Rapport sur la conférence: Conférence nationale sur la demence

Inspirer et façonner une stratégie nationale sur la démence pour le Canada
14 et 15 mai 2018 – Ottawa (Ontario)

Du 14 au 15 mai 2018, une conférence nationale sur la démence organisée par l’honorable Ginette Petitpas Taylor a eu lieu à Ottawa, Canada. Les messages clés et les idées résumés dans ce rapport sont fournis pour des fins d’information seulement, et ne sont pas destinés à indiquer un consensus d’opinion ou d’accord. En outre, les avis et les opinions exprimées lors de cette conférence sont celles des participants et ne reflètent pas nécessairement les idées et opinions du gouvernement du Canada.

Table des matières

Résumé

La Loi relative à une stratégie nationale sur la maladie d’Alzheimer et d’autres démences, entrée en vigueur le 22 juin 2017, exige que la ministre fédérale de la Santé ou ses délégués officiels, en collaboration avec les représentants des gouvernements provinciaux et territoriaux, élaborent et mettent en œuvre une stratégie nationale complète sur la démence.

Aux termes de la Loi, les activités qui seront prises en compte dans la stratégie nationale sont notamment les suivantes :

  • Élaborer des objectifs nationaux précis.
  • Encourager l’accroissement des investissements dans tous les domaines de recherche.      
  • Assurer la coordination avec les organismes internationaux.
  • Aider les provinces à élaborer et à diffuser :
    • des lignes directrices en matière de diagnostic et de traitement;
    • les pratiques exemplaires visant l’amélioration de la qualité de vie des personnes vivant avec la démence et de leurs aidants, notamment en ce qui concerne l’intégration accrue des soins, la prévention et la prise en charge des maladies chroniques ainsi que la coordination des mesures de soutien et des soins de santé communautaires;
    • des documents d’information traitant de l’importance de la prévention de la maladie d’Alzheimer et d’autres types de démence ainsi que de l’importance de l’intervention et de la prise en charge précoces, à l’intention des professionnels de la santé et de la population en général.
  • Formuler des recommandations visant l’élaboration de lignes directrices sur les normes en matière de soins destinées aux personnes vivant avec la démence.
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Organisation : Agence de la santé publique du Canada
Publiée : août 2018
ISBN : 978-0-660-27530-7
Pub. : 180273

La Loi exige également que la ministre fédérale de la Santé convoque une conférence nationale sur la démence et mette sur pied un comité consultatif.

Les 14 et 15 mai 2018, la Conférence nationale sur la démence a eu lieu à Ottawa, au Canada. La Conférence a rassemblé environ deux cents participants de six groupes d’intervenants clés définis dans la Loi : les personnes vivant avec la démence, les soignants, les chercheurs, les professionnels de la santé, les groupes de défense des intérêts des personnes vivant avec la démence et les représentants des gouvernements provinciaux et territoriaux.

Servant de mécanisme de consultation clé pour l’élaboration d’une stratégie nationale sur la démence, les discussions tenues lors de la Conférence ont porté sur les défis et les possibilités associées à trois thèmes prédominants : 1) soins et soutien; 2) recherche et innovation; 3) accroissement de la sensibilisation, réduction de la stigmatisation et éducation du public.

Les participants ont souligné que la stratégie nationale sur la démence devrait : lutter contre la stigmatisation associée à la démence; s’assurer que l’on répond aux besoins des personnes vivant avec la démence pendant les différents stades d’évolution de leur état; et trouver des moyens de veiller à la qualité de vie et à la dignité des personnes à différents stades de la maladie. Elle devrait favoriser la collaboration et les partenariats entre tous les ordres de gouvernement et les partenaires et intervenants, y compris les personnes vivant avec la démence, leur famille et leurs soignants; permettre la mise en commun et l’amélioration des pratiques exemplaires dans les provinces et les territoires, et entre eux; tenir compte de facteurs liés à la diversité tels que les considérations culturelles, ethniques et linguistiques, les collectivités rurales et éloignées, les différences entre les sexes et les déficiences sur le plan du développement; et indiquer clairement les responsabilités du gouvernement fédéral, des provinces et territoires et d’autres partenaires.

Le présent compte rendu fournit les points saillants des discussions tenues lors de l’événement. Les résultats de la Conférence et des autres processus de mobilisation des intervenants jusqu’à maintenant figureront dans le rapport « Ce que nous avons entendu » qui sera publié à l’automne 2018. Tous les commentaires contribueront à l’élaboration de la Stratégie nationale sur la démence.

À propos de la Conférence

Comme l’exige la Loi relative à une stratégie nationale sur la maladie d’Alzheimer et d’autres démences (la Loi), la ministre fédérale de la Santé a tenu une conférence les 14 et 15 mai 2018, à Ottawa, au Canada. Environ 200 participants ont pris part à la Conférence, y compris des représentants des six groupes d’intervenants définis dans la Loi :

La Conférence a donné l’occasion aux participants de faire part de leurs points de vue à l’égard de trois thèmes prédominants définis dans la Loi, c’est-à-dire :

  1. Soins et soutien
  2. Recherche sur la démence
  3. Sensibilisation, réduction de la stigmatisation et éducation du public

Pour chaque thème, une période de temps a été accordée pour :

Planification

Comité de planification de la conférence

Un comité de planification de la Conférence a été formé pour concevoir le contenu et le programme de la Conférence. Ce comité était composé de deux personnes vivant avec la démence ainsi que de membres des organismes suivants :

Programme de la conférence

Les dispositions de la Loi ont servi de fondement pour l’établissement du programme de la Conférence. L’ASPC a mis à contribution l’expertise du comité de planification de la Conférence ainsi que des intervenants clés dans le domaine de la démence et des représentants des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux pour orienter le contenu du programme.

Une attention particulière a été accordée aux besoins des personnes vivant avec la démence afin de leur offrir, tout au long de l’événement, un environnement accessible et respectueux où elles pouvaient se sentir à l’aise, de sorte qu’elles puissent participer pleinement aux discussions. Parmi les activités, mentionnons :

Mot d'ouverture

« Nous n’avons pas de moyens pour prendre en charge la démence [dans les réserves]. Cette population est de plus en plus nombreuse, et nous respectons nos aînés, particulièrement dans les derniers moments de leur vie. » [Traduction]

Aînée algonquine Annie Smith-St. Georges

La Conférence a commencé par un mot d’ouverture prononcé par l’aînée algonquine Annie Smith-St. Georges, qui a également raconté une histoire personnelle sur ses expériences avec le système de soins de santé lorsque la démence a frappé son père à la fin de sa vie. Son histoire personnelle a fait ressortir les lacunes existantes dans les services requis dans les collectivités autochtones, notamment des soins de santé à proximité de la maison et de la collectivité, prodigués sans discrimination. Annie Smith-St. Georges a souligné l’importance de travailler ensemble pour prodiguer de meilleurs soins aux personnes âgées et aux personnes vivant avec la démence.

« Imaginons un monde où le patient qui reçoit un diagnostic de démence n’a pas peur, mais a plutôt de l’espoir et comprend. » [Traduction]

Ministre fédérale de la Santé, l’honorable Ginette Petitpas Taylor

La ministre fédérale de la Santé, l’honorable Ginette Petitpas Taylor, souhaite la bienvenue aux participants et raconte comment elle a personnellement été touchée par la démence lorsque sa mère a reçu le diagnostic de cette maladie. Par le récit de son histoire personnelle, la ministre a souligné l’importance des ressources communautaires et de l’éducation pour aider les membres de la famille à comprendre la démence et à trouver les bons soins et du soutien pour leurs proches.

La ministre Petitpas Taylor a également réitéré l’engagement du gouvernement fédéral à l’égard de l’élaboration d’une stratégie nationale sur la démence, qui permettra de répondre aux besoins des personnes touchées par cette maladie et à ceux de leurs familles et des soignants. Dans le cadre de ce processus, la ministre a annoncé la mise en place d’un nouveau Comité consultatif sur la démence, incluant les coprésidents : Pauline Tardif, chef de la direction de la Société Alzheimer du Canada, et le Dr William Reichman, président et chef de la direction de Baycrest Health Sciences. Ses membres sont variés, comprenant des personnes vivant avec la démence, des professionnels de la santé, des chercheurs et des groupes de défense des intérêts des personnes vivant avec la démence, et qui travaillent directement auprès des personnes ayant reçu un diagnostic de démence et des professionnels de la santé.

Ce qui a été entendu au cours de la Conférence

Les participants de la Conférence ont déterminé pour chaque thème un certain nombre de défis et d’idées, des solutions et des possibilités. Les discussions sont résumées en fonction des trois thèmes prédominants du programme de la Conférence; toutefois, nombre de défis et solutions sont commun à plus d’un thème.

Soins et soutien : résumé des discussions

Défis

« Une fois qu’elle [médecin] est entrée dans la pièce, j’ai senti que je n’existais plus. Elle ne m’a même pas regardé et elle a parlé avec mon mari. Elle lui a dit que j’avais la maladie d’Alzheimer précoce et que je me débrouillais toujours bien. Elle lui a demandé de me ramener lorsque je ne pourrais plus m’habiller... Elle m’a traité avec un tel manque de respect... »

Phyllis Fehr, personne atteinte de démence,
membre du conseil d’administration de Dementia Alliance International

« Le processus d’évaluation sur mon parcours de soins a été empreint d’anxiété, de confusion, de longs délais d’attente et d’une incompréhension considérable des prochaines étapes des soins… »

Mary Beth Wighton, personne vivant avec la démence, présidente du Ontario Dementia Advisory Group

Idées, solutions et possibilités

Pour relever ces défis qui ont été soulevés et aller de l’avant, les participants à la Conférence ont proposé les approches suivantes :

Recherche : résumé des discussions

Défis

« Tout le monde, pas uniquement les chercheurs, doivent interagir avec les équipes de recherche pour s’assurer que les vrais besoins,
les vrais défis sont identifiés afin que nous puissions collaborer et aller de l’avant efficacement… » [Traduction] »

Yves Joanette, directeur scientifique de l’Institut du vieillissement des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC)

Idées, solutions et possibilités

Pour relever ces défis et aller de l’avant, les participants de la Conférence ont proposé les idées, les solutions et les possibilités suivantes :

Sensibilisation, réduction de la stigmatisation et éducation du public : résumé des discussions

Défis

« [Imaginez] la stigmatisation associée aux soins ordinaires et multipliez-la par dix pour avoir une petite idée de ce qui se passe lorsque des personnes vivant avec la démence vont à l’hôpital... »

Kenneth Rockwood, professeur de médecine et de recherche sur la maladie d’Alzheimer à l’Université Dalhousie

Idées, solutions et possibilités

Pour relever les défis ciblés, les participants de la Conférence ont présenté les idées, les solutions et les possibilités suivantes pour aller de l’avant :

Questions intersectorielles

En plus des trois thèmes prédominants du programme de la Conférence, les participants ont défini les défis et les possibilités liés aux problèmes suivants dans ces trois thèmes :

Inclusion et mobilisation des personnes vivant avec la démence et de leurs soignants

Tout au long de l’événement de deux jours, les participants ont souligné à quel point il était important que les personnes vivant avec la démence et que leurs soignants soient écoutées dans les discussions au sujet de la recherche, des programmes et des interventions relatives à la démence ainsi que de la conception des systèmes de soins et des stratégies pour la sensibilisation et la réduction de la stigmatisation. En incluant le récit d’expériences vécues par des personnes, on reconnaît l’expertise qu’elles apportent à la discussion, et il s’agit d’un outil puissant pour changer les attitudes.

La participation des personnes vivant avec la démence et de leurs soignants permettra de s’assurer que la recherche est pertinente et axée sur les priorités de premier ordre. En outre, l’intégration des expériences des patients et de leurs soignants dans la conception du système et de la politique en santé peut améliorer la qualité des soins et du soutien dont ils ont besoin.

En s’appuyant sur le principe « rien pour nous sans nous », les participants ont mis en lumière l’incroyable possibilité d’exploiter la passion et l’intelligence des personnes ayant un vécu.

Droits de la personne

Les participants ont insisté pour que la stratégie nationale sur la démence et l’intégration des principes d’équité, la diversité et l’inclusion dans l’ensemble soient axées sur les droits de la personne. Ils ont également insisté sur l’importance d’harmoniser notre système avec les chartes mondiales et nationales des droits des personnes vivant avec la démence, particulièrement en ce qui a trait à la justice pénale.

Diversité

Les participants ont indiqué que les personnes de différentes régions du pays n’ont pas toutes le même accès aux soins, services et soutien pour la démence, particulièrement dans les collectivités rurales, éloignées et celles du Nord. Les renseignements et services ont tendance à être conçus de manière à répondre aux besoins des membres de la culture dominante; par conséquent, ils ne reflètent pas la diversité des besoins et peuvent exclure les populations autochtones et les autres groupes linguistiques et culturels. Il a également été noté qu’il est important de tenir compte des besoins des personnes à un stade plus avancé de la démence et des personnes ayant une déficience intellectuelle, dont la voix et l’expérience tout au long de l’évolution de la démence peuvent être négligées.

Les participants ont demandé une augmentation de la disponibilité et de l’accessibilité de services diversifiés, inclusifs et adaptés sur le plan culturel, y compris ceux qui sont adaptés à différents groupes socioculturels et traduits dans des langues autres que l’anglais et le français. Un langage inclusif devrait être utilisé pour parler de la démence.

On a également fait remarquer qu’il est nécessaire d’évaluer la prestation de services et les résultats pour divers groupes et d’en faire le compte rendu pour garantir l’équité et l’inclusion.

À quoi pourrait-on reconnaître la réussite?

Prochaines étapes

Les idées et renseignements présentés lors des séances de dialogue guideront l’élaboration de la première stratégie nationale sur la démence au Canada.

À l’automne 2018, un rapport Ce que nous avons entendu sera publié, lequel résumera les commentaires reçus pendant la Conférence et les autres activités entreprises par l’ASPC à l’approche de la Conférence nationale sur la démence qui a eu lieu en mai 2018.

La Conférence nationale sur la démence a constitué une étape importante. L’Agence de la santé publique du Canada continuera de collaborer avec les intervenants et les partenaires en matière de démence par l’entremise du Conseil consultatif ministériel sur la démence et du Comité de coordination fédéral-provincial-territorial sur la démence; elle favorisera aussi les collaborations bilatérales pour contribuer à l’élaboration de la Stratégie nationale surla démence.

Mot de la fin

La ministre Petitpas Taylor a remercié les participants d’avoir partagé leurs expériences, fait preuve d’honnêteté et participé à des conversations instructives et nourries. Elle a fait remarquer que les champions de la démence doivent prendre la parole afin de faire bouger les choses et d’aider à apporter des changements. Elle a souligné l’importance du rôle de tous les partenaires et intervenants pour relever les défis associés à la démence, et a insisté sur le fait que, s’ils agissent seuls, les gouvernements ne peuvent produire les changements nécessaires.

En conclusion, la ministre Petitpas Taylor encourage fortement les participants à avoir de grandes ambitions pour un avenir où les solutions novatrices permettront de prodiguer les meilleurs soins et où les patients recevront ce diagnostic non pas avec peur, mais avec espoir.

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