Atelier régional sur la planification et l’échange de connaissances

Jeter les bases d’une relation empreinte de respect

10 et 11 mars 2020

Station canadienne de recherche dans l’extrême-arctique, Cambridge Bay (Nunavut), Canada

Table des matières

Résumé

Savoir polaire Canada (POLAIRE) a comme mandat de renforcer le leadership du Canada relativement aux enjeux touchant l’Arctique et d’approfondir les connaissances sur l’Arctique canadien. Par l’exercice d’un leadership, l’établissement de partenariats et le travail collaboratif dans le domaine des sciences et des technologies polaires, l’une des fonctions principales de l’organisme fédéral est de créer et de synthétiser des connaissances et d’échanger des renseignements aux fins de prise de décisions qui profiteront aux collectivités du Nord et à tous les Canadiens.

En mars 2020, POLAIRE a organisé un atelier régional sur la planification et l’échange de connaissances à la Station canadienne de recherche dans l’Extrême-Arctique (SCREA) à Cambridge Bay, au Nunavut, au Canada; il s’agissait d’une première étape vers la conception conjointe d’un vaste forum sur l’échange de connaissances.

L’atelier portait principalement sur les perspectives des détenteurs du savoir autochtone, des producteurs de connaissances et des utilisateurs de connaissances au Nunavut et dans les Territoires du Nord-Ouest afin de cerner des thèmes clés d’intérêt pour les collectivités, et d’établir des lignes directrices pour transmettre et échanger les connaissances dans un contexte nordique. Le présent rapport décrit les résultats de l’atelier qui orienteront la conception du forum et le dialogue continu avec les organisations du Nord, les organismes autochtones, les instituts de recherche et les autres ministères.

Le forum sur l’échange de connaissances réunira des détenteurs du savoir autochtone, des chercheurs et des décideurs du Nord canadien qui discuteront des nouvelles connaissances d’intérêt pour les collectivités du Nord. On y présentera par ailleurs les résultats du programme de sciences et de technologie 2015-2019 de POLAIRE. Le forum sera une occasion en or d’établir des relations, d’améliorer la coordination, la collaboration et la synergie entre les participants, et de trouver des idées qui permettront de créer des connaissances et d’accroître la mobilisation.

Jeter les bases d’une relation empreinte de respect

… Ce qu’on fait ici est très important, avec les changements climatiques qui se produisent. Et on ressent les effets des changements climatiques aujourd’hui. Tout comme notre faune – et le milieu marin est l’un des premiers touchés –, nos océans. Et c’est quelque chose qu’il faut surveiller pour notre avenir parce qu’il y aura beaucoup de circulation et notre faune en subit les conséquences. Et avec Savoir polaire [Canada], on pourra échanger de l’information, tout ce qu’on sait.

Willie Aglukkaq, association des trappeurs et des chasseurs de Gjoa Haven, Nunavut, Canada

L’Arctique connaît des changements environnementaux, sociaux et économiques sans précédent. Les collectivités du Nord ont de plus en plus besoin de nouvelles connaissances pour éclairer la prise de décisions, résoudre les problèmes urgents et s’adapter aux changements en cours. Créé en juin 2015, Savoir Polaire Canada (POLAIRE) est un organisme fédéral chargé de faire progresser les connaissances du Canada sur l’Arctique, de renforcer le leadership canadien en matière de sciences et de technologie polaires et de promouvoir le développement et la diffusion des connaissances sur d’autres régions circumpolaires, dont l’Antarctique. Le travail de POLAIRE vise à améliorer les perspectives économiques, la gérance environnementale et la qualité de vie des habitants du Nord et de tous les autres Canadiens. Les relations avec les collectivités autochtones sont d’une importance fondamentale pour la réalisation de ce mandat, et POLAIRE s’efforce d’établir des liens avec les détenteurs du savoir autochtone, liens fondés sur l’égalité et le respect mutuel.

POLAIRE planifie actuellement la tenue d’un premier forum d’échange de connaissances qui réunira des détenteurs du savoir autochtone, des décideurs et des chercheurs afin d’engager un dialogue sur divers sujets d’intérêt pour les collectivités du Nord. Un élément central du forum sera la présentation des connaissances générées dans le cadre du programme de sciences et de technologie 2015-2019 de POLAIRE. De plus, l’organisme prévoit utiliser ce forum comme un catalyseur pour accroître la création conjointe et l’échange de connaissances avec les collectivités autochtones.

Afin de planifier et de préparer le forum, POLAIRE a récemment lancé un processus d’élaboration conjointe fondé sur un dialogue respectueux avec les collectivités autochtones du Nord. L’objectif du processus était de permettre aux partenaires autochtones d’orienter la conception d’un forum utile, pertinent et participatif.

L’atelier régional sur la planification et l’échange de connaissances, première étape de ce processus d’élaboration conjointe, a eu lieu du 10 au 11 mars 2020 au siège de POLAIRE, soit au campus de la Station canadienne de recherche dans l’Extrême-Arctique, situé à Cambridge Bay, au Nunavut. Au cours de ce premier atelier, les partenaires autochtones, les décideurs et les collaborateurs de recherche ont travaillé avec les représentants de Savoir polaire Canada (figure 1) afin d’établir une vision commune pour le forum. Ensemble, ils ont cerné les principaux thèmes d’intérêt pour les collectivités du Nord et formulé des recommandations pour un échange de connaissances fructueux.

Les résultats clés de cet atelier de planification sont résumés dans le présent rapport sommaire; ils seront utilisés comme une feuille de route pour poursuivre le dialogue et guider la préparation du forum sur l’échange de connaissances, dans l’intérêt mutuel des collectivités autochtones du Nord et des organismes à vocation scientifique. Les participants autochtones à l’atelier provenaient entre autres de la région désignée des Inuvialuit dans les Territoires du Nord-Ouest, et des régions de Kitikmeot et de Qikiqtaaluk au Nunavut, au Canada. POLAIRE prévoit élargir le processus d’élaboration conjointe à d’autres régions du Nord et de l’Arctique canadiens, lesquelles sont comprises dans son mandat. Au fur et à mesure que POLAIRE recueillera les points de vue d’autres organisations nordiques et autochtones, instituts de recherche et ordres de gouvernements, il les communiquera aux participants de l’atelier, puisque la vision du forum est appelée à évoluer.

Déterminer des thèmes pertinents pour le forum

Les thèmes qui sont importants pour nous, c’est ce qu’on mange. Le caribou et l’omble…

Bobby Anavilok, association Kugluktuk, Angonaitit

Au cours de ses cinq premières années d’exploitation (2015–2019), POLAIRE a dirigé et soutenu des recherches sur une foule de sujets, dont les changements climatiques, les écosystèmes et la biodiversité (surveillance), les sciences physiques, la faune (recherches et surveillance menées par la collectivité), l’Inuit Qaujimajatuqangit, les changements liés à la glace de mer, au pergélisol et aux conditions de la neige (surveillance), ainsi que l’amélioration de l’infrastructure bâtie dans le Nord, l’énergie de substitution et l’énergie renouvelable, et les technologies appliquées. Bien que de nombreux sujets soient importants pour les habitants du Nord, POLAIRE a invité les délégués autochtones et d’autres partenaires ayant participé à l’atelier à choisir cinq grands thèmes qui pourraient servir de base de discussion enrichissante pour le forum sur l’échange de connaissances.

Les participants ont travaillé à partir d’une liste exhaustive de nouvelles priorités de recherche régionales et pan-nordiques recueillies préalablement par POLAIRE lors d’activités de mobilisation des Autochtones en 2018-2019 (Annex A). Ces nouvelles priorités correspondent aux buts 1 et 2 du Cadre de sciences et de technologie 2020-2025 de POLAIRE :

BUT 1

Améliorer les connaissances au sujet des écosystèmes terrestres, marins et d’eau douce dynamiques du Nord dans un contexte de changement rapide.

BUT 2

Mieux comprendre les liens qui existent entre le bien-être des collectivités nordiques et la santé de l’environnement.

BUT 3

Promouvoir des solutions durables dans les domaines de l’énergie, de la technologie et de l’infrastructure qui soient adaptées aux conditions environnementales, sociales et culturelles propres au Nord.

Séparés en petits groupes interactifs, les participants ont attentivement examiné les sujets et déterminé ceux qui conviendraient le mieux au forum, de façon à favoriser un échange des diverses formes de savoir : les connaissances traditionnelles et la science.

Les sujets ayant une incidence directe sur la sécurité alimentaire, l’accès sûr aux territoires de chasse traditionnels et le bien-être de la collectivité formaient les principales préoccupations. Le caribou et l’omble chevalier sont considérés comme particulièrement importants parce qu’ils constituent une source d’aliments traditionnels essentiels pour l’ensemble des collectivités de l’Arctique. Fait à noter, les participants autochtones ont estimé que c’est à propos de ces sujets qu’il serait le plus profitable pour leurs collectivités d’échanger des connaissances avec les chercheurs. Les participants ont indiqué qu’il pourrait aussi être avantageux d’échanger sur d’autres sujets mentionnés qui n’ont cependant pas été retenus directement comme thèmes du forum (notamment la réglementation relative à la navigation et la qualité de l’eau), et ils ont souligné que les collectivités nordiques ne bénéficiaient pas toutes d’un même degré de communication de la part des chercheurs et des gouvernements. De plus, ils ont fait valoir à POLAIRE l’importance de faire en sorte que les collectivités soient mieux informées des initiatives de création de connaissances, ainsi que des programmes scientifiques et des activités de l’organisme.

Après des discussions constructives, les participants ont retenu cinq thèmes des plus pertinents pour le forum :

  • l’abondance et la migration des populations de caribous;
  • la dynamique des populations d’ombles chevaliers et d’autres poissons;
  • les populations de baleines et la biodiversité de l’écosystème marin;
  • la recherche et la surveillance liées aux changements climatiques;
  • les changements environnementaux – neige, glace, précipitations.

Afin de préciser les thèmes, on a demandé aux participants d’écrire une question d’intérêt clé. L’animatrice a recueilli plus de 40 questions qui ont été compilées dans le cadre du processus de mobilisation et d’élaboration conjointe. Ces questions sont présentées dans un rapport technique d’accompagnement (Savoir polaire Canada, sous presse). Voici quelques exemples des questions d’intérêt clés relevées pendant l’atelier :

  • « Qu’est-ce que l’IQ [Inuit Qaujimajatuqangit] peut nous apprendre quant aux facteurs qui causent le déclin des populations de caribous? »
  • « Où l’omble se nourrit-il, de quoi se nourrit-il lorsqu’il est dans l’environnement marin? Est-ce que certaines espèces-proies et certains habitats sont menacés, possiblement en raison des changements climatiques et de la présence humaine? »
  • « Compte tenu de la perte de la glace de mer et des répercussions sur la navigation, quelles mesures d’atténuation seraient nécessaires pour maintenir des populations durables de mammifères marins aux fins de la sécurité alimentaire des Inuit? »
  • « Quelles sont les incidences possibles des changements environnementaux sur les infrastructures ainsi que les risques et avantages économiques possibles associés à ceux-ci? »

L’atelier et le rapport fournissent un point de référence dans le temps pour orienter les discussions futures et favoriser la diffusion des idées en vue de définir une vision commune pour le forum sur l’échange de connaissances. Étant donné que POLAIRE tiendra des séances de mobilisation avec des représentants d’autres régions du Nord canadien, il est probable que les thèmes retenus pour le forum évoluent en fonction des divers points de vue des collectivités autochtones qui seront alors recueillis.

Créer un espace inclusif fondé sur le respect : pratiques exemplaires en matière d’échange de connaissances

L’un des principaux objectifs de POLAIRE est de créer un environnement stimulant et différent pour les discussions au forum qui respectera les différentes formes de savoir. La plupart des échanges scientifiques se font selon le format familier de présentations orales structurées (généralement à l’aide de diapositives) suivies d’une courte période de questions. Ce format de réunion conventionnel peut compliquer l’échange de connaissances réciproque et juste et créer des obstacles à la pleine participation des détenteurs du savoir autochtone.

POLAIRE s’applique à créer un forum innovant et inclusif qui répondra aux besoins des collectivités autochtones en facilitant l’établissement de relations et d’échanges fructueux. Dans cette optique, on a demandé aux participants à l’atelier de recenser les pratiques exemplaires en matière de diffusion et de réception d’information qui pourraient orienter le format du forum. Ces pratiques exemplaires sont présentées en détail ci-dessous.

S’assurer de tenir compte du point de vue des aînés et des jeunes

Respectez les aînés d’abord – je crois que c’est mieux comme ça. Ce sont eux qui vont vous corriger de toute façon, parce qu’ils ont plus de connaissances. Respectez les aînés d’abord, puis les autres pourront avoir leur temps de parole.

Bobby Anavilok, association Kugluktuk, Angonaitit

Les représentants des collectivités locales ont rappelé que les aînés sont des enseignants et des détenteurs du savoir respectés et que les jeunes forment la prochaine génération. Tant les perspectives des aînés que celles des jeunes sont considérées comme essentielles au bien-être des collectivités autochtones. Les organisateurs du forum doivent veiller à ce que les détails de l’événement soient communiqués clairement aux aînés pour que ceux-ci puissent y assister et exprimer leurs points de vue. Les organisateurs ne doivent pas non plus oublier les besoins des aînés et des jeunes au moment de choisir le rythme et le format du forum. Les organisations de chasseurs et de trappeurs et les organisations communautaires similaires semblent être une ressource précieuse pour trouver des aînés, des jeunes et d’autres membres de la collectivité qui accepteraient de prendre la parole lors d’une grande rencontre.

Pour tout sujet abordé, les organisateurs du forum doivent trouver des moyens créatifs d’inclure les points de vue des aînés et des jeunes. Par exemple, une activité d’échange de connaissances avant la rencontre peut être l’occasion de produire des enregistrements vidéo et audio d’aînés et de jeunes discutant du sujet, enregistrements qui pourront ensuite être diffusés pendant la rencontre, avec la permission des participants. L’organisation d’un concours de photos pour les jeunes, qui leur permet de faire une petite déclaration, est l’un des moyens créatifs qu’a utilisés le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest (GTNO) pour faire participer les jeunes autochtones à de grandes rencontres.

Intégrer les visions du monde autochtones par les liens avec la terre

On a utilisé des tentes pour faire notre activité portes ouvertes – avec du thé sur le poêle – les gens pouvaient venir faire un tour quand bon leur semblait. Il y a eu une grande participation. Certaines personnes sont juste venues écouter.

Jennifer Fresque-Baxter, Gouvernement des Territoires du Nord-Ouest

L’interdépendance du vivant et du non-vivant et l’importance de la terre sont des valeurs autochtones fondamentales qui doivent ressortir dans le forum. Les rassemblements sur le territoire aideront à créer un espace invitant où raconter et écouter des histoires et établir des relations. De plus, il est possible de stimuler davantage la participation en laissant les participants faire des pauses à l’extérieur et discuter dans un cadre informel et propice aux conversations, sans imposer de séparation stricte entre les sujets à aborder. Par exemple, il pourrait y avoir un igloo, une tente ou un feu de camp qui servirait de lieu de réunion et où les participants seraient invités à boire du thé ou du café, à manger du bannock et à discuter en petits groupes.

Les présentations faites à l’intérieur devraient, dans la mesure du possible, mettre en valeur les liens personnels à la terre et à la collectivité. Par exemple, on devrait encourager les chercheurs qui présentent leurs travaux à inclure des photos d’eux-mêmes et de leur équipe sur le territoire, à raconter des histoires liées à leur travail sur le terrain et à faire part des projets de collaboration qu’ils ont réalisés avec des membres de la collectivité. Ainsi, les participants de la collectivité seront plus susceptibles de considérer les chercheurs d’abord et avant tout comme des êtres humains. Les participants à l’atelier ont par ailleurs suggéré d’utiliser de grandes affiches et des présentations visuelles.

De plus, les activités de groupe sur le territoire peuvent contribuer à l’établissement de relations et encourager l’échange de connaissances ainsi que la coopération et la collaboration futures. Par exemple, l’organisation d’un voyage de pêche avant la rencontre, selon le moment de l’année, pourrait aider à créer des liens entre les gens et à insuffler la confiance.

Créer diverses occasions d’échanges réciproques

Le savoir traditionnel est fondamentalement essentiel à la création de connaissances, et les membres des collectivités autochtones peuvent offrir des critiques et des perspectives utiles. Pour montrer qu’ils accordent une importance à leurs points de vue et à un échange réciproque, les organisateurs du forum devraient donner aux participants des occasions de poser des questions et de faire part de leurs idées. Par exemple, les conférenciers pourraient utiliser une approche axée sur les conversations et chercher à obtenir des commentaires tout au long de leur présentation. En outre, le fait de garder l’information accessible en évitant un langage technique ou des graphiques complexes contribuera aux échanges.

Il est également important de reconnaître que chacun a ses propres préférences quant au style de participation. Certains peuvent être très à l’aise d’exprimer leur opinion devant une grande foule, d’autres préféreront discuter en petits groupes ou en tête-à-tête, et d’autres encore préféreront simplement écouter et réfléchir. Le fait d’avoir une variété d’activités avec des groupes de tailles différentes tout au long du forum peut accroître les possibilités pour les participants de s’exprimer dans un cadre qui leur convient. Des techniques créatives garantissant un certain anonymat sont recommandées pour accroître la participation : par exemple, on pourrait inviter les participants à inscrire leurs idées sur un bout de papier qu’ils colleraient ensuite sur une affiche, ou à utiliser des bulletins papier ou des autocollants pour « voter » anonymement sur des options de sujets.

Les membres des collectivités autochtones préfèrent généralement se réunir en personne. Comme la connexion Internet est souvent lente dans le Nord, il peut être difficile d’organiser des vidéoconférences, et ceux qui n’ont pas accès à la technologie risquent de ne pas pouvoir y participer. Former un cercle de partage où tous les participants peuvent se voir et s’entendre sur un pied d’égalité peut rendre la réunion des plus stimulantes, conviviales et inclusives.

Inclure les décideurs

Les participants à l’atelier ont suggéré que les décideurs de divers ordres de gouvernement soient présents et disposés à participer aux discussions. Le forum peut être une occasion exceptionnelle pour les décideurs de transmettre leurs connaissances et d’entendre les préoccupations des membres de la collectivité autrement que dans le cadre d’un processus de consultation officiel aux enjeux élevés. Les décideurs peuvent aider à cerner les outils politiques pertinents pour aborder les questions ou les idées qui se dégagent des discussions. L’interaction des décideurs avec les détenteurs du savoir autochtone et les chercheurs peut, pour sa part, susciter de nouvelles perspectives et idées pour la création de connaissances, la collaboration et l’application de ces connaissances.

Accorder suffisamment de temps aux représentants autochtones avant le forum

Les participants à l’atelier ont suggéré de traduire les renseignements concernant la rencontre, y compris l’ordre du jour et d’autres documents, et de les remettre aux organisations de chasseurs et de trappeurs et aux organisations communautaires participantes au moins un mois à l’avance. On s’assurerait ainsi qu’ils disposent de suffisamment de temps pour discuter des sujets avec leur conseil et préparer des observations et des questions pertinentes pour le forum en fonction des préoccupations de leur collectivité.

Prévoir la traduction et l’interprétation

J’ai beaucoup appris [pendant l’atelier]. En sciences, on nous donne plein de formations techniques sur des sujets précis, mais pas vraiment de formation sur la création de liens avec la collectivité. Je vais parler de ce que j’ai appris avec mes collègues.

Brent Else, Université de Calgary

L’interprétation linguistique est un aspect essentiel à prendre en considération pour que tous les participants se sentent inclus, en particulier les aînés. Pour que l’interprétation soit réussie, il faut utiliser une technologie adaptée au format de la rencontre et couvrir la plupart des dialectes régionaux des participants. Par exemple, l’interprétation chuchotée risque de ne pas convenir aux grands groupes puisqu’un seul interprète peut parler à la fois; il peut alors être préférable d’avoir recours à l’interprétation simultanée où plusieurs interprètes travaillent à partir de cabines. Si l’interprète n’entend que le discours prononcé dans un microphone, il faut veiller à ce que les participants s’expriment clairement dans le microphone. De même, il faut tenir compte de l’acoustique. Bien que la salle circulaire qalgiq (appelée « Centre d’échange des connaissances ») du campus de la Station canadienne de recherche dans l’Extrême-Arctique bénéficie d’une acoustique exceptionnelle conçue pour capter tous les propos, les activités qui ont lieu dans d’autres salles ou à l’extérieur nécessiteront des solutions sur mesure. En collaborant avec des interprètes expérimentés pour veiller à ce que les principaux documents de la réunion soient traduits à l’avance, on améliorera la compréhension des aînés et favorisera leur participation.

Les conférenciers invités devraient fournir un exemplaire papier de leur présentation et de leurs notes d’allocution aux interprètes plusieurs semaines à l’avance. Ils devraient par ailleurs éviter le jargon technique et les acronymes, qui ne se traduisent pas directement dans les langues autochtones, afin d’aider les interprètes à suivre le rythme de leur présentation, qui sera ainsi plus attrayante dans l’ensemble. POLAIRE peut aider les conférenciers en les invitant à utiliser un langage simple et en leur fournissant des conseils sur les pratiques exemplaires en matière d’échange de connaissances avant la réunion.

Avancer ensemble

POLAIRE s’efforce de soutenir la résilience des collectivités du Nord en réunissant divers groupes de détenteurs du savoir et de décideurs pour mettre en commun leurs connaissances et en créer d’autres afin de se pencher sur des questions pertinentes pour les habitants du Nord. Grâce à des discussions utiles et respectueuses, les participants à l’atelier régional sur la planification et l’échange de connaissances ont commencé à élaborer une vision commune pour le forum de POLAIRE sur l’échange de connaissances. Selon cette vision, le forum novateur réunira les détenteurs du savoir autochtone, les chercheurs et les décideurs dans un espace invitant et convivial où la technologie et les installations du campus de la Station canadienne de recherche dans l’Extrême-Arctique seront mises à profit, et maximisera les occasions d’établir des liens sur le territoire. Les recommandations découlant de l’atelier, résumées dans le présent rapport, permettront aux conférenciers de communiquer de façon créative et dynamique, et aideront à garantir que les partenaires autochtones seront en mesure de transmettre et de recevoir de l’information sur des sujets qui leur tiennent à cœur. Les activités communes organisées à l’intérieur ou à l’extérieur, sur le territoire, qui font une place à l’humour et aux déplacements peuvent contribuer à créer un climat de confiance entre les participants et faciliter la tenue de conversations ouvertes et respectueuses. En quittant le forum, les participants auront noué de nouvelles relations, transmis et reçu des connaissances utiles, et trouvé des occasions de collaboration passionnantes.

Cet atelier représente un premier pas important vers la préparation conjointe du forum sur l’échange de connaissances. POLAIRE continuera à mobiliser d’autres groupes et organes de gouvernance autochtones dans les régions arctiques et nordiques du Canada, ainsi que d’autres ministères territoriaux, provinciaux et fédéraux et le milieu universitaire afin d’intégrer un éventail de perspectives encore plus large. Les conclusions tirées de ces futures activités de mobilisation seront communiquées aux partenaires autochtones de POLAIRE ayant participé à l’atelier régional sur la planification et l’échange de connaissances, à mesure que les thèmes et le format du forum se préciseront.

Le succès de cet atelier est une source d’inspiration pour POLAIRE, qui remercie les partenaires autochtones et les autres participants qui se sont présentés pour faire connaître leurs idées, leurs voix distinctes et leurs expériences. POLAIRE se réjouit de pouvoir s’appuyer sur ces assises et appliquer les pratiques exemplaires en matière d’échange de connaissances dans le cadre des futures réunions.

Vraiment deux belles journées – un groupe tellement diversifié de personnes aux antécédents différents, travaillant ensemble pour résoudre des problèmes. Je suis très fier du groupe et fier d’en faire partie. J’encourage tous les scientifiques à appliquer les conseils qu’on vous a donnés pendant les deux derniers jours, parce que chaque collectivité a sa propre orientation pour déterminer ce qui est important pour elle.

George Angohiatok, association des chasseurs et des trappeurs d’Ekaluktutiak

J’aimerais remercier le personnel de Savoir polaire Canada de nous avoir invités et d’avoir écouté nos préoccupations… Je suis sûr que d’autres personnes dans le Nord seront invitées au forum et j’ai bien hâte qu’il y ait d’autres rencontres du genre pour qu’on puisse enrichir nos connaissances et préparer l’avenir de la gestion de la faune.

Ema Qaqqutaq, Conseil régional de gestion des ressources fauniques du Kitikmeot

Un gros merci de m’avoir invitée à prendre part à cette activité. C’était vraiment bien d’entendre les points de vue de tout le monde. J’ai compris que les choses que je fais tous les jours au travail [peuvent] sembler normales, mais les présenter les met vraiment en perspective.

Stephanie Taptuna, Commission du Nunavut chargée de l’examen des répercussions

Références

Orman, L. Balasubramaniam, A.M., McLennan, D. S. Sous presse. A Pan-Northern Approach to Identifying Regional Priority Needs for New Knowledge. Savoir polaire : Aqhaliat 2020, Savoir polaire Canada.

Savoir polaire Canada. 2020. Cadre de sciences et de technologie 2020-2025. Savoir polaire Canada. 13 pages.

Savoir polaire Canada. En préparation. Atelier régional sur la planification et l’échange de connaissances, 10‑11 mars 2020, Station canadienne de recherche dans l’Extrême-Arctique, Cambridge Bay (Nunavut). Rapport technique – Savoir polaire Canada.

Groupe de l'atelier régional

Figure 1 : Photo de groupe de l’atelier régional sur la planification et l’échange de connaissances, SCREA, 11 mars 2020.

À l’avant [de gauche à droite] : Matilde Tomaselli* (POLAIRE), Jennifer Sokol* (POLAIRE), Jennifer Fresque-Baxter (gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, Environnement et Ressources naturelles), Ellie Adjun (POLAIRE), Kate Broadley (Fuse Consulting), Janine Angohiatok (représentante des jeunes, Cambridge Bay).

Au centre [de gauche à droite] : Bobby Anavilok (vice-président, Kugluktuk Angonaitit Association), Joseph Haluksit (président, comité des chasseurs et des trappeurs d’Olokhaktomiut), George Angohiatok (vice-président, organisation des chasseurs et trappeurs d’Ekaluktutiak), Willie Aglukkaq (représentant, organisation des chasseurs et trappeurs de Gjoa Haven), Joe Ashevak (président, organisation des chasseurs et trappeurs de Spence Bay), Canute Krejunark (représentant, organisation des chasseurs et trappeurs de Kugaaruk), Ema Qaqqutaq (Conseil régional de gestion des ressources fauniques du Kitikmeot), Nick Amautinuar (interprète).

À l’arrière [de gauche à droite] : Jason Etuangat (représentant des jeunes, Pangnirtung), François Carrier (POLAIRE), Rafal Stolarz* (POLAIRE), Kevin Methuen (gouvernement du Nunavut, ministère de l’Environnement), Elisabeth Jansen-Hadlari (animatrice, Hadlari Consulting), Brent Else (Université de Calgary), Stephanie Taptuna (Commission du Nunavut chargée de l’examen des répercussions), Lynda Orman* (POLAIRE), Ann Balasubramaniam* (POLAIRE).

Absents ou manquants en raison des conditions météorologiques : Pamela Hakongak Gross (maire, Cambridge Bay), Malik Awan (gouvernement du Nunavut, ministère de l’Environnement), Bert Dean (Nunavut Tunngavik Incorporated), Donald McLennan (POLAIRE).

* Groupe de travail de l’atelier de POLAIRE

Annexe A. Nouvelles priorités régionales en matière de recherche et de surveillance 2018-20191

(Orman et al. 2020 sous presse).

  • Abondance et migration des populations de caribous 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
  • Populations de baleines, abondance, migration, santé des animaux, secteurs d’importance pour les baleines, prédateurs (orques), et sécurité alimentaire 2 3 5 6 8 9 10 12
  • Navigation (gros et petits bâtiments) et ses effets sur les écosystèmes marins 1 2 3 4 6
  • Ours : abondance, répartition et enjeux liés à leur gestion 3 (grizzlis 3 4 [secteur ouest du Kitikmeot], ours polaires [Arctique de l’Est], ours noirs [Nunatsiavut]) 1 2 3 4 5 6
  • Caribous pour les générations futures – conservation et protection des terres, y compris les passages de glace de mer pour les caribous de Dolphin-et-Union 2 4; et ceux de la presqu’île de Boothia 6
  • Écosystèmes marins : biodiversité, conservation et aires protégées 2 5 6 8 – Immappivut (Nos océans) Aires marines protégés 11 12
  • Équipement d’intervention d’urgence, formation (déversements de pétrole, équipe communautaire de recherche et sauvetage) 1 2 3 4 5 6 7 8
  • Changements hydrologiques dans les rivières et les lacs (assèchement des lacs, niveau d’eau très bas dans certains cours d’eau de frai, obstacles à la migration pour le frai [omble chevalier)) 1 3 5
  • Dynamique et santé des populations d’ombles chevaliers et d’autres poissons 1 3 4 5
  • Changements des conditions de glace sur les océans et les lacs (englacement tardif, débâcle hâtive) 1 3 4
  • Qualité de l’eau douce et eau potable 1 2 3 4 5; surveillance et nettoyage des contaminants 4 5
  • Qualité de la neige – différents types de neige, ou absence de neige 1 3 6 (trop de vent souffle la neige, ce qui en détériore la qualité/manque de neige depuis quelques années) 3 5 6
  • Dynamique prédateur-proie du caribou (loup, grizzli, carcajou; densité d’insectes élevée) 2 3 4 8
  • Espèces envahissantes (végétaux, nouveaux insectes, orques) 2 3 4 12
  • Changements du cycle du feu et de l’intensité des feux de forêt (changements climatiques) 1 7 11
  • Durabilité énergétique, prix, autonomie des collectivités 1 7
  • Innovation, développement et durabilité en matière d’infrastructure dans le Nord 1 7
  • Changements du régime des précipitations 1 7 8
  • Biodiversité des polynies, recherche et surveillance environnementales dans le contexte des changements climatiques 1 9
  • Recherche et surveillance liées aux changements climatiques 1 8 9 11
  • Recherche sur le pergélisol, surveillance, adaptation et mesures d’atténuation 1 13

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