle de l’eau douce
Chlorophylle de l’eau douce
Zooplancton d’eau douce
Zooplancton d’eau douce
Phytoplancton d’eau douce
Phytoplancton d’eau douce
Bactéries d’eau douce
Bactéries d’eau douce

Surveillance marine

Parmi les principaux organismes présents dans la surveillance marine, mentionnons les ministères fédéraux et les universités, notamment Pêches et Océans Canada, l’Université du Manitoba et l’Université Laval. La couverture de surveillance est assez complète pour la majorité des paramètres marins dans la mer de Beaufort, surtout en raison des projets menés dans le cadre de l’évaluation environnementale régionale de Beaufort.

Il existe des lacunes clés de surveillance marine dans le passage du Nord-Ouest, du détroit de Dease à l’extrémité nord du détroit de Peel, et dans le nord de l’Archipel arctique. Il faut également intensifier la surveillance des paramètres abiotiques et biotiques marins dans la baie d’Hudson, compte tenu du port international de Churchill dans l’Arctique. Il faut accroître la surveillance des glaces de mer dans les détroits qui sont des routes de transport maritime. Une surveillance accrue des mammifères marins le long de la côte Est de l’île de Baffin dans la baie de Baffin est également nécessaire. En règle générale, il existe des lacunes de surveillance marine dans le bassin Foxe et du côté Ouest de l’Archipel arctique. Les zones prioritaires sur lesquelles se concentrer seraient celles situées près des collectivités côtières.

Température de l’eau de mer
Température de l’eau de mer
Chimie de l’eau de mer
Chimie de l’eau de mer
Salinité
Salinité
Matières nutritives de l’eau de mer
Matières nutritives de l’eau de mer
Niveau de la mer
Niveau de la mer
Courants océaniques
Courants océaniques
Mammifères marins
Mammifères marins
Oiseaux marins
Oiseaux marins
Poissons de mer
Poissons de mer
Benthos marin
Benthos marin
Zooplancton marin
Zooplancton marin
Phytoplancton marin
Phytoplancton marin
Bactéries marines
Bactéries marines
Biote de la glace de mer
Biote de la glace de mer*

*Remarque : Dans la carte qui précède, les points s’étendant du plateau du Labrador jusqu’au plateau du Groenland illustrent la surveillance océanographique biologique le long de la pente continentale dans le cadre du Programme de monitorage de la zone atlantique au large du plateau continental.

Surveillance terrestre

En ce qui a trait aux paramètres de surveillance terrestre figurant dans la présente étude, les principaux organismes présents dans la surveillance à long terme sont Environnement Canada, l’Université du Québec à Trois-Rivières, l’Université Laval et les gouvernements territoriaux. Les grandes lacunes en matière de recherche spatiale se situent dans l’Ouest de l’Archipel arctique et le Nord de l’île d’Ellesmere. Il y a aussi des lacunes spatiales dans la partie continentale des T.N.-O. et du Nunavut, à l’intérieur des zones pressenties pour la mise en valeur des ressources. Mentionnons aussi des lacunes de surveillance à long terme des propriétés physiques et chimiques du sol.

Signalons la couverture spatiale limitée de la surveillance de la flore de la toundra dans l’Ouest de l’Archipel arctique et l’Extrême-Arctique. Par contre, il faut constater une couverture adéquate de la surveillance de la flore arctique dans les zones potentielles de mise en valeur des ressources minérales, mais la couverture est limitée là où existent des possibilités de mise en valeur des ressources énergétiques. On propose une intensification de la surveillance en ce qui a trait aux paramètres de l’écosystème de la toundra, notamment une surveillance à long terme du sol, des arthropodes, des bactéries et des matières nutritives en général dans l’ensemble de l’Arctique canadien. Il faut également intensifier la surveillance des habitats aviaires importants près des zones éventuelles à haut potentiel de mise en valeur des ressources. Signalons une lacune importante de surveillance terrestre dans la partie continentale Sud du Nunavut, à l’ouest de la baie d’Hudson. Même si, pour la majorité, ces paramètres ne donnent pas une couverture exhaustive de l’ensemble du Nord, probablement en raison de la faible bioproductivité des éléments terrestres dans l’Arctique, la situation changera au fil de l’augmentation des températures.

Il existe une possibilité de collaboration accrue entre organismes responsables des levés aériens pour les composantes de l’environnement terrestre (mammifères, oiseaux, etc.) au cours des visites de routine d’emplacements ou des arrêts pour l’entretien de l’infrastructure. Il serait possible de tirer parti de l’infrastructure en place pour mener une surveillance d’autres paramètres. Ainsi, les pièges à appareil photo (c.-à-d. appareils photos télécommandés) pourraient être installés dans les sites actuels de surveillance pour faire des photographies de la faune et de la végétation. De plus, un partage et un accès accrus aux données de base sur la végétation concernant la flore de la toundra entre organismes seraient avantageux.

Mammifères
Mammifères
Oiseaux
Oiseaux
Arthropodes
Arthropodes
Plantes vasculaires
Plantes vasculaires
Plantes non vasculaires
Plantes non vasculaires
Forêts et arbres
Forêts et arbres
Sols
Sols
Biogéochimie
Biogéochimie*
*Biogéochimie (*comprend la surveillance biogéochimique de l’eau douce et de l’eau de mer)

Surveillance de la santé humaine

Les initiatives de surveillance de la santé humaine, y compris celles liées à la santé physique et mentale, se situent aux niveaux territorial, provincial et régional dans le Nord canadien et, plus récemment, au niveau des collectivités. Les principaux programmes de surveillance permanente de la santé humaine sont notamment l’initiative de Surveillance circumpolaire internationale (ICS), l’observatoire en santé circumpolaire (CircHOB) et quelques projets de surveillance à long terme dans le cadre du Programme de lutte contre les contaminants dans le Nord. Statistique Canada mène aussi une surveillance constante de la santé dans le cadre de l’Enquête auprès des peuples autochtones, menée aux cinq ans, et de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, menée annuellement et qui englobe les plus grandes collectivités du Nord.

Il peut y avoir des lacunes au niveau de la surveillance en ce qui a trait aux préoccupations naissantes en matière de santé et qui pourraient être extérieures à la portée des réseaux en place, car ceux-ci tendent à se concentrer sur la surveillance de certaines maladies particulières, par exemple la tuberculose ou les maladies bactériennes envahissantes. Il faut veiller à ce que les programmes de surveillance à large couverture thématique soient souples et puissent répondre aux maladies naissantes et autres enjeux sanitaires (par exemple, les infections sexuellement transmissibles et à transmission sanguine, ainsi que les organismes résistant aux antibiotiques et aux antirétroviraux).

Il est nécessaire de mener des analyses approfondies et périodiques sur l’état de santé mentale, les systèmes de soutien communautaire et le contexte socioéconomique global dans les collectivités de l’ensemble du Nord. La santé mentale a constamment été pointée comme un enjeu critique pour les gens du Nord, car elle est liée à la santé des personnes et au mieux-être et à l’adaptabilité des collectivités. Il est difficile de déterminer pleinement l’ampleur de la surveillance en matière de santé mentale, à défaut de données plus abondantes au niveau des collectivités. Entre l’Enquête sur la santé des Inuits du Nunavut, de l’Inuvialuit et du Nunavut (2008) (Inuit Health Survey of the Nunatsiavut, Inuvialuit, and Nunavut regions (2008)) et l’Enquête sur la santé des Inuits du Nunavik (2004) (Nunavik Inuit Health Survey (2004)), il semble y avoir eu une évaluation relativement approfondie de la santé mentale dans l’ensemble de ces régions en particulier. Une deuxième édition de l’Enquête sur la santé des Inuits du Nunavik est prévue pour 2016. En tenant compte des autres évaluations menées il y a environ sept ans, les réévaluations viendraient de façon opportune, particulièrement compte tenu des changements croissants dans le Nord. Même si l’Enquête auprès des peuples autochtones de Statistique Canada, qui se produit aux cinq ans, peut aider à combler ces lacunes dans une certaine mesure, les données recueillies sont moins détaillées.

La surveillance des contaminants chez les mammifères marins, le caribou, les oiseaux de mer et le poisson s’effectue dans l’ensemble du Nord, surtout au moyen de projets subventionnés dans le cadre du Programme de lutte contre les contaminants dans le Nord, qui sont directement liés à la santé humaine compte tenu qu’il s’agit d’aliments traditionnels pour nombre de collectivités nordiques. À l’aide du modèle à fondement communautaire des Territoires du Nord-Ouest, il est possible de créer un programme de surveillance communautaire des contaminants de l’eau et de la faune dans les collectivités prioritaires de l’ensemble du Yukon, du Nunavut, du Nunavik et du Nunatsiavut.

Une intensification de la surveillance communautaire de la sécurité alimentaire, de la nutrition et des niveaux de contaminants s’impose, particulièrement dans les collectivités des T.N.-O. et du Nunavut. Il y a une possibilité de partage des données et de l’information entre les initiatives de surveillance de la sécurité alimentaire entreprises à divers paliers (territorial, provincial, régional ou communautaire) afin de situer dans un contexte plus large les données provenant des collectivités. Cela permettrait d’améliorer la couverture et d’offrir une meilleure connaissance des facteurs déterminant les enjeux en matière de sécurité alimentaire, tout en fournissant une meilleure connaissance, au niveau communautaire, d’une somme plus grande de données régionales, territoriales ou provinciale.

Les cartes qui suivent donnent une représentation visuelle de l’ampleur et de la couverture géographique de la surveillance pour chacun des paramètres de la santé humaine. Pour la plupart, les données de surveillance de la santé humaine sont déclarées à l’échelon provincial ou régional. En raison des restrictions concernant la confidentialité des renseignements personnels aidées de la faible taille des échantillons, il est difficile de pointer les lacunes de couverture géographique. Les régions sont par conséquent en grisé sur les cartes qui suivent afin de représenter la présence des données pour tels paramètres ou composants. Les métadonnées intégrales sont accessibles sur le site Web de SAON Canada à l’adresse : http://arcticobservingcanada.ca/etat-de-lasurveillance.html

Maladies et santé physique
Maladies et santé physique
Nutrition et sécurité alimentaire
Nutrition et sécurité alimentaire
Santé mentale
Santé mentale
Soins de la mère
Soins de la mère
Contaminants et polluants
Contaminants et polluants*
Enfants et développement
Enfants et développement
*Pour la surveillance des contaminants, il existe des données à l’échelon régional pour le Nunavik, plutôt que pour l’ensemble du Québec tel qu’indiqué dans la zone grise.

EN GUISE DE CONCLUSION

La surveillance et l’analyse multidisciplinaire sont un moyen essentiel pour mieux connaître les causes et les conséquences de la transformation rapide de l’environnement dans le Nord canadien et faciliter l’adaptation. Les métadonnées recueillies pour le présent rapport et l’analyse subséquente illustrent que même si les activités d’analyse qui se déroulent dans le Nord sont loin d’être négligeables, des lacunes de couverture existent pour un certain nombre de paramètres et de composants essentiels dans divers domaines comme la surveillance de l’atmosphère, de la cryosphère, des eaux douces, de l’environnement marin, du milieu terrestre et de la santé humaine et qui sont importants dans le contexte du changement climatique et de la mise en valeur des ressources. Une autre préoccupation est celle de la durée à court terme de nombreux programmes de surveillance. Il est essentiel de réunir des renseignements de base dans toute analyse et déceler le changement exige une surveillance à long terme dont la durée et la fréquence nécessaires dépendent du paramètre.

Nombre de personnes et d’institutions font de la surveillance environnementale, notamment les gouvernements fédéral, territoriaux et régionaux, les universités et des organisations non gouvernementales aux divers mandats. Les institutions peuvent examiner les métadonnées associées à cette analyse par rapport à leurs propres mandats, pour mieux dégager les domaines potentiels de chevauchement, les lacunes de couverture et les possibilités de synergies. Nous donnons dans cette analyse le contexte essentiel permettant d’appuyer les décisions en matière d’investissement dans de nouveaux emplacements et le réaménagement et l’expansion des sites existants de façon à parvenir à une plus grande couverture des paramètres clés dans les régions prioritaires

Les efforts actuels de surveillance dans le Nord pourraient bénéficier d’un surcroît de coordination et de collaboration, tant sur les plans logistique qu’opérationnel, et appuyer ainsi une planification et une orientation stratégiques à plus long terme. Il peut découler des avantages importants de l’établissement de liens entre les campagnes de terrain et veiller à ce que les données puissent être interexploitables et accessibles. Une participation, une implication et, surtout, une responsabilisation accrues des collectivités du Nord est également essentielle, particulièrement pour accroître la couverture de la surveillance et faire en sorte qu’elle soit durable dans le long terme. Il faudra mieux intégrer les besoins des utilisateurs éventuels des données de surveillance, par exemple les collectivités nordiques, les responsables de l’élaboration des politiques et les gestionnaires chargés de la mise en valeur des ressources, car on veillerait ainsi à ce que la surveillance porte sur les domaines prioritaires pour les gens du Nord, de concert avec ceux-ci. Concentrer les efforts dans les régions nordiques qui ont une importance écologique est essentiel pour définir les zones prioritaires et surveiller les paramètres qui justifient un surcroît d’investissement, de coordination et de collaboration.

Même si les entreprises privées de mise en valeur des ressources disposent d’une masse considérable de données de surveillance recueillies conformément aux exigences de la réglementation, les métadonnées de l’industrie ne constituent pas une part importante de la présente étude, compte tenu qu’elles n’étaient pas immédiatement disponibles ou accessibles. Il faudrait consentir des efforts pour enrichir les partenariats et la collaboration avec l’industrie de façon à mieux comprendre l’environnement qui change dans les régions de mise en valeur des ressources et les environs.

Lacunes essentielles dans la couverture à la surveillance

Nous avons dégagé un certain nombre de lacunes essentielles en matière de surveillance, des lacunes importantes concernant la couverture géographique, le changement climatique et les activités de mise en valeur des ressources. Les lacunes à ce titre concernant les besoins particuliers des utilisateurs éventuels de la surveillance et les régions du Nord qui ont une importance écologique et biologique débordaient de la portée de la présente analyse, tout comme l’évaluation de la qualité individuelle des initiatives de surveillance.

La surveillance de la majorité des paramètres/composants, dans l’ouest de l’Archipel arctique, est limitée et exige également plus d’investissements afin d’établir une couverture exhaustive et représentative des variables essentielles. Il faut accroître la surveillance dans les régions où l’on constate ou prévoit une augmentation du trafic maritime. Ainsi, même si le port de Churchill est un port marin arctique international essentiel, nous constatons une absence de surveillance du milieu marin dans la baie d’Hudson. Dans les régions offrant le plus grand potentiel de mise en valeur des ressources, on a besoin de réunir des renseignements de base sur la vulnérabilité et la sensibilité de la région, ainsi que sur l’importance de la région pour les personnes et pour la faune. À titre d’exemple, dans les régions environnantes de Bathurst Inlet, de Chesterfield Inlet et le Nord de l’île de Baffin, il faut intensifier la surveillance de façon à réunir des données de base sur le milieu terrestre et l’eau douce. Les données réunies par télédétection peuvent aider à augmenter la couverture de surveillance dans les zones sous représentées concernant certains paramètres, par exemple ceux qui touchent la cryosphère, en appuyant les relevés sur place recueillis dans le cadre de programmes de surveillance communautaires. Le jumelage de la surveillance terrestre et au niveau de la mer par les plateformes de télédétection, notamment les satellites et les véhicules aériens sans pilote, peut également permettre de parvenir à une plus grande couverture. Certains paramètres acquerront une importance croissante à mesure que le changement climatique entraînera une modification du paysage nordique et qu’augmentera l’activité dans le Nord. La surveillance de base des paramètres terrestres et de la cryosphère ainsi que des polluants aidera à réunir des données probantes en matière de changement et de cerner les régions où le changement est le plus rapide.

L’analyse actuelle portait sur la période 2000 à 2014. Il est possible d’étudier l’utilité de procéder à un rééchantillonnage des anciens sites utilisés à des fins de surveillance avant cette période. Les données de rééchantillonnage à ces sites pourraient servir à tirer parti des données antérieures qui ont été recueillies afin d’aider à établir certains profils de base historiques.

Politiques et gestion en matière de données

Les données de surveillance et les métadonnées sont stockées dans diverses structures, certaines plus accessibles et plus communicables que les autres. Les organismes deviennent plus conscients de la nécessité de maintenir des normes en matière de collecte et de stockage des données afin qu’elles puissent servir à d’autres. Grâce à des politiques normalisées de gestion des données, il est possible de faciliter l’interexploitabilité des données entre disciplines, tandis que les métadonnées normalisées peuvent rendre les données plus accessibles et permettre la compilation de divers ensembles informationnels. Lorsque des organismes planifient des activités de surveillance, le respect des pratiques normalisées en matière de données favoriserait l’interexploitabilité de l’information, particulièrement si cela est intégré dans un plan de gestion des données. Lorsque la normalisation n’est pas possible, consentir des investissements dans la traduction des données au moyen de techniques de courtage naissantes pourrait être une méthode rentable pour rendre les données interexploitables.

Perspectives de collaboration

Les efforts actuels de surveillance dans le Nord pourraient tirer avantage d’un surcroît de coordination et de collaboration afin d’optimiser l’utilisation des infrastructures, des ressources, des voyages et de la logistique, ainsi qu’une meilleure organisation des orientations stratégiques. De cette façon, on peut maximiser les avantages, les efforts et les ressources de surveillance, car il est très coûteux et difficile de fonctionner dans le Nord. Parmi les perspectives de collaboration, mentionnons :

  • maintien des initiatives actuelles de surveillance dans les zones hautement prioritaires pour sauvegarder l’efficacité et la durabilité;
  • amélioration des sites actuels de surveillance pour intégrer des capteurs supplémentaires favorisant la surveillance d’un plus grand nombre de paramètres;
  • collecte de données supplémentaires de surveillance aux sites actuels ou à proximité, notamment dans les trajets vers les sites et les voyages d’entretien de l’équipement;
  • surveillance intégrée interdisciplinaire afin de mieux comprendre les rétroactions et processus complexes;
  • expansion des programmes actuels de surveillance communautaire pour englober d’autres paramètres et composants pertinents pour le mieux-être des collectivités, l’adaptation et le changement environnemental;
  • mise en oeuvre de nouveaux programmes de surveillance communautaire tirant parti du succès des initiatives antérieures, notamment dans les régions où existent des perspectives de mise en valeur des ressources ou des zones ayant une importance écologique ou culturelle.

Il faut être à l’affût des perspectives de collaboration avec l’industrie, les universités, les organisations non gouvernementales et les chercheurs et les institutions internationaux et étrangers.

RÉFÉRENCES

Arctic Climate Impact Assessment. (2004), Impacts of a Warming Arctic: Arctic Climate Impact Assessment. Cambridge University Press. Consultable à : http://www.acia.uaf.edu/

Atlas of Community-Based Monitoring and Traditional Knowledge in a Changing Arctic. (s.d.), About the Atlas. Atlas of Community-Based Monitoring and Traditional Knowledge in a Changing Arctic. Consultable à : http://www.arcticcbm.org/index.html

Agence canadienne de développement économique du Nord (2013), Projets de mise en valeur des ressources et d’infrastructure dans le Nord, Agence canadienne de développement économique du Nord, gouvernement du Canada. Consultable à : http://www.cannor.gc.ca/fra/1386004855342/1386004881540

Gavrilchuk, K. et V. Lesage (2014). Large-Scale Marine Development Projects (Mineral, Oil and Gas, Infrastructure) Proposed for Canada’s North. Rapport technique canadien, Pêches et sciences aquatiques 3069, Mont-Joli (Qc) : Direction générale des sciences, Pêches et Océans Canada. Récupéré à http://publications.gc.ca/site/fra/461738/publication.html

Protection of the Arctic Marine Environment. (2009). Arctic Council Arctic Marine Shipping Assessment 2009 Report. Consultable à : http://www.pame.is/images/03_Projects/AMSA/AMSA_2009_report/AMSA_2009_Report_2nd_print.pdf

Sustaining Arctic Observing Networks Canada. (2013). Inventory of Arctic Observing Networks Canada- 2013 Update. Sustaining Arctic Observing Networks, 105 pages. Consultable à : http://arcticobservingcanada.ca/SAON-documents-english.html

The Mariport Group. (2007). Canadian Arctic Shipping Assessment, Rapport principal, préparé pour Transports Canada, Digby (N.-É.) : The Mariport Group.

Le lecteur trouvera une liste complète des références de projets, en consultant le jeu de données intégrales, disponible sur le site Web de SAON Canada à l’adresse : http://arcticobservingcanada.ca/etat-de-la-surveillance.html

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