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Jeremy Hedges et une personne portent des masques et se font face. Sur une table entre eux se trouvent des outils et une planche de bois. Derrière eux, plusieurs personnes travaillent dans une usine.
Jeremy Hedges supervisant la création d’écrans faciaux

Au début mars, Jeremy Hedges dirigeait, pour reprendre ses mots, une « petite entreprise faisant avec les moyens du bord » qui fabriquait des imprimantes 3D, des machines de découpe laser et du matériel pédagogique de haute technologie pour les écoles.

InkSmith, son entreprise en démarrage de Waterloo, en Ontario, existait depuis à peine quatre ans et comptait seulement 10 employés.

L’occasion qui s’est présentée ensuite est digne des rêves les plus fous d’un entrepreneur, bien qu’elle ait été créée par une pandémie cauchemardesque.

Alors que la pandémie de COVID-19 devenait une menace croissante en Ontario, des dirigeants du domaine médical et d’autres dirigeants locaux ont demandé à M. Hedges si son entreprise pouvait, au moyen d’imprimantes 3D, remédier à la pénurie chronique d’écrans faciaux dans la région. Ces dirigeants avaient lu un article au sujet d’une entreprise italienne d’impression 3D qui produisait de petites valves pour les ventilateurs utilisés dans les hôpitaux.

M. Hedges, âgé de 27 ans, a accepté la proposition et, le jour suivant, a livré ses premiers écrans faciaux pour qu’ils soient soumis à des essais à l’hôpital Cambridge Memorial. Il a donné à ce premier lot le surnom d’écran communautaire.

À peine un mois plus tard, son entreprise était devenue l’un des plus importants producteurs, voire le plus important producteur, d’écrans faciaux en Amérique du Nord. Elle fabriquait chaque jour des centaines de milliers d’écrans de plastique réutilisables et recyclables.

Trois travailleuses de première ligne, portant toutes un masque et un écran facial, se tiennent ensemble et font face à l’appareil photo. Elles portent des cartes d’identité contenant leurs photos.

À la fin avril, l’entreprise avait produit plus d’un million d’écrans et d’ici le milieu de l’été, elle en aura fabriqué jusqu’à 12 millions. Une fois que le besoin au Canada aura été comblé, il y aura tout un marché pour l’entreprise à l’étranger.

M. Hedges se rappelle une série d’événements qui se sont succédé à un rythme effarant. Au début, InkSmith produisait des écrans pour les hôpitaux locaux en compagnie d’autres propriétaires d’imprimantes 3D de la région qui avaient répondu à son appel à l’aide. Rapidement, on a constaté que même si toutes les imprimantes 3D dans la province fonctionnaient sans arrêt, leur rythme de production était trop lent pour répondre à la demande massive.

M. Hedges et son équipe ont élaboré un écran découpé au laser au moyen d’une version moderne et automatique de la technologie d’estampage, un élément caractéristique de l’industrie depuis plus d’un siècle. Les nouvelles versions, qui ont reçu le surnom d’écran canadien, sont faites d’un plastique mince qui peut être désinfecté, réutilisé et recyclé.

En plus d’avoir obtenu de petits contrats pour assurer l’approvisionnement d’un grand nombre d’autorités sanitaires et de fournisseurs de soins de santé locaux et régionaux partout au pays, M. Hedges a signé un important contrat avec Services publics et Approvisionnement Canada pour produire 10 millions d’écrans destinés à l’Agence de la santé publique du Canada.

L’effectif de 10 employés de l’entreprise est rapidement passé à plus de 200 personnes. La plupart des nouveaux employés travaillent par quarts, se relayant jour et nuit, sur des « presses à tête mobile » à l’installation de production de l’entreprise. À la fin mai, l’effectif aura atteint environ 300 employés.

Travaillant avec diligence pour répondre à la demande d’équipement de protection individuelle.
Travaillant avec diligence pour répondre à la demande d’équipement de protection individuelle

M. Hedges peut choisir parmi un grand nombre d’employés éventuels. En avril, l’entreprise avait reçu 6 000 demandes d’emploi.

« Il est difficile d’arriver simplement à lire tous ces CV, déclare-t-il. Mais c’est un honneur de permettre à des gens qui ont perdu leur travail en raison de la pandémie de retrouver un emploi intéressant. »

Contrairement à la plupart des entrepreneurs en technologie, M. Hedges n’est pas ingénieur. Il a obtenu un diplôme en développement international et en politique internationale de l’Université Wilfrid-Laurier, à Waterloo. Il y a six ans, il a commencé à construire des imprimantes 3D dans ses temps libres.

« On pourrait dire que je suis en quelque sorte un amateur de technologie qui a une vision internationale », dit-il.

L’avenir

Loin de lui l’idée de fermer boutique lorsque le besoin de lutter contre la COVID-19 diminuera; M. Hedges entrevoit un avenir prometteur pour son entreprise et les autres fabricants canadiens d’équipement médical.

« La pandémie a révélé un grand manque de fiabilité et de nombreuses difficultés dans l’acquisition d’EPI après de fournisseurs étrangers, ajoute M. Hedges. Il est donc logique d’élaborer une solution proprement canadienne. »

« Je vois un engagement à long terme pour ramener la production d’EPI au Canada, déclare-t-il. La demande d’écrans faciaux ne sera pas toujours aussi importante. Nous investirons donc dans d’autres équipements, et lorsqu’une autre crise éclatera, nous aurons la capacité de fournir aux travailleurs de la santé canadiens ce dont ils auront besoin, ici chez nous. »

À son avis, la revitalisation du secteur canadien de la fabrication est l’une des rares conséquences positives de la pandémie.

« L’EPI est un élément parmi de nombreux autres, dit-il. Mais tous les biens essentiels dont les Canadiens ont besoin peuvent être fabriqués ici et seront fabriqués ici. Nous avons la main-d’œuvre qualifiée et les ressources naturelles nécessaires, et nous sommes l’un des pays les plus riches au monde. »

« Nous devons donc faire les investissements nécessaires pour créer une base manufacturière à long terme, nous mettre à l’abri de futures crises et nous prémunir contre une chaîne d’approvisionnement mondiale dans laquelle nos intérêts ne sont pas prioritaires. »

Mais nous y reviendrons une autre fois. M. Hedges et son équipe ont encore des millions d’écrans à produire.

Les derniers mois ont été mouvementés pour l’entrepreneur, et le rythme ne ralentira pas de sitôt.

« Je n’ai toujours pas tout à fait compris comment tout cela s’est réalisé, dit-il, mais ce fut une aventure assez folle, et j’adore ça. »

Complément d’information

Vidéo : Cracking COVID-19: How InkSmith is protecting healthcare workers – MaRS Discovery District (en anglais seulement)

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