Message du directeur

David Vigneault
Il ne fait aucun doute que 2020 restera dans les mémoires comme l’année de la COVID-19, celle où nous avons vécu des confinements, appliqué de nouvelles mesures de sécurité publique, perdu des êtres chers emportés par un virus cruel et implacable, et vu le monde s’adapter à une nouvelle normalité. De fait, la pandémie mondiale a eu de profondes répercussions sur à peu près toutes les facettes de nos vies. Pourtant, malgré ces facteurs de stress à l’échelle de la société, le SCRS est resté vigilant. Il a continué de surveiller les menaces qui pèsent sur la sécurité nationale, celles de longue date comme les nouvelles, et de remplir sa mission : protéger le Canada et sa population. À l’instar du reste du monde, les auteurs de menace se sont adaptés à la nouvelle réalité pandémique. Comme beaucoup d’autres organismes et entreprises, le SCRS a pris les mesures qui s’imposaient : il est sorti de l’ombre pour faire la lumière sur les menaces pour la sécurité nationale du Canada.
Le contexte instable et en évolution rapide dans lequel la COVID-19 nous a plongés réunissait toutes les conditions nécessaires pour que des auteurs de menace désireux de servir leurs propres intérêts cherchent à profiter de la situation. En tant que directeur, je suis incroyablement fier des membres du personnel du SCRS qui ont travaillé sans relâche pendant toute l’année 2020 pour faire en sorte non seulement que la population canadienne soit protégée contre les menaces qui pèsent sur la sécurité nationale, mais aussi que le gouvernement et les secteurs vulnérables de l’économie canadienne soient informés des menaces toujours plus nombreuses pour les intérêts et la prospérité du pays.
Dès le début de la pandémie, le SCRS a décidé d’intervenir en amont et de jouer un rôle plus public que jamais en mettant en place un programme de sensibilisation et de mobilisation à l’échelle nationale axé sur les intervenants du milieu universitaire, des centres de recherche et des entreprises privées dans les secteurs de la biopharmaceutique, des sciences de la vie et de la science des données qui cherchaient un vaccin contre la COVID-19. Par la suite, comme la pandémie progressait, le SCRS a organisé des séances d’information semblables sur les risques associés aux réseaux d’approvisionnement logistique à l’intention des associations des chaînes d’approvisionnement et de groupes industriels connexes. Ces programmes de sensibilisation allaient de pair avec les autres activités menées à l’appui de la réponse globale du gouvernement du Canada à la pandémie.
En 2020, notre monde est devenu de plus en plus interdépendant : de nombreuses personnes travaillaient de la maison, offrant plus de possibilités que jamais aux cyberintervenants pour mener en ligne des activités liées à la menace. De plus, nous avons tous vu des extrémistes violents se servir de plateformes en ligne pour continuer de propager des idées pernicieuses, comme la xénophobie, des discours antiautoritaires ou des théories du complot liées à la pandémie, pour essayer de rationaliser et de justifier le recours à la violence.
De même, en 2020, le SCRS a constaté que les activités d’espionnage et d’ingérence étrangère avaient atteint des niveaux qui n’avaient plus été vus depuis la guerre froide. Bref, les principales menaces qui pèsent sur la sécurité nationale du Canada, à savoir l’extrémisme violent, l’ingérence étrangère, l’espionnage et les cyberactivités malveillantes, ont pris de l’ampleur à un rythme accéléré et, à bien des égards, sont devenues beaucoup plus sérieuses pour la population canadienne.
Pendant que le SCRS remplissait sa mission de protéger le Canada contre les menaces qui pèsent sur la sécurité nationale, la Cour fédérale a rendu une décision qui a suscité des inquiétudes au sujet de certaines activités opérationnelles du SCRS ainsi que du respect de son obligation de franchise envers la Cour. Je tiens à préciser que le respect de la primauté du droit constitue le fondement des activités du SCRS. La Loi de 2017 sur la sécurité nationale a dissipé les craintes de la Cour au sujet des activités opérationnelles, mais le SCRS a posé un certain nombre de gestes concrets pour répondre aux préoccupations liées au respect de son obligation de franchise. Ainsi, il a commandé un examen de la compréhension qu’a son effectif de cette obligation, créé une section des déposants expressément chargée de voir à ce que ses obligations de communication à la Cour fédérale soient bien comprises et respectées, offert une nouvelle formation approfondie à son personnel et établi un cadre de coopération avec Sécurité publique Canada dont l’objectif est d’accroître la transparence et d’améliorer la reddition de comptes, se conformant ainsi aux nouvelles instructions du ministre en la matière.
Lorsque la Loi sur le SCRS a été rédigée en 1984, les annuaires téléphoniques et les pinces crocodile installées sur les lignes téléphoniques faisaient partie des outils utilisés pour identifier les auteurs de menace et recueillir des informations. Toutes les données étaient cloisonnées. En ce qui avait trait à la sécurité nationale, le secteur privé n’était pas un partenaire. De toute évidence, le monde est très différent aujourd’hui. Les mécanismes qui étaient adéquats il y a 37 ans ne sont plus adaptés à un monde qui est maintenant numérique par défaut et dans lequel la quantité d’informations et la vitesse de transmission de ces données augmentent de manière exponentielle chaque jour.
Le SCRS plaidera toujours en faveur d’une discussion éclairée et réfléchie sur les enjeux liés à la sécurité nationale, particulièrement ceux qui sont d’origine canadienne. Dans le contexte de la menace dynamique d’aujourd’hui, le gouvernement, la société civile et le secteur privé doivent unir leurs efforts pour protéger nos intérêts nationaux. D’office, le SCRS continuera d’examiner et d’évaluer les pouvoirs dont il dispose pour faire face aux menaces qui pèsent sur la sécurité nationale et satisfaire les attentes en matière de vie privée de la population canadienne, aujourd’hui comme demain.
Le SCRS a besoin de la confiance de la population pour exercer ses fonctions. Cette confiance repose en partie sur l’assurance qu’il comprend et représente toutes les communautés du Canada. Il est vrai qu’il doit poursuivre et intensifier encore ses efforts en vue de mettre fin au racisme systémique et de rendre son milieu de travail plus inclusif et diversifié, mais je suis fier des progrès importants qu’il a accomplis et de la détermination à faire mieux qui anime chacun des membres du personnel. Le SCRS doit être représentatif de toutes les communautés qu’il protège.
Ma priorité en tant que directeur, surtout pendant cette pandémie, est de veiller à ce que tous les membres du personnel profitent chaque jour d’un milieu de travail sain, sécuritaire et respectueux. Étant donné le mandat exceptionnel confié au SCRS, cela signifie que, pendant qu’une bonne partie de la planète s’organisait pour travailler de la maison, ceux-ci ont continué de remplir leur mission essentielle tout en assurant la protection des secrets les mieux gardés du pays. Les nouveaux défis posés par la COVID-19 ont forcé le SCRS à s’adapter, et je suis reconnaissant du dévouement personnel et professionnel dont les membres du personnel ne cessent de faire preuve dans l’accomplissement de la mission. C’est grâce à son effectif si le SCRS est un service du renseignement de sécurité de premier plan, respecté à l’échelle mondiale. Les efforts dévoués de ces personnes en 2020 me remplissent de fierté. Les Canadiennes et les Canadiens peuvent et devraient être fiers eux aussi.
Si 2020 a changé bien des choses, le mandat du SCRS est resté le même. Le SCRS ne cessera jamais de tout faire pour protéger le Canada et sa population – et de le faire de manière à conserver la confiance que celle-ci lui accorde.
Le directeur du Service canadien du renseignement de sécurité,
David Vigneault